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Christophe Cheysson maire de Sainte-Vertu dans le Tonnerrois
ici Auxerre
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il y a 6 jours
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News
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00:00
C'est aujourd'hui le début du Congrès des maires de France à Paris.
00:03
Dans quatre mois, il y aura les élections municipales.
00:06
Et un peu moins d'un maire sur deux ne se représentera pas.
00:10
Les raisons sont multiples et on en parle ce matin avec notre invité,
00:13
Christophe Chesson, le maire de Sainte-Vertu dans le Tonnerroi.
00:15
Il répond ce matin à vos questions, Thierry Boulan.
00:17
Bonjour Christophe Chesson.
00:18
Bonjour.
00:19
Alors, vous êtes arrivé dans votre commune peu avant 2020,
00:26
deux ans avant peut-être, 2018, c'est ça ?
00:28
Vous aviez travaillé longtemps dans le cinéma,
00:30
et en 2020, boum, vous êtes maire.
00:33
Absolument.
00:34
Mais quand ça s'est passé ?
00:36
Un concours de circonstances, une vacuité d'abord du poste,
00:40
puisque l'ancien maire ne se représentait pas,
00:44
une envie de réparer une existence assez peu citoyenne,
00:47
très nomade et toujours à l'étranger,
00:50
et j'avais assez peu participé à l'effet politique.
00:52
J'avais envie de m'impliquer, mais pas au point de devenir maire.
00:55
Et après avoir suscité une ou deux réunions publiques,
00:58
les habitants sont venus me chercher en me demandant de me présenter,
01:01
ce que j'ai refusé obstinément pendant quelques mois,
01:04
jusqu'à ce qu'on se retrouve dans une situation où il n'y avait pas de candidat aux élections.
01:08
Et j'ai finalement accepté de me présenter.
01:09
Vous vous êtes dévoué, c'est le cas de le dire.
01:12
Oui, alors pas au sens où on l'entend...
01:15
C'était vraiment une dévotion positive, si je veux dire.
01:21
Alors, Sainte-Vertu, il y a 77 habitants.
01:23
On se dit que 77 habitants, c'est facile à gérer, ça.
01:27
En absolu, c'est facile à gérer,
01:29
parce qu'il y a peu d'endroits où la démocratie s'exprime aussi bien
01:32
que dans une petite commune.
01:33
Quand on a un problème, on réunit la population, ce qui est facile.
01:36
On a rarement moins de 35-40 personnes qui viennent,
01:38
et les problèmes sont, un, clairement exposés,
01:41
et deux, débattus,
01:43
et assez régulièrement, les solutions viennent de l'intelligence collective,
01:46
ce qui est quand même assez fantastique.
01:48
Et je ne crois pas qu'il y ait d'endroits où la démocratie s'exprime aussi bien.
01:52
Maintenant, 77 habitants, ou 150,
01:56
les compétences sont les mêmes,
01:57
les compétences que la mairie est censée traiter,
02:01
et ça demande un petit peu de travail, malgré tout.
02:03
Et qu'est-ce qui vous a demandé le plus de travail ?
02:06
On a un cas spécifique à Sainte-Vertu,
02:08
qui est la gestion de l'eau potable.
02:10
Et on avait une source qui était largement polluée par des nitrates.
02:13
Il a fallu traiter le problème,
02:15
et ça a été un dossier compliqué, très coûteux.
02:18
Et donc, il a fallu monter des subventions,
02:21
et se plier toutes les réglementations qui vont avec.
02:23
Vous écoutez ici au CR, il est bientôt 7h49,
02:26
notre invité ce matin, Christophe Chesson, le maire de Sainte-Vertu.
02:29
Est-ce que les nouveaux maires sont suffisamment encadrés, aidés ?
02:32
Il y a tout un tas de réglementations, il faut comprendre tout ça.
02:35
Est-ce qu'on vous aide assez ?
02:37
Alors, c'est très compliqué, c'est un débat très épineux.
02:40
En fait, les bons exercices de la démocratie
02:42
reposent sur la bonne collaboration entre des élus et des techniciens,
02:47
qui sont les services de l'État.
02:48
Les élus sont censés apporter un projet politique,
02:51
ou un projet de vie, de société.
02:53
Les techniciens, eux, amènent la technique,
02:56
et sont censés accompagner le projet,
02:57
et l'encadrer, évidemment.
