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00:0113h-14h, Europe 1 Info.
00:03Dernière partie à 13h48 sur Europe 1 avec vous,
00:06Clélie Mathias et votre chroniqueur du jour,
00:08Yvan Riaufal et Thomas Bonnet.
00:09J'aimerais revenir avec vous sur cette permission de sortie
00:11qui fait polémique.
00:13Waïd Ben Faïza a quitté la prison avant 7h.
00:15Il doit revenir au plus tard dans sa cellule à 21h.
00:19Il fait un aller-retour à Lyon en TGV
00:21pour passer un entretien d'embauche.
00:23Le CV de Waïd Ben Faïza,
00:26il a 52 ans, c'est un baron de la drogue.
00:29Dans les années 90 et 2000,
00:30elle avait été condamnée plusieurs fois pour trafic de stupéfiants.
00:34Jugée de nouveau en juin 2016,
00:35après une tentative d'évasion en 2014,
00:38condamnée à 8 ans de prison,
00:39écrouée jusqu'en 2029.
00:42Et donc, il a obtenu une permission de sortie
00:44dans le cadre de son droit à la réinsertion.
00:46Il espère par là obtenir un aménagement de peine
00:49pour pouvoir être libéré avant donc 2029.
00:53J'aimerais comprendre,
00:54parce que si je me rappelle bien les propos
00:56que nous avons commentés la semaine dernière
00:58sur cette antenne,
00:59concernant ce qui se passe à Marseille,
01:02concernant le trafic de stupéfiants,
01:04la visite d'un ministre de l'Intérieur,
01:06d'un ministre de la Justice,
01:07les deux qui ont eu des propos très fermes
01:09contre le trafic de stupéfiants en France,
01:13et l'étendue de ce trafic de stupéfiants,
01:14la manière dont vous pouvez lutter.
01:17J'aimerais comprendre la différence
01:18entre la fermeté de ce discours
01:19et certaines décisions judiciaires
01:22qui peuvent apparaître plutôt laxistes,
01:24mais même si, encore une fois, et j'insiste,
01:26tout cela est conforme au droit.
01:27Thomas Bonnet ?
01:28On aimerait tous comprendre.
01:29Moi, l'analyse que j'en fais,
01:30c'est qu'il y a le discours politique d'une part,
01:32et puis il y a la réaction
01:34d'une partie du monde judiciaire de l'autre.
01:36Je ne peux pas m'empêcher de penser
01:37que la décision de ce juge d'application des peines
01:39est une forme de réaction
01:41au discours de fermeté de Gérald Darmanin.
01:44Rappelez-vous déjà,
01:45quand il avait mis en place
01:46ces prisons de haute sécurité,
01:48il avait provoqué une levée de boucliers
01:49d'une partie des magistrats,
01:50d'une partie des avocats aussi,
01:52et tout ce petit monde
01:53est en train de s'organiser
01:54pour essayer de mettre des bâtons
01:55dans les roues de Gérald Darmanin
01:56en disant, voilà,
01:57vous avez créé, c'est vrai,
01:58des prisons de haute sécurité,
01:59mais rien ne nous empêche, nous,
02:01de permettre à des détenus dangereux
02:03de sortir, ne serait-ce que pour une journée.
02:06Je précise quand même
02:06que dans cette affaire,
02:07on a un individu
02:08qui demande une permission de sortie.
02:11L'administration pénitentiaire,
02:12c'est-à-dire la direction de la prison,
02:13refuse.
02:14C'est quand même ceux
02:14qui connaissent le mieux le détenu.
02:16Oui, qui les côtoient au jour le jour.
02:17Un collège composé également
02:18d'experts avec des psychologues.
02:19Refuse.
02:20Le parquet se dit défavorable
02:22et malgré tout,
02:23le juge d'application des peines
02:25en dessine autrement.
02:26Moi déjà, j'interroge le fait
02:27qu'on fasse reposer
02:28sur une personne
02:29et une personne seulement
02:30la possibilité de se prononcer
02:32sur le sort d'un individu
02:34au moment où on nous parle de pression,
02:36on nous parle de menaces,
02:37on nous parle de corruption.
02:38Je trouve ça assez illogique
02:40de voir aujourd'hui
02:40qu'une personne,
02:41une seule personne
02:42a le sort d'un détenu dangereux
02:44entre les mains.
02:45Yvan Rayouffol.
