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Éclipsé au fil des décennies par l’immense héritage de Karl Marx, Friedrich Engels (1820-1895) se décrivait lui-même comme un "second violon". Il faut pourtant se garder de minimiser son rôle dans l’élaboration de l’œuvre théorique du communisme.
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00:00Manchester est aujourd'hui la deuxième ville d'Angleterre.
00:07Dans la première moitié du 19e siècle, on avait coutume de dire
00:11« Ce que Manchester fait aujourd'hui, le reste du monde le fera demain ».
00:17La ville est alors le cœur battant de la révolution industrielle.
00:20C'est le coton surtout qui est travaillé dans des usines à la pointe de la modernité.
00:24C'est un pôle d'attraction pour les entrepreneurs de toute l'Europe.
00:30En 1842, Friedrich Engels se rend à Manchester. Il a 22 ans.
00:39Son père possède des parts dans une usine textile et veut que le jeune homme apprenne le métier d'entrepreneur.
00:51À ce moment-là, Engels aurait encore pu choisir une autre vie.
00:55Il ne l'a pas fait. Il connaissait déjà cette vie. Et il l'a fait découvrir à Karl Marx.
01:02Quelle est la place de Friedrich Engels dans l'élaboration de la théorie marxiste ?
01:07Frédrich Engels naît le 28 novembre 1820 à Barmen.
01:25Située dans le centre-ouest de l'Allemagne, la localité deviendra l'un des quartiers de la future ville de Wuppertal.
01:32La famille Engels appartient à l'aristocratie économique de la région et Friedrich grandit dans les meilleures conditions matérielles.
01:39Son père est l'héritier d'une dynastie de fabricants textiles, sa mère, la fille d'un professeur de lycée.
01:48L'avenir de Friedrich, l'aîné, est tout tracé. Il reprendra la direction de l'entreprise paternelle.
01:53Friedrich Engels a grandi dans une très grande proximité locale avec les ouvriers de la manufacture.
02:05Et ses parents tenaient des cercles de piété auxquels se rendaient les ouvriers et leurs enfants qui étaient les camarades de jeu d'Engels.
02:13La région autour de la vallée de la Wuppert est alors l'une des plus dynamiques d'Europe centrale.
02:26Une population toujours plus nombreuse vient y chercher un emploi.
02:33Dans les usines textiles, l'introduction d'un nouveau métier à tisser modifie profondément la nature du travail.
02:39Le métier jacquard, du nom de son inventeur, est actionné à l'aide de cartes perforées.
02:45L'automatisation du travail est en marge.
02:48Une aubaine pour les industriels qui peuvent embaucher des ouvriers non qualifiés pour des salaires de misère.
02:54Voir des enfants de plus en plus nombreux dans les ateliers.
02:58Friedrich Engels en connaît certains puisque c'est avec eux qu'ils jouent dans la rue.
03:03Mais le soir, leur chemin se sépare.
03:13Tandis que ses petits camarades regagnent leur logement insalubre, Friedrich rejoint la villa de ses parents.
03:19L'ordre naturel de la société, pense-t-il alors.
03:21Un ordre créé par Dieu et où la réussite économique est un signe d'élection divine.
03:29L'Allemagne du XIXe siècle est fortement imprégnée par le piétisme.
03:33Un mouvement protestant auquel adhère pleinement la famille Engels,
03:37qui a notamment financé la construction de l'église d'Unterbarmen.
03:40Pour les piétistes, chaque être humain doit remplir le rôle qui lui a été attribué pour trouver le salut dans l'au-delà.
04:01Leur vertu cardinale se nomme « foi, travail et austérité des mœurs ».
04:06Et c'est selon ses préceptes que le très croyant Friedrich Engelsberg élève ses enfants.
04:19Son fils aîné, lui, aime sortir, jouer aux cartes et boire en compagnie de ses amis.
04:24Il refuse de se plier aux règles de vie édictées par le père.
04:27Les disputes sont fréquentes.
04:36Friedrich Engels était un bon élève, intelligent, prometteur.
04:44Mais ses parents ont décidé, ou plutôt, son père a décidé, pas sa mère,
04:49de le retirer du lycée un an avant le bac, alors qu'il aurait voulu le passer.
04:54Il a vécu ça comme une oppression, d'autant plus que son père l'a obligé à suivre une formation commerciale,
04:59alors que ses centres d'intérêt étaient complètement ailleurs.
05:02Engels apprend très tôt comment on gagne de l'argent.
05:09En 1837, l'empire familial s'agrandit.
05:12À la recherche d'un emplacement pour une nouvelle usine, son père et son associé Peter Albertus Hermann
05:18choisissent un site à Engelskirchen à une soixantaine de kilomètres de Barmen.
05:24L'endroit possède plusieurs atouts.
05:26Il est proche d'une ligne de chemin de fer, essentielle pour se faire livrer le coton bon marché,
05:31récolté par les esclaves des plantations nord-américaines.
05:36Il est traversé par une rivière, l'Ager, qui permet de faire tourner les turbines pour le filage.
05:41Et de plus, la région est pauvre. Les salaires y sont de 40% plus bas qu'à Barmen.
05:53Une opération lucrative à tout point de vue.
06:06Friedrich Engels, père, tient à ce que son fils apprenne aussi le métier auprès d'autres négociants et entrepreneurs.
06:14En 1838, Friedrich Engels' fils n'a pas encore 18 ans. Il part pour un long voyage d'apprentissage.
06:25C'est la première fois que le jeune homme quitte l'étroit cocon familial.
06:40Il va découvrir le monde urbain de Brême et sa bonne société.
06:43Pendant trois années, il apprendra les ficelles du négoce international dans la maison du marchand Heinrich Leupold.
07:01Bien des années après, il donnera à cette manière de gagner de l'argent le nom de capitalisme.
07:06À Brême, il est hébergé par le pasteur de l'église Saint-Martin.
