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00:00Il n'y a pas eu élection, c'était plutôt une mascarade.
00:03Ces mots sont ceux d'Issa Chiroma Bakari.
00:06L'opposant camerounais l'assure, il a remporté la présidentielle.
00:09Selon les chiffres officiels proclamés par le Conseil constitutionnel, c'était hier.
00:14Il arrive deuxième avec 35,19% des voix.
00:18Deuxième derrière les 53,66% de Paul Biya.
00:22Réélu donc pour un huitième mandat consécutif.
00:25Paul Biya, 92 ans, dont 43 passés au pouvoir.
00:28Il est aujourd'hui le plus vieux chef d'Etat en exercice au monde.
00:32J'ai le plaisir de recevoir aujourd'hui Maître Djemal Taleb.
00:35Bonjour.
00:36Bonjour.
00:37Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:38Vous êtes membre du collectif d'avocats d'Issa Chiroma Bakari.
00:42Vous le maintenez aujourd'hui sur le plateau de France 24.
00:46Issa Chiroma Bakari a remporté la présidentielle.
00:49Il n'y a pas l'ombre d'un petit doute pour ce qui nous concerne.
00:53Issa Chiroma Bakari a fait un travail qui a rarement été fait jusqu'ici par un opposant ou un candidat à une élection présidentielle.
01:01Ne disposant pas de la machine de l'ELECAM, ni du Conseil constitutionnel, ni de l'appareil de l'Etat, il s'est donné une mission beaucoup plus simple.
01:08Enfin, compliquée, difficile, mais simple.
01:10En même temps, en tout cas lisible par les gens, le candidat Chiroma a choisi sur tous les territoires nationaux 18 départements.
01:18Et sur les 18 départements, il en a pris ceux qui sont les plus sensibles, qui représentent environ 80% de l'électorat du Cameroun.
01:24Il y a positionné ce représentant, il a fait des bureaux test, et à la fin, il est sorti avec tous les PV qui ont été, pour le coup, reconnus un peu par tout le monde.
01:32Et sur ces PV, il arrive à un chiffre qui représente 83% de l'électorat, duquel il lui-même a remporté environ entre 55 et 56% de l'électorat.
01:41C'est important, les chiffres, entre 55 et 56%, selon vous, de 83% de l'électorat.
01:46Et donc, si vous déduisez les 18% de ce qui reste, il tomberait très probablement autour de 53-54%.
01:53Et donc, il a mis évidemment les PV à la disposition de tout le monde, de tous ceux que cela intéresse.
01:58Il les a mis sur son site internet, et il n'y a pas, jusqu'ici, le commencement d'une contestation quelconque sur ces chiffres-là,
02:05tel qu'il les a donnés. Après, on peut ergoter comme on veut.
02:09Le problème, c'est que les chiffres sont étus, les PV le sont tout autant, et Issa Thurma Bakary,
02:14qui est, pour le coup, quelqu'un qui a l'expérience de l'État, du pouvoir, de l'exercice du pouvoir,
02:19est quelqu'un de sérieux, qui sait à peu près comment se comporter.
02:22Vous dites que votre candidat est sérieux. Est-ce que ça veut dire que la Cour constitutionnelle, selon vous,
02:26le Conseil constitutionnel ne l'est pas, vu qu'il a publié des chiffres bien différents ?
02:30Je n'aime pas tellement les anathèmes sur les institutions que je respecte en général.
02:34Mais si le Conseil constitutionnel est sérieux, et l'élegant avec lui,
02:38rien ne les empêche de nous donner un audit général des fichiers dont ils disposent,
02:42des résultats dont ils disposent.
02:43Vous l'avez demandé ?
02:44Mais évidemment, et que nous ne l'avons pas demandé.
02:46Mais enfin, tout le monde l'a demandé, l'association civile l'a demandé.
02:48Nous ne l'avons pas demandé, nous n'avons pas fait même un recours contre le Conseil constitutionnel.
02:52Mais pour les gens, tout simple, c'est que nous considérons que ce sont déjà des institutions,
02:55malheureusement pour les institutions, mises à la disposition d'un pouvoir politique,
02:59d'un régime politique, et donc il ne sert à rien de faire des situations qui n'ont pas d'importance.
03:04Mais à la limite, on n'a pas besoin de leur demander cela.
03:06Quelques observateurs l'ont fait, la société civile l'a fait,
03:09ont les défis de nous sortir le débit du commencement d'une preuve
03:12qui soit en opposition ou en contradiction par rapport aux résultats
03:17que nous avons, que Caïssa Bakary Tchiroma a sorti.
03:21Selon vous, ce n'est pas votre rôle de demander des preuves de la victoire de Paul Boulard ?
03:24Non, c'est notre rôle évidemment de le demander, nous le demandons naturellement.
