02:08La mort d'un des hauts responsables d'un programme d'intelligence artificielle en charge de faire respecter l'ordre.
02:16Regardez.
02:38Tout est faux, Malik. Tout est faux.
02:54Voilà, rien n'est vrai, tout est faux, tout est permis. On le sait, Cédric Jiménez n'est pas du genre poète.
03:01Il est plutôt adepte d'un cinéma viril et musclé.
03:04Il lorgne du côté des séribés, plutôt efficace, à défaut d'être visionnaire.
03:10Ce qui est un peu un problème parce que c'est vrai que devant sa caméra, souvent, il s'empare de sujets sociétaux comme les violences policières ou les attentats parisiens et qui deviennent, c'est vrai, sous sa caméra, des prétextes à sensations fortes au risque de verser dans une certaine inconscience aveugle.
03:27Alors, en nous plongeant, pardon, dans le futur, même proche, Chien 51 s'éloigne a priori d'un présent forcément politique.
03:35Je dis a priori parce qu'évidemment, on le sait à quoi sert le genre, qui plus est la SF, sinon à explorer notre présent malade.
03:44Sur la forme, je crois aussi, vous avez été un peu déçus.
03:48En fait, on sent qu'esthétiquement le film lorgne du côté du Blade Runner, le film culte de Ridley Scott.
03:53Et au final, on se rapproche plus d'une production Luc Besson du début des années 2000.
03:59Vous voyez, j'ai mis Banlieue 13 en plein milieu.
04:02C'est un peu à ça qu'on pense.
04:03Un film surtout trop collé à ses stars et donc un film qui ne parvient jamais à élargir, au sens propre comme au figuré, le cadre et donc à faire exister le monde d'écrit.
04:14Donc, dès lors, le scénario a beau jeu de nous vanter les mérites d'une révolte populaire parce que chez Jiménez, cette foule, elle ressemble vraiment à une populace, on va dire à des zombies figurants.
04:27Voilà, un homme ou une femme lambda tombe, qu'importe si Gilles Lelouch ou Adèle Exapoulos, eux, parviennent à se relever.
04:37C'est ça qui obsède Cédric Crimenes.
04:38Voilà, c'est un peu moche au final et pour tout dire, un peu idiot aussi.
04:43Oui, et puis l'adaptation d'un roman, c'est toujours difficile.
04:45Et pour avoir lu le livre, j'ai été aussi déçue par cette version sur grand écran.
04:50Bon, alors après Gilles Lelouch et Adèle Exapoulos, on passe à François Civil, pianiste-concertiste pour Arnaud Despleuchins.
04:58Dans Deux pianos, son personnage revient à Lyon après des années d'absence ou l'attende des retrouvailles plutôt inattendues avec un amour de jeunesse.
05:06Regardez.
05:10C'est tout ça.
05:13J'ai vu Pierre.
05:28C'est merveilleux de te voir, ça fait combien d'années ?
05:31À l'époque, je vous aimais tous les deux.
05:35Et t'as triché.
05:35Voilà, est-ce que c'est vrai ou est-ce que tout est faux, comme disait Louis Lelouch dans 151 ?
05:41Oui, c'est un même théatique.
05:42Voilà, François Civil, cher Arnaud Despleuchins, participe sans aucun doute de la montée en puissance de l'acteur de 35 ans.
05:50Donc on va dire aussi à l'aise dans des comédies d'action que dans du cinéma d'auteur.
05:55Cette fois, on va dire haut de gamme.
05:56C'est quand même Despleuchins, l'auteur d'un conte de Noël ou encore de Roubaix, une lumière.
06:02Alors, Civil, d'ailleurs, il est plutôt crédible au milieu d'un scénario qui pousse un peu trop dans le mélodrame avec l'ex-petite amie.
06:11On l'a vu dans la bande-annonce, ressurgie du passé avec un enfant sur les bras.
06:16Voilà, la crise existentielle, elle, reconfigure tout l'espace devenu le lieu mental du protagoniste où tout devient ultra signifiant.
06:25Mais c'est voulu jusqu'à l'autoritarisme souverain de Charlotte Rampling dans un second rôle assez impressionnant.
06:32Voilà, c'est la mise en scène toujours qui fascine chez Arnaud Despleuchins.
06:35Cette façon comme ça de jouer avec les lumières chaudes et aussi les clairs obscurs et même les hésitations volontaires du montage.
06:45Mais pour tout dire, et c'est un peu le problème qu'on ressent à la vision de ces deux pianos, tout ça sent un peu la naphtaline.
06:50Il y a un côté un petit peu poussiéreux.
06:51Bref, voilà, pas très moderne.
06:53Pas très moderne, c'est ça.
06:54C'est moins qu'on puisse dire.
06:56Bon, on va passer, elle, elle est un peu plus moderne, je trouve, dans son genre.
07:00C'est le premier long-métrage de réalisatrice de Kristen Stewart, Chronologie of Water.
07:06Un drame autour du cauchemar d'une jeune fille née au sein d'une famille toxique.
07:10Un film, Thomas, porté par la formidable actrice britannique, j'ai trouvé dans le film, qui s'appelle Imogen Pouts.
07:16Et Dieu sait s'il y a la forte affaire dans ce film.
07:18Alors, au dire même de Kristen Stewart, ça faisait très longtemps qu'elle voulait adapter ce roman de Lydia Yuknavich,
07:25paru en 2014 en France, La mécanique des fluides, c'est comme ça que ça s'appelait en français.
