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00:00Europe 1, Eliott Deval et vous.
00:03Il y a 12h19, Eliott, nous accueillons notre invité général Dominique Trinquant.
00:07Midi 19 donc sur Europe 1, on est ensemble en direct jusqu'à 13h.
00:12Toujours avec Sébastien Ligny, rédacteur en chef Valeurs Actuelles,
00:15Christophe Bordet, rédacteur en chef Europe 1.
00:17Et vous l'avez dit, Dominique Trinquant est avec nous, mon général.
00:21Bonjour.
00:22Bonjour.
00:22Je rappelle votre ouvrage d'un monde à l'autre,
00:25Comprendre les nouveaux enjeux géopolitiques.
00:28C'est une semaine où il a été question de guerre, guerre avec un S.
00:32Et on parlera dans un second temps de cette guerre contre le narcotrafic.
00:36Mais avant cela, c'est évidemment la déclaration de la semaine,
00:39celle du chef d'état-major des armées, Fabien Mandon,
00:43qui nous demande d'accepter de perdre nos enfants.
00:47Et depuis 24h, il y a un rétro-pédalage peut-être politique.
00:52Écoutons Maude Brojon, c'est pas n'importe qui, c'est la porte-parole du gouvernement.
00:56Et elle réagissait donc à la déclaration de M. Mandon cette semaine,
01:01du général Mandon, à accepter de perdre nos enfants.
01:04Maude Brojon ?
01:04Mon rôle, c'est d'expliquer.
01:06On va être très clair.
01:07Nos enfants, au sens où on l'entend,
01:10ne vont pas aller combattre et mourir en Ukraine.
01:12Et c'est d'autant plus vrai qu'on a une armée de métiers.
01:15Et qu'on défend une armée de métiers.
01:17Le chef d'état-major des armées parlait de tous ces soldats
01:21qui, il le dit un petit peu avant cette séquence-là,
01:23sont déployés partout dans le monde et ont entre 18 et 27 ans.
01:28On ne peut pas ignorer qu'un certain nombre de ces soldats
01:32sont tombés en opération extérieure, 60, moins de 60.
01:37Mais en le disant comme ça, pardonnez-moi, depuis...
01:38Maintenant, c'est utile de rajouter de l'inquiétude,
01:40Maude Brojon, dans un pays qui est déjà très anxieux.
01:42Depuis 2017, le principal risque, ce serait de ne pas voir ce qui se passe
01:45et de ne pas voir les dangers qu'on a en cours.
01:47Donc il a eu raison.
01:47Maintenant, je le redis, il faut placer, replacer ces propos dans leur contexte.
01:53Le chef d'état-major des armées parlait de tous ces enfants de la nation
01:57qui sont engagés dans l'armée française.
02:00Bon, moi j'ai quand même la sensation, mon général,
02:03qu'il y ait eu une déclaration, peut-être pensée,
02:06du moins préparée en amont avec le chef des armées,
02:11c'est-à-dire le président de la République,
02:14mais que cette déclaration n'a pas été comprise par les Français.
02:18Du moins, peut-être qu'il est allé un peu trop loin dans sa déclaration.
02:21Et là, ça y est, on sort les rames, on rétropédale un petit peu
02:24et on explique qu'elle s'est sortie de son contexte.
02:27C'est toujours de la faute des autres et c'est jamais de la faute du messager.
02:31Les Français ont peur, mon général Dominique Trinquant.
02:34Est-ce qu'ils ont raison d'avoir peur ?
02:37Est-ce que finalement, c'était une déclaration,
02:40non pas à l'emporte-pièce,
02:41mais qui ne permettait pas d'envisager
02:45ce qui est préparé actuellement de manière plus sereine possible ?
02:49Alors, les Français ont tort d'avoir peur,
02:52ils doivent être inquiets,
02:53ce qui n'est pas exactement la même chose.
02:55Je pense que, pour revenir à la déclaration,
02:59plusieurs points.
03:00D'abord, c'est devant les maires de France.
03:01Les maires de France, c'est la base de la démocratie en France.
03:05C'est nous tous dans nos villes, nos villages,
03:07donc qui s'adresse à la population.
03:09Le deuxième point, j'aimais bien ce que disait la porte-parole,
03:12nos enfants.
03:13Mais les soldats ne sont-ils pas nos enfants ?
