- il y a 1 heure
Dans un entretien accordé à TVL, Bruno North, président du CNIP (Centre National des Indépendants et Paysans) - le parti fondé par René Coty et Antoine Pinay - revient sur une situation politique française catastrophique qu’il juge marquée par l’épuisement du système institutionnel. Il évoque aussi la situation délicate de son parti, historiquement passerelle entre la droite modérée et la droite nationale, et s’exprime sur la question sensible de l’union des droites ou de l’union des patriotes. Mais c’est surtout sur la question de la ruralité qu’il concentre son propos. Pour lui, le monde rural et agricole doit redevenir une priorité nationale : il incarne à la fois un défi territorial, écologique et économique majeur. Bruno North alerte sur la désertification médicale qui frappe les campagnes, l’abandon des services publics et la perte d’attractivité des métiers agricoles. Il plaide pour une véritable politique d’aménagement du territoire et une réconciliation entre la France des métropoles et celle des villages. À travers cette vision, le CNIP entend replacer la ruralité et le monde agricole au centre du projet politique français.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Générique
00:00Il est le président du plus vieux parti de droite en France
00:09qui a connu son apogée il y a plusieurs décennies,
00:13le CNIP, le Centre National des Indépendants et Paysans.
00:17Bruno Nort, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Avant d'évoquer le parti qui fut celui de René Coty ou d'Antoine Pinay,
00:23la situation politique de votre parti, son rôle, son avenir,
00:26je vais, si vous voulez bien, vous faire réagir à l'actualité.
00:31Le nouveau gouvernement cherche, on le sait, un budget pour la France
00:34dans un climat de forte tension parlementaire.
00:37Est-ce une manière acceptable de gouverner
00:39ou est-ce que c'est pour vous le signe d'un épuisement du système institutionnel ?
00:43Et dans ce cas-là, que faut-il faire ?
00:46On est surtout au bout de la Macronie.
00:50Parce qu'il ne faut pas oublier qu'indépendamment des institutions
00:52qui tiennent le pays, parce que s'il n'y avait pas nos institutions,
00:55je ne sais pas où nous en serions.
00:57C'est surtout l'imbécillité, j'allais dire, du président de la République
01:02qui, alors qu'on ne lui demandait rien, a dissous l'Assemblée générale
01:06après une élection où, en général, il ne se passe rien.
01:10Si on regarde l'histoire des élections européennes,
01:13eh bien, en règle générale, il n'y a aucune conséquence politique interne.
01:18Mais lui, pour des raisons qui lui incombent,
01:22a décidé de dissoudre et à nous mettre dans la situation
01:25dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
01:27Alors, qu'est-ce qu'on peut dire pour un parti qui est quand même issu
01:29de la Quatrième République ?
01:32D'abord, il y a eu un dévoiement des institutions,
01:34parce que les équilibres institutionnels ont changé.
01:37Ça n'a échappé à personne qu'entre la constitution de Michel Debré
01:40et l'évolution de 1962, Général de Gaulle,
01:43le quinquennat plus tard, etc.,
01:45on a été vers une présidentialisation du régime.
01:48Et on en paye le prix aujourd'hui.
01:52Parce que, finalement, on doit rentrer dans plus de parlementarisme.
01:56On doit rentrer dans plus de respect du Parlement.
01:59Et aujourd'hui, on est dans une crise, évidemment,
02:02parce qu'il n'y a pas de majorité évidente à l'Assemblée nationale.
02:07Alors, si vous voulez…
02:09Moi, la question du budget, elle est très simple
02:12pour les libéraux conservateurs que nous sommes.
02:16C'est, point 1, diminuer les dépenses publiques.
02:19Point 2, diminuer les dépenses publiques.
02:22Point 3, diminuer les puissances publiques.
02:24Et point 4, ne pas augmenter les impôts.
02:27À partir du moment où on ne va pas là-dedans,
02:31nous ne pouvons pas être favorables à quelque issue que ce soit,
02:34qui ne sont que des tripatouillages,
02:36qui ne vont pas dans l'intérêt des Français.
02:39Aujourd'hui, il n'est plus acceptable
02:41que nous ayons une dette aussi énorme.
02:44Il y a des coupes sombres à faire partout,
02:48dans des choses qui n'ont pas d'intérêt.
02:50Je ne vais pas citer l'aide au développement des pays,
02:53quelquefois exotiques,
02:54mais on paye de…
02:57On donne de l'argent à la Chine, à l'Algérie,
03:01le meilleur développement qui est le nôtre,
03:04c'est celui de la France, pour le moment.
