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00:00...
00:00Bonsoir, bonsoir à tous.
00:07Merci d'être avec nous pour cette émission spéciale du Journal de l'Afrique,
00:11une émission délocalisée à Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire.
00:15À moins de deux jours de l'élection présidentielle,
00:17nous allons tenter de faire le point sur les défis qu'attendent ce pays
00:21avec nos invités, nos reportages, nos correspondants, nos experts.
00:25Avec nous ce soir, un politologue, Geoffroy Julien Coao.
00:31Merci d'être avec nous pour décrypter notamment l'actualité politique.
00:34Et puis, Julien Guggenheim, vous la connaissez,
00:36c'est notre correspondante depuis un peu plus de deux ans en Côte d'Ivoire.
00:40Elle a sillonné le terrain, elle a couvert cette campagne.
00:42Elle nous en parlera dans quelques instants.
00:44Et puis, nous aurons aussi la chance d'accueillir Serge Daniel,
00:46notre correspondant pour le Sahel,
00:48qui nous parlera d'un des grands défis du pays, le défi sécuritaire.
00:52Et nous avons aussi choisi de donner la parole à des acteurs de terrain
00:55avec nous tout à l'heure, la présidente d'une ONG
00:59qui s'occupe des enfants malades atteints du cancer.
01:02Elle est sur le terrain, elle nous parlera de ses attentes,
01:04notamment pour les secteurs de la santé en Côte d'Ivoire.
01:08Mais avant de développer tout cela,
01:10on va faire un point sur la campagne,
01:12ce dernier jour de campagne avec nos équipes sur le terrain.
01:16Voyez ce reportage signé Julia Guggenheim, Caroline Dumais,
01:20ma camarade et Damien Coffi.
01:25Dans la commune d'Abobo, fief historique d'Alassane Ouattara,
01:29c'est l'effervescence.
01:30Toute la zone vibre aux couleurs du président Kandita.
01:34C'est Ado non, Ado ou rien !
01:37Des milliers de partisans s'apprêtent à rejoindre la place de la République
01:43où il doit tenir son dernier meeting.
01:45C'est la stabilité, Ado parce que c'est la prospérité,
01:50Ado c'est pour une grande nation ambitieuse et solidaire.
01:53Alassane Ouattara a fait ses preuves.
01:55L'ambiance était festive également dans la deuxième ville du pays, à Boaké.
02:00Si Jean-Louis Billon n'a pas le soutien du PDCI,
02:02cela ne l'a pas empêché de donner rendez-vous à ses militants
02:05au cœur du pays baoulé, fief historique du plus vieux parti de Côte d'Ivoire.
02:09C'est le candidat idéal parce qu'il ose le changement.
02:13Et c'est la nouvelle génération dont nous aspirons à une nouvelle génération.
02:17Les militants de Simone et Yvette, l'ex-épouse de Laurent Gbagbo,
02:21se sont retrouvés à Abouasso, dans sa région d'origine à l'est du pays.
02:25Figure de la crise post-électorale de 2010-2011,
02:28la candidate a fait de la réconciliation nationale une de ses thématiques de campagne.
02:33Après qu'un pays ait traversé une calamité
02:38comme celle que notre pays a connu depuis la crise post-électorale de 2010-2011,
02:42il faut une personne pour une atténance facile.
02:47Une thématique également importante pour Henriette Lagou,
02:49qui a choisi la commune de Youpougon à Abidjan pour son dernier meeting,
02:53ainsi que pour Awad Unmelo, qui est élu à Mbappo, dans le sud-est du pays.
02:5815 ans après, ces violences restent un traumatisme dans l'esprit de nombreux Ivoiriens.
03:02Dans cette gare d'Abidjan, plusieurs d'entre nous ont confiés
03:05préférés quitter la ville en cette période électorale.
03:08À cause de la situation actuelle, à cause de ça, voilà.
03:11Donc on préfère rentrer pour ne pas revivre le même scénario de 2011 et 2010.
03:17Plus que deux jours avant l'heure de vérité,
03:19où 8,7 millions d'Ivoiriens seront appelés aux urnes pour départager les cinq candidats.
03:24Et on en parle justement de cette campagne.
03:30Avec vous, Julia Guggenheim, j'allais dire merci de nous avoir rejoints,
03:33mais c'est plutôt nous que vous avons rejoints ici à Abidjan.
03:36Vous êtes ici depuis plus de deux ans maintenant.
03:38Vous couvrez pour nous l'actualité ivoirienne.
03:40Et vous avez couvert particulièrement pour nous cette campagne présidentielle.
03:44Qu'est-ce que vous avez à nous raconter sur cette campagne ?
03:47Bonsoir, Myriam.
03:49Alors effectivement, c'était 14 jours de campagne qui étaient assez intenses
03:53pour les cinq candidats qui ont véritablement sillonné le pays
03:57pendant tous ces jours-là.
04:00Alassane Ouattara, le président sortant d'abord.
04:04Lui, sa stratégie, c'est le un coup chaos.
04:07C'est-à-dire que son objectif, c'est de remporter l'élection présidentielle
04:11dès le premier tour.
04:12Il ne s'en cache pas.
04:13Il faut dire qu'il a eu peut-être la campagne la plus visible sur le terrain,
04:18celle qui était le plus financée également peut-être.
04:22En effet, c'est le seul parmi les cinq candidats
04:25qui bénéficient réellement du soutien d'un grand parti organisé derrière lui.
04:31Alors ensuite, il y a eu la campagne de Jean-Louis Billon.
04:34Lui, c'est un riche homme d'affaires ivoirien
04:38qui est issu du PDCI, le plus vieux parti de Côte d'Ivoire,
04:41mais qui n'est pas soutenu par ce parti.
04:44Alors ça ne l'a pas empêché d'aller dans un certain nombre de régions,
04:48d'aller dans de nombreuses régions de Côte d'Ivoire
04:50et de ne pas se contenter justement des régions où le PDCI est historiquement fort.
04:58Ce qui a été pour le coup un peu moins le cas chez Simone Eyvette,
05:01l'ex-épouse de Laurent Gbagbo.
05:04Elle, pour le coup, alors elle a été dans un certain nombre de régions aussi,
05:07mais elle s'est surtout concentrée sur l'ouest de la Côte d'Ivoire
05:10et d'une manière générale sur les zones où l'ancien FPI,
05:16donc voilà, les zones où l'ancien président Laurent Gbagbo
05:20était historiquement très populaire.
05:24Et elle ne cache pas, elle continue à bénéficier véritablement de l'aura de Laurent Gbagbo.
05:30Elle ne s'en cache pas.
05:31Ses militants l'apprécient également pour ça.
05:34Des militants que j'ai pu rencontrer m'ont dit que son divorce avec Laurent Gbagbo,
05:37c'était peut-être pour eux un des événements les plus tristes de ces dernières années en Côte d'Ivoire.
