Les États-Unis ont formulé une nouvelle proposition de paix à l'Ukraine en 28 points, incluant notamment la "reconnaissance de (l'annexion de) la Crimée et d'autres régions prises par la Russie".
00:00On revient à l'actualité à l'étranger avec ce bras de fer autour du plan américain pour mettre un terme à la guerre en Ukraine.
00:05Le président ukrainien s'est entretenu au téléphone avec les dirigeants français, britanniques et allemands.
00:10Patrick Sos, vous êtes avec nous en plateau.
00:13Des dirigeants européens qui affichent à la fois leur unité et leur solidarité avec le président ukrainien.
00:19Ils sont bien obligés parce qu'ils ont lu d'abord par voie de presse et parce qu'ensuite ça a été quasiment publié par l'administration Trump.
00:26Ils ont lu ce plan en 28 points et il n'est jamais fait question de l'Europe, encore moins de l'OTAN, sauf pour accepter les demandes de la Russie de faire reculer les troupes de l'OTAN.
00:39Vous avez cité les présidents et chefs de gouvernement de France, d'Allemagne et de Grande-Bretagne.
00:45Ce sont trois pays, notamment la France et la Grande-Bretagne, qui sont en train de monter une coalition des volontaires.
00:50Et parmi ces points qui sont demandés par la Russie, il y a l'interdiction de toute présence de troupes de l'OTAN ou de troupes étrangères sur le sol ukrainien.
01:00C'est-à-dire aucune garantie de sécurité.
01:03En fait, si vous regardez ce plan américain, c'est le plan russe et je le dis sans caricaturer.
01:08C'est ce qui est demandé par les Russes depuis le premier tour de presque négociation en avril 2022.
01:14Et il n'y a aucune concession faite par les Russes.
01:17Les Russes qui eux-mêmes, et ça vous donne une idée un peu du cynisme à Moscou, disent qu'ils n'ont pas reçu ce plan,
01:22mais qu'ils demandent quand même à l'Ukraine de négocier et d'aller vers la paix, d'arrêter les combats avant de perdre encore du terrain.
01:29Je rappelle, parmi les mesures et les concessions demandées à l'Ukraine, il y a la reconnaissance de la Crimée comme étant russe,
01:36mais aussi le fait de donner tout le don basse, y compris les territoires qui sont encore tenus par l'Ukraine, à la Russie.
01:41Et là, on va voir justement les réactions, Patrick, du côté de l'Ukraine.
01:45On retrouve Alexandre Kéry, notre correspondant à Kiev.
01:48Bonjour Alexandre, l'Ukraine a d'ores et déjà prévenu, nous n'accepterons aucun plan qui franchirait nos lignes rouges.
01:55Ce sont les dernières déclarations côté ukrainien.
01:59Oui, ce sont en effet les dernières déclarations du côté ukrainien.
02:02Alors Zelensky a appelé justement à travailler sur un plan de paix sur la base, en revanche, du document américain.
02:09Donc ça montre bien qu'il y a une main tendue vers le côté américain.
02:12En revanche, c'est un plan de la part de l'Ukraine et justement de cette coalition des volontaires qui impliquerait, je cite, une paix digne et réelle.
02:19Donc très très loin du plan actuel qui est plus une forme de subjugation de l'Ukraine.
02:26Donc ces fameux 28 points qui sont extrêmement problématiques pour l'Ukraine.
02:30Et ces 28 points d'ailleurs que les États-Unis cherchent à imposer à l'Ukraine avec une date butoir du 27 novembre.
02:40Donc autour de ce exigène, d'ailleurs les États-Unis ont récemment annoncé qu'ils pourraient couper l'aide militaire et le partage d'intelligence à l'Ukraine
02:49pour pousser vers ce plan de paix.
02:51Alors les États-Unis aussi profitent d'une situation de Zelensky qui est un peu fragile
02:55puisqu'il sort d'un scandale de corruption et dont ses proches ont été accusés.
03:00Donc c'est aussi peut-être pour ça qu'ils essayent de pousser à ce plan aujourd'hui.
03:03Mais aujourd'hui du côté ukrainien, ce serait bien évidemment un suicide politique pour Zelensky que d'accepter ce plan.
03:09Et même si les Ukrainiens sont très critiques vis-à-vis de l'équipe autour de Zelensky, si ce n'est aussi de Zelensky,
03:14ils n'accepteront jamais ce plan.
03:15Notamment que dans ce plan de 28 points, il y a notamment l'amnestie.
03:21L'amnestie pour toutes les parties impliquées dans ce complice.
03:23Donc ça veut dire que les soldats qui ont commis des crimes de guerre des crues de la Russe,
03:27qui ont commis des crimes de guerre, eh bien seraient absous de leurs crimes.
