- il y a 5 semaines
Icône de la lutte libre française, Lise Legrand est devenue le 21 décembre 2024 la nouvelle présidente de la Fédération Française de Lutte et Disciplines Associées. Après une carrière exceptionnelle ponctuée notamment d'une médaille de bronze olympique en 2004 à Athènes, et de deux titres mondiaux en 1995 et 1997, elle va désormais pouvoir s'attacher au développement de sa Fédération.
Catégorie
🥇
SportTranscription
00:00Bonjour à toutes, bonjour à tous, bienvenue dans La Victoire est en elle.
00:21Votre émission est dédiée au sport féminin sur sport en France, sportives de haut niveau, aventurières, dirigeantes,
00:29suiveuses, toutes celles qui font le sport en vocation à se succéder dans ce studio.
00:35Un studio où nous avons l'immense plaisir aujourd'hui d'accueillir une dirigeante.
00:41Et oui, Lise Legrand, elle nous fait l'amitié d'être avec nous. Bonjour Lise.
00:44Bonjour.
00:45Comment allez-vous ?
00:46Très bien, parfait.
00:48Il est chaud ce studio dans tous les sens du terme.
00:51Oui, je me sens à la maison.
00:52Eh bien tant mieux. Il y a un an, Lise, quasiment en décembre dernier, vous deveniez la nouvelle présidente de la Fédération Française de Lutte et Disciplines Associées.
01:02Vous avez la particularité d'avoir été l'un des visages de votre discipline durant votre carrière de sportif de haut niveau.
01:09Vous avez été médaillé de bronze lors des JO d'Athènes.
01:14C'était en 2004, catégorie des moins de 63 kilos, de ce parcours, de ce rôle de dirigeante et de cette fonction.
01:22Il va être question pendant la prochaine demi-heure.
01:25Mais avant cela, j'aimerais qu'on apprenne à connaître un peu la personne qui se cache derrière cette fonction et ce parcours.
01:33Allez, deux, trois questions un peu, non pas impertinentes, mais différentes.
01:37Si vous étiez une ville, par exemple, olympique, par exemple, je ne sais pas, vous qui avez fait les JO à Athènes,
01:46est-ce que vous auriez un nom à me donner de ville que vous appréciez ?
01:52Alors, je n'irai pas sur une ville olympique, ni même une ville, parce que pour moi, je suis toujours attachée à mon territoire
02:00et je parlerais plutôt de la Côte d'Opale, du Pas-de-Calais, dont je suis issue et dont je vis encore là-bas.
02:09Et j'ai toujours eu à cœur d'être sportive de niveau ou dirigeante,
02:13mais de rester fidèle et fière de mes origines nordistes.
02:19Vous êtes fidèle à la lutte également.
02:21Mais si je vous demandais d'être une autre compétition ou discipline, vers quoi vous auriez pu vous diriger
02:29ou qu'est-ce que vous aimez dans certaines autres compétitions ou épreuves ?
02:35Alors, étant jeune, j'ai vraiment testé beaucoup de sport et j'ai vraiment compris que le sport collectif n'était pas pour moi
02:43parce qu'en fait, en général, on perd à cause des autres et on gagne grâce aux autres.
02:48Enfin, en tout cas, c'était ma perception des choses quand j'étais petite.
02:51On l'a déjà entendue sur ce plateau.
02:53Et donc, c'est vraiment la confrontation directe qui me plaît.
02:59Et c'est vrai que j'ai toujours en fait l'appétence de regarder les sports aux Jeux Olympiques
03:05parce que je ne connais pas tous les sports.
03:06Et étant un sport confidentiel, j'ai vraiment aussi à cœur d'avoir un coup de foudre avec d'autres disciplines.
03:15Et voilà, je me suis pris au jeu en fait lors des épreuves de tir ou de tir à l'arc.
03:21Voilà, j'ai vraiment aimé la façon dont la Fédération internationale avait animé les choses
03:27pour que le spectateur lambda puisse vivre la compétition avec l'athlète.
03:32Donc, le tir, tir à l'arc, ça vous a plu.
03:34Et si vous étiez une autre sportive, est-ce qu'elle viendrait du tir, du tir à l'arc ?
03:39Non, du tout. Moi, spontanément, je pense à Alice Mia.
03:43Alors, on en a beaucoup parlé en fait pendant les Jeux de Paris.
03:47Voilà, parce qu'on a fait un parallèle avec Pierre de Couvertin.
03:50Mais pour moi, c'est une femme inspirante parce que moi, on va dire que mon parcours de sportive de niveau
03:58a facilité en fait mon engagement associatif.
