"Comme d'habitude" : «pas une minute au monde ou la chanson n'est pas jouée», souligne F.Lecoeuvre

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00:0011h30, 13h, Christine Kelly sur Europe 1.

00:05Et à 12h46 sur Europe 1, Christine, nous recevons Fabien Lecoeuvre, auteur du livre Nos années bonheurs, paru aux éditions Payard.

00:12Nous avons bonheur en chanson.

00:17Ça fait du bien au cœur, j'ai le cœur un peu plus léger là, parce que l'actualité est tellement lourde.

00:22Fabien Lecoeuvre, écrivain, chroniqueur, figure emblématique de la mémoire musicale française,

00:27spécialiste reconnu de la chanson populaire.

00:31Il explore depuis plus de 20 ans les coulisses de ses artistes mythiques et de leur plus grand succès.

00:36Alors vous sortez ce livre, nous sommes en avant-première, en exclusivité.

00:40Vous les auditeurs d'Europe 1, vous le voyez ? Est-ce que vous le voyez sur le livre ?

00:43Sur repart.fr, prouvez-le voir.

00:44Regardez-le bien, très coloré.

00:46Très coloré, Nos années bonheurs en chanson, aux éditions Payard, avec une jolie photo de Fabien Lecoeuvre en couverture.

00:54Et Fabien, alors, vous dites, vous dévoilez les dessous de trois chansons mythiques.

01:00Alors on a entendu, par exemple, qu'après c'est fini.

01:02Bah oui, 1965, tube de l'été 65, évidemment.

01:07Alors il faut savoir déjà, je dois vous dire Christine, que toutes les grandes chansons d'amour,

01:10et la plupart des chansons de cet ouvrage d'ailleurs, c'est toujours suite à des ruptures.

01:14Vous savez, ce n'est pas parce que, quand on est amoureux, on n'écrit pas de chansons d'amour.

01:18Très curieusement, oui, on écrit son bonheur, on chante sa joie.

01:20Mais le désespoir amoureux permet à donner naissance, en tout cas en France, à d'incroyables succès.

01:26Et vous en parliez, Capri et C'est Fini, c'est un des plus gros succès des années 60.

01:31Ça a vendu plus d'un million et demi d'exemplaires.

01:33Et c'est un mariage savant d'une chanson d'Aznavour qui disait

01:36C'est fini, c'est fini, c'est fini, en 1963.

01:38Et une affiche dans le métro.

01:39Oui, R.U. Villard qui a trouvé ce nom d'affiche dans le métro.

01:45Et ça a permis d'ouvrir une carrière incroyable.

01:47Parce qu'avant, il avait quand même fait trois disques qui n'avaient pas marché.

01:50Vous savez, il faut qu'un chanteur, pour faire un tube,

01:52c'est ce qui lance aussi la carrière d'un chanteur.

01:54C'est la chanson.

01:55Tant qu'un chanteur ne rencontre pas sa première chanson,

01:57il n'y a pas de carrière qui existe.

01:58Ah oui, et moi je tombe là.

02:00Où sont les femmes ?

02:01Bon, je ne sais pas si on l'a, de Patrick Juvet.

02:03Je tombe sur la page 259, mon exceptionnel.

02:06Par exemple, on a aussi, comme d'habitude, page 24.

02:10Alors là, on est encore au cœur des années 60.

02:13C'est une rupture amoureuse,

02:14puisqu'on connaissait sa liaison Claude-François avec France Gall,

02:16trois ans et demi.

02:18Elle le quitte, elle ne supporte plus le personnage,

02:20trop exigeant, trop autoritaire dans son couple.

02:23Elle le quitte pour un autre chanteur,

02:25qui est Julien Clerc, pour le rappeler.

02:27Ah oui, c'est comme ça.

02:28France Gall.

02:29Bien sûr, et après, elle quittera.

02:30J'apprends plein de choses.

02:31Et France Gall quittera, d'ailleurs, Julien Clerc.

