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Panthéonisation de Robert Badinter : «Le discours d'Emmanuel Macron était totalement décalé» estime Raphaël Stainville
Europe 1
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il y a 6 semaines
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00:00
On va revenir sur le plan de paix à Gaza, il est entré en vigueur ce matin à 9h.
00:05
Juste avant quand même, j'aimerais revenir sur cette cérémonie de panthéonisation qui a eu lieu hier, Robert Badinter, qui entre au Panthéon.
00:13
Est-ce que vous avez regardé cette cérémonie déjà, Raphaël Stainville ?
00:17
Je me suis contenté d'écouter le discours d'Emmanuel Macron, mais je n'ai pas eu le courage et la force d'aller jusqu'au bout de la cérémonie.
00:25
Et vous êtes allé jusqu'au bout du discours d'Emmanuel Macron ?
00:28
Oui, parce que ça m'intéressait de voir une fois de plus ce numéro d'acteur du président qui me semblait tellement décalé dans sa grandiloquence.
00:39
J'ai trouvé ça presque obscène lorsqu'il...
00:41
Ah bon ? Obscène ?
00:42
Oui, parce que je pense qu'il y avait un immense malentendu.
00:47
C'est-à-dire qu'en même temps qu'Emmanuel Macron voulait célébrer un homme Badinter et la République,
00:52
j'ai l'impression qu'il nageait en plein révisionnisme historique.
00:58
Il célébrait les Lumières, mais même les philosophes des Lumières,
01:02
pour certains, en tout cas je pense à Jean-Jacques Rousseau,
01:06
admettaient la possibilité de la peine de mort pour les criminels qui s'étaient mis,
01:11
finalement, qui s'étaient exclus de la société.
01:13
Mais je pense qu'on ne peut pas s'exonérer de faire le bilan de la politique et de la philosophie pénale
01:24
qu'a porté Robert Badinter.
01:25
On va y venir.
01:26
Et donc, moi j'ai trouvé que c'était décalé, que c'était oublié les victimes, les vraies victimes.
01:32
Et oui, ça m'a dérangé, ça m'a dérangé.
01:35
J. William Golnadel, vous avez regardé cette cérémonie ?
01:37
Ah non, pas du tout.
01:39
Non, pas du tout. J'en veux le courage de Raphaël, j'en suis incapable.
01:43
Non mais j'en suis totalement incapable, je vous le dis, c'est presque physique.
01:47
Pour toutes les cérémonies ou celles-là en particulier ?
01:49
Non, celles-là en particulier.
01:50
Non mais pour dire les choses clairement,
01:54
j'ai beaucoup de respect pour une partie de l'œuvre de M. Badinter,
02:00
en tous les cas, sa lutte contre l'antisémitisme,
02:04
et notamment quand il s'est aperçu que l'antisémitisme avait changé,
02:08
qu'il était d'extrême-gauche,
02:10
et je dois dire que j'ai encore plus d'admiration sur ce point-là pour son épouse.
02:14
Pour Elisabeth Badinter, donc ?
02:15
Oui, très clairement.
02:16
Maintenant, pour le dire franchement,
02:18
quand je suis arrivé au palais,
02:20
confusément,
02:24
M. Badinter, qui avait évidemment une très belle voix,
02:28
un très grand avocat,
02:33
mais il était exactement ce que je ne voulais pas être sur le fond.
02:38
Moi, j'avais une conception peut-être un peu surannée par rapport à d'autres avocats,
02:42
de la conception d'avocats, je voulais défendre la veuve et l'orphelin.
02:46
Et je sentais très bien qu'on était déjà dans la culture de l'excuse
02:50
et qu'on faisait passer, d'une certaine manière,
02:52
l'intérêt des criminels au-dessus de l'intérêt des victimes.
02:56
C'est tout à fait au contraire.
02:58
Donc moi, à la limite, si vous voulez dire quelque chose,
03:00
je ne vois pas d'inconvénients à ce que M. Badinter soit au Panthéon,
03:04
qu'on a même décidé de mettre Mme Alimi,
03:06
alors j'ai encore beaucoup plus de réserve,
03:08
pour des tas de raisons, au Panthéon.
03:11
Mais alors dans ce cas-là, moi, quand j'étais au palais,
03:14
il y avait un grand avocat, un grand ténor,
03:16
qui s'appelait Henri-René Garraud,
03:17
mais qui avait aussi beaucoup de verve,
03:20
mais une verve un peu de gouaille,
03:23
mais qui était méprisée par une partie du barreau et des magistrats,
03:27
qui était déjà dans la bande d'intérisation,
03:29
c'était parce qu'il avait fondé Légitime Défense.
