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À la tête du Cartel de Medellín qu’il crée en 1976, Pablo Escobar installe un climat de terreur en Colombie durant une décennie. Baignant dans la richesse, il élève alors son fils Juan Pablo dans le luxe, entouré d’armes et de drogue. Mais après 10 ans de fuite, Pablo Escobar décide de se rendre à la justice et se fait incarcéré à "La Catedrale", pour finalement s’évader un an plus tard. Cet acte marque un tournant dans la vie de sa famille, et de son fils alors âgé de seulement 16 ans.
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ÉducationTranscription
00:00A 4 ans, papa m'a offert ma première moto.
00:13A 11 ans, j'en avais déjà 27.
00:17Que 27.
00:22Mon père était l'un des hommes les plus riches de la planète.
00:25Il s'en occupait bien, jouait avec lui.
00:31C'était un papa normal, un papa aimant.
00:36Juan Pablo était un enfant qui ne portait pas deux fois les mêmes vêtements.
00:39Il portait chaque jour une montre différente.
00:44Comme on dit aujourd'hui, c'était un enfant roi.
00:48Mon père était le chef de la plus grande organisation criminelle de l'histoire.
00:59Je m'appelle Juan Pablo. Je suis le fils de Pablo Escobar.
01:04Cette phrase, je ne l'ai jamais dite à personne.
01:07Il faut que vous le sachiez.
01:07Héritier de Pablo Escobar.
01:15Quelle est la vie du fils du plus grand narcotrafiquant de l'histoire ?
01:19Quand tu nais Escobar, tu n'as droit ni au bonheur, ni à la tranquillité.
01:25Comment grandit-on au cœur de l'Empire Escobar ?
01:27Ce gamin n'a pas eu d'enfance.
01:32Dès son plus jeune âge, ce gamin a grandi entouré de mitraillettes,
01:36de cocaïne, de prostituées,
01:39de sacs pleins de billets, de millions de dollars,
01:42d'avions, de bateaux, de voitures de luxe.
01:45Une enfance de riches, bouleversée à l'âge de 16 ans par la mort de son père.
01:50L'information du jour, la mort du narcotrafiquant Pablo Escobar.
01:53Le 2 décembre 1993 est un jour très triste pour notre famille.
02:02Menacée de mort.
02:04Toutes les armes de la Colombie étaient pointées sur moi.
02:06Trahison, exil.
02:09Comment Juan Pablo Escobar et sa famille vont connaître la descente aux enfers ?
02:12Passer de riche à pauvre en un instant,
02:15personne ne s'y est jamais préparé.
02:18Nous devions quitter le pays d'une manière ou d'une autre.
02:23On allait d'une cachette à l'autre.
02:26Des témoignages exclusifs.
02:28Famille, garde du corps, repenti,
02:33jusqu'au rivau historique de Pablo Escobar.
02:36Mon père était l'ennemi juré de son père.
02:39Secret de famille, révélation.
02:43Il est clair que mon père voulait se suicider.
02:45J'ai beaucoup de preuves.
02:46Archives familiales inédites.
02:53Documents historiques.
02:55Voici l'histoire de Juan Pablo Escobar.
03:06C'est un héritage qu'on ne souhaite à personne.
03:08Le destin incroyable de l'héritier du plus grand baron de la drogue.
03:15Quand on vous parle de la Colombie,
03:34la première chose qui vient à l'esprit,
03:35c'est le narcotrafic et Pablo Escobar.
03:40Pablo Escobar régnait sur le pays.
03:42C'est en 1976 que Pablo Escobar crée le cartel de Medellín.
03:50Il en fait la plus florissante
03:52et la plus redoutable organisation de trafic de drogue au monde.
03:57À l'âge d'or de mon père,
03:59ce pays possédait 80 000 hectares de plantations de coca.
04:04Depuis la Colombie,
04:06il contrôle en quelques années
04:07la quasi-totalité du marché de la cocaïne aux Etats-Unis
04:10et dans toute l'Europe.
04:11Mon père pouvait gagner
04:15entre 50 et 70 millions de dollars
04:18de revenus chaque week-end.
04:21Seulement à Miami.
04:26Pablo Escobar s'attaque de front
04:28à l'État colombien.
04:30Ce dernier décide de démanteler son empire
04:32et d'extrader tous les barons de la drogue
04:34vers les Etats-Unis.
04:35Un conflit sans merci éclate alors.
04:41En Colombie, il y avait beaucoup de corruption et de sang.
04:4480% de la police était corrompue.
04:50Les politiciens,
04:52les juges,
04:54les présidents.
04:54Mon père voulait faire de la Colombie un enfer.
05:01Il a réussi.
05:03Il a utilisé le terrorisme comme une arme
05:06pour soumettre l'État colombien
05:08et toute la société à sa propre volonté.
05:11Toutes les nuits,
05:14il y avait une bombe
05:15ou un attentat.
05:17À la fin des années 80,
05:24Medellín compte
05:24jusqu'à 7000 victimes par an.
05:26C'est alors la ville la plus dangereuse du monde.
05:31Pablo Escobar a vraiment instauré
05:32une période de terreur dans ce pays.
05:36Dans l'ombre de Pablo Escobar,
05:39il y a une famille.
05:40Sa femme,
05:42son fils,
05:43sa fille,
05:44tous confrontés à une violence extrême
05:46qui les dépasse.
05:50Beaucoup de gens ont réagi en disant
05:52« Ce ne sont pas des victimes.
05:54Ils se sont nourris avec l'argent de Pablo Escobar.
05:56Au final,
05:58mon père a bouleversé la vie
06:00et le destin de millions de personnes,
06:02y compris la vie de son fils.
06:05Ses ennemis savaient
06:07que nous étions son point faible.
06:10Nous étions les personnes
06:11auxquelles ils pouvaient s'attaquer. »
06:14Au début des années 90,
06:16après des années de tensions et de cavales,
06:18le contact reprend entre Pablo Escobar
06:20et le gouvernement colombien.
06:22Un accord politique est conclu entre les partis.
06:24Les narcotrafiquants
06:26ne sont plus extradés vers les États-Unis.
06:28L'ennemi public numéro un de la Colombie
06:30accepte de se rendre,
06:32mais à ses propres conditions.
06:33Sous-titrage Société Radio
06:35Sous-titrage Société Radio
07:05Cela faisait dix ans
07:16que mon père fuyait les autorités.
07:18Puis un jour,
07:19il s'est rendu à la justice.
07:20La rédition de son père est un soulagement
07:48pour Juan Pablo et sa famille.
