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  • il y a 2 mois
Gabriel Zucman, économiste et directeur de l'Observatoire européen de la fiscalité, est l'invité du Face à Face d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV ce mercredi 29 octobre.

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Transcription
00:00Il est 8h29 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Gabrielle Zuckmann.
00:04Bonjour.
00:05Merci de répondre à mes questions ce matin. Votre nom est devenu le symbole de la bataille politique pour ou contre la taxe Zuckmann.
00:12Une taxe sur les très hauts patrimoines, un impôt planché, 2% par an, à partir de 100 millions d'euros.
00:19Elle sera discutée dans l'hémicycle au plus tôt ce soir, sinon vendredi.
00:23On va évidemment rentrer dans le débat politique, mais justement, vous publiez ce livre qui résume au fond votre pensée.
00:32Et le titre que vous avez choisi, c'est « Les milliardaires ne payent pas d'impôts sur le revenu et nous allons y mettre fin ».
00:37C'est qui nous ?
00:38C'est nous les citoyens qui en 1789 avons aboli les privilèges fiscaux de l'aristocratie,
00:44qui en 1914 avons créé l'impôt progressif sur le revenu, grand progrès républicain et démocratique,
00:50et qui, aujourd'hui ou dans quelques semaines, dans quelques mois, allons créer l'impôt planché sur les milliardaires
00:58qui ne consisterait qu'à parachever la création de l'impôt sur le revenu.
01:02Pour vous, au fond, on est en train, vous seriez le moteur de l'achèvement de ce qui a été commencé à la Révolution française,
01:11qui n'a jamais vraiment été terminé.
01:13Ça s'inscrit dans une histoire de progrès vers davantage de démocratie, vers davantage d'égalité.
01:21Et puisque c'est ça, dans le fond, il s'agit aujourd'hui de faire rentrer les milliardaires
01:24dans le champ de la solidarité nationale, à laquelle ils n'auraient pas encore demandé de contribuer.
01:30Car ce que les études qui ont été menées au cours des quelques dernières années ont démontré,
01:34c'est que les milliardaires ne paient pas ou presque d'impôts sur le revenu.
01:36On va rentrer dans le détail parce qu'en effet, vous vous appuyez sur de très nombreuses études
01:40et au fond, vous montrez les différentes tranches, une forme de lutte des classes quand même aussi.
01:45C'est la question qu'on peut se poser ce matin, que vous posera d'ailleurs Carlos Tavares.
01:49On va l'écouter dans un instant.
01:50Gabriel Zucman, si je vous ai demandé, c'est qui nous ?
01:53C'est aussi, vous répondez, le peuple.
01:55Mais est-ce que ce n'est pas les politiques, les militants, les économistes comme vous êtes ?
01:59Mais vous êtes plus que ça.
02:01Vous aviez d'ailleurs vous-même, le 25 juin 2024 dernier, avant les législatives,
02:06signé une tribune politique, une tribune de soutien au programme du Nouveau Fonds populaire
02:11qui avait été paru par le journal Le Nouvelle Ops.
02:14Est-ce qu'aujourd'hui, vous vous inscrivez toujours là-dedans ?
02:16Vous savez, des tribunes, j'en signe beaucoup.
02:18J'ai aussi signé au printemps...
02:19Enfin, celle-là, ce n'est pas rien puisque c'est une tribune politique.
02:21Oui, mais au printemps, j'ai signé aussi une tribune avec Olivier Blanchard et Jean Pisani-Ferry,
02:25l'inspirateur du programme économique d'Emmanuel Macron,
02:28pour proposer et soutenir cet impôt plancher de 2% sur les milliardaires.
02:32Ce que je veux dire, c'est que vous êtes rentré dans le jeu politique.
02:35Vous ne pouvez pas juste dire que vous êtes chercheur ?
02:37Ah ben si, si, je suis chercheur et professeur.
02:38Donc j'aime deux choses, comprendre et expliquer.
02:42Mais vous êtes aussi militant ?
02:43Non, non, je n'ai jamais été encarté nulle part dans aucun parti.
02:46Soutenir un programme politique au dernier jour d'une campagne législative,
02:50ce n'est pas être militant ?
02:50En tant que citoyen, on peut signer des tribunes,
02:52mais comme je vous l'ai dit, j'en signe beaucoup avec des personnes d'horizons politiques différents.
