Emission TV : Ca Commence Aujourd'hui sur France 2 Affaire Lola Daviet (2022) (Extrait d'émission, Fr, Oct 2025)

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Emission TV : Ca Commence Aujourd'hui sur France 2 Affaire Lola Daviet (2022) (Extrait d'émission, Fr, Oct 2025)   Historique et descriptif de l'émission TV  Ça commence aujourd'hui est une émission de télévision française diffusée sur France 2 depuis le 28 août 2017 et présentée par Faustine Bollaert.  Elle est diffusée du lundi au vendredi à 13 h 55. Depuis septembre 2018, l'émission du vendredi est en direct.  En Belgique, elle est diffusée sur Tipik.   Affaire Criminelle Lola Daviet (2022)  L'affaire Lola — ou affaire Lola Daviet — est une affaire criminelle française. Le corps de Lola Daviet, âgée de douze ans, est découvert le 14 octobre 2022 dans une malle à proximité de l'immeuble du 19e arrondissement de Paris où elle réside avec sa famille. La meurtrière est Dahbia Benkired (ذهبية بن كريد en arabe), une femme algérienne de vingt-quatre ans qui fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) au moment des faits. Elle est mise en examen pour meurtre sur mineur de moins de quinze ans, accompagné de tortures ou d'actes de barbarie, et pour viol sur mineur. Jugée pour ces faits le 24 octobre 2025, elle est la première femme en France à être condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.  L'affaire provoque une vive émotion en France et fait également la une de certains médias à travers le monde. Elle est récupérée par la droite et l'extrême droite qui dénoncent une nouvelle fois la non-exécution des OQTF et prônent une politique migratoire plus ferme. Les parents de la victime demandent que le meurtre de leur fille ne soit pas exploité à des fins politiques.

Transcript

00:00C'est vous qui êtes venu vers nous pour nous dire que vous éprouviez le besoin de parler.

00:04Je crois que c'était plus... Je peux tutoyer, Thibault ?

00:06Oui.

00:06Je crois que c'est aussi pour toi. Tu en avais envie, besoin.

00:09Je ne sais pas si c'est passé par ta maman.

00:10Est-ce que vous pouvez m'expliquer un petit peu cette démarche ?

00:12Pourquoi ça vous semblait important ?

00:14Moi, j'avais déjà réfléchi à ça pour parler à la télé.

00:20Parce qu'à la base, j'avais l'impression que ça commençait à devenir un fait divers

00:24et que je commençais à l'oublier petit à petit.

00:27Et ce qui m'a, on va dire, donné encore plus envie d'aller parler d'elle,

00:35c'était mon père, quand il est passé aussi à la télé.

00:39J'avais vu que ce n'était pas trop bien fait.

00:42Et je voulais faire ça dans une émission que j'aime bien et que ma mère aussi aime bien.

00:46Merci, ça nous touche.

00:48Et je sais que ton père est décédé aujourd'hui.

00:52Il y a combien de temps il est parti, ton père ?

00:54Il est parti en février.

00:55Donc, on pense très fort également à lui.

00:58Et c'est aussi pour parler de lui qu'on est là et de la façon dont il a vécu les choses

01:01et que vous puissiez dire votre vérité, les mots que vous choisissez.

01:04Et on va vraiment faire très attention à ça.

01:07N'hésitez pas à le dire.

01:08S'il y a quoi que ce soit qu'on dit, qu'il puisse vous blesser ou vous heurter,

01:11vous êtes vraiment ici en toute sécurité.

01:13Et d'ailleurs, puisque la première chose que tu as dit, Thibaut,

01:16c'est que tu ne veux pas que ça devienne un fait divers.

01:19Déjà, premièrement, Lola a vraiment une place dans notre cœur à tous

01:23parce que son visage et son histoire nous a tous bouleversés.

01:26On ne parle vraiment pas d'un fait divers, je te le promets.

01:29Et d'abord, j'ai envie qu'on parle d'elle.

01:31Du coup, déjà, est-ce que tu voudrais bien nous parler un petit peu de ta sœur ?