07:51Plus besoin de se cacher,
07:52plus besoin de fuir.
07:54La traque est terminée.
07:56À l'été 1991,
07:58Pablo Escobar est incarcéré à la cathédrale,
08:01une prison de luxe
08:02qu'il s'est lui-même fait construire
08:03sur les hauteurs de Medellin.
08:05La cathédrale est la première prison
08:15construite par un État
08:17à la demande d'un bandit.
08:20Et cette prison
08:21était la monnaie d'échange
08:22pour que mon père
08:23se rende à la justice.
08:26Mon père l'avait imaginé
08:32et dessiné
08:32avant même
08:33que le gouvernement ne l'approuve.
08:36En fait,
08:36mon père avait tellement de pouvoir
08:38en Colombie à cette époque
08:39qu'il a construit sa prison
08:42puis il a imposé au gouvernement
08:44où il devait être détenu.
08:48La cathédrale.
08:50Juan Pablo la découvre
08:51pour la première fois à 14 ans
08:53quand il rend visite à son père.
08:5730 ans plus tard,
08:58il retrouve une vieille connaissance
09:00de Pablo Escobar.
09:02Ce journaliste
09:03connaît parfaitement les lieux.
09:09Et quand t'es arrivé en hélicoptère,
09:11tu as atterri où ?
09:12Pour moi, c'est par là-bas.
09:14Où il y avait un terrain de foot
09:15à l'origine ?
09:16Tout à fait.
09:17C'est vers là-bas
09:18qu'il est descendu.
09:20Escobar m'a envoyé une lettre
09:21me disant que j'étais
09:23le seul journaliste
09:24autorisé à venir le voir
09:25à la cathédrale.
09:29Je n'y croyais pas
09:31parce que tous les journalistes
09:33du monde voulaient y aller.
09:37Je m'appelle Louis Salirio-Callier.
09:39Je suis journaliste
09:40depuis 40 ans
09:41pour la presse écrite,
09:43la radio et la télévision.
09:44Et c'est à midi,
09:49le jour où Escobar s'est rendu,
09:51le 19 juin 1991,
09:54que j'ai compris
09:58que c'était vrai.
10:01Tout le monde
10:02est descendu par là.
10:03Il y avait le père Garcia,
10:05le procureur,
10:06le directeur
10:07de l'institut de criminologie,
10:08toute la justice.
10:09Et c'est ici
10:13qu'il a rendu son pistolet.
10:15Il l'a déchargé
10:16et remis
10:17à Jorge Patakiva Silva,
10:19le directeur de la prison.
10:21Il lui a dit
10:22« Ceci est un acte de paix.
10:25Vive la Colombie. »
10:28Mon père a dit
10:28« Vive la Colombie. »
10:29Oui.
10:32Lorsque j'ai entendu parler
10:33de la cathédrale
10:33pour la première fois,
10:35j'ai nourri l'espoir
10:36que mon père
10:36y passerait
10:37de nombreuses années
10:38que nous pourrions
10:39lui rendre visite régulièrement
10:41car on savait
10:42où il était.
10:43Nous n'aurions peut-être
10:44pas une vie de rêve
10:45mais au moins,
10:46il allait être
10:47dans un endroit calme
10:48et en sécurité.
10:50On y arrivait
10:51et c'était comme
10:52aller dans une villa
10:53car c'était
10:53un endroit agréable,
10:54très accueillant.
10:57J'étais toujours heureuse
10:57de retrouver
10:58mon frère Pablo.
11:01Je m'appelle
11:02Gloria Escobar Gaviria.
11:04Je suis la sœur
11:05de Pablo Escobar
11:06et la tente
11:07de Juan Pablo.
11:10Moi,
11:11je ne voyais pas ça
11:12comme une prison
11:12mais comme le lieu
11:15où il pouvait
11:15rendre visite
11:16à son père.
11:18Quand Juan Pablo
11:19venait voir son papa
11:20à la cathédrale,
11:21ils déjeunaient ensemble,
11:23ils jouaient
11:23et partageaient
11:25des moments temps.
11:25mon père régnait
11:42sur toute la prison.
11:44Il contrôlait
11:45le directeur
11:46et les militaires
11:47qui surveillaient
11:47tout le périmètre.
11:49et la police
11:51n'avait pas
11:51le droit
11:51de s'approcher.
11:54Sur ce mur-là,
11:56il y avait
11:59tout le tableau
12:00électrique
12:00de la prison,
12:02le disjoncteur principal
12:03et donc de là,
12:06il a pu éteindre
12:06la lumière
12:07de toute la prison.
12:08Un jour où j'étais
12:10à Medellin,
12:11je regardais
12:12par la fenêtre
12:12vers la cathédrale
12:13et j'ai vu
12:14à ce moment-là
12:14que la lumière
12:15s'éteignait.
12:16D'en bas,
12:16de là où je vivais,
12:17en ville,
12:18je voyais tout.
12:19Quand j'ai vu
12:20la lumière s'éteindre,
12:21j'ai eu peur.
12:22Je me suis dit
12:22il va se passer
12:23quelque chose de grave.
12:27Escobar,
12:27le tueur sans merci,
12:28s'est évadé
12:29de sa propre prison
12:30la veille de son transfert.
12:34Pablo Escobar
12:35s'est évadé
12:35par les tunnels
12:36de la cathédrale.
12:38Incarcéré,
12:42Pablo Escobar
12:42a perdu de son influence.
12:45Il apprend
12:45que le cartel de Cali
12:46veut bombarder
12:47la cathédrale
12:47et que le gouvernement
12:48colombien
12:49veut le transférer
12:50dans une prison d'État.
12:51En juillet 1992,
12:53au bout d'un an
12:54d'emprisonnement,
12:55Pablo Escobar
12:56décide de s'évader.
12:57Pour son fils,
12:58alors âgé de 15 ans,
13:00ce rebondissement
13:01est le pire
13:01des scénarios.
13:02quand mon père
13:08s'est évadé
13:10de la cathédrale,
13:11il a détruit
13:12nos vies.
13:13Il a ruiné
13:13tous nos espoirs.
13:17Parce qu'on pensait
13:18qu'il était
13:18sur le chemin
13:19de la rédemption,
13:20qu'il serait plus sage
13:21et qu'il voulait
13:22en finir
13:23avec la violence.
13:24On a pensé
13:29que cette persécution
13:30de l'État,
13:31du cartel de Cali
13:32et des autres
13:33allait s'arrêter
13:34avec son emprisonnement.
