- il y a 11 heures
De la guerre de 2008 en Géorgie à l'invasion de l'Ukraine, cette enquête géopolitique rigoureuse dévoile les ambitions maritimes à l'origine des conflits déclenchés par Moscou depuis deux décennies.
Depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine poursuit un dessein aussi ambitieux que méconnu en Occident, hérité des précédents empires russes, tsariste puis soviétique : relier entre elles et contrôler les "cinq mers" aux confins de la Russie – les mers Noire, d’Azov, Caspienne, Baltique et Blanche – afin d'asseoir la puissance maritime de son pays tout en consolidant son influence en Europe et en Asie. Ce projet, établi par le tsar Pierre le Grand dès la fin du XVIIe siècle, a donné lieu en 2008 à l'attaque de la Géorgie par les troupes russes, lesquelles continuent de stationner dans le pays à l'appui des séparatistes d'Ossétie du Sud, puis d'Abkhazie, en grignotant discrètement une part des territoires au-delà de la ligne de front. L'invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022 obéit aux mêmes visées. Elle a permis à Poutine de s'emparer du port de Marioupol, sur la mer d'Azov, après trois mois d'un pilonnage systématique. Celui d'Odessa, qui résiste toujours, constitue une autre cible prioritaire. L'occupation de la Crimée en 2014, mais aussi le conflit du Haut-Karabakh, qui a éclaté à nouveau en 2020 entre les ex-Républiques soviétiques d'Arménie et d'Azerbaïdjan, avec une médiation russe très intéressée, relèvent de la même stratégie.
En première ligne
Ce documentaire explore avec rigueur les contours d'un projet impérial que l'Europe n'a pas su discerner, avec à l’appui les analyses de divers journalistes, politologues, opposants russes ou diplomates, étayées par des archives et des reportages – notamment dans les pays baltes, qui se savent en première ligne, et à Tbilissi, où l'opposition citoyenne à l'oligarque prorusse Bidzina Ivanichvili, “homme fort” du pays, commence à s'affaiblir après des mois infructueux de manifestations. Conjuguant nationalisme brutal et appétits économiques, celui qui a promis de restaurer la puissance russe fait ainsi de chaque crise méthodiquement préparée un nouveau levier pour s'assurer la maîtrise des "cinq mers".
Depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine poursuit un dessein aussi ambitieux que méconnu en Occident, hérité des précédents empires russes, tsariste puis soviétique : relier entre elles et contrôler les "cinq mers" aux confins de la Russie – les mers Noire, d’Azov, Caspienne, Baltique et Blanche – afin d'asseoir la puissance maritime de son pays tout en consolidant son influence en Europe et en Asie. Ce projet, établi par le tsar Pierre le Grand dès la fin du XVIIe siècle, a donné lieu en 2008 à l'attaque de la Géorgie par les troupes russes, lesquelles continuent de stationner dans le pays à l'appui des séparatistes d'Ossétie du Sud, puis d'Abkhazie, en grignotant discrètement une part des territoires au-delà de la ligne de front. L'invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022 obéit aux mêmes visées. Elle a permis à Poutine de s'emparer du port de Marioupol, sur la mer d'Azov, après trois mois d'un pilonnage systématique. Celui d'Odessa, qui résiste toujours, constitue une autre cible prioritaire. L'occupation de la Crimée en 2014, mais aussi le conflit du Haut-Karabakh, qui a éclaté à nouveau en 2020 entre les ex-Républiques soviétiques d'Arménie et d'Azerbaïdjan, avec une médiation russe très intéressée, relèvent de la même stratégie.
En première ligne
Ce documentaire explore avec rigueur les contours d'un projet impérial que l'Europe n'a pas su discerner, avec à l’appui les analyses de divers journalistes, politologues, opposants russes ou diplomates, étayées par des archives et des reportages – notamment dans les pays baltes, qui se savent en première ligne, et à Tbilissi, où l'opposition citoyenne à l'oligarque prorusse Bidzina Ivanichvili, “homme fort” du pays, commence à s'affaiblir après des mois infructueux de manifestations. Conjuguant nationalisme brutal et appétits économiques, celui qui a promis de restaurer la puissance russe fait ainsi de chaque crise méthodiquement préparée un nouveau levier pour s'assurer la maîtrise des "cinq mers".
Catégorie
📚
ÉducationTranscription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30Vladimir Poutine, le chef des armées et le tout-puissant locataire du Kremlin, passe en revue la flotte nationale russe.
00:41Le projet de Poutine, c'est de rendre à la Russie sa grandeur, de restaurer la gloire impériale du pays, tant au niveau idéologique que géopolitique. C'est ça le plan de Poutine.
01:00L'objectif de Vladimir Poutine est de reconquérir la souveraineté sur les cinq mers situées à l'ouest de la Russie.
01:27La mer Caspienne, la mer Noire, la mer d'Azov, la mer Baltique et la mer Blanche.
01:40Pour Vladimir Poutine, ces cinq mers, c'est vraiment une manière de retrouver à la fois la grandeur de la Russie et la grandeur de l'URSS que Vladimir Poutine a connue dans son enfance.
01:49Le discours sur les cinq mers fait partie de l'imaginaire russe. L'idée est ancienne et Vladimir Poutine la reprend à son compte.
02:04Il fait tout pour positionner la Russie d'emblée comme une grande puissance maritime.
02:10Je vous remercie.
02:40A son arrivée au Kremlin en l'an 2000, Vladimir Poutine réhabilite non seulement l'imaginaire impérial, mais aussi la figure de Staline.
03:03Il ressuscite la mélodie de l'hymne national soviétique et sa doctrine des cinq mers.
03:09Utopie ou réalité ?
03:11Quelles sont les conséquences géopolitiques de ce rêve de reconquête ?
03:18De mer en mer, de front en front, nous l'écoutons dans le texte et partons à la découverte de son projet pharaonique des cinq mers,
03:25que l'Occident n'a pas voulu entendre.