02:56Surtout, le rôle du chercheur en sciences sociales, de mon point de vue, c'est quoi ?
02:59Ce n'est pas de dire qu'il n'y a qu'une alternative,
03:01on ne peut faire les choses que d'une façon ou d'une autre.
03:02Au contraire, c'est d'expliquer toute la gamme de possibilités.
03:07Sur un sujet donné, il y a toujours mille réponses possibles.
03:09Donc moi, j'essaye de mettre des nouvelles idées dans le débat.
03:13Non pas pour dire qu'on ne peut faire que ça,
03:14mais pour permettre d'alimenter un débat démocratique.
03:17Je pense que le débat est monté en qualité,
03:21qu'on a un débat de grande qualité.
03:24Pourquoi aucun pays n'applique votre taxe ?
03:28C'est une nouvelle idée.
03:29Cet impôt plancher, ce principe de poser un plancher incompressible,
03:34de dire qu'au-delà d'un certain niveau de richesse,
03:37on peut débattre de quel doit être ce niveau,
03:39l'extrême richesse doit s'accompagner de devoirs incompressibles
03:42vis-à-vis de la communauté nationale.
03:45C'est une nouvelle idée.
03:46J'en ai expliqué la justification et les modalités
03:50dans un rapport technique que le G20 m'avait commandé en 2024,
03:54que j'ai remis en juin 2024.
03:55Je l'explique de manière très, j'allais dire, grand public.
03:59C'est un petit livre et chacun pourra se faire une idée.
04:02La question que je vous pose quand je vous dis
04:04pourquoi est-ce qu'aucun pays ne l'applique,
04:05vous-même vous dites que c'est un début d'idée.
04:08Vous-même vous dites d'ailleurs qu'il faut en débattre.
04:11Voir comment ?
04:11Est-ce que ce n'est pas aussi parce qu'elle n'est pas au point, votre taxe ?
04:14C'est une proposition qui doit être débattue et qui peut être améliorée.
04:19Et effectivement, ce que j'ai fait dans ce livre,
04:21« Les milliardaires ne paient pas d'impôts sur le revenu et nous allons y mettre fin »,
04:24c'est d'expliquer en toute clarté, et pour tout le monde,
04:27les étudiants, les retraités,
04:30non seulement la recherche sur laquelle se fonde cette proposition,
04:34mais aussi les différents arguments, les objections qui ont pu être formulées
04:39et les contre-arguments qu'on peut y opposer,
04:41de façon à ce que tout le monde puisse se forger son propre avis.
04:44Et depuis ce matin, sur RMC, j'ai proposé aux auditeurs, eux-mêmes, de vous interroger.
04:50J'ai la question de Pierre, par exemple, qui dit,
04:51« Demandez à Zuckman quels sont les défauts de sa taxe. »
04:55Non, je pense qu'il y a trois paramètres dont il faut parler.
04:59Il y a la question du taux d'imposition.
05:012%, il n'a pas été choisi au hasard.
05:03C'est le taux qui permettrait de s'assurer que les milliardaires
05:05ne payent pas moins d'impôts, tout le prélèvement obligatoire,
05:08en proportion de leurs revenus, que les autres catégories sociales.
05:10Mais on pourrait vouloir aller plus loin.
05:12On pourrait dire, les très riches devraient plutôt payer plus.
05:14Donc, ce serait 3%, 4%, etc.
05:16Il y a la question du seuil d'entrée dans le dispositif.
05:20J'ai proposé 100 millions.
05:22On pourrait dire 50 millions, 200 millions, 500 millions, tout ça.
05:25Et à discuter.
05:26Puis, il y a la question de l'assiette.
05:27Moi, j'ai proposé que cette assiette, elle n'ait aucun échappatoire possible.
05:30C'est-à-dire que tout le patrimoine, toute la valeur de vos actifs,
05:33nette de vos dettes, soit incluse dans la définition de la porte.
05:35Avec une question, évidemment, qui est la virtualité.
05:38Une partie de cette assiette, ce sont les actions,
05:42avec leur cours en bourse qui monte, qui descend,
05:44avec une valeur qui reste virtuelle tant que l'action n'a pas été vendue,
05:47tant que l'argent n'a pas été versé sur le compte.
05:49Est-ce que vous diriez, comme Olivier Faure la semaine dernière,
05:52est-ce que vous estimez qu'il est juste de dire
05:53que Bernard Arnault a gagné 19 milliards d'euros en une journée
05:58grâce au cours de la bourse ?