03:33
Il défendait, il défendait les victimes.
03:35
Je peux vous dire que c'était l'avocat des franches houillards,
03:38
d'une certaine manière.
03:39
Pourquoi on ne mettrait pas aussi M. Henri-Nigarraud au Panthéon ?
03:42
Il a tout autant sa place que M. Badinter.
03:44
Je pense que ce que Jacques Attali a dit va vous plaire,
03:48
écoutez, c'était...
03:49
Ah oui, non, non, écoutez.
03:50
Ça serait bien la première fois.
03:51
Eh bien justement, aujourd'hui, vous avez vu,
03:52
vous avez été d'accord avec Jean-Luc Mélenchon,
03:55
et certainement avec Jacques Attali.
03:56
Je file un mauvais coton, moi je vous le dis.
03:57
Eh bien écoutez-le, on en reparle.
03:59
Vous avez raison de dire qu'il a joué un rôle
04:00
dans l'abolition de la peine de mort,
04:02
mais n'importe qui, garde des sceaux,
04:04
aurait fait abolir la peine de mort.
04:06
Il n'y est pour rien.
04:07
Celui qui fait abolir la peine de mort,
04:08
c'est François Mitterrand.
04:09
J'ai souvent dit qu'une chaise, garde des sceaux,
04:12
aurait fait abolir la peine de mort,
04:13
puisque les parlementaires l'auraient voté.
04:15
Mais il a joué un rôle majeur
04:17
dans le combat contre la peine de mort
04:19
avant l'élection,
04:20
et, comme on le dira peut-être tout à l'heure,
04:23
il n'a été garde des sceaux que par hasard.
04:26
François Mitterrand ne voulait pas qu'il le soit à ce moment-là.
04:29
Il n'est pas très sympathique
04:29
quand il dit qu'une chaise aurait fait voter.
04:32
Très sincèrement, je donne quand même...
04:33
Mais est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
04:34
Dans la hiérarchie, je donne plus quand même de talent
04:36
à M. Badinter qu'à M. Attali.
04:39
Peut-être que vous êtes d'accord avec ce qu'il dit, en tout cas ?
04:42
Non, même pas.
04:43
Non, même pas factuellement,
04:44
parce que c'est quand même aussi sa plaidoirie,
04:47
où il a sauvé les têtes, etc.,
04:49
qu'il donnait dans son combat une légitimité.
04:51
De vous à moi, je ne suis pas contre du tout l'abolition.
04:55
Ça ne m'empêcherait pas de dormir
04:57
si Eichmann devant moi était pendu.
04:59
Ça ne me dérange pas.
05:01
Ce qu'il m'a gêné davantage,
05:02
c'est notamment, on a vendu
05:04
comme argument aux plus réticents
05:07
pour la peine de mort,
05:08
c'était qu'il y avait encore plus sévère
05:09
que la peine de mort,
05:10
c'était d'enfermer quelqu'un criminel
05:13
toute sa vie.
05:14
Et c'est vrai.
05:14
Aux Etats-Unis, il y en a qui en prennent
05:16
pour 400 ans.
05:17
Sauf qu'il y a quelques mois ensuite,
05:21
on nous a expliqué
05:22
que la prison à vie,
05:24
ce n'est pas possible, vous comprenez.
05:26
Même les matons, ils ne pourraient pas.
05:28
Et peu à peu,
05:28
on a fait disparaître la prison à vie.
05:30
On a aboli de fait la prison à vie
05:32
et en réalité aussi, d'une certaine manière,
05:35
il n'y a plus de peine capitale du tout.
05:37
Au-delà de 20 ans,
05:38
c'est très rare qu'un type encore soit en prison.
05:40
Je pense que ça n'est ni dissuasif,
05:43
ni convenable, si j'ose dire,
05:45
par rapport aux familles des victimes.
05:47
Alors, puisqu'on est sur l'héritage
05:48
de Robert Badinter,
05:49
écoutez ce qu'on dit également,
05:51
Georges Fenech.
05:52
Si vous m'autorisez à faire une critique,
05:54
ce qui n'enlève en rien
05:56
à la grandeur de cet homme,
05:57
les membres d'Action Direct
05:59
ont été amnistiés
06:01
par M. Badinter en 1981
06:04
avec 250 autres terroristes
06:06
qu'on appelait à cette époque-là
06:08
des combattants de la liberté.
