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  • il y a 2 jours
Michel-Édouard Leclerc, président du groupe Leclerc, est l'invité de BFMTV, ce dimanche 16 novembre

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00:00Avant cela, c'est l'un des patrons préférés des Français qui est l'invité de la semaine.
00:04On lui prête même des envies de se lancer en politique.
00:06Il nous dira si c'est le cas ou pas.
00:08Bonsoir Michel-Édouard Leclerc.
00:10Bonsoir, comment allez-vous ?
00:10Je fais du suspense très bien.
00:12Merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
00:14On va parler tout d'abord, si vous voulez bien, de ce qui reste, sondage après sondage,
00:18année après année, la préoccupation numéro un des Français,
00:20c'est-à-dire le pouvoir d'achat, l'argent qui reste ou non à la fin de chaque mois.
00:25Alors, est-ce que vous constatez vous aussi que cette question est prédominante aujourd'hui
00:30au travers des achats que font vos clients ?
00:32Oui, ça reste le sujet numéro un.
00:34Quand bien même, de temps en temps, on voit bien que c'est des problèmes de sécurité.
00:38Au gré de l'actualité, ça peut être la sécurité, ça peut être…
00:41Mais c'est le pouvoir d'achat à travers les salaires qui n'augmentent pas assez vite,
00:46à travers la question des retraites.
00:49On voit bien qu'il y a d'abord…
00:51On fait très attention avant d'acheter.
00:53Et puis, on oublie, il y a eu un accroissement des Français qui sont les plus modestes.
00:59Près d'un million de Français sont en dessous…
01:03Maintenant, il y a presque 10 millions de Français qui sont en dessous d'un niveau de vie décent.
01:09Et donc, évidemment, ça impacte la consommation.
01:11Ça les impacte, eux, dans leur mode de vie.
01:14Et la question du prix, la question de l'accessibilité, elle reste numéro un auprès des Français.
01:20Quand on regarde les chiffres, c'est la dernière enquête du FC Que Choisir,
01:22en trois ans, les prix de l'alimentaire ont augmenté de 20 à 25 %.
01:26C'est énorme.
01:27C'est, encore une fois, souvent ce qui ne reste pas à la fin du mois.
01:31Est-ce qu'il y a l'inflation au niveau général en France, ce calme ?
01:34On est sous les 1 % aujourd'hui.
01:35Mais est-ce que vous voyez désormais certains prix baisser ?
01:38Alors, pas beaucoup.
01:39Non.
01:40Je vous réponds tout de suite.
01:41Non, je ne vois pas beaucoup baisser.
01:43Ou alors, ça baisse un petit peu.
01:46On va dire que les prix qui baissent, c'est occasionnel.
01:50C'est moins 2 %, moins 3 %.
01:53Et puis, le souvenir est très fort de l'impact de ces 25-26 % d'inflation
01:59qu'ont vécu les Français touchés au portefeuille pendant 3 ans.
02:03On a oublié, mais des pâtes qui augmentaient de 38 % comme ça.
02:08On n'a jamais trop su pourquoi.
02:12Rappelez-vous, on cherchait de l'huile de tournesol, on cherchait de la moutarde.
02:15On savait pourquoi il n'y avait plus de moutarde.
02:17Mais là, aujourd'hui, vous n'avez pas compris pourquoi elle a été aussi importante ?
02:21Je pense qu'elle a été très spéculative.
02:23À une époque, justement, je demandais des commissions d'enquête aux parlementaires.
02:28J'étais sur ce plateau, sur ces plateaux, pour le demander.
02:31Mais quand c'est spéculatif, au bout d'un moment, la bulle éclate.
02:35Là, on n'est pas revenu au prix d'avent.
02:36La bulle est redescendue.
02:38Des gens ont pris des marges.
02:41Et la vie, aujourd'hui, l'inflation est moindre.
02:45L'inflation est aux alentours de moins 1, plus 1 %.
02:48L'inflation globale.
02:51Donc, c'est un combat de gagner.
02:52Mais ce qui a été pris dans la poche des consommateurs ne revient pas.
02:55C'est clair.
02:56Les négociations avec les fournisseurs vont commencer dans quelques jours,
02:59autour du 1er décembre.
03:00Est-ce que vous avez déjà des indicateurs sur ce que vont être les prix ?