03:16Ils sont nos enfants.
03:17Le problème, c'est que chacun, je vois vous hausser la tête,
03:20dans l'individualisme qui nous caractérise, pense à lui-même.
03:24Moi, j'ai des enfants, mais ils ne veulent pas être militaires.
03:27Très bien, ils ne veulent pas être militaires,
03:29mais nos enfants, les soldats, je le rappelle,
03:31sont les enfants du pays et s'engagent.
03:35Et moi, je suis frappé par...
03:37Vous savez, il y a beaucoup de problèmes de génération.
03:40Vous parliez tout à l'heure du problème des réseaux sociaux.
03:45Le problème majeur, ce sont les algorithmes.
03:48Ce n'est pas ce qu'on dit.
03:49C'est ce qu'on fait dire par les algorithmes,
03:51et qu'on répète en permanence.
03:53Et quand vous vous adressez à des jeunes,
03:55eux, ils savent gérer ça.
03:57Il y a des générations, peut-être à partir de la mienne et après,
03:59où ils ne savent pas gérer ça.
04:01Et ils regardent toujours la même chose.
04:02Premier point.
04:03Et donc, sur ces affaires de nos enfants,
04:08j'élargis, les soldats sont nos enfants.
04:11Premier point.
04:12Est-ce que c'était au chef d'état-major des armées
04:15de prendre la parole comme ça, devant les maires de France ?
04:18J'ai l'impression...
04:19Ce n'est pas la première fois.
04:20Ah, ce n'est pas la première fois ?
04:21Non, non, les chefs d'état-major des armées,
04:22j'en ai vu plusieurs qui sont intervenus devant les maires.
04:24À la demande des maires de France.
04:25À la demande des maires de France.
04:26Maintenant, il y a un point sur lequel,
04:28moi, je n'aurais pas employé ce mot-là,
04:31c'est le mot sacrifier.
04:32On ne sacrifie pas.
04:34Ceux qui s'engagent partent au combat.
04:37Et ils partent au combat, non pas pour mourir.
04:39C'est le risque qu'on prend.
04:40On peut mourir, mais on part au combat pour gagner.
04:44Et donc, c'est une question d'engagement,
04:47et non pas de sacrifice.
04:48Il y a énormément de gens qui souhaitent,
04:50et d'auditeurs, pardonnez-moi,
04:51qui souhaitent réagir en direct sur Europe 1 01 80 20.
04:54Et c'est vrai que, dans tous les dîners de famille,
04:58et même encore ce week-end,
04:59on va parler de cette déclaration
05:00du chef d'état-major des armées, Fabien Mandon.
05:04L'homme qui haussait la tête dans le studio d'Europe 1,
05:08mon général, c'est monsieur Rabat-Joy.
05:10C'est colonel Rabat-Joy, Sébastien Lillier.
05:13Colonel, c'est à vous, colonel Rabat-Joy.
05:15Non, mais j'entends l'argument,
05:16mais vous pouvez comprendre que la perception de cette phrase
05:19n'est pas celle-là.
05:20Dans le contexte qu'on connaît,
05:22avec un gouvernement qui, depuis six mois,
05:24parce que ce n'est pas simplement cette déclaration
05:26qui, depuis six mois, agite le chiffon
05:28d'un conflit potentiel et d'une intervention potentielle
05:31des forces françaises sur un terrain extérieur,
05:34une phrase pareille est aussi faite, pardon,
05:37pour mobiliser toute la population,
05:40pour agiter la peur.
05:41Je rappelle aussi qu'Emmanuel Macron
05:43est dans un contexte national très compliqué,
05:46qu'il ne faut pas non plus oublier
05:47qu'on est à un peu plus d'un an d'une élection présidentielle,
05:50qu'en 2022, la guerre en Ukraine
05:52a sur-mobilisé une partie d'un électorat
05:54avec l'effet drapeau,
05:56et que ça a joué un rôle dans le résultat du scrutin,
05:59et qu'il n'est pas impensable de penser,
06:01comme certains opposants,
06:02qu'à un an de l'élection présidentielle,
06:04il y a la tentation d'agiter la peur
06:06d'un conflit engageant la France
06:09pour impacter l'élection présidentielle,
06:11et pour finalement faire en sorte que la prochaine élection
06:13ne se joue pas sur les priorités
06:15pouvoir d'achat et migration en sécurité,
06:17mais sur un potentiel risque
06:19d'une invasion ou d'un conflit armé
06:21engageant la France.
