- il y a 2 mois
Dans ce nouveau numéro du Samedi Politique, on laisse de côté les compromissions politiciennes pour plonger au cœur des enjeux stratégiques qui redessinent le monde.
En 2050, l'ONU prévoit que l'Afrique comptera 2,5 milliards d'habitants – un quart de la population mondiale ! Mais où en sont nos relations avec ce continent en pleine mutation ? Est-il devenu le nouveau terrain de jeu du clash entre l'Occident et les BRICS et autres puissances émergentes ?
À mes côtés, Charles Onana, docteur en Science Politique, auteur de "Comment l’Occident et la France ont perdu la main en Afrique" aux éditions de l’Artilleur (disponible ici https://boutiquetvl.fr/accueil/charles-onana-quand-l-afrique-bascule-pourquoi-les-africains-rejettent-la-france-et-l-occident).
Au programme :
• L'héritage controversé des opérations Serval et Barkhane : lutte anti-terroriste ou agenda caché de Paris ?
• La montée en puissance de la Russie via Wagner et la propagande anti-française au Mali – regard critique sur ces "mercenaires" et leur rôle.
• L'Union soviétique hier, la Russie et la Chine aujourd'hui : une nouvelle colonisation économique ou un partenariat équitable ?
• Les BRICS+ en force : pourquoi l'Éthiopie et l'Égypte rejoignent le bloc, et le voyage de Traoré à Moscou.
• Les faux pas français : de la clim de Kaboré en 2017 à la tournée de Macron en 2023, en passant par le soutien au Rwanda et les ingérences à la sauce Sarkozy en Côte d'Ivoire.
• La lassitude africaine face aux leçons occidentales : droit international à géométrie variable, démocratie en crise, et le boom démographique comme défi majeur.
• Verdict : rupture totale avec l'Europe ? L'Afrique, proxy du "Grand Game mondial", ou renaissance souveraine ?
Et vous, qu'en pensez-vous ? ✍🏼 Dîtes-le dans les commentaires ! Et bien sûr, cliquez sur le pouce en l’air 👍🏼 et la cloche pour vous abonner 🔔 et envoyez cette vidéo à vos amis pour qu’ils s’abonnent à TVL pour accélérer le chemin vers le million !
En 2050, l'ONU prévoit que l'Afrique comptera 2,5 milliards d'habitants – un quart de la population mondiale ! Mais où en sont nos relations avec ce continent en pleine mutation ? Est-il devenu le nouveau terrain de jeu du clash entre l'Occident et les BRICS et autres puissances émergentes ?
À mes côtés, Charles Onana, docteur en Science Politique, auteur de "Comment l’Occident et la France ont perdu la main en Afrique" aux éditions de l’Artilleur (disponible ici https://boutiquetvl.fr/accueil/charles-onana-quand-l-afrique-bascule-pourquoi-les-africains-rejettent-la-france-et-l-occident).
Au programme :
• L'héritage controversé des opérations Serval et Barkhane : lutte anti-terroriste ou agenda caché de Paris ?
• La montée en puissance de la Russie via Wagner et la propagande anti-française au Mali – regard critique sur ces "mercenaires" et leur rôle.
• L'Union soviétique hier, la Russie et la Chine aujourd'hui : une nouvelle colonisation économique ou un partenariat équitable ?
• Les BRICS+ en force : pourquoi l'Éthiopie et l'Égypte rejoignent le bloc, et le voyage de Traoré à Moscou.
• Les faux pas français : de la clim de Kaboré en 2017 à la tournée de Macron en 2023, en passant par le soutien au Rwanda et les ingérences à la sauce Sarkozy en Côte d'Ivoire.
• La lassitude africaine face aux leçons occidentales : droit international à géométrie variable, démocratie en crise, et le boom démographique comme défi majeur.
• Verdict : rupture totale avec l'Europe ? L'Afrique, proxy du "Grand Game mondial", ou renaissance souveraine ?
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NewsTranscription
00:00:00Cinq, quatre, mercredi, trois, ne manquez pas, deux, notre nouvelle émission, un, alerte général !
00:00:30Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour cette nouvelle émission.
00:00:41Une fois encore cette semaine, on va laisser de côté les affaires de Gamellard
00:00:44pour se concentrer plutôt sur les vraies questions de stratégie et de prospectives qui secouent notre planète.
00:00:50En 2050, l'ONU prévoit que l'Afrique comptera 2,5 milliards d'habitants, c'est un quart de la population mondiale.
00:01:00Alors, où en sont les relations avec cette zone, les relations de la France, les relations de l'Union européenne, des États-Unis ?
00:01:07Nous allons voir tout de suite, est-ce que le continent africain est en passe de devenir un nouveau proxy de cette guerre entre l'Occident et le Grand Sud ?