03:38Les cinq mers constituent une forme de muraille, non pas de Chine, mais une muraille de Russie,
03:43qui leur permet à la fois d'être une forteresse, une fortification,
03:47mais en même temps un levier de projection de puissance vers le monde extérieur.
03:51Les cinq mers se situent du sud au nord de la frontière ouest de la Russie.
03:58Au sud, la mer d'Azov, la mer Noire et la mer Caspienne.
04:04Au nord, la mer Baltique et la mer Blanche qui ouvrent sur l'océan Arctique.
04:11Vladimir Poutine prévoit de relier ces cinq mers par un corridor nord-sud de 7000 km de long,
04:16de Saint-Pétersbourg à Bombay.
04:18Un vaste réseau de voies fluviales, ferroviaires et routières permettant le transport de marchandises.
04:28Et ce n'est pas un hasard si depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine,
04:32les fronts de guerre éclatent du sud au nord de cet axe.
04:35La doctrine des cinq mers n'est pas très bien comprise, ni débattue en Occident.
05:02Or, il faut bien comprendre que ce projet des cinq mers fait partie intégrante de la nouvelle position géopolitique de la Russie.
05:12Pour comprendre Poutine, chef de guerre, il faut se remémorer son discours fondateur prononcé au Kremlin en 2005,
05:23lors de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie.
05:26«Poutine considère que la plus grande catastrophe géopolitique, c'est-à-dire la chute de l'ORS-16,
05:50a abouti à un ordre mondial qui n'est pas juste, où l'Occident prend un peu trop de place.
05:57Il aimerait « corriger » cette sorte d'erreur historique et de redonner à la Russie la puissance perdue, l'influence perdue. »
06:12Avec l'éclatement de l'Union soviétique, la Russie a perdu une partie du contrôle de ses eaux territoriales au bénéfice de l'Occident et de l'OTAN.
06:20L'Union soviétique contrôlait jusqu'à 60% des mers du front sud.
06:29A partir de 1991, la Russie ne contrôle plus que 10% de la mer d'Azov, de la mer Noire et de la mer Caspienne.
06:39Sur le front nord, l'Union soviétique contrôlait 30% de la mer Baltique.
06:44La Russie n'en contrôle plus que 5%.
06:46La mer Blanche est la seule dont la Russie possède encore, en grande partie, la maîtrise.
06:52Poutine s'est toujours référé à l'histoire, à l'oral comme à l'écrit.
06:56Mais au fil des ans, ses écrits, ses discours sur le sujet, sont devenus, comment dire, plus émotionnels, plus longs, plus ciblés, plus fermes.
07:10Et on voit clairement un désir chez lui de se présenter comme une grande figure historique,
07:16comme l'homme qui a rendu toute sa grandeur à la Russie,
07:19qui en a fait une nation plus forte, qui l'a peut-être même sauvée.
07:23Pierre Ier, l'empereur de toutes les Russies, est le héros historique de Poutine.
07:37Plus connu sous le nom de Pierre le Grand,
07:40il gagna par les armes la maîtrise de la mer Noire et de la mer Baltique.
07:44Pour l'époque soviétique, c'est Joseph Staline que Poutine met en avant.
07:48Vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, il est le concepteur de la doctrine des cinq mers.
07:56Dès 1931, il lance des travaux pharaoniques.
08:00En deux ans, sur les 170 000 détenus du goulag qui travaillèrent sur le chantier du canat de la mer Blanche,
08:0725 000 sont morts d'épuisement, de froid et de faim.
08:12La construction des canaux est érigée en symbole de la grandeur de l'Union soviétique.
08:18Une mégalomanie qui pousse Staline à proclamer Moscou le port des cinq mers,
08:28alors qu'aucune mer ne borde la capitale.
08:36Moscou au centre du monde, une utopie que le nouveau maître du Kremlin reprend à son compte.
08:41Non pas pour reconstruire l'URSS, mais pour bâtir ce qu'il nomme Novorossia, la Nouvelle Russie.
08:50Comment utiliser la mer et les fleuves pour asseoir sa puissance ?
08:54Il est là l'enjeu.
08:56Poutine essaye d'utiliser ses cinq mers, les fleuves et les canaux, pour fortifier sa défense.
09:04Mais pas pour rester dans une logique défensive aujourd'hui, mais plutôt dans une logique offensive.
09:10Poutine va jusqu'à nier l'existence des frontières établies depuis la fin de l'URSS.
09:21Il refuse d'accepter la souveraineté des anciennes républiques soviétiques,
09:25ainsi que l'indépendance de certains des pays européens du bloc de l'Est,
09:29qui ont, depuis, rejoint l'Union européenne et l'OTAN.
09:32La remise en question de l'existence des frontières de la Russie n'est pas qu'une blague.
09:52Elle relève du concept d'étranger proche, que Vladimir Poutine revendique depuis son arrivée au pouvoir.
09:58Pour la Russie, comme elle se considère comme un empire, un empire n'a pas de frontières, mais que des fronts,
10:05alors que pour l'Occident, il y a des fronts uniquement dans le cadre de guerre, mais surtout des frontières.
10:13Et ça, c'est très important pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui,
10:17que ce soit en Ukraine, au Caucase ou ailleurs,
10:20c'est que les régimes en place veulent s'élever au rang d'État-nation ou d'État-souverain,
10:25alors que la Russie ne veut pas entendre parler d'idées d'État-souverain.
10:29«Вот ce que je vais vous dire, mes collègues,
10:35les partenaires,
10:37écoutez géographie, écoutez histoire.
10:39Psaque, привет!
10:40«Наш ответ – НАТО!»
10:46«От Камчатки до Одессы,
10:57La première guerre des cinq mers éclate en 2008.
11:14L'armée russe déclenche une opération militaire à l'est de la mer Noire, en Géorgie.
