Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 semaines

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Jean-Yves Le Drian, vous allez nous dire quel regard vous portez sur la situation internationale,
00:07vous l'ancien ministre des affaires étrangères, ancien ministre de la défense, envoyé personnel du président pour le Liban,
00:14on va parler de l'Ukraine, de Gaza, Trump, Poutine, qui mène la danse ?
00:18Mais d'abord Jean-Yves Le Drian, vous avez certainement vu ces images de Nicolas Sarkozy quittant son domicile hier,
00:24sous les applaudissements de ses soutiens pour se rendre à la prison de la santé.
00:28Il a passé sa première nuit dans sa cellule après sa condamnation dans l'affaire dite libyenne.
00:34La prison, est-ce la place d'un ancien président ?
00:37C'est un choc, voir un ancien président de la République incarcéré, ça ébranle les convictions et l'image qu'on se fait aussi de la République,
00:47mais c'est l'application de la loi.
00:49Et moi je n'ai jamais, au cours de ma vie politique, comment ça va être long, je n'ai jamais contesté une décision de justice,
00:56d'autant plus que là, elle n'est peut-être pas définitive, puisqu'il l'intéressé a fait appel et que le jugement peut être différent.
01:03Donc on verra.
01:04Pour l'instant, du coup, il est présumé innocent.
01:07Le seul point qui m'interroge, c'est l'exécution provisoire.
01:10Moi j'avais dans l'idée que c'était applicable s'il y avait un risque pour la société ou un risque pour des personnes,
01:17mais peut-être que me suis-je trompé ?
01:19Vous trouvez ça injustifié, non, je m'interroge, je n'ai pas de jugement à avoir là-dessus.
01:22L'exécution provisoire, c'est ce qui fait que Nicolas Sarkozy est incarcéré, même s'il a fait appel, l'appel n'est pas suspensif.
01:28L'appel n'est pas suspensif.
01:29Il faut revoir cette loi ?
01:30Je constate qu'il y a un débat, non, je ne dis pas qu'il faut revoir cette loi, je dis j'ai une interrogation,
01:34parce que je ne pensais pas que l'exécution provisoire s'appliquait, même s'il n'y avait pas de risque pour la société ou de risque pour les personnes.
01:40Emmanuel Macron juge que ce débat est légitime, vous aussi donc ?
01:43Oui, absolument, je constate qu'il a lieu.
01:46Est-ce que vous comprenez le geste du président qui a reçu Nicolas Sarkozy à l'Elysée vendredi, à quelques jours de son incarcération, ou cela vous dérange ?
01:55Non, je constate qu'il a voulu faire part au président Sarkozy de son attention, de son empathie, à ce moment-là difficile pour la vie du président Sarkozy,
02:06je n'ai pas d'observation particulière à faire.
02:07Et quand le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, dit qu'il ira voir Nicolas Sarkozy en prison,
02:12est-ce que ça ne risque pas de donner l'image d'une entraide entrepuissante, entraide à laquelle le français lambda n'aurait pas droit ?
02:18C'est de sa responsabilité, je crois comprendre qu'il visite beaucoup de prisons, donc il n'y a pas de raison qu'il ne visite pas celle-là.
02:24Joël-Yves Le Drian a annoncé la semaine dernière le sommet Trump-Poutine en Hongrie pour faire avancer la paix en Ukraine,
02:31ne verra sans doute jamais le jour. Écoutez le président américain Donald Trump hier soir.
02:37Non, non, je ne veux pas d'une rencontre pour rien, je ne veux pas de perte de temps, donc on verra ce qu'il va se passer.
02:43Nous n'avons pas encore pris de décision.
02:46Alors est-ce que c'est un éclair de lucidité soudain chez Donald Trump, il se rend à l'évidence ?
02:50Il ne faut pas se leurrer sur les volte-face réguliers du président Trump à l'égard de la question ukrainienne.
02:59En réalité, le président Trump est une espèce de culbuto.
03:05Une espèce de culbuto ?
03:06Il va, il vient sur la question ukrainienne et il revient toujours à sa position initiale qui est une espèce de fascination à l'égard de la force que représente Poutine
03:16et une espèce de fixation sur la nécessité d'avoir avec Poutine un accord de paix qu'il n'aura pas parce qu'ils sont tous les deux dans une logique différente.
