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00:00Depuis 9h40 ce matin, Nicolas Sarkozy est donc privé de liberté, incarcéré à la prison de la santé.
00:05L'ancien président français a été placé à l'isolement à l'écart des autres détenus pour raison de sécurité.
00:10Condamné à 5 ans de réclusion dans le procès du financement libyen de sa campagne en 2007,
00:15il continue malgré tout de clamer son innocence.
00:17C'était encore le cas ce matin dans un communiqué d'abord, mais aussi par la voix de ses avocats
00:21qui ont immédiatement déposé une demande de remise en liberté.
00:24On va évidemment revenir sur la séquence qui fera date pour la France et les Français
00:28pour la première fois depuis Philippe Pétain, locataire de l'Elysée, est emprisonné.
00:33L'occasion pour nous aussi de revenir sur la caisse de résonance autour de cette affaire.
00:36La pression exercée sur la justice et les magistrats pour avoir décidé d'envoyer en prison un ancien chef d'État.
00:42La méthode de l'exécution provisoire qui est aujourd'hui aussi largement critiquée par ses proches
00:48mais aussi la classe politique. Emmanuel Macron, il y a quelques instants, commentait également ce scénario.
00:55Bonjour Evine Siermarin et merci d'avoir accepté notre invitation.
00:58Vous êtes magistrate honoraire, ancienne présidente du syndicat de la magistrature,
01:02vice-présidente de la Ligue des droits de l'homme, je le disais à l'instant.
01:05Peut-être un mot déjà du symbole. On passe beaucoup de temps à commenter cette séquence.
01:09Forcément, ça va faire date dans les annales.
01:12Un ancien président qui est envoyé derrière les barreaux, ce n'est pas tous les jours,
01:14c'est d'ailleurs la première fois de la Ve République.
01:16De la Ve République et en Europe, depuis en tout cas l'existence de l'Union Européenne,
01:20il y a eu des chefs d'État condamnés.
01:24On se souvient de M. Berlusconi qui s'ennuyait devant une machine à café
01:28parce qu'il avait un travail d'intérêt général pour fraude fiscale à accomplir.
01:32Il n'était pas quand même en prison.
01:34Et j'ai vu la presse étrangère à ce propos,
01:38qui est quand même unanime en disant
01:41qu'en France, la justice fonctionne.
01:43Même un président de la République peut aller en prison s'il a commis des infractions.
01:49Et ce n'est pas la tonalité de certains dans les réactions de la presse française.
01:56Il faut rappeler quand même que M. Sarkozy,
01:58il a quand même trois affaires judiciaires pour lesquelles il a déjà été condamné.
02:03Pas toujours définitivement, mais quand même.
02:05L'affaire des écoutes téléphoniques, où déjà là on était sur de la corruption,
02:10du trafic d'influence.
02:11L'affaire libyenne qui nous occupe aujourd'hui,
02:14on est sur une association de malfaiteurs.
02:16Et puis l'affaire Big Malion,
02:18on attend le résultat de la cour de cassation.
02:21Ça c'est un déplacement de plafond, des frais de campagne.
02:25Et il est mis en examen également
02:26pour un nouveau association de malfaiteurs
02:30dans l'affaire Paris Match,
02:32Mimi Marchand, Taikédine, etc.
02:35Donc il peut y avoir autant d'affaires qu'on veut.
02:37Ce n'est pas ça qui justifie son placement en détention aujourd'hui.
02:41Ça c'est le contexte qu'on rappelle évidemment.
02:43Mais quand même,
02:44l'association de malfaiteurs,
02:46vous voyez quand vous regardez les chiffres,
02:48statistiquement,
02:49il y a pour cette infraction seule,
02:53des peines qui sont prononcées entre 4 ans et 6 ans d'emprisonnement ferme.
02:57Il a été condamné à 5 ans,
02:59donc on est dans une fourchette tout à fait ordinaire pour cette infraction.
03:03Et quand on est condamné par la justice française
03:06à une peine de 5 ans d'emprisonnement,
03:08statistiquement,
03:09il y a dans les 80% des cas,
03:1385% des cas,
03:14un mandat de dépôt,
03:16c'est-à-dire une détention provisoire.
03:19Donc on est dans le droit commun.
03:19C'est ce que j'allais vous dire,
03:20dans ce que j'entends dans votre bouche,
03:22ça justifie ce contexte,
03:24l'exécution provisoire,
03:26qui est largement commentée et critiquée aujourd'hui par ses proches.
03:30Pourquoi est-ce qu'on l'envoie en prison ?
03:32Pourquoi est-ce qu'on exécute cette peine provisoire ?
03:34Ce n'était pas obligatoire.
03:35D'autres répondent.
03:36Si, au vu des autres affaires aussi.
