00:00C'est une menace omniprésente pour les éleveurs.
00:03Le vol de bétail est devenu une des principales sources de revenus pour les groupes armés
00:07qui multiplient les incursions dans le nord de la Côte d'Ivoire.
00:11Ils sont bien armés. Ils viennent avec les moutons.
00:15Et puis ils viennent enlever le bouvier avec les baies de force, avec les armes pour partie.
00:21Depuis 2020 jusqu'aujourd'hui, il y a beaucoup de meilleurs amis qui sont des éleveurs, qui ont les retrouvés.
00:28Ni les baies, ni eux-mêmes.
00:31On a peur de nous-mêmes nos vies, on a peur de nos sécurités nous-mêmes.
00:36Des enlèvements, mais aussi des meurtres.
00:39En 2024, un bouvier qui a refusé de suivre ses ravisseurs a été abattu.
00:44On a des gens qui sont infiltrés, donc ils sont au sein de nous.
00:49Ça a fait qu'aujourd'hui, il y a une grande méfiance au sein de la communauté même.
00:53La présence de plusieurs groupes armés au Burkina Faso pénalise également la population ivoirienne sur le plan économique,
01:00comme cette commerçante qui s'approvisionnait auparavant de l'autre côté de la frontière.
01:04Avec la menace, on n'arrive plus à voyager pour acheter nos denrées alimentaires.
01:12On est obligé de se contenter des commissions.
01:14Avant, on arrivait à gagner 5000 francs CFA par jour.
01:17Aujourd'hui, avec ces changements, ça ne dépasse pas les 1000 francs CFA.
01:20Une situation qui inquiète ces leaders communautaires réunis à la Cour royale de Buna.
01:29Un problème que les autorités affirment prendre en main.
01:56L'État a alloué un budget de 33 milliards de francs CFA pour favoriser l'insertion professionnelle de près de 70 000 jeunes dans les 6 régions du nord du pays.
02:10Serge Daniel, on ne vous présente plus sur France 24.
02:13Vous êtes notre correspondant pour le Sahel et vous connaissez cette région parfaitement.
02:18Vous avez été correspondant à Bamako pour RFI pendant de nombreuses années aussi.
02:22Vous voyez l'évolution de la situation dans la région.
02:25Vous la connaissiez avant, vous la suivez aujourd'hui.
02:28On sait que certains pays sont peut-être plus menacés que d'autres.
02:32On pense au Bénin, au Togo.
02:34On dit que la Côte d'Ivoire est loin.
02:35Mais la menace est concrète.
02:36On l'a vu dans ce reportage.
02:38Est-ce qu'il faut avoir peur de cette contagion en Côte d'Ivoire ?
02:42Il faut faire attention.
02:43Vous savez, depuis 2001, en 2016, déjà, il y a eu un attentat contre une station balnéaire de Grand Bassam.
02:48Je pense qu'à partir de là, les Ivoryens se sont dit, attention, prenons les choses en main parce que ça peut arriver à tout le monde.
02:54Le pays s'est renforcé en matière de sécurité.
02:57Le pays a acquis de l'armement.
02:59Mais ils se sont dit ensuite, ça c'est très important, le tout sécuritaire ne fonctionne pas.
03:03Le tout sécuritaire ne fonctionne pas.
03:04Il faut que nous prenons à cœur un problème, les jeunes.
03:08Ce qui fait qu'il y a eu un programme ambitieux ici qui a concerné au moins cinq régions du nord qui ont des frontières avec le Mali et le Burkina Faso pour encourager les jeunes justement à développer, à travailler, à se former.
03:23Et ça, ça a été très intéressant.
03:24Ce qui a été particulièrement intéressant dans ce projet, c'est que vous avez des jeunes originels des pays voisins qui ont profité de ces programmes puisqu'ils sont à la frontière.
03:32Mais ça ne suffit pas.
03:34Il faut être vigilant.
03:34Quel est le plus grand risque aujourd'hui pour la Côte d'Ivoire ?