11:19C'est l'une des plus petites ex-républiques soviétiques,
11:24mais elle est située au cœur du Caucase,
11:26une région hautement stratégique,
11:28très d'union entre la Russie et le Proche-Orient,
11:31entre l'Europe et l'Asie.
11:35Le conflit se concentre autour de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie,
11:39région sécessionniste que la Russie cherche à annexer
11:42depuis l'indépendance de la Géorgie.
11:44Poutine tient ses promesses.
12:15Après plusieurs accrochages à la frontière avec des séparatistes,
12:19l'armée russe envahit les deux provinces d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie.
12:24Une guerre éclair de cinq jours qui fait plus de 1000 morts et 160 000 réfugiés.
12:31Un cessez-le-feu est signé et le 26 août 2008,
12:34la Russie reconnaît unilatéralement l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.
12:39Ce qui lui permet de reprendre pied dans le Caucase
12:43et sur le littoral de la mer Noire.
12:45Cette guerre n'est pas uniquement motivée par une idéologie impérialiste et irrationnelle.
12:58Elle a aussi des enjeux très rationnels,
13:01comme le contrôle de nos routes et du Caucase.
13:05Et pourquoi le Caucase ?
13:09Parce que c'est un carrefour stratégique entre l'Asie et l'Europe.
13:14C'est ce qui en fait toute l'importance.
13:1717 ans plus tard, l'armée russe occupe toujours l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud,
13:22soit 20% du territoire de la Géorgie.
13:24Une présence qui permet au Kremlin de se renforcer dans le Caucase,
13:28de consolider ses positions sur la mer Noire
13:31et de maintenir la pression sur le pays,
13:34qui continue de vivre avec l'angoisse d'une annexion totale.
13:38Tbilisi, la capitale, n'est qu'à 150 kilomètres des territoires encore occupés par l'armée russe.
13:43David Katsarava, acteur de cinéma avant l'invasion,
13:50a fondé le mouvement anti-occupation.
13:53Chaque jour, accompagné de ses volontaires,
13:56il patrouille sans armes le long des frontières
13:58qui ne sont toujours pas stabilisées.
14:00D'après ses observations,
14:19l'armée russe a grignoté plus de 60 kilomètres
14:22à l'intérieur du territoire géorgien.
14:24C'est ce que nous appelons une occupation rampante.
14:29Elle est en cours et ne s'arrête jamais.
14:32Elle progresse constamment
14:33et a lieu pratiquement sur chaque segment de la ligne d'occupation.
14:36Malheureusement, on peut dire que ce phénomène est encouragé par la Géorgie.
14:45Le gouvernement géorgien ne fait rien pour mettre un terme
14:49à cette occupation rampante, progressive,
14:53à ce processus de frontiérisation.
14:58Ce grignotage progressif n'est pas la seule pression exercée.
15:02Il s'accompagne d'une tout aussi sournoise infiltration
15:06au niveau institutionnel, économique et politique.
15:10Premier objectif de cette guerre dite hybride,
15:13noyauter et asservir le pouvoir.
15:16L'homme de Moscou, c'est lui.
15:19Bidzina Ivanishvili,
15:20un oligarque russo-géorgien
15:22qui fonde en 2012 un nouveau parti,
15:24Rêve géorgien.
15:26Sa fortune est alors évaluée à 6 milliards d'euros,
15:30près de la moitié du PIB de la Géorgie.
15:32Un cas unique dans le monde.
15:39Le parti rêve géorgien
15:54finit par remporter la majorité au Parlement
15:57et va tout faire pour renverser
15:59la présidente pro-européenne
16:00qui lutte contre l'emprisme russe.
16:03Ce rêve s'est transformé en cauchemar
16:09et ce personnage qui était plutôt un mécène,
16:13qui avait beaucoup participé à la restauration des monuments culturels,
16:18de tout d'un coup est devenu réellement l'instrument
16:22par lequel la propagande russe se propage.
16:26Aujourd'hui, on a au pouvoir en Géorgie
16:28le gouvernement Ivanishvili
16:30qui est très clairement une sorte de marionnette du Kremlin
16:34et qui est en train de conduire la politique
16:37qui lui est imposée par le Kremlin.
16:40L'exemple très flagrant,
16:42c'est la loi que les géorgiens appellent la loi russe,
16:45la loi contre les agents de l'étranger,
16:48toutes ces ONG qui sont financées par l'Occident
16:50qui a été adoptée.
16:51Ce qui fait qu'actuellement, en ce moment même,
16:53il y a tous les jours des manifestations
16:57qui se déroulent en Géorgie
16:58contre ce revirement de la politique du gouvernement d'Ivanishvili
17:04qui abandonne la vocation européenne de la Géorgie.
17:13Les opérations hybrides menées par le Kremlin
17:16contre l'influence occidentale portent leurs fruits.
17:18Le parti rêve géorgien gagne les élections législatives
17:23à l'automne 2024.
17:25Tout projet d'adhésion à l'Union européenne
17:27est repoussé au calende grec.
17:30Des centaines de milliers de personnes
17:32descendent dans la rue
17:33et dénoncent la trahison.
17:36Des semaines de violence,
17:38de répression et d'arrestation.
17:41L'opposition et les instances européennes
17:44parlent d'élections truquées
17:46et exigent un nouveau scrutin.
17:48Rêve géorgien destitue la présidente
17:53Salomé Zourabishvili et la remplace par un président fantoche.
17:58Elle est contrainte de quitter le palais présidentiel.
18:01Il y a un projet russe qui est d'empêcher.
18:06Empêcher de devenir un vrai partenaire
18:09de l'ensemble européen
18:11et ensuite de rentrer dans l'Union européenne.
18:15Empêcher le Caucase d'être libre et stable.
18:18Empêcher la mer Noire de devenir
18:20une mer de coopération et de stabilité.
18:23Empêcher les pays d'Asie centrale
18:26de trouver leur propre voie,
18:27qui est une voie différente.