13:36Du coup,
13:37cette évasion
13:37a anéanti
13:38tous nos espoirs.
13:46Nous n'avions plus
13:47de perspective d'avenir.
13:49Tout s'est assombri
13:50pour nous.
13:54Lorsque Pablo Escobar
13:55s'est échappé de prison,
13:56notre mission
13:57s'est résumée à
13:58capturer le vivant
13:59mort.
14:00Mais ici,
14:01tout le monde
14:02le voulait mort.
14:04Je m'appelle
14:05Carlos Palau
14:06et maintenant
14:07je suis guide touristique
14:08à Medellín.
14:09Avant,
14:10j'étais policier.
14:11Quand j'ai décidé
14:12de devenir policier,
14:13ma vie a basculé.
14:16J'étais dans
14:17les forces spéciales,
14:19dans le groupe
14:19à la recherche d'Escobar.
14:21Il n'y avait pas
14:22que des policiers.
14:23Il y avait aussi
14:23l'armée dans nos rangs.
14:27Sur les 152 policiers
14:29du groupe,
14:30nous ne sommes plus
14:31que trois survivants.
14:33Trois sur 152 seulement.
14:35Si vous osiez parler
14:45de Pablo Escobar,
14:47votre vie
14:47était en danger.
14:53Pablo Escobar
14:54avait de nombreux ennemis.
14:55Quand mon père s'est évadé,
15:04l'organisation
15:06de Los Pepes
15:06a été créée.
15:11Los Pepes
15:12est la contraction
15:13de les persécutés
15:15de Pablo Escobar.
15:17Ce groupe paramilitaire
15:18rassemble en Colombie
15:19tous ses ennemis.
15:20il est créé au moment
15:23de son évasion
15:24de la cathédrale.
15:26La mission
15:27de ces tueurs
15:27sans foi ni loi
15:28pour chasser
15:29et éliminer
15:30par tous les moyens
15:31le chef du cartel
15:32de Medellín
15:32et ses proches.
15:33Los Pepes
15:39regroupait
15:39des membres
15:40de la police nationale
15:41colombienne,
15:42de l'armée,
15:42des services secrets
15:44mais aussi
15:49des hommes d'affaires
15:49et des hommes politiques
15:51qui légitimaient
15:52cette violence
15:53pour lutter
15:54contre celle
15:54de Pablo Escobar.
15:59On connaissait tous
16:00l'existence
16:01de Los Pepes,
16:02le groupe
16:02des persécutés
16:03par Pablo Escobar
16:04qui était
16:05coûte que coûte
16:06décidé à en finir
16:08avec lui
16:08et sa famille.
16:11Je m'appelle
16:12Oscar Ritoré,
16:13je suis journaliste
16:14en Colombie
16:15depuis plus de 40 ans.
16:20Los Pepes
16:21avait cette particularité,
16:23ils tuaient
16:23et désignaient
16:24leurs victimes
16:24sur une pancarte
16:25signée
16:25pour avoir aidé
16:33Pablo Escobar.
16:34la famille
16:48était victime
16:49des persécutions
16:49de Los Pepes.
16:52Je m'appelle
16:53Edgar Jiménez,
16:55je suis photographe,
16:57j'ai connu Pablo
16:58à 12 ans.
16:58Ils dynamitaient
17:02leurs propriétés,
17:04tout le monde
17:04se faisait tuer,
17:05tous ceux
17:06qui avaient un lien
17:06avec Pablo Escobar
17:07étaient tués.
17:08Los Pepes
17:09ont assassiné
17:10et fait disparaître
17:11environ 3000 personnes.
17:14Tout ça
17:14pour trouver un seul homme,
17:15mon père.
17:19Au début
17:19de l'année
17:201993,
17:21alors qu'une chasse
17:22à l'homme
17:22est lancée
17:23contre Pablo Escobar,
17:24celui-ci
17:25retrouve sa famille
17:26dans un appartement
17:27secret
17:27au cœur
17:28de Medellis.
17:30Dans cette planque,
17:31le patron
17:31convainc sa femme
17:32et ses enfants
17:33de quitter la Colombie
17:34sans lui.
17:36Il veut les installer
17:36aux Etats-Unis.
17:39Le seul moyen
17:40pour Juan Pablo
17:40et sa famille
17:41de sauver
17:42leur peau.
17:49Mon père
17:51et ma mère
17:51ont décidé
17:52ensemble
17:53qu'il n'y avait
17:54pas d'avenir
17:54pour nous
17:54dans ce pays
17:55et que nous
17:56devions partir.
18:00On n'avait pas
18:01envie de partir.
18:02On voulait
18:02rester avec mon père.
18:07Mais on savait
18:09que c'était
18:10irresponsable
18:10de rester avec lui.
18:13C'était
18:13s'exposer
18:13à une mort certaine.
18:16C'est pour cela
18:17que lui-même
18:17voulait qu'on parte
18:18du pays.
18:23mon père décida
18:25que les Etats-Unis
18:26étaient le meilleur
18:27endroit pour nous
18:27s'installer.
18:30Le plan
18:30était d'aller
18:31à Miami
18:31grâce au contact
18:35de mon père
18:35qui avait trouvé
18:36un appartement.
18:41Toute la famille
18:42avait un visa
18:43en cours de validité,
18:44y compris
18:45ma petite amie.
18:45Je suis Angelez,
18:50je suis la femme
18:51de Juan Pablo.
18:57Je l'ai connue
18:58très jeune
18:58quand nous étions
18:59tous les deux
19:00adolescents.
19:04Je ne suis jamais
19:05apparue publiquement
19:06parce que je ne voyais
19:10pas l'intérêt
19:11de me présenter
19:12en tant que
19:12femme de...
19:13Un jour,
19:21un dimanche,
19:24Juan Pablo
19:24arrive chez moi
19:25vers 19h,
19:27accompagné
19:28par un garde
19:29du corps.
19:31Je monte
19:31dans la voiture,
19:33je vois cette personne
19:33que je ne connais pas,
19:35je suis à l'arrière
19:36et quand on démarre,
19:38il me demande
19:38de fermer les yeux.
19:40Il rigole
19:41et me dit
19:41aujourd'hui
19:41tu vas rencontrer
19:42ton beau-père.
19:43à ce moment-là,
19:44j'aurais voulu
19:45être à 100 pieds
19:46sous terre.
19:50Et après,
19:51il est arrivé
19:51avec sa femme
19:52et ils m'ont proposé
19:56de partir avec eux
19:57aux Etats-Unis.
