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  • 3 weeks ago

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00:00Avec nous, Pascal Delima, bonjour. Vous êtes chef économiste chez NovaMines. Avant cela, vous étiez, comme on l'a dit, chez Business Knowledge Management Consulting.
00:14On va commenter pour commencer l'annonce de Moody's qui a décidé de maintenir la note souveraine de la France tout en abaissant la perspective à négative.
00:23Quelle analyse est-ce que vous vous en faites, sachant que tout le monde s'attendait à ce que Moody's suive Fitch et S&P ?
00:29Oui, absolument, parce que les deux agences Fitch et Standard & Poor's avaient effectivement abaissé la note de la France et pas Moody's.
00:40Cela tient tout simplement à la différenciation d'analyse économique que font les trois agences et en particulier les critères qu'elles utilisent pour analyser la santé économique d'un pays.
00:52Et Moody's, pour le coup, prend en compte davantage des critères de structure économique du fait que la France est la septième puissance économique mondiale, faut-il le rappeler quand même.
01:03On a tendance un petit peu à l'oublier, alors derrière l'Angleterre depuis récemment, mais ça reste la septième puissance économique mondiale.
01:10Et pour ça, Moody's, c'est un aspect qui est très important pour ne pas abaisser la note, c'est-à-dire que Moody's estime que la France a les capacités, quand même, s'il y a un budget cohérent, sérieux, crédible, légitime, à très court terme, de se relever.
01:25Donc, c'est une appréciation de critères, alors que Standard & Poor's est plus vraiment dans la partie publique, dans la partie dette, dans la partie trajectoire de la dette.
01:34Moody's aussi, mais en pondération de Standard & Poor's, les davantage, alors que Moody's est davantage sur les critères structurels, la capacité de la septième puissance économique mondiale à faire des réformes structurelles pour redresser les finances publiques au niveau de la sphère trajectoire budgétaire.
01:51En résumé, Pascal Delima, Moody's note que l'économie française est solide. Les bilans des ménages et des entreprises sont bons. Le secteur bancaire est robuste. Tout va très bien, en somme. C'est une lecture que vous partagez.
02:03Alors, effectivement, c'est la question des perspectives qui est importante là-dessus. Aujourd'hui, la France fait autour d'un pourcent de croissance. Évidemment que ce n'est pas énorme.
02:15La croissance économique française est un peu en berne parce qu'on a ces difficultés à réaliser des réformes structurelles sur le marché du travail, sur la relance de la croissance, sur la relance des innovations, sur le plan Innovation 2030 qu'il faut relancer.
02:30C'est ça un vrai budget quelque part et se projeter sur l'économie pour faire les réformes structurelles nécessaires pour redresser les comptes publics.
02:38C'est là-dessus que table Moody's et c'est sur ces perspectives-là que Moody's a donné sa note. Et donc, forcément, c'est quelque chose de qualitatif pour la France parce que tous les pays ne sont pas dans cette situation-là.
02:50Même si aujourd'hui, la croissance n'est pas très élevée, les perspectives de redressement sont quand même importantes.
02:55Maintenant, il y a une perspective quand même négative et c'est là qu'on peut s'inquiéter un peu parce qu'il y a de l'instabilité politique et que si cette instabilité politique continue, le potentiel de la France ne peut pas être atteint.
03:09C'est bien ça le problème. Aujourd'hui, on a un potentiel, on a une croissance envers, mais il faut que le politique libère un petit peu ses forces, si on peut le dire d'une certaine façon, avec homogénéité en termes de détermination d'un vrai budget de cohérence pour pouvoir redresser justement les comptes publics et faciliter la relance du potentiel économique qu'est le territoire France.
03:29En attendant, on ne peut que relever que la nouvelle est bonne, en tout cas, elle n'est pas mauvaise. Maudiz relève aussi que l'économie française a une capacité à absorber les chocs, Pascal Delima.
03:42Qu'est-ce qui l'a fait tenir ? Rappelez-nous quels sont les fondamentaux de cette économie française ?
03:49Une économie très diversifiée, des infrastructures universitaires et des grandes écoles de qualité, des ingénieurs de qualité, le capital humain, ce qu'on appelle le capital humain.
03:58La protection sociale qui sert quand même, il faut-il le rappeler, d'amortisseur des chocs sociaux ? On la critique beaucoup, mais mine de rien, lorsqu'il y a la Covid et lorsqu'il y a des plans de soutien aux entreprises comme des prêts garantis, etc., on est quand même content, j'ai envie de le dire, pour le dire basiquement.
04:15Et quand il y a des difficultés, la protection sociale également soutient les Français. Donc ça, ce n'est pas une nouvelle.
04:23Donc c'est là-dessus que sont les fondamentaux de l'économie française, ces startups également, ces innovations, une spécificité dans l'intelligence artificielle sur laquelle je ne vais pas m'éterniser,
04:34mais qui fait de la France un leader mondial également. Tout cela fait que la France a aujourd'hui ce potentiel. Maintenant, ce qui est vrai, c'est qu'il faut libérer totalement ce potentiel, diminuer la dette publique et le déficit pour réallouer de l'argent finalement vers l'économie réelle, faire de la croissance et faire les recettes de demain.
04:54Et les recettes de demain, c'est bien, j'allais dire d'une certaine façon, c'est un circuit vertueux, c'est bien un assainissement des finances publiques.