03:27Ce n'est pas notre rôle, enfin, nous c'est notre rôle.
03:29Tout est notre rôle de toute façon d'abord parce que nous avons un président élu et tout le concerne.
03:33Mais nous sommes dans une élection qui est une farce.
03:36Nous avons des résultats qui sont une mascarade incroyable,
03:39comme le président Tchiroma l'a dit.
03:40Mais ce que nous demandons est plus simple,
03:42c'est que si les CAM et le Conseil constitutionnel sont convaincus
03:45du fondé de ce qu'ils ont présenté,
03:48ils n'ont qu'à demander à des institutions indépendantes,
03:50comme nous, nous sommes prêts à le faire pour les 18 départements dont nous avons une disposition,
03:54de vérifier, de faire un audit sur tout ce qu'il y a
03:57pour que nous vérifions qui véritablement a gagné l'élection.
03:59Ce n'est quand même pas très compliqué,
04:00et notre tâche n'est pas très compliquée de ce point de vue-là.
04:02Quelle est la suite désormais pour votre camp des manifestations,
04:06de la désobéissance civile ?
04:08Alors, la suite est malheureusement malheureuse pour le peuple camerounais.
04:12Un petit point, si vous le permettez.
04:14D'abord, nous avons une contradiction, une petite contradiction,
04:16une contradiction quand même, qui porte sur à peu près sa bile voix
04:18entre le Conseil constitutionnel et les CAM.
04:20Ce qui tout de même dénote un peu du manque de sérieux
04:22des deux institutions, en tout cas dans ce qu'elles font jusqu'ici.
04:26La deuxième chose, c'est que ce qui est malheureux,
04:28c'est d'abord le Cameroun lui-même.
04:30Vous avez un président qui est l'ombre de lui-même,
04:32un régime politique qui est agonisant,
04:34qui est en fin de parcours.
04:35Nous avons une situation, un pays, une population qui est massacrée tous les jours.
04:39Et vous avez des réjouissances à peu près malsaines
04:41de la part de la première dame, de la fille du président.
04:45Et on se réjouit sur un fond de guerre ethnique absolument malsain,
04:50d'une situation dans laquelle 64% des Camerounais ont été massacrés.
04:54Ils ont été massacrés à Douala, à Bafon, à Angong, à Berthois, à Marois, un peu partout.
05:02Les mots ont leur importance.
05:03Vous accusez aujourd'hui le pouvoir d'avoir massacré la population ?
05:06Nous sommes aujourd'hui, mais je vous ai dit, nous sommes à peu près,
05:08selon les chiffres qui me remontent, à environ 64 Camerounais
05:12qui ont déjà été tirés dans cette situation.
05:13Si on se réjouit d'une élection dans laquelle on massacre sa population,
05:17si on se réjouit d'une situation dans laquelle il y a des snipers
05:20qui sont mis un peu partout et qui massacrent,
05:23qui calardent la population de son pays,
05:25c'est triste pour le Cameroun, c'est triste pour le continent africain,
05:27je veux dire, c'est triste pour l'humanité en général.
05:29Issa Thiroma Bakary a parlé en effet hier de 10 snipers
05:33qui étaient positionnés sur les toits autour de son domicile.
05:36Cela se passe à Garoua, dans le nord du Cameroun.
05:38Il parle également de deux morts.
05:40Vous avez déjà dit lors d'une précédente interview
05:42que vous n'hésiteriez pas à traîner les autorités camerounaises
05:46devant la CPI en cas de répression.
05:48Qu'en est-il exactement aujourd'hui ?
05:49Mais c'est un travail que nous avons déjà commencé à faire.
05:52Nos confrères du Cameroun, mais nous aussi à Paris,
05:54nous nous sommes livrés à malheureusement un calcul
05:57dont nous serions bien passés.
05:59Mais nous n'avons pas laissé le sang des Camerounais
06:01couler en toute impunité.
06:03Ceux qui commettent des crimes, nous les avons déjà vus,
06:05recensés, calculés, les militaires,
06:07ceux qui ont des ordres, les policiers, les snipers,
06:10mais aussi la petite milice privée du RDPC.
06:12Nous n'allons rien laisser passer.
06:14Nous allons suivre la situation au jour le jour.
06:17Nous allons comptabiliser les morts.
06:18Nous allons suivre et filmer, parce que tout est filmé,
06:21tout est regardé, la situation telle qu'elle est.
06:23Et nous allons, le moment venu,
06:25constituer un dossier et le déposer
06:26contre tous ceux qui commettent des exactions
06:28contre le peuple camerounais.
06:30L'impunité de notre côté s'est terminée.
06:33C'est le message que vous voulez adresser aujourd'hui
06:36au président Paul Biya ?
06:37Mais ce n'est pas un message que nous adressons à qui que ce soit.