04:02Mais elle, elle est partie, je pense, de pas grand-chose.
04:06Et en fait, elle a réussi à défendre le sport au féminin.
04:12Et ça, je trouve que c'est admirable en fait de se battre et pour une cause en fait.
04:18Et ça, c'est pour moi un modèle vraiment très inspirant.
04:22Oui, très intéressant.
04:23En effet, Lise, pour revenir à vous désormais.
04:27Qu'est-ce qu'un an de dirigeante vous inspire versus un an d'athlète de haut niveau ?
04:37Est-ce que ça passe plus vite ? Est-ce que c'est plus dur ?
04:41Non, c'est vraiment pas du tout les mêmes sensations ou l'engagement.
04:46C'est vrai que quand j'étais athlète de haut niveau, j'avais aussi à cœur de porter en fait
04:50toutes les aspirations ou tous les soutiens en fait que j'ai pu avoir en tant qu'athlète.
04:56Et c'était vraiment une grosse pression.
04:58Et là, je me sens vraiment en tant que dirigeante portée en fait
05:01par la communauté de la Fédération de lutte et de discipline associée.
05:05Et non, c'est pas du tout les mêmes sensations.
05:08Je crois que quand on est sportif de haut niveau,
05:10il faut faire le deuil de ce qu'on a pu vivre en fait au quotidien
05:14parce qu'il y a eu beaucoup de pleurs, beaucoup de douleurs,
05:16beaucoup de souffrance, mais aussi beaucoup de réussite.
05:18Des pleurs aussi de joie à travers les médailles.
05:21Mais non, je ne peux pas comparer en fait mon parcours d'athlète
05:28à celui de dirigeante.
05:30Et moi, je me retourne toujours en arrière parce que je me dis,
05:34enfin, je n'oublie pas d'où je viens et ce que j'étais.
05:37Et j'étais une petite fille très timide.
05:40Et si on m'avait dit, on va dire 40 ans ou 30 ans en arrière,
05:44voilà, tu seras médaillée olympique, moi-même déjà médaillée mondiale,
05:47médaillée olympique et présidente de la fédération, je n'aurais jamais cru en ce destin.
05:53Et c'est pour ça que maintenant, j'affiche plus les ambitions.
05:57Et c'est quelque chose qui me porte aussi de dire, nous, on va y arriver,
06:00on va faire des médailles au jeu, on va réussir, on va augmenter nos licenciés.
06:04Enfin voilà, il y a une certaine volonté que je n'avais peut-être pas non plus
06:07en tant qu'athlète de haut niveau, où j'étais un peu plus, on va dire,
06:10dans la timidité en me disant, non, ça va me porter malheur, etc.
06:13Mais là, voilà, j'ai envie d'afficher les choses parce qu'il faut montrer un message positif.
06:19Et j'y crois en plus, en fait.
06:20Et donc là, il faut que je le fasse à travers aussi mes sportifs qui sont là pour gagner une médaille.
06:27On voit vos intentions, on voit vos points serrés.
06:29Voilà, sur ce plateau, il y a de l'action.
06:30En effet, avec vous, Lise Legrand, ancienne et bien troisième des JO 2004 à Athènes
06:37en lutte, présidente de la FFLDA qui est avec nous aujourd'hui dans la victoire et en elle.
06:42Lise, vous avez parlé de deuil, je vous paraphrase.
06:45Mais il y a quand même de la continuité dans cette forme d'action qui est la vôtre.
06:49De fait, je vous ramène à cette soirée du 21 décembre 2024, soirée d'élection comme présidente.
06:57Quelle était l'émotion qui prédominait à ce moment-là ?
07:01Vous qui deveniez la représentante en quelque sorte de l'enfant que vous avez été.
07:07Qu'est-ce que ça a amené chez vous comme réaction d'être un peu au sommet d'une pyramide ?
07:13En mettant les guillemets.
07:15Alors là, vraiment, j'ai eu des réflexes d'athlète de haut niveau.
07:19C'est-à-dire que j'ai pensé tout de suite à mes proches et à ceux qui m'ont incité à faire de la lutte,
07:24à mon premier club aussi.
07:26Voilà, j'ai pensé tout de suite à eux.
07:28Et ensuite, en fait, j'ai aussi raisonné en tant qu'athlète de haut niveau.
07:32Pour moi, ça ne reste qu'un point de départ.
07:34C'est-à-dire que quand on est athlète de haut niveau, moi, j'avais une compétition.
07:37Ce n'était pas qu'un match qu'il fallait que je gagne.
07:39C'était plusieurs.
07:39Donc, c'était step by step.
07:41Enfin, voilà, match par match.