06:23La réponse du général, mon général Dominique Tracan.
06:27Je voudrais juste revenir vous placer ça
06:27dans la perspective de l'élection présidentielle,
06:30je rappelle que le président ne pourra pas se présenter
06:31aux élections présidentielles.
06:32Oui, mais enfin bon.
06:33Non, mais enfin, il y aura un successeur.
06:36En revanche, qu'il y ait une menace à l'Est,
06:40qui est une menace, on en parlera tout à l'heure,
06:42sur l'énargot trafic,
06:43oui, on a beaucoup de crises
06:44et beaucoup de choses à gérer ensemble,
06:46et l'ensemble de ces sujets,
06:48que ce soit le narcotrafic
06:49ou que ce soit une menace face à l'Est,
06:52réclament une alerte citoyenne.
06:56Je rappelle que la France est le seul pays
06:58à disposer de l'arme nucléaire en Europe,
07:01que la dissuasion nucléaire repose sur quoi ?
07:04Sur la volonté de résistance d'une population.
07:07C'est ça, la base de la dissuasion nucléaire.
07:10Et moi, je rappelle toujours la phrase de Thucydide,
07:13la défense de la cité
07:15ne repose ni sur les vaisseaux,
07:17ni sur les murailles de la cité,
07:19mais sur le caractère des citoyens.
07:21Et c'est pour ça que quand je disais,
07:23et pardonnez-moi, parce que je comprends un peu les réactions,
07:25moi j'avais une amie hier qui me disait,
07:27j'ai un petit fils de 5 ans,
07:28je ne veux pas qu'il parte à la guerre.
07:29Vous allez répondre aux questions,
07:31mon général Dominique Trincan,
07:33vous allez répondre aux questions
07:34des auditeurs d'Europe 1
07:36qui sont nombreux à vouloir réagir
07:37et vous interpeller.
07:39Et puis on entendra Jean-Louis Borloo,
07:41parce qu'en fait, la France perd déjà des enfants.
07:44C'est lui qui le signale dans des affaires absolument dramatiques.
07:46On pense à Mathis, on pense à Lola,
07:48on pense à Thomas par exemple.
07:50Midi 26, on revient dans quelques secondes sur Europe 1.
07:53Avec vous au 01, 80, 20, 39, 21.
07:56Il est 12h27, vous écoutez Eliott Deval et vous sur Europe 1.
08:0311h30, 13h, Eliott Deval et vous.
08:05Eliott Deval et vous, la suite sur Europe 1.
08:08Vous réagissez au 01, 80, 20, 39, 21.
08:12Guerre en Ukraine, guerre contre le narcotrafic.
08:14On en parle ce matin avec vous, cher Eliott.
08:16Et votre invité général, Dominique Trincan.
08:19« Nos enfants ne vont pas aller combattre et mourir en Ukraine. »
08:23Le rétropédalage de la porte-parole du gouvernement,
08:25Maude Bregeon, qui a précisé les propos du chef d'état-major des armées,
08:30Fabien Mandon, qui cette semaine devant les maires de France,
08:34disait « Il faut accepter de perdre nos enfants. »
08:37Je vous propose qu'on réécoute quand même le chef d'état-major des armées.
08:41« Malheureusement, la Russie, aujourd'hui, je le sais par les éléments auxquels j'ai accès,
08:48se prépare à une confrontation à l'horizon 2030 avec nos pays.
08:54Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants,
08:59parce qu'il faut dire les choses,
09:01si on n'est pas prêt à ça, alors on est en risque. »
09:04Alors, on est en risque.
09:06Stéphane et Philippe souhaitent réagir en direct sur Europe 1 0182 2921.
09:11Bonjour Philippe.
09:12« Oui, bonjour.
09:14Mes devoirs, au général.
09:17Je me présente, je suis adjudant-chef en retraite,
09:2123 ans de service, légère étrangère.
09:24Alors, je vais vous dire une chose.
09:26Jamais j'aurais imaginé une telle déclaration d'un SEMA.
09:29Je ressens du dégoût et de la honte.
09:32Pourquoi du dégoût et de la honte ?
09:34Philippe, pourquoi du dégoût et de la honte ?