03:38On voit que les djihadistes prennent de l'ampleur au Mali et au Burkina Faso.
03:42Est-ce qu'il y a une crainte si par exemple l'une des capitales tombait entre les mains Bamako, par exemple, entre les mains des djihadistes ?
03:48Quelle serait la plus grosse menace ?
03:50Et comment réagirait le pays dans ces cas-là ?
03:52C'est une bonne question.
03:54Vous avez vu ce qui se passe aujourd'hui, c'est que les djihadistes donnent l'impression d'avoir, dans un premier temps, contourné la Côte d'Ivoire.
04:00Ils sont allés au Burkina, au Mali.
04:03Du Burkina, ils sont allés au Bénin.
04:06Ce sont les mêmes groupes qui attaquent le Bénin, c'est-à-dire le groupe du soutien à l'islam et aux musulmans de Yad Arali, qui attaquent le Togo.
04:14Je viens d'une réunion sécuritaire au Togo.
04:17Et ce qui m'a été dit, c'est que l'une des dernières attaques a été menée par des jeunes qui étaient venus sur les lieux avec 102 motos neuves, armées sur 102 motos neuves.
04:30Donc ils ont les moyens. Il y a un danger. Ils risquent de revenir en Côte d'Ivoire, ce qui serait tout à fait normal.
04:36D'où la nécessité, de mon point de vue, d'avoir une coopération sécuritaire sur le régional.
04:41Et justement, les relations avec les deux pays voisins concernés, à savoir le Mali et le Burkina Faso, sont tendues, notamment avec le Burkina Faso.
04:49On voit des passes d'armes régulièrement, des attaques de la part de l'homme fort du Burkina, Ibrahim Traoré.
04:57Est-ce que ça ne complique pas la donne, sachant aussi qu'il y a une forte communauté malienne et burkinabée en Côte d'Ivoire ?
05:04Ça complique la donne. Donc il va falloir forcément trouver une solution. Vous savez qu'il y a l'initiative d'Akra, qui est un plan de lutte contre le terrorisme.
05:14Il y a un autre plan de la CDAO, c'est un peu combiné. Il faut forcément s'entendre.
05:18Je sais actuellement qu'il y a une initiative de relancer la coopération entre la Côte d'Ivoire, le Mali et le Burkina en matière de sécurité.
05:29Et ça, c'est quelque chose de très important. La Côte d'Ivoire a besoin de ces pays et ces pays ont besoin de la Côte d'Ivoire.
05:35Alors, est-ce qu'on peut assister à une escalade, notamment entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ?
05:43Il ne faut pas le souhaiter. Je pense que plusieurs pays travaillent à ce que ça n'arrive pas.
05:50Mais vous avez un risque aujourd'hui, de mon point de vue, c'est que vous avez un terrorisme politico-économique dont on ne parle pas, un terrorisme tribal.
05:58C'est-à-dire que lorsque vous faites des amalgames, vous recrutez localement ou vous accusez des communautés locales d'aider des terroristes,
06:05ça peut dégénérer parce qu'encore une fois, du long des deux frontières, ce sont les mêmes populations.
06:09– Quelle est votre vision pour le futur dans cette région, notamment là où le reportage a été tourné dans le nord de la Côte d'Ivoire ?
06:19– Moi, je suis optimiste, je vais vous dire pourquoi. Si vous prenez un jeune Ivoirien à la frontière aujourd'hui
06:24et un jeune Burkina Faso de l'autre côté de la frontière, ils ne sont pas politisés.
06:29Ce sont les jeunes, ils ont les mêmes problèmes, ils ont la même envie de réussir.
06:34Et ce sont des parents, je pense que les politiques ne pourront pas diviser les populations,
06:40que les populations vont faire cette unité que les politiques n'arrivent pas à faire.
06:44Et je voulais dire, moi je m'intéresse beaucoup aux questions sécuritaires,
06:47je sais qu'actuellement la Côte d'Ivoire est en train de mener deux actions en direction du Burkina et du Mali
06:54pour que la coopération sécuritaire reprenne.
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