01:34On va le faire en image.

01:35Mais déjà, quels sont les premiers mots que vous avez envie qu'on dise de Lola ?

01:39Quel genre de petite fille c'était ?

01:41Joyeuse.

01:42Joyeuse ?

01:43Très joyeuse.

01:44Têtu ?

01:45Têtu ?

01:46Ok.

01:47Têtu ?

01:48Un caractère fort.

01:49Un caractère fort, oui.

01:50Après, très sociable.

01:52Très à l'écoute.

01:55Elle savait se faire des amis, des copines.

02:00Elle avait beaucoup de qualités.

02:08Alors, Thibaut, tu as accepté de nous la raconter.

02:11Ta petite sœur, dans un portrait qui est évidemment très touchant.

02:14Encore une fois, on pense à sa vie et on rend hommage aussi à Lola.

02:18Tu es prêt pour qu'on le regarde ensemble ?

02:19Oui, je suis prêt.

02:20Allez.

02:26Je vais vous présenter ma petite sœur Lola.

02:30C'était la plus petite de la famille.

02:32Là, elle était toute petite et je prenais déjà soin d'elle.

02:36On a tout partagé ensemble dans notre enfance, même notre chambre.

02:41Souvent, on se chamaillait, voire tous les joueurs même, comme des frères et sœurs.

02:46Elle était très timide avec les gens qu'elle connaissait pas, mais aussi très gentille, voire parfois trop.

02:53Avec nos six ans d'écart, on n'avait pas les mêmes centres d'intérêt.

02:59Mais on adorait tous les deux être ensemble à la maison, avec nos parents.

03:04Elle était passionnée de gym, je la trouvais très forte, c'était une vraie championne.

03:08Mais ce que j'aimais le plus, quand même, c'est quand elle venait me voir au foot.

03:13Ces moments me manquent.

03:15Une petite sœur sera toujours vivante dans mon cœur.

03:18Enfin, dans nos cœurs.

03:19Il est très fort votre fils, très impressionnant d'avoir réussi à faire ça.

03:33Oui, je suis fière de lui.

03:35Je le suis depuis le début.

03:37Parce qu'il m'aide beaucoup à aller au-delà.

03:41Pardon, je vous en prie.

03:47On va en prévoir quelques-uns, je pense.

03:49C'est gentil.

03:50Tenez.

03:54Quel lien vous avez tous les deux, depuis la disparition de votre fille et de ta sœur ?

04:00Vous faites bloc.

04:02De quelle manière vous êtes réunis autour de ce chagrin ?

04:06Alors, bizarrement, on ne parle pas beaucoup de Lola.

04:09Après, moi, je n'arrive pas à en parler vraiment.

04:13C'est vraiment là, je fais…

04:15Un énorme effort.

04:16Un énorme pour Thibaut.

04:19Il voulait parler, donc je l'ai suivi.

04:24Donc, je suis fière d'être là, quand même.

04:26Je suis contente aussi de pouvoir en parler.

04:31Et avec Thibaut, je pense qu'on est devenus fusionnels.

04:36On se dit tout, on se parle.

04:39Sauf de ça, malheureusement, peut-être.

04:43Pourquoi vous n'y arrivez pas ?

04:45Vous avez peur de faire du mal à Lola ?

04:46Moi, j'ai peur de faire du mal à Thibaut ou de ne pas bien m'y prendre, peut-être,

04:53de parler de sa sœur.

04:55Peut-être que je me dis qu'il n'a pas envie.

04:58Et lui, je pense qu'il se dit la même chose de moi.

05:00Donc, je pense que tous les deux, on n'ose pas, du coup, s'en parler mutuellement, en fait.

05:04Tout simplement.

05:06C'est peut-être pour ça aussi que vous êtes là, en fait.

05:08Peut-être.

05:09Vous allez se dire des choses importantes ici.

05:10Vous n'arrivez pas trop à vous dire pour protéger l'autre.

05:12Voilà, c'est ça.

05:13Et peut-être qu'on va savoir des vérités.

