Le 13 novembre 2015, des terroristes font irruption dans la salle parisienne du Bataclan en plein concert, tirent sur la foule et prennent des spectateurs en otage. Cette attaque sans précédent, qui coûtera la vie à 90 personnes, donnera lieu à l'une des interventions policières les plus marquantes du XXIe siècle, menée par la Brigade de Recherche et d'Intervention de Paris. Dix ans plus tard, des membres de cette unité d'élite se souviennent de cette nuit d'horreur. Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l'association (Life for Paris), raconte la soirée du 13-novembre 2015
00:00Et bonsoir Arthur de nouveau, vous étiez au Batlaclan le 13 novembre 2015, vous présidez depuis l'association des victimes qui s'appelle Life for Paris.
00:09Alors vous connaissez cette histoire par cœur, est-ce que malgré tout vous venez d'apprendre des choses sur ces policiers notamment ?
00:17Je connais toujours leur héroïsme, ils me frappent à chaque fois, il y a toujours quelques détails, je ne savais pas qu'en arrivant à la porte,
00:24ils ne savaient pas que c'était là qu'étaient les méchants et les otages, mais quand même quand on y repense, qu'est l'héroïsme ?
00:32Il y a beaucoup de policiers, beaucoup de pompiers qui ont fait des choses admirables ce soir-là pour aider, mais ces hommes-là de la BRI,
00:38ils se sont dit qu'ils allaient mettre leur vie dans la balance pour arrêter le pire attentat, on sait d'ailleurs qu'ils n'ont pas tous encore été médaillés,
00:45et c'est encore une fois, je leur redis, on se battra nous pour qu'ils soient médaillés, parce que vraiment leur héroïsme, c'est à l'honneur de notre démocratie.
00:53– On a vu Grégory, le binôme du commissaire de la BAC, qui a tué le premier terroriste, on a vu Kader et Joe de la BRI, qui étaient vraiment en première ligne,
01:02sans doute qu'ils nous regardent ce soir, vous avez envie de leur dire quelque chose ?
01:05– Je leur dis merci, je leur dis toute mon admiration, et je sais qu'on se croise, et que c'est vraiment important pour nous de les voir à nos commémorations,
01:14on pense à eux, et je dois dire que savoir qu'il y a des gens comme ça pour venir vous chercher dans des situations pareilles,
01:21c'est aussi ce qui fait la grandeur de la France, donc merci à eux, merci.
01:25– Alors ce soir-là, vous étiez dans la fosse, vous êtes sorti à un moment, vous avez pris en compte le groupe, les musiciens de Eagles ?
01:33– Oui, c'est le hasard, j'arrive moi à ramper jusqu'à la sortie de secours, un peu avant que la scène soit gelée par les tirs du commissaire de la BAC et de Greg qu'on vient de voir,
01:44et je vois là les membres d'Eagles of Death Metal qui ont l'air encore plus paumés que tout le monde,
01:48parce qu'en fait ils ne parlent pas anglais, ils sont montés sur scène, et leurs fans étaient en train de se faire tuer sous leurs yeux,
01:53et donc je leur dis, venez, moi je suis parisien, je peux vous emmener en sécurité,
01:56et je les emmène en courant dans les petites rues jusqu'au boulevard Beaumarchais,
02:00où je les entasse dans un taxi en leur donnant 50 euros, et je dis au taxi de les emmener au 36 qui est désorfère.
02:04– Et alors après vous prenez vous-même un autre taxi et vous embarquez un jeune homme ?
02:08– Moi j'attends 2-3 minutes, je monte dans un taxi à qui je dis de faire demi-tour pour m'éloigner du Bataclan,
02:13et je vois un jeune homme en t-shirt blanc couvert de sang, plus jeune que moi, donc 20-25 ans,
02:18et je lui dis de monter, puis en fait on passe le trajet sur le téléphone à essayer de rassurer nos familles,
02:23et arrivé à Concorde, il descend, et ce jeune homme-là je ne l'ai jamais revu, je n'ai jamais su,
02:26en fait je n'ai aucun souvenir de son visage, tout ce que je sais c'est que c'est le jeune homme en t-shirt blanc
02:31qui s'est fait embarquer boulevard Beaumarchais, qui a été déposé à la fin de la rue de Rivoli, place de la Concorde.
02:35– Et donc là, s'il nous écoute, ou si quelqu'un le connaît, vous aimeriez bien ?
02:39– J'aimerais bien juste aller prendre un verre avec lui et puis trinquer à la vie,
02:42parce qu'on a quand même de la chance de s'en mettre sorti.
02:45– Alors vous avez présidé, après la principale association des victimes,
02:49qui a beaucoup œuvré depuis 10 ans, elle s'appelle Life for Paris,
02:52et vous nous annoncez qu'elle va disparaître.
02:55Jeudi prochain, ce sera le 10e anniversaire, et ensuite il n'y aura plus d'association.
02:59– Oui, cette association a été créée grâce à l'énergie notamment de deux filles, Maureen et Caroline.
03:03Moi j'étais là depuis le début, mais puis j'en ai pris la présidence après,
03:05et on s'était fixé des objectifs dès le début qui étaient logiques,
03:09mais qui finalement étaient assez mesurés, se regrouper, aider à se soigner,
03:13aider à se faire indemniser, aider à la justice, aider à la mémoire.
03:16Et 10 ans après, on se rend compte qu'on a tout fait de ces objectifs.
03:18Et donc on pourrait continuer bien sûr, mais l'idée d'avoir une association,
03:21c'était aussi de se dire qu'un jour on pourrait dire j'ai été victime, pas je suis victime.
03:25Et donc ça aurait été contradictoire de maintenir l'association en vie plus longtemps.
03:29C'est une belle fin, c'est une fin qu'on va faire avec une grande cérémonie d'hommage,
03:33mais c'est une manière pour nous de dire qu'on tourne un chapitre
03:36et qu'on va essayer de se projeter dans l'avenir.
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