03:04Et notamment, pour la période des fêtes de fin d'année ?
03:07Alors, les négociations qui vont avoir lieu vont porter sur après la fin d'année.
03:12Sur l'année prochaine.
03:13Et c'est vrai qu'on nous prépare un discours qui est
03:17« Tout coûte dans la vie, tout augmente ».
03:19Et puis, vous avez vu, les aides de l'État vont être diminuées.
03:22Donc, tout ce climat anxiogène dont vous parlez,
03:24sur les plateaux, sur les débats sur la taxation,
03:28la fiscalité des entreprises,
03:30sert aussi, je ne dis pas que ce n'est pas illégitime,
03:34mais ça sert aussi de prétexte à des demandes de hausse
03:36qui sont quelquefois spectaculaires.
03:37Avec notamment les industries avec lesquelles vous négociez.
03:39Oui, oui.
03:39Mais par exemple, est-ce que vous pouvez nous dire
03:41si le réveillon qui arrive dans un peu plus d'un mois maintenant
03:44sera plus cher ou moins cher que celui de l'année prochaine ?
03:46Je pense que ce ne sont pas forcément les mêmes marques,
03:50mais il y a de quoi faire un réveillon pas trop cher cette année.
03:53En tout cas, même moins cher que l'année dernière
03:56et certainement moins cher que les années précédentes.
03:58On a lu dans la presse ces derniers jours
04:00que vous étiez fâchés avec une grande marque de chocolat
04:03qui s'appelle Lindt, pour ne pas la citer,
04:06et que ces chocolats de Noël ne seraient pas dans vos rayons cette année.
04:09D'abord, est-ce que c'est vrai ?
04:10D'abord, quand c'est comme ça,
04:13on négocie avec 7000 industriels et fournisseurs.
04:17Donc, si on parle de l'un d'entre eux,
04:20c'est qu'il y a un petit lobby qui se met en place peut-être.
04:22Mais là, par exemple, M. Lindt, ou M. Lindt,
04:25Il y aura du Lindt dans les centres Leclerc.
04:27Il y en aura, mais il vous demandait une augmentation de combien ?
04:29Il nous demande une très grosse augmentation.
04:31C'est quoi, une très grosse augmentation ?
04:32Non, non, non, écoutez, soyons fair play quand même.
04:35Ce n'est pas nous, évidemment, qui avons véhiculé cette pression.
04:40J'entends des trucs incroyables sur les réseaux sociaux, par exemple.
04:44Mais non, non, c'est normal qu'on négocie.
04:48Nous ne voulons pas être la cause d'une taxation des consommateurs.
04:52Mais vous avez trouvé un accord, finalement, ou pas ?
04:54Le cacao...
04:54Est-ce que vous allez trouver un accord avec eux ?
04:55On va trouver un accord.
04:56Vous allez trouver un accord.
04:57Mais c'est celui qui se dévoile trop tôt qui perd.
05:01Donc, moi, je pense à mes consommateurs.
05:03Je me bats pour mes consommateurs.
05:04Et aussi pour notre image pris.
05:06Enfin, je veux dire, tout intérêt partagé.
05:09Il y a des gens qui, prenant prétexte de la hausse du cacao,
05:13énorme.
05:13C'est spectaculaire, effectivement.
05:14Le chocolat a augmenté quand même de 55% sur ces deux ou trois dernières années.
05:19Donc, il faut que ça reste un produit accessible, un produit festif.
05:23On cite une marque.
05:24Il y en a d'autres qui ont été peut-être plus raisonnables.
05:26Voilà, le consommateur choisira.
05:28En tout cas, vous êtes toujours prêt, quand il y a des hausses qui vous semblent trop importantes
05:31de la part de vos fournisseurs, à dire, si c'est ça, on ne vous achète rien.
05:35Ah oui, oui.
05:35Moi, je pense qu'il faut prendre ce risque-là.
05:37Moi, je pense que le consommateur attend de nous, c'est notre utilité sociale,
05:42il attend de nous, non pas qu'on écrase les prix et derrière les producteurs,
05:46mais que, en tout cas, toutes les choses puissent, même les belles choses,
05:50les bons crus, le champagne, le culturel, que tout puisse être, le multimédia,
05:56que ça puisse être accessible à des Français dont le pouvoir d'achat,
06:01même si on commence à dire qu'il réaugmente, a quand même été très ponctionné.