06:39C'est une situation que nous vivons
06:41et que nos frères camerounais, que nos confrères camerounais vivent,
06:45que l'état-major du président Thuroma vit.
06:47Cette situation est absolument grave, dangereuse.
06:50Les milices qui se baladent la nuit,
06:52qui tuent les camerounais, qui les kidnappent,
06:55ça ne peut pas rester impuni.
06:57Et c'est une situation que nous allons suivre.
06:58Vous savez, vous pouvez avoir l'appareil de l'État,
07:01vous pouvez avoir les snipers, l'armée,
07:04qui vous obéyez à un moment.
07:05Mais à un moment, il faut que tous ceux qui commettent tous ces crimes
07:07comprennent que nous sommes aujourd'hui dans un monde totalement globalisé
07:10et dans lequel on ne peut pas tuer une population
07:13qui a juste demandé que les institutions veuillent dire quelque chose,
07:16que les élections donnent une majorité
07:18et que le président élu,
07:20qui n'est tout de même, pardon, ni un révolutionnaire,
07:22ni un homme dangereux,
07:24c'est un homme d'Israël qui connaît l'exercice du pouvoir
07:26et qui a été ministre pendant plus d'une vingtaine d'années
07:28avec le président Biya.
07:30Il a été élu, les camerounais ont vu en lui
07:32probablement l'alternative à leur calvaire, à leur malheur.
07:35Vous comprenez bien un pays dirigé par la même personne
07:38qui aujourd'hui a 93 ans et qui les dirige depuis 43 ans.
07:42Vous comprenez bien que les camerounais,
07:43qui ne sont ni des imbéciles ni des malades mentaux,
07:45comprennent très bien qu'ils ont besoin d'autre chose,
07:48qu'ils cherchent autre chose et qu'ils ont besoin
07:49et que la situation qui est là leur évolue vers
07:51à peu près ce que l'humanité a envie de bien.
07:54C'est d'ailleurs un pays bien gouverné par des gens
07:56qui sont capables de le faire.
07:57Il y a deux déclarations importantes aujourd'hui.
07:59L'UE déplore la répression violente des manifestations.
08:01L'ONU appelle à la retenue après des violences.
08:05L'ONU qui demande également des enquêtes.
08:07Vous, vous demandez à la communauté internationale
08:09de suivre de près cette situation post-électorale au Cameroun.
08:12Je vais vous dire, le Cameroun n'est pas n'importe quel pays.
08:14C'est un pays à revenu intermédiaire.
08:16C'est un pays central dans la zone d'Afrique centrale.
08:19Et donc, on ne peut pas être indifférent à ce qui s'y passe.
08:21La situation de l'Ouest est déjà inquiétante.
08:23Si vous y ajoutez la situation du Nord,
08:25une crise post-électorale qui peut ramener un chaos général,
08:28personne ne peut rester indifférent.
08:29Et donc, bien entendu, nous avons suivi ce que l'Union Européenne a dit.
08:32Nous avons suivi ce que le gouvernement français, d'ailleurs,
08:33par la voix de Léonore Carrois ce matin.
08:35Tout ça est très bien.
08:36Mais, pardon, un peu plus loin.
08:38C'est-à-dire, ce qui est valable pour d'autres zones doit être valable pour le Cameroun.
08:42Vous pensez à qui ?
08:43Par exemple, à l'Ukraine, je pense à beaucoup d'autres pays dans lesquels...
08:47Mais, pardon, je ne peux pas ne pas penser à ce qui se passe à Madagascar.
08:50Si un homme ou un groupe, pardon, certains disent clan, je n'aime pas beaucoup ces mots,
08:56mais si un groupe de personnes décide de massacrer une population,
09:00les partenaires historiques de ce pays, qui est un pays important,
09:03dont la stabilité d'une bonne partie de la région en dépend,
09:06ne peuvent naturellement pas regarder ça avec autant, pas envie de dire, d'indifférence.
09:11Ça n'est pas possible. Il n'y a pas d'indifférence, parce qu'honnêtement,
09:13le communiqué de l'Union européenne est très bien.
09:16Il est encore un peu timide, allons un peu plus loin.
09:18La position du gouvernement français est bien, elle est encore timide, allons un peu plus loin.
09:21Mais nous appelons aussi les Etats-Unis d'Amérique, mais aussi tous les partenaires,
09:25et à commencer par les pays de la région, c'est-à-dire les partenaires de la zone CEMAC,
09:29mais aussi un peu l'Union africaine.
09:31Ne laissez pas mourir, massacrer une population qui ne demande rien de plus que la liberté.
09:35Ça n'est pas possible.
09:36Merci Maître Djemal Taleb d'avoir accepté aujourd'hui l'invitation de France 24.
09:41Merci à vous de m'avoir invité.
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