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00:00En Europe maintenant, les électeurs des Pays-Bas participent en ce moment depuis quelques heures à des élections législatives anticipées.
00:06L'extrême droite est en tête des sondages, mais elle est quasi assurée de ne pas gouverner.
00:11Après avoir fait sauter la précédente coalition, plus personne ne veut collaborer avec le Parti pour la liberté de l'islamophobe Gert Wilders.
00:20De tout cela, on va en parler dans le décryptage de Karim Yahya.
00:23Oui, bonjour Karim.
00:24Bonjour.
00:24Le Parti de l'extrême droite de Gert Wilders a en quelques mois dynamité une tradition politique dans le pays,
00:32une tradition de la coalition, d'un consensus, marque de fabrique des Pays-Bas.
00:37Est-ce que cette tradition pourra s'en mettre ?
00:40On peut se poser la question, tant ça a été un bouleversement majeur sur l'échiquier politique néerlandais.
00:46C'est vrai qu'on a l'habitude de citer ce pays comme un pays ayant une grande capacité à trouver des équilibres, des coalitions.
00:52On en parle même souvent en France, tant nous on a des difficultés ces derniers temps à construire des majorités.
01:00Et c'est vrai que ces derniers mois, et en tout cas ces deux dernières années, ont marqué une modification de cette tradition politique
01:08avec l'intégration dans un gouvernement de ce parti d'extrême droite, celui de Gert Wilders,
01:14qui lors des dernières élections législatives a raflé 37 des 150 sièges que compte la seconde chambre.
01:22Et clairement ça a été une rupture par rapport à l'ordre politique traditionnel.
01:26Beaucoup n'imaginaient pas qu'un jour l'extrême droite puisse être dans un gouvernement.
01:31Et finalement on a vu, c'était compliqué, il a fallu 7 mois pour construire un équilibre extrêmement fragile
01:36avec des partis traditionnels, notamment le parti libéral ou encore le parti centriste.
01:42Mais tout ça a volé en éclats parce que justement, si ces partis avaient une tradition de dialogue
01:48et de construire des coalitions, ce n'était pas du tout la logique dans laquelle se trouvait le parti de Gert Wilders,
01:54qui n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'il est dans l'opposition.
01:58Et c'est vrai que ça a été particulièrement difficile à vivre pour un certain nombre d'hommes politiques
02:04qui ont vu essentiellement pendant 11 mois des chamailleries et un espèce de brouhaha politique
02:11sans qu'il y ait véritablement d'avancée.
02:13Donc clairement ça marque les limites d'un modèle qui jusque-là semblait bien fonctionner.
02:19Gert Wilders l'a fait voler en éclats.
02:21Et ce qui est intéressant, c'est que ses électeurs ne lui en tiennent pas forcément en rigueur
02:25puisque vous avez souligné qu'il n'aura sans doute pas la majorité absolue.
02:29Mais tout de même, il risque de virer en tête parce que ses électeurs ont la lecture suivante.
02:35On n'a pas laissé le parti de Gert Wilders aller au bout de ses idées
02:39et mettre en œuvre la politique qu'il voulait mettre en œuvre.
02:42Voilà, et ses idées anti-immigration et de grands emplacements,
02:45l'extrême droite les a imposées, a imposé ces thématiques dans la campagne.
02:49Mais si elle vire en tête à l'issue du scrutin, ce qu'on disait,
02:52est-ce qu'elle est vraiment assurée de prendre la tête d'un gouvernement ?
02:54Alors, c'est très peu probable, comme vous l'avez souligné,
02:57puisque plus personne ne veut travailler avec Gert Wilders
02:59parce que, justement, il a fait voler en éclats ce système qui fonctionnait jusque-là.
03:05C'est vrai que les thématiques qui ont traversé cette campagne des législatives
03:10étaient essentiellement celles qui étaient largement mises en avant
03:14par les partis d'extrême droite.
03:16On a vu pas mal de manifestations anti-immigration se multiplier
03:19alors qu'approchaient l'échéance des élections législatives.