03:39Alors, c'est aussi au vu de cette affaire,
03:42parce que, comme je vous le disais,
03:43cette infraction est une infraction très grave.
03:45Le tribunal a motivé sur la gravité des faits,
03:48la personnalité, évidemment, du prévenu,
03:51puisqu'il était quand même ministre de l'Intérieur au moment des faits.
03:54Une association de malfaiteurs par un ministre de l'Intérieur,
03:56ce n'est quand même pas banal.
03:57Et puis, pour garantir l'effectivité de la peine.
04:01Alors, ça, c'est peut-être un petit signal du tribunal
04:04pour dire, maintenant, en matière politico-financière,
04:08il faut que les peines soient exécutées,
04:10comme dans d'autres matières,
04:11pour garantir l'effectivité de la peine.
04:13C'est-à-dire, vous irez en prison en attendant l'appel,
04:16comme tout le monde.
04:17Mais l'exécution provisoire, si vous voulez,
04:21le problème, c'est que...
04:23Enfin, ce n'est pas un problème.
04:24Il a un droit de recours, contrairement à ce que j'entends.
04:28Il a déposé aujourd'hui une demande de mise en liberté.
04:31À peine il avait mis un pied à la santé,
04:32que ces deux avocats qui étaient au port de la santé
04:34avaient demandé la remise en liberté.
04:36C'est tout à fait normal.
04:36Sauf qu'eux disent que ça va prendre trois semaines à un mois.
04:39Écoutez, le délai légal, c'est deux mois maximum.
04:42On sait que les délais devant la cour d'appel de Paris,
04:45pour tout le monde, c'est à peu près un mois pour que ce soit examiné.
04:48Donc on peut penser, effectivement, que dans trois, quatre semaines,
04:52ce sera examiné indépendamment du jugement sur le fond
04:56qui, lui, aura lieu devant la cour d'appel en mars 2025-2026.
05:00On reverra tous les faits.
05:02Là, c'est seulement sur la demande de mise en liberté.
05:04Oui, il est probable que la cour,
05:07il est tout à fait possible que la cour dise
05:09que les conditions de la détention provisoire ne sont pas réunies.
05:12Il n'y a pas de risque de fuite.
05:14Il n'y a pas de risque peut-être de récidive.
05:16De pression sur les témoins.
05:17Destruction de preuve.
05:18Certains disent que si, s'il était remis en liberté.
05:20De pression sur les témoins.
05:22C'est ça, les critères légaux pour la correctionnelle.
05:25Ou de concertation dans les prévenus.
05:28C'est une affaire qui date de plus de dix ans.
05:30Bon, je pense que tout a été fait
05:32s'il fallait faire des choses dans cette matière.
05:34Donc voilà, il est tout à fait possible
05:36que la cour d'appel le remette en liberté.
05:39Ce qui m'inquiète moi,
05:40c'est, si vous voulez,
05:42peut-être vouliez-vous en venir à ça,
05:45mais c'est que M. Macron
05:47quand même reçoit quelqu'un
05:48qui a été pas mal condamné à l'Elysée.
05:51Très peu après cette réaction.
05:51Alors on va évidemment les dire.
05:53D'abord, on va peut-être écouter la réaction d'Emmanuel Macron.
05:55C'est qu'il y a quelques minutes, il est en Slovénie.
05:56Et il a répondu sûrement aux questions qui lui étaient posées par la presse.
05:59Première réaction officielle du chef de l'État français
06:01à cette incarcération.
06:03Et évidemment, le commentaire est allé
06:05pour commenter l'exécution provisoire.
06:08On écoute le président
06:09et puis on en reparle juste après.
06:11Quant aux questions d'exécution provisoire,
06:15j'ai vu que plusieurs
06:16responsables politiques
06:19souhaitaient s'en emparer.
06:20Le président du Sénat
06:21l'a indiqué,
06:22le garde des Sceaux aussi.
06:23Je pense que c'est un débat légitime dans une démocratie.
06:27Parce que tout le monde souhaite
06:28qu'il puisse y avoir des voies d'appel et de recours.
06:33Mais c'est un débat qui doit être mené dans le calme
06:35et indépendamment des cas spécifiques.
06:40J'aimerais votre réaction à celle du président.
06:42Oui, je suis un peu étonnée.
06:43Le débat est légitime.
06:44Oui, le débat est légitime.
06:45Des voies d'appel, il y en a.
06:47Puisqu'il va aller devant la cour d'appel
06:49d'ici maximum de mois,
06:50certainement depuis un mois,
06:52pour sa demande de mise en liberté.
06:53Donc on voit bien qu'il y a des voies de recours
06:55indépendamment de l'affaire
06:57qui sera totalement rejugée en mars.
06:58Bon, moi je suis un peu étonnée
07:02parce qu'article 64 de la Constitution,
07:05le président de la République
07:06est garant de l'indépendance de la justice.
