Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 jours
Des vignerons d'Occitanie se mobilisent, ce samedi à Béziers, contre les contraintes administratives, la course aux prix vers le bas, mais aussi pour alerter sur les aléas climatiques à répétition.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00On va retrouver justement le maire de Béziers, Robert Ménard, maire d'hiver droite de Béziers, dans l'Hérault.
00:06Vous êtes avec nous ce soir. Bonsoir, monsieur. Je crois que vous avez pris la parole le premier dans cette manifestation.
00:12On a entendu effectivement le désarroi de ces viticulteurs. Comment est-ce que vous avez trouvé les mots pour les soutenir ce soir ?
00:22Mais d'abord parce qu'ils vivent une situation dramatique. Vous vous rendez compte aujourd'hui, aujourd'hui, le vin d'ici des Pays d'Auc,
00:30se vend parfois à 55 centimes le litre. 55 centimes le litre. C'est moins que de l'eau minérale.
00:38Vous vous rendez compte comment vous voulez qu'ils vivent comme ça ? Ils ne vivent pas, ils survivent.
00:43Et aujourd'hui, les gens étaient terrifiés parce qu'ils ne savent pas comment ils pourront s'en sortir. C'est juste ça, la réalité.
00:51La réalité, c'est qu'ils ne demandent pas qu'on les aide, les viticulteurs. Ils demandent juste qu'on paye leurs produits à un prix suffisant
00:57pour qu'ils arrivent à survivre avec ça. Et là, c'était un cri d'alarme. Et j'étais évidemment tout à fait favorable pour les recevoir chez moi à Béziers
01:06parce que Béziers, historiquement, c'était la capitale du vin, parce que toute l'histoire de la viticulture fait partie de l'histoire de ma ville.
01:15Et on voulait dire qu'avec eux, on était solidaires. On est solidaires.
01:19Si ici, la viticulture se porte mal, toute l'économie se porte mal.
01:23Si les viticulteurs se cassent la figure, toute ma région, tout ce coin de province se casse la figure.
01:29C'est pour ça que j'ai essayé d'être là et de trouver les mots pour leur parler. Est-ce que ça suffira ? Je ne sais pas.
01:35Il faut prendre des mesures. Aujourd'hui, on vend moins de vin, on consomme moins de vin.
01:40Il faut les aider à arracher des vignes. Il faut les aider surtout à obtenir un prix normal.
01:47Ce n'est pas possible que les grandes surfaces ne jouent pas le jeu par rapport à la viticulture.
01:51Vous croyez que c'est ça qui se joue ? Effectivement, c'est un bras de fer qui n'est pas du tout à l'équilibre, finalement,
01:59entre les petits producteurs de vin et les prix bas de la grande consommation ?
02:05Bien sûr que c'est ça. Aujourd'hui, vous avez d'un côté des gens qui tentent de vivre de leurs produits, de leur travail,
02:12de ce qu'ils font au jour le jour. Et Dieu sait qu'ils ont des problèmes avec les histoires climatiques.
02:17Vous avez vu la sécheresse, vous avez vu ce que ça donnait. Le fait qu'il y ait de moins en moins d'eau, ça pose un problème.
02:23La vigne, elle a besoin d'eau. Et de l'autre côté, vous avez des intermédiaires, certains intermédiaires et certaines grandes surfaces
02:29qui ne pensent qu'à leur profit. C'est-à-dire qu'ils leur demandent toujours qu'ils font en sorte qu'ils payent toujours moins les produits,
02:35en l'occurrence le vin. Ce n'est pas possible. Les gouvernements ne peuvent pas continuer à faire comme si de rien n'était.
02:42Aujourd'hui, il y a un certain nombre de promesses qui ont été faites aux viticulteurs. Il faut les tenir.
02:47A commencer par le chef de l'État. Ils sont ici inquiets, les agriculteurs et les viticulteurs, par exemple, par le Mercosur.
02:53Vous avez vu Emmanuel Macron, quand il est au Brésil, il trouve que le Mercosur, donc le marché avec notamment le Brésil,
03:01ce n'est pas si grave que ça pour la France et son agriculture. Il arrive ici, il dit le contraire.
03:06Comment vous voulez croire quelqu'un qui change d'avis comme de chemise ?
03:09C'est pour ça qu'il y a une telle appréhension, de tels doutes, de telles méfiances de la part des agriculteurs et ici des viticulteurs.
03:17Ils ont en face d'eux des gens qui leur font des promesses, qui ne les tiennent pas ou qui leur disent une fois une chose et qui font le contraire.
03:25Est-ce que vous avez interpellé justement le président de la République à ce sujet ?
03:29Quel message vous voulez lui faire passer ce soir ?
03:33Je veux lui dire qu'il faut entendre la détresse des gens du Sud.
03:39Le Sud, le midi, aujourd'hui, il est à deux pas d'une explosion tant les problèmes financiers, les problèmes de nos agriculteurs sont énormes.
03:50On ne peut pas se réjouir. Vous vous rappelez quand il y a eu les incendies ?
03:53On disait « Ah, heureusement qu'il y a des agriculteurs qui entretiennent des vignes, ça sert de coupe-feu ».
03:58On ne peut pas dire « Ah, c'est important qu'on ait une souveraineté alimentaire ».
04:04On ne peut pas dire tout ça et ne pas prendre en compte, aujourd'hui, immédiatement, la détresse des viticulteurs et des agriculteurs.
04:13Alors, j'ai envie de dire uniquement à Emmanuel Macron « Monsieur le Président, on en a marre des grands mots, on en a marre des promesses,
04:21on en a marre des discours, on en a marre des sommets, on en a marre des colloques, on en a marre des réunions ».