07:17Il écrit à sa famille et surtout à sa sœur Marie.
07:20Il lui envoie de petits dessins, lui parle de son travail, de son quotidien et de ses escapades.
07:25Brême et son port forment l'un des principes aux ensembles portuaires d'Allemagne.
07:43C'est un centre économique mais aussi un lieu de brassage de population venu du monde entier.
07:56Engels se rapproche de la jeune Allemagne.
07:59Un mouvement qui réunit de jeunes poètes comme Karl Gutzko ou Heinrich Heine,
08:04engagés dans la lutte pour les libertés démocratiques.
08:09Il commence à écrire sous le pseudonyme de Friedrich Oswald.
08:14Son premier texte publié,
08:16« Les lettres de la vallée de la Wooper »
08:18est une charge virulente contre le piétisme de sa région natale.
08:22On y trouve les premiers éléments d'une critique sociale.
08:28Il dénonce la suffisance des entrepreneurs et décrit la misère des ouvriers et de leurs enfants.
08:34Rien qu'à Elberfeld, 1200 enfants sur 2500 en âge d'aller à l'école sont privés d'enseignement et grandissent dans les fabriques.
08:46Uniquement pour que l'entrepreneur n'ait pas besoin de donner à des adultes, dont ils prennent la place, le double du salaire qu'il donne à un enfant.
08:52Friedrich Engels a vite compris que le travail à l'usine empêchait les enfants d'aller à l'école et donc d'accéder à l'instruction, ce qui compromettait toute chance d'ascension sociale.
09:14C'est un cycle infini qui perpétue la misère.
09:19Sans école, pas d'apprentissage. Sans apprentissage, pas d'ascension.
09:24Le seul horizon, c'est l'usine et la pauvreté.
09:28Le travail dans les pièces basses, où les gens respirent plus de vapeur de charbon et de poussière que d'oxygène, est justement fait pour leur enlever toute énergie et toute joie de vivre.
09:40Engels est un observateur méticuleux qui enrichit ses observations de recherche documentaire.
09:49Il rassemble des données, mais aussi des destins individuels, parce qu'il va parler aux gens.
09:54Vivre pour travailler.
09:57Engels note que certains ouvriers passent jusqu'à 13 heures par jour à l'usine.
10:01Il ne s'arrête pas aux simples descriptions. Il ajoute toujours une réflexion théorique, plus abstraite.
10:16Bien souvent, le salaire ne suffit même pas à payer le logement.
10:24Engels comprend que ce système engendre une classe de dépossédés qui a pour seule richesse ses enfants et qui ne se bat pas contre son sort.
10:30Cette classe, c'est le prolétariat, du latin proletarius, qui désignait la couche la plus basse de la société romaine.
10:44Elle est portée sur l'alcool et est très réceptive au mysticisme.
10:47Un autre aspect de ses écrits, c'est l'amour de la polémique. Il est très drôle et même aujourd'hui, ses textes sont amusants à lire.
10:59Le jeune homme développe une verve critique qu'il déploie avec plaisir. Il affirme sa liberté et s'affranchit du mode de vie piétiste transmis par ses parents.
11:09Il reste un garçon provincial, sorti de son étroite vallée, mais il veut aussi savourer la vie.
11:18Il se découvre une passion pour l'escrime, va au théâtre et passe beaucoup de temps dans le principal débit de vin de la ville, le Ratzkeller.
11:28Il y discute politique et économie avec fougue et entrain. Dans une lettre, il signe fièrement Friedrich Engels, poète en chef du Ratzkeller et buveur privilégié.
11:40Il quitte Brême en 1841, il a 21 ans.
11:47La seule véritable métropole d'Allemagne lui tend les bras. Berlin.
11:55A l'époque, la ville compte 400 000 habitants, plus de 100 cafés, d'innombrables débits de vin et auberges.
12:02Engels les écume pratiquement tous.
12:04Contre la volonté de son père, il se porte volontaire pour un an de service militaire dans une caserne de la ville.
12:18C'est pour lui le moyen de réaliser malgré tout son grand rêve.
12:21En Prusse, le service militaire permet de suivre les cours à l'université.
12:25Et plus que tout, Engels veut faire des études.
12:28A cette époque, à Berlin, on débattait à l'université d'une question très intéressante.
12:45A savoir, quel est le rapport des philosophes à la réalité du temps présent ?
12:50Dans l'amphithéâtre numéro 6 de l'université Humboldt, Engels assiste aux cours de philosophie.
12:58Il est surtout fasciné par Georg Wilhelm Friedrich Hegel et sa philosophie dialectique.
13:03Pour Marx et Engels, la dialectique de l'histoire, c'est la lutte des classes.
13:13Deux classes antagonistes, deux classes ennemies s'opposent en permanence.
13:23Et le cours de l'histoire avance de façon à ce que cette opposition soit surmontée dans une synthèse.
13:31Engels n'a pas encore rencontré personnellement Karl Marx.
13:38Ce sera chose faite un an plus tard à Cologne, où officie le futur rédacteur en chef de la Gazette Renan.
13:45Sa réputation de grand philosophe et de théoricien social a attisé la curiosité d'Engels.
13:53Les locaux du journal sont situés sur l'une des principales artères de la ville, la Schildergasser.
13:59Engels a déjà rédigé quelques articles pour la Gazette.
14:04Considéré comme l'étoile montante de la scène radicale, il est chaleureusement accueilli au sein de la rédaction.
14:09Sauf par celui avec qui il forme aujourd'hui l'un des duos les plus célèbres de l'histoire.
14:18Engels note qu'il l'a trouvé froid.
14:21Le jeune Karl Marx est en train de se faire un nom comme journaliste politique et économique.
14:26Il est vaniteux et ne goûte guère la concurrence.
14:28Marx n'était pas du même monde. Il venait de la petite bourgeoisie.
