Appel à la démission du Président par Edouard Philippe : «Il est difficile d'envisager faire carrière avec l'héritage d'Emmanuel Macron», déclare Raphaël Stainville

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00:00Avant de parler du Soudan et de cette indignation à géométrie variable,

00:04je voudrais vous faire écouter Éric Dupond-Moretti,

00:06qui était l'invité hier de Public Sénat,

00:08l'ancien ministre de la Justice,

00:10qui a fustigé la prise de distance marquée du maire du Havre

00:13à l'égard d'Emmanuel Macron, donc Édouard Philippe,

00:15ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron,

00:17dont il souhaite donc la démission planifiée après le vote du budget.

00:21Écoutez Éric Dupond-Moretti.

00:23Édouard Philippe, qui dit « Je ne lui dois rien ».

00:25Mais si, monsieur Philippe, vous lui devez tout.

00:28Et au fond, vous aviez promis, lorsque vous avez quitté le gouvernement,

00:33que vous seriez totalement loyal au président de la République.

00:37Que nenni !

00:37Non, je trouve que ce qu'a fait Édouard Philippe, je le dis, est scandaleux.

00:43Et il est au fond à la loyauté, ce que Richter est au séisme.

00:47Une référence, voyez-vous.

00:49Non, ce n'est pas bien.

00:50Raphaël Stainville, donc Éric Dupond-Moretti qui dit

00:53« Non, ce n'est pas bien, il est à la loyauté, ce que Richter est au séisme. »

00:56Une référence.

00:58Qu'en pensez-vous ?

00:59Pourtant, les trahisons, c'est quand même un grand classique de l'histoire politique.

01:05Je crois que je ne suis pas totalement en désaccord avec Éric Dupond-Moretti.

01:11Non pas que je considère que celui qui a été le garde des Sceaux d'Emmanuel Macron

01:17a fait merveille lors de son passage au ministère de la Justice,

01:23mais pour autant, le regard qu'il porte, parce que finalement, c'est un peu un béossien en politique,

01:29et il a découvert la politique tardivement,

01:31il a fait un passage relativement éphémère en politique,

01:36mais ce qu'il en tire comme leçon, avec ses trahisons,

01:43celle d'Édouard Philippe, celle de Gabriel Attal,

01:47à l'égard du chef de l'État, pour qui, effectivement,

01:51Édouard Philippe et Gabriel Attal doivent, pour partie,

01:55la dimension qu'ils ont prise dans l'opinion publique,

01:58je comprends son jugement.

02:03Et je comprends, et c'est là où je vais pratiquer presque le « et en même temps »,

02:07je comprends qu'Édouard Philippe, aujourd'hui, Gabriel Attal,

02:12dans une autre partition,

02:15veuille se détacher absolument du chef de l'État et de son héritage,

02:20parce qu'effectivement, il est tellement lesté, plombé par un bilan catastrophique,

02:26qu'il est délicat de pouvoir envisager de continuer à faire carrière,

02:29et bien évidemment que mon commentaire, il est presque exclusivement politicien,

02:33mais il est difficile d'envisager faire une carrière

02:36avec l'héritage d'Emmanuel Macron en bandoulière.

02:39On se concentre d'approbation pour Emmanuel Macron actuellement.

02:45Et c'est bien pour ça qu'ils essayent de s'inscrire en rupture avec le macronisme.

02:49C'est toujours fait, encore une fois, c'est un grand classique de la vie politique.

02:53Toujours fait, dès lors que le chef a failli,

02:57oui, c'était le cas de Jacques Chirac avec Nicolas Sarkozy,

03:01mais pour le reste, si le chef avait réussi, il en serait autrement.

03:05Non, je suis entre les deux, si j'ose dire.

03:09Non, mais il y a deux niveaux.

03:11Il y a un niveau politique.

03:12Sur le plan politique, la politique qui a été menée par M. Macron après Édouard Philippe,

03:21s'est encore dégradée davantage,

03:23et ça n'est pas totalement incompréhensible

03:27qu'Édouard Philippe ne veuille pas en être l'héritier.

03:30Bon, mais d'un autre côté, il y a la vie aussi.

03:34Il y a, si j'ose dire, les sentiments.

03:37Il est certain que Dupont m'aurait dit que je connais bien,

03:41ce n'est pas un politicien.

03:43C'est un type qui a du cœur et des tripes.

03:47C'est Macron qui l'a fait garde des sceaux.

03:51Ça lui a fait plaisir.

03:52Il pensait même que le poste n'était pas fait pour lui.

03:58Pour vous dire à quel point ça lui a fait plaisir.

04:00Donc, il est dans une reconnaissance.

04:02C'est normal, en principe.

04:03Vous aimez bien les gens qui vous font du bien.

04:05J'arrive à le comprendre, ça, vous voyez ?

04:08Et donc, il considère que Philippe doit être à peu près dans la même gratitude.

04:15Donc, j'avoue que ça ne me sort pas.

04:17Vous êtes partagé, tous les deux.

04:19Oui, je suis partagé, moi.

04:21J'aimerais... Oui, Raphaël, s'invite.

04:23Peut-être pour compléter ce que dit Gilles William.

04:25Moi, je pense que, pour partie,

04:28Édouard Philippe est responsable de la chute

04:33ou de l'effondrement d'Emmanuel Macron.

04:36Les 80 km heure qui ont été la première goutte

04:40qui ont participé finalement à l'émergence du phénomène des gilets jaunes

04:45ont contribué à alourdir,

04:51en tout cas à fragiliser Emmanuel Macron.

04:53L'enfermisme dont il a fait preuve pendant la période Covid

04:56a été sévèrement subie par un nombre de Français.

05:03Oui, je pense que le bilan d'Édouard Philippe,

05:06il est beaucoup plus contrasté que l'image

05:08dont il jouit encore finalement dans l'opinion

05:10après cette détachée de Matignon.

05:12Sous-titrage Société Radio-Canada

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