18:29Qui n'est pas une voie européenne,
18:30mais qui est une voie différente
18:32et elle-même, je dirais,
18:34libérée des excessives entraves.
18:37C'est ça.
18:37Il n'y a plus d'autres projets russes.
18:39C'est de se maintenir au pouvoir
18:42et de se maintenir au pouvoir
18:45à n'importe quel prix.
18:51Les slogans du parti rêve géorgien
18:53accusent ouvertement les leaders
18:55de l'opposition d'être des agents
18:57qui complotent au nom
18:58d'un hypothétique parti global de la guerre.
19:02Contrôlé par l'Occident,
19:03ils seraient même à l'origine
19:04du conflit en Ukraine.
19:06Une des personnalités diabolisées
19:09n'est autre que Mikhaël Sarakashvili,
19:11président de la Géorgie,
19:13au moment de l'invasion russe de 2008.
19:16Arrêté le 2 octobre 2021,
19:19il est empoisonné aux métaux lourds
19:20dans sa cellule
19:21et apparaît considérablement amégré
19:23à son procès.
19:31Deuxième personnalité diabolisée,
19:33Mamouka Kazaradze.
19:36Homme d'affaires et banquier
19:37avant de se lancer en politique,
19:40il a initié et dirigé Anaclia,
19:43un projet de port en eau profonde
19:44sur la mer Noire,
19:46avec des partenaires
19:47et des financements européens
19:48et américains.
19:52Objectif,
19:53accueillir les supertankers
19:55et faire de la Géorgie
19:56un hub commercial
19:57entre l'Europe et l'Asie.
20:00Les travaux avaient bien commencé,
20:01ils sont brutalement interrompus.
20:03La première phase de construction
20:07du port devait être terminée
20:08en 2020.
20:10Mais la pression de la Russie
20:12et l'ingérence active
20:13du gouvernement local
20:14et de Bidzina Ivanishvili,
20:16qui obéissait aux ordres de Poutine,
20:19ont fait que le projet
20:20a été interrompu.
20:21Parce qu'Anaclia
20:22allait devenir la porte d'entrée
20:24de la région
20:24à la place du port russe
20:26de Novorossiesk
20:27et allait donc lui faire
20:28directement concurrence.
20:33Le projet est abandonné.
20:36Il menaçait de faire concurrence
20:37au port russe
20:38de Novorossiesk
20:39sur la mer Noire.
20:41Mamouka Kazaradze
20:42décide de résister
20:44et de fonder l'ELO,
20:46un parti pro-européen.
20:48Il est aussitôt accusé
20:49de blanchiment d'argent
20:50et condamné
20:51à sept ans de prison.
20:52Heureusement pour lui,
20:54le délai de prescription
20:55avait expiré.
20:56La mer Noire
20:58a toujours joué
20:59un rôle très important
21:00pour toute la région.
21:03Elle relie de nombreux pays.
21:05Elle représente aussi
21:06une route rapide
21:07entre la Chine
21:08et l'Europe.
21:10C'est pourquoi je pense
21:10que ce n'est pas
21:11qu'un projet économique
21:12et commercial.
21:15C'est aussi un projet
21:16extrêmement important
21:17sur le plan stratégique.
21:22Fin 2024,
21:24les engins refont
21:25leur apparition.
21:26Le projet serait relancé
21:30grâce à un investisseur chinois,
21:32allié de la Russie
21:33dans son opposition
21:34à l'Occident.
21:35Excite les partenaires
21:37européens et américains.
21:38A 70 kilomètres de là,
21:45à Haute-Chan-Tchere,
21:47en Abkhazie occupée,
21:48l'armée russe construit
21:49une nouvelle base navale
21:50où elle déploie
21:51ses forces de soutien
21:52à la guerre en Ukraine.
21:54L'objectif du Kremlin
22:01est de redevenir
22:02maître de la mer Noire
22:04où transite 40%
22:05des céréales mondiales,
22:07ainsi que les gazoducs
22:08qui alimentent la Turquie
22:09et l'Europe en gaz russe.
22:12Poutine cherche à solidifier
22:13son accès au détroit du Bosphore,
22:15ouverture de la mer Noire
22:16sur la Méditerranée
22:18et vers le monde.
22:18En 2014,
22:21six ans après la guerre
22:22en Géorgie,
22:23la Crimée est annexée
22:24à son tour
22:24et devient
22:25le deuxième front
22:26des cinq maires.
22:31La Crimée est conquise
22:33sous prétexte
22:33de défendre
22:34les minorités russophones.
22:35« Russie, Russie, Russie ! »
22:41Une annexion
22:41tout aussi illégitime
22:43que Poutine justifie
22:44quelques semaines plus tard
22:45sur l'Indirect,
22:47une émission phare
22:48de la télévision russe.
23:13...
23:13Huit ans plus tard, opération spéciale Ukraine.
23:24C'est le troisième front de la guerre des cinq mères.
23:27Objectif, envahir l'Ukraine en trois jours.
23:30Moi, je serais tenté de dire que par sa décision de déclencher une guerre contre l'Ukraine,
23:42c'est lui, dans un certain sens, qui a déclenché une catastrophe géopolitique de grande importance
23:51qui affecte pas seulement la scène européenne, la scène mondiale, mais aussi le destin de la Russie.
24:00Si tôt Kiev attaqué, commence alors la guerre des ports.
24:09Objectif premier, le port historique d'Odessa.
24:13La ville est régulièrement et lourdement bombardée depuis 2022,
24:17mais contre toute attente, continue à résister.
24:22Une résistance inattendue qui bloque Poutine dans l'accomplissement de son plan
24:26et contrarie sa mégalomanie.
24:30L'un des objectifs futurs de Vladimir Poutine, c'est de prendre l'Odessa
24:35pour finir de former ce couloir terrestre
24:41qui relierait l'est de l'Ukraine, le Donbass, jusqu'à la Transnistrie.
