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  • il y a 2 jours
Le comédien incarne Meursault dans l’adaptation très réussie du roman d’Albert Camus par François Ozon, en salle ce mercredi 29 octobre. A 28 ans, il donne vie à l’écran de manière bluffante à ce personnage mythique de la littérature française. Entretien.

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Transcription
00:00Très, très bonne question.
00:03Oh là là, ces nouvelles ops ?
00:04Ouf, les mecs, bravo.
00:16Curieux, la certitude que les questions de Camus ne doivent pas forcément avoir de réponse
00:22et qu'elles permettent de nourrir des chemins de vie.
00:25La vie se passe sur une question, pourquoi faire ?
00:27Déjà, à la base, personne n'a la réponse.
00:28Commencer sur vouloir répondre à tout, ce n'est pas quelque chose que je trouve forcément intéressant
00:33et je trouve que chez Camus, ça a encore plus de sens.
00:35Et en plus de ça, l'écriture, elle est magnifique quand même.
00:37Elle est facile d'accéder, on ne peut avoir qu'une première lecture,
00:40mais en plus de ça, il y a une philosophie qui s'en dégage.
00:41Et en plus de ça, il y a tout ce que j'aime dans la vie, c'est l'observation des choses,
00:44les couleurs, la chaleur, les sens.
00:46Il y a beaucoup de sens, c'est sensuel chez Camus.
00:52Je n'ai pas été habitué à les savourer dans la vie de tous les jours,
00:56que ce soit des choses à regarder, des choses à comprendre.
00:58Il y a la phrase de Paul Valéry, qui est trop longue, je vais la raccourcir.
01:01« Rien n'est plus beau que ce qui n'existe pas ».
01:03Et je me suis dit, qu'est-ce que c'est utile pour le rôle, pour que l'œil devienne...
01:08Robert Bresson dit « l'œil éjaculateur ».
01:11C'est intéressant pour le rôle de Meursault, parce que si vous voyez un désert,
01:16vous allez voir le désert.
01:17Quand je jouais Meursault, je me demandais combien de personnes dans l'histoire de l'humanité
01:20ont marché dans ce désert.
01:21Chacun se dit ce qu'il pense, mais en tout cas, l'œil crée quelque chose.
01:24Et ça, ça a été assez éprouvant.
01:26C'est un vrai rôle de compo pour moi.
01:28Il a fallu que je me restreigne, il m'a fallu que je me retienne.
01:31De parler, d'extérioriser, je suis très extraverti.
01:34Pour le jeu, j'ai trouvé l'absurdité de Camus dans l'étranger comme solution,
01:39la société en elle-même.
01:41Je trouve que les autres, pour moi, ce n'était pas un enfer, c'est une solution.
01:43Évidemment qu'il y a une grande métaphore dans l'étranger.
01:50Si on nous scalpel, ce qui est intéressant, c'est de se dire, il ne veut jamais mentir,
01:54il ne mentira jamais, même qu'on lui demande de justifier d'un crime, en disant, là,
01:57si vous dites ça, vous vous en sortez comme ça.
01:59Il dit, non, parce que c'est faux.
02:01Et à la fin, quand on lui dit, bon, vous allez être condamné à mort, il dit, je crois
02:04que j'ai été heureux et je le suis encore.
02:06L'idée de ne pas avoir de regrets, je pense que c'est quand même pas mal, les mecs.
02:10Ne pas regretter, être droit dans ses bottes, c'est quand même un truc qui n'est pas mal.
02:13Être en adéquation entre son sentiment et ses valeurs, c'est pas mal.
02:19Très, très bonne question.
02:20La meilleure de la journée, bravo.
02:22Putain, je crois que je mets coupable.
02:24Fais chier.
02:25Fais chier parce que j'ai vraiment essayé de rendre le truc humain, quoi.
02:27C'est ça qui est dramatique, évidemment que je mets coupable.
02:29Mais ce qui est intéressant, c'est de contextualiser une époque pour pouvoir en reparler.
02:33Donc le mec tue un indigène, parce que les Arabes étaient considérés comme indigènes à l'époque,
02:37alors que c'était un département français, c'est ce qu'on appelle la communisation.
02:39Et on lui dit, tu sais, t'as-tu un Arabes, il y en a d'autres, il y en a plein.
02:43Tu vas prendre quatre jours à prison, tu ressors rapidement.
02:45Et quand on apprend qu'il n'a pas pleuré l'enterrement de sa mère,
02:47ça, ce n'est pas un crime, c'est un choix personnel.
02:50Chacun se démerde avec ce qu'il peut et ce qu'il veut comme émotion.
02:52On se rend compte qu'il a peut-être une âme criminelle.
02:55Ça, je pense qu'aujourd'hui, en tant que juré, je dirais, excusez-moi,
02:58arrêtez de parler de ça, daronne.
03:00Revenons sur le fait qu'il a buté un mec.
03:01Et là, je lis des textes sur la chirurgie médicale du Moyen-Âge.
03:09Là, on est sur les premières tentatives d'anesthésie complètement foirées,
03:13qui passent par la moelle osseuse et tout.
03:15Parce que je joue un scientifique et un médecin dans un film actuellement.
03:19Il y a les fleurs du mal de Baudelaire, quand même.
03:23Tu peux y aller, c'est comme les fraises d'Agada, c'est sans fin.
03:28Céline, c'est un bat-table pour moi.
03:31C'est un tout.
03:35Tout.
03:36Plutôt la fin.
03:38Non, non, non.
03:39Évidemment, le voyage, j'aime bien Guerre,
03:42mais tout n'est pas, dans l'ensemble, aussi puissant.
03:45C'est quand même très bien.
03:46Je suis très content de le jouer sur scène.
03:48Londres, je ne suis pas très fan.
03:49Même s'il y a le truc le plus intéressant, qui est hyper polémique aujourd'hui.
03:51C'est un médecin juif qui va lui apprendre sa grande passion, la médecine.
03:57Sa deuxième grande passion, l'antisémitisme.
03:59Le truc qui est hyper contradictoire, hyper violent, hyper intrasèque.
04:02C'est une description de l'être humain à la fois sublime et à la fois affreuse.
04:06Mais c'est trop confus et tout.
04:07Sur le table de chevet, c'est beaucoup.
04:09Mort à crédit.
04:09Je pense mort à crédit.
04:10Voilà, quand même.
04:11Le style de mort à crédit, il est intouchable, je pense.
04:16J'ai sauvé la troisième tentative.
04:18À la recherche du temps perdu.
04:20J'y arrive.
04:20Allez, mec.
04:21Il ne se passe rien.
04:21Deux tomes.
04:22Mais qu'est-ce que c'est long, quoi.
04:23Et tout le monde me dit, mais tu vas voir, c'est un autre organe.
04:25C'est comme si tu avais un foie en plus.
04:26J'adorerais l'idée d'avoir un foie en plus, quoi.
04:28Il y a des passages sublimes, sublimissimes.
04:31Mais putain, tout ce coltiné, je suis encore peut-être encore trop nerveux.
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