20:00Il a dû s'écouler
20:0115 jours à peine.
20:02Je me rappelle
20:11que j'ai fait mes bagages
20:12et au moment
20:14de mettre ma valise
20:15dans le coffre
20:16de la voiture,
20:17maman m'a dit
20:17tu pars pour souffrir.
20:19C'était un moment
20:28où on était
20:28dans l'incertitude
20:29parce qu'on ne savait
20:31pas ce qui allait arriver.
20:40Au matin
20:40du 19 février
20:411993,
20:44Juan Pablo Escobar,
20:45sa mère,
20:45sa sœur
20:46et sa petite amie
20:47s'apprête
20:48à rejoindre
20:49l'aéroport
20:49Rio Negro
20:50aux abords
20:51de Medellin.
20:54À quelques jours
20:55de son 16e anniversaire,
20:57le fils
20:58de l'ennemi
20:58public numéro 1
20:59organise lui-même
21:01le départ
21:02de sa famille.
21:02Avant l'aéroport,
21:13j'ai tout planifié
21:13parce que je savais
21:16que les ennemis
21:16de mon père
21:17nous y attendaient.
21:17je me souviens
21:29que je suis arrivé
21:306 ou 7 heures
21:31à l'avance.
21:32Pour moi,
21:33ceux qui traquaient
21:33mon père
21:34n'y étaient pas
21:34parce qu'ils ne pouvaient
21:36pas imaginer
21:36que j'allais arriver
21:376 heures à l'avance.
21:38Il y avait une longue
21:49file d'attente.
21:51Alors je suis passé
21:52devant tout le monde,
21:54je poussais pratiquement
21:55les gens
21:55et j'ai donné mon passeport
21:57à l'officier de la douane.
21:58Il a regardé
22:05tous les papiers.
22:06Il prenait plus de temps
22:07que d'habitude
22:08à tout vérifier.
22:09Il faisait du zèle
22:10et cherchait clairement
22:11à me retarder
22:12le plus possible.
22:17Je leur ai dit
22:17vous allez me faire
22:18rater l'avion.
22:20Ça criait,
22:20ça s'insultait.
22:22C'était très stressant
22:23de voir que tout le monde
22:24montait dans l'avion
22:25et moi je savais
22:27que je n'allais pas
22:28pouvoir partir.
22:33Bien sûr,
22:34on a raté l'avion.
22:39Et le commandant
22:41m'a alors demandé
22:42de quitter le hall
22:42international
22:43de l'aéroport
22:44immédiatement.
22:49Dehors,
22:50il y avait 30 hommes
22:51habillés en civil
22:52avec le visage masqué,
22:56autour des camionnettes
22:57de Los Pepes.
22:59Je lui ai dit
23:00je ne bougerai pas d'ici
23:01parce que si je sors,
23:02on me tue.
23:03Pourquoi m'envoyer
23:04me faire tuer ?
23:05Je pense que ce fut
23:09la plus longue journée
23:09de ma vie.
23:12Au cours de laquelle,
23:13j'ai pu voir
23:13à quel point
23:14Juan Pablo
23:14était capable
23:15de faire face
23:16aux problèmes.
23:18Il était très jeune
23:19à l'époque
23:19et il a maîtrisé
23:20la situation.
23:23Quelqu'un est arrivé,
23:25une personne que je ne connaissais pas,
23:27un employé
23:27d'une compagnie aérienne.
23:29Il s'est approché
23:29de moi
23:30en toute discrétion
23:31et m'a dit
23:31je sais que vous êtes
23:32en difficulté,
23:33dites-moi si je peux
23:34vous aider.
23:45Par la fenêtre,
23:48j'ai vu un hélicoptère
23:49atterrir à l'aéroport.
23:52Et là,
23:54j'ai pensé
23:54que c'était le seul moyen
23:55de nous enfuir.
24:00Et j'ai dit à ce monsieur
24:02est-ce que vous pouvez louer
24:03cet hélicoptère ?
24:05Dix minutes plus tard,
24:10un hélicoptère atterrissait.
24:14Ce type,
24:16je ne sais vraiment pas
24:16pourquoi il m'a aidé
24:17alors que je ne le connaissais pas.
24:21Et finalement,
24:21je suis monté
24:21dans cet hélicoptère.
24:23Nous nous sommes enfuis.
24:24Nous avions très peur.
24:25Ce jour-là est pour moi
24:27digne d'un film.
24:29On a réussi
24:30à prendre l'hélicoptère
24:31suivi par un autre hélicoptère
24:33juste derrière
24:33rempli de journalistes,
24:35puis encore un autre.
24:39C'était comme
24:39une course poursuite
24:40au cinéma.
24:41On a fini par atterrir
24:42à Medellin.
24:46Finalement,
24:46on revient à l'appartement
24:47d'où nous étions partis.
24:48exactement là
24:50où j'avais dit adieu
24:51à mon père.
24:52Et dix minutes
24:52après mon arrivée
24:53est entré
24:54El André Lito,
24:55l'homme qui protégeait
24:57mon père.
24:59Il nous a dit
25:00que le patron
25:00l'avait envoyé
25:01nous chercher,
25:02car notre cachette
25:03n'était plus sûre.
25:09Vingt minutes après,
25:10nous rejoignions mon père
25:11et le serrions
25:12dans nos bras.
25:16Et là,
25:17son père nous a dit
25:17« Vous allez devoir
25:20rester avec moi
25:21pour que je puisse
25:21vous protéger. »
25:24Ensuite,
25:25son père m'a regardé
25:26et m'a demandé
25:26« Et toi,
25:27qu'est-ce que tu veux faire ? »
25:29Juan Pablo a sursauté
25:30et dit
25:30« Comment ça ?
25:31Qu'est-ce qu'elle va faire ?
25:32Elle doit rester avec nous.
25:33Tu ne vois pas
25:34que sinon ils vont la tuer ? »
25:36Alors son père
25:37l'a regardé
25:37et lui a dit
25:38« Non,
25:40elle ne doit pas
25:41rester avec toi
25:42et être bloquée
25:43avec nous.
25:44Donne-lui du temps
25:45pour réfléchir. »
25:46Bien sûr,
25:47je voulais donner
25:48ma réponse
25:48tout de suite
25:49mais il m'a regardé
25:51et m'a dit
25:52« Non,
25:53la journée était très longue,
25:54allez vous coucher
25:55et on en reparlera demain. »
25:59Et comme vous pouvez le voir,
26:00je suis restée.
26:00« Ça a été merveilleux
26:08qu'ils rencontrent
26:08Andrélez.