06:05Vous parliez des prix qui repartent à la hausse, les prix des carburants,
06:08ces dernières semaines sont repartis dans une fourchette.
06:11Ça ne va pas durer ?
06:11Non, je ne crois pas.
06:12On est à 1,70€, 1,80€, selon le carburant qu'on achète, gazole ou sans plomb.
06:17Ça ne reviendra pas à 2€ ?
06:18D'abord, on en est loin.
06:21À 20-30 centimes.
06:22Je vous rappelle qu'on vend de la taxe,
06:24donc ce n'est pas parce que le pétrole brut monte ou descend.
06:2760% de taxe sur un litre de carburant.
06:30Est-ce que ça pourrait regrimper au niveau qu'on a connu ?
06:32Oui, ça pourrait regrimper, mais aujourd'hui, si j'ai bien compris,
06:35la politique américaine, c'est de faire payer, j'allais dire aux soviétiques, aux russes,
06:39des sanctions sur...
06:41C'est un peu soviétique, quand même.
06:44Des sanctions, et donc, je pense que...
06:46Là, le marché a bougé de 10 centimes, je crois, sur le gasoil.
06:50Non.
06:51Et pour vous, on ne reviendra pas aux 2, aux 2€ le litre ?
06:53Non, je ne crois pas.
06:56Par contre, question fiscalité, j'espère qu'on va pouvoir,
07:00après le débat budgétaire, favoriser les carburants alternatifs.
07:05Il y a beaucoup d'hésitation sur l'électrique ou le tout électrique,
07:09c'est un débat au niveau européen.
07:10Le secteur automobile, j'ai l'impression qu'il ne sait plus trop où il est non plus.
07:14Interdiction des moteurs thermiques, des ventes de moteurs thermiques
07:17à partir de 2035, et l'Europe a assoupli ces derniers jours.
07:19Voilà, mais en même temps, vous voyez, ça, ça pénalise la consommation,
07:22parce qu'un jeune, aujourd'hui, il a déjà du mal à passer son permis de conduire,
07:27ça coûte cher.
07:28Il ne sait pas s'il va acheter une voiture,
07:29parce qu'il ne sait pas quel type de voiture il faut acheter.
07:32Et si maintenant, on dit que ce n'est pas sûr que ce soit le tout électrique en 2035,
07:39finalement, il se ramène sur l'occasion, ou il n'achète pas de voiture,
07:43et ce n'est pas très bon pour notre industrie automobile non plus.
07:46C'est-à-dire qu'il y a à la fois l'anxiété du débat sur le pouvoir d'achat,
07:50et puis il y a cette espèce d'indécision du secteur industriel,
07:54qui fait qu'aujourd'hui, Leclerc est devenu le premier loueur de voitures.
07:57Leclerc, système U, on est des gros loueurs de voitures,
08:00parce que les jeunes se disent qu'on ne va pas s'investir dans un objet
08:06dont on ne sait pas la valeur de revente après.
08:09Michel-Édor Leclerc, est-ce qu'il vous est déjà arrivé dans votre vie,
08:12et je compte sur votre honnêteté, si vous voulez bien, d'acheter chez Chine ?
08:17Oui, oui, bien sûr.
08:18Vous achetez régulièrement ?
08:19D'abord, moi, j'ai un principe qui m'a permis d'apprendre vite,
08:23c'est que je suis client des autres, moi.
08:24Moi, je vais chez mes concurrents.
08:26Est-ce que vous achetez chez eux ?
08:28À titre privé, hein ?
08:29Oui, oui, oui, je ne sais pas, je suis passionné, je vais sur leur site,
08:35je suis curieux, je veux savoir si je vais être livré, vraiment livré,
08:39j'en tire des leçons, moi, pour conseiller les centres Leclerc.
08:42Donc, j'achète chez mes concurrents, aussi bien Carrefour, Lidl, Aldi, et d'ailleurs…
08:47Et par exemple, vous en tirez quoi comme leçons, aujourd'hui ?
08:48Ils sont meilleurs que vous ? Ils sont meilleurs que la plupart des entreprises françaises ?
08:53Aujourd'hui, Chine a été prise la main dans le sac de ne pas contrôler la qualité.