07:42Enfin, nous, il y a déjà la pesée.
07:44Match par match.
07:44Donc là, effectivement, le premier round était passé.
07:48Mais tout est ouvert après, en fait.
07:50Ce n'est pas chouette, youpi.
07:53Et voilà, on ferme la porte.
07:54Là, on s'engage en fait sur un mandat de quatre ans.
07:57Donc, j'avais quand même un sens de la responsabilité aiguë.
08:00Et je n'avais pas forcément perçu toutes les difficultés que j'ai rencontrées
08:06et que je rencontre encore en tant que dirigeante au regard de la situation laissée par l'ancienne gouvernance.
08:14C'est quelque chose que vous aviez anticipé ?
08:16Ou il y a eu une situation dans les mois qui ont précédé
08:20qui vous a amené à prendre le taureau par les cornes, à vous présenter ?
08:25Ou c'est quelque chose qui, même en tant qu'athlète engagée, vous donnait à voir ?
08:30Vous aviez une perspective, un horizon de dirigeante quand vous étiez sur les tapis ?
08:35Alors, moi, j'ai toujours voulu donner ce que la lutte m'a apporté.
08:40Donc, quand j'ai arrêté ma carrière,
08:42alors c'était une évidence pour moi que je ne sois pas entraîneur.
08:47Ça, c'était clair.
08:48Donc, il fallait bien trouver un chemin, en fait, pour redonner ce que la lutte m'avait apporté.
08:55Et donc, je me suis tout de suite engagée, en fait, dans une responsabilité au sein de mon club
09:00et ensuite au sein du comité régional.
09:03Et c'est vrai que le statut d'athlète de haut niveau a attiré aussi mon ancien président,
09:11donc Jean-Michel Lebrun, président de la Fédération,
09:13qui m'a dit « Viens, en fait, au conseil d'administration ».
09:16Et il est vrai que j'étais encore athlète de haut niveau,
09:18mais j'y suis allée parce que quand je me suis engagée, je le fais.
09:23Mais par contre, je n'ai rien compris, moi, au départ.
09:25Je me suis dit « Ça peut être intéressant »
09:26parce que souvent, les athlètes sont quand même concentrés sur leur projet.
09:29Et en général, à la fédération, ça ne va jamais.
09:32Il y a toujours quelque chose.
09:33Enfin voilà, on ne paye pas assez.
09:35Voilà, c'est ça.
09:36On n'a pas assez de moyens, etc.
09:38Et voilà, ce côté, on va dire, obscur de la fédération m'intéressait.
09:42Mais c'est vrai qu'au départ, je ne comprenais rien du fonctionnement d'un associatif.
09:47Votre passé de lutteuse de haut niveau, on l'a dit,
09:48médaillé de bronze à Athènes en 2004,
09:51deux fois championne du monde, 95-97, il me semble,
09:55multiples championnes d'Europe.
09:57À quel point ce passé, il transpire aussi dans votre rôle aujourd'hui
10:02beaucoup plus institutionnel, de dirigeante ?
10:04Est-ce que vous avez cette envie d'être dans, pas d'une forme d'ingérence,
10:09mais d'être actrice de ce rôle, plus de représentation ?
10:12Comment vous vivez ce rôle avec ce passé ?
10:16Pleinement. En fait, pleinement.
10:17Je le vis vraiment pleinement parce que derrière moi,
10:21il y a des athlètes de haut niveau.
10:24La première chose à laquelle je pense,
10:27moi je dis des loulous parce que ça reste pour moi comme mes enfants.
10:32Je veux les accompagner au mieux pour qu'ils performent aux Jeux Olympiques,
10:36leur donner l'envie, les moyens en fait, parce que c'est une ambition forte
10:40de la fédération d'être présente déjà aux Jeux Olympiques de Los Angeles,
10:44de Brisbane aussi, il ne faut pas l'oublier parce que 4 ans, ça va vite,
10:47mais il faut préparer aussi la relève.
10:49Mais non, je suis dans un esprit vraiment, je suis entière dans l'engagement
10:53que j'ai pris et je suis aussi guerrière.
10:55Je ne lâche pas le morceau si facilement que ça.
11:00Après, j'ai des idées, mais en même temps, j'essaye aussi de m'entourer
11:05de gens compétents parce que Lise n'est pas compétente en tout.
11:11Elle a des appétences forcément sur le haut niveau,
11:13mais sur le développement, je m'appuie aussi sur mes vice-présidents
11:16qui sont en charge de ces dossiers.
11:18Moi, je suis là pour diriger, manager,
11:21quand même à travers aussi le projet politique de mener la barque.