05:43Et en tout cas, on voit que tous continuent à l'appeler vraiment décidément Madame Gbagbo.
05:47Ça, il n'y a aucun doute là-dessus.
05:49Ensuite, il y a eu la campagne également d'Henriette Lagou et de Hawa Donmelo,
05:54qui sont eux aussi deux anciens proches de Laurent Gbagbo.
05:58Pour le coup, ils ont peut-être un petit peu moins convoqué la figure tutélaire de l'ancien président.
06:03Chacun avait un peu son thème de prédilection.
06:05Hawa Donmelo, c'est réellement la question de la souveraineté.
06:09Et Henriette Lagou, c'est plutôt la question de la réconciliation nationale,
06:13même si cette question-là, effectivement, elle est traitée par un certain nombre,
06:16par la totalité en réalité des candidats à cette élection présidentielle.
06:21Alors vous avez égréné tous ces noms.
06:23Il y a deux noms qui n'étaient, deux personnes, deux personnalités politiques,
06:26qui n'étaient pas candidats, mais qui ont quand même pesé sur cette campagne.
06:30Vous l'avez dit, Laurent Gbagbo, mais aussi Tijan Tiam,
06:33ce sont leurs ombres à planer au-dessus de cette campagne,
06:36même s'ils n'ont pas pu se porter candidats à cette élection.
06:39Absolument, oui, c'est le cas.
06:41Et puis, il faut dire qu'ils ont appelé leurs partisans à se mobiliser
06:45contre le processus électoral, qu'ils ne reconnaissent pas.
06:48Laurent Gbagbo, encore hier soir, dans une interview,
06:52où il parlait de coup d'État civil pour parler de cette élection
06:57qui va se tenir dans deux jours ici en Côte d'Ivoire.
07:01Tijan Tiam, depuis Paris, où il réside maintenant depuis un certain nombre de mois,
07:05lui, il a appelé à libérer la Côte d'Ivoire.
07:08Voilà, donc on a vu qu'il y a eu quelques mouvements, effectivement,
07:11de protestation pour protester justement contre ce processus électoral
07:17qui ont donné lieu à des heurts avec les forces de l'ordre dans un certain nombre de cas,
07:22notamment à Abidjan lors de la marche interdite du 11 octobre dernier
07:26et puis depuis plutôt à l'intérieur du pays.
07:29Quatre personnes, dont un gendarme, selon des sources officielles,
07:33ont déjà trouvé la mort dans malheureusement ces incidents.
07:40Les autorités, elles espèrent, elles veulent vraiment éviter
07:44toutes sortes de débordements dans cette période électorale
07:50et pour ce faire, elles ont déployé 44 000 forces de l'ordre sur tout le territoire.
07:55Le parquet a annoncé dans un communiqué qu'il aurait la main lourde
07:59envers les personnes qui commettent tous ces actes-là.
08:06Il y a eu déjà 700 arrestations et une soixantaine de personnes
08:11ont été condamnées à des peines de trois ans d'emprisonnement
08:15pour troubles à l'ordre public.
08:17Merci beaucoup, Julia, pour ce point complet sur la campagne.
08:20Vous avez parlé de ces électeurs.
08:23On va s'intéresser aux plus jeunes d'entre eux.
08:25Cette campagne a-t-elle été à la hauteur de ces électeurs ?
08:29Quelles sont leurs attentes, leurs priorités ?
08:31Célia Karasena et Armelko se sont rendus ce matin sur un marché
08:35à la rencontre de ces jeunes. Écoutez leur réaction.
08:40Le problème, c'est la jeunesse.
08:44Concernant les petits boulots pour la jeunesse, c'est ça, nous, nos problèmes.
08:50Aujourd'hui, il y a des diplômés, mais pas du travail.
08:55C'est difficile pour nous.
08:57Moi, personnellement, mon cas, c'est du boulot pour la jeunesse.
09:01La gouvernance, plus, plus prendre, plus de considération, les filles.
09:07Parce que quand une fille est au devant de quelque chose, c'est une évolution.
09:10Il faut aider la femme financièrement à développer son entreprise
09:13pour qu'elle soit indépendante.
09:16La paix, surtout la paix.
09:19Je voulais qu'il y ait de la réconciliation pour les Ivoiriens.
09:22Je pense que pour un pays, le plus important, c'est le capital humain.
09:27Donc, un président, pour favoriser le développement du pays,
09:32devrait plutôt investir dans l'éducation.
09:34Parce que l'éducation, ça forme les futurs leaders de demain
09:37et la Côte d'Ivoire, c'est bâti sur la jeunesse.
09:40Bonsoir, Geoffroy, Julien, Kouaou.
09:47Bonsoir.
09:48Politologue, merci beaucoup d'être venu ici
09:50pour décrypter pour nous cette politique ivoirienne passionnante.
09:54On a entendu ces jeunes.
09:55Est-ce que ça vous étonne qu'ils réclament une meilleure éducation,
09:59plus d'emplois ?
10:01Et cette femme qui parlait du droit des femmes aussi,
10:03plus de place pour la femme dans la société ivoirienne ?
10:06Je ne suis pas étonné parce que la population juvénile en Côte d'Ivoire
10:11est très importante, plus de 70% de la population.
10:15Et on a 8 millions d'élèves et d'étudiants,
10:194 millions d'élèves dans le primaire,
10:223 millions dans le secondaire et 300 000 dans le supérieur.
10:27Ce sont donc des milliers de diplômés
10:29qui sortent des écoles et des universités en Côte d'Ivoire chaque année.
10:34Il y a donc une forte demande, n'est-ce pas, d'emplois.
10:38Malheureusement, l'offre ne suit pas.
10:41Certes, il y a des efforts qui sont faits.
10:42Par exemple, au niveau de la fonction publique,
10:46quand vous prenez des concours comme la maïstrature,
10:48il y avait à peu près 2 000 candidats pour 109 postes, n'est-ce pas ?
10:54Au niveau de l'École nationale d'administration,
10:57il y avait près de 30 000 candidats pour 700 postes.
11:01Au niveau du CAFOP, il y a eu 5 000 postes pour près de 100 000 candidats.
11:08Donc, il y a une adéquation entre la demande d'emploi juvénile
11:13et les offres d'emploi.
11:16C'est vrai qu'au niveau du privé,
11:18le gouvernement a mis en place la politique de l'auto-emploi,
11:21de l'entrepreneuriat.
11:22Il y a des efforts qui sont faits,
11:23mais ça reste largement insuffisant.
11:27Et puis, bon, au niveau même de l'école,
11:30il y a certes des infrastructures qui ont été construites,
11:33des écoles, des universités,
11:35mais dans le secteur public, surtout au niveau de l'école publique,
11:38les effectifs restent encore pléthoriques.
11:41On rencontre régulièrement 100 élèves par classe
11:45et les enseignants sont toujours en grève.