14:44Face à ce jeune homme fougueux et bon vivant, issu d'un milieu aisé et très différent du sien, il a préféré garder ses distances.
14:56Peu après cette première rencontre, Engels part pour Manchester où il doit commencer à travailler dans l'usine paternelle.
15:06La principale activité de la région est le travail du coton provenant des colonies.
15:10On y compte plus de 550 filatures qui emploient plus de 100 000 ouvriers et ouvrières.
15:23Manchester est bruyante, sale et enfumée, écrit Engels.
15:27Mais c'est aussi un centre économique.
15:30Ses commerces et ses banques génèrent autant de profit que les nombreuses filatures.
15:40Comme à Engelskirchen, Engels père et son associé Peter Albertus Hermann ont bien réfléchi à l'emplacement de leur usine.
15:49Installée dans le quartier de Sailford, elle est idéalement située à proximité des docks et de la gare.
15:55Si Friedrich a été envoyé à Manchester par son père, c'est aussi pour l'extraire des milieux radicaux allemands et lui faire passer ses nouvelles idées.
16:13Ce sera tout l'inverse.
16:14En découvrant les conditions de vie de la working class, la classe ouvrière, Engels est plus convaincu que jamais de la nécessité de faire connaître la misère ouvrière.
16:28L'Angleterre lui ouvre définitivement les yeux.
16:32Il va décrire les conditions qui mènent à cette situation.
16:35Mais il ne dédouane pas totalement les ouvriers et les ouvrières parce qu'il considère qu'ils ont toujours la possibilité de réagir.
16:41Les conditions de vie à Manchester sont encore pires qu'à Wuppertal.
16:47Le temps des débats théoriques de Brême et de Berlin est fini.
16:50Engels se confronte à la réalité.
16:56Manchester était surnommé Cotton Police.
17:00C'était le nombril de l'économie mondiale.
17:05Avec la mécanisation des tâches, les ouvriers deviennent interchangeables
17:09et les patrons d'usines moins dépendants de la force de travail.
17:21Les ouvriers travaillent dans des locaux à l'air saturé de fibres textiles
17:26et où règne un bruit assourdissant.
17:27Les conditions de travail sont terrifiantes.
17:35Mais protester, c'est risquer son poste.
17:37Et les remplaçants potentiels se bousculent aux portes des usines.
17:47Et le soir, chez lui, l'ouvrier respire de la suie.
17:50À Manchester, Engels va pousser encore plus loin sa démarche d'observateur empirique.
18:04Il sait que certains quartiers de la ville sont très dangereux pour un homme comme lui.
18:08Pourtant, il va s'immerger dans le bidonville le plus mal famé.
18:12La petite Irlande, peuplé d'Irlandais qui tous ont dû quitter leur île pour survivre.
18:20Comme les parents de Mary Burns, donnant la cadette d'Engels, Mary est fileuse.
18:38Elle sera le grand amour de sa vie, même s'il ne l'a jamais épousée.
18:44Mary le conduit dans des lieux secrets, auprès des plus pauvres, parmi les pauvres,
18:48des malades, des alcooliques et des criminels.
18:50La petite Irlande est un exemple extrême des quartiers défavorisés de la ville.
19:03Mais Engels constate rapidement qu'ailleurs, la situation n'est guère meilleure.
19:07Le centre-ville de Manchester est cerné par les quartiers pauvres.
19:17Les citoyens plus fortunés vivent au-delà de cette ceinture large de 2,5 km, là où l'air est moins pollué.
19:25En Allemagne, à Barmen, la villa familiale jouxtait pratiquement les maisons des ouvriers.
19:30Les enfants jouaient ensemble.
19:31À Manchester, les visiteurs allemands pouvaient observer les mécanismes de l'économie mondiale
19:42et se faire une idée de ce qui attendait l'Allemagne.
19:44Engels passe beaucoup de temps à la Tchetham's Library, dans le nord de la ville,
19:54pour coucher sur papier ses observations et impressions.
19:58Il veut avertir et sensibiliser l'opinion publique,
20:01pour que les ouvriers allemands ne subissent pas le même sort.
20:04Il consulte aussi le riche fonds de la bibliothèque
20:18et prend des notes pour un ouvrage qu'il rédigera en 1844 à son retour à Barmen.
20:24Il dépouille les journaux, lit les récits de voyages,
20:27comme ceux de Johan Georg Kohl,
20:29les rapports du réformateur social Edwin Chadwick
20:32ou du médecin James Philip Kay.
20:35Il veut décrire au plus juste les conditions de vie des ouvriers à Manchester
20:39et plus largement en Angleterre.
20:42Publié sous le titre « La situation de la classe ouvrière en Angleterre »,
20:58l'ouvrage offre un regard effrayant sur les abîmes des villes industrielles.
21:03Malgré les accusations de plagiat formulées après sa parution,
21:07l'étude est toujours considérée comme un jalon
21:09dans l'histoire de la recherche empirique en sciences sociales.
21:12Engels a réuni un immense corpus de données sur le quotidien des ouvriers.
21:24Tant de travail, maltraitance, maladie,
21:27ces données seront à la base des futures théories.
21:33Les gens vivaient dans une promiscuité extrême.
21:35Une famille se partageait une pièce pour cuisiner et dormir.
21:38Si l'on veut voir le peu d'espace dont l'homme a besoin pour se mouvoir,
21:44le peu d'air qui lui est nécessaire pour respirer en cas extrême,
21:47le peu de civilisation avec lequel il est capable d'exister,
21:50il suffit de venir en ces lieux.
21:51Pour faire ses besoins, il fallait souvent aller dans la rue,
22:07avec les conséquences qu'on peut imaginer.
22:13Engels comprend aussi que l'extrême densité du bâti et de la population
22:17favorisent les maladies comme le choléra ou le typhus.
22:23Les riches habitaient loin, dans les beaux quartiers.
