00:00Comme fait exprès, on parle de santé ce matin, Ulysse Lotoquin, la prise en charge des AVC Andro Mardèche a connu une avancée fondamentale et on en parle avec nos deux invités ce matin.
00:08Oui, ils sont deux avec nous en studio, deux médecins de l'hôpital de Valence.
00:12Karine Blanc-Lasserre, vous êtes la chef du service neurologie et de l'unité neurovasculaire. Bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Guillaume Telliob, vous êtes neuroradiologue au service radiologie. Bonjour.
00:23Bonjour.
00:23On va parler de cette avancée, une thrombectomie mécanique pour les victimes d'AVC, mais avant ça, on rappelle, qu'est-ce que c'est un AVC, Karine Blanc-Lasserre ?
00:34Alors, un AVC, actuellement sur notre territoire, c'est une personne touchée toutes les 4 minutes, c'est énorme.
00:39Et qu'est-ce que c'est mécaniquement un AVC dans le corps ?
00:42Dans 8 cas sur 10, c'est un infarctus cérébral, c'est-à-dire une artère bouchée dans le cerveau.
00:48Et à partir de ce moment-là, le cerveau n'est plus irrigué ?
00:50Une partie du cerveau ne reçoit plus d'oxygène, et si on ne débouche pas à l'artère le plus vite possible, cette partie du cerveau va mourir.
00:56Ok. Et donc, vous avez réalisé, il y a un mois tout pile, une thrombectomie mécanique, la première.
01:02Guillaume Telliob, en quoi ça consiste ? Vous débouchez un canal ?
01:05Oui, c'est tout à fait ça. On passe par voie fémorale, par l'artère fémorale, on remonte dans toutes les artères du corps jusqu'aux artères du cerveau.
01:14Et on va insérer un cathéter à grosse lumière pour aspirer le caillot qui est dans l'artère cérébrale.
01:20C'est un petit caillou qui bouche l'artère.
01:22Exactement.
01:23Et qu'est-ce que ça change cette opération que vous avez pratiquée pour la première fois ?
01:27Qu'est-ce que ça change pour le patient pris en charge ?
01:30Eh bien, en fait, il y a deux façons de déboucher cette artère.
01:34Il y a la façon médicamenteuse, en fait.
01:36C'est ce qu'on a, ça s'appelle la thrombolie, c'est ce qu'on a sur toutes les UNV de France.
01:41UNV ?
01:42UNV, unité de neurovasculaire.
01:43C'est le service.
01:44Et on s'aperçoit que pour les gros vaisseaux, cette solution médicamenteuse ne suffit pas.
01:51Et donc, il faut utiliser une solution mécanique en aspirant ce caillot.
01:55Et ça, c'est dans, a priori, à peu près tous les CHU de France et dans certains hôpitaux périphériques qu'on utilise cette technique.
02:04Donc, c'était une première, c'était le 9 octobre.
02:06Qu'est-ce qui s'est passé ? Un homme s'est pointé aux urgences avec un AVC ?
02:10Tout à fait. Il présentait les symptômes typiquement évocateurs d'un AVC, des troubles du langage, il était incapable de parler, ainsi qu'une hémiplégie, une paralysie d'un bras, d'une jambe.
02:19Dans ces cas-là, la seule attitude à avoir, c'est de composer le 15 pour ne pas perdre une minute, pour être acheminé le plus rapidement possible dans un endroit susceptible de prodiguer les premiers soins.
02:29Et pourquoi est-ce qu'on l'a fait pour la première fois, là ? Vous vous êtes dit, allez, tout d'un coup, on va le faire ? Ou c'était prévu de longue date ?
02:34Non, c'est un projet qui est prévu de longue date, je crois, 2017 ?
02:382016, même, on a commencé à en parler.
02:41Et donc, en fait, pour faire cette intervention, il faut des neuro-radiologues formés.
02:47Et donc, ça, c'est très rare et c'est très long à faire, puisque ces artères-là sont très fragiles aussi, puisqu'elles baignent dans du liquide cérébrospinal.
02:54Donc, c'est très facile de les léser.
02:57Et donc, en fait, c'était ce projet-là qu'on devait faire en Dromardèche, puisque le rapport de la Cour des comptes de fin octobre disait qu'il y avait une très grande disparité dans la prise en charge de ces patients-là.