11:49Et donc, il y a un malaise au niveau de l'éducation,
11:54même s'il faut le reconnaître, le gouvernement fait des efforts,
11:58des nouvelles écoles ont été construites,
12:00des nouvelles universités également,
12:01mais ça reste largement insuffisant.
12:03Alors, vous parlez de cette jeunesse.
12:05Vous avez dit qu'on est majoritairement jeune en Côte d'Ivoire,
12:1075% de la population a moins de 35 ans,
12:14et pourtant, la classe politique est plutôt vieillissante.
12:18Est-ce que ce n'est pas ce fossé qui crée justement
12:21un désintérêt de la politique ?
12:24Nos correspondants sont allés à la rencontre de la jeunesse.
12:26Reportage de Julia Gougenheim et d'Amiens Coffi.
12:32Toute la journée sous le soleil d'Abidjan,
12:34Ibrahim, 25 ans, propose son aide aux automobilistes
12:37pour tenter de gagner quelques milliers de francs CFA.
12:40Voilà, nous, aujourd'hui, on est obligés de garer les voitures
12:44pour avoir de quoi manger.
12:46Évidemment, ça ne va pas.
12:48Mais pour sortir de cette précarité,
12:50il n'espère rien de la politique,
12:52d'autant que le souvenir des crises électorales passées
12:55est encore vivace.
12:57Ça a été toujours la même chose.
12:58On a toujours dit que si on a voté, ça va nous aider.
13:01Mais on vote toujours ces mêmes condoris, là, on est dedans.
13:03Nous, les enfants du pays, on va se battre pour eux.
13:06Mais pas fini, c'est nous, on prend les pots cassés.
13:0925% des jeunes de 18 à 35 ans sont inscrits sur la liste électorale.
13:14D'après une étude d'afro-barométeurs,
13:16ils étaient deux fois moins nombreux que leurs aînés
13:19à voter lors des précédentes élections.
13:21Principale raison, le rejet des institutions
13:24par une partie de la jeunesse ivoirienne.
13:26Un sentiment que tente de juguler la commission électorale indépendante
13:30avec cet atelier où des jeunes font entendre leur voix.
13:33La CEI est plutôt influencée par les décisions politiques.
13:37Ils devaient avoir une révision électorale chaque année.
13:41Cette année, la révision n'a pas eu lieu
13:42et le président de la CEI nous a dit
13:44que la révision aura lieu mai après les élections.
13:47Comme solution, le groupe Katadi,
13:49la CEI doit être entièrement constituée
13:51des membres de la société civique
13:53pour éviter l'influence des différents partis politiques.
13:57Outre problème, le peu de place laissée aux jeunes leaders.
14:00La classe politique reste dominée par des figures tutélaires
14:03comme le président sortant Alassane Ouattara
14:05ou son prédécesseur Laurent Gbagbo,
14:07tous deux octogénaires.
14:09Il faut être ancien pour être sage
14:13et on pense que les jeunes ne sont pas assez sages.
14:15Donc il faut les maintenir très loin des zones de décision.
14:19Et je crois que c'est tout cela
14:20qui a démotivé beaucoup de jeunes aujourd'hui
14:22à prendre la parole, à s'engager politiquement.
14:25Le 25 octobre prochain,
14:27ce sont donc cinq candidats,
14:29tous âgés de plus de 60 ans,
14:30qui tenteront de convaincre les 8,7 millions d'électeurs
14:34appelés aux urnes.
14:39Geoffroy Julien Kouaou,
14:41est-ce que vous pensez que c'est un désintérêt
14:43de la jeunesse ivoirienne pour la politique
14:44ou plutôt une désillusion ?
14:47Il est difficile de répondre à cette question,
14:49mais allons-y avec les éléments objectifs.
14:52Votre remarque est juste,
14:53en ce sens que quand on prend la classe politique,
14:55par exemple M. Ouattara,
14:56le président de la République, il a 84 ans,
14:59M. Laurent Gbagbo a 80 ans,
15:00quand vous prenez les candidats en liste actuellement,
15:02le plus jeune, M. Jean-Louis Buyon a 60 ans,
15:05donc on assiste à une géontocratie en Côte d'Ivoire,
15:08même si, comme vous l'avez dit,
15:10les jeunes constituent près de 75%
15:12de cette population ivoirienne.
15:15Donc la jeunesse constitue
15:17une majorité sociologique,
15:19voire démographique,
15:21mais une minorité politique.
15:22Mais cela s'explique par des éléments objectifs.
15:25Du strict point de vue du droit, par exemple,
15:27il y a des obstacles majeurs.
15:29Par exemple, pour être candidat à l'élection présidentielle,
15:32il faut avoir 35 ans et plus.
15:34Vous voyez ?
15:35Or, la jeunesse en Côte d'Ivoire,
15:36selon l'Institut national de statistique,
15:38c'est entre 15 et 34 ans.
15:39Donc ça exclut de fait les jeunes.
15:41Ensuite, il y a le cautionnement.
15:42Par exemple, pour être candidat en Côte d'Ivoire,
15:44à l'élection présidentielle,
15:46il faut donner un cautionnement de 50 millions,
15:49alors que la jeunesse est extrêmement paupérisée,
15:51n'a pas ce moyen.
15:51Et puis, il y a le facteur culturel,
15:53qui veut qu'on est un culte pour les anciens
15:57et qu'il y a une certaine immaturité de la jeunesse.
16:00Donc voici un ensemble d'obstacles
16:02qui pourraient expliquer l'absence des jeunes
16:04sur le terrain politique.
16:06Alors, c'est une question qu'on se pose régulièrement,
16:09pas qu'en Côte d'Ivoire d'ailleurs.
16:11Est-ce que les jeunes se sentent exclus
16:12un petit peu de ce jeu politique ?
16:14Oui, comme je viens de vous le dire,
16:16apparemment, ils ne sont pas assez
16:17sur le terrain politique.
16:19En Côte d'Ivoire, vous voyez,
16:21quand on parle, par exemple, de M. Jean-Luc Billon,
16:22qui est le Benjamin des candidats en lice,
16:24il a 60 ans, mais on le présente comme un jeune.
16:26On le présente comme un jeune.
16:27Et donc, c'est un véritable défi.
16:29Mais pour cela, il faut, comme je l'ai dit,
16:32par exemple, mettre fin à l'âge de 35 ans
16:35comme âge pour être éligible.
16:37Faut-il limiter, c'était un projet d'Alassane Ouattara,
16:40limiter l'âge, faire un âge limite
16:43pour un président, ne pas dépasser un certain âge ?
16:46Oui, moi, je pense que ça devait coïncider
16:47avec la majorité électorale.
16:49C'est-à-dire, à partir du moment où on a 18 ans pour voter,
16:51on pouvait être capable, à 18 ans aussi,
16:54d'être candidat.
16:55Et puis, bon, au niveau...
16:57Parce que, vous voyez, avant,
16:58il avait l'âge de 1775 ans
17:00pour être candidat à la présidentielle.
17:02Et ça a sauté.