07:08Et là, on a quand même l'impression
07:10que c'est un peu un désaveu.
07:12Il remet en cause l'exécution provisoire.
07:14Il remet en cause l'exécution provisoire.
07:15Quand il dit le débat est légitime,
07:16ça veut dire quoi ?
07:17Tout à fait.
07:17Ça veut dire...
07:18On n'était pas obligé d'exécuter cette peine provisoire.
07:20Voilà, le débat est légitime,
07:22on peut se poser des questions, etc.
07:23Donc il y a quand même implicitement
07:26une petite contestation de la décision des juges.
07:29Et ça, ça doit se coupler
07:31avec la réaction de M. Darmanin
07:33qui lui dit
07:34« En tant que ministre de la justice,
07:36pas à titre personnel,
07:37ça pourrait se comprendre,
07:38comme ami, bon,
07:40j'irai le voir en détention.
07:42En tant que ministre de la justice. »
07:43Qu'est-ce que ça veut dire ?
07:44Ça veut dire que le ministre de la justice
07:46a toute autorité hiérarchique
07:48sur les parquets en France.
07:51On n'a pas un parquet indépendant en France.
07:54La CEDH, la Cour européenne des droits de l'homme,
07:56le dit assez.
07:56Et donc, ça veut dire qu'il peut se produire
07:59que voyant leur ministre,
08:01dont dépend leur avancement,
08:03le procureur à l'audience
08:05de demandes de mise en liberté,
08:07voyant que M. Darmanin
08:08va voir un détenu en prison,
08:10va peut-être se dire
08:11« Je vais demander qu'il soit libéré. »
08:14qui décide.
08:16Mais on s'attend quand même
08:17à des réquisitions très bienveillantes
08:19du parquet.
08:20Quand votre chef montre
08:22qu'il est très soutenant
08:24envers un détenu,
08:26ce qui n'arrive jamais.
08:27On n'a jamais vu M. Darmanin
08:28dire que c'est très dur,
08:31la prison,
08:31ce qui est pourtant vrai.
08:33On n'a jamais vu M. Darmanin
08:34aller avec la contrôleuse générale
08:36des lieux de privation de liberté.
08:37C'est son argumentaire à lui de dire
08:39« J'ai le droit de visiter chaque semaine
08:41trois détenus,
08:42et c'est ce que je fais d'ailleurs. »
08:43Non, non, il ne le fait pas.
08:45Il a été dans les prisons,
08:46c'est juste pour annoncer
08:48qu'il allait ouvrir davantage de prisons
08:50en France pour le narcotrafic,
08:52créer 700 places de prison.
08:53Oui, il a été en prison.
08:55Mais on ne l'a pas entendu dire
08:57vraiment en France,
08:59comme le disent les autorités européennes,
09:01ce sont des conditions indignes
09:03de détention en maison d'arrêt.
09:04C'est-à-dire là où est M. Sarkozy,
09:06pas à la santé.
09:07Mais dans d'autres maisons d'arrêt,
09:09on a des rats, des cafards,
09:11je suis désolée de vous le dire,
09:13mais les toilettes qui débordent
09:14dans les cellules,
09:15ils sont quatre dans 11 mètres qui arrière.
09:16Voilà, ça c'est vraiment indigne.
09:18Moi, je n'ai jamais entendu
09:20M. Darmanin dire ça.
09:21Et pourtant, on attendrait
09:23d'un garde des Sceaux
09:23qu'il s'offusque de ces conditions
09:25qui sont moyenâgeuses.
09:27Alors d'ailleurs, il a été pointé du doigt
09:28ce matin, évidemment,
09:29ça fait beaucoup réagir
09:30à ces propos du ministre de la Justice.
09:32On va écouter peut-être Rémi Haït
09:33ce matin chez nos confrères de France Info.
09:41L'objectif pour tous,
09:43ce doit être la sérénité
09:45pour permettre à la justice
09:47vraiment de statuer
09:48de façon indépendante.
09:50Il y a des magistrats du parquet
09:51qui vont prendre.
09:52Il y a des magistrats du parquet
09:53qui vont prendre des réquisitions.
09:55Il y a des magistrats du siège
09:56de la Cour d'appel,
09:57de la Chambre d'accusation
09:58qui vont prendre des décisions.
10:00Il faut qu'ils puissent le faire
10:02à l'abri de toute pression.
10:04Et un ministre qui va voir
10:06un prévenu en prison,
10:07ça ne peut pas être
10:07une forme de pression
10:08pour les magistrats ?
10:09Ce que je dis,
10:10c'est qu'il y a un risque,
10:12en effet,
10:13qu'une telle visite
10:15soit ressentie
10:16par les magistrats.