24:47La prise d'Odessa permettrait de rattacher la Crimée.
24:52À l'ouest, à la Transnistrie, la province séparatiste moldave où l'armée russe est déjà présente.
24:58Et à l'est, au Donbass, où l'armée russe soutient militairement les séparatistes depuis 2014.
25:03Objectif, menacer d'annexion la Moldavie, un pays européen,
25:10et priver l'Ukraine de ses accès à la mer.
25:13Couper l'Ukraine de la mer Noire, c'est la priver d'une grande partie de ses ressources économiques.
25:18Pour y parvenir, la Russie cherche aussi à bloquer l'accès de l'Ukraine à la mer d'Azov,
25:26la porte de la mer Noire.
25:29Après Odessa, Mariupol est le deuxième port ukrainien pris pour cible par l'armée russe.
25:41Le 21 mai 2022, après trois mois d'intenses combats,
25:45Mariupol tombe, détruite à plus de 90%.
25:50Igor, russophone d'Ukraine, combat depuis 2015 pour l'armée russe appelée Z,
26:01initiale de Zapadiedou, pour la victoire en russe.
26:05«Nous les soldats sont les libres de la mer.
26:12En première, les libres de la mer, les n'étrées, les n'étrées, les n'étrées.
26:18En première, les libres de la mer.
26:21Car nous avons parlé avec beaucoup de personnes en Mariupol,
26:25surtout avec des jeunes, et ils disent, qu'ils libres de la mer.
26:30Le fait de se considérer presque comme un messie,
26:46comme un individu hors du commun,
26:49de se voir comme l'homme qui va sauver cette idée de la Russie,
26:52peut évidemment le conduire à commettre de graves erreurs,
26:58à perpétrer des crimes atroces,
27:00comme cela s'est déjà produit dans l'histoire,
27:03quand des dirigeants ont adhéré à ce genre d'idéologie.
27:09La reconquête des cinq mers n'est pas que géopolitique.
27:14Elle est aussi idéologique.
27:15Poutine professe un discours patriotique
27:19et instrumentalise la religion.
27:22Il multiplie les cérémonies
27:24aux côtés du chef de l'église orthodoxe russe.
27:28Ex-agent du KGB,
27:30le patriarche Kirill est devenu un pilier
27:32de la propagande poutinienne.
27:35Ses sermons se transforment régulièrement
27:37en discours politique anti-occidentaux.
27:40Et dans Donbass, il existe un objectif,
27:47un objectif, un objectif,
27:49un objectif,
27:50un objectif,
27:52qui aujourd'hui propose
27:54les gens qui prétendent
27:57pour la mérite.
28:01Aujourd'hui, il existe un test
28:05de l'église à l'église à l'église.
28:07Elle existe un objectif.
28:11Un objectif pour le mir,
28:13un objectif,
28:15un objectif de laすισmité,
28:17un objectif.
28:19Elle existe un test utilisateur.
28:22Well, ce qui veut dire,
28:24c'est épuisal unité et aussi dur.
28:27C'est démosかな de l'église à l'église.
28:29Alors, pour vous dire,
28:30tout ce qui veut dire
28:34c'est une oeil d'église
28:35près d'une église
28:36quelque chose de théorique, et non seulement juste un sens spirituel.
28:42Parce que autour de cette thème, aujourd'hui,
28:45il y a une vraie guerre.
28:56Deux ans après la prise de Mariupol,
28:58le port se transforme en ville russe.
29:01Les combattants de l'armée russe sont érigés en héros.
29:08Le russe devient la langue officielle et les ukrainiens sont ostracisés.
29:13De nouveaux colons sont envoyés de Russie.
29:16Poutine leur offre un appartement neuf dans les immeubles qui émergent des ruines.
29:26Et il leur promet de transformer les gravats en rivières.
29:31Il faut comprendre que les objectifs de la Russie dépassent largement le cadre de l'Ukraine.
29:39Par conséquent, si un accord de paix est conclu en Ukraine,
29:42cela n'arrêtera certainement pas Poutine et la Russie.
29:50Reconquérir la souveraineté sur la mer d'Azov et sur la mer Noire
29:53permettrait à la Russie d'unir les mers du front sud,
29:56un projet qui va bien au-delà de l'Ukraine.
30:01Avec pour ambition de doubler le canal Volgadon construit sous Staline
30:05par un second canal, baptisé Eurasie,
30:08afin de faciliter le passage des navires de grand tonnage
30:11de la mer d'Azov et de la mer Noire à la mer Caspienne.
30:15Si Moscou perd la mer d'Azov, elle perd l'exploitation
30:23ou l'optimisation de cette exploitation du canal d'Azov à Astrakhan.
30:29On est vraiment au cœur de la puissance russe.
30:33Astrakhan, le grand port russe de la Caspienne est devenu hautement stratégique
30:39depuis que la Russie, l'Iran et l'Inde ont signé en septembre 2000
30:44l'accord pour le projet du corridor nord-sud
30:47qui ouvre la route commerciale de Saint-Pétersbourg à Bombay.
30:54Depuis la fin de l'Union Soviétique,
30:56la mer Caspienne est passée de deux pays riverains,
30:59l'Union Soviétique et l'Iran,
31:01à cinq pays riverains.
31:03Russie,
31:04Iran,
31:05Kazakhstan,
31:06Turkménistan
31:07et Azerbaïdjan.
31:09Cinq pays pour une mer Caspienne
31:11qui regorge de richesses.
31:15Du poisson et du caviar beluga certes,
31:18mais surtout du pétrole et du gaz
31:20dont la découverte de nouveaux gisements enrichit considérablement
31:23le Kazakhstan, le Turkménistan
31:25et l'Azerbaïdjan.
31:27Vladimir Poutine tente de rester maître du jeu
31:31en se rapprochant au maximum des leaders de ses ex-républiques soviétiques
31:35dont Ilham Malayev, président de l'Azerbaïdjan
31:39qui dirige son pays d'une main de fer.