17:04Personnellement, je suis pour,
17:05parce qu'il appartient aux populations
17:07de dire qui peut les diriger.
17:09Et donc, il faut voir aussi, au niveau de la jeunesse,
17:11une coïncidence entre l'âge d'éligibilité
17:14et la majorité électorale.
17:17Il faut aussi, voire surtout,
17:18mettre fin à cette plutocratie
17:20qui instaure, n'est-ce pas,
17:2350 millions comme cautionnement
17:25pour être candidat.
17:27C'est antidémocratique
17:28parce que ça installe le suffrage censitaire
17:30alors que la Constitution ivoirienne
17:32dispose clairement que le suffrage est universel.
17:34Or, le suffrage universel,
17:36c'est un suffrage qui permet
17:37et aux pauvres et aux riches
17:39et de voter et d'être candidat.
17:41Alors, Julien en parlait tout à l'heure.
17:44On a tous suivi la prise de parole
17:46de Laurent Babbo hier.
17:48Lui-même a parlé de l'âge
17:49et il a dit dans cette interview
17:50à 80 ans, on n'est pas en forme.
17:53Il a parlé de l'âge,
17:54il a dit lui-même qu'il se retirait
17:56sans vraiment prendre sa retraite politique
17:57puisqu'il dit qu'il n'y a pas de retraite politique.
18:01Qu'est-ce qu'il faut retenir
18:01de cette interview,
18:03de cette personnalité politique
18:04qui a marqué la Côte d'Ivoire ?
18:06Deux choses.
18:07D'abord, j'ai vu un Laurent Babbo
18:09combatif, offensif
18:11contre le processus électoral actuel.
18:14Il a qualifié de braquage électoral
18:16et de coup d'État civil.
18:19Il a dit soutenir
18:20ceux qui sont dans la rue,
18:23mais il ne les a pas appelés
18:24explicitement à descendre dans la rue.
18:28Ça, c'est du Laurent Babbo, ça.
18:29De la rue et de l'intelligence politique.
18:31Deuxième chose,
18:33je pense que c'est un au revoir
18:34pour Laurent Babbo.
18:35Il a dit implicitement au revoir
18:36à la population ivoirienne
18:38et je pense que c'est vraiment
18:40un acte extrêmement important
18:42parce que si Oufo Boigny
18:43incarne les indépendances,
18:46Laurent Babbo incarne pour
18:48les Ivoiriens
18:50celui qui a introduit
18:52le multipartisme.
18:53Dans tous les cas des figures,
18:54Laurent Babbo,
18:55Alassane Ouattara
18:56et Henri Conant-Bétier
18:57restent les principales figures
18:58de la vie politique ivoirienne
19:00post-Oufo Boigny
19:01de ces 30 dernières années.
19:03Alassane Ouattara lui-même,
19:04puisque vous en parlez,
19:05avait dit qu'il allait passer
19:07le relais à la nouvelle génération.
19:09Ça devait être fait d'ailleurs
19:10à la précédente élection présidentielle.
19:12Finalement, son premier ministre
19:14est décédé.
19:14Il s'est représenté.
19:15Il se représente une nouvelle fois.
19:18Est-ce qu'il y aura
19:18un passage de relais ?
19:19Est-ce qu'il y a une génération
19:21aussi qui est prête
19:23à prendre ce relais
19:24que ce soit dans le parti
19:25d'Alassane Ouattara
19:25ou dans les autres grands partis politiques ?
19:27Le président Ouattara a toujours dit
19:28qu'il souhaite laisser la place aux jeunes,
19:31mais dans les faits,
19:31il est toujours candidat.
19:33Dieu merci,
19:34il est toujours aussi
19:35en bonne santé.
19:37Mais n'oubliez pas
19:37que nous sommes dans une république.
19:39Nous ne sommes pas
19:39dans une monarchie
19:40où on donne le pouvoir
19:41par succession.
19:42Il appartient aux jeunes
19:43de s'intéresser à la politique,
19:45de s'organiser
19:45à travers des instruments politiques
19:47comme les partis politiques
19:48et autres
19:48pour pouvoir arracher
19:50le pouvoir
19:51à travers le suffrage
19:52universel.
19:54Il est légitime
19:55pour M. Ouattara,
19:55pour M. Bagbo
19:56et autres
19:57de vouloir toujours
19:58être dans l'arène politique.
20:00Il est aussi légitime
20:01pour les jeunes
20:01de s'organiser différemment
20:03en dehors
20:04de la tutelle
20:06de Laurent Bagbo
20:07et d'Alassane Ouattara
20:10pour s'organiser
20:12en vue
20:12de permettre
20:14une transition générationnelle
20:17au niveau
20:18du pouvoir politique
20:18en Côte d'Ivoire.
20:19Alors justement,
20:20pour qu'il y ait
20:20cette transition générationnelle,
20:22il faut intéresser
20:23les jeunes à la politique.
20:24Est-ce que vous ne pensez pas ?
20:25Quand on voit
20:25par exemple l'interview
20:26hier de Laurent Bagbo
20:27qui n'a pas appelé
20:29à voter pour aucun candidat,
20:31qu'il ne soutient
20:31aucun candidat
20:32ou pas même
20:33son ex-épouse,
20:34est-ce que ce n'est pas
20:35aussi une campagne
20:35de querelles,
20:37de vieilles rancœurs,
20:38de règlements de comptes
20:39qui fait que la jeunesse
20:40est complètement désintéressée
20:41de cette génération politique
20:44et veut peut-être
20:45tourner la page ?
20:46Oui, vous savez que
20:47depuis l'instauration
20:49du multipartisme,
20:50la Côte d'Ivoire
20:50a été incapable
20:51d'organiser
20:52des élections présidentielles
20:53consensuelles,
20:54inclusives
20:55et apaisées.
20:58En 1995,
20:59il y a eu
21:0030 morts
21:01lors de l'élection présidentielle.
21:02En 2000,
21:03on a compté
21:03300 morts
21:04lors de cette élection présidentielle.
21:07En 2010,
21:07ça a été le comble
21:08avec 3000 morts
21:09et en 2020,
21:11nous avons compté
21:1287 morts.
21:13Autrement dit,
21:14la violence politique
21:15et l'exclusion politique
21:16sont consubstantielles
21:18aux jeux politiques
21:19et aux jeux électoraux
21:20en Côte d'Ivoire.
21:20Hier, c'est M. Ouattara
21:21qui a été exclu
21:22du jeu électoral
21:23par le PDCI RDA.
21:25Aujourd'hui,
21:25c'est M. Thiam
21:26du PDCI,
21:27M. Bagot
21:28du PPACI
21:30qui sont écartés
21:31du jeu électoral
21:33par le pouvoir RHDP.
21:35Autrement dit,
21:36à l'observation,
21:37nous sommes dans une démocratie
21:38sans démocrate
21:39parce que la démocratie
21:40suppose
21:40l'alternance politique.