02:33Après, c'est le livre.

02:34Et c'est rien, c'est une chanson française qui est devenue un tube mondial.

02:37Oui, alors que les Américains sont persuadés du contraire.

02:40Alors que c'est une vraie chanson française,

02:41mais c'est un coup de bol,

02:42parce que quand le père de Polanka,

02:45qui dirigeait Spanka Music pour son fils Polanka à l'époque,

02:48qui était une star aux Etats-Unis et dans le monde,

02:50il emmène trois chansons dans ses bagages.

02:52Il emmène Mon Fils,

02:53que Johnny Hallyday chantera quelques mois plus tard.

02:55Il emmènera aussi une autre chanson d'Hervé Villard,

03:01Les Anges du Matin.

03:02Et il emmènera Comme d'habitude.

03:03Et c'est comme d'habitude qu'elle a été choisie d'abord par Sinatra,

03:05pour mettre en quatrième de la phase B de son nouvel album.

03:10Et c'est comme ça que la chanson prendra une dimension à l'international.

03:12Parce qu'il n'y a pas une minute au monde,

03:14Christine, il n'y a pas une minute au monde

03:15où la chanson n'est pas jouée.

03:16Même à l'heure où on parle.

03:17Non, non, comme d'habitude.

03:19Bien sûr.

03:20C'est la chanson la plus jouée,

03:21c'est celle qui rapporte le plus de devises en France.

03:22Et c'est joué sur Europe 1.

03:23Et pour l'anégoïde, Christine,

03:25cette chanson a été battue,

03:27elle n'a pas été numéro un à la SACEM une année,

03:29parce que c'est Alizé en 2000,

03:31qui a vendu dans 161 pays.

03:33Lolita ?

03:34Lolita, exactement.

03:35C'est elle qui est passée devant, comme d'habitude,

03:37en 2001,

03:38comme chanson numéro un dans l'international.

03:39Vous me bluffez, je ne sais pas, en fait,

03:41pour que vous connaissez tout ça.

03:42C'est les chiffres qui me font sortir l'histoire.

03:43C'est incroyable.

03:45Alors, il est 5 heures,

03:47Paris s'éveille,

03:49Jacques Dutron,

03:491868.

03:53C'est une chanson,

03:54c'est une vraie chanson vécue par Dutron,

03:57avec Lanzmann, bien sûr,

03:58son grand parolier fétiche,

04:00qui a installé le personnage de Dutron,

04:01tant par le génie et les paroles, on va dire.

04:04Et la clou de traversière,

04:05elle n'était pas prévue au début de la chanson.

04:07Oui, c'est exactement ça.

04:09Elle a été rajoutée, justement,

04:10ce qui a donné le gimmick au titre,

04:12un peu comme dans

04:13Morgane de Toit,

04:15ou dans même

04:16d'autres chansons,

04:18c'est souvent un petit morceau de flûte,

04:19un petit morceau de violon,

04:20ou de guitare,

04:21ou de piano,

04:21qui donne le truc,

04:25comme Renaud avait fait,

04:26d'ailleurs,

04:26dans sa chanson,

04:28la chanson préférée des Français,

04:31culte,

04:31la plus chanson la plus jouée,

04:33Mistral Gagnant.

04:33Ah oui, Mistral Gagnant.

04:35Ah, incroyable.

04:36Éric Telner,

04:37je vous vois scotché.

04:38À base,

04:39Mistral Gagnant,

04:40ça me plonge dans mon adolescence.

04:41Oui, mais Éric,

04:42il faut savoir que

04:43quand on connaît l'histoire d'une chanson,

04:44souvent,

04:45on n'écoute plus la chanson

04:46de la même manière.

04:47Ah oui, j'ai d'accord.

04:47Ah, il voulait donc dire ça.

04:48Je me souviens quand David Hallyday

04:50a fait un énorme hit

04:51avec

04:52Si tu m'avais laissé le temps,

04:53par exemple.

