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  • 2 months ago
Transcript
00:00A l'affiche aujourd'hui, Benjamin Violet, le plus prolixe des auteurs compositeurs français,
00:17revient avec le disque bleu, un double album comme une invitation au voyage,
00:22l'occasion de revenir sur l'itinéraire d'un artiste couronné de quatre victoires de la musique.
00:27Ça valait le coup d'essayer, le coup de lapin doré, le diable en déshabillé, vêtus de rien, qu'un grain de beauté, de beauté.
00:44Bonjour Benjamin Violet, comment allez-vous ?
00:47Ça va très bien.
00:48Le disque bleu justement, un album très inspiré, un coup d'éclat pour certains critiques musicaux,
00:53l'album du retour de flamme, dites-vous, ce disque bleu, est-ce que c'est la somme de 24 ans de musique ?
01:01Non, mais sinon ce serait la somme de 52 ans de musique, ce qui est mon âge, quoi.
01:06Mais quand je fais un dit, je ne pense pas en termes de discographie, j'ai toujours l'impression que c'est le premier en vérité.
01:13Dans la forme comme dans le fond, je suis capricorne et mauvais garçon, écrivez-vous.
01:18C'est quoi Benjamin Violet, être un mauvais garçon ?
01:21C'est être un peu rétif à l'autorité et à des choses comme ça.
01:25Moi, dans mon cas, ça n'est pas plus loin, quoi.
01:27C'est d'éviter d'être où on m'attend et puis parfois d'être un petit peu rebelle, mais pas...
01:35Je ne suis pas le tché.
01:37Un petit peu dans la provoque ?
01:38Non, je n'ai jamais aimé la provocation gratuite.
01:40On est malheureusement souvent dans une situation où, quand on dit exactement ce qu'on pense, ça paraît de la provocation.
01:49J'écris ça juste avant de tomber
01:52J'ai même pas vu ma vie défiler
01:57Mais vu la fessure mon berceau
02:04Qui de près s'est penché
02:07Le disque bleu se partage en deux volets
02:10Visiteur et résident
02:12Vous vous sentez comment, vous, Benjamin Violet ?
02:14Visiteur, résident en France ?
02:16Moi, je me sens les deux, partout
02:17Et naturellement, je suis naturellement résident en France et visiteur en Amérique latine, par exemple
02:23Vous passez plusieurs mois par an en Argentine ?
02:26Oui
02:27Qu'est-ce qui vous relie à l'Amérique latine ?
02:31Ma fille, qui est franco-argentine
02:33Et puis, la culture, ce pays, peut-être que ce n'est pas très exotique
02:38Quand on connaît bien Buenos Aires, on se rend compte que c'est peut-être la ville la plus européenne d'Amérique latine
02:43C'est la plus italienne, en tous les cas, et au niveau de l'architecture la plus française
02:48Il y a des quartiers quasiment haussmanniens
02:50Il y a un quartier qui s'appelle La Recoleta, on dirait vraiment Paris
02:53C'est sans doute ce qui m'attire, c'est d'être aussi proche et aussi loin
02:58Et comment on voit la France de là-bas ?
03:00On voit la France de manière très positive quand on est dans le milieu de l'art ou de ce genre de choses
03:06Les gens ont beaucoup d'admiration pour la littérature française, la chanson française, le cinéma français au-delà de tout
03:15Et une espèce de haute idée de la France comme pays des droits de l'homme et pays des droits sociaux
03:22Et surtout la sécurité sociale par exemple
03:24C'est quelque chose qui fait rêver les gens un peu partout dans le monde et particulièrement là-bas
03:29En tous les cas, c'est le titre Le Penseur qui ouvre ce dernier album
03:33Le monde sensible, le monde des idées, la mer, c'est votre refuge ?
03:38La mer, ça a toujours été... Après, je ne suis pas un marin, j'aime bien être sur un bateau vite fait et tout
03:43Mais je ne vais pas très très loin
03:45Mais j'aime la présence, la proximité de la mer, de l'eau en général
03:50Et puis au chaos, je dis bien au chaos
03:55Il n'y aurait rien là-haut, pourrais-je emmener les poteaux ?
04:01Ils regardent la route de l'exil et se demandent où vont les îles
04:08Et les grands oiseaux indociles
04:11En forme de signaux de détresse
04:14Ils rêvent des berges, du tibre, du nil
04:17Humant la fume et dune de nil
04:21Ils restent loin quelques collines
04:24Allongés dans la brume épaisse
04:27Depuis des années, vous composez pour les plus grands
04:30Qu'est-ce qui crée chez vous ?