22:25Absolument personne ne se souciait de l'état des quartiers ouvriers.
22:31Nous dirons que dans les logements ouvriers de Manchester,
22:33seule une race déshumanisée,
22:35rabaissée intellectuellement et moralement à un niveau bestial,
22:38physiquement malsaine,
22:39peut se sentir à l'aise et chez soi.
22:41Engels va passer beaucoup de temps dans ses taudis,
23:03et même y résider avec Mary Burns et sa sœur Lizzie.
23:07Mais contrairement aux deux femmes, il va et vient.
23:10Ce logement est pour lui une résidence secondaire.
23:14Les rapports sont ambigus.
23:15Engels a de l'argent.
23:17Il pourrait parfaitement installer les deux sœurs dans un quartier plus huppé,
23:21mais il ne voudra jamais tout à fait officialiser son couple avec Mary.
23:24C'était une relation qui choquait évidemment la bonne bourgeoisie.
23:44Mais elle dérangeait aussi certains de ses camarades socialistes
23:47qui lui reprochait de se comporter comme un patron
23:50et de profiter de sa position de supériorité.
23:55Engels loue donc toujours en parallèle une résidence principale à son nom.
24:00C'est là qu'il reçoit ses partenaires commerciaux et bien sûr son père.
24:04Il navigue perpétuellement entre deux mondes,
24:07entre la richesse et la misère.
24:08Il y a un aspect dont on parle rarement.
24:16Engels a dû avoir avec Mary et Lizzie Burns
24:19deux gouvernantes efficaces
24:21qui lui permettaient d'avoir l'esprit libre
24:23pour se consacrer pleinement à ses diverses activités.
24:25Durant son séjour à Manchester,
24:30Engels publie un article qui éclaire en partie son choix de résidence.
24:35Dans son esquisse d'une critique de l'économie politique,
24:38Engels quitte le champ de la philosophie pour celui de l'économie.
24:42Bien avant Marx, il accuse la propriété privée
24:45d'être à l'origine de la lutte des classes.
24:47Engels quitte Manchester une première fois en 1844.
24:58Avant de rentrer à Barmen,
25:00il fait un détour par Paris pour rencontrer à nouveau Karl Marx.
25:11Celui-ci a préféré s'exiler.
25:13A Cologne, la situation politique a changé
25:15et ses articles ont été censurés.
25:18Il espère travailler plus librement à Paris.
25:27Engels est immédiatement séduit par cette ville
25:30où se côtoient radicaux, intellectuels, artistes et philosophes.
25:33Le 28 août 1844,
25:46Marx et Engels ont rendez-vous au café de la Régence,
25:50place du Palais-Royal.
26:00Après quelques verres, la glace est enfin brisée.
26:02Marx a lu esquisse d'une critique de l'économie politique
26:06et il est enthousiaste.
26:14Les deux hommes partagent un même objectif.
26:17Combler le fossé social creusé par la révolution industrielle.
26:21Et si la suppression de la société de classe était la solution ?
26:25Lors de ma visite à Marx à l'été 1844,
26:31il est apparu que nous étions en parfait accord sur toutes les questions théoriques.
26:37Engels va loger dix jours dans l'appartement de Marx,
26:40rue Vannot, dans le 7e arrondissement.
26:42Au cours des 40 années qui suivront,
26:44ils échangeront plus de 1400 lettres.
26:46Leur amitié est née lors de cette deuxième rencontre à Paris.
26:54Et à part quelques brouilles passagères,
26:57elle a tenu jusqu'à la fin de leur vie.
27:00Friedrich Engels avait beaucoup d'humour.
27:03Marx aussi avait de l'humour,
27:05mais ce n'était pas le même.
27:06Et puis, Friedrich Engels était un jouisseur.
27:15Certes, Engels apprécie le bouillonnement intellectuel de la ville,
27:19mais la politique est une chose
27:20et la vie nocturne parisienne en est une autre.
27:23Le jeune bon vivant y goûte sans retenue.
27:26Mary est loin, là-bas, à Manchester,
27:28alors pourquoi ne pas prendre un peu de bon temps ?
27:32Sur la question des mœurs,
27:34Engels était en avance sur son temps.
27:39Il défendait l'amour libre et le pratiquait.
27:43Il ne faisait aucun mystère des plaisirs
27:45que lui procurait la fréquentation de la bohème parisienne.
27:50Et seule la France possède un Paris,
27:52une ville où la civilisation européenne
27:54a atteint son plein épanouissement.
28:04Engels sait vivre.
28:10Il dit rarement nom à une bière,
28:12à un verre de champagne ou de cognac.
28:16À la différence de Marx,
28:17père de famille est plus mesuré.
28:21Engels aime passer son temps en société.
28:23Il est beau, charmant, drôle.
28:25Les femmes sont à ses pieds.
28:26Mais à Paris aussi,
28:39et tout particulièrement dans les lieux de divertissement,
28:41les contrastes sociaux sont criants.
28:44L'esprit de la révolution de 1789
28:46a beau planer encore sur la ville,
28:49le principe d'égalité si chèrement défendu
28:51sonne creux.
28:52Les riches se sont retirés dans leur bastion.
29:04Les quartiers les plus populaires
29:05sont laissés à l'abandon.
29:07La ville est une poudrière sociale et politique.
29:10Pour Engels,
29:11seule une révolution communiste violente
29:13sera en mesure de combler les inégalités.
29:16Il va dès lors chercher à trouver
29:17des sympathisants prêts à s'investir.
29:22Frédéric Engels a toujours été très sensible à l'humain.
29:31Il a vu que les ouvriers
29:32n'avaient pas du tout la même existence que lui.
29:34Et il a compris que ce serait à lui
29:36d'être leur porte-voix.
29:39Parce qu'eux-mêmes ne pouvaient pas s'exprimer.
29:43Il a constaté que les journaux
29:46préféraient parler de chasse
29:48ou de je ne sais quoi.