05:17Thibaut, toi, t'aimerais bien en parler un peu plus à ta maman de Lola ?

05:19Bizarrement, ma mère, j'ai beaucoup de mal à parler de ça.

05:25Parce que quand je parle de Lola, je parle toujours à mes potes ou à ma copine.

05:32Mais sinon, je n'en parle jamais à ma mère.

05:35Parce que j'ai peur de la faire souffrir et que je dise des trucs qu'elle ne veut pas entendre.

05:43À quoi elle ressemblait, votre vie à Paris, avant ce drame ?

05:46Quelle famille vous formiez ? Où est-ce que vous habitiez ?

05:51Alors, une famille unie.

05:53On vivait tous les quatre.

05:56C'est vrai qu'eux, ils partageaient.

05:58Parce qu'on avait un petit appartement.

06:00Donc, on avait trouvé une solution.

06:02On avait séparé la chambre en deux pour qu'ils puissent avoir chacun leur intimité.

06:06D'accord.

06:08Donc, on y arrivait.

06:09C'était petit, mais on arrivait à vivre ensemble et à communiquer surtout.

06:16On parlait de tout, de rien.

06:19Et on partait en vacances.

06:21On partait.

06:23On avait un mobilhome sur la côte.

06:24Tous les week-ends, on partait pour changer d'air de Paris, tout ça.

06:29On avait une très belle vie.

06:31Très belle vie, oui.

06:32Vous vous occupiez de cet immeuble, c'est ça ?

06:33Vous étiez gardien d'un immeuble.

06:34C'était vous qui vous occupiez.

06:35Avec mon mari, effectivement, on était gardien d'immeuble, tous les deux.

06:39Donc, on s'occupait de là depuis 20 ans.

06:41Elle ressemble à quoi, cette résidence, Thibault ?

06:44Elle ressemblait à quoi ?

06:46L'immeuble en soi était très grand, parce qu'il y avait un peu deux parties.

06:53Parce qu'il y avait deux immeubles côte à côte.

06:55Et après, nous, notre appart, c'était direct, on allait dans le hall.

07:05À cinq mètres même pas, il y avait notre appartement.

07:09Et il y avait... on avait quatre pièces, je crois.

07:13Quatre pièces.

07:14Mes parents, ils dormaient dans le salon.

07:16Ils avaient fait un lit en hauteur.

07:20Et moi, je dormais au tout début avec ma sœur dans la même chambre.

07:26Et après, on a mis une cloison.

07:29Bon, même si ça ne servait à rien, parce qu'on entendait tout.

07:32Mais on a essayé de faire ça pour avoir une autre intimité.

07:37Ça fait deux ans, aujourd'hui, la disparition de Lola.

07:42Oui.

07:44Comment ça va ?

07:45Ça va.

07:46Il y a des moments avec.

07:48Il y a des moments où je vous ressens toujours avec.

07:49On essaye d'aller de l'avant avec mon fils.

07:56Après, il y aura toujours ce manque.

07:59Je l'aurai toujours, de toute façon.

08:02Mais dans l'ensemble, on est bien entourés.

08:05Ça, c'est important aussi d'être bien entourés, de la famille surtout.

08:10On est bien, oui, on est bien entourés.

08:13Alors, on va revenir sur le jour du drame, sur ce qui s'est passé.

08:16Et vous allez nous raconter cette journée,

08:17parce que je sais que c'est difficile, mais je sais aussi que c'est nécessaire.

08:20Un mystère maintenant autour de la mort d'une adolescente de 12 ans

08:23dont le corps a été retrouvé dans une malle à Paris.

08:25L'effroi, l'incrédulité, l'horreur,

08:27ce sont les trois mots qui résument les réactions

08:29dans le 19e arrondissement de Paris et bien au-delà.

08:33Le 14 octobre 2022, une affaire provoque une véritable onde de choc

08:36dans tout le pays, celle du meurtre de la petite Lola, 12 ans, à Paris.