04:32Je crois que ça vient à l'adolescence, cette envie d'écrire
04:36Et puis ensuite, cette envie de composer
04:38Au début, j'écrivais en anglais
04:39Parce que je chantais en anglais avec mon premier groupe
04:41Et puis c'est la pulsion naturelle de 95% des autant qu'oppositeurs de ma génération
04:46D'avoir envie de faire des sons en anglais
04:49Comme tous les groupes qu'on adorait
04:51Et puis assez vite, je me suis dit
04:52Il n'y a qu'en français que ça peut être bien
04:53Et là, j'ai ouvert un tiroir sans fin
04:57Il a fallu que j'aille un peu plus loin dans mon éducation littéraire
05:05Et que je me mette à écouter de la chanson française
05:08Que je n'aimais pas naturellement
05:10Je n'étais pas attiré naturellement par la chanson française
05:13Justement, on va en parler parce que reprendre Louis Aragon ou Georges Brassens
05:18Chanté à la manière de Gainsbourg
05:21Tout ça, on le retrouve sur l'album
05:23Ces trois-là, Aragon, Gainsbourg, Brassens
05:26Ils font partie de votre panthéon ?
05:28Aragon, on s'en doute un peu
05:29Parce qu'il a écrit plein de chansons
05:31Enfin, il a écrit plein de poèmes quand on a été mis en musique
05:33Et j'adore lire lettres à Elzade et des choses comme ça
05:36Mais Gainsbourg et Brassens, ça fait partie de mes piliers, oui
05:40Pourquoi ?
05:41Gainsbourg, depuis toujours, Brassens, c'est plus récent
05:44C'est...
05:45Mais parce que j'aime...
05:47Je me répète, sans dire un perroquet
05:49Mais c'est parce que c'est la chanson
05:51Ils ont amené des choses tellement fortes à la chanson
05:53Ils ont été tellement inspirants
05:55Pour les gens qui, comme moi, ne sont pas des vocalistes
05:58Mais juste des interprètes de chansons
06:00Que voilà, ce sont des modèles
06:03Et leurs exigences respectives
06:06Pour la musicale et textuelle ou poétique
06:10Ce sont les deux hyper intenses
06:12C'est des grands musiciens, c'est des grands paroliers
06:14Et trois poètes finalement ?
06:16Trois poètes, bien sûr
06:18...
06:28Des guitares, vous en avez 160, vraiment ?
06:31Non, j'en ai un peu partout
06:33Des guitares, vous en avez 160, vraiment ?
06:45Non, j'en ai un peu partout
06:47Mais j'en ai un peu partout
06:49Mais j'en ai précisément un genre à...
06:51Si j'envoie une à 14 euros dans un dépôt au ventre, je l'achète, hein, moi
07:06J'adore les guitares, quoi
07:08Donc dans la maison, il y en a un peu dans toutes les pièces, des trucs
07:11Mais j'ai trois bonnes guitares
07:13Qu'est-ce qu'il représente pour vous cet instrument ?
07:16La liberté, elle m'a permis tout
07:19Après j'ai appris un peu le piano
07:21Et puis j'ai composé parfois au piano
07:23Mais c'est quand j'ai eu ma première guitare à moi que j'ai...
07:27C'est comme si on m'avait fait un virement
07:30Ou qu'on m'avait offert un passeport plurinational
07:34Enfin un truc, c'est de la liberté
07:37Votre album est aussi teinté de pop, comme souvent
07:40De bossa nova, comme le précédent
07:43Vous voyagez beaucoup, on en a parlé l'Argentine, le Brésil
07:46Est-ce que vous pensez que l'herbe est plus verte ailleurs ?
07:50Non, pas du tout, non, non
07:53Non, je pense qu'il faut suivre
07:56Il faut suivre le cheminement de sa propre vie
07:58Moi je passe du temps en Argentine
08:00Donc j'ai pas envie de juste être...
08:02J'ai pas envie de pas travailler quand je suis en Argentine
08:05J'ai envie de continuer à faire ce que j'aime
08:08Donc j'ai une ou deux guitares
08:10J'ai fait des chansons et puis à un moment je voulais les enregistrer en studio
08:14Comment ça se passe politiquement en Argentine ?