03:26Le président Poutine, il a le temps devant lui.
03:29C'est lui qui mène la danse, clairement.
03:30C'est lui qui mène la danse et c'est Trump qui court après.
03:33On l'a vu là encore, après ce coup de téléphone entre le ministre russe et le ministre américain, tout ça est repoussé.
03:44Pourquoi ?
03:46Parce qu'il faut, dit le ministre russe Lavrov, parce qu'il faut au préalable que les raisons essentielles, les causes principales,
03:56c'est toujours les mêmes mots, soient réglés, soient clarifiés.
04:01Et c'est le discours qui est tenu depuis trois ans.
04:05Quand j'étais encore ministre des Affaires étrangères, le président Poutine parlait des causes essentielles.
04:10Et quelles sont les causes essentielles ? Elles sont toujours les mêmes.
04:13C'est annexion, c'est démilitarisation de l'Ukraine, c'est dénazification, comme disent les Russes, c'est-à-dire changement de gouvernement.
04:22Et puis c'est le renoncement à l'OTAN.
04:24C'est toujours les mêmes quatre points.
04:26Et ça, ça n'a pas changé.
04:28Ça n'a pas changé. Il y a quelques jours, Donald Trump, après son coup de pile avec Vladimir Poutine, a adopté cette rhétorique du Kremlin.
04:34Vous disiez, Donald Trump est fasciné par la force de Vladimir Poutine.
04:37Vous pensez que c'est ça le ressort de cette relation difficile à saisir de l'extérieur entre les deux présidents ?
04:43Oui, c'est des allers et retours permanents qui fait que le président Trump se rend compte qu'en Corrèges, il a été abusé d'une certaine manière par le président Poutine lors de cette rencontre du mois d'août.
04:57Ensuite, il fait un virage de l'autre côté en déclarant que la Russie était un tigre de papier.
05:03Il renoue des discussions avec Zelensky.
05:05Puis il change de nouveau de point de vue, peut-être emballé par ce qui s'est passé au Moyen-Orient et le fait qu'il y ait eu un cessez-le-feu au Moyen-Orient.
05:14Il dit, on va faire le cessez-le-feu aussi en Ukraine.
05:17Ah non, dit le président Poutine.
05:18Donc, on ne fera cela que lorsqu'il y aura un accord de paix avant le cessez-le-feu, accord de paix avant le cessez-le-feu qui réglera les causes fondamentales.
05:28Regardez dans la déclaration de Lavrov, c'est toujours les mêmes mots, les causes essentielles, les raisons fondamentales.
05:34Quand on vous écoute, Jean-Yves Le Drian, on a l'impression qu'on tourne en rond et qu'on n'en sortira jamais.
05:37Parce que ça sera sur la durée et parce qu'il faut alors impérativement, nous les Européens, soutenir fortement l'Ukraine parce qu'il faut envisager de soutenir l'Ukraine sans le soutien des Etats-Unis.
05:50Mais pourquoi est-ce qu'il faut soutenir l'Ukraine ? Parce que c'est notre sécurité qui est en jeu.
05:54Moi, j'ai l'image la plus forte que j'ai dans l'esprit là maintenant à propos du sommet d'Ankorej en Alaska au mois d'août.
06:01C'est l'image de mon ancien camarade de jeu, si j'ose dire, Sergei Lavrov, le ministre d'Affaires étrangères russe.
06:10J'avais l'habitude de le voir en costume cravate, bien mis, bien saillant.
06:14Et là, on le voit apparaître avec un tee-shirt, comme un adolescent, avec Union soviétique.
06:22Tout est dit, tout est là.
06:23Et cette image-là montre les objectifs qu'a le président Poutine, qu'a l'administration russe aujourd'hui.
06:32C'est de faire en sorte que la Russie retrouve son espace impérial qui était là au moment de l'Union soviétique,
06:41qui était là aussi en partie au moment de la période tsariste, et que ce chemin-là ne s'arrêtera pas.
06:46Alors, mais qu'est-ce qu'il faut faire ?