06:00Je ne pense pas que ce soit pertinent pour juger du bien fondé de cette proposition.
06:03Il faut regarder l'évolution de long terme.
06:06Non, mais ce que je veux dire, c'est que c'était un des arguments
06:08de la part d'Olivier Faure en faveur de votre taxe.
06:10Vous ne trouverez pas cet argument dans le livre ?
06:12Non, je ne l'ai pas trouvé, en effet, mais je vous pose la question.
06:14Donc, ce qui est important de comprendre, c'est la tendance de long terme
06:16dans laquelle tout ça s'inscrit.
06:17Au cours des 30 dernières années, d'après le classement du magazine Challenge,
06:22la fortune des 500 plus hauts patrimoines français a augmenté de 10% par an en moyenne.
06:28Donc, s'il y avait eu cet impôt planché de 2%,
06:30elle aurait augmenté d'à peu près 8% par an en moyenne.
06:33Ce qui aurait été encore considérablement plus.
06:35Au fond, ça ne va pas grignoter le patrimoine puisqu'il gagne suffisamment
06:39pour absorber ces 2%.
06:42Je vous repose la question.
06:43Est-ce qu'il est juste de dire que Bernard Arnault a gagné 19 milliards ?
06:48Mais ce n'est pas pertinent pour cette taxe.
06:49C'est-à-dire que cette taxe, elle n'est pas fondée que sa fortune a augmenté
06:53d'un jour à l'autre.
06:54Oui, elle change d'un jour à l'autre, comme elle change d'année à l'autre,
06:56comme les revenus changent d'une année à l'autre.
06:58Mais la taxe, il faut que tout le monde comprenne bien,
07:00qu'elle ne se fonde pas sur les changements de patrimoine.
07:04Ce n'est pas qu'on vient taxer les plus-values latentes.
07:07Ce n'est pas du tout ça.
07:07Parce que dans ces cas-là, il y aurait des moments aussi
07:09où on leur réduirait leurs impôts quand l'action baisse.
07:11Mais sauf que ce n'est pas ce dont on parle.
07:13On dit qu'il faut qu'il y ait un plancher.
07:15Il faut qu'il y ait ce principe qu'il n'y a pas de droit
07:18quand on est milliardaire à payer zéro.
07:20Ensuite, à partir du moment où on est d'accord,
07:22et je pense que l'immense majorité des Français sont d'accord
07:25sur le principe d'un taux minimum pour les ultra-riches,
07:27il faut qu'on se mette d'accord aussi sur
07:29comment est-ce qu'on calcule ce minimum.
07:31Si on calcule par rapport aux revenus, ça ne fonctionne pas
07:33puisque toutes leurs techniques d'optimisation
07:35consistent à structurer leurs richesses
07:37de façon à ce qu'elles génèrent peu de revenus.
07:39C'est pour ça qu'il est plus puissant, plus efficace
07:42de calculer le minimum en pourcent du patrimoine
07:44qui est dur à manipuler.
07:45Je vais vous interroger dans un instant
07:46sur ce qu'on appelle la Zuckman Lite
07:48qui pourrait être une sorte de porte de sortie
07:51pour le Parti Socialiste.
07:53Est-ce que vous assumez cette Zuckman Lite ou pas ?
07:55Mais d'abord, je le disais,
07:57les auditeurs d'RMC avaient des questions pour vous.
07:58Et il y a Manu qui m'a appelé tout à l'heure.
08:00Manu, il est chef d'entreprise
08:02d'une petite entreprise d'artisanat en Saône-et-Loire.
08:05Il a 59 ans.
08:06Et voilà ce qu'il vous dit.
08:08Il faudrait nous comprendre, nous,
08:10parce que nous, on est la transpiration de la France.
08:12Nous, on sue.
08:13Nous, on travaille.
08:14Nous, on trime.
08:15Nous, on galère tous les jours
08:16avec des horaires, des amplitudes horaires
08:19qui sont toujours aux plus grandes
08:20pour gagner encore un tout petit peu plus.
08:23Moi, je pense que chaque Français
08:24devrait avoir un taux d'imposition
08:26de 10 ou 15 %
08:28qu'ils soient pauvres ou qu'ils soient riches.
