Quand baisser la fiscalité affaiblit les entreprises [Guillaume Duval]

Xerfi Canal

🔥 Baisse des impôts vs biens publics : pourquoi ce raisonnement pénalise l’économie

• 🏗️ Les entreprises dépendent des biens publics — Infrastructures, éducation, santé, justice, sécurité : sans un environnement solide, pas d’innovation ni de productivité.
• 🧩 Dans une économie complexe, il faut plus de biens publics — La division du travail exige un État fort pour garantir transports, recherche, logement, environnement sain.
• 📉 Moins de prélèvements = infrastructures dégradées — École, hôpital, recherche en recul → innovation en berne, industrie stagnante, déficits publics en hausse.
• 🎲 Optimum individuel ≠ optimum collectif — Ce qui semble bon pour chaque entreprise (payer moins) nuit à l’ensemble si les biens publics se détériorent.
• 📚 L’histoire le montre — Trente Glorieuses : progrès social + investissements publics = boom économique.

#Économie #Budget #BiensPublics #Entreprises #Fiscalité #Innovation #Croissance #État #Compétitivité

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00:00Dans les débats autour du budget pour 2026, on entend souvent dire que ce sont les entreprises

00:14qui créent de la richesse et qu'en prélevant une part trop grande de cette richesse pour la

00:19redistribuer, l'État les empêche d'innover et d'investir autant qu'elle le voudrait et le

00:25pourrait. Mais en réalité, les choses ne se passent pas vraiment ainsi. Si un pays ne dispose pas de

00:32bonnes infrastructures de transport et de communication, de logements à un prix abordable, d'un

00:38environnement sain, d'un système judiciaire qui garantit la sécurité des contrats, de la sécurité

00:44physique dans les villes et sur les routes, d'un système éducatif qui forme bien les futurs salariés,

00:49d'un enseignement supérieur et d'une recherche publique qui sont au top sur la frontière

00:55technologique, d'un système de santé qui soigne correctement et à un coût responsable,

01:01raisonnable les travailleurs, les entreprises privées ne peuvent pas en fait produire des

01:06richesses dans de bonnes conditions. Dans des sociétés aussi complexes et aussi fragiles

01:11que les nôtres, où la division du travail devient toujours plus poussée, les entreprises

01:17doivent disposer de plus en plus de ces biens publics dans leur environnement pour pouvoir

01:22innover et faire des profits. Et seule la puissance publique peut assurer qu'ils soient bien présents

01:28partout. Si en baissant les dépenses publiques, on dégrade ces infrastructures collectives au lieu

01:36de doper l'activité économique, on la handicap. C'est bien la difficulté que nous rencontrons depuis que la

01:44priorité a été donnée à une baisse importante des prélèvements opérés sur les entreprises,

01:49avec les exonérations de cotisations, etc. De ce fait, une forte pression s'est exercée sur les

01:56systèmes éducatifs et de santé notamment, ou encore sur l'enseignement supérieur et la recherche,

02:01dont la qualité s'est dégradée. Et du coup, la baisse des prélèvements sur les entreprises n'a pas eu

02:07l'effet positif escompté. L'innovation n'a pas vraiment redémarré, les comptes extérieurs sont

02:13restés dans le rouge, la production industrielle a continué à stagner, tandis que les déficits

02:19publics se sont creusés. La dégradation des infrastructures collectives a contrebalancé

02:25l'amélioration de la compétitivité coût des entreprises. Chaque patron pris individuellement se dit

02:32tout à fait légitimement que si son entreprise payait moins d'impôts, il pourrait investir et

02:38innover davantage. Mais ce qui est vrai pour chaque entreprise et chaque patron, pris isolément, ne l'est

02:45pas pour la collectivité des entreprises, parce qu'une telle baisse entraîne nécessairement des

02:52conséquences négatives pour les infrastructures collectives qui permettent aux entreprises de faire

02:56des affaires et du profit. C'est un problème classique de théorie des jeux, la somme des

03:02optimums individuels ne correspond pas à l'optimum collectif. En fait, si on veut vraiment aider les

03:10entreprises et accroître leurs profits, il vaut mieux ne pas toujours écouter leurs patrons. Ils

03:16savent rarement reconnaître et exprimer ce qu'est réellement leur intérêt collectif. On l'avait d'ailleurs

03:24constaté déjà pendant les fameuses 30 glorieuses. Après la Seconde Guerre mondiale, c'est grâce au

03:31renforcement des droits des salariés, à la mise en place du SMIC, à la mise en place de la

03:36protection sociale, à une fiscalité très progressive, toutes mesures que les chefs

03:41d'entreprise avaient toujours vigoureusement combattu, que le pays et ses entreprises avaient

03:47connu un redressement spectaculaire.

03:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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