06:48Vous disiez, il faut que les Européens aussi se saisissent du sujet, se fassent entendre.
06:53Pour l'instant, on n'a pas l'impression que ce soit le cas.
06:54Écoutez, écoutez le président de la République, il réclamait une place à la table des négociations.
07:00Écoutez.
07:01À partir du moment où il discuterait de sort de l'Ukraine, les Ukrainiens devraient être autour de la table.
07:07À partir du moment où il devrait discuter de ce qui impacte la sécurité des Européens,
07:11les Européens devraient être autour de la table.
07:13Ce n'est pas vraiment dans l'ordre des choses que le président français
07:16doivent tenter de forcer la porte pour pouvoir être à la table des négociations entre Trump et Poutine ?
07:22Il n'y a pas de table.
07:22À ce moment-là ?
07:23Non, mais il n'y a pas de table. Excusez-moi, il n'y a pas de table.
07:25Oui, mais la table n'existe pas.
07:27Il espérait la table à Budapest.
07:29Alors, en plus Budapest, c'est dommage pour Victor Arban, qui ne verra pas ses deux complices.
07:35Je le dis, les deux complices de Victor Arban.
07:37Président hongrois qui est pro-Poutine.
07:40Le fait de tenir la réunion potentiellement à Budapest, elle n'aura pas lieu.
07:44C'était d'une vraie provocation.
07:45Pour deux raisons.
07:47D'abord parce que la Hongrie de M. Orban est le seul pays européen
07:52qui ne soutient pas l'Ukraine.
07:53A voté aux Nations Unies, avec la Corée du Nord, avec la Russie, avec la Biélorussie,
08:00avec d'autres pays aussi démocratiques que ceux-là,
08:04contre la protestation face à l'agression de la Russie en Ukraine.
08:10Et il a été rejoint à ce moment-là par Trump.
08:13C'était au début de l'année, au mois de février 2025.
08:16C'était un moment grave, où finalement il y avait eu un schisme de l'Occident qui se manifestait.
08:21Il s'avait provoqué en Europe beaucoup d'inquiétudes.
08:24Et Victor Arban était au milieu de tout cela.
08:26Donc provocation et haute provocation.
08:27Il s'est camouflé pour les autres Européens qui ont l'air complètement hors-jeu.
08:30Pardon Jean-Yves Le Drian.
08:31Je vais revenir sur le hors-jeu, ce n'est pas le cas.
08:32Ce n'est pas le cas ?
08:33Ce n'est pas le cas.
08:34Mais d'autre part, sur Budapest, il y a une forme de symbolisme,
08:39puisque c'est à Budapest en 1994 que la Russie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
08:45ont garanti à l'Ukraine l'intangibilité de ses frontières.
08:49On a vu ce que ça a donné.
08:51Et on refait ça à Budapest.
08:52Donc c'était une vraie provocation.
08:53Ça n'a pas lieu.
08:54La table de négociation n'est pas ouverte.
08:56Où est-ce qu'il faudrait l'installer, cette table de négociation ?
08:58Normalement aux Nations Unies ou alors dans une ville européenne ou à Genève.
09:03Bref, il y a des tas d'endroits où on peut le faire.
09:05Et vous dites que les Européens ne sont pas hors-jeu aujourd'hui ?
09:07Les Européens ont pris au mot le Président Trump pour dire qu'il faut un cessez-le-feu.
09:12Et la réalité, c'est qu'il faut un cessez-le-feu.
09:14Et après, il y a des discussions qui s'ouvrent.
09:16Et les discussions concernant le territoire ukrainien, évidemment, doivent concerner au premier chef les autorités ukrainiennes.
09:23Et par ailleurs les Européens.
09:25Puisque la logique même de la Russie, je vous le disais par la symbolique du t-shirt de Lavrov,
09:30c'est de reprendre progressivement la place qu'elle avait au moment de l'impérialisme soviétique.
09:35Et ça, c'est inacceptable pour les Européens.
09:37Parce qu'on n'arrive pas à savoir précisément ce que pensent les Européens.
09:41Officiellement, il n'est pas question que l'Ukraine cède ses territoires.