08:59Oui, il y a deux aspects, il y a l'aspect judiciaire, avec notamment ces fameuses poupées qui ont été retrouvées,
09:05qui lui valent les plus riches, et il y a l'aspect plus commercial.
09:07Il y a l'aspect géopolitique, aussi, où on en parlait avant cette émission,
09:12on voit bien que les Français et l'Europe ont été assez naïfs,
09:16après, sur l'histoire des taxations et des négociations entre la Chine et les États-Unis,
09:21autant les Américains sont brutaux, même s'ils reviennent en arrière,
09:24c'était évident, aujourd'hui, que le marché chinois cherche à pénétrer le marché européen à n'importe quel prix.
09:29Est-ce qu'on laisse faire, au nom de la concurrence libre et non faussée ? Est-ce qu'on taxe ?
09:34D'abord, je ne suis jamais consulté, je ne sais pas si mes concurrents sont consultés,
09:40mais en tout cas, il y a une négociation de droits de douane, là, aujourd'hui, qui doit avoir lieu.
09:46On n'est pas obligé de faire du racisme primaire en disant que c'est des produits chinois,
09:49de toute façon, ce qui va nous arriver après sera aussi indien, sera aussi africain, etc.
09:53Donc, aujourd'hui, il y a un problème géopolitique, il faut négocier avec les Chinois,
09:59– Leur imposer des droits de douane ? – Bah, négocier les droits de douane.
10:03– Ce qu'a fait Donald Trump, ce qui n'est pas la solution, aujourd'hui, retenue ni par la France, ni par l'Europe,
10:06qui dit qu'on va les taxer à l'arrivée, à hauteur de 2 euros que le consommateur paiera.
10:11– Non, non, non, vous confondez deux choses.
10:13Il y a les rapports généraux avec la Chine, les types de taxation.
10:18Là, ce dont vous parlez, c'est la taxation des petits colis,
10:22qui est fondée sur l'écologie.
10:24Ça, c'est autre chose, c'est une contribution.
10:25– Vous, ce que vous dites, c'est que demain, Ursula von der Leyen devrait aller faire ce qu'a fait Donald Trump,
10:29c'est-à-dire imposer ou négocier des droits de douane avec la Chine.
10:31– Négocier en tout cas, les Chinois.
10:33– Généralement, personne n'y va de bon cœur, donc c'est plus imposer que négocier.
10:38– Non, mais si on veut sortir un petit peu de cette espèce d'hystérie anti-Chine, anti-chinoise,
10:44qui n'est pas correcte, on est très content quand les Chinois nous achètent le cognac
10:48que les Américains ne nous achètent pas.
10:49Il y a plein de magasins français en Chine, il y a Carrefour en Chine, il y a les galeries Lafayette,
10:56il faut faire attention quand même.
10:59Les entrepreneurs chinois sont en droit aussi d'être respectés,
11:03mais par contre, négocier, ça doit se faire.
11:06Il y a ça, le problème numéro un, c'est à quel niveau de taxes
11:12l'industrie chinoise ne nous menace pas en retour avec ses produits,
11:15ça c'est la défense de notre souveraineté, de notre capacité industrielle.
11:18Il y a le problème du respect des normes, ça c'est les pouvoirs publics,
11:22je ne sais pas s'il y a besoin de passer par l'Europe
11:24pour faire sortir un produit qui n'est pas conforme.
11:29Quand Bercy veut faire fermer un restaurant qui n'est pas sain, on le fait,
11:34donc là je pense qu'il n'y a pas de problème, donc il y a le problème de normes.
11:37Et il y a le problème écologique, qui est un vrai sujet.
11:39– Qui pourrait être réglé par cette fameuse taxe sur les petits colis,
11:42dont le montant est encore en débat.
11:43– Mais qui ne concerne pas que Chine du coup,
11:46qui concerne tous ces petits colis,
11:48– Ça vous y êtes favorable ?
11:49– Oui, parce que je pense qu'il faut inciter le public,
11:52sans toucher à son pouvoir d'achat,
11:54il faut inciter le public à acheter plus groupé,
11:56parce que ça coûte très cher aux collectivités locales,
11:59c'est très compliqué de récupérer tous ces multi-emballages
12:02qui sont à la fois du plastique, du papier.
12:05– Vous dites sans toucher à son pouvoir d'achat,
12:06la taxe elle se répercutera forcément sur le prix payé par le consommateur.