29:49et il a décidé
29:52qu'il était de son devoir
29:53de relater ce qu'il avait vu.
29:58À Paris,
29:59Engels et Marx
30:00vont signer leur premier texte commun.
30:06La Sainte Famille
30:07ou Critique de la Critique Critique
30:09n'est pas un guide pratique
30:10de la vie domestique,
30:12mais un pamphlet
30:12qui se moque des spéculations théoriques
30:15qui ne sont pas suivies d'actes concrets.
30:17Les deux auteurs
30:18visent en premier lieu
30:20les jeunes adeptes de Hegel.
30:22Ils déclarent la guerre
30:23à tous les intellectuels oisifs.
30:28Engels Pair
30:28est effrayé
30:29par le virage
30:30de plus en plus radical
30:31que prend son fils aîné.
30:35Au retour de Friedrich
30:36dans la maison familiale de Barmen,
30:38l'atmosphère est tendue.
30:40Le jeune homme
30:45s'entête à faire
30:46la promotion
30:47de ses idées communistes.
30:51Et il y a fort à faire.
30:53La vallée de la Wuppert
30:54passe pour être
30:55le Manchester allemand.
30:57Les publications
30:58de Friedrich Engels
30:59finissent par irriter
31:01le pouvoir prussien.
31:02Pour éviter
31:06d'inutiles tracas
31:07à ses parents
31:08et échapper
31:09à une probable
31:10arrestation,
31:11Engels coupe définitivement
31:12les ponts
31:13avec Barmen
31:13au printemps 1845.
31:16Il s'installe
31:16à Bruxelles
31:17où il retrouve Karl Marx
31:18qui vient de quitter Paris.
31:22Les deux hommes
31:23vont beaucoup voyager.
31:25Engels emmène
31:25son compagnon
31:26à Manchester
31:27pour qu'il découvre
31:28les conditions
31:28de vie des ouvriers.
31:29Dans les années
31:30qui suivent,
31:31ils feront la navette
31:32entre Bruxelles,
31:33Paris et Londres
31:34pour unir
31:35les différents mouvements
31:35communistes européens.
31:46Deux ans après
31:47le départ de Engels
31:48d'Allemagne,
31:49les deux camarades
31:50parviennent à prendre
31:51le contrôle
31:51de la Ligue des Justes
31:52qui a son siège
31:53à Londres.
31:59Ce mouvement socialiste
32:03a été créé
32:03une dizaine d'années
32:04plus tôt
32:05par le compagnon
32:05tailleur allemand
32:06Wilhelm Weitling.
32:09Sous l'impulsion
32:09de Marx et Engels,
32:11la Ligue des Justes
32:12change de nom
32:13et devient
32:13la Ligue des Communistes.
32:17C'est d'elle
32:18que vont émerger
32:18tous les partis
32:19socialistes
32:20et communistes
32:20d'Europe.
32:21Engels et Marx
32:22sont chargés
32:23d'en rédiger
32:23le manifeste.
32:26Ils commencent
32:27la rédaction à Londres
32:27puis retournent
32:28à Bruxelles
32:29qui est devenu
32:29le nouveau point
32:30de ralliement
32:30des intellectuels
32:31exilés de toute l'Europe.
32:33La Belgique
32:34est un État jeune
32:34et possède
32:35une des constitutions
32:36les plus libérales
32:37d'Europe.
32:47Rue d'Orléans,
32:48les deux amis
32:48vivent côte à côte
32:49avec de nombreux
32:50autres réfugiés politiques.
32:51Engels écrit
32:58et développe
32:59son concept
32:59de société socialiste
33:01mais il s'active
33:02aussi sur le terrain.
33:04Au restaurant
33:04Le Cygne,
33:05situé sur la
33:06Grande Place
33:06de Bruxelles,
33:07Marx et lui
33:08créent une association
33:09des travailleurs allemands.
33:12Engels aime tenir
33:13des discours
33:13et convaincre son public
33:15du bien fondé
33:15de l'idée communiste.
33:16Quand les cafés ferment,
33:25les deux amis
33:26s'en retournent
33:26chez eux
33:27et prolongent
33:27leur discussion
33:28jusqu'au petit matin.
33:30Les réflexions théoriques
33:31de Marx
33:32sont ardues
33:33et difficiles à comprendre
33:34pour les gens simples.
33:35Relues et adaptées
33:36par Engels,
33:37elles deviennent
33:38accessibles
33:38et plus terre à terre.
33:46Pendant ce temps,
33:50les tâches du quotidien
33:51sont assurées
33:51par l'épouse de Marx,
33:53Jenny von Westphalen
33:54et leur domestique
33:55Hélène Desmoutes.
34:07C'est vraiment à Bruxelles
34:08qu'est née
34:09l'une des amitiés
34:09les plus célèbres
34:10et les plus productives
34:12de l'histoire.
34:15Tout en ayant
34:15une activité militante
34:16concrète,
34:17les deux peaufinaient
34:18leur programme théorique.
34:23Ils passaient
34:23leur nuit
34:24à discuter
34:24et à écrire.
34:27C'est de cette époque
34:28que datent
34:28des œuvres
34:29aussi cruciales
34:29que l'idéologie allemande
34:31ou le manifeste
34:32du Parti communiste.
34:36Le manifeste
34:37du Parti communiste
34:38est présenté
34:39à Londres
34:40en 1848.
34:41Il expose
34:42en 23 pages
34:42le cadre théorique
34:43de la lutte des classes.
34:44La version définitive
34:46est de la plume
34:46de Marx.
34:48Mais Engels
34:48a fourni
34:49l'essentiel
34:49du travail préparatoire.
34:51La brochure
34:52est devenue
34:53un best-seller
34:53de la littérature mondiale
34:55et a été traduite
34:56dans la plupart
34:57des langues écrites.