09:37Sur les déclarations qui ont été faites.
09:39Oui, mais qu'est-ce qui vous entraîne du dégoût ?
09:43J'ai porté, comme je vous l'ai dit, j'ai porté l'uniforme.
09:47Ce n'est pas à sacrifier des soldats pour le plaisir d'un autre peuple.
09:55Ça, c'est la première chose que je vois.
09:56La deuxième chose, que fait un SEMA dans un congrès civil ?
10:03Ça, c'est encore une question.
10:06Pour moi, je vais vous dire, vous savez, je ne veux pas dire, mais c'est grave.
10:13C'est grave.
10:14De quoi ?
10:14Parce que ce n'est pas à l'armée de préparer nos piquons, mais au peuple.
10:18Et l'armée est là pour protéger le peuple.
10:21Et non pas pour prendre les enfants du peuple.
10:22On rentre comme militaire, c'est une vocation, ce n'est pas un métier.
10:26On ne rentre pas pour se faire tuer.
10:28Alors peut-être que le général Dominique Trinquant pourrait vous répondre.
10:32Ça peut être intéressant d'échanger avec le général.
10:36Oui, il n'y a pas de problème, mais je voudrais encore donner une petite chose.
10:39On peut me raconter ce que l'on veut.
10:43Mais ce monsieur, le général Mandon, que je respecte, le grade, est un ministère du président de la République.
10:50Comment on peut avoir un avancement en 2018, général de brigade, en 2020, général de division, en 2021, général de corps, en 2023, général d'armée, en 2025, c'est moi.
11:07Ce monsieur a eu une progression plus rapide que moi, de sergent à adjudant-chef.
11:12Qui plus est, je n'ai pas l'eau chaude ni l'eau froide.
11:16Le général comprendra très bien ce que je veux dire.
11:18J'ai une valeur militaire avec cinq citations.
11:22Je n'ai pas une citation comme le général Mandon, qui était pilote.
11:26Je pense qu'il a dû survoler un champ de mine, je pense.
11:29Le reste, je ne sais pas combien il a fait.
11:31Et puis voilà, c'est que ça commence à...
11:34On entend pas de...
11:35S'il vous plaît, Philippe.
11:36Non, mais moi je vous ai dit.
11:38On a compris.
11:38La seule vérité qu'il aurait pu dire, c'est que nous ne sommes pas prêts.
11:42Nous n'avons ni matériel, ni stratégie, ni politique.
11:46D'accord.
11:47Philippe, permettez qu'on vous réponde.
11:50On vous donne la parole.
11:51Permettez que le général Dominique Trinquant puisse vous répondre.
11:55Parce qu'en plus, vous aviez des formules que seuls des militaires pouvaient comprendre
12:01entre vous, cher Philippe, et Dominique Trinquant.
12:04Bon, les accusations sont lourdes de Philippe.
12:07Vous lui répondez quoi, mon général ?
12:08Bon, alors je mets de côté les accusations concernant l'accélération de la carrière du général Mandon.
12:15Quand les généraux arrivent à ces niveaux-là, il y a une accélération très vite.
12:21Alors pas le général Burkhardt, mais son prédécesseur, ça a été pareil.
12:24Il est passé de général de brigade à général de cordon.
12:26Bon, c'est important de balayer ça très rapidement.
12:28Voilà, on balaye, ça n'a pas d'intérêt.
12:30Surtout, on s'écarte du sujet, le vrai sujet, c'est est-ce qu'aujourd'hui, les Français doivent se préparer à la guerre avant 2030 ?
12:37Et si oui, est-ce qu'on doit se dire, nos enfants, les jeunes adultes, les adolescents qui ont 15, 16, 17 ans,
12:44doivent envisager demain de faire une croix sur leurs études, de faire une croix sur leur avenir,
12:49et de vivre dans un monde en guerre, en guerre contre qui, et en guerre pourquoi ?
12:54Voilà, c'est ça les questions qu'on doit se poser.
12:55Oui, mais vous avez parfaitement raison.
12:57Et d'ici 2030, il y a une croissance de la menace dans tous les domaines.
13:04Dans le domaine face à l'Est, la guerre qu'on appelle de haute intensité.