12:09– Si le consommateur achète groupé au lieu d'acheter le livre à l'unité,
12:13s'il achète groupé, à ce moment-là, il n'y a pas de taxation.
12:16– Vous nous avez dit il y a quelques minutes que vous aviez déjà acheté
12:18à titre privé sur Chine,
12:20est-ce que vous auriez pu, comme le BHV,
12:23ouvrir un petit coin Chine dans vos supermarchés ?
12:25– Non, parce que moi, Chine, c'est comme Amazon,
12:28même pas peur, je ne cherche pas à simplement
12:31rentrer dans l'hystérie anti-Chine, anti-Temu, anti-Amazon,
12:35parce que c'est arrivé la même chose.
12:36– Justement, là vous auriez ouvert un…
12:38– Nous, nous sommes chez Leclerc,
12:41on veut bâtir des modèles qui font qu'on sera gagnants face à cette concurrence.
12:46En fait, ce qu'on ne voit pas, c'est que Chine,
12:48ce n'est pas simplement une boîte qui arrive avec des pratiques très musclées,
12:53c'est tout un système, aujourd'hui, ce sont des plateformes d'industriels,
12:56ce ne sont pas des plateformes de commerçants
12:57qui ont énormément travaillé la logistique,
13:00un peu comme Jeff Bezos, qui était libraire et qui avait créé Amazon,
13:03c'est des systèmes très modernes qui arrivent aujourd'hui en France.
13:08Demain, ce sera JD qui va peut-être racheter la FNAC, d'ailleurs,
13:10qui est en négociation aujourd'hui.
13:11– Un très actionnaire, oui.
13:12– Oui, oui, JD, le groupe public ne connaît pas encore.
13:15– Une autre entreprise chinoise.
13:15– Oui, oui, ça peut être aussi, même Tchad GPT,
13:20tous ces sites qui sont aujourd'hui d'informations,
13:24de réseaux sociaux qui peuvent se transformer en plateformes commerciales.
13:27Et donc, nous, chez Leclerc, ce qu'on cherche à faire,
13:30c'est de regarder comment ça fonctionne.
13:31On est allé en Chine, l'exécutif de Leclerc a organisé des voyages
13:36chez Alibaba, chez Alipay, on est allé voir comment fonctionnait
13:39le Instagram chinois, c'est extraordinaire.
13:41Et donc, notre idée, c'est de ne pas être la France d'Astérix,
13:44le village gaulois, ça, ce n'est pas vrai.
13:47Ça n'a jamais empêché les Romains de rentrer en France.
13:50– Mais d'aller vous inspirer de ce qu'ils font là-bas ?
13:51– Non, en tout cas, de leur résister, de trouver d'autres formes
13:54qui respectent nos normes, qui respectent notre écologie
13:57et qui soient plus concurrentielles pour le consommateur français.
14:00relever ce défi.
14:01– Je voudrais qu'on parle un peu du budget
14:02qui est toujours en cours d'examen au Parlement.
14:04Les différentes organisations patronales, le MEDEF, mais aussi la CPME,
14:08ont écrit à Sébastien Lecornu ces derniers jours pour dire
14:10stop, ça suffit, il y a 53 milliards de hausses d'impôts
14:14pour l'instant dans le texte voté par les députés.
14:17Est-ce que vous êtes sur la même ligne ?
14:19Est-ce que ce budget vous fait peur ?
14:20Ou est-ce que vous dites, attendez, on verra à la fin ce qui se passe ?
14:23Oui, d'abord, on verra à la fin ce qui se passera,
14:26parce que je crois que Sébastien Lecornu est assez malin
14:30pour laisser s'épuiser aussi un peu dans la négociation.
14:34Chaque demande, parce qu'aujourd'hui, il n'y a pas d'homogénéité
14:38derrière tous ces débats d'amendement.
14:39C'est une partie des grands patrons qui disent
14:41attention, on est en train de tuer l'économie française,
14:44de tuer les entreprises.
14:45Je veux dire, je peux tenir un discours patronal,
14:48mais pour le consommateur ou pour le retraité,
14:49vous avez un débat après, c'est pareil.
14:51Donc je ne sais pas ce qui va sortir à la fin.
14:54Ce que je veux dire, c'est que de toute façon,
14:55c'est toujours le consommateur qui paye les taxes.