09:44Mais en coulisses, est-ce qu'on s'y résout déjà ?
09:46Est-ce qu'on sait qu'il va falloir renoncer ?
09:48Les Européens disent, un, cessez-le-feu.
09:50C'est ce qu'ils ont dit de leur déclaration d'hier.
09:52Vous dites que les Européens ne sont pas présents.
09:53S'ils se sont exprimés, y compris avec les Britanniques.
09:55Mais sur la ligne de front actuelle.
09:56Sur la ligne de front actuelle.
09:57Qui devrait servir de base.
09:59C'est aussi ce que dit Zelensky.
10:01Et à ce moment-là, on discute.
10:02Mais les Russes n'en veulent pas.
10:04Puisque les Russes veulent aller jusqu'au bout de leur logique.
10:06Donc il faut prendre en considération cette réalité qui est rude,
10:10mais qui menace aussi notre propre sécurité.
10:12Mais est-ce que l'Ukraine devra céder ces territoires ?
10:15Parce que si on arrête le conflit sur cette ligne de front...
10:16C'est aux Ukrainiens de dire comment ensuite ils vont procéder.
10:19Mais il faut d'abord commencer par cesser le feu.
10:20Ce que ne veut pas Poutine.
10:21Et ce que Zelensky répète régulièrement.
10:24Demain se tient un sommet européen à Bruxelles.
10:26Jean-Yves Le Drian.
10:27Il sera notamment question d'utiliser les avoirs russes gelés,
10:30détenus dans les banques européennes depuis l'invasion russe,
10:33pour prêter 140 milliards d'euros à l'Ukraine pour s'armer.
10:36La France a longtemps été contre ce fait d'utiliser les avoirs russes gelés,
10:41car ça pose des questions juridiques.
10:43Est-ce que vous dites à Emmanuel Macron,
10:44bon là ça y est, il faut assumer de prêter cet argent russe à l'Ukraine ?
10:48On verra ce qui se passera demain.
10:49Mais le sommet demain va porter sur ce point-là,
10:53mais aussi sur des sanctions supplémentaires à l'égard de la Russie.
10:56Et aussi sur une feuille de route pour le renforcement de la défense en Europe.
11:02Y compris sur la question des drones, y compris sur le bouclier spatial, le bouclier aérien.
11:06Bref, il y a de gros sujets de solidarité et de sécurité des Européens par rapport à eux-mêmes,
11:11qui vont être discutés demain.
11:13Et sur les avoirs, je crois que, d'après ce que je crois comprendre,
11:16mais je ne suis pas dans les instances qui vont le décider demain,
11:20on s'approche d'un compromis qui permettra à l'Ukraine d'avoir des prêts
11:24qui seront engagés sur les avoirs russes déposés en République.
11:28Exactement, mais quel est le message envoyé derrière ?
11:30Est-ce que ce n'est pas, nous, Européens, on n'est plus capables de soutenir l'Ukraine, financièrement ?
11:35Donc on va chercher l'argent ailleurs, parce qu'on en a déjà trop dépensé, ce n'est pas ça ?
11:38Excusez-moi, aujourd'hui, qui finance le plus l'Ukraine ?
11:41L'Europe.
11:41L'Europe.
11:42Et justement, est-ce qu'on peut se permettre de continuer ?
11:44Il faut, parce que c'est notre sécurité.
11:47Et quand on est devant les enjeux de sécurité et de protection de nos propres populations, on ne lésine pas.
11:52Et vous considérez que débloquer les avoirs russes gelées, ce n'est pas envoyer le message contraire ?
11:56Ça contribue à renforcer notre soutien à l'Ukraine.
11:59Je pense qu'il ne faut pas négliger cela, et c'est un choix essentiel, j'espère qu'il sera fait demain.
12:05Dans un instant, l'autre front de Donald Trump, Gaza, avec vous.
12:09Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien ministre de la Défense.
12:13Mais tout de suite, c'est l'info en une minute, il est 8h46, et c'est Julien Raymond.
12:1788 millions d'euros, c'est l'estimation du montant des bijoux volés au musée du Louvre dimanche dernier.