13:08Mais je voulais souligner simplement que j'ai lu, il n'y a pas très longtemps,
13:11un rapport très intéressant de l'Institut Montaigne,
13:15qui explique comment une guerre, si elle devait être de haute intensité,
13:19admettons pour les Pays-Baltes, serait précédée d'une guerre asymétrique.
13:24Et c'est cette guerre asymétrique qui, en fait, jauge notre capacité
13:28et notre volonté à vouloir résister, en disant non, nous on ne veut pas.
13:33Alors on parlait tout à l'heure des réseaux sociaux, ça agit beaucoup là-dessus,
13:37avec en particulier des algorithmes qu'on ne comprend pas bien,
13:40voire des pages de publicité achetées par la Russie, vendues par Meta,
13:45pour tourner en boucle sur les réseaux.
13:47Donc cette guerre asymétrique, désinformation, cyber, menace d'attentat,
13:53drones qui survolent des zones, etc.
13:56Il faut rester fort, parce que quand on est fort, on est dissuasif.
13:59Non mais vous avez parlé de menaces et de guerres avec un S,
14:03les auditeurs, les Français qui nous écoutent, se disent peut-être qu'aujourd'hui,
14:07la menace existentielle pour la France, c'est quoi ?
14:10C'est plus le narcotrafic qui fait des ravages dans des nombreux quartiers,
14:14et pas seulement dans des grandes villes, mais désormais dans les zones rurales.
14:17Et on en voit encore les dégâts et les effets ces derniers jours.
14:22C'est aussi la menace terroriste islamiste.
14:25On commémorait la semaine dernière les 10 ans des attentats du 13 novembre 2015,
14:31mais on voit qu'il y a eu 6 attentats qui ont été déjoués depuis le début de l'année.
14:38Et on est en train de nous présenter, et d'ailleurs il y a un discours extrêmement ferme,
14:43extrêmement dur, pour ne pas dire « va-t'en-guerre »
14:46sur la menace de conflits de haute intensité avec, pourquoi pas, la Russie.
14:55Et il y a ce décalage-là, comme si peut-être certains se disent,
14:58il y a un écran de fumée XXL, c'est-à-dire qu'ils sont incapables de gérer les questions de narcotrafic,
15:02incapables de gérer la sécurité du quotidien.
15:06Et donc on nous vend une nouvelle menace,
15:08qui aujourd'hui, dans les mots, est extrêmement ferme, et dans les faits.
15:12Par exemple, excusez-moi mon général Dominique Trinquant,
15:15mais est-ce qu'on a réussi à augmenter notre puissance matérielle,
15:22si conflits de haute intensité il y a ?
15:24Par exemple, la France, je crois, en 2022, février 2022,
15:27il y avait une étude qui disait, on ne pourrait pas tenir 15 jours,
15:30faute de munitions, si conflits de haute intensité il y avait.
15:33Est-ce qu'aujourd'hui, on est à plus de 15 jours ?
15:35Oui, alors, bon, je n'ai pas évidemment la visibilité sur les stocks de munitions,
15:39mais ça a été un des sujets majeurs de l'année qui vient de s'écouler.
15:44Donc on anticipe.
15:46Alors, d'abord, il faut rappeler que la France, dans les pays européens,
15:50est le seul pays qui avait commencé à augmenter son budget de la défense,
15:53bien avant, avec la crise des attentats en 2015, puis 2017,
15:58elle l'a augmentée considérablement.
16:00Elle l'augmente d'autant plus maintenant,
16:02et les autres pays européens, et nous étions dans le même paquet,
16:05on parlait tout à l'heure des services militaires,
16:07nous étions dans le même paquet, à vivre des dividendes de la paix,
16:10on avait considérablement diminué nos capacités.
16:13On est en train de les remonter,
16:15pour vous parler du budget qui vient en 2026,
16:18dont on ne sait pas très bien ce qui sera,
16:20mais pour l'instant, personne ne discute de l'augmentation des 6,5 milliards en plus.
16:27Donc, sur le dossier de l'armement, on le fait.
16:30Tu pourras venir à votre, aux différentes crises.
16:33Chacun s'occupe des crises pour lesquelles il est tasqué.
16:37Oui, mais pardonnez-moi, il y a une échelle de priorité aussi.
16:40En revanche, toute dernière question avant la pause,
16:42mais de toute façon, on va reprendre le débat, Dominique Trincon, dans un instant.