08:31Et ce ne serait pas ça, la solution ?
08:32Alors, vous savez...
08:33Parce que votre objectif, c'est l'égalité devant l'impôt.
08:36Précisément.
08:36C'est de mettre en conformité
08:38nos lois fiscales
08:39avec notre principe constitutionnel fondamental
08:42d'égalité devant l'impôt
08:43qui, aujourd'hui, est bafoué.
08:45Pourquoi ?
08:45Parce que le Français moyen,
08:47tout prélèvement obligatoire,
08:48paye 51 % de son revenu en impôt.
08:50Mais les milliardaires,
08:52tout prélèvement compris,
08:53ne payent que deux fois moins.
08:5425 % de leurs revenus en impôts.
08:56Et le taux planché de 2 %
08:58sur la fortune que je propose,
08:59il a été calculé précisément
09:01pour s'assurer que les milliardaires
09:02ne payent pas plus que le Français moyen,
09:03mais autant.
09:04Gabriel Zucman, sur le constat,
09:05tout le monde est désormais d'accord.
09:06En effet, vous vous appuyez
09:07sur des chiffres extrêmement précis.
09:09En gros, vous estimez
09:10qu'il y a quatre classes,
09:12si je puis me permettre.
09:13La classe populaire,
09:1426 millions de personnes
09:15qui payent, d'après vous,
09:1645 % de leurs revenus.
09:18Alors après, vous dites que
09:18quand c'est compensé par une forme
09:20quand même de redistribution,
09:21ça correspond à peu près à 30 %.
09:23Ensuite, vous voyez une deuxième classe,
09:25qui est la classe moyenne.
09:26Vous estimez qu'eux,
09:27ils payent 50 %
09:28de leurs revenus en impôts
09:30et en cotisations.
09:31Ensuite, il y a la classe aisée.
09:32C'est les moyennes plus,
09:33mais pas encore méga riches.
09:35Eux, ils passent au-delà des 50 %.
09:37C'est les plus gros dindons de la farce,
09:39si je puis me permettre,
09:39en termes de quantité de leurs revenus.
09:43Puisque vous dites,
09:43eux, ils payent plus de 50 %
09:45de leurs revenus
09:45parce qu'il y a les revenus
09:46et l'impôt sur la société.
09:48Et puis après, il y a les super riches.
09:49Et alors là, ça descend
09:50parce qu'effectivement,
09:51ils ne payent que 2 % d'impôt sur le revenu
09:53et 23 % de leurs revenus, malgré tout,
09:55en impôt sur les sociétés,
09:56ça fait 25 %.
09:56Sauf qu'on peut vous dire
09:58qu'à l'objectif qui est le vôtre,
10:00qui est de rétablir une forme
10:02d'égalité devant l'impôt,
10:05ce que vous dit Manu,
10:06pourquoi est-ce que tout le monde
10:07ne paye pas, à proportion de ses revenus,
10:08le même pourcentage ?
10:10C'est exactement ce que je propose.
10:11Mais qu'est-ce que vous dites
10:11à ceux qui ne payent pas d'impôt sur le revenu ?
10:13C'est de s'assurer que les milliardaires
10:13paieraient autant
10:14que les autres catégories sociales.
10:15Donc d'abord, tous ces calculs...
10:16Qu'est-ce que vous dites
10:17des 55 % de Français
10:18qui ne payent pas d'impôt sur le revenu ?
10:19Que l'impôt sur le revenu,
10:20c'est qu'un prélèvement
10:21dans le total des prélèvements obligatoires
10:23qui pèse pour moins de 10 % du total.
10:25Tous les Français,
10:26toutes les catégories sociales,
10:27comme vous venez de le rappeler,
10:28payent beaucoup de prélèvements obligatoires
10:30par rapport à leur revenu.
10:31Quand vous additionnez la TVA,
10:32la CSG,
10:33parce qu'on a un autre impôt sur le revenu,
10:34la CSG qui est prélevée
10:35dès le premier euro de salaire
10:36pour le SMICAR,
10:3710 % au même taux
10:38que pour les milliardaires.
10:39Pourquoi ne vous êtes pas attaqués
10:40aussi à l'injustice
10:40vis-à-vis des plus aisés ?
10:42Toutes les taxes sur la consommation,
10:43etc.
10:44Il y a une injustice
10:44vis-à-vis des plus aisés ?
