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00:008 ans moins le quart, quand un chauffard refuse de s'arrêter à un contrôle de police ou de gendarmerie,
00:05les Pyrénées-Orientales parmi les pires départements de France pour les refus d'obtempérer.
00:10Simon Colbock, on en parle avec notre invité, c'est le patron de la police nationale dans le département.
00:15Bonjour Laurent Astruc.
00:16Bonjour.
00:16Votre poste exact, directeur interdépartemental de la police nationale.
00:20Le ministère de l'Intérieur vient en effet dévoiler des statistiques assez impressionnantes.
00:24Sur les 5 dernières années, 300 refus d'obtempérer dans les Pyrénées-Orientales.
00:28Ça fait en moyenne 1 tous les 6 jours.
00:31Et par rapport au nombre d'habitants, nous sommes le deuxième département, le pire de France, derrière le Vaucluse.
00:38Comment ça s'explique selon vous ?
00:40Alors ça s'explique déjà par le positionnement géographique de ce département, qui est un département en frontière,
00:46où nous avons une part importante de ces refus d'obtempérer, qui sont connus et que nous subissons en entrée sur le territoire national,
00:55notamment à la Grande Barrière, avec un certain nombre d'individus qui refusent d'obtempérer aux injonctions de contrôle qui peuvent leur être faites par les policiers,
01:03qui depuis 2015 sont en permanence dans le cadre du rétablissement du contrôle frontière intérieure.
01:08Parce que l'autoroute A9 reste l'autoroute de la drogue, notamment ?
01:12L'autoroute A9 reste un axe de pénétration en France depuis la péninsule bérique importante,
01:17qui est utilisé par des trafiquants de stupéfiants qui utilisent ce vecteur rapide de pénétration dans notre pays.
01:25Donc ça en fait un point de passage privilégié, que ce soit sur l'axe autoroutier ou sur l'axe routier national qui lui est parallèle.
01:35Mais il n'y a pas que les trafiquants de drogue qui commettent des refus d'obtempérer.
01:39Pour quelles raisons les automobilistes refusent-ils de s'arrêter à un contrôle ?
01:43C'est un pari qui est un peu stupide de la part des gens qui pensent qu'ils vont pouvoir échapper à une infraction.
01:52Parce qu'à l'origine, il y a toujours une infraction qui est commise.
01:54Alors souvent, ce sont des infractions aux règles de la circulation, parce que les gens n'ont pas de permis de conduire, ne sont pas assurés.
01:59Après, ça peut être des choses un petit peu plus graves, beaucoup plus graves.
02:03Soit le véhicule est volé, ce qui arrive assez régulièrement, soit ce véhicule est utilisé pour transporter, pour importer dans notre pays des matières stupéfiantes.
02:13Alors selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, dans 97% des cas, ce chauffard c'est un homme.
02:19Et dans 3 cas sur 4, c'est un homme de moins de 30 ans.
02:23Au niveau national, le nombre de refus d'obtempérer a légèrement baissé l'an dernier.
02:27Mais dans les Pyrénées-Orientales, le syndicat Alliance parle d'un phénomène qui reste en augmentation.
02:31Est-ce que vous le confirmez aussi ? Est-ce que le début 2025 aussi est mauvais de ce point de vue ?
02:38Alors, on a connu l'an dernier, il y a deux types de refus d'obtempérer.
02:45Il y a ceux qu'on peut connaître en zone urbaine, et il y a ceux qu'on connaît en frontière, puisque notre département a cette spécificité, je le disais.
02:52L'année dernière, nous avons connu une baisse pour le secteur police nationale.
02:56Nous avons connu une baisse qui est une baisse de 16,5%.
02:58Donc c'est une baisse importante.
03:00C'est une baisse importante. Par contre, il y a refus d'obtempérer et refus d'obtempérer.
03:04Le refus d'obtempérer est simple, et les statistiques que vous évoquiez en font part.
03:10Les refus d'obtempérer sont des refus d'obtempérer aggravés et qui mettent en danger la vie, soit des policiers, soit des gendarmes, soit de nos collègues douaniers.
03:17Et ça, c'est un délit qui est un délit aggravé.
03:23La statistique montrait qu'il y avait une baisse au niveau national de 2%, mais une augmentation de ces refus d'obtempérer aggravés.
03:29On a exactement le même phénomène, et c'est un phénomène qui peut même monter en aggravé, pour nous sur la zone urbaine, qui monte à presque 33%.
03:3733% des refus d'obtempérer qu'on observe sont des refus d'obtempérer aggravés.
03:42Mais, statistiquement, pour l'an dernier, nous connaissons une baisse globale du nombre de refus d'obtempérer, mais une augmentation du nombre de refus d'obtempérer aggravés.