07:31Aux Etats-Unis, c'est vraiment un livre culte.
07:34Voilà, alors ce récit fortement autobiographique, alors là je parle de l'autrice du roman, pas forcément de Kristen Stewart,
07:41raconte l'histoire et surtout l'enfance cabossée et traumatique d'une jeune femme,
07:48entre un père violent et abusif et une mère infirme et alcoolique.
07:53Et c'est par la pratique de la natation, mais surtout celle de la littérature,
07:57que la jeune Lydia, c'est le nom de cette héroïne, va sortir la tête de l'eau.
08:01Excusez-moi du jeu de mots, c'est parti.
08:27Voilà, Kristen Stewart réalisatrice, donc même si elle est toujours actrice, bien sûr.
08:45Voici d'ailleurs ce qu'elle répond lorsqu'on lui demande pourquoi elle a choisi de ne pas jouer dans ce premier long-métrage.
08:51Je voulais pouvoir regarder quelqu'un d'autre s'emparer de ce que j'avais créé.
08:58Je voulais qu'Hymogène s'approprie ce rôle, qu'elle fasse évoluer le personnage à partir de ce que je lui avais transmis.
09:04C'est une image un peu bête, mais c'est la seule façon que j'ai trouvée pour l'expliquer.
09:08C'est comme si j'avais planté des graines dans un immense champ
09:10et que je regardais ensuite ma meilleure amie venir cueillir mes fleurs.
09:14Je n'avais pas envie de le faire moi-même, je ne voulais pas me regarder dans un miroir.
09:19Je voulais regarder quelqu'un dans les yeux, une autre femme, qui avait elle aussi des choses à dire, à découvrir.
09:26Et puis ensemble, faire grandir cette flamme, parce que deux feux valent mieux qu'un.
09:32On voit son héroïne, Imogen Poutes, à l'écran avec sa chevelure blonde.
09:36On pense forcément à Kristen Stewart comme une projection.
09:40Voilà, Kristen Stewart avait déjà réalisé des clips vidéo, aussi plusieurs courts-métrages,
09:46dont l'un avait d'ailleurs été présenté à Cannes, d'où une certaine maîtrise peu étonnante de la mise en scène.
09:51Une maîtrise apparente, peut-être un peu trop.
09:54On sent en effet quand même un désir presque vital de mettre en scène cette histoire.
09:59Le film est assez irrespirable de bout en bout, dans une gestion d'un montage volontairement étouffé et étouffant.
10:07Et il prend ainsi le parti, ce film, d'être au diapason de sa jeune héroïne, à l'intériorité blessée, cabossée, on l'a dit,
10:15qui semble avancer dans la vie à tâtons.
10:18Alors le récit est, on s'en doute, très lourd à porter.
10:21Il est question de violence, d'inceste.
10:23Mais la beauté vient de la façon dont l'apprentissage de la littérature va offrir une libération possible,
10:30une façon donc d'exprimer sa souffrance.
10:32Et dès lors, ce chronologie of water devient une métaphore de la création,
10:36de la façon dont il faut savoir dompter une fièvre intérieure pour transmettre quelque chose d'authentique.
10:42Et ça, c'est pas rien.
10:44À voir quand même dans les bonnes conditions, ça parle de trauma assez violent.
10:49On va terminer avec un hommage à la vie et l'œuvre du cinéaste Marcel Pagnol,
10:55un film d'animation signé par l'auteur des triplettes de Belleville, Sylvain Chomet.
11:00Voilà, alors l'œuvre de Marcel Pagnol, cinéaste donc de Magnon des Sources,
11:04Le Spoon, La fille du puisetier ou encore la trilogie marseillaise,
11:09bénéficie depuis un peu plus d'un an en fait d'une grosse actualité
11:12avec la restauration de l'intégralité de son œuvre et sa ressortie en salle,
11:17ce qui a permis de réévaluer, si tant est qu'il le fallait, la puissance de ce cinéma-là.
11:21Alors l'ayant droit de cette œuvre, qui est le petit-fils du cinéaste,
11:24est à l'origine, est à l'initiative de ce film d'animation,
11:28censé nous raconter la vie intime du maître.
11:31Voilà, alors il en résulte, regardez Marcel Pagnol,
11:34il en résulte un film, on va dire, plaisant,
11:37à défaut d'être vraiment très intéressant.
11:39C'est-à-dire que c'est riche en anecdotes,
11:41mais ça rate peut-être l'essence même du génie.
11:44Et oui, Pagnolesque, cette façon de filmer les respirations de la nature,
11:48dans sa pure vérité, il mettait sa caméra dehors avant tout le monde,
11:51Marcel Pagnol, un réalisme magique que l'animation, de fait,
11:55ne rend plus artificielle.
11:58Et c'est un peu dommage.
11:59Merci beaucoup Thomas, on se retrouve évidemment mercredi prochain.
12:03Et merci à vous de nous avoir suivis.
12:04N'oubliez pas de nous retrouver sur France24.com
12:06ainsi que sur tous nos réseaux sociaux.
12:08On se quitte donc sur des images de Marcel et Monsieur Pagnol,
12:11de Sylvain Chomet, à voir cette semaine en salle.
12:14Je vous laisse découvrir et vous dis à très vite.
12:21J'ai le point, ce Marius, c'est un chédard !
12:26Ce succès n'a pas l'air de te faire plaisir, Marcel.
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