08:40Ce jour-là, ses parents, gardiens d'immeuble,

08:42inquiets de ne pas l'avoir rentrée après l'école,

08:45décident d'alerter la police,

08:46qui va immédiatement lancer des recherches.

08:49Dans les heures qui suivent,

08:50une jeune femme est identifiée grâce à des images de vidéosurveillance.

08:54Sur cette capture d'écran,

08:55Lola est aperçue juste derrière elle,

08:57entrant dans l'immeuble.

08:58L'inconnu, elle, en ressortira seule,

09:01une heure et demie plus tard.

09:02L'alerte est immédiatement lancée

09:04et plusieurs témoins affirment avoir vu cette jeune femme

09:06au comportement étrange,

09:08tirer une malle très lourde dans le quartier.

09:10C'est après une attente interminable pour la famille

09:13que le corps de Lola, dissimulé dans cette malle,

09:15est finalement retrouvé dans la soirée par un passant.

09:18La principale suspecte, quant à elle,

09:20sera arrêtée le lendemain et écrouée.

09:22On commence par quoi ?

09:40Ce moment, ce matin, ce matin-là ?

09:42Alors, cette journée.

09:46Elle est partie en collège comme tous les matins.

09:49contente d'y aller, heureuse, pas de souci.

09:54Elle rentre le midi pour manger en famille.

09:58Et elle repart à deux heures.

10:01Donc, elle avait cours de deux heures à trois heures.

10:05Et elle repart en me faisant un bisou.

10:10Disons à tout à l'heure.

10:11Ce jour-là, on partait le soir, normalement, au mobilhome,

10:23dont on est propriétaire, sur la côte.

10:29Donc, moi, je préparais les valises, tout ça,

10:31pour partir le soir.

10:34Et le midi, j'ai décidé de faire une petite sieste,

10:39parce qu'on a une petite pause entre deux.

10:42Donc, j'ai fait une demi-heure de sieste.

10:47Et je me dis que j'aurais peut-être pas dû faire cette sieste,

10:52parce que d'habitude, je sors à ce moment-là,

10:54quand elle rentre.

10:56Et je l'aurais forcément croisée.

11:00Et malheureusement, ce jour-là, je ne suis pas sortie.

11:02Et je me suis réveillée en sursaut.

11:06Et la voyant pas rentrer, j'ai dit à mon mari,

11:09c'est pas normal, c'est bizarre.

11:12C'est pas son habitude de pas prévenir, déjà.

11:15Parce qu'elle a toujours trouvé un moyen pour me prévenir.

11:18Ça, elle avait du retard aussi.

11:20Il y avait quelque chose qui se passait.

11:23Et là, rien.

11:24Et j'ai regardé mon mari et j'ai dit,

11:28je sens quelque chose de...

11:30Alors, je ne sais pas l'expliquer,

11:32mais j'ai ressenti un gros coup de poignard à ce moment-là.

11:37Et de là, je suis allée au collège.

11:40Et ils m'ont dit, non, non,

11:41elle est bien sortie du collège à telle heure.

11:45Du coup, mon mari a visionné les caméras de surveillance entre deux.

11:48Et moi, en sortant du collège,

11:51je suis directement allée voir la police.

11:53Et ils m'ont pris au sérieux tout de suite.

11:57Même si ça faisait pas longtemps, ils ont tout de suite...

11:58Même si ça faisait pas longtemps, j'ai apprécié.

12:00Ils m'ont pris au sérieux tout de suite.

12:03Et ils sont intervenus dans la résidence,

12:06dans la demi-heure qui a suivi mon alerte.

12:09Quand j'ai alerté.

12:10Tu aussi, Thibault, t'avais eu un peu une intuition

12:13ou si quelque chose s'était passé ?

12:14Moi, à ce moment-là, j'avais déjà fini une formation

12:18que j'avais faite.

12:19Du coup, je faisais plus rien.

12:20J'avais plus cours.

12:21Je travaillais pas.

12:23Du coup, moi, je me réveille dans les alentours

12:27de midi, 11 heures.