16:46Est-ce que cette déclaration du chef d'état-major des armées,
16:52selon vous, a été validée en amont par le chef ?
16:58Alors, je ne dis pas les mots par mots.
17:00C'est pour ça qu'il y a probablement des mots sur lesquels on revient aujourd'hui.
17:03Mais la tendance, oui.
17:04Mais ce n'est pas une nouveauté.
17:05Non, mais ça a le mérite d'être clair.
17:07Ça a le mérite d'être clair.
17:08On revient dans un instant, on sera en direct avec Stéphane,
17:11qui souhaite réagir une dernière fois sur la déclaration du chef d'état-major des armées.
17:16Et puis, on parlera de l'autre guerre, la guerre contre la drogue.
17:19Et celle-là, j'ai l'impression que ça fait 30 ans qu'on refuse de l'avoir,
17:22et on en paye les frais aujourd'hui.
17:24Tout à fait.
17:25Réagissez au 01-80-20-39-21.
17:28Belle journée sur Europe 1, il est 12h42.
17:30Europe 1.
17:31Eliott Deval et vous.
17:33Avec notre invité Eliott Deval, général Dominique Trincon,
17:36et vous aussi, chers auditeurs d'Europe 1,
17:38vous nous appelez Réagissez pour la dernière partie de l'émission.
17:4101-80-20-39-21.
17:43Nous avons Stéphane en ligne.
17:44Stéphane est en direct avec nous.
17:46On parlera de la guerre contre le trafic de drogue dans un instant,
17:48mais on était avant la publicité sur cette déclaration
17:53qui a fait grand bruit du chef d'état-major des armées,
17:57Fabien Mandon, cette semaine,
17:58qui demandait aux Français d'accepter, en quelque sorte,
18:01de perdre nos enfants.
18:03Rétropélage politique avec la porte-parole du gouvernement
18:05qui a dit que nos enfants ne vont pas aller combattre et mourir en Ukraine.
18:08Stéphane, vous avez peut-être une question à poser au général Dominique Trincon,
18:14je rappelle votre livre,
18:14D'un monde à l'autre,
18:15Comprendre les nouveaux enjeux géopolitiques.
18:17Stéphane, bonjour.
18:19Bonjour, merci de me donner la parole.
18:22D'abord, je voudrais dire,
18:23ce n'est pas la peur qui me fait réagir,
18:26c'est l'absurdité des propos,
18:29ou la maladresse.
18:30Alors, je dirais plutôt la maladresse par respect.
18:32Sur le coup, quand je l'ai entendu hier,
18:34il y avait la colère.
18:35Bon, après, voilà.
18:36Moi, je dis,
18:38quand on veut réunir les forces vives d'un pays,
18:41on ne commence pas par dire,
18:43préparez-vous à voir vos enfants mourir.
18:46Alors, il y a une citation que je n'ai pas prise hier sur Google,
18:50ni avant-hier,
18:51ça fait 20 ans que je l'ai,
18:52parce que chacun est une vie privée,
18:54on est forgé,
18:55et moi, le combat et la lutte,
18:58il se trouve que je sais ce que c'est,
19:00avec beaucoup d'humilité.
19:01Et cette phrase, je vais la lire au général,
19:04que je respecte,
19:06et je vais lui demander ce qu'il en pense,
19:08et puis qui c'est qui en est l'auteur.
19:11Un guerrier n'est pas ce que vous croyez.
19:14Ce n'est pas quelqu'un qui part faire la guerre
19:16pour prendre la vie des autres.
19:18Pour nous, un guerrier,
19:20c'est quelqu'un qui se sacrifie pour le bien-être des autres.
19:24Son devoir est de protéger les aînés,
19:26les gens sans défense,
19:28ceux qui ne peuvent pas prendre soin d'eux-mêmes.
19:30Et par-dessus tout,
19:32les enfants qui sont le futur de notre humanité.
19:35Je n'ai pas appris hier,
19:37et si vous voulez,
19:38c'est Sittin Boul qui a écrit cette phrase.
19:41Et les propos du général Mondon,
19:46ils sont vraiment très, très, très, très, très, très légers
19:49par rapport à cette déclaration.
19:50Alors, moi, quand je les ai entendus,
19:55de suite, je me suis revu à la clinique,
19:57quand mon fils est né,
19:58il y a une sage-femme qui est rentrée,
20:00elle a dit, il y avait 20 personnes.