03:05Remettons la France au centre de nos préoccupations
03:08et arrêtons de toujours vouloir préserver je ne sais qui.
03:13Voilà, c'est ça la réalité.
03:15Et faire une politique pour la France et pour les Français
03:19et non pas pour préserver quelques précarés.
03:22On voit que l'exécutif est affaibli
03:25dans une situation budgétaire
03:27que tout le monde considère comme catastrophique.
03:30Quelle doit être l'attitude d'une droite à ce moment-là ?
03:32Vous avez apporté un élément de réponse,
03:34mais on voit bien à l'Assemblée nationale
03:35que ceux qui se définissent de droite,
03:38et si on élargissait ceux qui se définissent patriotes,
03:41n'ont pas forcément la même attitude.
03:43Certains cherchent à composer,
03:45d'autres à participer,
03:47d'autres à proposer,
03:49d'autres à s'opposer.
03:50Si vous étiez députés ?
03:51– Tout d'abord, je voudrais dire qu'aujourd'hui,
03:55on est l'otage du Parti Socialiste.
03:57On essaye de composer avec, finalement, la gauche.
04:01Vous ne pouvez pas penser que le CNIP,
04:04une seule seconde, pourrait être d'accord
04:07pour composer avec le Parti Socialiste.
04:09Ensuite…
04:10– Ça, vous le savez,
04:11avec les macronistes, ils sont issus de la gauche.
04:12– Non, oui, tout à fait.
04:14Donc, c'est la raison pour laquelle vous voyez bien
04:16dans quel sens nous allons.
04:19Ensuite, nous avons les Républicains
04:20qui sont, depuis des années,
04:23la béquille de soutien au macronisme.
04:26Je ne peux pas soutenir une telle politique
04:28parce que ça va forcément à l'encontre
04:31de ce que nous voulons faire.
04:33Encore une fois, nous sommes des libéraux conservateurs,
04:36libéraux en économie
04:37et conservateurs sur les valeurs,
04:39les grandes valeurs de la société et de la France.
04:42Donc, moi, je ne comprends pas l'attitude des Républicains
04:45qui, finalement, s'abstiennent de voter la censure
04:49d'un gouvernement alors qu'ils ne sont pas d'accord
04:52sur les visées économiques du gouvernement.
04:55Ensuite, il y a les autres.
04:56Bon, vous avez cité les Patriotes.
04:58Moi, j'appelle certains partis les nationaux populistes
05:05ou je pense qu'au Rassemblement National,
05:08que je ne considère pas d'extrême droite,
05:09mais je considère que c'est du national-populisme.
05:11Donc, qui va aussi à l'encontre,
05:13quand j'entends Philippe Tanguy sur la politique économique
05:15qu'il veut mener, évidemment, ce n'est pas tout à fait la nôtre.
05:18Ce n'est pas tout à fait la nôtre.
05:19Encore une fois, toute politique qui n'aura pas
05:22comme objectif majeur de diminuer les dépenses publiques
05:26de façon drastique n'aura pas notre soutien.
05:28Et le deuxième point, c'est qu'il faut arrêter,
05:30comme dirait Georges Pompidou, d'emmerder les Français
05:33et il faut arrêter de les taxer pour tout et n'importe quoi.
05:36Donc, sans cela, il n'y aura pas de véritable reprise économique.
05:42Et puis, pour citer Antoine Pinet,
05:45pour que l'économie fonctionne dans un pays,
05:47il faut la confiance.
05:49Est-ce qu'aujourd'hui, les milieux économiques
05:51et les Français ont confiance ? J'en doute.
05:54– Retour au CNIP, si vous voulez.
05:56Je vous ai présenté comme le président du CNIP.
05:58Est-ce que c'est exact, en fait ?
06:00Est-ce que c'est sûr, ça ?
06:01– C'est tout à fait certain.
06:03– C'est déchiré, là, il y a encore quelques semaines.
06:05– Oui, enfin, on est face à un usurpateur
06:09qui a utilisé des faux pouvoirs.
06:12D'ailleurs, il y a une plainte pénale
06:13avec Constitution de Parti Civil
06:15contre, je me permets de le dire,
06:18ce sinistre personnage qui s'appelle Philippe Thor.
06:20Je ne peux pas faire trop de publicité,
06:21c'est mauvais de citer l'un.
06:23– C'est en plus qu'il n'est pas invité ici.
06:23– Oui, absolument.
06:24– Il n'est pas invité pour qu'on puisse en parler.
06:25– Oui, absolument.
06:26– Mais en tout cas, bon, il y a une plainte pénale.
06:30Il y a des constatduissiers qui font foi.
06:35Et aujourd'hui, je suis bien à la tête du mouvement
06:37avec un comité directeur, un bureau politique
06:40qui fonctionne, nous faisons de la politique.
06:42Je suis en contact avec un certain nombre
06:44de présidents des autres formations politiques.
06:47Et tout va très bien.
06:48Mais tout ça a été cousu de fil blanc, si vous voulez.
06:50Quand vous voyez, à la suite de la tentative de Putsch,
06:56que ce sont Laurent Jacobelli, Sébastien Chenu
07:00et votre homonyme, Bill, qui saluent l'élection
07:03du faux président Philippe Thor,
07:06évidemment, on peut se poser de légitimes questions.
07:09Mais aujourd'hui, les choses ne prospèreront pas,
07:12ne prospèrent pas.
07:13Et je suis bien le président légitime
07:15du Centre national des indépendants et paysans.
07:17– Et vous étiez le président, et vous êtes encore le président
07:20d'un parti qui se voulait une passerelle
07:22entre, d'un côté, les Républicains reconquête
07:26et de l'autre côté, le Rassemblement national et d'autres.
07:30Et là, on voit bien que dans votre propos liminaire,
07:33vous avez pris à partie les Républicains,
07:35pris à partie le Rassemblement national.
07:37Quel rôle jouez-vous dans cette recomposition ?
07:39– Mais d'abord, il faut donner du sens au mot.
07:41Nous avons toujours été hostiles à tous ceux
07:45qui ne luttaient pas contre la gauche, premièrement.
07:48Et deuxièmement, on a toujours dit,
07:50et vous connaissez la formule, pas d'ennemis à droite.
07:53D'abord, il faut savoir ce qu'aujourd'hui,
07:56qui est de droite ?
07:58Et qui revendique être de droite ?
08:00Vous avez cité un parti qui ne se revendique pas de droite.
08:04Marine Le Pen dit clairement qu'elle n'est pas de droite.
08:07Bon, Jordan Bardella, c'est un peu plus nuancé, on va dire.
08:09Mais je veux dire, moi, je veux mener une politique
08:12avec des gens avec lesquels on est d'accord.
08:15Et on ne peut pas être d'accord que sur la question migratoire.
08:18– Vous avez appelé à voter Marine Le Pen.
08:20Elle n'avait pas changé d'avis.
08:22– Oui, mais attendez…
08:22– Elle était constante dans ses définitions.
08:24– Mais absolument, mais attendez.
08:27Au premier tour, on choisit.
08:29Au deuxième tour, on élimine.
08:31Vous avez observé que nous n'avons jamais été en faveur
08:33d'un candidat du Rassemblement national au premier tour.
08:35– Mais écoutez, au deuxième tour, effectivement.
08:39D'abord, nos électeurs sont quand même d'une sensibilité
08:41qui n'est pas une sensibilité gauchiste.
08:43Donc voilà, on est dans une sensibilité
08:44où on doit être le plus proche.
08:46Et puis, il y a un curseur, il y a quand même un dénominateur commun.
08:50Nous ne taxons pas, en tout cas, le Rassemblement d'extrême droite
08:53comme ses plus forts détacteurs.
08:56Il y a des choses sur lesquelles on peut être d'accord.
08:57Et puis, il y a des choses avec lesquelles on n'est pas d'accord.
08:59Et on n'est pas d'accord sur deux sujets fondamentaux,
09:02les questions économiques et les questions sociétales.
09:05Et effectivement, si on peut être d'accord sur un certain nombre de mesures
09:09en ce qui concerne l'immigration, ça ne fonde pas toute une politique.
09:13Et ce n'est pas pour cette raison que le Rassemblement national
09:17constitue pour le CNIP un ennemi.
09:20L'ennemi politique du CNIP, c'est la gauche, c'est l'extrême gauche,
09:23c'est LFI, c'est la gauche.
09:24Et aujourd'hui, on ne peut pas taxer le Rassemblement national
09:29de partis de gauche, comme certains se plaisent à dire.
09:31– Alors, on parle par exemple partout de l'union des droites.
09:36Du côté des rassemblements nationaux, j'ai bien entendu,
09:38on parle plutôt de l'union des patriotes,
09:40c'est le terme que Mme Le Pen a utilisé.
09:42Est-ce qu'en fait, ce changement de mots peut débloquer la situation
09:45ou est-ce que les antagonismes sont encore trop forts ?
09:48– Entre qui et qui ?
09:49– Entre tous ces partis qu'on vient d'évoquer.
09:50– C'est des questions, c'est des questions, comment dirais-je,
09:54de chapelle, d'égo, je veux dire que, attendez,
09:59ce qui est important dans cette affaire, c'est l'avenir de la France.
10:02Enfin, moi, je constate que l'attitude du Rassemblement national
10:05n'est pas une attitude de rassemblement.
10:07Regardez ce qui se passe à Nantes, regardez,
10:10ils veulent arriver à gouverner,
10:12et on n'a pas vocation à se soumettre et à se diluer.
10:17Si on est considéré comme un allié respecté et respectable,
10:21il n'y a pas de sujet.
10:22Mais si on a vocation à devenir un impendice
10:25et finalement à disparaître,
10:27ben non…
10:28– C'est pas qu'à dire Eric Cioti ?
10:29– Pardon ?
10:29– Eric Cioti, il a toute sa place, il disparaît pas ?
10:32– Non, mais je ne dis pas ça,
10:34mais quand on est trop…
10:36l'idée initiale de mon adversaire,
10:39c'était de faire en sorte qu'on devienne un impédice,
10:41et puis c'est tout.
10:42Non, les valeurs du CNIP, c'est les valeurs d'indépendance.
10:46J'ai la capacité de dire oui ou non.
10:49D'abord parce que je suis un chef d'entreprise
10:51et comme un chef d'entreprise, je ne dois rien à personne.
10:54Je ne dépends pas de…
10:56comment dirais-je ?
10:58de la mode et du temps,
11:00je n'ai pas à plaire au prince,
11:01j'ai à dire ce qui est, comment ça doit l'être,
11:04point final.
11:05Donc c'est l'une des valeurs fondamentales du CNIP,
11:07l'indépendance.
11:09Et nous soutiendrons les candidats.
11:11– Je vais vous citer quelqu'un
11:12avec lequel pourtant,
11:15qui me semble être remarquable aujourd'hui,
11:18c'est Sarah Knaffon.
11:19Nous avons beaucoup de points de convergence
11:22avec ce qu'elle exprime.
11:25Son contre-budget,
11:26il y a plein de points de convergence.
11:29Son contre-budget est sur plein de sujets
11:31qu'elle exprime
11:32et où on a l'impression d'avoir en face de nous,
11:35comme c'était le cas avec Éric Zemmour,
11:37une véritable femme de droite.
11:39Ce que nous appelons de nos voeux,
11:41c'est que les gens de droite se rassemblent
11:43autour d'un certain nombre de personnalités
11:46qui auront plus le sens de l'intérêt général
11:49que le sens de leur avenir politique,
11:51dont tout le monde se fout.
11:52– C'est bien compris.
11:54Il y a quelques jours,
11:55on va changer complètement de sujet,
11:56pour revenir aux Français et puis à la politique tout court.
11:59vous avez sillonné les Hauts-de-Pyrénées,
12:02c'était il y a quelques jours,
12:03écoutant agriculteurs, maires et habitants,
12:06mais avec une volonté claire qui est de replacer la ruralité,
12:09je vous cite, au centre du débat national.
12:12Ça, c'est important pour vous.
12:14Bien sûr, dans le CNIP, il y a le bouc P paysan,
12:16mais néanmoins, au-delà de cela.
12:17– Alors, paysan, attention, ne nous y trompons pas.
12:21Paysan, ce n'est pas forcément un agriculteur.
12:23C'est un terme qui est très particulier dans la langue française
12:27et je suis très attaché au sens des mots, à la sémantique.
12:32Un paysan, c'est, ou une paysanne,
12:34c'est un homme ou une femme du pays, du païs.
12:37C'est un homme ou une femme de tradition.
12:41Et c'est cet ancrage-là qu'il faut défendre,
12:43parce qu'on est en train de perdre nos valeurs,
12:45nos traditions, tout ce qu'on doit transmettre.
12:48Et quand on va dans cette ruralité,
12:50je vais dire ce que certains pensent,
12:55c'est Gueux, qui finalement n'ont rien.
12:58Il n'y a pas de numérique, il n'y a pas de santé.
13:01Enfin, ils sont dans leur coin,
13:02des petits villages de 50-60 habitants,
13:05et finalement, on s'en fout.
13:06On a déversé des milliards d'euros au profit des banlieues.
13:10Pourquoi faire ? Dans quels bénéfices ?
13:13On voit ce qui se passe, notamment dans le département de Seine-Saint-Denis,
13:18ce qu'on appelle le 9-3.
13:19Et alors, ces gens qui, finalement,
13:22représentent toute la grandeur de la France qui vient de loin,
13:29tous ces gens qui sont attachés à leur pays,
13:32à leur tradition, aux valeurs de la France éternelle,
13:35eh bien, ces gens-là sont délaissés.
13:37Et c'est pour ça qu'effectivement,
13:39la ruralité, c'est un des points importants
13:41de notre programme politique,
13:46sachant que ce que je constate, et ce qui est dommage,
13:49c'est qu'aujourd'hui, dans la ruralité,
13:51on vote pour des partis sans que ces partis
13:53aient véritablement un programme sur la ruralité.
13:56– Mais on va parler, le monde agricole,
13:58c'est-à-dire qu'il est au cœur de plusieurs défis,
14:00des défis territoriaux, écologiques, bien sûr, économiques.
14:04Quelles sont pour vous, concrètement, là,
14:06les priorités à mettre en œuvre ?
14:07Est-ce qu'elles rejoignent, d'ailleurs,
14:08la préoccupation des syndicats d'agriculture ?
14:12Je pense, par exemple, à la FNSEA, bien sûr,
14:14mais surtout à la coordination rurale.
14:16– Alors, encore une fois,
14:19ruralité et syndicalisme paysans,
14:22ce n'est pas tout à fait la même chose.
14:24– Vous passez sur le monde agricole.
14:25– Oui, oui, mais le problème,
14:27c'est que le monde agricole n'est pas d'accord sur tout.
14:30Prenez le Mercosur.
14:31Vous voyez les disparités.
14:34Vous discutez avec tel syndicat,
14:37par exemple, vous prenez le syndicat des vignerons,
14:40le syndicat des vignerons,
14:40enfin, des vignerons indépendants ou des vignerons,
14:43mais il dit que le Mercosur,
14:45ce n'est pas forcément une mauvaise chose pour eux.
14:47Donc, la difficulté, c'est l'unité de ce monde-là
14:51qui, par définition, est profondément désuni.
14:56– Comme tous les Français, aujourd'hui.
14:57– Comme tous les Français,
14:58sauf que c'est beaucoup plus compliqué à mettre en œuvre.
15:00Alors, évidemment, si on parle de l'Europe,
15:01on est à peu près d'accord.
15:03Si on parle de…
15:03Mais même sur les questions européennes,
15:05vous avez des agriculteurs, pour ne pas dire paysans,
15:10qui disent, voilà, la politique agricole commune avait du bon.
15:14Aujourd'hui, s'il y a un leitmotiv pour ce monde-là,
15:19c'est faire en sorte qu'on leur rende leur dignité
15:24et qu'on leur permette de vivre de leur travail.
15:29Ni plus ni moins.
15:30J'ai un seul mot d'ordre pour ces agriculteurs,
15:35dont on sait, on est tous, vous le savez,
15:39issus d'ancêtres agriculteurs.
15:41Eh bien, moi, je veux qu'on leur rende leur respect.
15:44Je veux qu'on leur rende leur dignité.
15:45Et la seule façon de leur rendre de dignité,
15:47c'est d'arrêter qu'ils vivent avec des aides,
15:50comme c'est le cas pour d'autres.
15:51Mais c'est une réalité qui est quand même
15:53beaucoup plus accrue dans ce monde agricole,
15:56parce que ça, c'est des gens qui bossent du soir au matin,
15:58qui n'ont quasiment pas de vacances.
16:00Et d'ailleurs, c'est symptomatique de voir
16:02comment évoluent les jeunes générations,
16:05qui ne veulent plus vivre l'agriculture,
16:07comme leur ancien, qui étaient finalement des esclaves
16:11de leurs exploitations et qui travaillaient du soir
16:15au du matin, 7 jours sur 7, 365 sur 365.
16:18– Qu'est-ce que vous ne considérez pas
16:20que les gouvernements de l'extrême-centre
16:21semblent avoir entendu les appels à l'aide du monde agricole ?
16:2515 juin 2023, le lancement du plan France Ruralité.
16:29Janvier 2024, eh bien, c'est le débat sur un tas de foins.
16:32Vous vous rappelez, Gabriel Attal a lancé un premier lot
16:35de 67 engagements en faveur de l'agriculture.
16:38Et puis, tout dernièrement, il y a eu aussi
16:39un comité interministériel aux ruralités.
16:42Est-ce que, finalement, tout cela ne va pas dans le bon sens ?
16:45Une prise en considération du premier ministre de l'époque,
16:47Gabriel Attal, c'était important ?
16:49Il n'était jamais sorti de Paris ?
16:51– Oui, enfin, tout ça est de la cosmétique.
16:53Je veux dire que, bon, on peut dire tout ce qu'on veut,
16:56il y a la réalité de l'action.
16:58Moi, je veux saluer, par exemple, pour être concret,
17:02le pacte sur les ruralités de la région Grand-Est,
17:06750 millions d'euros en faveur de la ruralité.
17:11Ça, c'est du concret.
17:12C'est sortir de toute zone blanche en matière de numérique.
17:17C'est-à-dire que, même dans le plus petit village,
17:19il va y avoir de la fibre, parce que c'est important.
17:22Ensuite, la question de la santé.
17:24Alors, la question de la santé, c'est un peu plus compliqué,
17:28parce que, bon, on est dans une technostructure,
17:31donc on nous raconte des choses qui vont absolument…
17:34– Vous ne m'avez pas répondu.
17:35Est-ce que tout ça, ça va dans le bon sens ?
17:37Parce que, bien évidemment, vous me dites,
17:38il y a des prises de décision, on ne les voit pas,
17:40mais il y a des prises de décision importantes,
17:42mais il faut bien évidemment du temps pour que les annonces
17:43se traduisent en réalité concrète dans chaque ferme,
17:47dans chaque commune rurale.
17:48– Franchement, je n'y crois pas.
17:51Ce sont des propositions qui, souvent, sont technocratiques.
17:55et j'attends de voir concrètement, je suis comme Serane,
17:59j'attends de voir concrètement les mesures
18:01et je suis surtout circonspect sur le fait que ce soit adapté
18:07à la réalité des agriculteurs et de ce qu'ils souhaitent.
18:11On ne peut pas toujours mener une politique en fonction de considérations,
18:14qui sont des considérations statistiques
18:17et qui ne correspondent pas forcément à la réalité du terrain.
18:20Écoutez, ce qui est surréaliste, c'est que vous l'avez dit vous-même,
18:24on a vu un jour un Premier ministre sur un tas de paille,
18:29peut-être qu'on aurait pu voir un coq sur un tas de fumier, effectivement.
18:32La réalité, c'est que ces gens-là ne connaissent rien
18:34à la réalité du quotidien de nos concitoyens
18:38et en particulier du monde agricole.
18:41– Est-ce que vous considérez néanmoins
18:42que va dans le bon sens, par exemple,
18:44l'apparition de syndicats plus représentatifs ?
18:47– À la FNSEA, par exemple, pour ne pas la nommer…
18:50– À l'évidence, vous allez vous parler d'un indépendant,
18:55donc tout ce qui va dans le sens de l'indépendance
18:57et qui va dans le sens de…
18:59Enfin, la FNSEA, elle a une position, effectivement,
19:03qui s'effrite, il faut qu'elle fasse attention,
19:06mais c'est souvent le représentant institutionnel plus exclusif.
19:14C'est vrai que les choses évoluent,
19:15on a vu que les élections n'allaient pas forcément pour eux dans le bon sens,
19:20donc tout ce qui va pour une expression plus libre et plus indépendante,
19:25des préoccupations et quelquefois hors considération politique,
19:28va dans le bon sens, à mon avis.
19:30– Alors, lors de vos déplacements en zone rurale,
19:32vous mettez l'accent, vous l'avez fait un instant,
19:33sur le problème essentiel qui est la désertification médicale.
19:36Alors, on connaît le constat,
19:37près de 7 millions de Français vivent dans un désert médical,
19:41que faire là encore concrètement ?
19:42Quand on sait que cette situation touche désormais aussi,
19:45d'ailleurs, les villes moyennes et les banlieues.
19:49– Alors, là, on parle sur la ruralité,
19:51quand on regarde, moi, je suis un élu du Grand Est,
19:55un élu des Ardennes,
19:57quand on voit qu'on supprime ou qu'on veut supprimer des services
20:00dans des hôpitaux,
20:02alors qu'il faut faire plus de 50 kilomètres pour accoucher,
20:06quelques fois pour les urgences, etc.,
20:08que déjà, les hôpitaux des villes moyennes que vous évoquiez,
20:12sont déjà surchargés.
20:14Moi, je parle, par exemple, du Rôtelois,
20:17où, finalement, le choix, c'est d'aller soit à Charleville,
20:20soit à Reims, simplement, ils sont déjà submergés.
20:23Donc, je ne vois pas pourquoi on ne maintient pas
20:26des services de santé de proximité.
20:29Vous savez, la ruralité,
20:31le fondement de la ruralité, c'est la proximité.
20:34C'est pouvoir prendre des décisions au plus près des citoyens.
20:37Et c'est exactement la même chose.
20:38Nous devons favoriser…
20:40Alors, maintenant, on met en place des maisons de santé,
20:42il y a plein de choses, mais il faut…
20:43– Il y a 200 maisons de juridisciplinaires d'ici 2027.
20:47– Absolument. Alors là, pour le coup, ça va dans le bon sens.
20:49Là, ça va dans le bon sens, c'est clair.
20:50Mais quand l'ARS, des fonctionnaires,
20:54décident de supprimer tel service pour faire…
20:57Est-ce qu'ils se préoccupent de la santé des gens ?
20:59Moi, quand j'ai des gens qui ne peuvent pas accoucher
21:01parce qu'ils sont sur l'autoroute et qu'ils accouchent sur l'autoroute,
21:04je me pose des questions.
21:05Alors, ces histoires de temps,
21:07on devrait pouvoir se soigner à un quart d'heure,
21:10pas à 50 kilomètres.
21:1150 kilomètres, c'est trop.
21:13Et ça a été des décisions à la hache arbitraire
21:16et surtout financières.
21:18Mais c'est le raisonnement de ces gens-là.
21:22Je veux dire, est-ce qu'il y a d'humains ?
21:24Autre préoccupation du CNIP,
21:26remettre de l'humain dans la politique,
21:29ce n'est pas des bêtes, les gens.
21:32On fait tout d'abord pour avilir le peuple.
21:34Bon, ok, au niveau culture, information, enfin bon, bref.
21:36Mais au niveau de la santé, on fait des choix
21:38qui ne sont pas des choix pour permettre aux gens
21:41d'être en bonne santé.
21:42On fait des choix budgétaires.
21:44On parle de finances, de fric en permanence.
21:46Eh ben non !
21:47Ou alors, effectivement,
21:49si moi je considère que c'est une priorité nationale
21:51et qu'il faut injecter plus d'argent,
21:54comme je pense qu'il faut injecter plus d'argent
21:56sur les fonctions régaliennes,
21:59la justice, l'armée,
22:01enfin bon, sur les fonctions régaliennes.
22:03Oui, il y a aussi d'autres sujets,
22:05dont la santé.
22:06Et il ne faut pas se méprendre.
22:07Sur les lois de bioéthique, moi, la priorité,
22:11c'est de faire en sorte que sur tout le territoire,
22:15il puisse y avoir des soins palliatifs à peu de distance
22:18avant de se préoccuper de ce qu'on fera après.
22:21Et tant qu'il n'y aura pas cette égalité-là,
22:24parce que l'égalité de la mort, ça, on sait,
22:26on est tous voués à mourir, c'est clair.
22:28Mais l'égalité de pouvoir être soigné,
22:30d'abord dignement, de supprimer les souffrances,
22:33c'est quand même une réalité avant de penser à autre chose.
22:36Mais ça, c'est les valeurs sociétales que nous défendons.
22:40Retour à la politique politicienne, si vous voulez bien,
22:41ce qui me reste quelques secondes seulement.
22:44Malheureusement, j'ai deux questions à vous poser.
22:45Premièrement, soyons clairs et francs,
22:48est-ce que vous n'évoquez pas encore la ruralité,
22:49parce que c'est là où vous disposez d'un tissu
22:51de petits élus locaux et ruraux,
22:53et donc c'est là encore que vous êtes un peu puissant ?
22:56– Oh, je ne suis pas…
22:58Enfin, vous êtes un peu dur, là, parce que…
23:00– Je vous pose la question.
23:01– Non, non, j'entends bien.
23:03Et si vous voulez, je ne vais pas me réinventer.
23:06S'appeler Centre National des Indépendants et Paysans,
23:09c'est forcément que la ruralité a été importante dès le départ.
23:13C'est 1952, la fusion du Centre National des Indépendants
23:17et du Parti Paysan de Pôle Entier,
23:19il faut savoir, vous savez, c'est notre problème,
23:20de savoir d'où on vient, qui on est et où on va.
23:23Et je pense qu'aujourd'hui, la ruralité est à défendre,
23:27parce qu'effectivement, on considère bien souvent les ruraux comme dégueux,
23:31et il faut que cela cesse.
23:33– Dernière question, elle ne va pas être dure.
23:35Quel avenir pour le CNIP ?
23:37Sarah Knafo ?
23:38– L'avenir du CNIP, Sarah Knafo ?
23:42Sarah Knafo, ça fait partie des gens que le CNIP apprécie,
23:45et avec lequel on a une convergence idéologique comme d'autres.
23:50Je pourrais citer, je pourrais citer Lysnard,
23:56je pourrais citer d'autres, mais je ne vais pas citer,
23:58parce que si je cite les uns et pas les autres,
24:00je vais me faire des ennemis, etc.
24:01Alors l'avenir du CNIP, c'est quoi ?
24:03Tout d'abord, c'est un rassemblement d'élus indépendants.
24:08C'est-à-dire des gens qui se rassemblent sur des valeurs.
24:11Le corpus des valeurs, c'est le plus important.
24:13Vous ne m'avez pas interrogé sur le combat.
24:15Le véritable combat du CNIP, c'est la défense des valeurs.
24:18Les valeurs ancestrales, les valeurs qui font la grandeur de la France.
24:22C'est ça notre combat, parce qu'aujourd'hui,
24:23on fait de la politique sans valeur.
24:25– Ça veut dire donc être présent en municipal,
24:27pour avoir un niveau des élus locaux ?
24:28– Absolument, c'est la mère des batailles pour nous.
24:30C'est retisser le paysage rural ou pas français.
24:35Alors peut-être un peu plus rural que les autres,
24:37mais on a vocation à être le plus possible dans la ruralité
24:42et sur les villes moyennes.
24:43Les grandes villes, c'est une question de politique,
24:47donc c'est un peu différent, mais c'est une évidence.
24:49Et puis ensuite, à quoi on sert ?
24:52Écoutez, si je vous disais que nous avons une volonté de puissance,
24:58vous allez me dire, mais comme Staline disait au pape,
25:04combien de divisions ?
25:05Non, ce n'est pas sur les divisions, c'est sur l'influence.
25:09Et aujourd'hui, notre influence, par nos réseaux d'élus,
25:12elle est toujours intacte.
25:13Alors je ne dis pas qu'on est toujours écouté,
25:15mais en tout cas, on est là pour exprimer le courage de dire,
25:20la volonté de faire, c'est notre devise.
25:22Voilà, voilà la réalité.
25:23C'est continuer à rassembler les indépendants,
25:27continuer à avoir de l'influence et retisser le paysage,
25:32parce que finalement, on s'aperçoit qu'il y a une...
25:35On fait partie d'un vieux parti et il y a toujours...
25:38J'étais dans les Hauts-de-Pyrénées,
25:39je n'imaginais pas qu'il y a 40 ou 50 ans,
25:43il y a eu un député CNIP de la première circonscription ou de...
25:47Bon, voilà, on trouve toujours des ancêtres
25:49et on s'appuie là-dessus.
25:51Sans faire du mémorial, parce qu'il faut se réinventer.
25:54Et là, le fait de se réinventer, c'est effectivement
25:57de faire en sorte que les jeunes nous rejoignent.
25:59Parce que je suis président du CNIP depuis maintenant presque 10 ans.
26:04Moi, ma préoccupation, c'est quoi ?
26:06C'est transmettre.
26:07C'est transmettre l'idéal.
26:09Nous sommes un parti, le CNIP, qui avons un idéal politique.
26:13Nous sommes un parti qui en vend des valeurs.
26:15Nous sommes un parti qui avons plein de choses à transmettre.
26:18Et nous ne doutons pas que nous aurons encore à participer
26:23et un rôle à jouer important dans la vie politique française.
26:27Message reçu.
26:27Merci Bruno Nord.
26:28On se reverra certainement sur TVL.
26:30Avec plaisir.
26:31Merci.
26:31Merci à vous.
26:32Merci.
26:33Merci.
26:34Merci.
26:35Merci.
26:36Merci.
26:37Merci.
26:38Merci.
Recommandations
22:58
1:30:25
0:50
2:04
40:14
Écris le tout premier commentaire