La prison de Valence célèbre cette semaine ses 10 ans. Une décennie marquée notamment par deux mutineries en 2016, deux incendies dans les cuisines en 2022, et l'incendie de voitures d'agents pénitentiaires en avril cette année. Mais l'administration relève l'audace, la modernité et l'innovation de cette prison. Notamment la création du Service d'accompagnement à la sortie en 2023, et le quartier de semi-liberté la même année.
00:00Ici Dromardèche, c'est votre réveil, ici matin jusqu'à 9h.
00:07Et notre invité ici matin en effet, ce matin, Emmanuel Champal, c'est la directrice de la prison de Valence qui est avec nous.
00:12Bonjour Franca Anani.
00:14Bonjour.
00:14Merci d'être ici, une cérémonie a été organisée hier à l'occasion des 10 ans de votre centre pénitentiaire.
00:2010 ans qui n'ont pas été qu'un long fleuve tranquille, il faut s'en souvenir, les mutineries de 2016.
00:25D'abord, qu'est-ce qu'il en reste aujourd'hui ?
00:28Il en reste quelques marques visibles, invisibles.
00:31On a encore quelques personnels qui portent encore quelques marques d'un traumatisme qui s'est un peu inscrit dans les murs.
00:40Mais comme je l'indiquais hier, il y a aussi une grande résilience de la part des personnels qui leur ont permis de poursuivre l'exercice de leur fonction.
00:48Il y a aussi eu les attaques contre les prisons en avril dernier, des voitures brûlées, des voitures incendiées devant la prison de Valence.
00:54Là aussi, c'est quelque chose qui a été digéré ou pas ?
00:58Écoutez, elles ont fait effectivement apparaître de nouvelles menaces aux portes d'un service public de l'État, puisque c'est un service public de l'État,
01:07l'établissement pénitentiaire.
01:08Et ça permet aussi de réaffirmer, à mon sens, une vraie coordination entre les forces de police, les forces judiciaires,
01:15les autorités judiciaires, puisqu'elles ont été extrêmement, comment dire, dans l'accompagnement de l'administration pénitentiaire, pour répondre de manière ferme à ces nouvelles menaces.
01:27Les abords de la prison de Valence sont plus sûrs aujourd'hui, en tout cas ?
01:31Oui, puis on a encore quelques marges de progression, mais c'est beaucoup plus sûr, parce qu'il y a ce qu'on appelle cette sécurité dynamique coordonnée.
01:39Alors là, on parle de ce qui ne va pas, on commence toujours avec le négatif, et puis on va aller vers le positif, on va essayer en tout cas.
01:46Pendant ces dix années, cette prison a innové aussi.
01:49Pendant la cérémonie, vous avez même parlé de laboratoire.
01:53Le directeur interrégional de l'administration pénitentiaire a dit, lui, que c'était une prison audacieuse, un véritable modèle. Pourquoi ?
02:02À l'image des personnels qui travaillent au sein de cet établissement, nous n'avons pas peur de bouger les lignes, collectivement,
02:10pour déployer la politique du surveillant acteur.
02:12Il s'agit de moderniser les métiers de surveillants.
02:15Très clairement, très concrètement, ça veut dire quoi ?
02:17Très clairement, c'est réorganiser une détention.
02:19Réorganiser une détention, c'est considérer que nous organisons les promenades obligatoires des personnes détenues en rationalisant les mouvements.
02:29Donc, vous allez mettre des blocs de promenades le matin, l'après-midi.
02:32Vous réduisez concrètement toute cette avalanche d'organisations qui produisent aussi une perte de sens de la part pour les personnels de surveillance.
02:42Et donc, quand on rationalise les mouvements en détention, on laisse du temps aux personnels de surveillance pour, effectivement, observer, évaluer les personnes détenues et enrichir leur métier.
02:53C'est un exemple.
02:54Un personnel qui se plaint souvent, via l'UFAP-UNSA, de ne pas avoir assez de renfort.
03:00Est-ce qu'aujourd'hui, il manque des agents, clairement, à la prison de Valence ?
