- il y a 2 mois
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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Joe Elmer se sent tellement frustré à tout point de vue qu'il ne sait plus très bien ce qu'il fait.
01:08Ayant pris l'autobus, il s'aperçoit trop tard qu'il s'est trompé et qu'il part dans la direction opposée à celle qui l'intéresse.
01:17Il peste à haute voix sous le regard indifférent des autres passagers.
01:21« Mais tout ça, c'est la faute d'Irène, naturellement. »
01:25Il lui a téléphoné en sortant du cinéma tout à l'heure et ils se sont encore disputés, comme ce matin.
01:30Elle ne comprend pas qu'il n'ait pas envie de trimer pour gagner leur vie.
01:33Il préfère ne rien faire, Joe.
01:35Un peu de patience, quoi.
01:37La chance viendra bien un jour.
01:40Seulement, en attendant qu'elle se présente, les choses vont plutôt mal.
01:43Ils n'ont plus de quoi payer leur facture.
01:46Hier, on leur a coupé l'électricité et aujourd'hui, le gérant parle de les expulser.
01:50Ah ben oui, vraiment, ça va mal, ça va mal.
01:55L'autobus s'arrête en crissant à la hauteur de la 24e rue.
01:59Joe descend et se met à marcher.
02:03Il ne lui reste plus un sou en poche.
02:06Il est obligé de rentrer à pied chez lui.
02:08Il se retrouve ainsi, emboîté le pas à l'homme qui était assis sur le siège à côté du sien quelques instants plus tôt.
02:18C'est un homme fort, aux jambes courtes, d'environ 60 ans.
02:24Mais il marche rapidement d'un pas élastique de jeune homme.
02:28Joe remarque la bonne coupe de son costume.
02:33« Voilà ce que peut faire l'argent, » pense-t-il avec aigreur.
02:38« Les rues sont désertes. »
02:42L'inconnu tourne le coin de la 21e rue et Joe, qui devait continuer tout droit, tourne derrière lui.
02:53Le bruit de leurs pas conjugués résonne dans l'avenue tranquille.
02:58Ils avancent ainsi quelques instants, l'un suivant l'autre comme à la parade.
03:03Puis, soudain, Joe voit l'homme s'arrêter.
03:09Étonné, il s'arrête aussi.
03:13L'homme bat l'air de ses bras, cherche à desserrer son col de chemise dans le geste désespéré de quelqu'un qui manque d'air.
03:20Joe s'approche.
03:22L'inconnu pivote et lui fait face.
03:27Joe sent dans son regard un appel muet, désespéré.
03:34« Mais que peut faire Joe ? »
03:38« Rien. »
03:40L'homme vacille et s'affaisse lourdement sur le trottoir.
03:46Immobile, Joe le regarde.
03:50Il réalise que cet homme est malade, déjà mort peut-être.
03:55Mais Joe ne désire pas prendre part au drame.
03:57Il a suffisamment d'ennuis comme ça.
03:59Il continue donc son chemin lentement, en laissant errer son regard sur les maisons de briques indifférentes.
04:08Il espère que quelqu'un finira par lui enlever la responsabilité de ce corps allongé par terre.
04:14Mais il ne vient personne.
04:18Joe revient alors sur ses pas et demande.
04:23« Hé, monsieur, ça va ? »
04:26La question résonne stupidement à ses oreilles.
04:30« Cet homme ne va pas bien, c'est évident.
04:32Son silence, son immobilité le démontrent suffisamment. »
04:39Joe se penche.
04:41Avec précaution, il soulève le poignet et maladroitement cherche le poux.
04:51Il ne sent aucune pulsation.
04:52Il pose sa main sur la bouche grande ouverte de l'homme.
04:58Sa paume ne reçoit pas le moindre souffle chaud.
05:03Dans la rue, toujours personne.
05:06Il lui vient à l'esprit que l'homme doit posséder des papiers d'identité.
05:09D'une poche intérieure du veston, Joe tire un volumineux portefeuille qui s'ouvre entre ses mains.
05:19Joe voit des liasses de dollars.