20:02Où il est le papa ?
20:02Je lui dis, c'est moi.
20:03Pour aller voir mon fils qui est remonté.
20:05Alors, je me suis senti l'homme le plus fort du monde.
20:09Mais, en fait, c'est là que je suis devenu le plus fragile,
20:12justement quand j'ai été père.
20:13Je ne suis pas plus père et pas moins citoyen que personne.
20:17Mais, si vous voulez, encore une fois,
20:19quand on veut appeler les gens à mourir pour la nation,
20:22si on commence par dire qu'on va perdre,
20:25comme vous l'avez dit, général,
20:27et si on commence qu'on va perdre d'abord
20:30ce qui fait qu'on va se battre,
20:33c'est vraiment...
20:34Alors, maladroit, il faut être gentil.
20:37C'est une catastrophe.
20:39Alors, vous avez cité Sitting Bull.
20:40Pour être très honnête, je suis allé quand même rechercher,
20:42parce que c'est vrai que pas tous les auditeurs d'Europe 1
20:45ne doivent pas connaître Sitting Bull,
20:47et moi le premier d'ailleurs.
20:49Et c'est donc l'un des principaux autochtones,
20:51autochtones, résistant, face à l'armée américaine,
20:55notable pour son rôle dans les guerres indiennes.
20:58Mais, excusez-moi, c'est surtout le contenu de son propos qui est important.
21:01Ah oui, mais vous l'avez cité, moi je me suis dit,
21:03qui est Sitting Bull ?
21:03Oui, oui, mais je suis fier, je suis fier.
21:05Vous avez bien fait.
21:06Je suis fier.
21:06Et je reconnais dans votre voix chantante,
21:09peut-être un esprit corse.
21:11Un accent corse.
21:12Un esprit corse.
21:14Oui, un accent corse.
21:16Et je suis ravi d'avoir la corse en direct sur Europe 1.
21:18Je me dis souvent que s'il y avait plus de corse sur le continent,
21:23les choses iraient peut-être un peu mieux.
21:26Général, répondez peut-être à Stéphane.
21:28Non, mais sur le fond, j'approuve tout à fait, je suis d'accord.
21:32C'est-à-dire qu'on doit se préparer à combattre et gagner.
21:37Voilà, c'est ce que je veux dire.
21:39Aujourd'hui, on est dans un combat.
21:41Alors, il y a plusieurs combats, je le disais, il y a plusieurs crises.
21:43On parlait des crises extérieures, bien sûr, qui nous menacent à l'Est.
21:47On parlait, il ne faut pas oublier que l'armée française,
21:50il n'y a pas très longtemps, luttait contre le djihadisme au Sahel.
21:53Là aussi, c'était un combat.
21:55La drogue, il faudrait rappeler que les armées dans les Antilles, par exemple,
21:59arrêtent des bateaux régulièrement pour prendre les cargaisons de drogue qui sont traquées là-bas.
22:07Donc, il y a tous ces combats qui sont à mener.
22:09Et c'est vrai que c'est l'ensemble de la société qui fournit les soldats, au passage,
22:14qui doit se lever.
22:15C'est un mauvais procès qu'on fait au Général Mandon.
22:18Il nous reste quelques petites minutes.
22:21Enfin, ce n'était peut-être pas au Général Mandon de dire tout cela.
22:24Pardon, moi je pense que c'est un mauvais procès qu'on lui fait.
22:27– Écoutez, vous avez le droit de penser, mais vous êtes minoritaire dans la population française.
22:31– Oui, mais je me fais l'avocat du diable.
22:34Ça fait 80 ans que l'on est en paix.
22:37Ça fait maintenant combien ? 30 ans qu'il n'y a plus de service militaire ?
22:39Peut-être un petit peu plus.
22:42Et donc, on a oublié qu'effectivement,
22:44il pourrait y avoir un jour à nouveau des conflits dans lesquels nous serions entraînés.
22:50Et aujourd'hui, quand je vois la jeunesse française, pardon de vous le dire,
22:54quand on voit le pourcentage de jeunes Français, par exemple,
22:57qui fument des joints toute la journée,
22:58excusez-moi de vous le dire, je ne suis pas sûr qu'elles puissent aller à la bataille.
23:01J'ai quand même quelques inquiétudes pour demain.