12:31Et c'est un peu comme une journée normale,

12:33mais je la sentais déjà bizarre, cette journée.

12:37Je sais pas pourquoi.

12:37Et du coup, je mangeais avec ma sœur, à table.

12:46Et j'avais un rendez-vous à 15 heures au coiffeur.

12:53Et j'étais en retard, comme d'habitude.

12:56Et du coup, comme dans notre résidence,

13:04on a deux allées.

13:08Il y a deux sorties possibles, en fait.

13:12Je sais pas pourquoi, pendant cinq minutes,

13:14je suis resté devant.

13:16J'ai réfléchi et fait laquelle est la plus proche.

13:18Alors que si je serais parti avant,

13:20j'aurais...

13:21Si j'aurais pris une des deux, en tout cas,

13:24j'aurais déjà été là-bas.

13:26Du coup, je me suis dit, c'est qui ?

13:28Pour faire moins de route.

13:34Et du coup, je prends la sortie de gauche

13:37à 15 heures 15.

13:42Et du coup, avec mon père, j'ai vu les caméras.

13:46D'abord, je suis allé chez le coiffeur.

13:50Après, vers 17 heures, je sors.

13:52Dix minutes après, pendant que je viens,

13:54mon père, il m'appelle en me disant

13:56si Lola n'était pas avec moi ou quoi faire.

14:00Je lui dis que non.

14:03Mais je m'inquiète pas plus que ça.

14:05Du coup, je vais à notre appartement.

14:09Et mon père, il paniquait un peu plus.

14:13C'était pas dans son habitude.

14:15Et du coup, ma mère, elle était déjà au commissariat.

14:17Et c'est là où j'ai vu ma mère

14:20vraiment paniquer, pleurer déjà.

14:24Et c'est là qu'on a eu l'idée d'aller voir

14:26les caméras de surveillance des entrées.

14:30Et là, c'est là que j'ai vu du coup,

14:33on a vu notre sœur, enfin ma sœur,

14:36rentrer à 15h17

14:39par l'autre porte que j'ai pas prise.

14:43Et du coup, depuis ce jour,

14:52je me dis

14:53que

14:55si j'aurais pris à droite

14:59au lieu d'à gauche,

15:03c'est sûr que

15:04rien ne serait passé.

15:07Là, on serait toujours à Paris.

15:08Et on serait toujours à 4.

15:13Évidemment,

15:19c'est les premiers mots qu'on échange

15:23et les deux premiers mots,

15:25deux premiers discours que vous nous faites

15:26mettent en avant une telle culpabilité

15:29chez chacun d'entre vous, Natacha.

15:31C'est effectivement souvent,

15:33malheureusement, dans le deuil,

15:34on entend la culpabilité qui arrive.

15:37Et vous n'êtes absolument pas coupable.

15:39Florian le dirait aussi.

15:41Il n'y a aucune culpabilité à voir.

15:43La seule personne coupable,

15:45c'est bien évidemment

15:46l'auteur de cet effroyable crime.

15:53Donc, c'est la seule personne coupable.

15:56Vous n'avez absolument,

15:58bien évidemment,

15:59rien à vous reprocher.

16:01Après, on peut revenir sur ce...

16:03On trouve toujours quelque chose.

16:04On reconstruit toujours l'histoire

16:06en se disant « et si, et si ».

16:08Mais le seul « et si »,

16:10c'est s'il ne lui était rien arrivé.

16:11Mais encore une fois,

16:12ce n'est absolument pas de votre faute,

16:14bien évidemment.

16:15Florian ?

16:16La culpabilité,

16:18elle est très corrélée

16:19au sentiment d'impuissance,

16:20c'est-à-dire de ne plus avoir

16:22la maîtrise de la situation.

16:23Elle est très liée au chagrin,

16:24donc c'est normal de s'en tirer coupable.

16:26Mais par contre,

16:26ce n'est pas normal de s'en convaincre.

16:27Et c'est ça,

16:28ce que disait Natacha aussi,

16:30c'est que c'est impossible

16:31dans une histoire si terrible

16:32de ne pas refaire le film à l'infini,

16:34au moins au début.