11:25Lise, première version, a quitté les tapis il y a une vingtaine d'années.
11:29Qu'est-ce qui a changé dans la discipline en 20 ans ?
11:32Beaucoup de choses, en tout cas sur la lutte féminine.
11:36On voit des femmes de plus en plus agiles, à l'aise, physiques,
11:42un schéma technico-tactique beaucoup plus développé que le nôtre,
11:47une vitesse d'exécution incroyable, des pays émergents qu'on ne voyait pas forcément.
11:53En tout cas, on avait une lutteuse ou deux qui émergeaient.
11:56Mais là, on voit toutes des équipes sur le continent sud-américain
12:02ou sur l'Asie où là, ça cartonne.
12:05Mais voilà, c'est vraiment impressionnant de se rendre compte aussi
12:08que tous les pays se rendent compte de la valeur d'un titre olympique en lutte féminine.
12:14Donc chacun s'investit.
12:15Après, il y a des pays forcément réfractaires,
12:17en tout cas sur la pratique au féminin, on va dire comme ça.
12:22Mais en tout cas, on sent des pays qui ont envie de performer.
12:26Ma question était volontairement large.
12:28Vous l'avez recentrée sur le haut niveau, tout de suite.
12:30La pratique et la pratique féminine.
12:32Ça dit de votre engagement et des choses qui vous tiennent le plus à cœur.
12:38Quelle était la réalité du terrain ?
12:40Si on se focus il y a un an, un petit peu avant avec votre campagne,
12:43au moment où vous avez pris la main et quels sont devenus vos chevaux de bataille ?
12:48Quels étaient-ils ?
12:49Où est-ce que le cap a été mis ?
12:51Alors, on avait vraiment un projet qui a été construit vraiment sur quatre piliers.
12:56Mais c'est vrai que là, on reste focus notamment sur le haut niveau et le développement.
13:00Parce qu'en fait, bien sûr, le haut niveau, ça reste une vitrine pour notre fédération.
13:06Comme je le disais, on reste un sport confidentiel.
13:09En France, parce qu'aux États-Unis, par exemple,
13:12on est l'un des premiers sports universitaires pratiqués.
13:15Donc, en fait, il faut aussi avoir du recul sur notre situation franco-française.
13:22Et puis après, pour moi, il y a deux jambes.
13:26Et sur la partie développement, c'est quelque chose qui nous tient aussi à cœur.
13:30La professionnalisation aussi de notre discipline pour que les gens ainsi formés puissent aussi créer des clubs,
13:36des structures, accueillir mieux aussi les gens qui souhaiteraient en fait pratiquer la lutte et les disciplines associées.
13:43Puisque là, j'associe aussi, on a le gourène, donc une pratique bretonne, le sambo et puis le grappling.
13:50Vous évoquez la suite, probablement, et c'est cette forme de profession de foi qui a été la vôtre au moment de vous faire élire.
14:00Vous arrivez en déballant les cartons avec un record de licenciés.
14:05En janvier 2025, 32 000 licences éditées.
14:08Mais en lisant justement votre volonté et sur ce cycle qui vous amène en 2028, voire même 2032,
14:15vous vous projetez jusque-là justement, 50 000 licences.
14:18Quels leviers vous imaginez pouvoir avoir pour aller chercher déjà, c'est un record 32 000, aller chercher quasiment le double ?
14:28Oui, c'est un record, mais en même temps, l'objectif pour moi, il est tenable en fait.
14:34Déjà, premièrement, je pense que la professionnalisation déjà en fait,
14:40parce que la rémunération, des gens qualifiés ne peuvent qu'attirer en fait les gens au sein de nos structures.
14:46Ensuite, il nous faut avoir un maillage plus grand en fait sur les territoires,
14:51puisqu'en fait, on se rend compte que voilà, on est fort présent en fait sur les villes,
14:55mais sur, on va dire, les territoires ruraux, c'est un peu plus difficile.
14:58Mais sans personne qualifiée, on ne peut pas non plus ouvrir des salles de lutte.
15:03Donc en fait, c'est un cercle virtueux qu'on doit créer à travers en fait, ce que je vous disais,
15:07la formation et la professionnalisation.
15:09Parce que, on va dire, le modèle du bénévolat est aussi en crise.
15:14Et voilà, il faut qu'aussi on s'adapte et que chacun puisse trouver en fait une rémunération correcte
15:20à travers en fait un parcours de dirigeant ou d'encadrant en fait plutôt.
15:24Sur les succès actuels, il y a forcément l'élan global.
15:29On a reçu beaucoup de présidentes ici, post Paris 2024,
15:33un essor global du sport, tester les disciplines.