04:54Tout le monde pensait à l'époque

04:54que c'était à propos de sa femme

04:56qu'il avait quittée pour Arthur,

04:57c'est-à-dire Estelle Lefebure,

04:58à l'époque,

04:59avec qui il était marié.

05:00Et pas du tout,

05:01il parlait de son grand-père,

05:01le papa de Sylvie Vartan,

05:02qui malheureusement est parti,

05:04définitivement,

05:05on va dire,

05:05en 1970.

05:06Et il avait 4 ans,

05:07il n'a pas eu le temps de lui dire

05:08tout ce qu'il voulait lui dire.

05:09Ce jour-là,

05:10page 27,

05:11dans le taxi qui le ramène à Paris,

05:12la voiture roule

05:13sur une avenue à Varsen,

05:16comme un garçon.

05:18Ça, c'est une histoire de taxi.

05:20Oui, encore une fois de plus,

05:21on arrive dans une époque,

05:22en 68,

05:23on est là où les femmes

05:25commencent à prendre

05:25une vraie place dans la société,

05:27et heureusement.

05:28Et donc,

05:29Debout avait commencé à observer ça

05:30parce qu'elles se coupaient

05:31les cheveux comme des garçons,

05:32etc.

05:33Elles faisaient de la moto,

05:33elles s'achetaient des combinaisons,

05:34des blousons de moto,

05:35ce qu'il n'y avait pas avant 68.

05:37Il y a eu cette révolution sexuelle importante,

05:39mais cette révolution aussi

05:39de la société,

05:40qui a été formidable en tout cas.

05:42La femme existe avant 68,

05:44quand même.

05:45Oui, non, non,

05:45mais bien sûr,

05:46je ne me permettrai pas

05:47de dire le plus vrai, évidemment.

05:48Gabriel Fuzel,

05:49la rebelle sur Europe 1 ce matin.

05:51Je m'y attendais.

05:51Xavier Lechev,

05:52en direct sur Europe 1

05:53avec son livre

05:54Nos années bonheur

05:55en chanson exceptionnelle.

05:56Donc, comme un garçon,

05:57on peut écouter peut-être

05:58un autre morceau

05:59d'Aventure en aventure.

06:00Ah oui.

06:00En aventure,

06:02en aventure,

06:04de train en train,

06:06de port en port,

06:07Derrière de magnifiques chansons

06:09se cachent parfois

06:10de véritables tragédies.

06:11Drames,

06:11oui,

06:11puisqu'il a perdu,

06:12évidemment sa compagne,

06:14qu'il allait épouser

06:15et qui était aussi

06:15la pianiste de Barbara,

06:16il faut le rappeler.

06:17Et donc,

06:18dans un tragique accident

06:19de voiture,

06:20son chauffeur

06:22et secrétaire

06:22qui était le frère

06:23d'Annie Comacias

06:23a été tué aussi

06:24dans cet accident,

06:25malheureusement,

06:26ainsi que la fiancée

06:27donc de Serge Lama.

06:28Et puis,

06:29c'est comme ça

06:29qu'il a fait cette chanson.

06:31Il a été le seul survivant

06:32de l'accident.

06:33Il a fait deux ans

06:34dans les hôpitaux,

06:35évidemment.

06:36Et oui,

06:37c'est toujours

06:38cette rupture amoureuse

06:39tragique et mortelle,

06:40en plus,

06:41qui donne naissance

06:42à des chefs-d'oeuvre.

06:43Voilà,

06:44on sait.

06:44Et lorsqu'on tombe amoureux,

06:45on ne fait pas de chanson,

06:46forcément.

06:47Très curieusement,

06:48non.

06:49Je pense que la souffrance

06:50pour un homme

06:51n'est pas la même

06:51que pour une femme.

06:52Et j'en avais parlé un jour

06:53avec Vladimir Kosma

06:54et on était d'accord.

06:56C'est-à-dire que...

06:57Laissez-le s'exprimer.