12:24Quatre cambrioleurs sont toujours recherchés par les enquêteurs.
12:27Les empreintes retrouvées sur les lieux du cambriolage sont en cours d'analyse.
12:31Le Louvre qui rouvre ses portes aujourd'hui après trois jours de fermeture,
12:35à l'exception de la galerie Apollon, là où a eu lieu le cambriolage.
12:40Jean Castex, auditionné ce matin à l'Assemblée nationale devant la Commission du développement durable,
12:45cette audition doit permettre la nomination de l'ancien Premier ministre à la tête de la SNCF.
12:51La Corée du Nord a tiré son premier missile balistique depuis plus de cinq mois.
12:55Ce tir est aussi le premier depuis l'investiture en juin dernier du nouveau président sud-coréen
13:00qui cherche à réchauffer les relations entre les deux pays.
13:04Un PSG hégémonique en Ligue des champions de football.
13:08Victoire 7-2 hier soir en Allemagne face au Bayer Leverkusen.
13:12Les Parisiens sont leaders de la phase de Ligue.
13:14Ce soir, c'est la suite de cette troisième journée de Ligue des champions
13:17avec notamment le déplacement de l'Olympique de Marseille
13:20sur la pelouse du Sporting Portugal
13:21et Monaco qui reçoit les Londoniens de Tottenham.
13:29Le 8.30 France Info, Aurélie Herbemont, Agathe Lambret.
13:34Avec Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense,
13:36ancien ministre des Affaires étrangères, envoyé personnel du président pour le Liban.
13:40Aurélie, qu'en est-il de l'accord qualifié d'historique par Donald Trump au Proche-Orient ?
13:46Les Etats-Unis maintiennent la pression pour consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
13:51Donald Trump a mis en garde le Hamas s'il ne le respectait pas.
13:56Dans ce cas, la fin du Hamas sera rapide, terrible et brutale.
14:00C'est ce que Donald Trump écrit en lettres capitales, évidemment, sur son réseau de trousse social.
14:04Il affirme aussi que des alliés au Moyen-Orient seraient prêts à rentrer dans Gaza pour, je cite,
14:09« redresser le Hamas ».
14:11Alors, on a l'habitude des excès de langage du président américain.
14:14Est-ce qu'il faut le prendre au sérieux, là, Jean-Yves Le Drian ?
14:17Oui, souvent, Trump varie, d'une manière générale.
14:20On l'a vu tout à l'heure.
14:21Mais le point de départ, c'est quand même un plan qu'il faut reconnaître de qualité,
14:29même s'il y a des incertitudes dans son déroulement, que seuls les Etats-Unis pouvaient imposer à Israël.
14:35C'est un plan qui est arrivé de manière presque miraculeuse,
14:41puisque lorsqu'on se réfère à l'Assemblée générale des Nations Unies,
14:44on a vu le président Trump faire un discours tonitruant au vitriol,
14:49quasiment à l'égard de la perspective d'un Etat palestinien,
14:53à l'égard des Nations Unies d'une manière générale,
14:55et que quelques jours après, trois jours après ou quatre jours après,
14:59ce plan discuté aussi avec les Arabes est sur la table,
15:02et qu'il présente quand même beaucoup d'avantages,
15:05en particulier ce grand soulagement qui est le retour des otages
15:08et qui est l'arrêt des bombardements.
15:11Mais ça veut dire que la méthode Trump, si iconoclaste soit-elle,
15:15si brutale, elle fonctionne ?
15:16C'est complètement iconoclaste, mais là, au moins pour cette partie-là,
15:18ça a marché. Reconnaissons-le.
15:20J'ai été très dur tout à l'heure sur l'Ukraine,
15:23reconnaissons que ça a fonctionné,
15:25même si aujourd'hui, on est loin du compte,
15:28parce que le plus dur reste à faire.
15:29Qu'est-ce qu'il reste à faire ?
15:31Il reste essentiellement à mettre en œuvre une force de stabilisation
15:37sur l'enclave de Gaza, de préférence validée par le Conseil des Sécurités des Nations Unies.