15:36Vous concernant, j'aimerais aborder un sujet qui est forcément évoqué en interne,
15:40une discipline en plein essor en France qui a été légalisée il y a un peu plus de 5 ans
15:45dans sa pratique dans l'Hexagone, vous me voyez venir, c'est le MMA.
15:49On entend beaucoup d'athlètes de haut niveau dans cette discipline, de combattants,
15:54avouer se nourrir de la lutte comme étant un socle à part entière de leurs apprentissages.
16:00Est-ce que cette manière de se nourrir du savoir-faire de la lutte,
16:04c'est aussi un de vos succès ? Est-ce que c'est ça qui attire un petit peu
16:08ou est-ce que je me projette un peu loin ?
16:10Non, mais pas que en fait.
16:12Voilà, l'essor du nombre de licenciés,
16:15la pratique du MMA en France a forcément joué en notre faveur
16:21puisque vous l'indiquez et à juste raison.
16:24la lutte reste le socle commun du MMA.
16:29Et un vecteur de beaucoup de succès.
16:30Oui, c'est ce qu'on me rapporte aussi, qu'il y a beaucoup de lutteurs
16:34et je pense aussi des lutteuses qui volent le graal peut-être au boxeur
16:41ou je ne sais pas trop parce que je suis de loin.
16:44Mais tout ça pour vous dire aussi que nous, notre fédération internationale
16:50a l'agrément du MMA amateur.
16:53Donc nous, on a un réel intérêt de vouloir accueillir aussi le MMA amateur
16:59au sein de notre fédération.
17:00Et ça va être aussi une demande que nous avons effectué,
17:03la demande auprès du ministère pour récupérer le MMA
17:06puisque la fédération de boxe ne souhaite plus accueillir en délégation ce sport.
17:12Après 2026, je crois, c'est ça ?
17:14Oui, c'est ça.
17:14Au terme de la délégation actuelle.
17:17Alors, sur Sport en France, et puis on arrêtera sur ce sujet
17:19si vous le voulez bien ensuite, on a une émission hebdomadaire
17:22qui s'appelle MMA Chill & Fight.
17:24Au printemps dernier, nous recevions Eren Agbo, champion de strict MMA
17:29en poids léger, combattant professionnel, issu de la lutte.
17:33Voici ce qu'il nous confiait pour évoquer son changement de discipline
17:37et je pense que sur le sujet professionnalisation, ça vous fera réagir.
17:40Je suis parti à la lutte une fois.
17:42Deux fois.
17:44Et il faut savoir que j'ai commencé à créer.
17:47J'ai commencé et direct, je me suis dit, je veux faire du MMA,
17:51je ne veux pas faire du grappling.
17:52Parce qu'au début, je faisais plus du grappling.
17:55Je me dis, je veux faire du MMA, je veux des caméras sur moi,
17:59je veux un truc qui va me faire réussir ma vie.
18:05Parce qu'en général, tu ne réussis pas ta vie quand tu fais du grappling.
18:08Le MMA, c'est le sport de combat qui est mis le plus en avant, on va dire, en France.
18:13Médiatiser.
18:14Voilà.
18:15Eh oui, médiatisation.
18:17Eren soulève quelque chose sur lequel j'aimerais vous entendre, présidente.
18:21avoir cette perspective économique.
18:25j'imagine qu'elle ne vous inquiète pas dans votre rôle de formatrice,
18:30pour la base, ce fameux socle, mais sur la fuite des talents, sur l'élite.
18:35Est-ce que ça, ces disciplines, structurées dans un format économique différent,
18:41est-ce que ça, ça peut vous effrayer en tant que dirigeante ou pas ?
18:45Non, je n'ai pas peur.
18:47Non, parce que je pense qu'on est complémentaires, en fait.
18:50Chacun trouve sa place.
18:52Et donc, celui qui veut avoir la lumière est aussi un type de combat.
18:57Parce que du MMA, ce n'est pas de la lutte, ni du grappling, ni du sambo.
19:01Mais voilà, je pense que c'est un peu comme sur n'importe quel sport.
19:06Enfin, chacun peut trouver sa place et son sport et sa discipline.
19:09Après, peu importe les motivations.
19:11Moi, je connais des gens qui vont me dire,
19:13mais non, moi, ce qui me fait vibrer, c'est d'entendre l'hymne.
19:15Parce que moi, c'est ce qui m'anime aussi,
19:18d'entendre l'hymne national de la France,
19:20représenter l'équipe de France.
19:21Enfin voilà, il y a des choses qui sont, comment dire,
19:29légitimes, en fait, pour tous, en fait.