21:42Or,
21:43depuis 1990,
21:44les pouvoirs successifs
21:45refusent l'alternance politique,
21:47ce qui pourrait expliquer
21:48les différentes exclusions
21:49des candidats
21:50de l'opposition
21:50qui pourraient créer
21:51cette artenance
21:52et les violences
21:53en politique
21:54qui s'en suivent.
21:55Alors,
21:55on va parler
21:55d'un autre défi
21:56avec vous,
21:57Serge Dagnel,
21:57notre correspondant
21:58pour le Sahel.
22:00Merci d'être avec nous.
22:01Nous sommes ravis
22:01de vous accueillir
22:02ici à Abidjan.
22:03On va parler
22:04de la sécurité.
22:05Un des thèmes
22:06de cette campagne
22:07présidentielle,
22:09la sécurité,
22:10la menace sécuritaire,
22:12notamment dans les zones
22:13frontalières
22:13avec les pays du Sahel,
22:15le Burkina Faso
22:15et le Mali,
22:16cette menace
22:17est concrète
22:18sur le terrain.
22:18Je vous propose
22:19de visionner
22:19le reportage
22:20de nos correspondants
22:21Julia Guggenheim
22:23à Damien Coffier.
22:24On en reparle
22:24juste après
22:25avec Serge Daniel.
22:26C'est une menace
22:28omniprésente
22:29pour les éleveurs.
22:30Le vol de bétail
22:31est devenu
22:32une des principales
22:33sources de revenus
22:34pour les groupes armés
22:35qui multiplient
22:36les incursions
22:36dans le nord
22:37de la Côte d'Ivoire.
22:39Ils sont bien armés.
22:41Ils viennent
22:41avec les moutons
22:43et puis ils viennent
22:44enlever
22:44le bouffier
22:46avec les baies
22:47de force
22:47avec les armes
22:48pour partir.
22:49Depuis 2020
22:50jusqu'aujourd'hui,
22:52il y a beaucoup
22:52de nos amis
22:53qui sont des éleveurs
22:55qu'on ne les retrouve plus.
22:57Ni les baies
22:57ni eux-mêmes.
22:59Tout en a peur.
23:00On a peur de nous-mêmes
23:01nos vies.
23:02On a peur de nos
23:02sécurités nous-mêmes.
23:04Des enlèvements
23:05mais aussi des meurtres.
23:06En 2024,
23:08un bouffier
23:08qui a refusé
23:09de suivre ses ravisseurs
23:10a été abattu.
23:11On a des gens
23:12qui sont infiltrés
23:14donc ils sont
23:15au sein de nous.
23:16Ça fait qu'aujourd'hui
23:17il y a une
23:18grande méfiance
23:19au sein de la communauté même.
23:21La présence
23:22de plusieurs groupes armés
23:23au Burkina Faso
23:24pénalise également
23:25la population ivoirienne
23:26sur le plan économique
23:27comme cette commerçante
23:29qui s'approvisionnait
23:30auparavant
23:30de l'autre côté
23:31de la frontière.
23:35Avec la menace,
23:36on n'arrive plus
23:37à voyager
23:37pour acheter
23:38nos denrées alimentaires.
23:39On est obligé
23:40de se contenter
23:41des commissions.
23:42Avant,
23:42on arrivait
23:43à gagner
23:435000 francs CFA
23:44par jour.
23:45Aujourd'hui,
23:46avec ces changements,
23:47ça ne dépasse pas
23:47les mille francs CFA.
23:53Une situation
23:54qui inquiète
23:55ces leaders communautaires
23:56réunis à la cour royale
23:57de Bouna.
23:57Un problème que les autorités
24:06affirment prendre en main,
24:11mais au moins
24:13créer les conditions
24:14pour que ces jeunes-là
24:16puissent avoir
24:17des débouchés
24:17pour éviter
24:18ces questions.
24:21Un problème
24:21que les autorités
24:22affirment prendre en main,
24:24l'État a alloué
24:25un budget
24:25de 33 milliards
24:26de francs CFA
24:27pour favoriser
24:28l'insertion professionnelle
24:30de près de 70 000 jeunes
24:31dans les six régions
24:32du nord du pays.
24:37Serge Daniel,
24:38on ne vous présente plus
24:39sur France 24.
24:40Vous êtes notre correspondant
24:42pour le Sahel
24:43et vous connaissez
24:44cette région parfaitement.
24:46Vous avez été correspondant
24:47à Bamako
24:47pour RFI
24:48pendant de nombreuses années.
24:50Vous voyez l'évolution
24:51de la situation
24:52dans la région.
24:53Vous la connaissiez avant,
24:54vous la suivez aujourd'hui.
24:56On sait que certains pays
24:57sont peut-être plus menacés
24:59que d'autres.
24:59on pense au Bénin,
25:01au Togo.
25:01On dit que la Côte d'Ivoire
25:02est loin,
25:03mais la menace est concrète.
25:04On l'a vu dans ce reportage.
25:06Est-ce qu'il faut avoir peur
25:07de cette contagion
25:08en Côte d'Ivoire ?
25:09Il faut faire attention.
25:11Vous savez,
25:11depuis 2016,
25:12déjà,
25:13il y a eu un attentat
25:13contre une station balnéaire
25:15de Grand Bassam.
25:16Je pense qu'à partir de là,
25:17les Ivoiriens se sont dit
25:18attention,
25:19prenons les choses en main
25:20parce que ça peut arriver
25:20à tout le monde.
25:21Le pays s'est renforcé
25:23en matière de sécurité.
25:25Le pays a acquis
25:26de l'armement,
25:26mais ils se sont dit
25:27ensuite,
25:27ça c'est très important,
25:29le tout sécuritaire
25:29ne fonctionne pas.
25:30Le tout sécuritaire
25:31ne fonctionne pas,
25:32il faut que nous
25:33prenons à cœur
25:34un problème,
25:35les jeunes.
25:36Et ce qui fait
25:36qu'il y a eu un programme
25:37ambitieux ici
25:38qui a concerné
25:40cinq régions,
25:40au moins cinq régions
25:41du nord,
25:42qui ont des frontières
25:43avec le Mali
25:44et le Burkina Faso
25:45pour encourager les jeunes
25:47justement à développer,
25:49à travailler,
25:50à se former.
25:51Et ça,
25:51ça a été très intéressant.
25:52Ce qui a été particulièrement
25:53intéressant dans ce projet,
25:55c'est que vous avez
25:55des jeunes originaires
25:56des pays voisins
25:57qui ont profité
25:58de ces programmes
25:59puisqu'ils sont à la frontière.
26:00Mais ça ne suffit pas,
26:01il faut être vigilant.
26:03Quel est le plus grand risque
26:04aujourd'hui pour la Côte d'Ivoire ?
26:06On voit que les djihadistes
26:07prennent de l'ampleur
26:07au Mali
26:08et au Burkina Faso.