15:43Il faut trouver les candidats, et il faut que ça vienne vite,
15:46parce qu'il faudra bien éviter que, s'il y a une action offensive du Hamas,
15:53voire d'Israël, sur la rupture du cessez-le-feu,
15:56il faudra bien qu'il y ait une force qui s'interpose.
15:58Cette force-là, il faut la créer.
16:00Est-ce que vous êtes optimiste, Jean-Yves Leclerc ?
16:02Parce que hier, le vice-président américain disait, lui, qu'il était optimiste.
16:06Oui, je pense que ça doit pouvoir avancer.
16:09Je remarque en particulier que ce plan et la méthodologie du plan,
16:13et les étapes du plan, sont très cohérentes avec le plan franco-saoudien,
16:19qui avait été exposé quelques jours avant aux Nations Unies par le président Macron.
16:23On retrouve des éléments, la force de stabilisation, il faut la faire vite,
16:26et puis l'autorité provisoire qu'il faut mettre en place pour assurer à la fois
16:31l'acheminement de l'aide humanitaire, pour assurer le redressement,
16:35le début de reconstruction, bref, c'est des chantiers énormes.
16:37Et à quelle échéance c'est crédible d'avoir ces avancées qui sont nécessaires, essentielles ?
16:42Il faut le faire le plus vite possible.
16:44Je crois que tout le monde y travaille, à commencer par les Européens et les Arabes,
16:47qui ont préparé aussi ensemble toute une série d'initiatives.
16:51Ils se sont vus en particulier à Charmelscher, lorsque le président Trump s'y est rendu.
16:55Vous savez, il y avait beaucoup de retard, et pendant ce retard-là,
16:57les Européens ont travaillé avec les Arabes et les pays musulmans
17:01pour définir comment la force pourra se mettre en place,
17:04et comment on va pouvoir mettre en place essentiel.
17:07Essentiel, à mon avis.
17:09Parce que ce plan a permis un déblocage, mais son application reste extrêmement difficile.
17:15Il faut donc de la volonté, de la détermination.
17:18Et puis je rajoute, dans ce plan-là, il y a aussi la démilitarisation du Hamas.
17:21L'avancée considérable de l'initiative franco-saoudienne a été d'obtenir des Arabes et des pays musulmans
17:29le fait qu'ils fassent pression sur le Hamas pour dire « c'est fini ».
17:33Je pense en particulier à la Turquie, au Qatar, à l'Indonésie, à d'autres pays de ce type.
17:37Mais on attend encore la concrétisation de ce point-là.
17:39Oui, mais réjouissons-nous quand même que nous sommes dans une phase où les massacres sont terminés
17:45et donc il faut préserver cet acquis de toutes nos forces.
17:49Et pas un mot, en revanche, sur la colonisation en Cisjordanie.
17:52C'est la grande oubliée de cet accord ?
17:54Ça fait partie des sujets à venir, mais je vous fais remarquer que dans l'accord de Trump,
17:59article 19, vers un État palestinien.
18:04Contrairement à ce qui avait été dit auparavant par le même Donald Trump.
18:07Au moment où la France et d'autres pays avaient annoncé leur reconnaissance d'un État palestinien.
18:11Et je vous rappelle aussi que, lors de l'Assemblée générale des Nations Unies,
18:15le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait été interdit de séjour
18:21et que c'est le même Mahmoud Abbas que le président Trump a salué,
18:25à qui il a fait la collade, à Sharm el-Sheikh.
18:27Bref, tout ça, c'est plutôt positif, mais maintenant il faut être d'une très grande vigilance,
18:31y compris d'ailleurs faire en sorte que le Premier ministre Netanyahou fasse le respect complet
18:38des engagements qui ont été pris.
18:41C'est fragile, mais il faut que la communauté internationale soit très vigilante
18:45pour que le résultat continue et que le plan se poursuive.
18:48Jean-Yves Le Drian, en France, le pays n'est pas encore sorti de la crise politique.
18:53Cette semaine, les députés ont commencé l'examen du budget.
18:56Vous qui avez pris de la distance, que dites-vous aux responsables politiques ?
19:02Parlez-vous ? Trouvez des compromis ?
19:04Je pense que le Premier ministre Sébastien Lecornu a raison.
