« Sortie encadrée » : Un évadé tente d’égorger son ex - Témoignage dans « Morandini Live »

Jeanmarcmorandini.com

il y a 20 heures

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00:00Maëva, qui est la victime dans cette affaire, qui veut garder son anonymat et on la comprend bien évidemment parce qu'elle refait sa vie.

00:06Bonjour Maëva.

00:08Bonjour.

00:09Merci beaucoup d'être en direct avec nous. Votre histoire, elle est glaçante bien évidemment.

00:13D'abord, je voudrais savoir comment ça s'est passé quand votre ex-compagnon s'est évadé. Est-ce qu'on vous a prévenu ?

00:20Alors oui, on m'a prévenu quelques heures après en me disant que du coup, il s'était évadé de prison

00:25et en me demandant si j'avais des informations sur sa fuite.

00:32Est-ce que vous avez eu peur à ce moment-là ? Vous vous êtes dit qu'il risque de revenir et qu'il risque de vouloir me retrouver ?

00:38Ah bien sûr, oui. J'ai eu extrêmement peur. C'est la première chose à laquelle j'ai pensé.

00:42Il vous a retrouvé au bout de combien de temps ?

00:46Le lendemain, je crois.

00:49Ah oui ?

00:50Oui.

00:51Le lendemain, il vous retrouve et il vous attaque ?

00:54Non, non. Ce n'est pas le lendemain qu'il m'a attaquée. Pendant un mois et demi, c'était de l'harcèlement.

00:59Il venait sur mon lieu de travail. Il me suivait en voiture. Quand j'étais aux courses, il était aux courses. Il me suivait tout le temps.

01:08Mais attendez, je ne comprends pas. C'est-à-dire qu'en fait, il s'est évadé. Il est recherché par la police.

01:11Et malgré tout, il vous harcèle, il vous suit, il vient sur votre lieu de travail.

01:15Alors qu'il est en fuite, qu'il s'est évadé de prison et qu'il est recherché par la police ?

01:18Absolument.

01:18Exactement. Et je contacte la police à chaque fois. Et à chaque fois, il y a eu des éléments qui ont fait qu'ils n'ont pas pu le trouver.

01:27Waouh. Et il vous a attaqué au bout de combien de temps, alors ?

01:31Il s'est évadé le 16 septembre et il m'a attaqué le 15 octobre.

01:36Donc un mois après.

01:37D'accord. C'est-à-dire qu'il a fait... Pendant un mois, en fait, alors qu'il vous harcelait, alors qu'il venait régulièrement vous voir,

01:43personne n'a été capable de l'interpeller ? Personne n'a été capable de l'arrêter ?

01:47Personne.

01:48Personne.

01:49Est-ce que quand il vous a attaqué, vous l'avez vu avant l'attaque ou il vous a attaqué par derrière ?

01:54Ah non, je l'ai vu avant l'attaque. Il m'attendait près de ma voiture.

01:59Et il a discuté, il parlait. Et puis quand j'ai compris qu'il n'allait pas partir de lui-même,

02:05moi j'ai décidé de partir pour prendre les transports en commun.

02:08Et c'est à ce moment-là qu'il m'a attaqué, qu'il m'a agressée.

02:13Vous avez eu peur avant, quand vous l'avez vu, parce que ça faisait un mois que vous le voyez régulièrement.

02:16Quand vous l'avez vu ce jour-là, vous vous êtes dit, ça risque de mal tourner ?

02:21Ah oui, oui. Et la première chose qu'il m'a dit quand il m'a vue, c'est, n'ai pas peur.

02:25Il savait très bien que j'avais peur.

02:26Il s'est jeté sur vous par la suite ? Comment ça s'est passé ?

02:31Du coup, j'ai tourné dos pour prendre les transports en commun.

02:36Et en marchant, il m'a pris par derrière.

02:39Et là, il vous a égorgé ? Il a tenté de vous égorger ?

02:42Exactement. Il m'a mis huit coups de couteau.

02:44Huit coups de couteau, c'est-à-dire qu'il y a des coups de couteau dans l'abdomen,

02:47plus la tentative d'égorgement, c'est ça ?

02:48Exactement.

02:50C'est un miracle si vous êtes en vie aujourd'hui, si vous pouvez témoigner ?

02:54Oui, bien sûr.

02:54Vous en voulez à qui ?

02:57À lui, bien évidemment, ça c'est une évidence.

02:59Mais est-ce que vous en voulez à l'État ?

03:01Vous en voulez aux services pénitentiaires qui l'ont laissé sortir ?

03:04Évidemment, j'en veux à tout le monde.

03:06J'en veux aux services pénitentiaires qui n'ont pas fait leur travail,

03:09qui est de le surveiller.

03:11Je pense que c'est leur première tâche.

03:13Et j'en veux aussi à l'État de ne pas avoir pris en compte mes appels à l'aide,

03:16mais tous mes appels où j'ai pu leur dire où il était, à quel moment il était,

03:20tout de suite et que personne n'a pu réagir à ce moment-là.

03:25Personne n'était au courant de son évasion apparemment.

03:28Il n'y avait pas eu d'informations transmises au commissariat des villes à côté de chez moi.

03:34Il n'y avait pas du tout une bonne communication.

03:37Et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, c'est ce qui fait que l'agression a eu lieu.

03:41Vous avez réussi facilement à vous reconstruire par la suite,

03:45à refaire votre vie, à vivre sereinement ?

03:48Non, je pense qu'on ne se remet jamais de tout ça.

03:50C'est compliqué.

03:51C'est très difficile.

03:54Je crois qu'aujourd'hui, il m'arrive d'avoir peur.

03:58On ne parle pas d'un vol de sac à main, on parle d'une tentative d'assassinat.

