Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 semaines
Dans son édito du 19/10/2025, Jules Torres revient sur la crise politique en France.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Oui, en France, on a troqué les convictions contre les calculs.
00:03Résultat, on gouverne à la boussole du renoncement.
00:06La semaine l'a encore prouvé avec ce spectacle affligeant
00:08d'une classe politique prête à toutes les compromissions pour sauver ses sièges.
00:12Sébastien Lecornu propose de suspendre sa propre réforme des retraites,
00:16la seule promesse structurante du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
00:19Le parti socialiste, lui, joue les béquilles d'un pouvoir qu'il pourfend le matin
00:23et qu'il sauve le soir.
00:24Quant à la droite, cette droite la plus bête du monde,
00:26elle refuse de censurer un exécutif qu'elle éreinte à longueur de journée
00:30et qui s'apprête pourtant à ponctionner encore davantage les Français.
00:34Le tout, évidemment, au nom de la sacro-sainte stabilité.
00:37On se félicite de dialoguer, on appelle compromis,
00:40ce qui n'est qu'un calcul de survie.
00:42Le gouvernement ne réforme plus, il temporise, il cherche à durer.
00:45L'opposition ne s'oppose plus, elle se tait, elle ruse, elle attend.
00:49Droite et gauche rejouent l'UMPS, mais cette fois pour offrir un sursis à Emmanuel Macron.
00:53Et au milieu, les Français regardent ce théâtre d'ombre
00:56où plus personne n'ose dire ce qu'il pense,
00:59de peur de le payer dans les urnes.
01:00La politique, jadis affaire de conviction, est devenue gestion de la peur,
01:04peur de froisser, peur de perdre, peur d'assumer.
01:07Et le résultat est là, un pays à l'arrêt, en pleine crise de conviction,
01:10dirigé non plus par des hommes d'État,
01:12mais par des gestionnaires de leur propre peur.
01:14Mais Jules, vous nous dites que ces renoncements, ils ne sont pas récents.
01:17Non, ils ne sont absolument pas récents.
01:19Le renoncement ne date absolument pas d'hier.
01:21Il s'est inscrit au fil du temps comme une seconde nature politique française.
01:25Tout commence en 2005.
01:26Les Français votent non au traité constitutionnel européen.
01:2955% de non dans les urnes.
01:32Un message limpide.
01:33Et trois ans plus tard, le traité de Lisbonne reprend presque mot pour mot le même texte,
01:37adopté cette fois par le Parlement, sans repasser par le peuple.
01:40Ce jour-là, la France et les Français ont compris qu'un vote pouvait être annulé proprement
01:44au nom de la construction européenne.
01:46Mais le glissement avait déjà commencé bien avant avec Maastricht depuis l'euro.
01:51La France a accepté de céder ses frontières et de déléguer sa souveraineté monétaire.
01:55Depuis, elle ne décide plus de sa politique migratoire, plus de sa politique économique.
02:00Elle la négocie et Schengen n'a fait qu'enfoncer le clou.
02:03Chaque étape fut présentée comme un projet et un progrès européen.
02:06C'était en réalité une abdication déguisée, une lente cession de souveraineté au nom du rêve communautaire.
02:11Et à l'intérieur même du pays, le pouvoir politique s'est encore effrité.
02:15Le Conseil constitutionnel, pour n'en citer qu'un exemple, est devenu un contre-gouvernement permanent.
02:20Il censure, il oriente, il corrige le politique en quelques décennies.
02:23La France a abandonné ses leviers essentiels, sa monnaie, ses frontières, ses budgets et ses lois.
02:28À force de déléguer, elle s'est donc désarmée.
02:31Et quand tout le monde décide à notre place, plus personne n'est responsable.
02:34Voilà le vrai renoncement, c'est la démission de la souveraineté.
02:37Et vous, Jules, vous y voyez une forme de mépris du peuple.
02:40Oui, derrière ce renoncement permanent, il y a une conviction plus profonde.
02:44C'est la peur du peuple.
02:45C'est devenu une idéologie à part entière, ce qu'on pourrait appeler la populophobie.
02:50Cette idée que le peuple serait trop émotif, trop impulsif, trop dangereux pour être consulté.
02:55Alors on évite tout, plus de référendum, plus de dissolution, plus de prise de risque.
02:59Les dirigeants français gouvernent contre la colère, mais jamais avec le pays.
03:03La démocratie d'alors n'est plus qu'un débat, c'est une mise en scène.
03:07On décide sans le peuple, puis on prétend parler en son nom.
03:10Et les mêmes qui dénoncent le populisme, vous savez, fabriquent eux-mêmes les conditions de sa montée.
03:15À force de bafouer le vote, ils nourrissent la colère des Français.
03:18À force de redouter le peuple, ils en font un fantôme vengeur.
03:21Les chiffres le confirment.
03:22Selon le baron de maître annuel, Savipoff, de 2025, seuls 23% des Français font confiance au président, 27% au Premier ministre et seulement 24% à l'Assemblée nationale.
03:33C'est un effondrement moral avant d'être un effondrement politique.
03:37La populophobie, c'est la version mondaine, vous savez, du mépris social.
03:41Elle dit le peuple ne comprend pas, donc on ne lui parle pas.
03:44Mais c'est l'inverse en réalité.
03:45Ce sont nos dirigeants qui ne comprennent plus le peuple.
03:48Ils renforcent, ils tergiversent, ils renoncent, ils se cachent derrière les institutions pour ne plus assumer leur choix.
03:54Et quand le pouvoir n'écoute plus, il finit toujours par tomber de haut, non pas par la haine du peuple, mais par son indifférence.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations