00:04A 6h12, on vous retrouve William Galibert, Le Monde en Marche, avec ce matin, cet ouvrier italien qui a décidé de vider son sac au moment où il a démissionné de sa boîte.
00:14Oui, cet homme de 45 ans s'est offert un luxe rare dans la vie en général et dans sa boîte en particulier, il a décidé de dire à tout le monde ce qu'il pensait vraiment.
00:23Après 7 ans et demi, il s'est lâché, 7 ans et demi dans une entreprise de technologie agricole dans le nord de l'Italie, à Ferrar, à 50 kilomètres de Bologne.
00:32D'ailleurs, cette histoire, vous pouvez la lire dans Le Corriere di Bologna.
00:37Ferrar, c'est une ville calme, un joyau de la Renaissance, souvent pris dans la brume, où les hommes parlent avec leurs yeux plus qu'avec des mots.
00:44Mais là, notre ami a fait une exception, il a donc écrit un mail avec une centaine de personnes en copie, les collègues et toute la direction de l'entreprise.
00:52Pas le merci pour ces belles années, le mail qui fait du bien, où on a pesé chaque mot.
00:58Je cite, comme vous le savez sans doute, mon aventure se termine enfin.
01:02Je dis enfin parce que mon dernier renouvellement de contrat m'avait déjà demandé beaucoup de courage.
01:07Dans ce mail, il dénonce les difficultés constantes pour obtenir les outils nécessaires, les économies de bout de chandelle
01:13et la manière dont beaucoup de collègues sont traitées, maintenues dans l'ignorance, on ne sait trop pourquoi, mais desquelles on exige pourtant toujours autant.
01:20Je rappelle à ceux qui, comme moi, sont fatigués que la seule manière de trouver autre chose est de chercher et de ne pas abandonner.
01:28On y lit une dernière phrase cinglante.
01:31Non mi manquerete, vous ne me manquerez pas.
01:34Et l'entreprise a tellement peu apprécié qu'elle l'a poursuivie en justice.
01:37Diffamation, atteinte à l'image de l'entreprise, atteinte à la dignité de la direction.
01:43Ils ont tout tenté, mais le tribunal de Ferrar a été limpide.
01:46Ah non, c'était son droit, le droit de critiquer.
01:49Il avait simplement décrit ce qu'il vivait, ce qu'il avait ressenti.
01:54Avec franchise, oui, mais sans insultes.
01:57Et je pense à lui ce matin, quelque part, dans la brume de Ferrar, dans ses petites rues médiévales pavées,
02:02c'est cet homme qui, enfin, j'espère, est content d'aller au boulot dans sa nouvelle entreprise et qui sourit encore en silence.
02:09Ça ne vous donne pas des idées quand William Gallibert vous revenez à 8h30.
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