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  • il y a 3 jours
Pierre Cochard, ambassadeur de France en Iran, est l'invité de France Inter après la sortie de prison de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus par le régime de Téhéran depuis mai 2022. La diplomatie travaille désormais à leur retour sur le territoire français, affirme-t-il. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-05-novembre-2025-4067080

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Transcription
00:00Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter en duplex de Téhéran,
00:03alors que Cécile Collère et Jacques Paris, nos deux otages libérés,
00:06sont tout près de vous en ce moment même à la résidence de l'ambassade de France.
00:09C'est vous qui êtes allé hier devant la prison d'Evine,
00:12les accueillir là où ils étaient détenus depuis mai 2022.
00:14On a beaucoup de questions à vous poser sur les coulisses de leur libération,
00:18quand vont-ils pouvoir rentrer en France ?
00:19Mais d'abord, une question simple, Pierre Cochard,
00:22quelles nouvelles est-ce que vous pouvez nous donner ce matin
00:24après leur première nuit hors de prison ?
00:26Vous les avez vues, vous leur avez parlé,
00:28comment vont-ils, comment vont Cécile Collère et Jacques Paris ?
00:32Écoutez, on a passé la soirée d'hier soir avec eux,
00:36ils se sont réveillés après une bonne nuit ce matin.
00:40Donc moi j'avais pu leur rendre visite il y a trois semaines à peu près à la prison d'Evine
00:43et j'avais bien sûr senti leur très grande inquiétude, leur détresse.
00:49Donc de voir hier soir leur sourire, ça nous a fait du bien à tous.
00:54Donc ils sont vraiment à mes yeux en bonne santé,
00:58mais on ne peut pas se contenter de cette impression.
01:01C'est la raison pour laquelle il y a une équipe de professionnels du centre de crise du ministère
01:07qui a pris l'avion hier soir et qui sera là auprès d'eux en début d'après-midi.
01:11Donc bien sûr, j'espère qu'ils confirmeront cette impression qu'on a eue de les trouver en bonne santé physique et morale.
01:17Oui, parce qu'il y avait notamment des inquiétudes sur l'état de santé de Jacques Paris.
01:21De ce point de vue-là, vous avez été rassuré, vous êtes rassuré ?
01:25Absolument, absolument.
01:27Mais encore une fois, il faut attendre le diagnostic des médecins.
01:29Mais je les trouvais d'abord très heureux, très soulagés tous les deux par cette libération.
01:33On le comprend après trois ans et demi de détention dans des conditions difficiles.
01:38Mais donc oui, ils vont bien.
01:40Juste sur ce dîner que vous avez partagé avec eux hier soir, qu'est-ce qu'ils vous disent ?
01:45Est-ce qu'ils réalisent cette libération après 1 277 jours en détention ?
01:51Est-ce qu'ils vous parlent de leur famille, de ceux qui en France se sont mobilisés pour que l'on continue de penser à eux,
01:58pour qu'ils ne tombent pas dans l'oubli ? Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
02:03Écoutez, c'est bien sûr un changement radical, puisqu'eux ont été informés en dernière minute,
02:07en toute dernière minute de leur libération, mais c'est le soulagement qui l'emporte.
02:13Ils ont pu parler à leur famille longuement hier, ils vont continuer à le faire aujourd'hui.
02:18Ils m'ont demandé de passer un message pour dire à leur famille, mais aussi à tous ceux qui les ont soutenus en France,
02:26que sans ce soutien, ils n'auraient pas pu tenir.
02:30Parce qu'effectivement, ils étaient au courant de cette mobilisation.
02:33On les a informés aussi de ce qui se passait en France.
02:36Donc voilà, ça a été extrêmement important pour eux, ils s'en rendent compte, ils le confirment aujourd'hui.
02:41Pour le reste, ils étaient aussi très désireux de pouvoir parler,
02:45et ils n'ont pas pu parler ni entre eux ni beaucoup avec d'autres détenus au cours de ces dernières années.
02:51Donc c'était un moment bien sûr important pour eux.
02:53Et c'est important de faire passer ce message ce matin sur France Inter, monsieur l'ambassadeur.