03:22Et on a beaucoup parlé de la crise du logement
03:24et du côté des partis d'extrême droite, mais pas seulement.
03:28On a souvent fait le lien entre cette crise du logement.
03:31400 000 logements manquent dans le pays,
03:34essentiellement parce qu'on n'a pas suivi l'évolution démographique du pays.
03:38Mais pour beaucoup d'électeurs, on a fait croire, finalement,
03:42que la cause de ces grandes difficultés pour se loger,
03:45notamment dans les grandes villes du Pays-Bas,
03:47était liée à l'immigration, à l'accueil des réfugiés.
03:50Pourtant, les chiffres semblent montrer justement
03:53que le nombre de personnes accueillies dans le pays est en baisse.
03:57Le nombre de personnes demandant l'asile pour la première fois
03:59est également en baisse de 8,5%.
04:01Mais c'est ça la force de l'extrême droite,
04:05c'est de réussir à maintenir ces thématiques
04:07qui sont toujours porteuses dans les moments critiques
04:10et dans les moments de difficulté auxquels peuvent être confrontés
04:13les habitants des Pays-Bas.
04:15Et des idées qui gagnent du terrain dans les autres parties ?
04:18Clairement, on a vu un certain nombre de parties
04:20emboîter le pas à l'extrême droite sur beaucoup de thématiques,
04:24notamment le parti libéral qui marche dans les pas de l'extrême droite,
04:30de Gerd Wilders, mais aussi d'un certain nombre d'autres parties
04:33qui sont un petit peu dans cette même logique.
04:36Notamment, il y a eu des lois qui sont passées en juillet dernier
04:40et on a vu la droite traditionnelle marcher sur les pas de l'extrême droite,
04:45notamment lorsqu'il a fallu limiter la durée des titres de séjour
04:49ou empêcher l'accès aux logements sociaux pour les réfugiés.
04:53Donc on sent bien qu'il y a cette volonté d'essayer de singer ou d'imiter l'extrême droite.
05:00Le problème, c'est que lorsqu'on regarde un petit peu les sondages et les chiffres,
05:04eh bien les libéraux font moins bien que lors des dernières élections législatives.
05:09Et il y a ce phénomène qu'on connaît souvent, celui de préférer l'original à la copie.
05:15Et aujourd'hui, cette stratégie de la droite traditionnelle
05:18semble pas franchement couronnée de succès.
05:21Et puis il y a tout un tas d'éléments qui font craindre une trajectoire,
05:25notamment sur les questions de liberté,
05:28où on a vu qu'un certain nombre de parties, 12 sur les 15,
05:32étaient porteurs de mesures qui étaient clairement dangereuses pour l'État de droit.
05:36C'est une étude qu'il a soulignée.
05:3812 sur 15.
05:3912 sur 15.
05:40Des mesures qui concernent évidemment encore souvent l'immigration, l'asile, la punition de crimes.
05:45Même les chrétiens démocrates se sont allés à des propositions
05:49qui ne correspondent pas à l'État de droit
05:50ou qui sont en opposition à un certain nombre de règles.
05:54Et tout ça montre que, eh bien, dans cette comète qu'est l'extrême droite,
05:59beaucoup de parties semblent suivre la queue de la comète, en quelque sorte.
06:04Et c'est sans doute là la vraie victoire de l'extrême droite,
06:07au-delà des résultats et peut-être de son incapacité à intégrer un gouvernement.
06:12Beaucoup de parties ont repris le flambeau sur un certain nombre de thématiques.
06:17Et la rhétorique de l'extrême droite s'est imposée ces deux dernières années.
06:21– Merci beaucoup Karim.
06:22On suivra bien sûr les résultats de ces élections législatives anticipées aux Pays-Bas.
06:26Il faudra un peu de temps avant d'avoir un gouvernement.
06:28Les tractations pourraient s'annoncer très très longues.
06:31– Sous-titrage Société Radio-Canada
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