03:30Ce qui est déjà aussi très problématique.
03:33Et derrière, figer la ligne autour de Carson et de Zaporizhia et donner le Donbass effectivement de facto à la Russie,
03:39ça donnerait une victoire militaire de facto à la Russie.
03:42Et aussi une victoire diplomatique puisqu'elle réintégrerait le G7, qui deviendrait de facto aussi le G8.
03:48Donc c'est aujourd'hui inacceptable pour l'Ukraine, d'autant plus que la Russie ne fait pas ligne sur le terrain d'arrêter les combats,
03:54puisqu'elle continue à pousser vers le nord de Pokrov, puisqu'elle contrôle plus ou moins la majeure partie de la ville.
04:00Elle continue à pousser vers le blast de Zaporizhia, où d'après le traité, les lignes seraient potentiellement gelées.
04:07Et c'est d'ailleurs cette semaine où l'Ukraine a reçu ce potentiel traité de paix,
04:16eh bien c'est une semaine où la Russie a encore une fois attaqué l'ouest de l'Ukraine,
04:20faisant au niveau du dernier bilan 31 morts, dont 3 enfants.
04:24Merci Alexander Kerry à Kiev pour BFM TV et de Kiev.
04:29On part à Washington où les Etats-Unis maintiennent clairement la pression pour faire adopter ce plan.
04:33On retrouve notamment Antoine Eulard sur place à Washington.
04:38L'administration américaine qui aimerait d'ailleurs même une signature d'ici jeudi prochain.
04:42Oui, et la Maison-Blanche assure que ce plan est acceptable pour les deux parties.
04:50En réalité, cette feuille de route, elle a été négociée dans le plus grand des secrets entre Américains et Russes.
04:56Il y a eu des discussions pendant plusieurs semaines à plus haut niveau.
04:58C'était notamment Steve Vitkoff, l'homme de confiance de Donald Trump, qui a négocié côté américain.
05:04Et le résultat, c'est un plan qui ressemble clairement à une demande de capitulation de l'Ukraine,
05:08puisque Kiev doit faire des concessions territoriales majeures,
05:11doit accepter de réduire considérablement la taille de son armée,
05:13doit renoncer à accéder, à devenir membre de l'OTAN.
05:18Exit aussi le principe d'une force internationale qui serait déployée en Ukraine pour garantir la paix à la place.
05:23Le plan prévoit de transformer les zones à l'est de l'Ukraine en zones tampons démilitarisées,
05:28ce qui est présenté comme une façon d'empêcher toute nouvelle agression aux Russes.
05:32Le seul point positif pour Kiev, c'est cette annexe qui a été ajoutée hier à ce plan
05:36et qui prévoit que les Etats-Unis pourraient défendre l'Ukraine en cas de nouvelle attaque russe.
05:41Mais cet engagement est encore très flou et très vague.
05:44En l'état, on voit donc mal comment Zelensky pourrait accepter cet accord.
05:48Mais les Etats-Unis sont convaincus que l'Ukraine est en mauvaise posture sur le champ de bataille
05:52et que dans ces conditions, les Ukrainiens n'ont pas d'autre choix que d'accepter ce deal.
05:57Zelensky est donc à nouveau sous la pression de Donald Trump,
06:00surtout que le président américain veut aller très vite.
06:01Il espère des résultats dès la semaine prochaine.
06:04Trump renoue ici avec sa position qui a toujours été la sienne.
06:07Il veut à tout prix obtenir la fin des combats,
06:10notamment pour reprendre des liens d'affaires avec la Russie,
06:12mais aussi pour se vanter d'avoir arrêté une guerre,
06:14lui qui se rêve en grand faiseur de paix.
06:16Et peu importe finalement pour le président américain
06:18les concessions ou les conditions qu'il impose à l'Ukraine.
06:21Merci Antoine. Antoine Lara à Washington.
06:23Patrick, on voit que le président américain pousse, mais ce n'est pas la première fois.
06:26Non, c'est la quatrième fois depuis le 20 janvier dernier,
06:30son accession à la Maison-Blanche, que Donald Trump essaye de mettre un terme à cette guerre,
06:35notamment à travers ses appels avec Vladimir Poutine.
06:37Et je rappelle tant à Anchorage que quasiment à Budapest,
06:43tout ça n'a pas fonctionné.
06:44Budapest qui devait être la date et le lieu du dernier rendez-vous entre les deux hommes.
06:49Et à chaque fois, il y a ce mur, le mur du Kremlin.
06:52Et donc comme Donald Trump n'arrive pas à contourner ce mur,
06:56eh bien il essaye d'enfoncer celui de l'Ukraine qui lui paraît un peu plus faible.
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