06:58Non, c'est-à-dire...

06:59Ici, c'est le matriarcat,

07:00il faut faire attention.

07:01Les blessures...

07:02Vous êtes bien en direct

07:04sur Europe 1.

07:05Vous avez bien le couvre.

07:05Non,

07:05les blessures

07:06ne sont pas vécues

07:07de la même manière.

07:08Elles peuvent être identiques

07:09parce qu'on y reste

07:10des êtres humains,

07:11hommes comme femmes,

07:11mais elles ne sont pas

07:12vécues de la même manière.

07:13Une femme se relève

07:14plus facilement

07:15d'un chagrin d'amour

07:16parce que les femmes

07:18sont plus fortes.

07:18Non, ça ne sépare.

07:19Ils se mettent tout de suite

07:20avec quelqu'un d'autre.

07:20On a arrêté,

07:21Fabien Leco.

07:22Je sors d'ici.

07:23Est-ce que je peux terminer

07:24ma phrase ?

07:25Les femmes,

07:25on ne s'est plus...

07:25Il y a un truc qui est vrai,

07:27c'est que les chants désespérés

07:29sont les chants les plus beaux.

07:30Ça, c'est...

07:30J'affirme que les femmes

07:33sont plus fortes que les hommes.

07:34Même dans les ruptures amoureuses.

07:36Plus courageux.

07:36Non, c'est très important.

07:37Elles ont plus de courage.

07:38Elles sont beaucoup plus fortes.

07:39C'est les femmes

07:39qui quittent en premier.

07:40C'est les femmes

07:40qui donnent la vie.

07:41Elles se débrassent

07:42plus facilement d'un chagrin

07:43alors qu'un homme

07:44peut avoir un chagrin d'amour

07:45toute sa vie.

07:46Et à ce moment-là,

07:47il va écrire des chansons

07:47exceptionnelles.

07:49C'est comme ça, mais c'est...

07:50Eric Tegner,

07:51il approuve.

07:52Il a parfaitement raison.

07:53Et l'homme prend plus de temps

07:54d'une certaine façon

07:55à rentrer dans la relation

07:56et à s'engager avec la femme.

07:57Et du coup,

07:57il prend beaucoup plus de temps

07:59à en sortir.

07:59La femme est plus forte.

08:00Il faut le rappeler.

08:01Humainement,

08:01elle est beaucoup plus forte.

08:02C'est elle qui donne la vie.

08:03N'oublions jamais ça.

08:04On a bientôt fini.

08:05Peut-être les Champs-Elysées ?

08:07Aux Champs-Elysées.

08:08Ah oui,

08:09Jodacin,

08:09c'est mon enfance.

08:11Grande, grande chanson.

08:12Eric Tegner n'était pas né,

08:13mais c'est pas grave.

08:15Grande chanson de Jodacin.

08:16C'est des grandes chansons.

08:18Exceptionnelles.

08:18Et il faut rappeler

08:18qu'il y avait des grands auteurs

08:20et des grands compositeurs

08:21dans ces 30 ans comme ça de tube.

08:24C'est hallucinant.

08:25Ils habillaient sur mesure les chanteurs.

08:27On savait que c'était

08:27le chanteur le plus américain

08:29des Français

08:29ou le plus français des Américains

08:30en tant que chanteur.

08:32Et à partir de là,

08:34il s'est mis à vendre énormément de disques

08:35parce que la France lui appartenait aussi.

08:38Il raconte bien.

08:39Joli cadeau à faire,

08:40à se faire.

08:41Nos années bonheur

08:42en chanson.

08:43Fabien Lecoeuvre

08:44chez Fayard.

08:46Et merci infiniment

08:47d'avoir donné un peu de légèreté.

08:49dans ce monde de brut.

08:51Plongé dans le monde de la chanson

08:53et dans l'univers de Fabien Lecoeuvre

08:55pour pouvoir traverser

08:56ces moments difficiles de l'actualité.

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