00:00Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1
00:0818h21, de retour dans Punchline sur CNews et sur Europe 1, on est avec nos débatteurs et Thibaut de Montbréal, France, le choc ou la chute, on a évoqué la mort de Matisse, on s'est dit aussi qu'il n'y a pas d'émeute, qu'il n'y a pas de casse, de pliage, évidemment après la mort de ce jeune homme, ça fait partie de votre livre.
00:29Vous dites, voilà, c'est devenu un phénomène maintenant constant, je veux tout casser, c'est ce que disent les jeunes délinquants ?
00:35Je pense que les jeunes délinquants, ou les délinquants en général, pas forcément les jeunes, ont intériorisé, à tort ou à raison d'ailleurs, parce que c'est pas 100% vrai, mais qu'il n'y a plus rien à craindre de l'État.
00:49Et c'est ça qui est terrible. C'est pour ça que, vous savez, dans les dynamiques, il y a beaucoup de psychologie, il y a des seuils avec des bascules,
00:57et là on est passé à un point où la réponse de l'État, qui n'est pas totalement absente, qui est très absente, mais pas totalement, est considérée comme négligeable.
01:07Les gens qui ont tiré sur, le commando qui a tiré sur les gardiens de l'administration pénitentiaire lors de l'évasion de Mohamed Hamra, ils n'étaient pas obligés de le faire.
01:16Et en tuant des fonctionnaires, entre le fait de braquer et le fait de tuer, vous prenez, d'un côté vous prenez entre 15 et 18 ans, de l'autre vous prenez perpétuité.
01:24Mais ils ont pensé qu'ils ne se feraient pas attraper. Ils n'ont pas intériorisé le risque de ce qu'ils faisaient, parce qu'ils ont intériorisé au contraire...
01:31On les a eus d'ailleurs ?
01:31Oui, on les a eus. Mais ils ont intériorisé, à tort ou à raison, encore une fois, que l'État était impuissant.
01:40Et c'est pour ça que je parle de changement de dynamique et du fait, quand je dis le choc, c'est le choc d'autorité, il faut absolument changer cette dynamique.
01:46Il faut que la peur change le camp. Et vous verrez que si on y arrive, et encore une fois on n'y arrivera pas avec ce gouvernement, mais si on y arrive, ça aura un effet vertueux.
01:54C'est-à-dire que les gens qui subissent en première ligne, les médecins et les infirmières dans les hôpitaux, les profs dans les écoles, qui sont complètement abandonnés,
02:02et à qui on dit « Ah, mais ne vous inquiétez pas, vous aurez la protection fonctionnelle », c'est-à-dire qu'on vous paiera un avocat après, quand vous vous serez fait taper, agresser, menacer, etc.
02:11Et qui aujourd'hui ont peur, s'il y a un retour de balancier, et qui ne peut que commencer par le rétablissement de l'usage de la force légitime, à ce moment-là, il y aura un cercle vertueux.
02:23Mais pour l'instant, c'est tout l'inverse. Et encore une fois, c'est très très inquiétant, parce que les gens qui disent « Oui, mais vous exagérez, il y a encore parfois des interpellations, des condamnations ».
02:32Oui, il y en a, il y en a moins, il n'y en a pas assez, mais ce qui compte, c'est l'intériorisation du fait que l'État est devenu impuissant. C'est ça qui est important.
02:42Gauthier Lebrêtre, pardon.
02:42Il y a quelque chose que disait Rachel qui était très juste, et qui est vraiment un changement, c'est la prise de parole des victimes et des familles de victimes.
02:50D'ailleurs, souvent des mères, des femmes, donc c'est la femme, évidemment, du gendarme Comine, c'est la maman de Lola, c'est la maman de Philippine, c'est la maman d'Elias, les sœurs de Samuel Paty, absolument.
03:04Et donc là, la maman du jeune Matisse, une semaine après le drame. Et ça, ça change quand même les choses, c'est-à-dire qu'on n'a plus Éric Dupond-Moretti qui vient nous dire « Pas de récupération politique ».