19:07dans cette période de crise qui inquiète les Français de privilégier la stabilité des institutions
19:15et donc de faire en sorte qu'il y ait des concessions pour permettre cette stabilité.
19:22Donc c'était bien de suspendre la réforme des retraites, c'était une bonne chose.
19:25Et le 49-3, et l'abandon du 49-3.
19:27Il a trouvé les voies permettant une forme de stabilisation.
19:30Il a su parler aux socialistes ?
19:32Et les socialistes ont eu, je pense, le bon choix de se comporter en parti de gouvernement
19:42et de ne pas en rajouter dans l'approfondissement de la crise.
19:47Je pense qu'ils ont fait le choix qu'il fallait faire.
19:49Donc tout cela, j'espère, va permettre à notre pays d'avoir un budget
19:53et de retrouver un peu de stabilité en attendant l'échéance présidentielle.
19:56Mais au-delà de ça, ce que je constate, vous avez dit que j'ai pris un peu de recul, ce qui est vrai,
20:02ce que je constate, c'est quand même une grande défiance de la population
20:06à l'égard des responsables politiques, quasiment même des institutions,
20:10avec même parfois des doutes sur la démocratie.
20:13Et c'est ce qui me rend inquiet.
20:15Peut-être parce que le spectacle envoyé par la classe politique ces dernières semaines était affligeant.
20:18C'est ce que vous avez pensé ?
20:19Il y a ça et puis il y a plus profondément le fait qu'il y a, je crois,
20:24une forme de recherche de nouvelle légitimité démocratique.
20:29Il faut s'interroger sur la relégitimation démocratique de notre pays.
20:34J'observe que les maires sont très bien vus.
20:37Quand vous faites des sondages...
20:38C'est l'élu le plus populaire.
20:40Oui, en des codes de popularité, quelle que soit leur tendance,
20:43de respectabilité, de reconnaissance par nos concitoyens,
20:48qui sont tout à fait importantes.
20:51Et c'est très encourageant par rapport aux municipales qui vont avoir lieu.
20:54Peut-être parce qu'ils sont moins dans des logiques partisanes que les députés.
20:57Oui et non, parce que je vois bien dans les villes,
21:00il y a des débats dans les grandes villes, néanmoins,
21:02des débats parfois rudes, mais néanmoins les maires sont respectés.
21:05Je pense qu'il faut sortir d'une forme de verticalité de l'action publique,
21:11de l'action politique, du pouvoir.
21:13La verticalité, c'est ce qui caractérise Emmanuel Macron ?
21:15Oui, mais la verticalité, elle est en route depuis très longtemps.
21:19C'est une forme d'aboutissement,
21:21mais elle ne permet plus de légitimité à nouveau les responsables politiques.
21:27Et d'une manière plus générale, elle met en cause un peu la démocratie.
21:30Donc moi, je pense qu'il faut essayer la décentralisation.
21:34C'est un mot comme ça.
21:37La décentralisation, ce n'est pas uniquement une réforme organisationnelle,
21:43une réforme technique.
21:44C'est vraiment un choix de société.
21:45On n'a jamais vécu ça.
21:47Et donc du coup, tout se concentre sur l'État.
21:49Et après, évidemment, sur le Président de la République,
21:51responsable de tout, d'où une perte de responsabilité des acteurs.
21:55Et finalement, le sentiment pour les concitoyens, nos concitoyens,
21:58que tout leur échappe.
21:59Revenons à la décentralisation.
22:00Et j'observe que le Premier ministre, dans ses propos,
22:05a proposé, dans ses orientations, qu'il y ait un acte important de décentralisation.
22:10Je pense que c'est la solution.
22:11Donc, relégitimation.
22:13Ce n'est pas ce que fait le Président.
22:14Par ailleurs, vous disiez que c'était une bonne chose
22:15que Sébastien Lecornu ait décidé de suspendre la réforme des retraites.
22:18Emmanuel Macron, hier, depuis la Slovénie, a dit le contraire.
22:21Ce n'est ni une abrogation, ni une suspension,
22:23mais un décalage, a dit le Président.
22:26Est-ce qu'il complique la vie de son Premier ministre ?