02:57Je voudrais qu'on refasse le fil, puisque c'est vous, je le disais, qui êtes allé les chercher devant cette prison d'Evine.
03:04Cette prison d'Evine, une ville dans la ville à Téhéran.
03:08Est-ce que vous pouvez nous raconter cette scène hier, quand vous arrivez devant les portes de la prison,
03:14récupérer, accueillir Cécile Collère et Jacques Paris ?
03:16Écoutez, on s'est rendu à la prison d'Evine, c'est au nord de Téhéran.
03:22L'ambassade se trouve plutôt au centre, donc il y a déjà un trajet important.
03:27On s'est présenté, il y a plusieurs portes à franchir et barrières,
03:31donc ça a pris un peu de temps, avec une coordination avec les autorités iraniennes.
03:36Et bien sûr, après cette attente, ils aient nuit déjà à Téhéran.
03:43Les grandes portes de la prison d'Evine se sont ouvertes et on a pu croiser le regard de Cécile et Jacques.
03:50Donc c'est évidemment un moment qu'on n'oublie pas.
03:55On fait un métier, quand on est diplomate, qui consiste à défendre les intérêts de notre pays
04:00et à s'occuper des Français dans le monde, y compris ceux quand ils sont en situation difficile.
04:07Mais bien sûr, dans ces moments-là, ça donne un sens à cette mission,
04:11qui n'est pas toujours facile à faire comprendre aux autres.
04:14Et ça nous donne le sentiment que vraiment, on est utile.
04:18Qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
04:20Les premiers mots de Cécile Collère et Jacques Paris quand ils sortent de détention ?
04:25Les premiers mots, c'était des larmes, c'était des sourires mêlés de larmes,
04:28puisqu'on s'était déjà vus et qu'on est restés quelques instants ensemble.
04:33Et puis ensuite, on est montés dans la voiture.
04:35Encore une fois, ils avaient envie de parler.
04:37Ils m'ont demandé, bien sûr, comment allait se passer la suite.
04:40Mais voilà, et quel était le programme, si j'ose dire, après cette sortie de prison.
04:47Mais vraiment, beaucoup de joie, beaucoup de joie et de soulagement de leur part.
04:51Et dans un instant, on parlera bien sûr de la suite.
04:53Juste, ils vous ont parlé des mauvais traitements qu'ils ont subis.
04:56Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud, dit des conditions indignes.
04:59Et il faut dire à ceux qui nous écoutent ce matin que la prison d'Evin,
05:02c'est la quintessence de la barbarie du régime iranien.
05:06Ils ont subi des mauvais traitements, des tortures.
05:10Écoutez, trois ans et demi de détention, dont une bonne partie à l'isolement,
05:14c'est déjà en soi extrêmement difficile.
05:16Donc, ils ont bien sûr fait part de leur souffrance, parce que c'est de ça qu'il s'agit.
05:22Ça a été de longs mois de souffrance.
05:26Et la principale souffrance, m'ont-ils dit, c'est l'incertitude constante dans laquelle ils se trouvaient sur la suite,
05:32même après que je les ai rencontrés et que je leur ai, donc il y a trois semaines,
05:36évoqué des perspectives un peu plus positives.
05:39Voilà, est-ce qu'il faut y croire ou pas ?
05:40Ils ont été plusieurs fois déçus.
05:42Voilà, maintenant, ils sont dehors et donc ils sont soulagés.
05:44Ils sont dehors, monsieur l'ambassadeur, mais pas tout à fait libres pour autant,
05:48puisqu'ils sont en résidence surveillée à l'ambassade de France, en liberté conditionnelle,
05:52dit le régime iranien.
05:53Ça veut dire quoi, être en liberté conditionnelle ?
05:56Pourquoi est-ce qu'ils ne peuvent pas rentrer en France tout de suite,
05:59comme c'était le cas des précédents otages,
06:03dont on apprenait la libération et le retour vers la France quasiment immédiatement ?
06:08Écoutez, ça veut dire que dans nos discussions avec les autorités iraniennes,
06:12on a privilégié l'urgence, c'est-à-dire de les faire sortir le plus tôt possible de prison.
06:20C'est le cas aujourd'hui, ils sont en sécurité à l'ambassade de France.