19:30Et chacun, enfin, en tout cas, chaque parole peut s'entendre.
19:34Tout à fait.
19:35Et c'était important, je pense, d'entendre cet aspect complémentarité
19:39et qu'on pouvait se nourrir les uns des autres.
19:44Votre élite, justement, à vous, en lutte.
19:47Je ne vous rends évidemment pas comptable des résultats de Paris 2024,
19:50qui ont certainement été débriefés de votre côté,
19:54par vos staffs du haut niveau,
19:56avec quelques combats gagnés lors de ces JO de Paris 2024,
20:01ce qui n'était pas arrivé depuis 2012.
20:02Donc, j'imagine, c'est une bonne nouvelle.
20:04En revanche, vous revenez tout juste des Mondiaux 2025,
20:07qui ont eu lieu à Zagreb,
20:08avec une nouvelle médaille d'argent pour Ibrahim Ghanem.
20:11C'est votre vitrine, aujourd'hui, Ibrahim ?
20:14Oui.
20:14C'était dans les moins de 72 kilos, je rappelle, en greco-romaine.
20:16Je reviens sur votre présentation.
20:18Ce n'est jamais satisfaisant, en fait,
20:19de ne pas revenir avec une médaille aux Jeux Olympiques, en plus, chez soi.
20:22C'est assez frustrant, en fait, au regard des potentiels qu'on pouvait avoir et espérer.
20:27Donc, ça reste quand même, pour moi, quelque chose de marquant.
20:31Et c'est vraiment quelque chose que, en tout cas,
20:34avec la Direction Technique Nationale, qu'on ne veut pas reproduire.
20:36L'idée, c'est d'avoir les médailles.
20:38Alors, effectivement, on a des ambassadeurs,
20:40comme Ibrahim, ou Pauline, ou Tatiana, en fait.
20:44Pauline Le Carpentier.
20:45Pauline Le Carpentier, Combat La Roque.
20:47Donc, en libre aussi, avec Zéline, Rakim.
20:51Enfin, voilà, il y a vraiment de réels potentiels.
20:54Après, voilà, on sort effectivement des championnats du monde.
20:58Avec cette seule médaille, donc.
21:00Oui, voilà, c'est ça.
21:01Pour Ibrahim, il y a eu deux combats perdus pour le bronze, il me semble,
21:04avec Rakim, qui a été battu en moins de 86 kilos en lutte libre.
21:10Rakim Magamadov, évidemment.
21:11Et Pauline Le Carpentier, en moins de 72 kilos.
21:13Oui, alors, après, c'est un point de départ.
21:17C'est ce que je leur dis aussi.
21:18Parce que, moi, j'ai été championne du monde,
21:20mais ce que je retiens, c'est ma médaille olympique.
21:23Enfin, même les gens retiennent, en fait, la médaille olympique.
21:25Donc, effectivement, ça ne sert que de leçon.
21:29Voilà, pour moi, ça reste un point de départ pour eux,
21:32pour essayer de s'améliorer et de performer.
21:35Voilà, on a encore, on va dire, deux ans,
21:37puisqu'en fait, les qualifications olympiques auront lieu en 2027.
21:41Donc, voilà, il ne faut plus perdre de temps, en fait.
21:44Une délégation de 10 athlètes, à l'intérieur de celle-ci, seulement deux filles.
21:48Koumba a été blessé.
21:52Ça doit vous faire réagir, vous, l'ancienne championne de haut niveau.
21:56C'est un combat dans le combat.
21:58Oui, après, c'est vrai que là, on avait opté.
22:01Voilà, moi, ce que je veux, surtout sur le haut niveau,
22:04c'est que ça reste, enfin, ce n'est même pas du haut niveau,
22:06c'est de la haute performance.
22:07Donc, l'idée d'envoyer tout le monde pour envoyer tout le monde,
22:10ce n'est pas du tout dans mon tempérament.
22:12On envoie les meilleurs et celles ou ceux qui ont le potentiel pour performer.
22:17Déjà, ça, c'est un premier point.
22:19On n'est pas là pour visiter.
22:20Enfin, voilà, l'idée, c'est qu'on représente la France
22:23et on est là pour gagner.
22:25Donc, ça, c'est déjà un message, on va dire, positif.
22:29Après, on cible maintenant les catégories olympiques,
22:32parce que chez nous, en fait, on a des catégories non-olympiques
22:34et des catégories olympiques.
22:35Donc, là, l'idée, c'est de trouver, en fait,
22:39les meilleurs dans chaque catégorie olympique.
22:41Enfin, chaque, on va essayer.
22:43Après, sur le volet féminisation,
22:45il n'y a pas que le volet, en fait, sur la pratique féminine.