06:10
Et une fois remis en liberté,
06:11
trois et quatre ans et cinq ans plus tard,
06:14
ils ont assassiné
06:15
le patron de la régie Renault,
06:17
Georges Bess,
06:18
et le lieutenant général
06:19
de la direction de l'armement,
06:21
voilà, donc il y a ces deux familles
06:23
qui ne sont pas venues
06:25
et qui n'ont pas été invitées aujourd'hui.
06:26
Alors, c'est dur de dire cela comme ça,
06:28
mais si vous voulez,
06:29
c'est cette espèce d'angélisme
06:30
de cette culture
06:32
que le criminel
06:33
est d'abord lui-même la victime
06:34
d'un trait de plume,
06:36
supprimer la loi sécurité-liberté,
06:38
sans même une autre loi,
06:40
et ouvrir les portes des prisons,
06:42
y compris à des gens dangereux.
06:43
Donc, je veux dire,
06:44
il y a cet épisode sombre.
06:46
Alors là, j'ai eu William Golnadel,
06:47
Georges Fenech,
06:48
va dans le sens de ce que vous disiez.
06:49
Il a tellement raison,
06:51
mon cher Georges,
06:51
vous savez,
06:52
c'est notre combat comment ?
06:53
On a créé droit à la sécurité ensemble,
06:55
et quand nous avons créé droit à la sécurité,
06:57
le nom droit à la sécurité,
06:59
je vous assure que nous sentions le souffre,
07:01
rien que le mot en question.
07:03
Donc, bien entendu,
07:04
il a raison pour le pauvre Georges Besse,
07:06
il a entièrement raison,
07:08
mais il y a eu presque 40 000 gens
07:10
qui ont été libérés
07:11
des déjeules de la République,
07:14
et ça a entraîné,
07:15
vous ne pouvez pas imaginer,
07:16
le nombre de victimes en plus.
07:18
Il a raison.
07:19
Raphaël Stainville.
07:20
Oui, même pour aller plus loin,
07:22
parce qu'on en paye encore aujourd'hui
07:23
les conséquences,
07:25
c'est qu'il a installé
07:27
le syndicat de la magistrature
07:29
Place Vendôme,
07:31
il a donné les clés
07:32
de l'école de la magistrature
07:34
au syndicat de la magistrature,
07:36
et lorsqu'il a été président
07:39
du Conseil constitutionnel,
07:42
il a fait en sorte,
07:43
de manière presque systématique,
07:47
d'empêcher toutes les lois sécuritaires,
07:52
notamment les lois pasqua,
07:53
de pouvoir se déployer
07:56
dans ce qu'elles avaient de radical.
08:03
Donc, il a contribué finalement
08:06
à empêcher le politique
08:07
de reprendre la main
08:08
sur la magistrature.
08:11
Il a donné une impulsion
08:13
et un écho finalement
08:14
au sein de la magistrature
08:16
dont on paye aujourd'hui
08:17
très largement les conséquences.
08:19
Il est très rare quand même
08:20
qu'un homme fasse entièrement
08:21
un consensus dans toute sa vie,
08:23
toute son œuvre.
08:25
Mais là,
08:25
est-ce que vous ne pensez pas
08:27
que Robert Badinter au Panthéon,
08:28
c'est surtout pour ce symbole
08:29
de l'abolition de la peine de mort ?
08:31
Vous avez entièrement raison.
08:34
C'est d'abord pour cela
08:35
qu'il a eu cette cérémonie hier
08:39
et qu'il est au Panthéon aujourd'hui.
08:41
Mais dans le discours d'Emmanuel Macron,
08:43
c'était un hommage
08:44
et un éloge beaucoup plus large.
08:47
C'était finalement un éloge
08:49
du socialisme
08:50
dans toute sa pureté.
08:53
Et c'est là où c'était peut-être
08:54
plus problématique.
08:55
Parce qu'on peut discuter
08:56
de l'héritage de Badinter
08:57
à l'aune de ce que nous connaissons aujourd'hui.
08:59
M. Macron a osé dire
09:02
que ceux qui traitaient
09:06
M. Badinter de laxiste,
09:09
en vérité,
09:10
lui donnaient un brevet d'humanisme.
09:12
Je suis désolé de vous dire
09:15
que pour moi,
09:16
les premiers humanistes,
09:18
ce sont ceux qui sont derrière,
09:20
à côté, les victimes,
09:22
pas à côté des coupables.
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