03:12Il avait dit ça à Marine Le Pen, « Vous vous servez du cercueil de Lola comme d'un marche-pied ». Là, on ne perd pas du temps là-dessus.
03:19Parce qu'avant, on perdait énormément de temps avec ce faux débat sur la récupération politique.
03:24Et au lieu de faire des documentaires sur le fond de l'affaire, on faisait des documentaires sur le service public, sur la dite récupération politique.
03:30Et ça, ça permet d'enclencher le débat tout de suite pour qu'il n'y ait pas d'autres Matisse, pour qu'il n'y ait pas d'autres Elias, etc.
03:36Et c'est pourquoi ces mamans prennent la parole. C'est quand même le courage de ces mères.
03:40Je prends la parole alors que je vis le drame le plus absolu. Je viens de perdre mon enfant.
03:45Pourquoi je prends la parole ? Pour que la mort de mon enfant serve à sauver d'autres vies.
03:50Et c'est ce qu'avait dit très justement la maman de Philippine.
03:54Parce qu'il y avait eu une loi qui a ensuite été censurée au Conseil constitutionnel, ça l'a abattue.
03:57Elle avait dit j'ai mis cinq lisses sur la tombe de ma fille et grâce à toi ma fille,
04:03c'est cinq vies qui vont être sauvées grâce à la loi suite à ta mort.
04:06Et le Conseil constitutionnel est passé par là et a censuré cette loi.
04:09Encore un mot, Thibaut de Montbréal, parce qu'on évoque l'impuissance de l'État français.
04:13On a beaucoup parlé de l'Algérie, du cas de Boualem Sansal.
04:15Le ministre de l'Intérieur aujourd'hui dit qu'il ne faut surtout pas mener de bras de fer avec l'Algérie
04:19parce que ça ne marche pas, ça ne marche jamais.
04:21Ça aussi, c'est un symbole de l'impuissance de l'État français.
04:23Ah mais les symboles sont multiples.
04:26Ce n'est pas votre question, mais je rebondis juste sur ce qu'a dit Gauthier sur le Conseil constitutionnel.
04:30Je consacre cinq pages dans mon livre sur ce qu'est devenu le Conseil constitutionnel.
04:35Et cette dérive absolue d'une institution qui est fondamentale dans l'équilibre de la Ve République,
04:42mais qui a été complètement dévoyée depuis une quinzaine d'années, fait partie du problème.
04:45Pour répondre sur l'Algérie, moi j'ai toujours été sidéré par quelque chose, et je vais vous le dire.
04:51J'ai 57 ans. Dans ma vie, j'ai été militaire, j'ai fait du sport de compétition, je suis avocat, j'ai fait plein de choses.
04:58Le point commun dans toutes ces activités, qui sont des activités très diverses,
05:03c'est qu'à un moment donné, quand vous avez un rapport de force, il faut se tenir droit et il faut montrer sa détermination à l'autre.
05:09Il y a mille manières de montrer sa détermination, mais l'une de ces manières, c'est de montrer qu'on est prêt au rapport de force, y compris à en découdre.
05:17Le jour où votre adversaire, quoi que vous fassiez, que ce soit dans un prétoire, sur un terrain de foot,
05:21ou a fortiori dans un rapport plus dur militaire ou policier,
05:26le jour où l'adversaire, sans vous toucher, il a pris l'ascendant sur vous, parce que vous détournez le regard, vous avez perdu.
05:33Et c'est exactement ce que nous sommes en train de faire avec l'Algérie.
05:37Avec le régime algérien.
05:38Avec le régime algérien, non mais quand je dis avec l'Algérie, bien sûr, c'est le gouvernement algérien.
05:43Mais c'est une évidence, c'est une évidence qu'il faut appliquer à l'Algérie le droit commun international,
05:50et que c'est en montrant à nos amis algériens que la meilleure façon d'avoir du respect pour eux,
05:54c'est de les traiter comme les autres, et non pas mieux que les autres, que nous repartirons sur le bon pied.
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