00:00Revenons Soazik Pelé ce matin sur le rapport alarmant du Secours Catholique dévoilé donc aujourd'hui.
00:05Bonjour Audrey Minguy.
00:07Bonjour.
00:08Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes la déléguée du Secours Catholique en Isère.
00:13Le chiffre qui ressort ce matin de ce rapport du Secours Catholique, c'est celui de l'extrême pauvreté qui gagne encore du terrain cette année.
00:22Ça veut dire que les pauvres sont de plus en plus pauvres ?
00:26Tout à fait. En effet, parmi les ménages que nous recevons au Secours Catholique, 73% sont en situation d'extrême pauvreté en Isère.
00:37Donc c'est extrêmement alarmant. Nous observons depuis 30 ans, puisque ça fait 30 ans qu'on publie ce rapport annuel,
00:47une aggravation et une intensification de la pauvreté, notamment sur les dix dernières années.
00:53Parce qu'il y a 30 ans, au moment où le Secours Catholique publiait son premier rapport, la pauvreté c'était une grande cause nationale au centre du débat public.
01:04Et aujourd'hui, être en situation de pauvreté, c'est être stigmatisé.
01:09Et on voit bien que la lutte contre la pauvreté est absente du paysage.
01:12Et l'extrême pauvreté gagne donc du terrain chez les personnes que vous accompagnez.
01:18Est-ce que vous accompagnez aussi de plus en plus de personnes ?
01:216 000 ménages soutenus l'année dernière, est-ce que c'est plus aujourd'hui ?
01:27Alors aujourd'hui, nous, notre force d'action, ce sont nos bénévoles.
01:32Nous avons 700 bénévoles à nos côtés en Isère.
01:35Nous aimerions beaucoup pouvoir accompagner encore plus de ménages.
01:40Simplement pour cela, il nous faudrait encore plus de bras.
01:43Ah oui, il faudrait plus de bénévoles pour pouvoir accueillir plus de monde.
01:47Mais vous pourriez accueillir plus de monde, en fait, c'est ça ?
01:51Oui, c'est ça.
01:52Si nous avons plus de bénévoles, cela nous permet de proposer plus de permanence d'ouverture,
01:58de différents temps d'accueil répartis partout sur l'Isère.
02:03J'entendais tout à l'heure, merci pour votre reportage sur la laverie solidaire pour les femmes que nous venons d'ouvrir à Grenoble.
02:09Pour l'instant, elle est ouverte une demi-journée par semaine.
02:13Nous aimerons en vie, bien sûr, de l'ouvrir beaucoup plus largement.
02:16Mais pour cela, il nous faut des personnes disponibles sur le long terme pour accompagner les personnes
02:24qui vont venir dans ce lieu d'accueil réservé aux femmes.
02:27Parce que c'est aussi quelque chose que montre notre rapport.
02:31C'est qu'aujourd'hui, les femmes sont les premières victimes de la pauvreté.
02:36C'est la majorité des personnes.
02:37Plus de 50% des personnes que nous recevons, ce sont des femmes et souvent avec leurs enfants.
02:42J'en profite pour dire, puisqu'aujourd'hui, c'est la journée internationale des droits de l'enfant,
02:47que nous nous recevons, par exemple, rien qu'à Grenoble, l'hiver dernier,
02:52nous avons accueilli pas moins de 81 enfants qui avaient passé plusieurs nuits dehors avec leurs parents.
02:59Voilà, ça c'est des chiffres qui nous alarment, nous alertent.
03:03Et ce que nous souhaitons, c'est qu'il y ait un sursaut dans l'opinion publique,
03:08parmi nos décideurs aussi, pour que cette réalité d'aujourd'hui ne soit pas celle de demain.
03:13La pauvreté progresse. Le rapport du Secours catholique, on en parle ce matin à 7h48
03:18avec votre invitée, Soazic Pelé, Audrey Minguy, déléguée du Secours catholique en Isère.
03:22Vous nous avez parlé des profils qui changeaient des femmes seules,
03:27qui sont particulièrement touchées aujourd'hui, des enfants également.
03:31Il y a aussi des mineurs isolés que vous accompagnez de plus en plus, à Grenoble notamment ?
03:38Alors, l'accueil et l'accompagnement des mineurs isolés,
03:43qui ne sont pas reconnus mineurs par les services du département.
03:46Et qui doivent donc se débrouiller un peu tout seuls ?
03:50C'est ça, qui se débrouiller tout seuls en attendant la décision du juge des enfants.
03:55Ce sont des jeunes qui font un recours devant le juge des enfants.
03:58Et au bout de quelques mois, il y a la réponse.
04:01Et donc, ce qu'on espère, et la plupart du temps, le juge des enfants les reconnaît mineurs.
04:07Ils sont repris en charge par l'aide sociale à l'enfance.
04:10En effet, depuis une dizaine d'années, à Grenoble, nous accueillons ces jeunes
04:14qui sont particulièrement vulnérables, puisqu'ils sont laissés à eux-mêmes.
04:19Et sur ça, il y a des moyens d'action ?
04:22Vous demandez aussi à l'État de réagir à propos de ça ?
04:28C'est-à-dire que l'État, nous, ce qu'on souhaiterait,
04:32c'est qu'il puisse reconnaître le principe de minorité.
04:34Un jeune qui se déclare mineur devrait être pris en charge par l'aide sociale à l'enfance
04:39jusqu'à une décision du juge qui, à ce moment-là, pourrait poser sa décision.
04:45Il est mineur ou il est majeur.
04:47Mais de laisser un jeune à la rue pendant 6-9 mois pour qu'au bout de cette temps d'attente
04:53où il est laissé tout seul, le juge déclare bien qu'il est mineur,
04:57si vous voulez, c'est du non-respect des droits de l'enfant.
05:00Et encore une fois, c'est aujourd'hui, c'est la bonne journée pour en parler
05:04puisque c'est la journée internationale des droits de l'enfant.
05:07Donc nous, nos bénévoles font ce qu'ils peuvent en partenariat avec d'autres associations
05:11comme la CIMAD, comme Trois Amis sur Grenoble, pour les accompagner, pour les mettre à l'abri.
05:17Ils sont souvent hébergés par des collectifs citoyens qui, du coup, remplacent l'État,
05:21ce qui n'est absolument pas normal, pour que ces jeunes ne soient pas livrés à eux-mêmes dans les rues de Grenoble.
05:26Merci beaucoup, Audrey Minguy, d'en avoir parlé avec nous ce matin.
05:29Je rappelle que vous êtes la déléguée du Secours catholique en Isère.
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