34:58Le manifeste
35:15est une œuvre
35:15significative
35:16à tout point de vue,
35:17que ce soit
35:18sur le plan
35:19du contenu,
35:20de la langue
35:20ou même
35:21des slogans.
35:22en le lisant,
35:26vous verrez
35:27que ces constats
35:28de base
35:28sont toujours valables.
35:31Il est toujours
35:32exact de dire
35:33que la bourgeoisie
35:34a réalisé
35:35des choses positives
35:36et les crises
35:37du capitalisme
35:38n'ont pas disparu,
35:40tout comme
35:41l'antagonisme
35:41avec le prolétariat.
35:42Mais le prolétariat
35:50n'est pas encore prêt
35:51pour une révolution
35:52comme celle
35:52que Marx et Engels
35:53appellent de leur vœu.
35:58Toutefois,
35:59des événements politiques
36:00laissent penser
36:01que ce que Engels
36:02espère
36:03pourrait arriver.
36:08Le 24 février 1848,
36:11une partie
36:11du peuple parisien
36:12contraint Louis-Philippe
36:14à abdiquer
36:14et la Deuxième République
36:16est proclamée
36:16par Lamartine.
36:19L'étincelle française
36:20embrasse l'Europe.
36:22Le mouvement
36:23va-t-il s'imposer
36:24et déclencher
36:24le processus
36:25qui aboutira
36:26au changement social ?
36:27Engels et Marx
36:42vont sillonner l'Europe
36:43de Bruxelles à Berne,
36:45de Paris à Cologne.
36:47Engels, pourtant,
36:48risque à tout moment
36:48d'être accusé
36:49de sédition politique
36:50et arrêté.
36:51Mais il veut absolument
36:52être témoin
36:53des révolutions communistes
36:54en Europe.
37:07Mais le bouleversement
37:08politique n'a pas lieu.
37:10Les deux hommes
37:10retournent à Cologne
37:11où ils vont reprendre
37:12leur idée
37:13d'une révolution
37:13en deux étapes.
37:15Il faut d'abord
37:16que la bourgeoisie
37:16se défase du joug
37:17de la monarchie
37:18avant que le prolétariat
37:19puisse accéder au pouvoir.
37:21Marx fonde
37:26la nouvelle gazette Renan.
37:28Engels y contribue
37:29par des articles.
37:32Il s'agit désormais
37:33de mobiliser la bourgeoisie
37:35pour qu'elle rejoigne
37:36les soulèvements démocratiques
37:37qui explosent
37:38dans toute l'Allemagne
37:39à partir du mois
37:40de mars 1848.
37:45Mais le journal
37:45se vend mal
37:46et Engels
37:47ne parvient pas
37:47à trouver de financeurs
37:49parmi les bourgeois
37:49de Barmen.
37:51Si les deux hommes
37:55échouent à canaliser
37:56les révoltes
37:57selon leurs idées,
37:58c'est aussi parce que
37:59les ouvriers
37:59n'ont pas d'objectif commun.
38:01Des dissensions
38:02naissent avec des socialistes
38:04plus modérés,
38:05comme le père fondateur
38:06du parti social-démocrate
38:07allemand
38:07Ferdinand Lassalle.
38:13À la mort de Lassalle,
38:16Engels écrit une lettre
38:17où il remarque
38:18tout d'abord
38:18que le défunt
38:19était le seul
38:20que les entrepreneurs,
38:21les capitalistes
38:22craignaient vraiment.
38:24Ce qui est une manière
38:25de reconnaître sa valeur.
38:27Ensuite,
38:28il se moque
38:28de la manière
38:29dont il est mort.
38:30Il faut quand même
38:31avoir à l'esprit
38:32que les adversaires
38:33de Marx et Engels
38:34n'y allaient pas
38:35non plus de main morte.
38:37Dans la forme,
38:38les critiques
38:38pouvaient être
38:39extrêmement violentes
38:40et les deux répliquaient
38:41de la même manière.
38:45Le temps des révoltes
38:46n'est pas terminé,
38:47particulièrement
38:48sur les territoires
38:49de la confédération allemande.
38:51Des combats éclatent
38:51dans le pays de Bad,
38:53le Palatina,
38:54à Munich,
38:54à Berlin et à Prague.
38:55Rien ne se passe
38:57comme Engels
38:57l'avait imaginé.
39:03Recherché
39:04comme agitateur politique,
39:05il doit quitter Cologne
39:06et s'enfuir à Paris.
39:08Là aussi,
39:09l'issue de la révolution
39:10n'a pas été
39:11celle qu'il espérait.
39:12Entre le Paris
39:21d'autrefois
39:22et celui d'aujourd'hui,
39:23il y avait le 15 mai
39:24et le 25 juin.
39:25La lutte la plus terrible
39:26que le monde ait jamais vue.
39:28Une mer de sang,
39:2915 000 cadavres.
39:31Paris était mort,
39:32ce n'était plus Paris.
39:42Tandis que Marx,
40:00resté à Cologne,
40:01multiplie les articles
40:02pour demander
40:03un changement de régime,
40:05Engels fait une pause.
40:10La lutte des classes attendra.
40:12D'abord,
40:12il veut parcourir
40:13la France à pied.
40:15Les sujets politiques
40:16sont absents
40:16de son journal de voyage
40:17qui se lit
40:18comme un prospectus touristique.
40:22Et quel vin ?
40:24Quelle variété ?
40:25Du Bordeaux au Bourgogne,
40:27du Petit-Macon
40:28ou Chaply au Chambertin.
40:35Le récit de son tour de France
40:37de 1848
40:38est en effet déroutant
40:39vu le contexte.
40:42Il consacre
40:43l'essentiel de son don
40:44de l'observation
40:45à la nature,
40:46aux vins
40:46et aux femmes.
40:48On a presque l'impression
40:50qu'il avait besoin
40:51de faire une pause.