10:45Cette catégorie que vous appelez
10:47les aisés qui payent
10:48plus de 50 % d'impôt ?
10:49Ce que j'explique dans le livre,
10:51c'est d'abord
10:52que toutes les catégories sociales
10:54payent peu ou prou
10:5650 % de leurs revenus en impôts.
10:58Il y a un petit peu de progressivité,
11:00c'est-à-dire les classes aisées
11:00payent un petit peu plus
11:01que les classes populaires.
11:03Mais dans tous les cas,
11:04on n'est pas très loin
11:04du taux moyen,
11:05qui est le taux de prêts obligatoires
11:06de 50 %.
11:07La grande injustice qu'on a,
11:10c'est que les milliardaires
11:11payent deux fois moins.
11:13Et vous savez,
11:14je suis totalement d'accord avec vous,
11:15il y a tout un tas
11:15d'autres réformes fiscales
11:16qu'on peut faire
11:17et qui sont nécessaires.
11:18Mais on ne va pas y arriver
11:19tant que les personnes
11:21les plus fortunées
11:22payent deux fois moins d'impôts
11:23par rapport à leurs revenus
11:24que les autres catégories.
11:24Donc on commence par ça.
11:25Manu, au fond,
11:26ce qu'il dit,
11:27c'est ce fameux slogan
11:28de « c'est Nicolas qui paye ».
11:29Qu'est-ce que vous en pensez,
11:30vous, de ce slogan ?
11:32Est-ce qu'il est juste ?
11:33Économiquement parlant.
11:35Je pense,
11:36comme vous avez rappelé
11:37vous-même les chiffres,
11:39que les classes,
11:40comment dire,
11:41les cadres supérieurs
11:42payent beaucoup d'impôts
11:44en France,
11:44mais les classes moyennes aussi,
11:45les classes populaires aussi.
11:47De mon point de vue,
11:47il faut s'en réjouir
11:48parce que ce taux
11:49de prélèvement obligatoire élevé,
11:51c'est ça qui finance
11:51notre modèle social,
11:52c'est-à-dire l'investissement
11:54dans l'éducation pour tous,
11:55dans la santé,
11:56dans les infrastructures publiques,
11:58qui a été historiquement
11:59le moteur essentiel
12:01de la croissance économique,
12:02de l'augmentation
12:03de la productivité
12:04et qui va encore l'être
12:05au XXIe siècle.
12:07Gabriel Zuckman,
12:08Maud Bréjon,
12:09à ce même micro hier matin,
12:11disait,
12:11vous pouvez l'appeler
12:12Taxe Zuckman
12:12ou Taxe Zuckman Lite,
12:14à partir du moment
12:14où on touche
12:15à l'appareil productif
12:16aux usines et aux grandes startups
12:17qui créent l'innovation,
12:18nous serons contre.
12:19Marine Le Pen,
12:20une heure après,
12:21disait dans l'hémicycle
12:22la taxe Zuckman,
12:23c'est non ni light,
12:24ni hard,
12:25ni rien du tout.
12:26Est-ce que vous imaginez encore
12:27que votre taxe soit adoptée ?
12:30D'abord,
12:30il y a une mécompréhension
12:31dans ces propos
12:32que vous avez rappelés,
12:33c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas
12:34de taxer l'appareil productif,
12:36on ne taxe pas les entreprises,
12:38c'est un impôt
12:38sur la fortune personnelle
12:41des ultra-riches.
12:42Ça ne va pas du tout affecter
12:44la capacité des entreprises françaises
12:46à investir,
12:47à se développer,
12:48à conquérir de nouveaux marchés,
12:50ça n'a rien à voir.
12:52Dans le fond,
12:52moi je suis très optimiste
12:53sur le fait que cette taxe,
12:54elle finira par avoir le jour
12:56pour une raison très simple
12:57qui est que 86% des Français
12:59la soutiennent.
13:00Et c'est une majorité écrasante
13:02dans toutes les sensibilités politiques.
13:04Alors ensuite,
13:04combien de temps
13:05est-ce que la traduction politique
13:06de cette demande démocratique
13:08va prendre ?
13:09Et ensuite,
13:09où est-ce qu'elle arrive exactement ?
13:10Ça peut mettre des semaines,
13:11des mois, des années.