26:10Elle a vraiment été
26:10l'ange de cette famille
26:11sur tous les plans.
26:15Elle nous a toujours soutenus.
26:19Je la considère
26:20comme ma fille.
26:21Je l'aime énormément.
26:22À la fin,
26:29mon père nous a proposé
26:30de nous cacher avec lui.
26:32C'était un moyen
26:33d'être en sécurité.
26:34On partait
26:35avec les yeux bandés,
26:37on allait
26:37d'une cachette
26:37à l'autre.
26:39Nous sommes allés
26:39dans au moins
26:40cinq ou six maisons différentes.
26:41On est restés
26:47dans la montagne,
26:48on s'est retrouvés
26:49dans des fermes,
26:51parfois sans électricité,
26:54sans cuisine.
26:56On ne savait même pas
26:57où on était
26:58et on était avec lui.
27:01À cette époque,
27:02mon père disait déjà
27:03« Vous prenez beaucoup
27:04de risques
27:04à rester avec moi. »
27:09Il a fallu
27:11environ huit mois
27:13avant que nous décidions
27:14de nous mettre
27:15sous la protection
27:16de l'État colombien.
27:19Parce que les ennemis
27:20de mon père
27:21faisaient l'impossible
27:23pour nous empêcher
27:24de fuir.
27:28Je me souviens
27:29que nous étions alors
27:30dans la Maison Bleue.
27:32C'était là
27:32qu'on se cachait
27:33avec mon père.
27:38Au moment de partir,
27:39mon père m'a enlacé.
27:41il voulait me dire
27:43quelque chose
27:43mais il n'y arrivait pas.
27:46Et c'est la première fois
27:46que j'ai vu mon père pleurer.
27:52Lorsque nous sommes partis
27:54pour Altos,
27:56mon père nous suivait
27:57dans sa voiture.
28:00Et je me souviens
28:01que lorsque nous sommes arrivés
28:03pour rentrer dans l'immeuble,
28:05il a klaxonné plusieurs fois
28:07avant de continuer
28:07son chemin.
28:15C'était la dernière fois
28:16que je voyais mon père en vie.
28:17C'était comme un dernier adieu.
28:35Après des mois de cavale,
28:37Pablo Escobar se sépare
28:38de sa famille
28:39pour la mettre à l'abri
28:40dans un immeuble de Medellin.
28:41Le jeune Juan Pablo,
28:44sa mère,
28:44sa sœur
28:45et sa petite amie
28:45sont à nouveau livrés
28:47à eux-mêmes.
28:55Je me souviens
28:56de la première fois
28:57que nous nous sommes retrouvés
28:58à Altos.
28:59Cela faisait longtemps
28:59que l'on ne s'était pas vus.
29:00Mon nom est Diana Ortiz.
29:06Je suis la cousine
29:07de Juan Pablo
29:08et la fille
29:08de Gloria Escobar.
29:12La famille était
29:13totalement détruite.
29:14C'était une période
29:15très difficile.
29:19Les seules visites
29:20qu'ils avaient
29:20étaient les miennes
29:21et celles de ma fille.
29:24On se chargeait
29:25d'apporter les petites choses
29:26dont Juan Pablo
29:26avait besoin.
29:29Les lettres de Pablo
29:30passaient par 50 mains
29:31avant que je les récupère
29:32pour leur transmettre.
29:36Il s'est toujours arrangé
29:37pour communiquer
29:38avec ses enfants.
29:46Mon amour,
29:48toujours avec moi,
29:49que la vérité soit
29:51ton signal
29:51et ton chemin amer,
29:54tu peux compter sur moi
29:55pour la vie,
29:57pour les nuits froides,
29:59pour les rires de toujours,
30:00pour les après-midi
30:02de décembre
30:03et même
30:04pour le silence.
30:06Il est difficile,
30:07mon amour,
30:08de vivre sans toi.
30:09La solitude
30:10qui parfois
30:11mettra
30:11me fait mal.
30:14Je pense
30:14à nos enfants.
30:16Tu me manques,
30:18j'ai besoin de toi,
30:20mon amour,
30:21ta vie.
30:21Les taux
30:29se resserrent
30:30sur la famille Escobar.
30:32Les tueurs
30:32de Los Pepes
30:33assiaient jour et nuit
30:34l'immeuble
30:34Altos del Campestre
30:36où sont réfugiés
30:37Juan Pablo
30:37et les siens.
30:40Finalement,
30:41les ennemis
30:41de mon père
30:42ont fini par comprendre
30:43que la seule façon
30:44de l'atteindre
30:45était de nous viser.
30:47A une heure du matin,
30:5580 kilos de dynamite
30:56ont fait exploser
30:57une voiture.
30:58L'attentat
30:58est commis
30:59en face
30:59de l'immeuble
31:00Altos de Campestre
31:01où réside la famille
31:02de Pablo Escobar.
31:05Pendant au moins
31:06deux mois
31:06et sans interruption,
31:08chaque jour,
31:10notre immeuble
31:10a été la cible
31:11de Los Pepes.
31:12Quand je suis arrivé ici,
31:24après l'explosion,
31:26tout était désert.
31:28Les gens étaient effrayés.
31:33Je m'appelle
31:34Alcides Soldan Rueda.
31:37Je travaille ici
31:38dans ce kiosque
31:39depuis 33 ans.
31:42Toutes les fenêtres
31:47du quartier
31:48étaient brisées.
31:49A l'époque,
31:50il n'y avait pas
31:50ce centre commercial.
31:52Les seuls
31:53qui ont tiré
31:53profitent
31:53de ces explosions,
31:54ce sont les verriers.
31:56À un moment donné,
31:57il n'y avait plus
31:57assez de verres
31:58pour tout réparer.
32:02Ça arrivait
32:03toujours dans la nuit.
32:05Quand ils faisaient
32:05exploser une bombe,
32:07tout de suite après,
32:08ils en faisaient exploser
32:08une autre ici
32:09et encore une autre là
32:10à Altos del Campestre.
32:12C'était une guerre totale.
32:16Chaque jour,
32:16los Pepes
32:17nous rappelaient
32:17que c'était eux
32:18qui avaient le pouvoir
32:19et qu'ils allaient
32:20nous exterminer.
32:26Nous étions acculés
32:27sans moyen
32:29de nous en sortir.
32:30Ce bâtiment
32:34est devenu
32:34le Vietnam.
32:36Il y avait
32:36des barricades,
32:37des gardes
32:39qui surveillaient
32:39en permanence.