04:28Vous arrêtez de faire tout ça et vous dites tout de suite à nos agriculteurs et ici, dans le midi, à nos viticulteurs
04:34« Voilà, on va faire ça, ça et ça pour vous sauver ».
04:38Je vous rappelle que c'est ces gens-là, les paysans, ce sont les paysans qui nous nourrissent, qui vous nourrissent, Monsieur le Président.
04:47Alors, il faut être un peu attentif à eux.
04:49Robert Ménard, une question de Victor Hérault.
04:53Bonsoir, Robert Ménard. Écoutez, moi, je comprends très bien qu'il y a deux problèmes.
04:57Il y a, d'une part, le prix en bout de course qui est trop faible, le prix de vente du vin,
05:01et les prélèvements, au tout départ, qui sont trop hauts.
05:03Dans un pays comme la France, où la consommation de vin est en perpétuelle baisse,
05:08est-ce qu'on n'aurait pas tort d'augmenter les prix du vin,
05:10c'est-à-dire de faire en sorte que les Français boivent encore moins de vin,
05:13et au contraire, est-ce qu'on n'aurait pas plutôt raison de baisser les prélèvements, les charges, les taxes, au départ de la chaîne ?
05:19Bien sûr qu'il faut baisser un certain nombre de choses.
05:23Aujourd'hui, les agriculteurs de chez moi, les viticulteurs ici, autour de Béziers,
05:29ils font face à une concurrence, par exemple, espagnole, qui n'est pas normale,
05:33au sens où moi je suis pour la concurrence, mais la concurrence à armes égales.
05:37Il y a un certain nombre de produits phytosanitaires, un certain nombre de produits qui sont interdits ici,
05:43et qui sont autorisés en Espagne, à 100 km de chez moi,
05:47et qui évidemment augmentent les rendements et font en sorte que la production est plus importante.
05:52Vous êtes viticulteur, enfin attendez, c'est comme si vous, vous étiez à BFM face à des gens qui ont une chaîne
05:58où les conditions de concurrence ne sont pas les mêmes,
06:01où vous, on vous empêche de faire un certain nombre de choses,
06:03alors que la chaîne concurrente, on lui autorise à les faire.
06:07C'est ça les réalités, c'est pour ça qu'ils en ont ras-le-bol.
06:09Et puis ils ont ras-le-bol encore d'autres choses, c'est d'une réglementation qui n'en finit pas.
06:15Demandez aux viticulteurs, demandez aux agriculteurs le temps qu'ils sont obligés de passer à la maison
06:21à remplir de la paperasse, à remplir des papiers.
06:25C'est ça l'idée de tout ça, ils n'en peuvent plus.
06:28Et néanmoins, M. Ménard, est-ce que vous ne voyez pas là une bascule culturelle française ?
06:32On a vu le succès, par exemple, de ce mois qui s'appelle le janvier sec, le dry january.
06:37On a vu la consommation du vin baisser, le marché du sans-alcool augmenter.
06:43Est-ce que finalement, les Français ne vont pas cesser de boire du vin ?
06:47Et est-ce qu'il faut vraiment défendre ce patrimoine ?
06:50D'abord, c'est le vin. Il y a des vins différents.
06:55Il y a un vin de vacances, il y a un vin de plaisir, il y a un vin de fête.
07:00Et puis, il y a un vin du quotidien qui, lui, a diminué.
07:03Vous avez raison, et je pense que c'est inéluctable.
07:05On boit de moins en moins, on le voit, du vin.
07:08Donc, je ne fais pas une apologie du vin.
07:11En plus, vous tombez avec quelqu'un qui n'en boit pas.
07:13Je n'ai à peine le dire aux viticulteurs, mais ils le savent et ils ne m'en veulent pas pour ça.
07:17Donc, je ne défends pas une position personnelle.
07:20Bien sûr qu'il faut que les agriculteurs et les viticulteurs évoluent sur le marché.
07:26Aujourd'hui, vous avez raison de le dire,
07:28il y a du vin sans alcool, il y a du vin pétillant et sans alcool.
07:32Il faut faire s'adapter au marché.
07:36Mais ils sont capables de le faire.
07:37Ils sont capables de le faire à condition quoi ?
07:40À condition que la concurrence des vins des autres pays
07:45ne soit pas avantagée par rapport à eux.
07:49Je vous signale qu'aujourd'hui, on importe en France 25% des vins qu'on consomme.
07:55On doit défendre notre agriculture.
07:58On doit défendre notre viticulture.
08:00Les agriculteurs, les viticulteurs sont prêts à faire des efforts.
08:03Ils en font tous les jours.
08:04Regardez ce qu'ils produisaient.
08:05Moi, je sais ce qu'on produisait chez moi il y a 30 ans.
08:07Et la qualité de ce qu'ils produisent aujourd'hui.
08:09Ils ont fait des efforts.
08:11Ils ont su s'adapter.
08:13Mais aujourd'hui, il faut les aider.
08:14Il faut les aider en arrachant un certain nombre de vignes
08:17qui produisent du vin qui est de mauvaise qualité
08:20et aider les gens à donc diminuer la production.
08:23Il faut les aider à irriguer.
08:25Aujourd'hui, il faut amener de l'eau.
08:27Il faut les aider à mieux commercialiser.
08:30Il faut les aider à s'adapter.
08:32Mais c'est une richesse la viticulture.
08:34Les vins de chez nous, de quoi on vous parle quand vous allez à l'étranger ?
08:38Des parfums, de la bonne bouffe et de nos vins.
08:40Nos vins, ils sont connus dans le monde entier.
08:42Il faut les défendre. Ça s'appelle le patrimoine, madame.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations