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00:00Bonjour Karim Yahyaoui.
00:01Bonjour.
00:02Question simple, réponse complexe.
00:04J'imagine à quoi joue Donald Trump avec le Venezuela ?
00:06C'est une question légitime lorsqu'on voit ce déploiement de force avec ce navire de guerre, le Gérald Ford,
00:12tout simplement pour aller détruire quelques embarcations où il y a des narcotrafiquants.
00:19Donc c'est vrai que lorsqu'on voit le paradoxe à utiliser une telle puissance de feu
00:24pour faire face à cette menace qu'est le narcotrafic, on peut se poser la question.
00:29Et puis même sur cette question du narcotrafic, il y a des doutes pour se dire que c'est la véritable cause
00:36de cet immense déploiement de force.
00:39D'abord, Donald Trump l'a expliqué avec des mots bien à lui.
00:43Il s'agit de tuer des gens qui apportent des drogues dans notre pays.
00:47Et lorsqu'on s'intéresse un peu à cette assertion, on pense notamment au fentanyl,
00:53qui est le principal fléosanitaire, qui ne passe pas par Caracas, mais par le Mexique,
00:59en provenance de la Chine.
01:00Et puis on peut s'intéresser par exemple aussi à la cocaïne, qui arrive aux Etats-Unis,
01:06mais qui ne passe pas non plus par le Venezuela, elle passe directement par la Colombie,
01:10par sa côte pacifique.
01:12Elle transite par le Venezuela lorsqu'il s'agit de faire passer de la cocaïne en Europe.
01:17Mais pour les Etats-Unis, le Venezuela n'est pas directement concerné.
01:20Et les accusations en provenance de Caracas, selon lesquelles Donald Trump veut faire tomber
01:27le pouvoir en place, prennent tout d'un coup beaucoup plus de consistance.
01:32Et d'ailleurs, derrière Donald Trump, il y a un homme dans l'ombre, c'est Marco Rubio,
01:36qui est à la manœuvre, le secrétaire du département d'État américain,
01:40le ministère des Affaires étrangères américaines,
01:42qui lui n'a jamais caché son hostilité au régime en place.
01:45Lui, fils d'exilé cubain anticastrice, il est proche également de l'opposition de droite du Venezuela,
01:54notamment celle qui a pris le visage de Maria Corina Machado,
01:58qui a eu le prix Nobel de la paix tout récemment,
02:00et qui a dédié d'ailleurs ce prix Nobel à Donald Trump.
02:03Elle, elle est clairement partisane d'une opération militaire sur le sol vénézuélien,
02:10sans doute dans l'espoir de peut-être prendre la place de Nicolas Maduro.
02:14En tout cas, clairement, l'objectif, c'est pour Washington,
02:18installer un pouvoir qui lui serait plus favorable,
02:22et évidemment, l'ornier sur les réserves de pétrole,
02:2520% des réserves mondiales, c'est tout simplement énorme.
02:28Ça veut dire qu'il n'y a plus aucune place là pour la discussion, pour la négociation ?
02:31Pourtant, la négociation a eu lieu, elle a existé pendant de longs mois,
02:35depuis le début de l'année 2025.
02:37L'envoyé spécial de Donald Trump, qui s'appelle Richard Grenell,
02:40a rencontré à maintes reprises des représentants vénézuéliens.
02:44Six Américains ont été libérés.
02:47Les Américains eux-mêmes ont renvoyé vers le Venezuela des centaines de migrants
02:52qui étaient accusés d'appartenir à un gang.
02:54Nicolas Maduro a même proposé que les entreprises américaines
02:58aient un accès privilégié aux réserves de pétrole du pays.
03:02Les médias se sont faits même l'écho de l'hypothèse
03:06que Nicolas Maduro puisse s'effacer.
03:08Une idée qui était portée notamment par la vice-présidente du pays
03:12et par le président de l'Assemblée nationale,
03:14avec cet objectif de maintenir en quelque sorte le système Maduro,
03:19mais sans Maduro.
03:20Eh bien, à toutes ces propositions, Donald Trump a dit non.
03:24Lui qui aime pourtant les deals qui lui sont favorables.
03:27Alors aujourd'hui, le Venezuela n'a qu'une option, montrer les muscles,
03:31tenter de montrer les muscles en expliquant, comme Nicolas Maduro le fait,
03:35que le pays est en capacité de résister à l'impérialisme américain.
03:39En réalité, le président vénézuélien sait pertinemment
03:42que si Donald Trump décide d'employer de la manière forte,
03:46il y a peu de chances qu'il survive à ces opérations.
03:49Alors on comprend que chacun effectivement montre les muscles,
03:52chacun avec ce qu'il a.
03:55Est-ce qu'on va vraiment, côté américain, vers une opération militaire ?
03:59Alors il y a certains éléments qui le laissent présager,
04:02notamment cet incroyable déploiement de force,
04:06un coup de bluff, pas si sûr,
04:08puisque avant même l'arrivée du Gérald Ford,
04:11il y avait déjà un dispositif colossal qui était mis en place,
04:14notamment une base en pleine mer avec 200 hommes.
04:1810 000 hommes seraient déjà prêts à intervenir à la demande de Donald Trump.
04:21Les hélicoptères n'ont jamais cessé de survoler la zone ces dernières semaines.
04:26Tout ça laisse craindre la possibilité d'une opération militaire de grande envergure.
04:31Ensuite, ces bombardements américains contre des embarcations de narcotrafiquants.
04:35On a bien vu que Donald Trump n'avait que peu de considérations
04:40pour le droit international et pour la justice.
04:42Beaucoup de voix se sont élevées, notamment du côté de l'ONU,
04:45où on évoque la possibilité d'exécution extrajudiciaire.
04:48Les Russes également.
04:50On a vu que les Britanniques avaient pris leur distance
04:52en ne partageant plus de renseignements avec les États-Unis déjà depuis un mois.
04:57Mais rien ne semble faire reculer Donald Trump.
04:59Donc tout ça, c'est assez inquiétant.
05:01Et dernier élément, on se souvient que lors de son premier mandat,
05:04Donald Trump avait cherché à faire tomber Nicolas Maduro.
05:07C'était déjà Marco Rubio qui était à la manœuvre.
05:10Mais à l'époque, on avait utilisé d'autres moyens.
05:12Une pression diplomatique, un isolement commercial
05:15et aussi la possibilité de s'appuyer sur une partie de l'armée vénézuélienne
05:21qui aurait été hostile à Maduro et qui aurait pris fait et cause
05:25pour l'opposant du moment qui s'appelait à cette époque-là Juan Guaido.
05:29Alors on peut espérer que l'escalade n'ait pas lieu.
05:33Sans doute que dans l'esprit de Donald Trump,
05:35il y a peut-être le précédent irakien.
05:38On se souvient de cette invasion
05:41qui avait eu des conséquences catastrophiques pour toute la région.
05:45Et puis Donald Trump qui, à maintes reprises,
05:48a voulu se présenter comme un homme de paix
05:50et écarter les ingérences quelles qu'elles soient.
05:55On sent bien qu'il est un petit peu au carrefour des chemins
05:57et que cette intervention, si elle se fait,
06:01pourrait provoquer une déstabilisation majeure de toute la région.
06:05Merci beaucoup Karim.
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