40:53Peut-être qu'il lui fallait
40:54vraiment digérer
40:54l'échec des événements parisiens
40:56puisque ça ne s'était pas
40:57du tout passé
40:58comme il l'avait imaginé.
41:00Ça me paraît un peu rapide
41:01de le taxer
41:02de révolutionnaire de salon.
41:04D'autant plus
41:04qu'il est rapidement revenu sur scène,
41:07plus motivé que jamais.
41:07Engels retourne une dernière fois
41:14à Barmen.
41:15Même sa ville natale
41:16n'a pas été épargnée
41:17par les troubles
41:18contre le pouvoir prussien.
41:20Tout autour,
41:21à Dusseldorf,
41:22à Iserlohn,
41:23à Zollingen,
41:24les gens sont dans la rue.
41:25À Elberfeld aussi,
41:26la ville voisine de Barmen,
41:28Engels rejoint le soulèvement.
41:29Il se présente devant les émeutiers
41:40avec deux caisses de munitions.
41:42Son expérience militaire
41:43lui vaut d'être nommé
41:44responsable de l'artillerie
41:46et des barricades.
41:54Posté à l'entrée du pont de Aspel
41:56qui relie Elberfeld à Barmen,
41:58il rencontre probablement
41:59pour la dernière fois
42:00son père
42:01qui, lui,
42:02allait à l'église.
42:06L'anecdote illustre
42:08le fossé
42:08entre le père entrepreneur
42:10et le fils révolutionnaire.
42:12Mais elle illustre aussi
42:14un conflit générationnel
42:15plus large.
42:17D'un côté,
42:18on a l'industriel paternaliste
42:20qui pense qu'il s'occupe
42:21bien de ses ouvriers.
42:23Et de l'autre,
42:24il y a le fils
42:25qui constate
42:25que les rapports ont changé
42:26et qui pensent
42:27que les réformes
42:28sont tout à fait insuffisantes.
42:32Au bout de deux jours seulement,
42:33les bourgeois insurgés
42:34demandent à Friedrich Engels
42:36de quitter son poste.
42:37Le pouvoir prussien
42:38a émis un mandat d'arrêt
42:40contre lui.
42:41Il s'en va à regret
42:42pour ne pas compromettre
42:43les objectifs démocratiques
42:44de la révolte.
42:49Il part pour le pays de Bad
42:50et le Palatina
42:51où les insurrections
42:52lui semblent plus prometteuses.
42:54Les troupes révolutionnaires
42:55luttent pour une Allemagne
42:56unifiée
42:57sur le modèle français.
43:14Il rejoint immédiatement
43:16les hommes en armes,
43:17on lui confie
43:18des fonctions importantes
43:19et le voilà parti au combat.
43:20Il prend les armes
43:22pour aider les Badois
43:23dans leur lutte
43:24contre la Prusse.
43:27Ce sera pour lui
43:27une expérience très forte.
43:29Le souvenir d'avoir
43:30un jour combattu
43:31en première ligne
43:32va le nourrir
43:32pendant longtemps.
43:36Mais fin 1849,
43:38cette révolution échoue
43:39à son tour
43:39en raison du manque
43:40d'entente
43:41entre les combattants.
43:42Les meneurs
43:43qui n'ont pas réussi
43:44à fuir
43:44sont condamnés.
43:45Engels passe par la Suisse
43:54avant de rejoindre
43:55l'Angleterre.
44:03Marx,
44:04qui a dû quitter Cologne,
44:05l'attend à l'ombre.
44:06Un an plus tard,
44:16Engels quitte Londres
44:17pour Manchester
44:18et pour retrouver
44:19Mary Burns.
44:24Là,
44:25il réintègre
44:26de manière inattendue
44:26l'entreprise familiale.
44:28Il va y travailler
44:29les 20 années suivantes,
44:30dont 10
44:31comme directeur.
44:32Il continue
44:36de rédiger
44:36des articles
44:37de journaux
44:37et passe une partie
44:38de son temps
44:39à assouvir
44:40son immense curiosité
44:41qui couvre
44:41les domaines
44:42les plus divers.
44:43Il étudie l'art militaire
44:44et apprend les langues.
44:46Il en parlera
44:4612 couramment.
44:53Il est resté
44:54en contact
44:54avec Marx
44:55qui, à Londres,
44:56se trouve
44:56dans une situation
44:57financière précaire.
45:02Son travail
45:13à Manchester
45:13lui permet aussi
45:14de soutenir Marx.
45:17Il gagne
45:18de l'argent
45:18pour deux,
45:19en quelque sorte.
45:21Et ça lui paraît
45:22tout à fait normal
45:22parce qu'il tient
45:23absolument
45:24à ce que Marx
45:25puisse continuer
45:25à travailler
45:26à son grand œuvre,
45:27le capital.
45:31Les deux sont convaincus
45:32qu'avec la publication
45:33du livre,
45:33la classe ouvrière
45:35va faire un bond
45:36vers la liberté.
45:39En 1863
45:41et pour la première fois,
45:43les deux hommes
45:43se brouillent sérieusement.
45:45Engels vient d'annoncer
45:46à Marx
45:47le décès
45:48de Mary Burns.
45:50Celui-ci lui répond
45:51par un mot
45:51de condoléence
45:52que Engels trouve
45:53trop indifférent
45:54et qui le blesse beaucoup.
45:56Tu as trouvé
45:56ce moment approprié
45:58pour me démontrer
45:58la supériorité
45:59de ta pensée froide.
46:00Soit.
46:04Mais malgré
46:05de nombreux revers
46:06personnels,
46:07les deux hommes
46:07finissent toujours
46:08par se retrouver,
46:09animés par leur
46:10objectif commun.
46:12Engels ne cesse
46:13de relancer Marx
46:14pour qu'il termine
46:15son œuvre majeure.
46:16En 1867,
46:17Le Capital,
46:18critique de l'économie
46:19politique,
46:20est enfin publié.