10:18Et soit,
10:18et c'est important,
10:19soit perçue par l'opinion
10:21comme une forme
10:22d'obstacle,
10:23finalement,
10:23à cette sérénité recherchée.
10:26Voilà,
10:26qui met en difficulté
10:28l'indépendance
10:29des magistrats aujourd'hui.
10:30Mais bien sûr.
10:32Il s'en défend,
10:32Gérald Darmanin,
10:33il a répondu sur Twitter
10:35par la suite,
10:36il s'en défend totalement.
10:37Oui, mais le parquet général
10:38est très en difficulté
10:39parce que,
10:40quoi qu'il requiert à l'audience,
10:41même si ce ne sont pas eux
10:42les juges,
10:43on va dire,
10:45ah ben ils obéissent
10:45aux gardes des Sceaux,
10:46ils ont vu leurs gardes des Sceaux
10:47aller soutenir M. Sarkozy.
10:49Et donc,
10:50les procureurs en France
10:51vraiment sont
10:52le petit doigt
10:53sur la couture du pantalon.
10:55Ils les mettent
10:55très en difficulté
10:56avec ça.
10:58C'est pourquoi nous demandons,
11:00bon,
11:00avec beaucoup
11:01d'associations de droit,
11:02l'indépendance du parquet
11:03en France.
11:04Ça serait beaucoup plus clair.
11:06Là,
11:07on voit bien que
11:08le parquet général,
11:10il ne va certainement pas
11:11être chaud bouillant,
11:13en quelque sorte,
11:14pour demander
11:14le maintien en détention
11:16de M. Sarkozy
11:16quand il sera rejugé
11:18sur sa demande
11:18de mise en liberté.
11:19On verra ça.
11:20Mais bon,
11:21je pense que
11:22c'est quand même
11:23un problème
11:23d'intervenir
11:24si, je dirais,
11:26si crûment,
11:27en disant
11:28je vais aller le voir
11:28en détention
11:29comme ministre de la Justice.
11:31Et vraiment,
11:32ça aurait été bien
11:33que M. Macron,
11:34c'est ce qu'on attendait,
11:35nous dise,
11:36la justice est indépendante,
11:37j'en suis le garant.
11:39Lui dit qu'il ne voit
11:39pas de controverse,
11:40ça a été révélé dimanche,
11:41l'Elysée a réagi
11:43seulement le lendemain,
11:46le président de la République,
11:47tout ça,
11:47normal sur le plan humain
11:48de recevoir Nicolas Sarkozy
11:49avant son incarcération ?
11:50Peut-être sur le plan humain,
11:51sur le plan institutionnel,
11:53moi je parle du plan institutionnel,
11:54je trouve que ça pose
11:55vraiment un problème.
11:56Je n'ai pas vu beaucoup
11:57M. Macron recevoir
11:58des détenus.
11:59Il reçoit,
11:59évidemment,
12:00c'est normal,
12:00des associations de victimes,
12:01des victimes,
12:03etc.
12:04Mais un détenu,
12:05quelqu'un qui vient
12:06d'être condamné,
12:06et en plus,
12:07qui a quand même
12:08trois affaires judiciaires,
12:10avec des condamnations
12:12qui ne sont pas
12:12toutes définitives,
12:13c'est quand même
12:14un petit peu
12:15lui donner
12:17un bon
12:19pour son attitude
12:21vis-à-vis de la justice.
12:22N'oublions pas
12:23que cette affaire,
12:24c'est une association
12:25de malfaiteurs.
12:26C'est-à-dire,
12:27c'est quand même
12:27l'idée
12:28qu'il aurait
12:30permis
12:31de préparer
12:32la corruption
12:33de M. Guéant,
12:34qui était ministre
12:35des collectivités locales,
12:36de M. Hortefeux,
12:38ministre des collectivités locales,
12:39de M. Guéant,
12:39son secrétaire général
12:40comme ministre de l'Intérieur.
12:42Et ce n'est pas lui
12:44le corrompu,
12:44mais c'est ses deux
12:45plus proches
12:46collaborateurs.
12:48Et on dit
12:48qu'on ne pouvait pas
12:49ignorer ce qui s'était passé.
12:50Ils ne pouvaient pas
12:50ignorer,
12:51parce qu'ils lui ont rendu compte,
12:52ils y sont allés
12:53plusieurs fois,
12:54et avec un État terroriste.
12:56J'ai entendu
12:57vraiment
12:57les victimes
12:59de l'attentat
12:59du Téa,
13:02la Libye.
13:04Ces victimes
13:04sont complètement effarées,
13:05parce que
13:06quand même,
13:07ce qui se serait passé,
13:08c'est qu'un des
13:10participants
13:12libyens
13:13aurait été
13:15exfiltré
13:15hors de France,
13:18alors qu'il était
13:19l'objet
13:19d'un mandat
13:20d'arrêt international
13:21condamné
13:22à la réclusion
13:22criminelle
13:23à perpétuité
13:24comme terroriste
13:25pour avoir
13:26fait sauter
13:26cet avion
13:27avec 170 victimes.