08:16Ben mal, c'est très compliqué
08:19Mais on est à une période clé, il va y avoir des élections de demi-mandat
08:23Qui peuvent faire basculer le pays dans un sens ou l'autre
08:26Mais de ce que je vois, le président Milléis se fout furieux
08:29Et très, très décrié
08:32Mais on va voir
08:34En tous les cas, je connais énormément de gens qui regrettent
08:37Qui regrettent profondément d'avoir voté pour lui
08:39Mais qu'est-ce que vous constatez depuis son arrivée au pouvoir ?
08:42Pour les gens, pour le quotidien ?
08:44Que la part des chiffres macroéconomiques qui sont paraît-ils bons
08:47J'ai une amie qui m'a dit
08:48Chaque jour c'est pire
08:49C'est vraiment ça, quand je suis, je vois chaque jour
08:51Il y a un truc pire
08:52Et puis c'est quelqu'un qui se vendait
08:55En grand pourfondeur de la corruption
08:57Il est déjà impliqué dans une affaire de crypto-monnaies
09:00Sa soeur, secrétaire de la présidence aussi
09:03Enfin, oui, c'est tout par un volo
09:05Et puis la violence de sa politique envers les pauvres
09:08Est atroce, enfin, c'est atroce
09:11Sans parler de la violence du maintien de l'ordre aussi
09:14Il a supprimé ou gelé ou baissé certaines retraites
09:19Ça dépend
09:20Il y a eu évidemment des manifestants très âgés
09:23Qui sont allés dans la rue
09:24Ils se sont fait massacrer par la police
09:26Ils se sont fait taper, vraiment, molester
09:28Donc c'est un pays dur
09:30Et puis il faut entendre les conneries qu'il est capable de dire
09:32C'est gênant
09:34C'est la fin de beaucoup de liberté à vous entendre
09:36Après, il y aura peut-être un bâclage
09:37Vous savez, au Brésil, il y a 6 ans
09:39C'était encore Bolsonaro
09:41Et les Brésiliens ne voyaient pas l'avenir
09:43Ils se tiraient tous
09:44Je connais plein de musiciens qui étaient partis
09:46Et puis Lula est revenu, ça va mieux
09:48La pauvreté a été endiguée ou quasi endiguée
09:51Selon les chiffres
09:53Quand vous voyagez comme ça, vous dites
09:55J'ai de la chance d'être français, de vivre en France
09:57Pas toujours
09:58Ou alors vous vous dites au contraire
10:00Ben ça m'inquiète pour mon pays aussi
10:01Ce qui pourrait se passer ?
10:02Je me le dis, l'ambiance, elle commence à être délétère
10:05Et il y a des moments où on se dit
10:06Wow, ici aussi c'est pas terrible quoi
10:08Les Gilets jaunes a été par exemple un engrenage
10:11On a vu quand même
10:12Pareil, la matière de l'ordre
10:14Avec des gens très violents
10:15Avec des gens éborgnés
10:16Et puis je trouve que
10:17Stigmatiser les gens qui réclament des droits sociaux
10:21En les traitant de factieux ou sédicieux
10:23C'est très Trumpiste comme truc quoi
10:25C'est très violent, c'est radical, c'est manicure
10:27En tous les cas, on vit sous un centre très autoritaire
10:31Et c'était en général
10:33Et là, ce sont les prémices de l'arrivée au pouvoir
10:35De personnages comme Millet
10:37Et vous faites vos adieux à Paris ?
10:39C'est une des chansons de l'album ?
10:41C'est un clin d'œil
10:43En même temps, hyper parisienne
10:46La chanson, il y a même de l'accordéon dedans
10:48C'est le seul titre de toute ma discographie
10:51Avec de l'accordéon
10:52Vous nous rassurez alors ?
10:53Mais oui, c'est adieux au milieu parisien
10:55A ce milieu comme ça, complètement endogène
10:59Cet entre soi peut-être ?
11:00Ouais, cet entre soi
11:01Vous ne vous sentez pas appartenir en tout cas à ce monde-là ?
11:04Je ne me sens pas non plus à vivre complètement en marge de ce monde-là
11:07Pour lequel je n'ai pas de haine ni de mépris
11:11C'est juste que moi, je suis quelqu'un plutôt solitaire
11:15Et puis je ne suis pas aussi connecté aux enjeux sociétaux que ces gens
11:21Moi je suis dans la lune, comme disait ma mère
11:23Merci infiniment, Benjamin Violet
11:25On vous retrouve très vite sur scène autour de ce double album
11:29Une version acoustique, l'autre électrique
11:31Et une grande tournée
11:33Merci à tous, à très vite, on se quitte avec Adieu Paris
11:35Sous-titres par Jérémy Diaz
12:11Let's go
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