05:22Il y en a au moins vingt, trente peut-être, en beaux billets de cinq, dix et vingt dollars.
05:30Ça fait en tout une jolie somme, une très jolie somme.
05:37Joe regarde si fixement l'argent qu'il en oublie à présent son intention première.
05:42Il ne pense plus qu'à une chose, ce qu'il doit faire.
05:46Il observe le mort.
05:53Il a les yeux fermés.
05:56Il paraît en paix.
05:59À quoi lui servirait maintenant tout cet argent ?
06:02Avec une sorte d'indifférence, Joe glisse le portefeuille dans sa poche.
06:10Puis, il recule de quelques pas sans cesser de surveiller le corps étendu.
06:16Finalement, il se retourne et se met à marcher d'un pas rapide qui devient cinquante mètres plus loin un pas de course.
06:22Il ne s'arrête pas de courir jusqu'à l'immeuble où l'attend Irène.
06:26Irène, sa femme.
06:30Il monte calmement, lentement, les trois étages menant à leur logement et, souriant, entre.
06:43Irène s'active à la lessive dans la cuisine.
06:47« Alors, Joe, tu as trouvé le travail ? »
06:50« Hein ? Non, Irène, pas de veine, hein ? »
06:56Puis, il va ouvrir le réfrigérateur pour y prendre une canette de bière.
07:01« Ah, zut, elle est tiède ! »
07:03« C'est vrai qu'on leur a coupé le courant. »
07:07Il pose néanmoins la bouteille sur la table et la décapsule.
07:12Irène s'approche de lui, les poings sur les hanches.
07:16C'est une femme encore séduisante malgré la vie qu'elle mène.
07:19« Joe, je parie qu'au lieu de chercher du travail, tu vas passer l'après-midi au cinéma. »
07:24« Mais pas du tout, Irène, tu te trompes. Crois-moi. »
07:28En plus, j'ai eu de la chance.
07:30J'ai rencontré un type qui était autrefois avec moi à l'armée.
07:33« Et qu'est-ce que tu crois qui est arrivé, hein ? »
07:35« Eh bien, ce type s'est rappelé qu'il me devait quelque chose pour l'avoir sorti un jour d'une sale histoire. »
07:41« Ça prouve tout de même qu'il y a de braves gens, hein, Irène ? »
07:46« Tu te moques de moi, Joe ? »
07:48« Mais bien sûr que non, Irène, bien sûr que non. Tu veux voir le fric ? »
07:53En souriant, Joe porte la main à sa poche arrière et en tire l'épais paquet de billets qu'il étale sur la table.
08:03Les yeux d'Irène jettent des éclairs de convoitise.
08:06« Oh, Joe ! Il y a combien ? »
08:11« Eh bien, compte-toi-même, ma belle ! »
08:15Elle s'y emploie très vite.
08:19« 375 dollars, Joe ! C'est merveilleux !
08:22On va donner 50 dollars au gérant. Il attendra bien pour la quittance de Mars.
08:26Et puis on va donner 100 dollars à l'épicier.
08:29Hein ? La vie est belle, hein, Irène ?
08:31Allez, on se fera un petit festin pour le dîner. On a bien mérité ça, pas vrai ?
08:34« Oh, Joe ! »
08:37S'écrient Irène en se jetant dans ses bras, comme au début de leur mariage.
08:44« C'est ainsi qu'ils l'aiment, Irène. Douce, amoureuse. »
08:54Quand ils se retrouvent seuls dans la chambre, Joe ouvre le portefeuille vide qui comporte deux compartiments.
09:01Le premier compartiment contient une carte avec un nom et une adresse.
09:05Marvin Horin, 8, 70e rue Est
09:11Mais c'est l'autre compartiment du portefeuille que Joe regarde sans comprendre.
09:18Sans comprendre les mots étranges écrits sur un papier blanc.
09:24Il lui faut les lire deux fois avant d'en saisir toute la signification.
09:29« Je ne suis pas mort. Il m'arrive de tomber en catalepsie. Dans ce cas, prévenir tout de suite le docteur Nelson Kruger, 441, 64e rue Est.