32:47Ma mère et moi
32:49avions le sentiment
32:50que les négociations
32:51avec le bureau
32:51du procureur
32:52ne mèneraient nulle part.
32:53L'État colombien
32:55a commencé
32:55à nous balader
32:56en disant
32:57« Nous sommes en train
32:58de chercher
32:59un lieu d'exil.
33:00Ce n'est pas simple. »
33:04Il voulait
33:05nous utiliser
33:06comme appât
33:06pour que mon père
33:08s'impatiente
33:09et qu'il nous contacte
33:10et ainsi le piéger.
33:14L'État colombien
33:16jouait à ce jeu-là.
33:17Notre vie
33:18était en danger.
33:19J'ai donc pris
33:19la décision
33:20d'acheter des billets
33:21pour l'Allemagne.
33:25Un des membres
33:26de la famille
33:26de Pablo
33:27s'y était rendu.
33:28Un permis de séjour
33:29de trois mois
33:30lui avait été accordé.
33:31Je me suis dit
33:32« Trois mois,
33:33c'est déjà ça.
33:34C'est mieux que rien. »
33:37Vers une heure du matin,
33:38on a vu des hélicoptères
33:39et un cortège
33:40de voitures sortir.
33:42Elles roulaient
33:42à toute vitesse.
33:44On ne pouvait pas savoir
33:44dans laquelle
33:45était la famille Escobar.
33:47Le ciel était rempli
33:48d'hélicoptères.
33:49Le jour où ils sont partis,
33:51on aurait dit
33:51que c'était l'apocalypse.
33:53L'apocalypse.
34:05Partir en Allemagne
34:06m'a donné l'illusion
34:08de pouvoir enfin sortir d'ici,
34:14de cette prison,
34:14pour pouvoir vivre
34:16une vie plus normale.
34:17anormale.
34:22Le 28 novembre 1993,
34:25la famille obtient
34:26des autorités colombiennes
34:27le droit de quitter le pays.
34:31Elle choisit l'Allemagne,
34:33Francfort.
34:34Le monde entier était déjà
34:46au courant
34:46que la famille
34:46de Pablo Escobar
34:47quittait la Colombie.
34:49Les médias étaient
34:51à l'affût
34:52pour essayer
34:52d'avoir des images
34:53de la famille Escobar.
34:56Comment avoir
34:58en exclusivité
34:59la famille Escobar
35:00que personne
35:01n'avait jamais vu ?
35:03J'ai su qu'ils partaient
35:08avec exactitude
35:0912 heures
35:10avant qu'ils ne prennent
35:10le vol de la Lufthansa
35:11direction Francfort.
35:14On a tout de suite
35:15acheté un billet
35:16en première classe.
35:17On était les seuls
35:21journalistes au monde
35:22à avoir la chance
35:22de les accompagner.
35:27Ce qui est arrivé
35:29ensuite est dingue.
35:31L'interview
35:32qu'ils m'ont accordée
35:33ne s'est faite
35:33finalement que
35:347 jours plus tard
35:35et après
35:3624 000 kilomètres.
35:42C'est pour cela
35:43qu'il était important
35:44de couvrir
35:45jusqu'au dernier moment
35:46pour savoir
35:46ce qui allait leur arriver
35:47parce qu'avec eux
35:48on pouvait s'attendre
35:50à tout.
35:51Un attentat
35:51ou qu'ils se suicident
35:53ou que sais-je encore.
35:57Je suis Manuel Monsalvé.
36:00Je suis journaliste.
36:01Je suis à la retraite.
36:02La mère et la fille
36:14avaient le visage couvert
36:15par des pulls
36:15et le seul
36:16qui avait le visage découvert
36:18c'était le fils.
36:21Ils sont passés
36:22à la douane rapidement
36:23et on les a fait monter
36:24dans l'avion.
36:25L'avion a décollé
36:38de Colombie.
36:40Quand l'équipage
36:42nous a autorisés
36:43à décrocher nos ceintures
36:44j'ai sauté de mon siège
36:45comme un ressort.
36:48Je me suis vite levé
36:49et je me suis retrouvé
36:51nez à nez
36:52avec cette coupe de cheveux.
36:54La fameuse coupe de cheveux
36:55de ce jeune homme.
36:58Et c'est là
36:58qu'a commencé
36:59le chemin de croix.
37:00Je l'ai regardé.
37:02J'ai respiré profondément
37:04et j'ai sorti
37:04une carte de visite
37:05en lui disant
37:05Juan Pablo
37:10je suis Oscar Ritoré
37:12et je suis la seule personne
37:14qui pourra raconter
37:15à votre papa
37:15comment vous êtes arrivé
37:16en Allemagne.
37:17Pendant le vol
37:19nous avons discuté
37:20des heures
37:21et il a gagné
37:22notre confiance.
37:24En 14 heures de vol
37:26nous avons établi
37:27une vraie relation
37:28de confiance.
37:29Sa mère
37:30et sa petite soeur
37:30venaient me parler.
37:31C'était une petite fille
37:32adorable, tendre
37:33avec une petite voix fluette
37:35mais il ne m'a pas
37:36accordé d'interview.
37:43On nous annonce
37:44qu'on arrive en Allemagne
37:45à Francfort.
37:47Nous atterrissons
37:58et soudain
38:02l'avion freine
38:03d'un coup sec.
38:05On ne comprenait pas
38:06ce qui arrivait.
38:08On regardait
38:09à travers le hublot
38:10et on a vu
38:11des voitures de police
38:11s'approcher,
38:12des camions de pompiers,
38:14une passerelle
38:14pour descendre de l'avion.
38:15Et là,
38:20ils ont ouvert
38:20les portes,
38:22ils nous ont interpellés
38:23en nous demandant
38:24de descendre.
38:27Immédiatement,
38:28je me suis levé
38:29pour filmer
38:29avec ma caméra
38:30à travers le hublot.
38:33C'est tout
38:33ce que j'ai pu filmer.
38:35Ces personnes
38:36qui descendent
38:37de l'avion,
38:38tournent
38:38et rejoignent
38:39une patrouille
38:39de police allemande.
38:40et on nous a obligés
38:44à monter
38:44dans des véhicules
38:45séparés.
38:47Au milieu
38:48des larmes
38:48et des cris,
38:49la seule chose
38:50que j'ai réussi
38:50à faire
38:51est de rester
38:51avec ma fille.
38:54Ils s'en vont ?
38:55Ils disparaissent ?