13:29Et là,
13:29à cette époque-là,
13:30on a
13:31le directeur
13:32général
13:33de la police,
13:35M.
13:35Soissini,
13:36qui l'exfiltre
13:37pour qu'il échappe
13:38finalement à un mandat
13:39d'arrêt international
13:40et donc à la justice
13:41française.
13:42Ça,
13:43c'est quand même...
13:44Effectivement,
13:44on comprend qu'il y ait
13:45une association
13:45de malfaiteurs
13:46derrière
13:46comme qualification.
13:48Alors,
13:48lui,
13:48évidemment,
13:49nie tout un conduit.
13:51Il dénonce
13:51un complot
13:52motivation politique
13:53reprochant au juge
13:55de vouloir
13:55l'humilier.
13:56Ce n'est pas
13:57un ancien président
13:57que l'on enferme
13:58ce matin,
13:59mais un innocent.
14:00C'est ce qu'il a tweeté
14:01immédiatement
14:02après d'être monté
14:02dans cette voiture
14:03qui l'a conduit
14:04à la prison de la santé.
14:05Après quand même
14:05une séquence
14:06très orchestrée,
14:07scénarisée même,
14:08diront certains,
14:09communiquée
14:09de l'ancien président.
14:12Ce n'est pas
14:12un ancien président
14:13de la République
14:13que l'on enferme.
14:14Un innocent,
14:15j'éprouve,
14:15une peine profonde
14:16pour la France
14:17qui se trouve humiliée
14:18par l'expression
14:18d'une vengeance
14:19qui a porté la haine
14:20à un niveau égalé.
14:23Qu'est-ce que ça
14:24vous inspire,
14:25ces propos ?
14:26On sait que la justice
14:27est évidemment pointée du doigt
14:28et critiquée par certains.
14:30Il y en a même
14:30des magistrats
14:30qui ont été menacés
14:32à la suite de ce procès.
14:34Bien sûr.
14:35La présidente
14:36de la chambre correctionnelle
14:38qui a jugé
14:39est sous protection policière,
14:41a reçu des guillotines,
14:42des menaces de mort,
14:44etc.
14:44Non, mais ce que ça m'inspire,
14:47c'est que ça devient une habitude.
14:51On a eu M. Fillon,
14:52on a eu Mme Le Pen,
14:53on a eu Mme Dati en juillet.
14:56Bon, voilà,
14:56on tape sur les juges.
14:57Et on fait croire,
14:59c'est un rideau de fumée,
15:00on fait croire que tous les juges
15:02qui se sont penchés sur cette affaire,
15:04par exemple l'affaire libyenne,
15:05il y a au moins 30 juges
15:06qui ont jugé,
15:07parce qu'il a fait beaucoup de recours
15:08et c'est son droit,
15:09M. Sarkozy,
15:10il y a au moins 30 juges
15:11qui tous ont trouvé
15:12qu'il méritait d'être mis en examen,
15:15de passer en correctionnelle
15:17et puis ensuite d'être condamné.
15:18Pas que les juges, pardon,
15:19mais le dernier sondage
15:19à la BFM TV
15:20qui a été publié début octobre
15:21révèle une opinion publique
15:23quand même largement imperméable
15:24aux tentatives de l'ancien président
15:25de transformer cette défaite judiciaire
15:27en bataille politique.
15:28On va regarder les chiffres,
15:29peut-être 58% des Français
15:30qui estiment que les juges,
15:31au contraire,
15:32ont rendu une décision impartiale
15:34en appliquant le droit.
15:37Ça, c'est quand même
15:38le meilleur mot de la fin, non ?
15:39C'est intéressant.
15:40Comme pour Mme Le Pen
15:42qui disait qu'elle était victime
15:43aussi d'un complot,
15:44il y a eu trois sondages
15:45qui ont dit que,
15:46écoutez, nous on pense
15:48qu'elle est coupable
15:48aux deux tiers
15:49et puis elle mérite
15:51la peine d'inéligibilité.
15:52Donc les Français
15:54ne sont pas du tout
15:55dupes, en quelque sorte.
15:57Ils ne sont pas dupes
15:58ou ils sont très remontés
15:58contre la classe politique ?
15:59Ça, ce n'est pas la même chose.
16:00Ce n'est pas la même chose.
16:01Peut-être que les deux sont liés aussi.
16:02C'est vrai que dans une enquête
16:03très très belle
16:04chaque année
16:04qui s'appelle
16:05Fracture française d'Ipsos,
16:07les Français pensent
16:08que malheureusement
16:0874% du personnel politique
16:11est corrompu.