31:43Grâce à la jonction de la mer Noire à la mer Caspienne,
31:46le front sud des cinq mers devient aussi une plateforme militaire
31:49où les bâtiments chargés de missiles balistiques de longue portée
31:52circulent d'une mer à l'autre.
32:01C'est de la Caspienne que la Russie bombarde l'Ukraine.
32:07Mais c'est aussi de la Caspienne que la faute russe bombardait la Syrie.
32:11Un soutien à son allié, le dictateur Bachar al-Assad
32:15qui va lui permettre de consolider deux bases militaires en Syrie,
32:18l'Attaquier et Tartus.
32:20Une extension historique des cinq mers vers la Méditerranée.
32:24Renforcer sa puissance maritime en accédant aux mers chaudes.
32:28Une constante historique de la doctrine maritime russe.
32:31C'est de ces bases méditerranéennes que Poutine envoyait ses milices en Afrique
32:36pour étendre son projet impérial.
32:38Mais en décembre 2024, avec la chute du régime de Bachar al-Assad,
32:52Vladimir Poutine perd ses deux bases syriennes.
32:55Une sérieuse déconvenue qui n'altère en rien sa volonté expansionniste.
33:00Ce qui est sûr, c'est qu'on peut avoir des vraies interrogations
33:05sur le fait que la Russie ait les moyens de ses ambitions.
33:07C'est-à-dire que Vladimir Poutine est dans sa logique de l'URSS
33:13qui se déployait sur tous les océans du globe.
33:18Je ne suis pas convaincu que la Russie d'aujourd'hui
33:21ait le moteur économique suffisant pour être le successeur de l'URSS
33:26et pouvoir se déployer de cette manière-là.
33:31Si la situation se tend sur le front sud,
33:33les deux mers du front nord ne sont pas épargnés par l'escalade guerrière.
33:38En mer Baltique, où Poutine cherche à regagner l'influence perdue
33:41depuis l'indépendance des Pays baltes et leur intégration dans l'OTAN.
33:45En mer Blanche, une ouverture très stratégique vers l'Océan Arctique
33:50qui est de plus en plus convoitée par les grandes puissances.
33:53L'Akpeipus, situé à la frontière de la Russie et de l'Estonie,
34:00où en 1242, le légendaire prince Aleksandr Nevski
34:04remporta la bataille des glaces contre les chevaliers teutoniques.
34:08Ce 11 septembre 2021, Vladimir Poutine inaugure un gigantesque monument commémoratif
34:14avec la sainte bénédiction du chef de l'église orthodoxe russe.
34:18Aleksandr Nevski devient le grand héros nordique du narratif historique de Poutine.
34:24Et c'est au nom de l'histoire que, trois mois après l'invasion de l'Ukraine,
34:28Poutine ose remettre en cause l'indépendance de la Suède.
34:32« Pour Poutine, il n'y a plus de la Suède. »
34:34« Il n'y a plus de la Suède. »
34:38« Pour Poutine, la Suède, comme les Pays baltes, font partie de l'étranger proche,
34:41qu'il veut délivrer de ce qu'il nomme
34:44Pour Poutine, la Suède, comme les Pays-Baltes, font partie de l'étranger proche qu'il veut délivrer de ce qu'il nomme l'emprise de l'Occident collectif.
35:10Il s'obstine à refuser la perte de contrôle de la mer Baltique et ce, malgré l'adhésion à l'OTAN de la Finlande en 2023 et de la Suède en 2024.
35:22Un déni qui s'accompagne d'une réécriture de l'histoire.
35:27Un révisionnisme qui va jusqu'à nier la répression stalinienne dans les Pays-Baltes après la Deuxième Guerre mondiale et l'existence de dizaines de milliers de déportés par Staline en Sibérie.
35:37Le photographe lituanien Jozas Kazlauskas, auteur de ces photos, a lui-même été déporté.
35:46Grâce à la politique de transparence menée par Mikhail Gorbachev, il y était retourné en 1989 avec les survivants et leurs descendants pour rapporter les ossements de disparus.
35:58Cette page d'histoire, sortie du silence, est à nouveau ensevelie.
36:03Ici, nous pensons que Poutine est un malade.
36:12Nous nous posons bien sûr la question.
36:17Nous nous disons que si l'Ukraine est occupée, que si elle perd la guerre, ce sera ensuite au tour de notre pays d'être repris de force.
36:25Ces craintes existent, parce que ces envies sont réelles du côté russe.
36:35Les pays baltes sont aussi visés.
36:41Tout cela vient probablement de Pierre Ier le Grand.
36:44Depuis la guerre en Ukraine, les forces de l'OTAN se déploient en mer Baltique et mènent conjointement des exercices de défense d'une ampleur sans précédent.
37:00Du fait de l'action de la Russie en Ukraine, la mer Baltique est en train de devenir une mer dominée par l'OTAN.
37:10Quand on sait que l'objectif est de contrôler les cinq mers, on peut considérer que c'est un échec au niveau de la mer Baltique, du point de vue russe.
37:19Face à la domination militaire de l'OTAN, la Russie se tourne vers des formes de confrontations hybrides.
37:31Les cyberattaques répétées contre les pays baltes depuis 2007 ont conduit l'OTAN à installer son centre mondial de cyberdéfense en Estonie.
37:40Le plan de Poutine dans le cyberespace est d'utiliser tous les moyens possibles pour réaliser ses objectifs stratégiques, militaires et politiques.
37:54Diffuser son idéologie et son projet impérialiste tout en menant des actions ciblées contre l'Occident et les États-Unis.
38:02Tous ces moyens sont utilisés en collaboration avec des cybercriminels, des entreprises du secteur privé, en collaboration avec des agences de renseignement.
38:21Quinze câbles sous-marins sectionnés en trois ans.
38:25Violation des espaces maritimes et survol de drones fantômes.