02:58
Le fait, dans l'étude commune, de ne pas avoir beaucoup de personnel technique,
03:04
on a en général une secrétaire de mairie,
03:06
et encore pas tous les jours, éventuellement un cantonnier,
03:09
oblige le maire à devenir un technicien,
03:11
ce qui est contradictoire.
03:12
Parce qu'à partir du moment où il devient un technicien,
03:14
son projet politique se plie à ce qu'il comprend des difficultés de la technique,
03:18
et il s'altère d'une certaine façon,
03:20
et on ne devrait pas en arriver là.
03:21
Mais c'est un fait que les maires sont parachutés,
03:25
arrivent à des positions où ils n'ont pas de personnel administratif,
03:28
et ils sont bien obligés de se mettre au boulot
03:30
pour comprendre ce qu'ils ont à traiter.
03:31
Pourquoi vous avez décidé de ne pas vous représenter ?
03:35
Alors, plein de raisons diverses.
03:37
La première est économique.
03:39
Les émoluments, les indemnités,
03:41
puisque c'est le nom que s'apporte d'un maire dans une petite commune,
03:43
sont assez petites.
03:45
Moi, je touche à peine 1 000 euros par mois,
03:48
ce qui ne me permet pas de vivre.
03:51
J'y consacre 3 jours par semaine,
03:53
donc il m'en reste 2 pour gagner ma vie,
03:55
ce qui n'est pas suffisant.
03:57
Et puis, par ailleurs,
03:58
quand j'entends que des maires en région parisienne
04:00
touchent des indemnités de frais de représentation
04:02
qui sont égales à mon indemnité de maire,
04:04
en plus de leur propre indemnité de maire,
04:06
ça fait un petit peu mal au cœur,
04:07
on a le sentiment de ne pas être très soutenu par le pouvoir central.
04:11
Après, il y a aussi une usure, tout simplement.
04:16
Une usure parce qu'il y a une pression constante.
04:19
Les habitants, vous évoquiez tout à l'heure
04:22
le dynamisme démocratique des petites communes,
04:26
mais il y a aussi, j'imagine,
04:28
des habitants qui ne sont pas contents.
04:30
Des choses qu'on vous dit
04:32
qui sont parfois contradictoires.
04:34
Alors, le citoyen ne s'exprime que quand il n'est pas content.
04:38
Quand il est content, il ne le dit pas.
04:39
C'est toujours un peu compliqué.
04:41
Mais ça, je pense que c'est quelque chose
04:42
qu'on découvre et qu'on accepte assez vite.
04:44
et le fond du problème ne vient pas de là.
04:49
Je pense qu'il y a deux conceptions de la mairie.
04:52
Quand on se réunit régulièrement en conseil des maires
04:55
ou au conseil communautaire,
04:57
on a des maires qui sont là pour commander
04:59
et puis on a des maires qui sont là pour servir.
05:01
Moi, j'estime que je suis là pour servir.
05:04
Et servir, ça veut dire essayer de simplifier la vie des gens,
05:07
de la rendre un petit peu meilleure,
05:09
de la rendre un peu plus heureuse,
05:10
de faire en sorte que les gens se sentent bien
05:13
et que l'identité du village se développe.
05:16
Maintenant, encore faut-il que les gens aient envie qu'on les serve.
05:19
Il faut pour cela arriver à susciter,
05:22
et peut-être n'ai-je pas réussi,
05:24
l'adhésion au projet de village.
05:28
En deux mots, la satisfaction que vous retirez,
05:31
satisfaction personnelle que vous retirez de ce mandat ?
05:35
Elle est énorme.
05:36
Elle est énorme, c'est très enthousiasmant.
05:38
Moi, j'ai toujours eu besoin d'avoir le sentiment
05:41
d'apprendre quelque chose,
05:42
et Dieu sait que j'ai appris pendant ce mandat.
05:44
Et encore une fois, j'ai vraiment découvert
05:46
la puissance de la démocratie
05:48
à l'échelle de nos petites communes.
05:49
Elle est extraordinaire.
05:50
Merci Christophe Chesson.
05:52
Je rappelle que vous êtes maire de Sainte-Vertu,
05:53
dans le Tonnerrois.
05:54
Merci à vous.
05:55
Bon retour.
05:56
Merci.
05:56
Merci.
05:57
Merci.
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