38:56J'ai été reçu
39:04par des personnes
39:05d'Interpol
39:06qui m'ont emmené
39:07dans une salle
39:07de l'aéroport.
39:09On m'a demandé
39:09de vider mes poches
39:10et on m'a fouillé.
39:11Ils ont été isolés
39:17dans la zone
39:18où j'étais autorisé
39:19à filmer.
39:20Mais je ne pouvais pas
39:21avoir de contact
39:22direct avec eux.
39:24Ils étaient dorénavant
39:25sous l'autorité
39:25de la police allemande.
39:30Il y a quelques minutes
39:31à peine ici en Allemagne,
39:33la famille Escobar
39:33a été arrêtée.
39:35Elle pourrait être expulsée
39:36d'une minute à l'autre.
39:37Nous voulions demander
39:42l'asile.
39:44Ils se sont moqués de nous.
39:46Faites la demande d'asile
39:47mais nous n'allons pas
39:48vous la donner.
39:49En tout cas,
39:50gardez vos bagages
39:50pour rentrer en Colombie.
39:52Ce n'est pas notre problème
39:53si on vous tue.
39:58Ils nous ont attrapés
39:59par les cheveux
40:00et nous ont bousculés.
40:01Ma petite sœur,
40:02ma mère
40:02et ma petite amie
40:03nous ont poussés
40:05dans l'avion
40:05de la Lufthansa
40:06pour repartir en Colombie
40:07et qu'on se fasse tuer.
40:17De retour vers Bogota,
40:24je me souviens
40:24avoir pleuré
40:25pendant tout le vol.
40:26Je ne savais pas
40:27ce qui arriverait.
40:28Je pensais
40:28qu'on nous tuerait
40:29à notre arrivée.
40:30Je me souviens
40:35que j'ai pleuré
40:36pendant tout,
40:37tout le vol.
40:42Je me souviens
40:43qu'elle a passé
40:4412 heures à pleurer
40:45sans s'arrêter.
40:47Pas une minute.
40:48Nous sommes arrivés
41:07à l'aéroport
41:08Eldorado de Bogota.
41:10Quand la passerelle
41:11s'est approchée,
41:13deux officiers
41:13nous ont dit
41:14« Si vous voulez
41:15une protection,
41:15vous devez descendre
41:16maintenant. »
41:17« Si vous n'en voulez pas,
41:19vous pouvez rester
41:20et continuer votre vol. »
41:24Évidemment,
41:25nous n'avions pas le choix
41:26et nous sommes descendus.
41:29Et c'est à ce moment-là
41:29qu'ils nous ont dit
41:30qu'ils pouvaient nous protéger
41:31à l'hôtel Tekendama.
41:38Moins de 24 heures
41:39après son arrivée
41:39sur le sol allemand,
41:41la famille Escobar
41:42est renvoyée en Colombie.
41:43Séparés de son père,
41:46le fils du cartel
41:47de Medellin,
41:48alors âgé de 16 ans,
41:50se sent plus que jamais
41:50responsable des siens.
41:53À leur arrivée,
41:54l'État colombien
41:55les prend en charge.
41:57Il les installe
41:57sous très haute surveillance
41:59dans la résidence Tekendama.
42:01Nous sommes donc retrouvés
42:10au 29ème étage
42:11de la résidence Tekendama.
42:17Dans un appart
42:18qui avait été entièrement
42:19mis à notre disposition.
42:23En bas,
42:24il y avait 150 policiers
42:25de la police militaire
42:26pour sécuriser la zone.
42:28Ici, à Bogotá,
42:33suivre la famille
42:33de Pablo Escobar
42:34était très difficile
42:35pour les journalistes.
42:38Nous,
42:38nous étions postés
42:39à l'extérieur
42:40de la résidence
42:41pendant leur séjour,
42:42mais nous n'avons jamais
42:43eu de contact direct
42:44avec eux.
42:45Jamais.
42:48Lorsque nous sommes arrivés,
42:50nous avons jugé nécessaire
42:51d'envoyer à mon père
42:52un message
42:53pour lui dire
42:54que nous allions bien.
42:55Mais nous n'avions aucun moyen
42:56de communiquer avec lui.
42:58Comme nous avions fait
43:00la connaissance
43:01d'Oscar Ritoré
43:02sur le vol
43:02Bogotá-Francfort,
43:04nous nous sommes
43:05adressés à lui.
43:07Cette chanson
43:08est pour mon papa.
43:09Manuela cantava,
43:23Manuela chantait,
43:24c'était bouleversant,
43:26extrêmement poignant.
43:27C'était incroyable.
43:28quand Manuela Escobar
43:32chante cette chanson,
43:33elle se souvient
43:33de son père,
43:34les moments
43:34qu'elle a passés
43:35avec lui.
43:36Le chapiteau,
43:38la charpente,
43:39les fondations
43:40qui soutenaient
43:40cette famille,
43:41c'était Escobar.
43:43Et cet homme-là
43:44n'était plus là.
43:46À sa place,
43:47il y avait un jeune homme
43:49qui devait prendre
43:49les choses en main,
43:51résoudre des problèmes
43:52gigantesques
43:52créés par son père
43:53et qui devait régler
43:54tout cela
43:55au prix de sa vie.
43:58Nous voulons quitter
43:58le pays.
44:00Nous demandons
44:00à tout le monde
44:00de nous aider.
44:02Et je voudrais aussi
44:03lancer un appel
44:03à tous ces gens
44:04violents en Colombie
44:05pour qu'ils arrêtent
44:06la violence
44:07et qu'ils ramènent
44:08la paix
44:08dans notre pays.
44:13Le souvenir que j'ai
44:14de cette famille,
44:15c'est que le chef,
44:17le patron de cette famille,
44:18c'était ce jeune homme.
44:23Ils étaient quasiment
44:25emprisonnés
44:26dans cet appartement.
44:32Nous vivions dans l'angoisse.
44:36Nous avions tellement peur
44:37que les premiers jours,
44:39les rideaux restaient fermés.
44:42Imaginez ce que c'est
44:44que d'être enfermé
44:4524 heures sur 24
44:46avec une petite fille
44:47de 9 ans.
44:53On ne supportait plus
44:55d'être enfermé
44:56dans nos chambres,
44:57de ne pas pouvoir sortir.
45:04On montait sur l'héliport
45:07pour voir un peu
45:09le paysage,
45:11pour voir l'horizon,
45:12parce qu'on était
45:14enfermé entre ces quatre murs.
45:16Le 2 décembre 1993
45:29est un jour très triste
45:31pour notre famille.