26:10Est-ce qu'il y a une crainte
26:11si par exemple
26:12l'une des capitales
26:13tombait entre les mains
26:14Bamako,
26:14par exemple,
26:15entre les mains des djihadistes,
26:16quelle serait la plus grosse menace
26:18et comment réagirait le pays
26:19dans ces cas-là ?
26:20Ça, c'est une bonne question.
26:22Vous avez vu ce qui se passe
26:23aujourd'hui,
26:23c'est que les djihadistes
26:24donnent l'impression
26:24d'avoir, dans un premier temps,
26:26contourné la Côte d'Ivoire.
26:28Ils sont allés au Burkina,
26:30au Mali.
26:31Du Burkina,
26:32ils sont allés au Bénin.
26:33Ce sont les mêmes groupes
26:34qui attaquent le Bénin,
26:36c'est-à-dire le groupe
26:36du soutien à l'islam
26:39et aux musulmans
26:40de Yadar Ali
26:40qui attaquent le Togo.
26:42Je viens d'une réunion
26:43sécuritaire au Togo
26:44et ce qui m'a été dit,
26:45c'est que l'une des dernières attaques
26:46a été menée
26:47menée par des jeunes
26:49qui étaient venus
26:51sur les lieux
26:52avec 102 motos neuves,
26:55armées sur 102 motos neuves.
26:58Donc, ils ont les moyens.
26:59Il y a danger.
27:00Ils risquent de revenir
27:02en Côte d'Ivoire,
27:02ce qui serait tout à fait normal.
27:04D'où la nécessité,
27:05de mon point de vue,
27:07d'avoir une coopération
27:08sécuritaire sur les régionales.
27:09Et justement,
27:10les relations avec
27:11les deux pays voisins concernés,
27:13à savoir le Mali
27:14et le Burkina Faso,
27:15sont tendues,
27:15notamment avec le Burkina Faso.
27:17On voit des passes d'armes
27:18régulièrement,
27:19des attaques
27:20de la part
27:20de l'homme fort
27:22du Burkina,
27:23Ibrahim Traoré.
27:25Est-ce que ça ne complique
27:26pas la donne,
27:27sachant aussi
27:28qu'il y a une forte communauté
27:29malienne et burkinabée
27:31en Côte d'Ivoire ?
27:32Ça complique la donne.
27:33Donc, il va falloir
27:33forcément trouver
27:34une solution.
27:35Vous savez qu'il y a
27:36l'initiative d'Akra
27:37qui est un plan de lutte
27:40contre le terrorisme.
27:42Il y a un autre plan
27:43de la CEDAO,
27:44c'est un peu combiné.
27:45Il faut forcément s'entendre.
27:46Je sais actuellement
27:48qu'il y a une initiative
27:49de relancer la coopération
27:51entre la Côte d'Ivoire,
27:52le Mali et le Burkina
27:54en matière de sécurité.
27:56Et ça, c'est quelque chose
27:57de très important.
27:58La Côte d'Ivoire a besoin
27:59de ces pays
28:00et ces pays ont besoin
28:01de la Côte d'Ivoire.
28:03Alors, est-ce qu'on peut
28:04assister à une escalade,
28:08notamment entre la Côte d'Ivoire
28:09et le Burkina Faso ?
28:10Il ne faut pas le souhaiter.
28:12Je pense que plusieurs pays
28:15travaillent à ce que ça n'arrive pas.
28:17Mais vous avez un risque
28:18aujourd'hui, de mon point de vue,
28:20c'est que vous avez
28:21un terrorisme politico-économique
28:23dont on ne parle pas,
28:24un terrorisme tribal.
28:26C'est-à-dire que lorsque
28:27vous faites des amalgames,
28:28vous recrutez localement
28:29ou vous accusez
28:30des communautés locales
28:32d'aider des terroristes,
28:33ça peut dégénérer
28:34parce qu'encore une fois,
28:35du long des deux frontières,
28:36ce sont les mêmes populations.
28:37Quelle est votre vision
28:39pour le futur
28:41dans cette région,
28:42notamment là où le reportage
28:44a été tourné
28:45dans le nord de la Côte d'Ivoire ?
28:47Moi, je suis optimiste.
28:48Je vais vous dire pourquoi.
28:49Si vous prenez un jeune Ivoirien
28:50à la frontière aujourd'hui
28:52et un jeune Burkina Faso
28:53de l'autre côté de la frontière,
28:55ils ne sont pas politisés.
28:56Ce sont les jeunes.
28:57Ils ont les mêmes problèmes.
28:59Ils ont la même envie
29:01de réussir.
29:02Ce sont des parents.
29:03Je pense que les politiques
29:05ne pourront pas diviser
29:07les populations,
29:08que les populations
29:09vont faire cette unité
29:10que les politiques
29:10n'arrivent pas à faire.
29:12Je voulais dire,
29:12moi, je m'intéresse beaucoup
29:13aux questions sécuritaires.
29:15Je sais qu'actuellement,
29:15la Côte d'Ivoire
29:16est en train de mener
29:18deux actions
29:19en direction du Burkina
29:21et du Mali
29:22pour que la coopération
29:23sécuritaire reprenne.
29:25Je vous voyais
29:25au chef de la tête.
29:27Vous êtes d'accord
29:27avec cette analyse ?
29:28Vous êtes optimiste ?
29:29Oui, je suis d'accord
29:30avec M. Serge Daniel
29:31parce que dans la réponse
29:33de la Côte d'Ivoire
29:34au terrorisme,
29:34la Côte d'Ivoire
29:35répond doublement
29:36militairement
29:37et socialement.
29:38La Côte d'Ivoire
29:39déployait les forces
29:40de défense et de sécurité
29:41comme il a dit
29:41dans le septentrion ivoirien
29:43aux frontières
29:43du Burkina
29:44et du Mali
29:45mais surtout
29:45l'action sociale
29:47en renforçant
29:49la présence de l'État
29:50à travers des écoles,
29:51à travers des hôpitaux,
29:53à travers des infrastructures
29:54routières
29:54et surtout
29:55l'insertion sociale
29:57professionnelle
29:58de la jeunesse
30:00septentrionale ivoirienne.
30:02Et donc,
30:03c'est une très bonne chose.
30:03Quant aux relations
30:04entre la Côte d'Ivoire,
30:05le Burkina et le Mali,
30:06je pense que ces trois États
30:07sont des États siamois.
30:10Ils ont la même population.
30:11Près de 4 millions
30:12de Burkina B
30:12vivent en Côte d'Ivoire.
30:14Près de 2 millions
30:14de Maliens
30:15sont ici.
30:16Je pense que
30:17c'est un débit amoureux
30:19entre la Côte d'Ivoire
30:20et le Burkina
30:21et le Mali.
30:22Les autorités ivoiriennes
30:23ont toujours
30:24su avoir
30:25la diplomatie nécessaire
30:27pour calmer le jeu.