16:11Ils ont tort.
16:12Mais effectivement,
16:13les Français sont très remontés
16:15contre leur personnel politique.
16:16Voilà, 61% des Français
16:18qui jugent que l'exécution
16:21provisoire
16:22est complètement justifiée
16:24dans cette affaire.
16:25On va les retrouver tout de suite.
16:27Marie Schuster
16:27qui est notre envoyée spéciale
16:28à la Présidente de la Santé.
16:29Marie qui nous attend.
16:30Bonjour.
16:30Et qui nous a fait vivre
16:31en direct ce matin
16:31en édition spéciale
16:32évidemment
16:32l'arrivée sous bonne garde
16:35de Nicolas Sarkozy
16:37qui est donc
16:37incarcéré
16:39depuis plusieurs heures maintenant.
16:41Racontez-nous Marie.
16:41Effectivement, Elisabeth,
16:46Nicolas Sarkozy
16:47est incarcéré
16:47depuis 9h40 ce matin.
16:50Très exactement,
16:51il a été placé à l'isolement
16:53pour éviter le contact
16:54avec ses co-détenus.
16:56L'administration pénitentiaire
16:57qui a raisonnablement jugé
16:58qu'en tant qu'ancien
17:00chef de l'État
17:01et surtout en tant qu'ancien
17:02ministre de l'Intérieur,
17:04Nicolas Sarkozy
17:05ne s'était pas attiré
17:06que des amitiés en prison.
17:08Il est donc seul
17:09à partir d'aujourd'hui
17:11dans cette cellule
17:12de 11 mètres carrés.
17:13Il dispose
17:13de plusieurs choses.
17:17D'abord un lit,
17:18des WC,
17:19une douche,
17:20une plaque de cuisson
17:21mais aussi une télévision
17:23et un téléphone fixe
17:24d'où il pourra passer
17:26un certain nombre
17:27d'appels limités.
17:30Après avoir passé
17:30les portes
17:31de cette prison
17:32de la santé
17:33qui se trouve derrière moi,
17:34il a dû abandonner
17:35un certain nombre
17:36d'objets personnels.
17:37Il n'a pu emporter avec lui
17:38que de la lecture,
17:40trois romans,
17:40le comte de Montecristo
17:41en deux tomes
17:42et la biographie
17:43de Jésus,
17:44dit-il.
17:45Il compte également
17:46se servir de ce temps
17:47qui lui est apparti
17:48pour écrire,
17:49écrire sa vérité
17:50sur cette affaire
17:52libyenne,
17:53a-t-il dit.
17:54Il dispose également
17:55de dix photos
17:56et de boules qui es,
17:57car on lui a conseillé
17:59d'en emporter,
17:59étant donné que
18:01les nuits passées
18:02au sein de cette prison
18:03de la santé
18:03peuvent être émaillées
18:04de cris et de hurlements.
18:07Le reste,
18:08tout le reste,
18:09lui a été fourni
18:10par l'administration
18:11pénitentiaire,
18:12de quoi s'habiller,
18:12de quoi cuisiner.
18:13Ce midi,
18:14il a pu cantiner,
18:15c'est-à-dire acheter
18:16des aliments
18:17pour pouvoir se nourrir.
18:19Aucun aliment
18:19provenant de l'extérieur
18:20n'a été autorisé.
18:21Il n'a donc bénéficié
18:22d'aucun traitement
18:23de faveur
18:24de la part
18:25de la maison d'arrêt
18:26de la santé
18:27qui se trouve
18:27derrière moi.
18:28Il n'en avait d'ailleurs
18:29demandé aucun.
18:31Il n'y a pas
18:32de traitement de faveur.
18:33On n'arrête pas
18:33d'entendre ça
18:34depuis hier.
18:36Comme s'il fallait
18:37souligner,
18:37il y a une volonté
18:38d'exemplarité judiciaire
18:40aujourd'hui.
18:40Oui, sans doute.
18:41On peut prendre ça
18:44sous deux sens.
18:45Il n'y a pas
18:45de traitement de faveur
18:46en ce sens
18:46qu'il est à l'isolement.
18:48Il est dans un quartier
18:49de la maison d'arrêt
18:50spéciale de la santé
18:52pour qu'il ne rencontre
18:52pas d'autres détenus
18:53pour ne pas être menacés,
18:55etc.
18:55Ce n'est pas chocant.
18:55C'est tout à fait normal.
18:57La menace, c'est quoi ?
19:01C'est qu'on s'en prenne
19:02à lui ?
19:02Ou plutôt qu'on dévoile
19:03des vidéos,
19:04des photos ?
19:05Qu'on le photographie
19:06dans les cours de promenade,
19:08qu'il croise d'autres personnes
19:09menaçantes, etc.