03:51Les refus d'obtempérer qui provoquent parfois de graves accidents, parfois des morts, au sein des forces de l'ordre, mais aussi au sein des automobilistes lambda.
03:59C'est arrivé sur l'autoroute A9.
04:01Deux morts ces deux dernières années dans le département, suite justement à des refus d'obtempérer.
04:05Quelles consignes donnez-vous à vos troupes dans ces cas-là, Laurent Astruc ?
04:09Est-ce qu'on peut tout faire pour arrêter un fuyard ?
04:12Non. La règle absolue, c'est la sécurité, un, des intervenants.
04:18Et la deuxième, c'est la sécurité des usagers et la sécurité du public qui pourraient être au bord du parcours de ces délinquants,
04:28puisque il faut les appeler comme ils doivent être appelés.
04:30Nous avons un certain nombre de possibilités, de techniques.
04:34Nous avons déjà, à l'endroit où se passe le contrôle et en fonction de comment est le contrôle,
04:38nous avons le dispositif d'interception des véhicules qui est utilisé.
04:42Ils sont assez équipés d'ailleurs, les forces de l'ordre, aujourd'hui, dans le département ?
04:45En frontière, systématiquement, on l'a réveillé.
04:47Dans tous les véhicules de police, vous avez les dispositifs qui permettent, ça se déploie très rapidement.
04:54C'est assez facile l'usage.
04:55Tous nos personnels sont formés à l'usage de ces dispositifs.
04:58Notamment ce bâton qu'on jette sous les roues des voitures, c'est ça ?
05:00Oui, ce dispositif qui est fait et qui est composé d'éléments qui permettent d'amener une crevaison lente de la voiture,
05:07parce qu'on a aussi le souci de la sécurité de ces délinquants,
05:09parce que si on faisait des crevaisons par explosion, ça serait un petit peu plus compliqué.
05:14Mais en dépit de ça, ils continuent à avoir des comportements particulièrement fous.
05:19Et des gens qui, avec un ou deux pneus crevés, peuvent rouler à 180 km heure.
05:22Mais on a aussi des dispositifs de vidéosurveillance, des vidéos protections qui nous permettent de suivre les véhicules.
05:30C'est pour ça qu'on n'est pas sur les fameuses chasses.
05:33On arrête systématiquement.
05:34Le centre de commandement arrête parce que nous avons un certain nombre d'éléments qui nous permettent après,
05:39par la voie judiciaire et par la voie de l'investigation, de retrouver et d'interpeller les gens.
05:44Ce taux, pour les Pyrénées-Orientales, est assez remarquable.
05:48Au niveau national, on a un peu plus de 60% des gens qui sont interpellés.
05:51Dans les Pyrénées-Orientales, on en a près de 80%.
05:53Il est 7h53, vous écoutez, ici Roussillon, Simon Colboch, notre invité,
05:57Laurent Astruc, directeur interdéportemental de la police nationale dans les Pyrénées-Orientales.
06:01Vous, vous avez mené ces dernières semaines, Laurent Astruc, vous et vos hommes,
06:06en association d'ailleurs avec la police municipale de Perpignan,
06:08des opérations de contrôle au niveau des trottinettes électriques.
06:11C'est vrai qu'on en voit énormément depuis quelques années.
06:14En deux heures, plus d'une trentaine de PV ont été dressés dans le centre-ville de Perpignan.
06:19Vous diriez que c'est devenu un fléau, aujourd'hui, ces trottinettes.
06:23C'est un problème qu'on doit prendre à bras-le-corps,
06:26parce qu'effectivement, nous avons un certain nombre d'accidents,
06:29du moins des accidents de plus en plus nombreux,
06:31entre les usagers de trottinettes et notamment les piétons.
06:37C'est un domaine de liberté, parce que c'est vrai que la trottinette,
06:41les gens n'associent pas ça à un véhicule motorisé.
06:43Mais c'est un véhicule motorisé.
06:45Lorsqu'elles sont électriques, c'est un véhicule motorisé.
06:47Et il y a une réglementation pour ça.
06:48On ne peut pas tout faire.
06:49Il faut savoir que l'usage de la trottinette électrique sur un trottoir est interdit.
06:54Que ces engins peuvent parfois être un peu débridés.
07:00Et ça aussi, c'est interdit, parce que la vitesse maximum, c'est 25 km heure.
07:03Donc, à l'aune des incidents que nous avions connus,
07:06des accidents que nous avons eus,
07:09en plus quand parfois des personnes âgées qui sont bousculées,
07:13et on connaît les conséquences à partir d'un certain âge de chute,
07:16nous avons décidé, avec la police municipale,
07:19de façon pédagogique dans un premier temps,
07:22puis après, la deuxième phase, c'est quelques...
07:25Il y aura d'autres contrôles ?
07:26Oui, bien sûr.
07:27Dès lors qu'on observe un non-respect des règles,
07:30il y aura d'autres contrôles.
07:33Un dernier mot, Laurent Astruc.
07:34Dimanche, suite aux orages, le commissariat de Perpignan a été en partie inondé.
07:37Plusieurs cellules ont été évacuées.
07:39Écoutez d'abord le coup de gueule de Marc Dufresne,
07:41responsable du syndicat Alliance dans les Pyrénées-Orientales.
07:43À peu près 10 cm d'eau, mais vous avez les égouts qui remontent avec.
07:47Avec la merde qui va avec.
07:49L'entreprise qui est venue justement pour enlever cette eau
07:51mélangée avec les extréments, 12 mètres cubes.
07:55Laurent Astruc, il doit de nouveau pleuvoir à partir de jeudi sur Perpignan.
07:59Ça va de nouveau déborder ?
08:00Il va falloir de nouveau évacuer des cellules ?
08:04L'évacuation des cellules, c'est que les plans d'action sont bien mis en œuvre
08:08et qu'on a la possibilité aussi de mettre à l'abri les gens qui sont privés de liberté
08:12lorsque des incidents comme ça arrivent.
08:17C'est un incident avec une pompe de relevage qui, comme ça peut arriver,
08:22n'a pas fonctionné totalement.
08:23Quand il pleut, vous avez les pieds dans l'eau, il y a des fissures qui apparaissent sur les murs.
08:27Ce commissariat, ça fait des années qu'on dénonce sa vétusté.
08:31Vous avez déjà connu un tel commissariat, vous, dans votre carrière ?
08:35Mon parcours professionnel fait que j'ai connu pas beaucoup de commissariats.
08:39Mais est-ce que vous avez déjà connu des commissariats dans un tel état ?
08:41On a des commissariats qui ont l'âge de leur mur et qui nécessitent un entretien
08:47et qui parfois nécessitent quelques réflexions.
08:49Alors tout le monde est d'accord et au plus haut niveau du ministère, tout le monde est d'accord
08:52et nous sommes sur la liste des commissariats qu'il faut refaire.
08:56On attend juste d'avoir la possibilité de financer ça.
08:59Je ne peux pas vous rappeler que la situation budgétaire est pour le moins compliquée.
09:03Il y a quelques mois, le maire de Perpignan disait que le commissariat de Perpignan était effectivement sur la liste
09:08et qu'il y avait le choix qui devait être fait entre Nice, Marseille ou Perpignan.
09:12Vous n'avez pas plus d'informations à ce jour ?
09:13Vous ne savez pas si c'est Nice qui a été choisie plutôt que Perpignan ?
09:17Ça va falloir attendre ? Ou alors aussi au contraire, des travaux vont démarrer ?
09:19Non, à ce jour, les arbitrages ne sont pas rendus.
09:23Nous savons que c'est toujours à l'ordre du jour, oui.
09:26Vous nous avez dit tout à l'heure, les trottinettes électriques, c'est un problème.
09:28Est-ce que le tas du commissariat aussi est un problème ?
09:31Le tas du commissariat, c'est une priorité qui est prise en compte.
09:34Et comme je vous l'ai dit, la question n'est pas de « est-ce qu'il faut faire ? »
09:38La question maintenant, c'est quand va-t-on le faire ?
09:40Et on le fera dès lors que la situation budgétaire et les financements pour construire cette totale police sera...
09:46Vos hommes peuvent travailler dans des conditions acceptables aujourd'hui au commissariat ?
09:50Là, on a eu un incident qui a été réglé.
09:53Vous n'avez pas dit oui, là.
09:54Mais on fait tout pour que les conditions de travail s'améliorent au quotidien
09:59et soient celles qu'on doit donner à des personnels pour assurer leur mission de service public.
10:03Merci beaucoup Laurent Astruc, je vous rappelle que vous êtes le chef de la police nationale chez nous dans les Pyrénées-Orientales.
10:09Je rappelle ce chiffre, les Pyrénées-Orientales, deuxième pire département de France pour les refus d'obtempérer.
10:16Mais vous nous l'avez dit, dans 80% des cas, dans 4 cas sur 5, ce chauffard finit par être interpellé chez nous.
10:23Et là, c'est nettement au-dessus de la moyenne nationale.
10:26Bonne journée à vous, M. Astruc.
10:27Merci, bonne journée.
10:28Merci.