30:29Au niveau aussi
30:30du Burkina
30:30et du Mali,
30:31il y a de bonnes intentions.
30:33Comme l'a dit
30:34Serge et Daniel,
30:35il ne faudrait pas
30:36souhaiter des escalades.
30:38Et dans tous les cas
30:38de figure,
30:39je pense que
30:40Yamsoukro,
30:42Bamako
30:42et Ouagadougou
30:43sauront trouver
30:44la solution la meilleure
30:45parce que
30:46l'ennemi en commun,
30:47c'est le terrorisme.
30:48Si je peux ajouter
30:49quelque chose
30:50qui me paraît
30:50fondamental,
30:51c'est que les terroristes
30:52ont un vernis idéologique
30:53qui est la religion.
30:54Au nom de la religion,
30:55ils font ceci.
30:56Je ne sais pas la religion,
30:57ce n'est pas vrai.
30:58Il serait souhaitable
30:59que nos pays
31:00dans la sous-région
31:01disent ce qu'est
31:03la vraie religion.
31:05La vraie religion musulmane,
31:06c'est quoi aux enfants ?
31:07Et je pense que
31:08c'est très important
31:09parce qu'on ne discute pas
31:10le dogme
31:11des djihadistes,
31:13des religieux,
31:14pardon,
31:14des djihadistes,
31:14des terroristes
31:15qui veulent imposer
31:17une religion
31:18qui n'est pas
31:18celle qu'on connaît.
31:19Voilà, c'est le travail
31:20de l'éducation,
31:21on en parlait aussi
31:21tout à l'heure.
31:22Merci beaucoup
31:23pour ce point sécuritaire
31:24très complet.
31:25On va à présent
31:25parler d'un secteur
31:27où les défis sont énormes,
31:29celui de la santé.
31:30Nous avons choisi
31:31ce soir
31:32de vous montrer
31:32le combat d'une femme,
31:34une femme qui est
31:35à la tête d'une ONG
31:36qui vient en aide
31:38aux enfants atteints
31:39du cancer.
31:40Une ONG
31:41qui a mis en place
31:42à disposition
31:43de ses enfants
31:44une maison,
31:44la maison de vie
31:46pour accueillir
31:46ses enfants
31:47lorsqu'ils viennent
31:48à Abidjan,
31:49non loin d'Abidjan
31:50pour être soignés.
31:52Je vous propose
31:53de regarder
31:53ce petit extrait,
31:54cette petite séquence
31:55dans cette maison de santé
31:56et on en reparle
31:56avec elle juste après.
31:59Depuis six mois,
32:00le petit Simon
32:01est hébergé
32:01avec sa mère
32:02dans cette maison de vie
32:03de l'ONG Adorad
32:04située en périphérie
32:05d'Abidjan.
32:07C'est quoi tu viens
32:07faire bouler aujourd'hui ?
32:09Ça va tequer.
32:10Tu as déjà mouillé ça.
32:12On attend
32:12d'une opération
32:13qui doit reconstituer
32:14son oesophage.
32:16Il ne peut être nourri
32:16qu'à travers cette sonde.
32:20C'est un produit
32:21qu'il a bu
32:22qui a endommagé
32:22sa gorge.
32:23On est venu ici
32:24car plus rien
32:25ne peut passer
32:25par sa gorge.
32:26Et au village,
32:27ils ne peuvent pas
32:28le soigner.
32:30Comme la majorité
32:31des enfants
32:31hébergés dans cette maison,
32:33Simon est issu
32:33d'une famille défavorisée,
32:35originaire d'une zone rurale,
32:37peu dotée
32:38en infrastructure médicale.
32:39Un des objectifs
32:41que les médecins
32:42nous ont demandé
32:43d'atteindre,
32:44c'est qu'ils puissent
32:44prendre du poids.
32:46Donc c'est ce qu'on
32:46essaie de faire.
32:48Il n'y a pas de manque.
32:49Ici, il y a toujours
32:49à manger,
32:51au niveau même
32:51de ses soins.
32:53Si jamais
32:53il pique une crise
32:54ou il y a quelque chose
32:55de mauvais,
32:56on peut l'évacuer
32:57rapidement.
32:58Jusqu'à 20 enfants
32:59peuvent être hébergés
33:00totalement gratuitement
33:01dans cette maison
33:01pendant toute la durée
33:03de leurs soins,
33:03pré- et post-opératoires.
33:05Isabelle Coffier
33:10est avec nous,
33:10nous a rejoint ici
33:11sur ce plateau
33:13la présidente d'Adorade.
33:15On a vu votre combat
33:16dans ce petit extrait
33:17au quotidien
33:18pour les enfants.
33:19Qu'est-ce qu'il faudrait
33:20faire en Côte d'Ivoire
33:21pour améliorer
33:21ce secteur de la santé
33:23et notamment
33:23pour ces enfants ?
33:25Merci Myrienne,
33:27merci pour l'invitation.
33:30Le cancer pédiatrique,
33:32les cancers pédiatriques
33:33en Côte d'Ivoire
33:33sont une véritable réalité.
33:35Ils existent
33:36et il faudrait mener
33:39plusieurs actions
33:40dans le but
33:41de la sensibilisation
33:43mais surtout
33:44de la prise en charge
33:45des enfants atteints
33:46de cancer en Côte d'Ivoire
33:47et un accompagnement réel
33:49au niveau des institutions
33:51qui s'en occupent.
33:53C'est vrai que le gouvernement
33:54a déjà fait,
33:55c'est vrai que le gouvernement
33:57fait,
33:58mais il faut encore plus.
34:00On a par exemple
34:01la construction prochaine
34:03d'un hôpital
34:04à Grand Bassam
34:05qui va accueillir
34:06des malades du cancer
34:09et où on a eu
34:10la promesse
34:10où les enfants
34:11auront un pôle
34:12assez important.
34:14On a,
34:15de par la volonté
34:16du groupe présidentiel
34:17aujourd'hui,
34:18un accompagnement
34:19au niveau
34:19de certains médicaments
34:20sur les unités
34:22d'oncologie pédiatrique
34:23de l'hôpital
34:24mère-enfant
34:25de Benjerville
34:25et du CHU de Trècheville.
34:27On a aussi
34:28un soutien
34:29plus appuyé
34:30sur les formations
34:31des médecins
34:32qui résident
34:33à l'intérieur du pays.
34:35C'est déjà bon
34:35mais il y a
34:36beaucoup de choses encore.
34:37Alors on parle beaucoup
34:38Isabelle Coffy
34:39de toutes ces infrastructures
34:40réalisées,
34:41les routes,
34:42les transports,
34:42etc.
34:43Mais concernant
34:44le secteur de la santé,
34:46qu'est-ce qu'il faudrait
34:46réaliser aujourd'hui ?
34:48Aujourd'hui,
34:49je pense que
34:50je voudrais parler
34:51spécialement
34:52concernant
34:53une pathologie
34:54pédiatrique grave
34:55qui est le cancer
34:56dans laquelle je milite.
