Skip to playerSkip to main content
  • 7 weeks ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00Et on rejoint tout de suite notre correspondant à Washington, Mathieu Mabin.
00:03Bonjour Mathieu, pourquoi Donald Trump fait-il appel à la CIA ?
00:07Comment ça pourrait se traduire concrètement sur le terrain ?
00:12Alors, Donald Trump choisit effectivement la CIA pour piloter le dossier vénézuélien.
00:17Donc ça va un peu plus loin que ce qu'il avait consenti jusqu'à présent.
00:21Il ne s'agirait plus uniquement d'opérations conventionnelles et revendiquées.
00:25Ce n'est pas un hasard et ce n'est en réalité pas tout à fait une première,
00:29même si les dernières interceptions de GoFast au départ du Venezuela
00:32sont passées pour des opérations menées par les troupes conventionnelles,
00:36on l'a dit, qui croisent au large des côtes latino-américaines.
00:40Les experts ici ont quand même cru reconnaître déjà dans les premières opérations
00:45la signature des unités spéciales de l'agence.
00:48La CIA, c'est un outil de puissance mais aussi de discrétion.
00:52C'est un euphémisme.
00:53Elle permet notamment d'agir vite sans passer par le Congrès,
00:56ce qui est un atout majeur pour Donald Trump.
00:59Et surtout, sans revendiquer publiquement la responsabilité d'une opération.
01:03Cela élargit évidemment considérablement le champ des possibles
01:08et à l'avantage considérable également de créer le désordre,
01:12voire la panique chez l'adversaire.
01:14Et le fait que l'armée vénézuélienne déploie des chars dans sa capitale
01:18est quand même un signe que la panique a commencé.
01:20En clair, Trump veut pouvoir frapper sans déclarer la guerre
01:24et surtout, si tous les coups sont permis, l'efficacité de l'action est décuplée.
01:28On l'a dit.
01:29Alors maintenant, sur le terrain, ça veut dire quoi ?
01:31D'abord, un renseignement renforcé sur les cercles du pouvoir à Caracas.
01:36Ça passe par la traque des flux financiers,
01:39la surveillance des connexions entre militaires vénézuéliens,
01:42entre militaires vénézuéliens et trafiquants par exemple.
01:45En clair, tout ce qui est connu, ou en tout cas soupçonné,
01:49mais difficile à traiter juridiquement dans un environnement largement corrompu.
01:54Pour être parfaitement clair, un colonel vénézuélien corrompu
01:57qui renseigne les cartels par exemple,
01:59peut mettre 10 ans à être démasqué par un tribunal,
02:03alors qu'il faut quelques jours ou quelques semaines
02:05pour qu'il disparaisse dans un accident de la route sur le chemin de son travail.
02:09Mais on parle aussi ici d'influence,
02:11d'un appui discret à des acteurs locaux hostiles à Maduro par exemple,
02:17des opérations psychologiques,
02:19des campagnes de désinformation calibrées, etc.
02:22Et si l'exécutif le décide,
02:24on peut alors basculer dans le ciblage d'objectifs directs précis,
02:28comme des navires, des dépôts de base de carburant,
02:32des bases logistiques,
02:34avec un recours possible aux drones ou aux forces spéciales.
02:38Ce sont deux éléments dont dispose la CIA.
02:42L'idée, c'est de créer une pression constante,
02:45mais maîtrisée.
02:46Tester la réaction du régime,
02:48celle des voisins,
02:49celle du Conseil de sécurité également,
02:51qui s'est exprimée sur le sujet,
02:53sans franchir pour l'instant la ligne rouge
02:55d'une intervention militaire ouverte et conventionnelle.
02:59Donald Trump le dit,
03:00il veut changer le calcul du pouvoir vénézuélien.
03:04Autrement dit, rappeler que Washington peut agir
03:06même dans l'ombre et qu'aucune frontière politique
03:09ou géopolitique n'est étanche
03:11quand les intérêts américains sont en jeu.
03:14Mathieu, si des troupes américaines
03:16devaient effectivement intervenir sur le sol vénézuélien,
03:19quelles conséquences stratégiques et diplomatiques
03:21cela pourrait avoir dans une région
03:23où la Chine et la Russie ont accru leur présence ?
03:27Oui, absolument, c'est une excellente remarque.
03:31Si les États-Unis passent à l'action au Venezuela,
03:34même de manière limitée
03:35et même de manière clandestine en fait,
03:38il y a un risque de répercussions immédiates.
03:40C'est certain.
03:41D'abord diplomatique, vous l'avez dit.
03:42La Russie et la Chine considèrent le Venezuela
03:44désormais comme leur zone d'influence
03:46et pourraient donc réagir.
03:48Si on était dans le cadre d'une opération ouverte,
03:51celle que vous évoquez,
03:52c'est-à-dire engageant des troupes américaines conventionnelles
03:54sur le territoire vénézuélien,
03:56Moscou dénoncerait une atteinte à la souveraineté d'un allié.
04:00Pékin parlerait d'ingérence
04:02et défendrait ses intérêts énergétiques notamment.
04:05Ensuite, à l'échelle régionale,
04:07une opération américaine ouverte
04:09tendrait tout le voisinage, disons-le.
04:12La Colombie, le Brésil,
04:14seraient par exemple confrontés à un dilemme.
04:16Coopérer avec Washington
04:18ou préserver la stabilité locale.
04:20On le sait, à chaque crise,
04:22le sous-continent s'expose
04:24à des flux migratoires massifs, par exemple,
04:26ce qui inquiète considérablement les États.
04:29Les gouvernements latino-américains,
04:31eux, se diviseraient,
04:32comme ils ont l'habitude de le faire,
04:33entre soutien discret et condamnation publique.
04:37C'est concrètement la mécanique
04:38que subit l'Amérique latine
04:40depuis le milieu du XXe siècle.
04:41On s'en souvient.
04:43Et enfin, il y a la dimension symbolique.
04:46Pour une partie du continent,
04:47ce serait le retour du grand frère américain.
04:50Une page que le sous-continent
04:52pensait, au moins en apparence,
04:55tourner.
04:56Et qui impose sa loi,
04:57l'État américain,
04:58dans l'arrière-cours.
05:00De quoi nourrir largement
05:01les discours anti-impérialistes,
05:03ça c'est clair,
05:03et fragiliser l'image
05:04des États-Unis en Amérique latine.
05:06Ce qui, disons-le,
05:07n'inquiète vraiment pas beaucoup
05:09Donald Trump.
05:10En clair,
05:10on peut s'attendre
05:11à ce que la Maison-Blanche
05:12limite ses actions
05:14revendiquées
05:15à quelques opérations
05:16spectaculaires essentiellement,
05:18comme celles qu'on a déjà vues,
05:20c'est-à-dire en mer,
05:21et concentre ses efforts
05:22de lutte contre les cartels
05:24et les flux de narcotiques
05:25qui, c'est vrai,
05:26inondent les États-Unis
05:27en menant des opérations
05:29clandestines
05:30et de police combinées.
05:32Mathieu Mabin,
05:33direct de Washington.
05:34Merci beaucoup, Mathieu.
05:36Merci beaucoup, Mathieu.
Be the first to comment
Add your comment

Recommended