38:28L'avion français de l'OTAN, Atlantique 2, pris pour cible par l'armée russe lors d'un vol de reconnaissance.
38:36Les opérations d'intimidation se multiplient.
38:4226 septembre 2022.
38:44Sabotage des North Stream 1 et 2, les gazoducs qui allait monter l'Europe en gaz russe.
38:49Selon l'enquête, ces attaques auraient été menées par un commando ukrainien, avec le soutien de puissances étrangères.
39:01L'Ukraine aurait-elle adopté à son tour des stratégies hybrides pour répondre aux méthodes russes ?
39:07La mer Baltique devient un champ d'expérimentation des techniques de la guerre du futur.
39:11La Russie a développé et utilisé ses ressources énergétiques comme un outil politique.
39:18On dit depuis longtemps au peuple russe que Poutine est un empereur du gaz.
39:24Et que le gaz et le pétrole sont les muscles qui vont permettre à la Russie d'influencer les pays européens et de retrouver sa sphère d'influence.
39:34Il faut absolument que nous arrivions à convaincre Poutine que, contrairement à ce qu'il croit, le temps ne joue pas en sa faveur.
39:43Et là, peut-être qu'il se montrera plus raisonnable.
39:46Peut-être qu'il sera prêt à négocier et à accepter un accord qui garantira une paix juste et durable.
39:52Mais la tâche ne va évidemment pas être facile.
39:56En attendant, Poutine poursuit sa stratégie de domination impérialiste et concentre ses forces en mer blanche.
40:03La plus au nord des cinq mers, celle dont il détient encore le contrôle.
40:10Désormais, cap sur l'Arctique, où le réchauffement climatique ouvre une nouvelle route.
40:16Le passage du nord-est.
40:19Il permettra aux super-tankers de transiter de l'océan Pacifique à l'océan Atlantique, en 35 jours au lieu de 50 par le canal de Suez.
40:27Une route maritime qui longe la Russie, sur plus de 6 000 kilomètres, et que Poutine veut à tout prix exploiter.
40:38L'Arctique représente un autre sujet géopolitique de la plus haute importance en Russie.
40:46Dès les premières années de Poutine, l'Arctique a été présentée au peuple russe comme un territoire d'expansion pour la Russie.
40:52Et l'Arctique a été présenté au peuple russe comme un territoire d'expansion pour la Russie.
41:22L'Arctique a été, avec le cosmos, un des sujets privilégiés de la propagande soviétique.
41:43Poutine s'en empare à son tour.
41:48Le 2 août 2007, une équipe de scientifiques plante le drapeau russe à la verticale du pôle nord, à 4 261 mètres de fond,
41:56pour affirmer à la face du monde que la Russie demeure une grande puissance.
42:00La Russie y voit des ressources, du pétrole, du gaz, de futures routes maritimes.
42:11Dans cette perspective, la mer arctique est évidemment essentielle dans la vision géopolitique globale de la Russie,
42:18qui repose sur la nécessité de s'étendre.
42:20L'Arctique est vraiment la priorité pour les Russes.
42:25C'est à la fois plusieurs enjeux qui se croisent.
42:27Souveraineté, sécurité, ressources premières, à commencer par les ressources énergétiques.
42:33Et ce que la Russie cherche à faire, c'est de sécuriser sa maîtrise de l'Arctique,
42:40où il ne veut pas voir l'Occident.
42:42Et d'ailleurs, les récentes promesses ou menaces de Trump d'annexer le Grand Land,
42:50cela met la puce à l'oreille aux Russes en disant
42:52qu'on va avoir plus de rivalités avec les États-Unis dans la zone arctique.
43:00Murmansk, capitale du cercle polaire.
43:03Vladimir Poutine modernise les infrastructures de ce port ottoman stratégique.
43:08Ces cinq fjords deviennent le quartier général de la flotte du Nord.
43:12Son fer de lance, 13 sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire,
43:17équipés de missiles balistiques intercontinentaux.
43:24À 400 kilomètres de Murmansk, la Finlande,
43:28qui partage 1340 kilomètres de frontières avec la Russie.
43:32une frontière fermée depuis 2023.
43:48En rejoignant l'OTAN en 2023,
43:51la Finlande est sortie de la neutralité que le pays s'était imposée
43:55depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
43:57Stop, war! Stop, Putin! Stop, war! Stop, Putin! Stop, war!
44:03C'est intéressant.
44:06Avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine,
44:09la plupart des Finlandais étaient opposés à l'adhésion à l'OTAN.
44:13Mais quelques jours après le début de la guerre,
44:1975% d'entre eux y étaient favorables
44:21et souhaitaient rejoindre l'Alliance.
44:24Ce basculement s'est produit en à peine une journée.
44:31Jiri Huninen, journaliste à la télévision finlandaise,
44:35travaille sur les paradis fiscaux à travers le monde.
44:39Il mène l'enquête depuis 10 ans sur l'argent des oligarques russes
44:42qui opèrent depuis la Finlande.
44:43C'est celui-là.
44:46Pendant des décennies, il a appartenu à des Russes.
44:50D'abord à une entreprise publique russe,
44:52puis à un homme d'affaires proche du Kremlin.
44:57Les Russes étaient très impliqués dans le pays,
45:00jusqu'à posséder une part importante du port d'Helsinki.
45:04Leur intérêt se portait tout particulièrement
45:06sur la construction de brise-glace,
45:09indispensable à toute navigation en Arctique.
45:11Mais suite à la guerre en Ukraine,
45:15les sanctions occidentales les ont empêchées
45:17de poursuivre leurs affaires.
45:20Le problème, c'est que,
45:22comme le chantier naval d'Helsinki appartenait aux Russes,
45:26il était pratiquement impossible de vendre ces brise-glaces
45:29en dehors de la Russie ou des pays proches de la Russie.
45:35Jiri continue à traquer l'argent des oligarques russes
45:38qui vivent en Finlande,
45:39dont certains ont même pris la nationalité finlandaise.