14:58N'oubliez jamais ça.
14:59Donc quand on dit taxer les entreprises,
15:02taxer les associations ou aidez-moi une association,
15:04aidez-moi une entreprise,
15:06c'est toujours sur l'utilisateur que ça retombe.
15:08Donc moi, ce que je voudrais,
15:10c'est qu'on regarde l'impact global.
15:12C'est pour ça que je ne participe pas aux discussions
15:13sur chaque amendement.
15:15Je trouve que ce qui nous manque aujourd'hui,
15:17c'est la vision globale.
15:19Si d'un côté, peut-être que de taxer les entreprises,
15:22c'est une manière pour Sébastien Lecornu
15:25de leur dire, choisissez entre des aides ou la taxation,
15:28entre l'investissement dans les secteurs nouveaux
15:30ou la taxation, je ne sais rien.
15:32En tout cas, toutes les taxes nouvelles,
15:34quand on vous dit taxer le sucre,
15:36ce n'est pas pour la santé, ça part au pot.
15:38Quand on vous dit taxer les riches,
15:39ce n'est pas pour la justice fiscale, ça part au pot.
15:42Et un pot dont on n'a pas réparé les trous pour le moment.
15:46Moi, je suis assez anti-taxation.
15:48Et c'est par Alain Madeleine qui arrivera derrière moi.
15:51Qui va dire quelque chose de différent sans doute.
15:53Je voudrais aussi vous entendre sur la suspension
15:54de la réforme des retraites, dont Patrick Martin,
15:56le patron du MEDEF, dit que c'est une hérésie.
15:59On sait que la réforme va reprendre son cours
16:02si elle est suspendue après l'élection présidentielle,
16:05au 1er janvier 2028.
16:08Dans la prochaine réforme, si elle existe,
16:10est-ce qu'il faudra travailler plus,
16:11en tout cas travailler plus tard, plus longtemps ?
16:13Je ne sais pas répondre à cette question.
16:15La France vieillit.
16:18Là, vous ne vous mouillez pas beaucoup.
16:19Non, mais ce n'est pas une question de se mouiller.
16:22Je n'en ai pas la vision.
16:23L'impression que j'en ai,
16:25c'est que le travail
16:28et le nombre de travailleurs
16:30ne sera pas suffisant
16:32pour payer la retraite
16:33et le financement de tout le système social.
16:36Alors que pendant ce temps-là,
16:38on robotise, on numérise.
16:40Et là, les robots, la numérisation,
16:44ça ne paye pas sa part de contribution sociale.
16:47Je ne sais pas où j'ai mis mon portable,
16:48mais avec mon portable,
16:49je prends des photos, j'envoie des mails.
16:51Personne ne paye de contribution sociale,
16:54ni patronale, ni salariale,
16:56quand je paye avec mon téléphone,
16:58alors qu'autrefois,
16:59il y avait un patron et un salarié
17:01qui payaient leurs contributions.
17:03Et donc, je pense qu'il faut trouver
17:04d'autres formes de financement
17:05du système social français.
17:08Il faut le garder, il faut le défendre.
17:09Il ne faut pas faire un truc
17:10à la mosque, à l'américaine.
17:12Pas de tronçonneuse.
17:13Pas de tronçonneuse.
17:14Et au contraire,
17:16il y a un cadre de vie à la française
17:17qui peut attirer les cadres étrangers,
17:19qui peut attirer les meilleurs.
17:21Ça participe aussi de l'investissement
17:22des étrangers en France.
17:24Le cadre de vie,
17:25on a un cadre de vie extraordinaire,
17:26il faut le défendre.
17:27Mais il faut trouver d'autres ressources
17:28qui pourraient être des fonds souverains,
17:31des fonds de capitalisation,
17:32ou qui pourraient être, tout simplement,
17:34une contribution du numérique
17:35et du robot qui concurrence le travail,
17:37qui vont remplacer le travail
17:38pour payer notre système social.
17:41Depuis le début de l'examen du budget,
17:44le Rassemblement national
17:45se pose en défenseur des PME,
17:47en défenseur des entreprises françaises,
17:50en opposant aux nouveaux impôts.
17:52Est-ce que vous diriez
17:53que Jordan Bardella et Marine Le Pen
17:54ont gagné des points
17:55avec ce budget auprès des patrons ?