45:38Ce matin-là,
45:42ce téléphone a sonné.
45:44J'ai décroché.
45:46Le réceptionniste
45:50m'a dit que j'avais
45:51un appel
45:51de Pablo Emilio Escobar Gaviria.
45:56Allô, j'ai Pablo Escobar en ligne.
46:00Il aimerait vous parler.
46:02Ça m'a semblé très étrange
46:04de la part d'un homme
46:05qui m'avait systématiquement
46:06averti
46:06de ne pas toucher au téléphone.
46:09Mais ayant littéralement dit
46:10« Le téléphone,
46:12c'est la mort ».
46:14Je pourrais demander
46:17à la justice
46:17qu'on boulage ailleurs.
46:20J'avais l'intuition
46:21que mon père
46:22commençait délibérément
46:24à s'exposer
46:24afin d'être capturé
46:26par ses ennemis.
46:26J'ai pensé
46:31qu'il agissait
46:31sans réfléchir.
46:32Il a demandé à me parler
46:41et il m'a dit
46:42« Adieu ».
46:43Il m'a dit
46:43de ne pas m'inquiéter,
46:45que tout allait s'arranger.
46:46qu'on allait s'en sortir.
46:53« Sois prudent, Pablo.
46:55Tu sais qu'on a tous besoin de toi.
46:58Sois tranquille, mon amour.
47:00Ma seule raison de vivre,
47:01c'est de me battre pour vous.
47:03Je suis caché
47:03dans un endroit très sûr,
47:05le plus dur est derrière moi. »
47:09Quand je me suis rendu compte
47:09que ma mère lui parlait,
47:11j'ai saisi le téléphone
47:12et j'ai raccroché
47:13en lui disant
47:13« Qu'est-ce que tu fais ? »
47:16« Tu ne peux pas lui parler,
47:18sinon ils vont le tuer. »
47:21Chaque fois que mon père appelait,
47:32la conversation durait
47:33cinq secondes de plus,
47:35dix secondes de plus,
47:36quinze,
47:37vingt secondes de plus.
47:39Jusqu'à ce que je lui dise
47:40de raccrocher.
47:41« Papa, on parle trop.
47:42Il faut raccrocher.
47:43Ciao. »
47:46Après tant d'appels,
47:48je ne savais plus
47:48comment lui demander d'arrêter.
47:52Au cinquième appel,
47:53il m'a dit
47:53« Je te rappelle tout de suite. »
47:58« Je te rappelle tout de suite. »
48:03Ce sont les derniers mots
48:04qu'il m'a dit.
48:04« À la mi-journée,
48:09des hommes appartenant
48:10au bloc de recherche
48:11et à la police
48:12ont célébré la mort
48:13du baron de la drogue,
48:14Escobar.
48:16L'homme était caché
48:17dans une maison
48:17d'un quartier de Medellin
48:18d'où il a tenté
48:19de s'échapper
48:20par une fenêtre.
48:25Il était trois heures
48:26de l'après-midi
48:26quand nous avons commencé
48:27à voir toutes les images.
48:29Nous étions méfiants
48:31car nous n'avions pas
48:33confirmation de sa mort.
48:35Ce fut un moment
48:36d'une grande confusion.
48:41Dix minutes se sont écoulées
48:42et le téléphone a sonné.
48:49Allô ?
48:49Qui est-ce ?
48:50Juan Pablo ?
48:51Oui ?
48:52Ne nous dérangez pas.
48:53Nous essayons de savoir
48:54si ce qu'on dit
48:55sur mon père est vrai.
48:56La police vient de le confirmer.
48:57C'était la journaliste
49:01Gloria Congote
49:02qui m'annonçait
49:03que la police
49:03lui avait officiellement
49:04confirmé la mort
49:05de mon père.
49:09Dix minutes avant,
49:10j'étais en train
49:10de lui parler.
49:14Juan Pablo parlait
49:15au téléphone
49:16et il est arrivé
49:17en courant
49:17en me disant
49:18« Maman, maman,
49:20on dit qu'on a tué papa. »
49:25À l'annonce
49:26de sa mort,
49:27j'ai senti le sol
49:31se dérober
49:32sous mes pieds.
49:45Gloria Congote
49:46insistait
49:49pour que je lui dise
49:50ce que j'allais faire.
49:52J'ai répondu
49:53que nous ne voulions pas
49:54parler à ce moment-là.
49:55La police vient de confirmer
50:00l'information.
50:02C'est officiel.
50:04Fils de pute.
50:07Nous ne voulons pas
50:07nous exprimer
50:08pour le moment.
50:11Mais elle a insisté
50:12pour obtenir une réaction.
50:15Elle voulait
50:15une réponse violente
50:16et elle a fini
50:17par la voir.
50:19Elle l'a eue.
50:19Ceux qui l'ont tué,
50:23je leur ferai la peau.
50:25Je vais tuer
50:25tous ces fils de pute
50:26qui l'ont tué.
50:30À moi tout seul,
50:31je vais tuer
50:31tous ces fils de pute.
50:33À quoi j'ai bien pu penser
50:34quand j'ai prononcé
50:35cette phrase ?
50:36La rage n'est visiblement
50:38pas bonne conseillère.
50:40Un mot,
50:41une phrase
50:42peuvent changer
50:43ta vie en un instant.
50:46Ces cinq secondes
50:48de menace
50:48se sont transformées
50:50en 25 ans d'exil.
50:56Pablo Escobar est mort.
50:59À 16 ans,
51:00Juan Pablo Escobar
51:01ne peut plus échapper
51:02à son destin d'héritier.
51:03traqué,
51:05menacé de mort.
51:07Il va pourtant
51:07devoir se battre
51:08pour survivre
51:09et protéger les siens.
51:17La version officielle,
51:19c'est que Pablo Escobar
51:20a été abattu
51:21par la brigade d'élite
51:22de la police.
51:25Il est clair
51:26que mon père
51:27voulait se suicider.
51:29J'ai beaucoup de preuves.
51:33C'était un carnaval,
51:36une folie.
51:38Tout le monde
51:39nous demandait des comptes.
51:40Tout le monde
51:40voulait sa part.
51:42Après chaque négociation,
51:44je ne savais jamais
51:45si j'allais revenir vivante.
51:49J'étais convaincu
51:50que toutes les armes
51:50en Colombie
51:51étaient pointées sur moi.
51:53Sous-titrage Société Radio-Canada
52:23Sous-titrage Société Radio-Canada
52:28Sous-titrage Société Radio-Canada
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24:55
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