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  • il y a 2 jours
En salles le 19 novembre 2025.
Transcription
00:00La vie de critique de cinéma, parfois, c'est un peu un jour sans fin.
00:03La preuve, on a dû aller voir Running Man.
00:23C'est vendu comme un grand blockbuster politique.
00:27Et on a vu un gros blockbuster.
00:29Et la différence se joue dans ces mots-là.
00:32C'est un énorme film, en effet, puisque c'est la première fois qu'Edgar Wright, cinéaste anglais,
00:37qu'on a découvert avec Shaun of the Dead, qu'on aime tellement, et ses petits zombies british.
00:42Il a fait sa trilogie, qu'on appelle la trilogie Cornetto,
00:45donc avec Shaun of the Dead, Hot Fuzz et Dernier pub avant la fin du monde.
00:49Et puis, évidemment, il a tapé dans l'œil des Américains
00:52et il a eu de plus en plus de moyens pour faire des films de plus en plus clinquants.
00:57On se souvient, et ce n'est pas un très bon souvenir, de Baby Driver, par exemple.
01:02Et là, il a 110 millions de dollars, vraiment.
01:06Et c'est comme s'il les avait trouvés au pied d'un sapin de Noël, en réalité.
01:09Il va faire son gros film qui claque et qui clinque, ça se dit.
01:14C'est très clinquant, en effet, c'est très bruyant, c'est très agité,
01:17puisque c'est quelqu'un qui confond le rythme et l'agitation.
01:20Ben, notre héros, doit absolument gagner un peu de sous
01:24et il finit par se retrouver participant d'un jeu télévisé épouvantable
01:30qui consiste, en gros, à être pris en chasse par des chasseurs, par la police
01:35et, finalement, par toute l'Amérique.
01:37Il a 30 jours, en gros, pour être buté ou survivre.
01:40Et donc, ça va être ça, c'est l'idée d'une chasse à l'homme, d'un homme qui court dans l'Amérique contemporaine.
01:46Le sujet, il est en or.
01:47C'est vraiment, c'est une idée formidable, quoi, de cinéma d'action,
01:52avec plein de prolongements politiques potentiels
01:55et, malheureusement, on ne reste qu'au potentiel.
01:57La dimension politique du film, elle est constamment escamotée, à peine effleurée,
02:01parce qu'en fait, on est dans un blockbuster, quoi, et qu'il faut aller à fond là-dedans.
02:06Il ne faut pas donner trop à penser.
02:08La politique, elle est donc escamotée.
02:10Bon, moi, la scène d'action, c'est bien.
02:11Ben, non, même pas, parce que c'est un peu bâclé, tout ça.
02:14Il faut aller vite, tout le temps, tout le temps, tout aller trop vite.
02:17C'est une succession de scènes où, donc, le héros que joue Glenn Powell,
02:20il doit se sortir de situations de plus en plus compliquées.
02:24Et puis, forcément, c'est le héros, il s'en sort tout le temps.
02:26Donc, on passe d'un niveau à l'autre, comme ça,
02:28avec des scènes d'action qui vont très, très vite,
02:31pas très bien réalisées, assez mal montées.
02:34On est vraiment dans la logique, pas un plan qui dure plus de trois secondes.
02:37Donc, sur deux heures et quart, c'est un peu fatigant.
02:39Autre frustration, c'est la description de ce monde du futur.
02:43Voilà, ben, Edgar Wright, c'est pas Ridley Scott dans Blade Runner.
02:47C'est-à-dire qu'il fait vraiment le strict minimum.
02:50C'est des décors totalement interchangeables.
02:52Il n'y a vraiment aucune recherche sur à quoi pourrait ressembler une Amérique dystopique.
02:56Tout est lié vraiment à cette frénésie d'action qui tourne absolument à vide.
03:00Plus rien n'est neuf, c'est-à-dire que tout est usé.
03:23L'histoire qu'on raconte, les personnages, les images, on a tout vu.
03:26Il y a une sorte de fatigue immense devant ce film, une sorte de lassitude et de découragement.
03:32Peut-être parce que ça fait longtemps que je n'ai plus 13 ans.
03:35Et que, malgré tout, j'étais contente de voir Glenn Powell, qui est un acteur que j'aime bien,
03:40qui est un acteur qui a mis du temps à s'imposer.
03:43Et là, vraiment, on sent que ça y est, il est devenu le nouvel action hero de Hollywood.
03:47Il a, je pense, un agenda de 10 ans devant lui de films qui vont être bâtis sur son nom.
03:53Et très amicalement, j'aurais envie de lui dire, Glenn, si tu nous regardes, fais un peu gaffe au film que tu choisis.
03:59Parce qu'on voit bien qu'il n'a rien à se mettre sous la dent dans ce film-là.
04:02Alors, il y a ses abdos en produits d'appel.
04:04On est bien content de les apercevoir.
04:06C'est quand même pas lourd sur deux heures et quart de film.
04:09Il joue un type qui est extrêmement en colère.
04:11Le problème, c'est qu'il ne joue que ça.
04:12Moi, j'aurais un autre message à adresser à Glenn Powell.
04:15Un garçon joue un peu mieux quand même.
04:17Il avait un peu fait des efforts.
04:18C'est bien de serrer les dents tout le temps.
04:20Mais il faut faire un petit peu autre chose pour faire exister ses personnages.
04:22Alors, on se raccroche comme on peut sous le casting.
04:24C'est un des rares trucs que j'ai aimé dans le film.
04:26C'est les mi-champs du film.
04:27Alors, Marie l'a dit à Josh Brolin.
04:29C'est vrai que le personnage, il n'a rien de neuf.
04:30Mais il le fait bien.
04:31Là, dans le genre, vraiment, l'espèce de salopard aux dents très, très blanches et aux beaux costumes.
04:36Dans la lignée des personnages de Youpi des années 80, en fait.
04:39Transposés dans l'Amérique de Trump d'aujourd'hui.
04:41Et puis, il y a le showman, le présentateur du show Running Man.
04:46C'est Coleman Domingo, un des acteurs les plus charismatiques d'aujourd'hui à Hollywood.
04:50Alors, il en fait des caisses.
04:51Mais il le fait vraiment très, très bien.
04:53Et là, c'est un vrai plaisir de voir vraiment le démagogue en action.
04:56C'est malheureusement bien peu pour un film de deux heures et quart.
05:00Running Man, moi, je cours dans l'autre sens, hélas.
05:02Running Man, il vaut mieux marcher, hélas.
05:04I'm still here, you shit eaters.
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