19:11Oui, c'est tout à fait normal
19:12de le protéger.
19:14En revanche,
19:15il y a quand même
19:16un traitement très différent.
19:18Alors, on appelle ça
19:18comme on veut.
19:19Très différent de celui
19:21des 25 000 prévenus
19:24qui sont en maison d'arrêt.
19:26Donc, c'est le cas.
19:27Lui, il est en détention provisoire
19:30en maison d'arrêt
19:31où là, les rapports
19:33de la contrôleuse générale
19:34des lieux de privation
19:35de liberté montrent
19:36que ce sont vraiment
19:37des conditions indignes,
19:39que c'est très sale, etc.
19:42Il est quand même au moins...
19:43Il y aura une bouche privée,
19:44il y aura l'accès
19:45à un téléphone fixe notamment.
19:47Voilà, un téléphone fixe
19:48avec des numéros préenregistrés.
19:50Il aura trois visites par semaine.
19:53De proches et ses avocats.
19:54Il est dans Manin, manifestement.
19:56Et il aura également
19:57la possibilité de se promener
19:59deux fois par jour.
20:00Enfin, de se promener.
20:01C'est beaucoup dire.
20:02C'est une petite cour de promenade.
20:03La prison, c'est quand même la prison.
20:05On ne va pas se réjouir
20:07que quelqu'un soit en prison.
20:08Mais c'est des conditions
20:11bien meilleures
20:12que ce qui est dénoncé
20:13par toutes les institutions européennes
20:16et les institutions françaises
20:18et évidemment la Ligue des droits de l'homme
20:20et l'Observatoire international des prisons.
20:22Ce n'est pas ce qu'ont dit
20:22ces avocats évidemment ce matin.
20:23C'est un jour funeste pour lui,
20:25pour la France et pour les institutions
20:26avec une certaine émotion quand même.
20:27On les a entendus ce matin s'exprimer.
20:30Tous deux ont déploré
20:31devant les portes de la santé
20:32évidemment l'incarcération
20:33de l'ancien chef d'État.
20:34Eux qui ont immédiatement déposé
20:36une demande de remise en liberté.
20:38On l'a déjà commenté.
20:40Ça pourrait prendre plusieurs semaines.
20:43Et ensuite, comment est-ce que vous
20:45vous envisagez les suites ?
20:46Parce que tout sera vu,
20:48on a envie de dire.
20:50Cette pression aussi sur la justice,
20:52on l'a abordé dès le début
20:54avec notamment des réactions politiques
20:56quand même assez insistantes.
20:58Comment est-ce que vous
20:58vous envisagez les suites ?
20:59Là, je sonde votre instinct évidemment.
21:02Bien sûr.
21:03Alors d'abord, je voudrais simplement dire
21:05que ce n'est pas une honte pour la France
21:07qu'ils soient en prison.
21:08C'est quand même un vrai problème
21:10pour la France
21:11qu'un président de la République
21:12soit condamné pour association de maire.
21:13Est-ce que c'est un succès ?
21:14J'ai envie de tourner la question autrement.
21:15Est-ce que c'est un succès
21:16pour la justice française aujourd'hui
21:17d'avoir réussi à condamner
21:18un ancien président ?
21:19En tout cas, c'est ce que dit
21:20la presse étrangère.
21:22Le parquet national financier,
21:23la justice politico-financière
21:25fonctionne.
21:26Elle a beaucoup évolué
21:27depuis une trentaine d'années.
21:29Et on voit maintenant
21:30que les peines sont à peu près
21:32les mêmes
21:32que pour d'autres citoyens.
21:34Alors pour l'avenir,
21:35comme on voit les choses,
21:36il y a sa demande de mise en liberté
21:38qui sera jugée d'ici
21:40un mois, deux mois maximum.
21:42Bon, il faut s'attendre
21:43à ce que le parquet requiert
21:45qu'il soit remis en liberté
21:46compte tenu de ce qu'on a vu
21:47avec M. Darmanin
21:49qui le soutient.
21:50Et puis ensuite, en mars,
21:51il y aura son procès.
21:52On reverra tout
21:53avec les autres
21:54parce qu'il n'y a pas que lui
21:55qui est en prison.
21:56Il y a M. Djouri,
21:58un affairiste libyen.
21:59Et puis, il y a également
22:01un banquier suisse.
22:02Donc, il y a trois mandats
22:04dont le sien.
22:05Et puis, il y a trois mandats
22:07d'amener
22:10qui sont des mandats d'arrêt
22:12plutôt pour les autres protagonistes.
22:15Donc, finalement,
22:15c'est une affaire
22:16sur 13 prévenus.
22:18Il y en a quand même
22:198 qui sont condamnés
22:21et 6 qui sont soit
22:22sous mandat de dépôt,
22:24soit sous mandat d'arrêt
22:25parce qu'ils sont en fuite.