09:46Téléphone Murray Hill, 30010
09:51Joe laisse tomber le portefeuille comme s'il y découvrait soudain des germes de peste.
10:01Il sent son sang se glacer au point qu'il croit tomber raide mort lui aussi.
10:08Il revoit le visage de l'homme là-bas sur le trottoir.
10:13Puis une autre image se dresse devant ses yeux et l'emplit d'une horreur sans nom.
10:20Un trou dans le sol.
10:25Un long coffre de bois sur lequel une pelle jette lourdement de la terre.
10:33Joe s'assoit sur le lit et ferme les yeux pour tenter de réfléchir.
10:39Il a beau tourner et retourner le problème dans sa tête, il n'arrive à aucune solution logique.
10:44Finalement, il se lève et...
10:47et se voit dans la glace.
10:50Son visage est blême comme vidé de son sang.
10:56À peine s'il se reconnaît.
10:59Et brusquement, il paraît se réveiller.
11:02Il remet le portefeuille dans sa poche, enfile son veston et se dirige vers la cuisine.
11:08Irène s'affaire à son fourneau.
11:11Elle chantonne.
11:14Quand il entre, elle se tourne vers lui, veut dire quelque chose,
11:17mais Joe ne lui en laisse pas le temps.
11:21Donne-moi cinq dollars, Irène.
11:24Quoi, Joe ?
11:25Donne-moi cinq dollars.
11:26Ne me demande pas pourquoi.
11:28Mais Joe, je croyais qu'on avait décidé de ne pas toucher à cet argent
11:32tant que toutes nos dettes ne seraient pas payées.
11:34Irène, discute pas, s'il te plaît.
11:36Donne-moi cinq dollars.
11:37J'en ai besoin, vraiment besoin.
11:41Mais que veut-il faire de ces cinq dollars ?
11:45Et Irène acceptera-t-elle de les lui donner sans discuter ?
11:49C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
12:02Joe Elmer a vu dans la soirée un homme tomber raide mort devant lui dans une rue déserte.
12:08Profitant de ce qu'il n'y avait aucun témoin
12:12et considérant qu'il ne pouvait plus rien faire pour l'inconnu,
12:18Joe a aussitôt décampé après s'être emparé du portefeuille bourré de billets
12:23de l'homme mort.
12:27Il rapporte sa trouvaille chez lui
12:28et il raconte à sa femme qui le presse de question
12:32qu'un copain de rencontre lui a remboursé une ancienne dette.
12:36Mais, une fois seul dans sa chambre,
12:43Joe découvre en examinant le portefeuille
12:46que l'inconnu n'est probablement pas mort,
12:51mais seulement tombé en catalepsie.
12:54Le portefeuille, en effet, contient un papier
12:56indiquant que l'homme est coutumier du fait.
13:02Joe Elmer décide de repartir immédiatement
13:04et demande à sa femme de lui redonner 5 dollars
13:07sur les 375 que contenait le portefeuille.
13:14Irène fait la moue,
13:15mais va cependant prendre dans un rayon
13:18une boîte à café en fer blanc
13:20et fouille à travers les billets
13:22jusqu'à ce qu'elle trouve la somme exacte.
13:245 dollars
13:27Joe les lui arrache des mains,
13:30puis, comme s'il regrettait son geste,
13:34embrasse tendrement Irène.
13:37« Merci, poupée, j'en ai vraiment besoin, tu sais.
13:40Je te raconterai.
13:41À tout à l'heure. »
13:45Puis il descend en hâte l'escalier
13:47et se retrouve dans la rue
13:49où il fait signe à un taxi.
13:51Il donne une adresse au chauffeur
13:57et, la circulation n'étant pas trop intense
14:00à cette heure-là,
14:02il arrive à destination en moins de 5 minutes.
14:06Joe fait arrêter le taxi à un carrefour.
14:08Il ne désire pas se faire déposer
14:10à l'endroit exact.
14:12Puis, nonchalamment,
14:14il tourne le coin de la 21e rue.