16:36Et un des enjeux

16:37pour essayer de dépasser ce moment,

16:39c'est effectivement de se dire

16:40que oui,

16:41il y a une part de fatalité

16:42et que vous,

16:42dans cette histoire-là,

16:43vous n'avez rien à vous reprocher.

16:45Vous aviez votre agenda,

16:46vous aviez vos affaires à faire

16:47et finalement,

16:48ce n'est pas cette piste-là

16:49qui va vous permettre

16:50d'aller de l'avant.

16:52Mais je comprends tout à fait

16:53que ce soit très douloureux

16:53de refaire l'histoire

16:54et de se dire

16:55à un rien,

16:56ça serait peut-être passé différemment.

16:58Voir les caméras de surveillance,

17:01ça a permis, j'imagine,

17:02à la police tout de suite

17:03d'établir un signalement

17:04de cette personne.

17:05Quelles ont été

17:06les premières étapes ?

17:07Alors, qu'est-ce qui a été

17:08mis en place tout de suite après ?

17:09Du coup, c'est ça.

17:10Après, ils ont appelé,

17:11ça a remué beaucoup.

17:13Après, il y avait les policiers

17:15du 19e.

17:17Après, il y a la criminelle aussi

17:18qui est arrivée sur place.

17:21Donc, il y a eu

17:21beaucoup, beaucoup,

17:22beaucoup de monde

17:23et ils ont fait tous les étages,

17:25parce qu'on ne voit pas

17:28Lola ressortir.

17:29Donc, automatiquement,

17:30ils ont frappé

17:31à toutes les portes.

17:32Ils ont mis 100, évidemment.

17:34Vous étiez où, vous,

17:35à ce moment-là ?

17:36Alors, nous,

17:37on cherchait aussi

17:38dans l'immeuble.

17:38De votre côté, oui.

17:40Un peu partout,

17:41mais sans savoir vraiment.

17:43Voilà.

17:44Et après,

17:45on nous avait dit

17:46de rester chez nous

17:48à attendre, en fait.

17:51Ce qui a dû être

17:52assez insupportable.

17:53Voilà, c'est ça.

17:53Vous avez été soutenue

17:57psychologiquement.

17:58Il y a une cellule

17:58autour de vous.

18:00Est-ce que quelqu'un…

18:02Vous avez la famille

18:02qui est venue ?

18:03Oui.

18:04Alors, moi,

18:06en fin d'après-midi,

18:07j'ai appelé ma sœur,

18:08Sabine,

18:10quand on ne la retrouvait pas.

18:13Donc, elle est arrivée

18:14tout de suite,

18:15avec mon neveu.

18:16Donc, ils étaient là.

18:19Et après,

18:19on a eu la police

18:22qui était chez nous

18:24et ils nous ont mis

18:25aussi psychologues.

18:26On a été suivis

18:29par des psychologues

18:30de la police.

18:31Vous avez tout de suite,

18:32Sabine,

18:32pris la mesure

18:33de ce qui était

18:33en train de se passer ?

18:34Oui.

18:35Enfin, pour moi,

18:36ce n'était pas normal.

18:37Dès l'instant

18:38où j'ai eu ma sœur en ligne,

18:40quand elle m'a dit

18:41« C'est Lola »,

18:43elle s'est mise à pleurer.

18:44j'ai compris

18:46qu'il se passait

18:47quelque chose

18:47d'important.

18:50Quand elle m'a expliqué

18:51qu'elle avait disparu,

18:54c'était la fin du monde.

18:57Les brognes ou tons,

18:59ce n'était pas possible.

19:01En la connaissant,

19:03forcément,

19:04il s'était passé quelque chose.

19:06Vous étiez très proche

19:06d'elle aussi ?

19:07Oui.

19:09Forcément,

19:09c'était comme ma fille,

19:11Lola.

19:11On est tous proches.

19:14Elle prenait souvent

19:18de mes nouvelles.

19:20Elle nous envoyait

19:21des photos.