34:57Aujourd'hui,
34:58on a besoin par exemple
34:59de former
35:00un peu plus de médecins,
35:02encourager les jeunes
35:03à se tourner
35:04vers cette spécialité
35:05parce que malheureusement
35:07en Côte d'Ivoire,
35:07on a seulement
35:08six oncologues pédiatres
35:09qui sont malheureusement
35:10tous basés à Abidjan,
35:12c'est-à-dire
35:13deux à l'hôpital
35:14mère-enfant
35:14de Benjerville
35:15et les quatre autres
35:16au CHU de Trècheville.
35:17C'est une goutte
35:19d'eau dans la mer.
35:20Aussi,
35:21il faudrait
35:21un appui réel
35:22à ces parents
35:26qui sont en face
35:28de cette pathologie
35:29qui est appauvrissante
35:30en tant que telle.
35:31Aujourd'hui,
35:31nous plaidons
35:32pour la gratuité
35:33des soins
35:33pour les enfants
35:35atteints de cancer.
35:36Aujourd'hui,
35:36nous plaidons
35:37pour une prise en charge
35:38même partielle
35:39des coûts
35:40des médicaments
35:41de la part
35:43du gouvernement.
35:44Aujourd'hui,
35:45nous avons
35:45en face
35:46de nous
35:47un chemin
35:47qui est contraire
35:48à ce qu'on a l'habitude
35:49de faire,
35:50c'est-à-dire
35:51jusqu'à présent,
35:52ce sont de grandes
35:53institutions internationales
35:55qui sont venues
35:55appuyer la lutte
35:56contre les cancers
35:57en Côte d'Ivoire.
35:58Aujourd'hui,
35:59il est important
36:00que les ONG locales
36:02puissent être accompagnées,
36:04déjà qu'on puisse
36:04reconnaître le travail
36:06qui est fait
36:06en amont
36:08et que ces ONG-là
36:10puissent être accompagnées
36:11de façon concrète.
36:13Voilà.
36:13On a un autre problème,
36:16celui de la recherche
36:17en Côte d'Ivoire.
36:18Il faudrait que cela
36:20parte d'une volonté politique
36:22pour qu'il y ait
36:23plus de recherche
36:24à l'instar
36:24de certains pays
36:25comme le Ghana
36:26concernant
36:27les cancers
36:27de l'enfant.
36:29Aujourd'hui,
36:29nous avons
36:30un registre
36:30de commerce
36:31pour la collecte
36:37des données
36:37au niveau
36:38des cancers
36:39en général.
36:40Mais il n'y a
36:41rien de concret
36:42pour les cancers
36:43de l'enfant.
36:44Ce qui représente
36:45un gros handicap
36:46lorsque nous partons
36:47en plaidoyer
36:48devant des institutions
36:50internationales.
36:51S'il y avait
36:51une priorité,
36:52Isabelle Coffey,
36:53quelle serait-elle
36:54pour le futur
36:56ou la future présidente
36:57de la Côte d'Ivoire ?
36:58Pour le futur président
37:00de la Côte d'Ivoire,
37:01nous plaidons
37:02pour la gratuité
37:03des soins
37:03et la prise en charge
37:05même partielle
37:06des médicaments.
37:07anti-cancéreux.
37:09Je reviens vers vous
37:11sur le secteur
37:12de la santé.
37:13Isabelle Coffey
37:13nous parle surtout
37:14du cancer pédiatrique.
37:16Mais qu'en est-il
37:17du secteur de la santé
37:18de manière plus globale ?
37:20Oui, vous savez
37:20que la politique sociale
37:22d'un État
37:23se mesure à l'aune
37:24de sa politique
37:25de protection sociale.
37:27Et c'est vrai
37:28que les autorités
37:29ivoiriennes
37:29depuis Laurent Gbagbo
37:30jusqu'à Lassane Ouattara
37:31ont mis un accent
37:32par étudier
37:33sur la santé.
37:35Mais là,
37:35en quoi ça reste
37:35insuffisant ?
37:36Il y a eu l'assurance
37:37maladie universelle
37:38avec Laurent Gbagbo.
37:40Aujourd'hui,
37:40c'est la couverture
37:41maladie universelle
37:42sous Lassane Ouattara.
37:45Mais comme elle l'a dit,
37:45il y a des défis.
37:46Et je pense que le défi
37:47qui attend le nouveau président,
37:49c'est surtout
37:50d'augmenter le budget
37:51de la santé.
37:53Le budget de la santé
37:54en Côte d'Ivoire,
37:55c'est aujourd'hui
37:556% du budget.
37:56alors que les institutions
37:58sous-régionales
37:59auxquelles appartient
38:01la Côte d'Ivoire,
38:02n'est-ce pas,
38:03demandent 15%,
38:04que les États membres
38:04accordent 15%
38:05de leur budget
38:06à la santé.
38:08Je pense que si,
38:09en 2000,
38:11si l'année prochaine,
38:12on pouvait passer,
38:13par exemple,
38:13de 6% à 10%,
38:15voire 15%,
38:16ce serait l'idéal.
38:18Voilà,
38:18votre message est passé.
38:19En tout cas,
38:19vous avez un dernier mot,
38:20Isabelle Coffy ?
38:21Un appel a lancé
38:23au gouvernement,
38:24mais aussi
38:25à tous les bailleurs,
38:26concernant
38:27toutes nos activités
38:30tournées vers
38:31le bien-être
38:31et le bien-être
38:33de tous les enfants
38:34malades en Côte d'Ivoire.
38:35On a besoin
38:36d'être appuyés
38:37et nous espérons
38:38que ce message-là
38:39trouvera
38:40oreille attentive.
38:41Votre message est passé.
38:42Merci beaucoup.
38:43C'est malheureusement
38:44la fin de cette émission
38:45spéciale délocalisée
38:47à Abidjan,
38:47en Côte d'Ivoire.
38:48On s'excuse
38:48pour le bruit.
38:50Parfois,
38:50ce sont les aléas
38:51du direct.
38:52Nous sommes au plein cœur
38:52de la capitale économique
38:54de la Côte d'Ivoire.
38:55J'aimerais vous remercier
38:56pour votre fidélité.
38:57Merci à nos invités.
39:00Merci également
39:00à notre chef d'édition,
39:02Célia Karasena.
39:03Merci à Armelko.
39:04Merci à Pascal Allier,
39:05à Shraf Abid.
39:06Merci à ma camarade,
39:08Julia Guggenheim,
39:09Caroline Dumais,
39:10Damien Coffy.
39:11Merci aussi à Boris Vichit,
39:13au son.
39:14Merci pour votre fidélité.
39:16Restez avec nous.
39:17L'info continue
39:18sur France 24.
39:21Sous-titrage Société Radio-Canada
39:24Sous-titrage Société Radio-Canada
39:24Sous-titrage Société Radio-Canada
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