17:58– Alors, je ne sais pas si…
17:59D'abord, ils ont gagné des points,
18:00enfin, dans tous les sondages…
18:01– Dans l'opinion, ça s'est clair.
18:02– Dans l'opinion, ça s'est clair.
18:03– Ils multiplient les rencontres
18:05avec les patrons, avec les milliardaires.
18:06– Franchement, je ne sais pas.
18:08Et je vais vous dire, je ne me défile pas,
18:10mais je ne fréquente pas tellement les patrons.
18:12– Vous allez me dire,
18:13je ne fréquente pas beaucoup le RN.
18:15– Non plus.
18:16– Si, par exemple,
18:16Paris Le Pen demain demande à vous rencontrer,
18:18est-ce que c'est déjà arrivé, d'ailleurs ?
18:19– Non, ce n'est jamais arrivé.
18:20– Est-ce que vous y riez ?
18:21– Oui, tous les élus de la République,
18:25je les rencontre,
18:26mais je ne connais pas ni Bardella
18:28ni Marine Le Pen,
18:29mais vous savez,
18:30il y a un millier de sites
18:32où sont implantés des centres Leclerc.
18:34– Y compris dans les circonscriptions
18:35tenues par le RN, je suppose.
18:36– Y compris dans les circonscriptions
18:38tenues par le RN,
18:39et je ne tiendrai jamais
18:40un discours discriminatoire
18:42ou discriminant, je ne sais pas comment on dit,
18:44à l'égard d'un élu de la République.
18:46– Mais vous entendez la petite musique
18:48au sein des patrons petits, grands, moyens,
18:50patrons qui disent
18:51« entre les insoumis et le RN,
18:55mieux vaut choisir le RN aujourd'hui »,
18:56économiquement parlant.
18:58– Je pense que c'est une erreur
18:59si les patrons raisonnent comme ça.
19:02Je pense qu'il faut dépasser
19:04ces clivages que, par ailleurs,
19:06on n'aime pas.
19:08La vie politique française, aujourd'hui,
19:09ce n'est pas sexy.
19:10Et donc, si on vise une France
19:13de 2030 ou de 2035,
19:15on n'est plus du tout dans cette…
19:17il ne faut pas rentrer dans cette querelle
19:18pré-2027 qui commence à emmerder
19:21les Français, qui commence à…
19:23Moi, je ne rentre pas là-dedans.
19:26Moi, ça ne m'intéresse pas.
19:27Moi, je m'intéresse aujourd'hui…
19:28J'ai un plan de décarbonation à mener,
19:30j'y crois, je fais partie…
19:32Je n'étais pas un écologiste convaincu.
19:35Mais aujourd'hui, je vois bien aujourd'hui
19:37qu'il faut vraiment que nous participions.
19:38Donc, mon boulot, aujourd'hui,
19:41c'est d'afficher, par exemple,
19:43je vous le donne en premier,
19:45nos produits textiles, même d'importation,
19:48même les produits concurrents de chaîne,
19:49et c'est une manière de concurrencer,
19:50vont afficher leur poids carbone.
19:52On entend votre prudence sur ce sujet.
19:53Non, non, ce n'est pas de la prudence.
19:54Si j'entends votre prudence aussi,
19:55vous avez le droit de rester en votre aide
19:57de l'arène politique.
19:58Je vais vous parler non prudemment.
20:01Nous pensons, aujourd'hui,
20:02qu'à travers l'écologie,
20:04pour la jeune génération,
20:05à travers le social et l'environnement,
20:07je pense qu'aujourd'hui,
20:08la réponse politique, elle est là.
20:10Elle n'est pas dans les querelles
20:11de partis aujourd'hui.
20:12Mais il n'y aura pas de bulletin environnement
20:13en 2027.
20:14Il y aura plusieurs bulletins,
20:15dont un Marine Le Pen au Jordan Bardella,
20:17et il n'y aura pas ce bulletin...
20:19Mais Michel-Édouard Leclerc,
20:20il n'est pas en compétition
20:21avec ces personnalités-là.
20:24Moi, mon rôle, aujourd'hui,
20:26c'est de crédibiliser auprès de l'opinion,
20:29auprès de nos consommateurs,
20:30auprès de nos salariés,
20:30160 000 salariés dans les centres Leclerc,
20:33le fait qu'aujourd'hui,
20:35la jeune génération de Français
20:36on doit les servir.