06:23Je rappelle que c'est un territoire français, l'enceinte de l'ambassade,
06:26et que nous continuons des efforts, les discussions se poursuivent
06:29avec les autorités iraniennes pour aboutir à leur retour en France.
06:34Donc on a cette étape, mais je dirais quand même que l'essentiel est acquis.
06:38Ils sont maintenant encore une fois en sécurité et entourés par nous-mêmes
06:44et par les équipes qui vont venir de France.
06:46L'essentiel est acquis, mais qu'est-ce qu'il reste pour qu'ils puissent retrouver leur famille en France ?
06:51Pourquoi ? Quels sont les freins encore à leur libération totale ?
06:55Écoutez, je ne peux pas, vous le comprendrez, rentrer dans les détails.
06:59Ce que je peux vous dire, c'est qu'on y travaille très activement,
07:05mais la discrétion, comme ça a été le cas pendant les mois passés,
07:11en ce moment encore, est indispensable.
07:13Simplement pour que nos auditeurs puissent comprendre là encore ce qui se joue,
07:16c'est une question de jours, de semaines, de mois,
07:21pour qu'ils puissent retrouver leur famille en France ?
07:23Je ne peux pas vous le dire à ce stade.
07:27Pour nous, le plus vite sera le mieux.
07:29C'est ce que nous disons aux autorités iraniennes.
07:31Mais ça peut prendre du temps.
07:34Ça peut durer quelques jours, peut-être un peu plus,
07:38mais je ne peux pas m'engager sur ce point-là.
07:41Quelques jours, peut-être un peu plus, voilà ce que vous nous dites.
07:43Ce matin, évidemment, monsieur l'ambassadeur,
07:45se pose la question de ce que la France a concédé au régime iranien
07:48pour obtenir leur sortie de prison,
07:49puisqu'on imagine que tout cela ne s'est pas fait, évidemment, gratuitement, si j'ose dire.
07:52Est-ce qu'il y a des contreparties ?
07:54Est-ce que des détenus iraniens en France vont être libérés
07:58ou ont été libérés pour obtenir la sortie de prison de Cécile Collère et Jacques Paris ?
08:03Écoutez, sur ce point non plus, je ne peux pas vous en dire davantage.
08:08C'est la discrétion qui s'impose.
08:11C'est une condition d'efficacité.
08:12Ce que je peux vous dire, c'est que le point où nous en sommes aujourd'hui,
08:16c'est le résultat du choix qui a été fait
08:18de maintenir les canaux de communication ouverts avec les autorités iraniennes.
08:22C'est ce qui a été fait avec Constance par le président de la République,
08:25qui est à peu près le seul chef d'État occidental à s'être entretenu aussi souvent
08:29avec le président Pézéchkihan.
08:31C'est ce qu'a fait notre ministre en étant en contact régulier
08:34avec son homologue Abbas Arachie.
08:37Et c'est aussi le message que nous, on a envoyé
08:39en maintenant ouverte notre ambassade à Téhéran,
08:42y compris pendant les frappes israéliennes-américaines.
08:46Donc voilà, ce message a compté.
08:47Mais c'est-à-dire que monsieur l'ambassadeur, rapidement,
08:50ce qui se passe là, c'est un signe de réchauffement
08:52entre la France et l'Iran ?
08:54C'est comme ça que vous interprétez ce qui est en train de se passer ?
08:57Moi, quand je suis arrivé ici, mon message a été de dire
09:01qu'ils ne pourront pas avoir de relation normale
09:04tant que nos compatriotes seront toujours détenus.
09:08Donc, ils sont aujourd'hui à l'ambassade.
09:11Lorsqu'ils seront sur le territoire français,
09:13effectivement, ça ouvrira une possibilité
09:15de renouer des relations normales avec ce pays.
09:19Merci infiniment, Pierre Cochard, ambassadeur de France en Iran,
09:23d'être venu nous parler sur France Inter
09:25et d'avoir aussi transmis ce message de Cécile Collère et Jacques Paris
09:27qui remercie ceux qui les ont soutenus
09:29pendant ces plus de trois ans de détention.
09:31Merci.
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