13:11Mais sur le principe,
13:12disons,
13:12et on commençait l'interview là-dessus,
13:13vous avez déjà remporté une victoire
13:16qui est que cette question
13:17de la contribution des ultra-riches
13:19est devenue le cœur du débat.
13:20la Zuckman Lite,
13:23c'est-à-dire la version
13:24que le Parti Socialiste
13:25a proposée sous forme d'amendement,
13:27plutôt que d'instaurer un impôt
13:28de 2% sur les patrimoines
13:29de plus de 100 millions d'euros,
13:31il propose l'idée
13:32d'un impôt minimum de 3%,
13:34mais à partir de 10 millions d'euros
13:36en excluant les entreprises
13:37innovantes et familiales.
13:38Est-ce que vous en reconnaissez
13:39une forme de paternité ?
13:40Est-ce qu'on peut l'appeler
13:41Zuckman Lite ?
13:42D'abord,
13:42je me réjouis
13:43que le principe
13:44de l'impôt planché
13:45soit repris.
13:46C'est important
13:47parce que c'est ça
13:48qui cible l'effort
13:49sur les personnes
13:50fortunées et celles
13:52qui parmi ces gens très riches
13:53sont sous-taxées
13:54puisqu'on vient leur demander
13:55de payer la différence
13:56par rapport à ce dont
13:57ils s'acquittent aujourd'hui
13:58et le taux planché
13:59de 2%, de 3%.
14:00Donc ça, c'est très important.
14:01Ensuite,
14:02ce que j'explique dans le livre,
14:03les milliardaires
14:03ne paient pas d'impôts sur revenus
14:04et nous allons y mettre fin,
14:06c'est que l'expérience internationale
14:09et historique
14:10en matière d'imposition
14:10des grandes fortunes
14:11doit nous alerter
14:12sur le risque qu'on prend
14:14quand on crée
14:15des échappatoires
14:16parce que les grandes fortunes,
14:17elles sont très bien conseillées
14:18par des armées
14:19d'avocats fiscalistes.
14:20Donc si on introduit
14:21des exonérations
14:22comme dans cette proposition
14:24du Parti Socialiste,
14:25pour les entreprises,
14:26je cite,
14:26innovantes et familiales,
14:28c'est là que pour vous
14:28il y a un bas qui blesse ?
14:29Quand on introduit des exonérations
14:30comme dans la proposition
14:31du Parti Socialiste,
14:32on prend le risque
14:33de lancer la machine
14:34à optimisation.
14:35C'est ce qui s'était passé
14:36avec l'ISF.
14:37Moi, vous savez,
14:38je suis très critique de l'ISF.
14:40En 1981,
14:41le pouvoir socialiste
14:41créé l'impôt sur les grandes fortunes
14:43qui est ensuite devenu ISF
14:44mais avec une exonération
14:46pour les mal nommés
14:47biens professionnels,
14:49c'est-à-dire
14:49les gros paquets d'actions.
14:50Si vous possédez
14:51plus de 25% d'une entreprise,
14:52c'était exonéré d'ISF.
14:55Ça a laminé
14:56le rendement budgétaire
14:57de l'ISF
14:58et surtout la conséquence
14:59que ça a eu...
15:00C'est-à-dire que c'est un impôt
15:00qu'il ne rapportait pas ?
15:01Beaucoup moins que ce qu'il aurait pu.
15:02Et surtout la conséquence
15:03que ça a eu,
15:04c'est que les milliardaires
15:05ne le payaient pas.
15:06À la veille de son abolition,
15:08le taux effectif d'imposition
15:09d'ISF
15:10pour les milliardaires français,
15:11c'était 0,005%
15:13de leur patrimoine.
15:14L'ISF avait une vertu
15:15qui était une vertu politique,
15:17symbolique,
15:18qui en effet n'était plus du tout
15:19une vertu en termes de monnaie
15:20puisque vous le dites vous-même,
15:21ça ne rapportait pas grand-chose.
15:22Mais c'était un totem politique.
15:24Votre taxe, Zuckmann,
15:26elle est en train de devenir
15:27l'arbitre de
15:29est-ce que vous êtes assez à gauche,
15:30est-ce que vous n'êtes pas assez à gauche
15:30et du mot révolution
15:32que vous avez dit.
15:32Je voudrais vous faire écouter
15:33les propos de Carlos Tavares.
15:35Il était l'invité de BFM TV
15:36hier soir.