14:18Il a beau être prêt à tout,
14:20il n'en éprouve pas moins un choc
14:23lorsqu'il voit que le corps a disparu.
14:27Une voiture de police patrouille dans la rue.
14:30À part ça, rien.
14:33Joe s'efforce de se diriger
14:35calmement vers les policiers
14:37sans trop savoir ce qu'il va dire.
14:42« Bonsoir, messieurs. »
14:45Le policier, assis à l'avant, le regarde.
14:47Il répond à son salut
14:50par un mouvement de tête
14:51qui ne l'engage pas à grand-chose.
14:54« Qu'est-ce qui se passe par ici,
14:57monsieur l'agent ? »
14:58« On a trouvé un homme mort, »
15:01répond le policier.
15:02« On vient de l'emmener.
15:05Vous savez quelque chose à ce sujet ? »
15:06« Ah non, non, rien, moi, non.
15:08Non, absolument rien, monsieur l'agent.
15:10J'ai entendu passer l'ambulance, c'est tout.
15:12Non, si je demandais ça, c'était par curiosité, quoi. »
15:19Joe s'éloigne en s'obligeant
15:20à marcher d'un pas normal,
15:22mais il sortit à grand peine de trébucher.
15:26Quand il s'autorise finalement
15:28à regarder derrière lui,
15:30la voiture de police a disparu.
15:33La rue est de nouveau déserte.
15:37Joe tire alors le portefeuille
15:39de sa poche
15:39et le jette
15:41dans la première bouche
15:43des goûts venus.
15:46Il ne peut rien faire de plus.
15:50Et puis, peut-être que
15:51le médecin de la police
15:52comprendra que l'homme
15:53n'est pas vraiment mort.
15:54Peut-être que ce Marvin Norin
15:56est déjà en train
15:57de fumer une cigarette
15:58et de plaisanter
15:59avec les policiers.
16:03Joe, elle,
16:03un autre taxi.
16:06De retour chez lui,
16:07il dépose
16:08solennellement
16:09la monnaie
16:10qui lui reste
16:11dans la boîte
16:11en fer blanc.
16:14Irène le regarde faire
16:16sans lui poser
16:17aucune question.
16:22Le lendemain matin,
16:23au réveil,
16:24ses draps sont
16:25trempés de sueur.
16:28Irène,
16:29quelle heure il est ?
16:31Sept heure et demie, Joe.
16:32Il est temps de te lever.
16:33Je suis fatigué, Irène.
16:35Joe,
16:35il faut que tu trouves
16:36du travail.
16:38Cet argent
16:38ne va pas durer
16:39toujours, voyons.
16:41Le mot
16:42argent
16:43le réveille
16:45tout à fait.
16:47Il se lève
16:48et s'habille
16:49rapidement
16:49en songeant
16:51aux événements
16:52de la veille.
16:55Je suis un meurtrier.
16:58Je suis un meurtrier.
17:01Pense-t-il
17:02en prenant son café.
17:03Cette pensée
17:04lui noue
17:04l'estomac
17:05et fait couler
17:06une sueur
17:06glacée
17:07le long
17:07de son dos.
17:10Je vais laisser
17:11un homme
17:11mourir.
17:12Et pourquoi ?
17:14Hein ?
17:14375 malheureux dollars.
17:19375 dollars
17:20qui vont servir
17:20à quoi ?
17:21À peine à payer
17:22un malheureux
17:23mois de loyer.
17:23est-ce qu'Irène
17:26est levée ?
17:28Non,
17:28elle a dû se rendormir.
17:32Alors,
17:32sur la pointe
17:33des pieds,
17:34Joe quitte
17:35l'appartement
17:36et descend
17:36l'escalier.
17:39Dans la cabine
17:40téléphonique
17:41la plus proche,
17:42il appelle
17:43le poste
17:43de police.
17:44Allô ?
17:48Écoutez,
17:50le type
17:50tombé raide mort
17:51dans la 21ème rue
17:53cette nuit,
17:53il n'est pas mort.
17:55Il le paraît seulement
17:56parce qu'il a une maladie
17:58qu'il fait croire.
17:59Voyez ?