22:26C'est vrai qu'on a tendance
22:26à résumer cette affaire
22:27au sort qui est réservé
22:28à l'ancien président.
22:29Et donc, ça va bien au-delà.
22:30Ça va bien au-delà.
22:31C'est quand même beaucoup.
22:32C'est que les juges ont considéré
22:33que c'est quand même très grave
22:34pour l'ensemble des personnes
22:36condamnées, par exemple,
22:37aussi à des peines
22:38de 5, 6 ans d'emprisonnement.
22:40M. Guéant,
22:41il est condamné
22:41à 6 ans d'emprisonnement.
22:43Compte tenu de sa santé,
22:44il n'y a pas de mandat de dépôt.
22:46Mais c'est des peines lourdes.
22:47On a vu qu'il y avait
22:47une stratégie quand même
22:48qui avait été élaborée
22:49et mise en place
22:50par les proches,
22:51par les avocats de Nicolas Sarkozy.
22:52Il y a eu cette scénarisation,
22:54on y reviendra tout à l'heure
22:54dans le dernier image,
22:55avec Julie Dengelhoff
22:56qui se trouvait en bas
22:57de la ville à Montmorency,
22:58donc la demeure du chef de l'État
23:00avec ses proches
23:01qui se sont présentés les uns
23:02après les autres,
23:03ses enfants,
23:03ses petits-enfants
23:04et puis lits à la main
23:05de Carla,
23:06au bras de Carla
23:06avec tous ces soutiens
23:08qui s'étaient rassemblés
23:09au milieu de la rue.
23:11Il y a cette tentative
23:12de victimisation
23:13qu'on entend
23:14depuis l'annonce
23:15évidemment du verdict.
23:17Est-ce que c'est une bonne stratégie
23:18aussi de continuer
23:18à câbler la justice ?
23:21Et les magistrats,
23:21ça ne pourrait pas
23:22se retourner contre lui
23:23au final ?
23:23Parce qu'il y a un appel
23:24qu'on attend.
23:25Peut-être que les magistrats
23:27de la Cour d'appel
23:27qui sont des juges
23:28qui jugent,
23:29pas le parquet,
23:30vont considérer
23:31que ça va un petit peu loin.
23:33Ça va peut-être
23:34un peu être lourd
23:36sur leurs épaules.
23:39Mais surtout,
23:42c'était vraiment
23:43un rideau de fumée
23:44parce que ça ne marche pas
23:45comme vous l'avez
23:46très justement rappelé
23:48sur les sondages.
23:49Et évidemment,
23:51lui,
23:51il doit dire
23:51qu'il est innocent.
23:52C'est comme Mme Le Pen.
23:53Leur stratégie de défense,
23:55c'est de dire
23:56j'ai rien fait.
23:57Parce que ce serait
23:57très difficile pour eux.
23:59Mais ça,
23:59j'en ai comme ça
23:59contre la justice
24:00parce que l'acharnement
24:01aussi les valade
24:01dans l'autre sens.
24:02Si on va plus loin,
24:03la magistrate honoraire
24:04que vous êtes,
24:05est-ce que vous,
24:06ça vous aurait...
24:08Je veux dire,
24:08ce sont des hommes
24:09au final qui jugent
24:10selon le droit forcément.
24:12mais au bout d'un moment,
24:14ça ne s'avère pas
24:14contre-productif tout ça ?
24:15Je pense que ça peut
24:16s'avérer contre-productif
24:17parce qu'on fait
24:18trop pression
24:19sur les juges
24:20et on suggère
24:21qu'ils sont incompétents,
24:22ils sont complètement nuls.
24:23Ils rendent des décisions
24:24n'importe comment
24:25et puis ils condamnent
24:26des innocents.
24:27Bon,
24:27c'est assez désagréable.
24:29Ceci dit,
24:29on est formé
24:30pour ne pas s'intéresser
24:31à ça.
24:32C'est tout le temps
24:32qu'on a des gens
24:33qui proclament leur innocence.
24:34Nous,
24:35c'est le dossier,
24:36les faits
24:36et vous savez,
24:37400 pages de jugement,
24:40il faut les lire,
24:41ont bien montré
24:42quand même
24:42l'enchaînement des faits
24:44et manifestement
24:46leur véracité.
24:48Merci beaucoup
24:48en tout cas
24:49d'avoir été à nos côtés
24:49en cette journée historique
24:52malgré tout.
24:52Evine Sirmarin,
24:53merci d'avoir été avec nous.
24:54Merci à Marie Schuster
24:55également qui était à nos côtés
24:56depuis la prison de la santé.
24:58C'est la fin de l'info du jour.
24:59Merci à Marie Schuster
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