19:22« Comment ça va ? »

19:24« Qu'est-ce que tu fais ? »

19:25On passait beaucoup

19:27de temps ensemble.

19:30À quel moment ?

19:31Est-ce que vous avez…

19:32Une fois que vous avez

19:33vu les vidéos surveillance,

19:35est-ce que dans votre tête,

19:36vous avez tout de suite

19:37associé le visage

19:38de cette personne

19:40qui avait été identifiée ?

19:42Vous l'avez associée

19:44à ce qu'elle aurait pu

19:45arriver à Lola

19:45ou est-ce que pour vous…

19:46Ah, pas du tout.

19:47Pas du tout,

19:47parce que cette personne,

19:48je ne la connaissais pas.

19:51Pour vous,

19:51elle aurait pu juste rentrer

19:52juste avant ?

19:53Voilà, c'est tout.

19:53Mais c'était elle

19:54qui pouvait détenir

19:55des informations

19:55pour vous aider à…

19:56Voilà, c'est ça.

19:57À ce moment-là,

19:59vous, alors que vous êtes

20:00dans cet appartement,

20:01vous avez une intuition,

20:02vous pensez à quelque chose ?

20:04Moi, j'ai dit de toute façon…

20:07Dès l'instant…

20:07Alors, je ne sais pas

20:08parce que c'est ma fille,

20:09mais dès l'instant

20:11où je n'avais plus de nouvelles,

20:12je me suis dit

20:12que ce n'était pas bon.

20:14Il y a eu quelque chose.

20:15Je l'ai senti tout de suite.

20:17Mon cœur de maman

20:18a été brisé tout de suite.

20:23Quand est-ce que les policiers

20:24sont venus vous voir après ?

20:26Pour nous l'annoncer ?

20:28Oui.

20:30Tard, il était bien 23…

20:33Non, une heure du matin.

20:34Je ne sais même plus.

20:36Entre 23h et une heure du matin.

20:39On ne l'a pas su avant.

20:41On les a vus.

20:42D'un seul coup,

20:43ils sont tous partis en groupe.

20:45On les a vus tous se dissiper.

20:47D'un seul coup,

20:47il n'y avait plus personne.

20:49Et on s'est dit,

20:50là, il doit y avoir

20:51quelque chose de nouveau.

20:53Et après, nous l'ont annoncé

20:55quand j'ai vu

20:56le monsieur revenir,

20:57je l'ai compris tout de suite

20:58sur son visage.

21:01Et à ce moment-là,

21:02ils n'avaient aucune idée

21:02de ce qui s'était passé ?

21:04Non.

21:05Ils avaient juste retrouvé

21:06le corps de votre fille ?

21:08Vous avez pu rester sur les lieux ?

21:11Vous avez dormi chez vous ?

21:13Qu'est-ce qui s'est mis en place

21:14pour essayer de vous protéger ?

21:15Alors, du coup,

21:16comme là,

21:16on l'a su en pleine nuit,

21:17on est resté...

21:20Ma sœur nous a conseillé

21:21de se reposer un peu,

21:22moi et mon fils.

21:24Donc, on s'est reposé un petit peu

21:25pour partir le lendemain direct,

21:29en fait,

21:31donc, chez nous,

21:32en famille.

21:33Oui.

21:33Moi, je ne voulais pas partir.

21:38Parce que je me disais

21:39de partir sans elle,

21:40ce n'était pas possible.

21:45Mais on est quand même partis

21:46tous ensemble

21:47le lendemain.

21:48Et après,

21:49on est resté

21:50chez ma belle-mère

21:51quelques mois

21:53pour se refaire

21:55et de trouver des solutions.

21:57Thibaut, toi,

21:58tu réussis,

21:59tu étais avec ta maman

22:00et avec ton papa

22:01au moment

22:02où le policier est arrivé

22:04pour annoncer

22:05qu'ils avaient retrouvé

22:05le corps de ta sœur ?

22:06Moi, j'étais dans le salon

22:07avec tout le monde.