02:45Oui, on est là dans l'affirmation
02:47de ce qu'est devenu
02:48le nouveau pouvoir des juges.
02:50La justice est une autorité judiciaire,
02:52elle n'est pas un pouvoir judiciaire,
02:53elle devient de plus en plus
02:54par elle-même,
02:56par sa propre décision,
02:58un pouvoir judiciaire
02:59qui tente à ébranler
03:00le pouvoir exécutif,
03:02le pouvoir législatif,
03:03en ébranlant
03:04les trois grands piliers
03:05de la société libérale.
03:06Et là, je suis d'accord avec Thomas,
03:08je pense qu'il faut y voir
03:09une provocation
03:11de la décision
03:12de Gérald Darmanin
03:13de mettre dans cette centrale
03:16les plus gros bonnets de la drogue.
03:18Si vraiment,
03:19ce type est un des gros bonnets
03:20de la drogue,
03:20s'il est aussi dangereux que ceux-là,
03:22il n'avait pas à sortir.
03:23S'il est sorti,
03:23c'est donc par le fait du prince
03:25qui est, en l'occurrence,
03:27le prince étant le juge
03:28de l'application des peines,
03:29qui est un homme seul,
03:30qui n'a de compte
03:31à rendre à personne.
03:32J'espère pour lui
03:32que le type va rentrer ce soir
03:34en prison à 19h.
03:35Là, il est parti...
03:3621h.
03:37Il a jusqu'à 21h,
03:38il peut rentrer avant,
03:39s'il le souhaite.
03:40Si ce truand
03:42ne rentre pas avant 21h,
03:44le juge de l'application des peines
03:45aura, j'espère,
03:47des comptes à rentre.
03:48Mais en même temps,
03:49il faut s'interroger
03:50sur la grande liberté
03:51qui a été offerte
03:53par le législateur.
03:54Parce que malgré tout,
03:54il n'y a pas de coup d'état
03:55des juges.
03:56Ah non, pas du tout,
03:56c'est totalement...
03:57Je l'ai rappelé,
03:57c'est conforme au droit.
03:59Donc il faut s'interroger
03:59sur la grande naïveté
04:00du législateur
04:01qui, au prétexte
04:02de favoriser l'indépendance
04:04de la justice,
04:04et on en est tous d'accord,
04:05a permis à certains juges
04:07qui manquent parfois
04:07de discernement,
04:08cela arrive aussi,
04:09de prendre des décisions
04:12qui sont des décisions
04:13sans appel
04:13et qui ne sont même pas
04:14des décisions collégiales.
04:15Encore une fois,
04:16c'est la volonté
04:16d'un seul juge
04:17qui ébranle le parquet,
04:19qui ébranle le service pénitentiaire.
04:21Toutes ces autorités
04:22se sont opposées
04:23à cette libération
04:24et le désidérata
04:26d'un homme seul
04:26permet effectivement
04:27cette aberration.
04:28Gérald Darmanin
04:29souhaite la création
04:30d'un droit spécifique
04:30justement pour les détenus
04:32relevant de la grande
04:32criminalité
04:33organisée.
04:34Thomas Bonnet.
04:35Moi je pense aussi
04:36ce matin,
04:37enfin ce midi pardon,
04:38à ces deux agents pénitentiaires
04:40qui ont été tués
04:41au péage d'Incarville
04:42dans l'exfiltration
04:43et dans l'évasion
04:44de Mohamed Amra,
04:45méthode exactement identique
04:48à celle qu'a employé
04:49le détenu dont on parle
04:50depuis tout à l'heure
04:50en 2014
04:51lorsqu'il s'est évadé
04:52d'une sortie à l'hôpital
04:53aidé par un commando armé.
04:56Donc on n'apprend pas
04:57de nos erreurs,
04:57on nous promet à chaque fois
04:58que ça ne se reproduira plus,
04:59ça se reproduit.
05:00C'est un scandale absolu,
05:02j'espère que la loi évoluera.
05:03Et j'ai juste cité
05:04une phrase de Naïe Boukele,
05:06président du Salvador
05:07en français dans le texte
05:08qui a tweeté
05:09à cette phrase
05:10« Qui épargne le loup
05:11sacrifie les brebis ? »
05:12Et bien je trouve
05:13que ça résume assez bien
05:14l'état d'esprit du Salvador.
05:15Je ne dis pas
05:16qu'il faut être le Salvador,
05:17mais inspirons-nous
05:18parfois de certaines méthodes.
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