23:03– Alors, je ne sais pas s'il y a un lien entre…
23:05– Je ne partage pas ce point de vue sur la jeunesse.
23:07Le dernier sondage, 61% des moins de 35 ans sont prêts à se mobiliser pour défendre leur pays.
23:14– Pas facile à dire, pas facile à faire.
23:15– Et puis, vous savez, c'était le sondage sur le patriotisme.
23:17Vous avez 8 Français sur 10 qui se définissent comme patriotes.
23:21– Oui, c'est ça le sujet.
23:22– Bien sûr, mais vous ne pouvez pas demander aux Français…
23:24– Clébastien Ligny, on n'aura pas le temps de parler de la guerre contre la drogue,
23:27quel dommage.
23:28– Pardon, mais je veux dire, un Français,
23:29si demain l'intégrité territoriale de la France est menacée,
23:33je mets mes deux mains à couper qu'une majorité de Français sera prête à défendre la France.
23:37Mais on ne peut pas non plus reprocher aux Français aujourd'hui
23:39de se sentir un peu moins concernés.
23:41– Vous ne pouvez pas demander une armée européenne en permanence
23:43ou être dans l'OTAN et ne pas participer à une guerre ?
23:46– Alors, vous êtes pour une armée européenne ?
23:47– Christophe, moi je ne connais pas un Français qui se réveille le matin
23:52en prenant son café et qui se dit, moi je veux une armée européenne, premièrement.
23:55Deuxièmement, je suis désolé, vous ne pouvez pas demander aux Français
23:58de se sentir autant concernés par l'intégrité française
24:01qu'un potentiel conflit qui engendrerait une intervention française.
24:06Ce n'est pas la même chose.
24:07si un jour la France est menacée directement,
24:10je pense que l'esprit patriotique réagira.
24:13Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas.
24:14– Il nous reste deux minutes avant la fin de cette émission.
24:20Dominique Trinquand est avec nous, vous êtes général,
24:22vous avez écrit aussi d'un monde à l'autre,
24:24comprendre les nouveaux enjeux géopolitiques.
24:26Par exemple, sur la question d'une armée européenne,
24:29est-ce que vous êtes attaché à la souveraineté nationale,
24:31à l'armée française,
24:33où vous êtes l'un des porte-parole de cette armée, disons, européenne ?
24:40– Non, je ne suis absolument pas pour une armée européenne,
24:42je suis pour la défense de l'Europe par les Européens.
24:45Ce n'est pas exactement pareil.
24:46Vous n'allez pas...
24:47Écoutez, on a une brigade franco-allemande depuis des dizaines d'années,
24:50on n'est pas capable de l'envoyer au combat aujourd'hui.
24:52C'est d'abord une souveraineté nationale qui s'exprime dans une armée nationale.
24:58Ceci étant, au sein de l'OTAN,
25:01les armées européennes peuvent s'organiser pour qu'on va transsembler.
25:03– Il nous reste une petite minute,
25:04j'ai entendu Ségolène Royal hier matin avec Pascal Praud dire
25:09« La France devrait œuvrer pour la paix,
25:12plutôt que de préparer la guerre,
25:15ou du moins d'avoir ce discours parfois belliciste ».
25:19Est-ce que vous partagez ce constat ?
25:22C'est-à-dire qu'il y a parfois un décalage,
25:24on voit par exemple qu'il y a un plan de paix
25:26qui a été donné par Donald Trump,
25:28et c'est en négociation actuellement,
25:31et qui sera envoyé également à la Russie.
25:33Donc, est-ce qu'aujourd'hui, l'Europe prépare vraiment la paix,
25:38ou est en train de rentrer, finalement petit à petit,
25:42comme des somnambules, c'était la tribune d'Horé Guéno,
25:45vers une guerre dont personne n'imagine les conséquences ?
25:48Alors, je répondrai avec 30 secondes.
25:51D'abord, Mme Ségolène Royal a oublié la définition
25:55de l'école de guerre française,
25:56« Si tu veux la paix, prépare la guerre ».
25:58C'est le premier point.
25:59Deuxième point, pour ceux qui parlent de diplomatie,
26:02je cite Bismarck, qui dit
26:03« La diplomatie sans armée, c'est comme une musique sans instrument.
26:09Il faut être fort si vous voulez négocier. »
26:11C'est tout.
26:12C'est tout.
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