22:49Nous, on a aussi l'ambition de féminiser l'encadrement.
22:52Et ça, c'est aussi un enjeu fort pour nous.
22:55Des femmes comprennent des femmes.
22:58Enfin, voilà, il y a les hommes, voilà, ont toute leur place.
23:00Mais je pense qu'un peu plus de femmes au sein du staff technique
23:05peut apporter aussi, voilà, un plus, en fait, pour les pratiquants.
23:11Donc, voilà, il y a d'autres enjeux, en fait, que la vitrine, en fait, sportive.
23:16Vous avez suggéré la projection au-delà de Los Angeles 2028.
23:20Concrètement, sportivement parlant, quels objectifs vous avez,
23:26quels objectifs, au pluriel même, vous avez pour cette continuité LA
23:30slash Brisbane sportivement ?
23:33Est-ce que vous avez déjà des objectifs qui soient comptables
23:36ou en termes, je ne sais pas, de structuration ?
23:39Alors déjà, pour Los Angeles, c'est une médaille par style.
23:43Et là, on est vraiment…
23:45Ah oui, c'est ambitieux.
23:48Pourquoi être surpris ?
23:51Parce qu'on a le potentiel, donc je…
23:55C'est au moins, pour moi déjà, je vais rajouter encore une expression supplémentaire.
24:01Une médaille en greco, une médaille en libre.
24:03Et une médaille en féminine.
24:04Et une médaille en fibre.
24:05Voilà.
24:06D'accord.
24:06Pour Los Angeles, donc là, on est en train de travailler effectivement
24:11sur l'accession au niveau, parce qu'en fait, on doit rendre aussi notre copier
24:14au sein du ministère, en fait, pour travailler en fait sur cette relève.
24:19Et en fonction aussi du style, il y a des particularités,
24:21il y a des publics différents et des sensibilités différentes.
24:25Un vivier aussi de pratiquants différents sur le territoire français.
24:29On suivra ce maillage, ce développement sur sport en France.
24:32Évidemment, vous aurez toute votre place pour venir nous revoir
24:37et évoquer ces sujets de mise en place pour l'avenir.
24:41On a beaucoup regardé à l'horizon l'avenir et je pense que ça vous convient dans cette émission.
24:47On va regarder un peu dans le rétroviseur, si vous le voulez,
24:50avec notre rubrique Sacré-Championne.
24:52Sacré-Championne, avec notre sacré collègue Julie Caron, rédactrice en chef d'Eau féminin.
25:04Bonjour Julie !
25:05Bonjour Maxime et bonjour Lise.
25:07Du coup, je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui et de vous avoir écouté.
25:12Vous nous faites voyager, Julie, aujourd'hui et pas que dans le temps.
25:16En effet, aujourd'hui, je vous emmène au Sénégal et plus précisément en Casamance,
25:21la terre des rois, au sud du pays et donc encore plus précisément dans un petit village nommé Lampes.
25:27C'est là qu'est née Isabelle Sambou, une femme qui a bouleversé l'histoire de la lutte
25:32et pas seulement dans son pays mais bien sur tout le continent africain.
25:36En effet, la lutte chez elle, c'est une histoire de culture.
25:39Dans chaque village, les jeunes garçons s'affrontent dans le sable, sous le regard du public.
25:44Mais Isabelle, elle, elle refuse de rester spectatrice.
25:48Elle est forte, agile et ses frères le remarquent très vite.
25:53Et elle se lance donc à son tour dans la lutte.
25:56Et à 19 ans seulement, elle choisit la voie la plus difficile, la lutte olympique.
26:01Et là, c'est une ascension fulgurante.
26:03Neuf fois championne d'Afrique, championne du monde de lutte de plage.
26:07Et notre chef d'édition, Julien Perroné, me l'a fait remarquer avant le début de cette émission, Julie.
26:12Deux participations aux Jeux olympiques également.
26:15En effet, à Londres en 2012 et Rio, quatre ans plus tard.
26:19Et d'ailleurs, à Londres, elle frôle la médaille.
26:21Elle termine cinquième, un exploit pour le Sénégal.
26:25Un exploit qui lui vaut quatre ans plus tard au Brésil d'être désignée porte-drapeau de son pays lors de la cérémonie d'ouverture.
26:31Donc imaginez un peu la fierté de tout un pays.
26:34Mais au-delà de ses résultats sportifs, ce qui rend vraiment Isabelle Sambou exceptionnelle, à mes yeux, c'est son retour aux sources.
26:42Après avoir affronté les plus grandes championnes du monde, elle revient dans son petit village de Casamance pour former à son tour les petites filles du coin.