05:04Pascal Delima, si on suit bien cette décision de Maudiz, la dette française est de bonne qualité, même si la France emprunte à des taux similaires à ceux de l'Italie, pourtant moins bien notés. Comment expliquer cette différence ?
05:16En fait, il y a toujours eu des petits sous-bresseaux autour des taux d'intérêt de référence italien depuis un mois, ça passe au-dessus, ça passe en sous, c'est vrai.
05:28Maintenant, le problème qu'on a, c'est qu'il y a un certain nombre de pays comme la France, et j'ai parlé de l'Italie, qui ont vu leur situation de notation baisser au cours des 15 dernières années.
05:40Je pense à l'Espagne, à l'Italie, aux Pays-Bas et d'autres pays, mais tous ces pays-là se sont redressés récemment.
05:46Et ce qui s'est passé avec l'Italie, bien qu'Italie ait une tradition, évidemment, des organisations quand même politiques et d'instabilité, culturellement, j'ai envie de dire, avec beaucoup de dettes et de déficits, l'Italie s'est redressée récemment.
06:01Je parle du terrain économique, il faut quand même le préciser. Et donc, tous ces pays, l'Italie, même l'Espagne, ont vu leurs notes et leurs perspectives s'améliorer très, très nettement, ce qui n'est pas le cas de la France.
06:13Nous, en trajectoire, nous avons eu depuis une petite quinzaine d'années quatre diminutions de notation successives sans redressement.
06:21C'est cette trajectoire-là qui pose aujourd'hui alerte pour toutes les agences de notation.
06:25Je tiens à préciser que c'est important que Moody's ait quand même valorisé la structure et la puissance économique française, parce que du coup, on aura des impacts sur les taux d'intérêt des crédits immobiliers.
06:37Parce que le taux d'intérêt de la France, c'est un taux d'intérêt, je dirais, qui reflète ces notations et risque des investisseurs vers les obligations publiques françaises.
06:45Ce taux d'intérêt risque de ne pas trop trop monter.
06:47Et justement, c'est la question que j'allais vous poser, quelles conséquences peut avoir cette annonce de Moody's qui intervient parallèlement à ces autres annonces, on l'a vu.
06:58Qu'est-ce que ça peut avoir comme impact ?
07:02Voilà, là, ce qu'on observe dans l'histoire économique des agences de notation, c'est que si les trois sont d'accord, l'impact est plus net sur les taux d'intérêt du marché obligataire,
07:12des obligations publiques à 10 ans, qui sont la référence, est un taux de référence pour les marchés financiers du crédit, en particulier du secteur bancaire et financier.
07:21Ce taux d'intérêt ne va pas trop augmenter, puisque Moody's, effectivement, n'est pas en cohérence avec les deux autres agences.
07:30Si les trois sont en cohérence, le taux d'intérêt risque d'augmenter.
07:32Mais là, Moody's a donné une perspective quand même, certes négative, mais a rassuré quand même les investisseurs sur la structure de l'économie française.
07:43Donc, ce taux d'intérêt ne devrait pas trop augmenter.
07:46Donc, on ne devrait pas avoir un renchérissement du crédit immobilier.
07:49Pascal Delima, le gouvernement, par la voix du ministre Roland Lescure, a dit prendre acte de cette annonce de Moody's.
07:58J'insiste sur la nécessité, on en revient toujours au mot, compromis budgétaire qui se fait attendre,
08:03parce que l'annonce est intervenue au moment où les députés discutent de la partie recette du budget.
08:09Quel devrait être, à votre avis, vous n'êtes pas politique, vous êtes économiste,
08:12quels devraient être, cependant, les grands angles de ce compromis, sachant qu'il faut à la fois satisfaire Bruxelles, mais aussi les enjeux de politique intérieure ?
08:22C'est un jeu d'équilibriste compliqué.
08:24C'est le sujet « Comment faire de la croissance sous un budget d'austérité ? »
08:31On en a souvent l'autant parlé.
08:32Il y a des exemples, celui du Portugal actuel, qui a eu des budgets d'austérité avec la Troïka il y a quelques années,
08:38et qui aujourd'hui en a fait une discipline presque culturelle nationale,
08:42avec une réorientation totalement des fonds, des dépenses publiques vers les investissements d'avenir,
08:47avec la numérisation de l'administration, avec le développement des start-up au Portugal même,
08:55qui permettent justement de créer des clusters, ce qu'on appelle des clusters technologiques,
09:00qui sont extrêmement riches en emplois, et non pas en substitution à l'humain.
09:05Et c'est ça qu'il faut faire, c'est qu'il faut en fait tout miser sur des investissements d'avenir.
09:09Et puis, pour chaque ligne de dépense publique, que ce soit sur le volet sécurité sociale, dépenses de l'État,
09:17de train de vie de l'État, comme on dit un petit peu pédagogiquement, voire même les infrastructures,
09:22il faut que pour chaque ligne, on puisse accepter qu'il y a des dépenses positives,
09:27des dépenses négatives en termes de retour sur investissement.
09:29Donc apporter de l'efficacité un petit peu à l'anglo-saxonne de la dépense publique.
09:35Merci beaucoup, Pascal Delima, d'avoir été avec nous.
09:38Merci à vous.
09:39Sur France 24, qui est économiste chez Nova Minds.
09:43Merci beaucoup.
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