45:43Stratégie d'infiltration oblige.
45:45C'est toujours amusant de voir un ami de Poutine
45:49avec un passeport finlandais.
45:54Vous voulez voir des photos de Timchenko avec Poutine ?
45:57On voit à quel point ils sont proches.
46:04Gennady Timchenko a également pris la nationalité finlandaise
46:07et a fait fortune en vendant du pétrole et du gaz russe à l'Occident.
46:11En Russie, ils utilisent le terme « trésorerie commune »,
46:16ce qui signifie qu'il y a énormément d'argent
46:18et que celui-ci peut appartenir à un oligarque ou un autre,
46:21mais que le Kremlin et M. Poutine y ont accès.
46:24D'une certaine manière, les oligarques peuvent profiter de cette richesse
46:29et en ce sens, elle leur appartient.
46:31Mais si le Kremlin décide d'utiliser cet argent à d'autres fins,
46:35c'est ce qui se passera.
46:35Ça, c'est Vladimir Potanin,
46:42qui est probablement l'homme le plus riche de Russie à l'heure actuelle.
46:47Et là, on voit Vladimir Potanin avec Poutine.
46:52Ils sont également assez proches.
46:56C'est le seul oligarque qui dirige encore sa société depuis la Finlande,
47:00d'où ils exportent du nickel vers tous les pays européens.
47:07Même l'Union européenne n'est pas prête à aller assez loin dans les sanctions,
47:14parce qu'elle pense en fait
47:15que ce type détient tellement de métaux précieux
47:20qu'il faut l'exclure de la liste des sanctions,
47:24ce qui est intéressant.
47:25Vladimir Potanin ne se contente pas
47:33d'être un des plus gros producteurs de nickel dans le monde.
47:37Il participe au réaménagement du port de Murmansk
47:40et fonde Arctic Express,
47:43sa propre flotte de supertankers.
47:46Il devient un acteur majeur de la route maritime du nord-est.
47:51Celle-ci ralliera le port de Rotterdam
47:53au port de Shanghai par un trajet de 4000 kilomètres
47:57au lieu des 10 000 kilomètres actuels qui passent par le Panama.
48:03Pour le contrôle de cette route du nord,
48:06la Chine devient le nouveau partenaire de la Russie
48:08tout en étant son concurrent dans l'Arctique.
48:13Tout cela maintenant fait que la Russie est beaucoup plus dépendante de la Chine
48:18et elle joue plutôt le rôle de partenaire junior
48:22sans pouvoir dicter quoi que ce soit à la Chine.
48:26Sur certains plans, la Russie gagne.
48:28Sur d'autres, elle perd.
48:29Parce que même les pays amicaux, entre guillemets,
48:33comme l'Inde et la Chine,
48:34sont de plus en plus réticents
48:36pour s'engager avec la Russie
48:40par peur des sanctions secondaires occidentales.
48:43Vladimir Poutine réunit les hommes d'affaires russes
48:50et ses partenaires internationaux au Club Valdai,
48:53l'équivalent russe du Forum mondial de Davos.
48:56Un think-tank politico-économique très idéologique
48:59et ouvertement en guerre contre l'Occident.
49:02C'est-à-dire que l'Occident de l'Occident
49:32nous écoutons mon avis.
49:34Merci beaucoup.
49:39L'escalade n'est pas que verbale.
49:43L'océan Arctique devient le grand champ de bataille du futur
49:46où les empires s'affrontent déjà.
49:50À l'ouest, les États-Unis de Donald Trump
49:52revendiquent le Canada et le Groenland riches en pétrole,
49:54en gaz et en terres rares.
49:57Une menace pour la souveraineté du Danemark
49:59et donc pour l'Union européenne.
50:02La Chine, de son côté,
50:06cherche aussi à s'imposer économiquement
50:07et à contrôler le passage du Nord-Est.
50:11Vladimir Poutine, lui,
50:13ne veut rien lâcher de ce qu'il considère être
50:15ses territoires et richesses exclusives.
50:20Pour résister à la violence de la Russie,
50:22une réponse ferme de l'Europe et de l'Occident est indispensable.
50:26Et bien sûr, à l'échelle européenne,
50:29nous devons nous réarmer.
50:31Les actions de la Russie nous obligent, malheureusement,
50:34à faire marche arrière.
50:36Nous avons besoin de renforcer notre arsenal nucléaire
50:38pour nous protéger de la menace russe.
50:40On est en train de glisser vers l'irréparable,
50:50parce que l'engrenage dans lequel se sont engagées
50:54et les forces d'un côté et de l'autre
50:57risquent, peut-être malgré les intentions initiales
51:03de ces protagonistes,
51:05les pousser vers une confrontation
51:08tout simplement à cause de leur manque de courage,
51:14de sagesse, bien sûr,
51:17et de la responsabilité.
51:18En septembre 2024,
51:26les flottes russes et chinoises
51:28se livrent à six jours de manœuvres conjointes.
51:3190 000 soldats,
51:32400 navires et sous-marins,
51:34120 avions,
51:36avec pour mot d'ordre affiché
51:38« Contrer l'accroissement de la présence militaire
51:41des États-Unis et de leurs alliés
51:42aux abords de la Russie,
51:44dans l'Arctique et dans la région Asie-Pacifique ».
51:47Des manœuvres d'une ampleur inégalée
51:49depuis la fin de la guerre froide.
51:52Une démonstration de force dirigée
51:54contre ce que les autorités chinoises et russes
51:56nomment explicitement
51:58« l'Occident et les démocraties européennes ».
52:01Sous-titrage Société Radio-Canada
52:11Sous-titrage MFP.
52:41Sous-titrage MFP.
Recommandations
1:31
22:55
24:55
24:55
3:30
1:23:50
51:12
45:50
45:50
49:59
45:40
52:33
1:31:23
Écris le tout premier commentaire