22:28Et pourquoi ?
22:29Le Premier ministre a bien rétabli la situation hier à l'Assemblée.
22:33Donc, j'ai confiance dans Sébastien Lecornu pour mener à bien tout cela.
22:36Un Président ne devrait pas se mêler de politique nationale depuis l'étranger ?
22:40Les journalistes ne devraient pas poser des questions sur la situation nationale
22:44lorsqu'ils sont à l'étranger.
22:45C'est pareil.
22:46Emmanuel Macron a visiblement envie d'en parler.
22:48Jean-Yves Le Drian, comme tous les jours, c'est le moment de la question
22:50qui est à retrouver sur les réseaux sociaux de France Info ?
22:53Aujourd'hui, la question qui abîme.
22:55Un pays ingouvernable, on en parlait, un président décrié
22:58et un ancien président en prison.
23:00Un braquage spectaculaire en plein jour au musée du Louvre.
23:04Vous qui passez beaucoup de temps à l'étranger,
23:07est-ce que l'image de la France s'est considérablement abîmée ces derniers mois ?
23:11Moi, je ne partage pas ce pessimisme sur l'image de la France.
23:16Je pense que l'image de la France est nettement meilleure à l'étranger
23:19que les Français ont eux-mêmes l'image de leur propre pays.
23:23Écoutez, on a eu des Jeux Olympiques somptueux
23:25qui restent dans la mémoire de beaucoup d'acteurs au niveau international.
23:30Et puis là, vient de se terminer l'exposition universelle au Japon, à Osaka,
23:36qui a lieu tous les cinq ans.
23:37Figurez-vous que le pavillon qui était sans doute le plus fréquenté,
23:41c'était le pavillon de la France.
23:43Donc, je ne rentre pas dans ce pessimisme,
23:45même s'il faut que la France tienne ses institutions.
23:48Elle garde une aura, un prestige international réel.
23:52Regardez comment le président Macron a été applaudi
23:54à l'Assemblée générale des Nations Unies au mois de septembre,
23:57après ses déclarations.
23:58Bref, ce n'est pas aussi caricatural que ça.
24:01Vous côtoyez les dirigeants du monde entier.
24:03Est-ce qu'il y a une scène, une anecdote marquante avec Donald Trump
24:07que vous avez pu vivre ces derniers mois, ces dernières années,
24:09et que vous pourriez nous raconter ?
24:10Oui, il y en a plusieurs.
24:13Sur Trump, il y en a beaucoup.
24:14Mais il y en a une dont je me souviens plus particulièrement.
24:19C'est un...
24:20Deuxièmement, en 2018,
24:21où le président Macron m'avait demandé
24:22d'aller rencontrer de manière confidentielle
24:25le président Trump
24:26pour une question liée à l'Iran,
24:28qui était une question majeure,
24:29et qui nécessitait un échange direct.
24:32Et donc, une question lourde.
24:35Et je rentre dans le bureau ovale.
24:37Donc, on est en toute petite configuration.
24:39Et là, je vois le président Trump,
24:41avec qui je devais parler d'Iran,
24:44et j'étais un peu anxieux sur le sujet,
24:46me dire,
24:48je viens de signer
24:49un contrat
24:50de plus d'un milliard.
24:53Et je suis très content.
24:54Je dis, moi aussi, monsieur le président,
24:57je suis content pour vous.
24:58Et je vais vous donner mon stylo.
25:01Parce que ça vous permettra,
25:02à vous aussi,
25:02d'en signer d'autres.
25:03Le stylo avec lequel
25:04il vient de signer le contrat.
25:05Avec le stylo avec lequel...
25:07J'ai gardé le stylo,
25:07mais je n'ai pas signé de contrat depuis.
25:09Mais j'ai gardé le stylo.
25:10Merci beaucoup,
25:11Jean-Yves Ledrien,
25:12d'avoir répondu
25:12aux questions de France Info.
25:13Merci Aurélie.
25:14On se retrouve demain.
25:15A demain.
25:15Et vous restez avec nous.
25:16C'est tout de suite
25:17Les informer avec Renaud Deli.
25:18A tout de suite.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations

17:46