15:37Et au fond,
15:38il laisse entendre
15:38que votre taxe
15:39pourrait instaurer
15:40quelque chose
15:41de l'ordre de la lutte des classes.
15:43Écoutez.
15:44On a un bouc émissaire
15:45qui est désigné
15:46qui sont les plus aisés.
15:48Mais on ne fait que fragmenter
15:49la société un peu plus
15:50alors qu'on devrait leur laisser
15:51la possibilité
15:52d'aider la société
15:53au travers d'une contribution
15:55généreuse et spontanée
15:56qui viendrait s'inscrire
15:59dans un plan plus large
16:00dans lequel il y aurait aussi
16:01de la réduction.
16:01Vous imaginez ?
16:02Qu'est-ce que vous lui répondez ?
16:03Il s'agit simplement
16:05de mettre en conformité
16:07nos lois fiscales
16:08avec notre principe
16:09qui en France
16:10a valeur constitutionnelle
16:11d'égalité devant l'impôt
16:12qui vient de la Déclaration
16:14des droits de l'homme
16:15et du citoyen
16:15de 1789
16:16qui dans son article 13
16:18pose le principe
16:19d'égalité
16:20devant l'impôt
16:21de la contribution
16:22aux charges communes
16:23d'une déclaration
16:23qui est reprise
16:24dans un préambule
16:24de la Constitution
16:25de la Ve République.
16:26Donc ce que ce taux
16:27plancher de 2%
16:27n'est pas, comment dire,
16:29matraquer les riches
16:30c'est payer tout ça
16:31c'est leur dire
16:31vous ne devriez pas
16:32pouvoir payer moins
16:34que les autres catégories sociales.
16:35Est-ce que vous souhaitez, Gabriel Zuckman,
16:37au-delà du fait que votre taxe
16:38soit adoptée ou non
16:39et ça ce sera la réponse
16:40ce soir ou vendredi
16:41est-ce que vous souhaitez
16:43au fond
16:43une forme de réveil
16:45de
16:46réveillez-vous
16:47le peuple
16:48puisque c'est à eux
16:49que vous vous adressez
16:50avec ce livre
16:50nous allons y mettre fin.
16:52Est-ce que vous appelez
16:52une forme de révolution
16:53de ce point de vue-là ?
16:54J'appelle à
16:55une extension
16:57du champ de la démocratie.
16:59C'est ça
16:59du domaine de la lutte ?
17:01De ce dont on parle
17:02parce que ce que les études
17:03récentes ont démontré
17:05c'est que
17:06les milliardaires
17:08ne contribuent pas
17:09en tout cas pas
17:10via l'impôt sur le revenu
17:11qui est censé être
17:11la pierre angulaire
17:12de la progressivité fiscale
17:13à la solidarité nationale.
17:15Et il s'agit simplement
17:16de leur dire
17:17non finalement
17:17la puissance publique
17:19doit exercer
17:20un contrôle
17:22un pouvoir
17:23sur les accumulations
17:25de grands patrimoines.
17:26Vous ne pouvez pas
17:26accumuler des fortunes
17:27de milliards
17:28de dizaines de milliards
17:29de centaines de milliards
17:30en étant complètement
17:31abritées
17:32de toute forme
17:33d'intervention
17:34de la puissance publique.
17:35Elle doit poser ce principe
17:37la puissance publique
17:37que l'extrême richesse
17:39doit s'accompagner
17:40de devoirs incompressibles
17:42annuels
17:42vis-à-vis de la communauté nationale.
17:43Mais si l'objectif était absolument
17:44l'égalité
17:45dans ce cas
17:45vous vous attaqueriez aussi
17:46à ceux qui en payent trop
17:47pour les aider en payement ?
17:47Non mais l'objectif
17:48ce n'est pas l'égalité
17:50parfaite
17:51il y a des différences
17:52bien sûr de revenus
17:54de patrimoine
17:54de taux d'imposition
17:56C'est ce que vous affichez
17:56comme objectif au départ
17:57vous vous référez
17:58à ce principe
17:59de l'égalité ?
18:00C'est-à-dire que les plus riches
18:01ne vont pas pouvoir payer
18:02beaucoup moins
18:03que les autres
18:03oui ça c'est un principe
18:04fondamental
18:05Merci Gabriel Zuckman
18:07d'avoir répondu
18:08à mes questions
18:08Sous-titres par Jérémy Diaz
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