18:00Non,
18:00non,
18:00mais je vous assure
18:01que c'est sérieux,
18:01monsieur l'agent.
18:02Il a dû avoir
18:03une crise,
18:04seulement une crise.
18:05Voyez ?
18:05Il ne faut pas
18:06l'enterrer.
18:07Vous entendez ?
18:07Il ne faut pas !
18:09À l'autre bout
18:10du téléphone,
18:11le policier éclate
18:12d'un bon rire sonore.
18:15Furieux,
18:16Joe raccroche.
18:19Rien à faire.
18:22Personne ne croira
18:23jamais une voix
18:23anonyme au téléphone.
18:26Il faut que je trouve
18:27autre chose.
18:30Il tient la vie
18:31de cet homme
18:32dans ses mains.
18:34Il doit aller
18:35trouver la police.
18:36Il leur expliquera
18:37lui-même,
18:37leur prouvera
18:38qu'il n'est
18:38ni un ivreux
18:39ni un fou.
18:41En jouant serré,
18:43il arrivera même
18:44à cacher le rôle
18:45qu'il a tenu
18:45dans cette affaire,
18:47rôle dont il n'est
18:48pas très fier.
18:50Mais il doit y aller.
18:52Il doit leur dire
18:53la vérité.
18:54Il doit les convaincre.
18:58Il quitte la cabine
18:59et, à pas lent,
19:00se dirige
19:00vers le poste
19:01de police.
19:05Le policier de service,
19:06assis derrière le bureau,
19:07ne lève même pas
19:08les yeux
19:08lorsque Joe lui dit
19:09« J'ai téléphoné
19:11tout à l'heure
19:12à propos du mort
19:13de la 21e rue.
19:16Ah oui ?
19:17Asseyez-vous donc.
19:19Le lieutenant
19:20Betz va vous entendre.
19:22Lui rapportez
19:23ce que vous m'aviez raconté. »
19:26Le lieutenant
19:27en question
19:27se montre
19:28assez courtois.
19:30« Vous dites
19:3321e rue,
19:35un homme petit,
19:3660 ans environ,
19:37c'est ça ?
19:38Oui,
19:39c'est ça,
19:40lieutenant.
19:41Et vous croyez
19:42qu'il n'est pas mort ?
19:44Mais je sais
19:45qu'il n'est pas mort,
19:46lieutenant.
19:48Pourtant,
19:49il avait
19:49joliment l'air
19:51de l'être
19:51quand mes hommes
19:52l'ont amené ici.
19:54Pas un battement
19:55de cœur,
19:56pas le moindre souffle,
19:57rien.
19:59Le médecin légiste
19:59a conclu
20:00à une crise cardiaque
20:01et a délivré
20:02le permis d'inhumer.
20:05On l'a mis
20:06à la morgue
20:06en attendant
20:07les obsèques.
20:09Vous voyez,
20:09M. Elmer,
20:10vous n'avez
20:11aucune raison
20:12de vous inquiéter.
20:15Rentrez chez vous
20:16et reposez-vous.
20:18Vous me croyez fou,
20:19n'est-ce pas,
20:20lieutenant ?
20:20Non,
20:21je n'ai pas dit ça,
20:21M. Elmer.
20:23Mais c'est ce que vous pensez,
20:24hein ?
20:24Mais qu'est-ce qui vous fait
20:25croire ça,
20:26M. Elmer ?
20:28Pourquoi êtes-vous
20:28si sûr
20:30de ce que vous avancez ?
20:31Mais parce que...
20:32parce que...
20:34parce que j'ai vu
20:35dans le portefeuille
20:36de Marvin Orin
20:37un papier,
20:38un papier qui disait
20:39qu'il avait souvent
20:40des crises
20:41et puis un autre papier
20:42avec l'adresse
20:43de son docteur.
20:44Ah oui ?
20:47Et où est ce papier,
20:49M. Elmer ?
20:51Hein ?
20:51Ce papier ?
20:52Ben,
20:52j'ai dû le laisser tomber.
20:54J'ai eu si peur,
20:56vous voyez ?