26:51Là où beaucoup de gens pensent encore que la lutte est une affaire d'hommes, elle a ouvert la voie.
26:56Elle prouve que les femmes aussi peuvent combattre et briller.
26:59Aujourd'hui, dans cette arène improvisée de Lampes, son petit village, on voit maintenant des jeunes filles de 10 ans, 12 ans, les yeux brillants,
27:07qui rêvent à leur tour d'être championnes, comme Tati Isabelle.
27:11Elle leur apprend d'ailleurs bien plus que des prises techniques de lutte.
27:15Elle leur transmet la confiance, le courage et surtout la certitude qu'elles ont le droit de lutter, au sens propre comme au sens figuré d'ailleurs.
27:23Alors oui, Isabelle Sambou n'a pas de médaille olympique autour du cou, mais elle a quelque chose de grand, un héritage qu'elle porte haut et fort,
27:32celui d'avoir démocratisé la lutte féminine en Afrique et celui aussi d'avoir transformé son combat personnel en une inspiration collective.
27:40Et d'ailleurs, d'ailleurs, Julie, le continent africain a obtenu à Tokyo sa première médaille olympique chez ces dames par l'intermédiaire de la Nigerienne Blessing Oborudou,
27:50qui a été vice-championne olympique de lutte libre en moins de 68 kilos.
27:54Super histoire, Julie.
27:55Merci.
27:56Quel parcours fait de passion, puis de transmission.
27:59Vous connaissiez la trajectoire un peu d'Isabelle ?
28:02Oui, bien sûr, Isabelle.
28:06Effectivement, ça reste un modèle aussi pour nous.
28:09Comme je le disais avec Alice Millat, c'est des parcours inspirants et qui se battent au quotidien pour la pratique féminine et pour nous, les femmes.
28:17Ça ne peut être qu'un waouh.
28:19Oui, clairement.
28:20On va rester, Julie, dans un autre combat.
28:24Pour votre photo de la semaine, je le mets avec des guillemets.
28:26En plus que vous avez suivi de l'intérieur, Veinard.
28:28En effet, je pense bien sûr pour cette semaine à l'équipe de France féminine de rugby.
28:33Les Bleus ont été battus par les All Blacks de Nouvelle-Zélande dans le match pour la médaille de bronze.
28:38Donc, c'était la Coupe du Monde de rugby.
28:40Mais même si elles n'ont pas réussi à se hisser sur le podium, elles ont quand même su nous rendre très fiers.
28:46Ah, clairement.
28:47On a passé un gros, gros week-end de sport à aller regarder et à pousser avec elles.
28:53Vous regardez un peu de rugby ?
28:55Oui, ça m'arrive.
28:56Après, des fois, j'ai un petit peu peur.
28:59C'est paradoxal, parce qu'on dit que tu es lutteuse, tu n'as pas peur de la confrontation.
29:03Mais parfois, j'ai un petit peu peur sur les chocs que peuvent avoir les hommes ou les femmes.
29:09Mais au-delà de ça, on voit que quand la pratique féminine est valorisée dans les médias,
29:15les gens, que ce soit hommes ou femmes, regardent le sport féminin.
29:18Ce n'est pas minoritaire, ce n'est pas nul, ce n'est pas en dessous de la pratique masculine.
29:22Voilà, c'est à part entière, on est là pour…
29:27Peu importe le sport, on peut être présente et avoir des jolis combats.
29:32Enfin, ce n'est même pas joli, en fait.
29:34On s'exprime à travers le sport et on a le droit, en fait, d'être là à notre place.
29:38Lise Legrand, présidente de la Fédération Française de Lutte et Disciplines Associées,
29:42était notre invitée dans cet opus de la victoire éternelle.
29:46Merci de nous avoir accompagnés, Lise, c'était un plaisir.
29:49Julie, vous revenez évidemment dès la semaine prochaine.
29:53On vous accueille avec grand plaisir sur ce plateau pour votre chronique.
29:57Merci aux équipes en régie autour de Nicolas Bayer, à la réalisation,
30:01Paul Lebrette, au son, Sandrine David,
30:04qui nous a permis de nous donner un ton un peu plus estival sur le visage.
30:08Restez connectés à sportenfrance.com
30:10et on se retrouve, nous, très vite, donc, pour un nouvel opus de LVEE.
30:15À très bientôt.
30:15Sous-titrage Société Radio-Canada
Recommandations
58:09
|
À suivre
30:02
6:06
1:02:11
13:52
2:34
15:26
3:54
1:27:59
4:10
17:55
4:54
47:47
54:05
Écris le tout premier commentaire