22:11Et à ce moment-là,

22:12j'en souviens,

22:12mon père,

22:13qui avait arrêté de boire

22:14depuis un moment.

22:16Il avait déjà replongé dedans

22:17le soir même.

22:19Plus médicaments.

22:21Du coup,

22:22il était méconnaissable.

22:25C'était un peu

22:26comme une pile électrique.

22:27Tu le voyais là,

22:28il était déjà là-bas.

22:29Il faisait tout l'immeuble

22:31en cinq secondes.

22:32Oui.

22:33Il souffrait d'une addiction

22:34à l'alcool,

22:35ton père.

22:36Là, ça faisait trois ans

22:37qu'il avait arrêté.

22:39Qu'il était sevré, oui.

22:41Et du coup,

22:44quand les policiers

22:45reviennent

22:46dans notre appart,

22:50du coup,

22:51c'est mon père,

22:52il me dit

22:52« Va dans ta chambre ».

22:54Et je ne comprenais pas

22:57pourquoi il me disait ça.

22:59Mais du coup,

23:01j'y vais.

23:02Mais il y avait quand même

23:03la porte ouverte.

23:05Et comme c'est un petit appart

23:07de Paris,

23:09j'entendais tout.

23:11Et c'est là où du coup,

23:12j'entends le policier dire

23:13qu'ils ont retrouvé ma sœur.

23:17Et du coup,

23:18la première chose que j'ai fait,

23:19c'est que je suis allé

23:21dans le salon direct

23:22auprès de ma famille

23:23et je suis direct allé

23:30dans les bras de mon père

23:31parce qu'à ce moment-là,

23:34je le voyais très bien

23:35qu'il ne comprenait pas.

23:37et en plus,

23:41à ce moment-là,

23:42comme il avait bu,

23:43il voulait,

23:45je ne sais pas comment le dire,

23:46mais il voulait aller la chercher.

23:49Il voulait aller partout.

23:51Il demandait même

23:52à la police du coup

23:53de montrer le corps

23:55de ma sœur

23:56pour voir si c'est vrai

23:57parce qu'il n'y croyait pas.

23:59Ma mère non plus,

23:59d'ailleurs,

24:00n'y croyait pas.

24:00Et du coup,

24:04à ce moment-là,

24:05j'étais juste

24:08dans ses bras

24:09pour le retenir.

24:12Et après,

24:13quand tout ça s'est passé,

24:16j'ai réussi à dormir

24:18peut-être une heure.

24:22Et mon père,

24:23lui,

24:23il n'a pas dormi

24:24de la nuit,

24:25je crois.

24:26Il était dans le garage.

24:29Je ne sais pas

24:29ce qu'il faisait,

24:30mais il faisait des tours.

24:34Et en fait,

24:36quand je me réveille,

24:36c'est bizarre,

24:38mais j'ai le sourire

24:39puisque je suis content.

24:42Je me dis,

24:43ah, c'était un cauchemar.

24:47Et là,

24:49du coup,

24:49la première personne

24:49que j'ai vue

24:50de mon réveil,

24:51c'était ma tante.

24:53Et je me dis,

24:53ce n'est pas normal

24:54qu'elle soit là

24:55parce que d'habitude,

24:57on est à quatre.

24:59Elle est dans le...

25:00nord,

25:00on est dans Paris.

25:02Ce n'est pas normal.

25:04Et c'est là,

25:04du coup,

25:04j'ai fait le lien direct.

25:06J'ai fait,

25:06ben non,

25:06c'est la réalité.

25:11Et du coup,

25:12je me suis réveillé.

25:15j'ai appelé mon meilleur pote.

25:19Il est direct venu

25:20parce qu'il est à deux minutes

25:23de chez nous.

25:26Et juste après ça,

25:28on est partis de notre appart,

25:32même si je ne voulais pas non plus.

25:34mais on était un peu obligé.

25:40Et du coup,

25:42c'est tout.

25:43et de la même chose.

25:45Alors,

25:46on est dans le moment.

25:46On est là,

25:46on est dans le point,

25:47on est dans le plan.

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