03:02Il y a quelques marges de progression aussi, mais j'ai envie de vous dire que...
03:07Elle est de combien, cette marge de progression ?
03:09C'est à peu près une trentaine de personnels de surveillance.
03:12Mais j'ai envie de vous dire, les effectifs, c'est bien.
03:16Introduire de nouvelles méthodes de travail au sein d'un établissement pénitentiaire pour travailler plus en sécurité, c'est encore mieux.
03:22Et donc, nous y travaillons.
03:23Parmi les nouveautés de cette prison, il y a eu cette structure d'accompagnement vers la sortie qui a été ouverte en 2023.
03:29Ça, c'était innovant.
03:31Quel est le bilan de deux ans après ?
03:33C'est une réussite.
03:35Véritablement, parce que c'est une structure qui travaille à l'autonomie et à la responsabilisation des personnes détenues.
03:42Nous avons très peu d'incidents à l'intérieur.
03:45Nous avons un véritable ça, c'est d'ailleurs son appellation, pour prévenir au mieux la récidive.
03:51Donc, on peut considérer que c'est une réussite.
03:53Aucun échec, vraiment ?
03:55Par rapport aux structures classiques qui existent dans le paysage pénitentiaire,
04:00c'est une organisation, un fonctionnement qui répond, à mon sens, à de vrais enjeux.
04:07Conquen, Annie, vous êtes directrice de la prison de Valence.
04:09On a parlé des surveillants.
04:12Les conditions de détention, maintenant, on en est où dans cette prison ?
04:16On entend parfois que ce n'est pas idéal, le run-la, qu'il y a de la surpopulation carcérale.
04:20Quelles sont les conditions, aujourd'hui ?
04:22Aujourd'hui, je vais apporter quelques précisions.
04:26La surpopulation s'opère dans les maisons d'arrêt, à la maison d'arrêt du centre pénitentiaire de Valence.
04:31Nous avons un taux de surpopulation en maison d'arrêt de l'ordre de 135%.
04:36Je dirais que c'est moins pire que dans d'autres structures où vous avez de nombreux matelas au sol.
04:41Pour l'établissement, aujourd'hui, c'est 30 matelas au sol.
04:45Donc, ce n'est absolument pas idéal.
04:47Mais en tout cas, c'est moins pire que d'autres établissements pénitentiaires.
04:51Pour les autres services, vous parlez de la maison d'arrêt ?
04:53Maison d'arrêt, parce que c'est là où s'opère effectivement la surpopulation.
04:56Les détenus vivent comment à l'intérieur ?
05:01Si on est très honnête ce matin, vous diriez quoi ?
05:03Qu'on vit correctement dans des conditions dignes, aujourd'hui, à la prison de Valence ?
05:07Oui, les conditions de dignité sont réunies au centre pénitentiaire de Valence
05:10parce que c'est un établissement moderne où il y a des douches en cellules,
05:13ce qui n'est pas encore la règle dans de nombreux établissements pénitentiaires.
05:17Et je vous invite à visiter à mes côtés cet établissement
05:19pour vous prouver que les conditions sont dignes, en tout cas au centre pénitentiaire de Valence.
05:26Dernière question, Gérald Darmanin a annoncé dimanche soir
05:29la création d'un quartier de haute sécurité pour les narcotrafiquants
05:34dans les prochains mois à Valence.
05:36Le procureur de la République dit que c'est une bonne nouvelle.
05:40C'est une bonne nouvelle pour vous aussi ?
05:42Bien, je vous dirais, j'ai dit hier dans mon discours
05:46qu'une autre page de cet établissement va s'écrire.
05:49Je vous propose d'attendre et de se donner rendez-vous dans quelques mois.
05:54On voit comment ça se passe, on construit,
05:56enfin d'abord on construit, on voit comment ça se passe et on en reparle.
05:58Exactement.
05:59Promis, vous reviendrez en parler.
06:00Promis.
06:02La donnée prise, Francké Anani, directrice de la prison de Valence,
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