46:21C'est un ouvrage
46:30particulièrement
46:31intelligent.
46:32En trois tomes,
46:34il arrive à synthétiser
46:35le sujet,
46:37même sous langue
46:37historique,
46:38à formuler
46:39la loi sur la valeur
46:40et beaucoup
46:41d'autres choses.
46:43Des œuvres de cette
46:44envergure sont
46:45extrêmement rares.
46:46Marx a réalisé
46:47un exploit.
46:47Mais sans
46:49Friedrich Engels,
46:50nous n'aurions
46:50probablement jamais
46:51eu en main
46:52le premier tome
46:52et en aucun cas
46:53les tomes 2 et 3.
46:57En 1870,
46:59Engels dispose
47:00d'une fortune
47:00suffisamment confortable
47:02pour se permettre
47:03de vendre ses parts
47:04dans l'entreprise.
47:05Il s'installe à Londres
47:06avec Lizzie Burns,
47:07la sœur de Mary,
47:08dans un immeuble
47:09du Regens Park Road.
47:10Lizzie décède
47:12huit ans plus tard.
47:14Quelques heures
47:14avant sa mort,
47:15Engels accède
47:16à l'ultime volonté
47:17de cette fervente
47:18catholique.
47:19Il l'épouse.
47:26Dès lors,
47:27les liens privilégiés
47:28avec la famille Marx
47:29se font encore plus étroits.
47:31Il est l'oncle
47:31préféré des filles Marx
47:33et continue d'œuvrer
47:34avec le père
47:35pour le développement
47:35du mouvement
47:36communiste international.
47:38Ses travaux
47:38sur la dialectique
47:39dans la nature
47:40et les mathématiques
47:41resteront inachevées.
47:53À la mort de Marx
47:55en 1883,
47:56il revient à Engels
47:58de terminer seul le travail.
48:10Il devient l'exécuteur
48:13testamentaire
48:14du grand théoricien.
48:16Les tomes 2 et 3
48:17du Capital
48:17attendent leur publication.
48:20Marx a noirci
48:20des montagnes
48:21de feuillets
48:22de son écriture illisible.
48:23Engels va les mettre
48:25en ordre
48:25et les éditer.
48:33Il défend son ancien compagnon
48:35avec véhémence
48:36contre toute critique.
48:37Il érige Marx
48:38en icône du socialisme
48:39et mineure délibérément
48:41sa propre contribution.
48:48Marx était un génie.
48:49Nous, nous étions
48:50au mieux des talents.
48:51Sans lui,
48:52la théorie serait loin
48:53d'être ce qu'elle est.
48:54Il est donc légitime
48:55qu'elle porte son nom.
48:56Après la mort
49:05de Karl Marx,
49:06le statut
49:06de Friedrich Engels
49:07au sein du mouvement
49:08ouvrier
49:09a complètement changé.
49:12Il est devenu
49:13la nouvelle icône,
49:14le numéro un
49:15à qui personne
49:16n'osait réellement
49:17contester la place.
49:21Friedrich Engels
49:22n'a jamais hésité
49:23à rester en retrait
49:24pour mettre ses capacités
49:25hors du commun
49:26au service
49:27d'une cause
49:27plus importante.
49:29Désormais,
49:30il est la figure
49:30de proue
49:31du socialisme international.
49:33Ce rôle,
49:34il le remplit
49:34sans jamais
49:35se laisser dicter
49:36sa conduite.
49:37Ses actes
49:38et décisions
49:38sont mûrement réfléchis
49:39et il n'hésite pas
49:41à revenir
49:41sur ses positions.
49:43Mais cette démarche,
49:44même les plus fervents
49:45de ses supporters
49:46l'ont sous-estimée.
49:47Ainsi,
49:48ils lui reprocheront
49:49durement
49:50d'avoir admis
49:50à la fin de sa vie
49:51que la social-démocratie
49:53pouvait être la solution
49:54pour libérer
49:55le prolétariat
49:56de ses chaînes.
50:01Friedrich Engels
50:02meurt le 5 août
50:041895
50:05dans sa résidence
50:06londonienne.
50:07Il laisse derrière lui
50:08l'équivalent
50:09de 2,6 millions
50:10d'euros
50:10en liquidité
50:11et une cave
50:12de plus de 1000
50:13bouteilles de vin
50:13et de champagne.
50:14Suivant ses dernières volontés,
50:19son corps est incinéré
50:20et ses cendres
50:21dispersées dans la mer
50:22du haut d'une falaise
50:23à Eastbourne
50:24entre la Grande-Bretagne
50:26et le continent.
50:31Certes,
50:31ils ont rédigé
50:32le manifeste
50:33du Parti communiste.
50:35Quand on le lit,
50:37on comprend
50:37qu'il s'agit
50:38d'une idéologie
50:38de la libération.
50:41Mais on s'en est servi
50:43pour faire tout le contraire.
50:44La révolution prolétarienne
50:48que Engels
50:49et Marx
50:49ont longtemps appelée
50:50de leur vœu
50:51se produira
50:52en Russie
50:53une vingtaine d'années
50:53après la mort
50:54de Engels.
50:56D'autres États
50:57suivront,
50:58leurs dirigeants
50:59exploitant
50:59l'héritage intellectuel
51:00des deux pionniers.
51:05Ces États
51:05ont mené
51:06le communisme
51:07sur une voie
51:07que Marx
51:08et Engels
51:09n'auraient probablement
51:10pas à prouver
51:11et que le mouvement
51:12ouvrier
51:12peine toujours à quitter.
51:15Mais ces deux-là
51:16ne sont pas responsables
51:17de ça.
51:17sont pas responsables
51:18de la mort
51:19de la mort
51:20de la mort
51:20et les deux-là
51:21ne sont pas responsables
51:22de la mort
51:22de la mort
51:22et les deux-là
51:23Sous-titrage FR ?
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