20:38Et au-delà des querelles politiques,
20:40on doit être là
20:41pour qu'en 2035,
20:44il y ait moins de cancers,
20:45on mange mieux,
20:46que nos produits sont moins polluants.
20:48Et voilà, c'est ça mon boulot.
20:49C'est un ancien patron, comme vous,
20:51de la grande distribution
20:52qui est aujourd'hui ministre du commerce,
20:55des PME et du tourisme,
20:56Serge Papin,
20:56l'ancien patron de Système But.
20:58Est-ce que ça aurait pu être vous ?
20:59Est-ce qu'on vous l'a proposé ?
21:00On ne me l'a pas proposé.
21:02Et je trouve ça bien que...
21:03Vous auriez accepté ou pas ?
21:04Non, non, non.
21:06J'aime bien Sébastien Lecornu.
21:09Je trouve que dans son équipe,
21:10il y a des gens de qualité.
21:11Vous avez reçu
21:12Madame Bréjon ce matin.
21:15Votre Bréjon qui était chez Guillaume d'Arrée
21:16à la journée, oui.
21:17Et non, non, il y a des gens de qualité.
21:20Le contexte politique fait qu'aujourd'hui,
21:23moi, j'ai soif d'action.
21:24J'ai l'âge où il faut aller vite.
21:26J'ai 73 ans.
21:27C'est un âge de présidentiel.
21:29Michel Barnier, je crois que j'ai l'âge de Michel Barnier.
21:32Ça veut dire quoi quand vous dites ça, pardon ?
21:33Je me marre un peu, puisque vous ne m'avez pas posé la question.
21:36Je vais vous la poser, parce qu'il y a un mois,
21:38tout le monde vous prête des intentions de l'éducation politique depuis des années.
21:41Et il y a un mois, vous avez fait quelques petits pas en avant.
21:43Chez nos confrères de France Info, vous avez dit
21:45« j'ai envie d'en être » en parlant de la présidentielle de 2027.
21:49Ça veut dire quoi ?
21:50Eh bien, ça veut dire que j'ai envie de peser sur les sujets
21:53pour que le débat politique revienne vers la préoccupation des Français.
21:58Vous avez parlé du pouvoir d'âge.
21:59Peser de l'extérieur ou peser de l'intérieur ?
22:00Voilà, et je pense que de l'extérieur…
22:01Non, non, pardon, c'est une question.
22:02Peser de l'extérieur, de là où vous êtes ?
22:03Je pense que de l'extérieur, je suis plus efficace qu'aujourd'hui
22:06être député au Parlement ou même candidat à quoi que ce soit.
22:10Franchement, même si je déçois votre attente sur votre question sur le nom de l'opinion politique…
22:17Non, non, pas du tout.
22:18C'est très clair.
22:18Vous voulez dire « je n'ai pas envie d'être député,
22:19je n'ai pas envie d'être candidat à l'élection présidentielle ».
22:20J'ai envie de peser pour que la France reste leader en Europe.
22:25Et vous savez, la distribution, on est un observatoire de la vie sociale.
22:28Vous allez recevoir Jérôme Fourquet aussi.
22:30On est un observateur de la vie sociale, mais aussi un acteur de la vie sociale.
22:35On peut faire du bien.
22:36On peut remettre le progrès en marche.
22:40Et même si Paris et même si l'exécutif et le législatif sont paralysés,
22:45nous pouvons, entrepreneurs dans la société, faire évoluer cette société positivement.
22:49Et de l'extérieur, je pense que je serai plus efficace.
22:51C'est-à-dire que vous mènerez ce combat de là où vous êtes
22:53et vous ne serez candidat ni à la députation, ni à une élection présidentielle.
22:58C'est ce que vous nous dites là.
22:59Ce qui n'est pas tout à fait ce que vous aviez dit le mois dernier,
23:01mais c'est parfaitement clair.
23:03Qui est-ce qui a dit « on ne quitte l'ambiguïté qu'à son détriment » ?
23:05Là, vous venez de le faire.
23:06Vous avez quitté l'ambiguïté.
23:08Merci beaucoup, Michel-Édouard Leclerc, d'être venu ce soir sur le plateau de BFM Dimanche soir.
23:13Très bonne soirée à vous.
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