04:01Donc forcément, non, on ne peut jamais se remettre vraiment de tout ça.

04:06Quand vous entendez des histoires, alors qui fort heureusement sont moins dramatiques,

04:10mais des histoires comme celle d'hier, par exemple,

04:12où il y a ce détenu qui, à Rennes, on lui fait une sortie dans un musée au Planétarium

04:18et il tente de s'évader, vous vous dites que ça peut recommencer pour d'autres à n'importe quel moment ?

04:23Tout dépend pourquoi la personne était condamnée à ce moment-là.

04:26Moi, je parle vraiment de mon histoire.

04:29Je viens pour raconter mon histoire.

04:31Après, évidemment, pour mon histoire à moi,

04:34ce n'était pas normal qu'il soit en sortie à escalade deux mois après son incarcération.

04:39Ça paraît totalement dingue, d'ailleurs.

04:41Imaginez ça alors qu'il attaquait des policiers, alors qu'il vous faisait des violences également,

04:46et le voir sortir au bout de trois mois, condamné à deux ans,

04:49et au bout de trois mois, on lui fait faire une sortie escalade.

04:51Enfin, moi, j'ai un peu de mal à comprendre tout ça.

04:55Aujourd'hui, comment vous allez ?

04:58Écoutez, j'essaye d'aller bien.

05:01J'essaye d'aller bien.

05:02En soi, oui, ça va.

05:03Walid a été condamné à 30 ans de prison.

05:09Je ne sais pas, maître, vous nous direz, mais je pense que dans 15 ans,

05:11enfin, il va en faire 15, quoi.

05:14Non, il y a 20 ans de sûreté.

05:16Ah, il y a 20 ans de sûreté, d'accord.

05:16Non, au-delà de 10 ans, de toute façon, vous avez une peine de sûreté,

05:21qui est de la moitié de la peine.

05:23Et ensuite, il va falloir qu'il arrive à essayer de sortir.

05:29Ça va être compliqué.

05:30Il y avait une altération du discernement également au moment des faits.

05:34Donc, on a eu une peine quand même extrêmement lourde,

05:36compte tenu du contexte.

05:3830 ans de détention pour une tentative de féminicide avec une altération,

05:44c'est une très lourde peine.

05:46Mais quoi qu'il en soit, le témoignage de Maéva, il est saisissant,

05:50parce qu'on ne peut que s'interroger sur ses permissions de sortie.

05:56Tout simplement, d'abord, on peut imaginer qu'il y a certains Français,

06:03comme vous et moi, qui ne peuvent même pas bénéficier de ce type de sortie,

06:08d'escalade à Meugev, Planétarium.

06:12J'ai vu aussi qu'il y avait eu une évasion récemment d'un détenu

06:16qui allait visiter le musée de l'homme à Paris.

06:20Donc, vous voyez, ce n'est pas exceptionnel.

06:22Ça arrive fréquemment.

06:23Et pourquoi c'est inquiétant ?

06:26Parce que, certes, réinsertion, il n'y a pas de problème.

06:31On est d'accord, je suis d'accord, tout en étant avocate de victime, bien sûr.

06:36Mais encore faut-il que la justice ait les moyens de cette politique de réinsertion.

06:42Or, pourquoi, en réalité, vous avez ces évasions ?

06:46C'est parce qu'il n'y a pas de personnel suffisant et formé.

06:51Donc, ça pose une vraie question.

06:52Quand on pense qu'un homme qui a bénéficié d'un stage d'escalade a failli tuer une femme,

06:59il faut quand même se poser les bonnes questions et avoir les budgets nécessaires

07:04à cette soi-disant réinsertion des délinquants et des criminels.

07:08Donc, c'est pour ça, aujourd'hui, que je voulais pousser un coup de gueule

07:13et faire parler Maéva de son cas, parce qu'il n'est certainement pas le seul.

07:20Et il faut vraiment qu'on prenne conscience du risque qu'on fait prendre à certaines victimes.

07:30Parce que, potentiellement, il peut y avoir aussi d'autres victimes

07:33quand on tente de récupérer ces délinquants.

07:37Ça peut être en pleine foule.

07:39Il peut y avoir des balles perdues.

07:41Il y a donc forcément des victimes collatérales quand on permet ce type de sortie.

07:45Maéva, puisque vous êtes toujours avec nous et je vais vous libérer, encore une fois,

07:48merci pour votre témoignage qui est très fort.

07:50Mais est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes tranquille, j'ai envie de dire, vous êtes en paix

07:54et vous vous dites, bon voilà, avec la condamnation qu'il a eue,

07:57je peux avoir une vie tranquille ?

07:59Ou malgré tout, quelque part, dans votre tête, il y a toujours cette petite inquiétude ?

08:03Non, il y a toujours cette petite inquiétude.

08:05Évidemment qu'il est en prison et que c'est censé garantir ma sécurité.

08:10Mais il a quand même réussi à s'évader une fois.

08:13Je me dis que ça peut aussi arriver une deuxième fois.

08:16Donc évidemment, je ne serai jamais tranquille.

08:20Ça veut dire qu'il y a toujours, quand vous êtes dans la rue,

08:22vous faites malgré tout toujours un peu attention et vous vous dites,

08:24qu'est-ce qui peut se passer ?

08:25Ah oui, bien sûr.

08:26Merci Maïva.

08:29Merci beaucoup pour votre témoignage très fort et très puissant.

08:33Merci d'avoir accepté témoigner.

08:34Bon courage à vous.

08:35Et puis bonne reconstruction, parce que c'est quelque chose de long, la reconstruction.

08:38Et ça continue.

08:39Maître Tomasini.

08:40Merci.

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