20:58Peur ?
20:59Mais peur de quoi,
21:01M. Elmer ?
21:02Oh, mais vous m'énervez,
21:03écoutez !
21:04J'ignore ce qui est
21:05advenu du portefeuille.
21:06Moi, tout ce que je sais,
21:07c'est que vous allez laisser
21:08enterrer un type vivant.
21:12M. Elmer,
21:13ce portefeuille.
21:17Vous l'avez pris ?
21:17Non !
21:19Vous en êtes bien sûr,
21:20M. Elmer ?
21:21Oui, oui, oui,
21:22oui, bon, d'accord,
21:23allez, je l'ai pris,
21:23ce portefeuille.
21:24Je croyais,
21:24je croyais qu'il était mort,
21:26le type.
21:27Il n'avait plus besoin
21:27de son argent.
21:28Voilà, ça y est.
21:30Maintenant, je vous en supplie,
21:31allez prévenir un docteur.
21:35Le lieutenant Betts
21:36regarde Joe
21:37d'un air pensif.
21:40Il décroche le téléphone.
21:43Allô, Max ?
21:45Dis-moi,
21:46le mort de tout à l'heure,
21:47est-ce qu'il a été transporté
21:48à la morgue de la ville
21:49ou bien il est encore ici ?
21:51Hein ?
21:52Il est là ?
21:55Bon, merci.
21:58Voulez-vous venir avec moi,
21:59M. Elmer ?
22:01Joe se lève
22:03et suit
22:04et suit le lieutenant Betts.
22:07Il traverse
22:08le bureau d'entrée,
22:09passe une porte
22:10donnant sur un escalier
22:11qui mène au sous-sol.
22:13L'air sent
22:14l'humidité.
22:18Le lieutenant
22:18ouvre une porte
22:19fermée à clé
22:19dont un panneau vitré
22:21paraît couvert
22:22de givre.
22:25La température
22:26devient glaciale.
22:28Par ici,
22:29M. Elmer.
22:30Le policier
22:33marche vers une dalle
22:34de pierres grises.
22:37Il rabat le drap
22:38qui recouvre
22:38un cadavre étendu
22:39sur cette dalle,
22:42découvrant
22:42le visage du mort.
22:46Est-ce que c'est lui,
22:48M. Elmer ?
22:49Oui, lieutenant.
22:52C'est lui.
22:53C'est...
22:54Marvin,
22:55Orin.
22:57Non, M. Elmer.
23:00Il ne s'appelle pas
23:02Orin,
23:03mais Capper.
23:05Sonny Capper.
23:07Nous le connaissons
23:08depuis très longtemps.
23:11Très, très longtemps.
23:13Sonny Capper.
23:16M. Elmer.
23:18Voyez-vous,
23:19ça fait partie
23:19de notre métier
23:20de connaître
23:21des gens
23:21comme Sonny Capper.
23:25Capper
23:26aura été
23:26un des plus habiles
23:27pickpockets
23:28des États-Unis,
23:29M. Elmer.
23:30jusqu'à ce que
23:32son cœur
23:32le lâche
23:33cette nuit
23:34dans la 21e rue.
23:39Maintenant,
23:39M. Elmer,
23:41voudriez-vous
23:41remonter avec moi
23:42dans mon bureau ?
23:45Vous allez avoir
23:46à répondre
23:46devant la justice
23:47de non-assistance
23:50à personne en danger
23:51ainsi que
23:52de vols qualifiés.
23:55Voyez-vous,
23:55M. Elmer,
23:56on ne dépouille pas
23:58un cadavre.
23:59même le cadavre
24:01d'un voleur.
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24:09Au cœur du crime,
24:11un podcast
24:11issu des archives
24:12d'Europe 1.
24:13Réalisation,
24:14Julien Tarot.
24:16Production,
24:17Estelle Laffont.
24:17Patrimoine Sonore,
24:19Sylvaine Denis,
24:20Laetitia Casanova
24:21et Antoine Reclus.
24:25Au cœur du crime
24:26est disponible
24:27sur le site
24:27et l'appli Europe 1.
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