03:10C'est ça, avant, on envoyait les patients à Lyon, Grenoble ou Saint-Etienne quand ils avaient besoin de cette thrombectomie mécanique ?
03:18Tout à fait. Alors qu'on sait que chaque minute perdue, c'est 2 millions de neurones en moins et qu'il faut faire vite.
03:242 millions de neurones par minute ?
03:26C'est ça. Et c'est-à-dire des jours de vie sans handicap perdus.
03:30Jusqu'à présent, en fait, les patients, ils étaient acheminés jusqu'au centre hospitalier universitaire qui sont à Saint-Etienne, à Lyon ou à Grenoble.
03:37Et ça, c'est 100 kilomètres perdus. C'est 90 minutes perdues. Et ça, c'était vraiment une perte de chance pour les patients de notre territoire.
03:43Et donc, ça s'est bien passé pour cet homme. On l'a entendu, nous, tout à l'heure sur notre antenne.
03:48L'opération s'est bien déroulée ?
03:50Ah oui, ça n'aurait pas pu mieux se dérouler puisqu'elle a été recanalisée en une quinzaine de minutes.
03:55Recanalisée ?
03:56Oui, on a débouché l'artère en une quinzaine de minutes.
03:59En fait, vous êtes un peu plombier du cerveau ?
04:01Exactement, on est un plombier.
04:03Cette opération, vous allez pouvoir la refaire, cette procédure ? Vous comptez la faire sur combien de personnes ?
04:11Alors, on estime, si on pouvait la faire H24, 7 jours sur 7, une centaine de personnes par an entre Mardèche.
04:21Là, actuellement, on n'a pas le matériel nécessaire, notamment la salle d'opération, pour le faire 7 jours sur 7.
04:28D'accord. Et en termes de personnel formé, vous savez le faire ? Qui d'autre sait le faire ?
04:34On est trois, nos radiologues à Valença à pouvoir le faire.
04:37Et donc, ça ne sera pas tous les jours de la semaine, c'est ça ?
04:41Non, ce sera pour l'instant uniquement les mercredis et jeudis, mais la conduite à tenir ne change pas.
04:45Vraiment, devant un tableau d'AVC, il faut composer le 15 pour garantir un acheminement rapide vers un centre capable de faire le geste.
04:54Et c'est fou, ça veut dire que si on fait un AVC le mardi, pour l'instant, vous ne ferez pas l'opération parce que vous n'avez pas le matériel et le travail ?
05:03Oui, l'intervention sera en effet faite, mais après acheminement du patient vers un centre capable de le faire H24.
05:09D'accord. Et donc, c'est une grande avancée, vous l'avez entendu, pour le traitement de l'AVC en Dromardèche.
05:15Est-ce qu'on peut rappeler en 15 secondes les signes annonciateurs d'AVC ?
05:18Oui, tout à fait. Parce qu'on ne sait jamais. Peut-être que vous-même pouvez devenir le héros de votre voisin ou de votre grand-mère en donnant l'alerte à temps.
05:26Les symptômes évocateurs, c'est la survenue brutale d'une asymétrie du visage, la survenue brutale d'une faiblesse d'un bras, d'une jambe,
05:33la survenue brutale de troubles du langage, et dans ces cas-là, une seule attitude possible, composée de 15.
05:39C'est le plus grand facteur de handicap encore en France, tous les ans, l'AVC.
05:45Et de mortalité aussi.
05:46Et de mortalité aussi.
05:47C'est la première cause de handicap acquis de l'adulte, et c'est la première cause de mortalité chez la femme, actuellement en France.
05:53Ça touche tous les âges ?
05:54Oui, ça touche tous les âges, majoritairement chez la personne âgée, mais on estime qu'il y a 25% des AVC qui surviennent avant 65 ans.
06:01Ça peut même toucher des enfants.
06:03D'accord. Merci beaucoup à tous les deux.
06:06Docteur Karine Blanc-Lasserre et Guillaume Telluob, qui ont pratiqué cette toute première thrombectomie mécanique.
06:14J'arrive presque pas à le dire, eux, ils arrivent à le faire, pour les patients victimes d'AVC, c'était à l'hôpital de Valence il y a un mois.
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