00:01:15Nous allons interroger tous ces points dans quelques instants.
00:01:18Mais avant, chers amis, un petit message crucial, j'ai besoin de vous pour le succès de cette émission.
00:01:23Alors, pensez bien sûr à cliquer sur le pouce en l'air, ça la propulse bien entendu.
00:01:27Pensez également à faire vos commentaires, vos suggestions, posez vos questions, juste en dessous dans les commentaires, puisque j'y réponds.
00:01:34Et puis surtout, pensez à relayer cette vidéo.
00:01:37Si chacun d'entre vous envoie ne serait-ce qu'à trois personnes ce lien,
00:01:41eh bien forcément, la progression va être incommensurable et nous attendra bientôt le million d'abonnés sur cette chaîne.
00:01:48– A tout de suite.
00:01:48– Et à mes côtés pour cette émission, Charlo Nana, bonjour monsieur.
00:02:03– Bonjour.
00:02:03– Merci beaucoup d'être revenu dans le samedi politique.
00:02:06Vous avez écrit de très nombreux ouvrages, bien sûr sur le Rwanda et l'opération turquoise.
00:02:10Mais voici le dernier, quand l'Afrique bascule, comment l'Occident et la France ont perdu la main en Afrique ?
00:02:16C'est aux éditions de l'Artilleur.
00:02:19Alors Charlo Nana, ces dernières années, tout particulièrement depuis le rejet de l'armée française
00:02:23avec la fin de l'opération Barkhane, on assiste à une transformation des influences du territoire africain.
00:02:31Peut-être pour commencer, comment jugez-vous, vous, l'action de l'armée française dans le Sahel avec ses opérations ?
00:02:37– Eh bien, l'attitude de l'armée française, on a envoyé, moi je dirais tout simplement
00:02:43qu'on a envoyé un peu l'armée française au casse-pipe dans la zone sahélienne
00:02:48puisque cette zone sahélienne, l'explosion du djihadisme a été organisée.
00:02:53On aura l'occasion de revenir en profondeur là-dessus par l'attaque de Nicolas Sarkozy contre la Libye.
00:02:59Et ça a créé une telle situation de désordre et de chaos que tous ces pays
00:03:05qui étaient relativement organisés, même s'il y avait beaucoup de défaillances,
00:03:10eh bien se sont retrouvés en proie à une forme de violence terroriste et djihadiste
00:03:15qu'ils n'avaient jamais connue auparavant.
00:03:17Et donc, l'armée française s'est retrouvée envoyée, je dirais, dans ce chaudron
00:03:23sans réflexion politique et stratégique sérieuse.
00:03:28Eh bien, évidemment, ce qui est arrivé par la suite avec les prises de position publiques
00:03:33de M. Macron n'ont que conduit au départ, mais je dirais, inéluctable
00:03:40de l'armée française de ces territoires.
00:03:42– Alors, vous l'avez dit, l'intervention en Libye sous Nicolas Sarkozy
00:03:46a mis le feu aux poudres du continent africain, bien entendu.
00:03:49Ça a donné lieu à une émergence du terrorisme particulièrement importante.
00:03:52Pour autant, on a le sentiment, quand on vous lit, que le terrorisme est aussi
00:03:56un peu une bonne excuse pour la France d'aller sur ces territoires.
00:04:01– Absolument, pourquoi ? D'ailleurs, parce que la première décision de M. Sarkozy
00:04:06ou l'argument public que M. Sarkozy avait utilisé, c'était de dire
00:04:10qu'en fait, le colonel Kadhafi menaçait d'exterminer ses populations.
00:04:15Il se trouve que le même Nicolas Sarkozy avait rencontré,
00:04:19avait discuté, négocié avec M. Kadhafi quelques temps auparavant
00:04:24pour la libération des infirmières bulgares.
00:04:26On a vu par la suite que le même Nicolas Sarkozy a invité le colonel Kadhafi
00:04:31en France en 2007.
00:04:33Et puis, soudain, eh bien, cet allié ou cet ami est devenu infréquentable.
00:04:40Et il a décidé d'attaquer.
00:04:41Et évidemment, comme vous le dites, ça a mis le feu aux poudres.
00:04:44Mais tout n'a pas commencé à ce moment-là.
00:04:47Il y a eu, lorsque M. Sarkozy est arrivé, il a dit effectivement
00:04:51que ça en était fini des relations paternalistes entre la France et l'Afrique
00:04:57et qu'on allait voir ce qu'on allait voir.
00:04:59Et finalement, on a vu sa première déclaration à Dakar,
00:05:02où il est allé dire à Dakar que l'Afrique n'est pas rentrée dans l'histoire.
00:05:07Ce qui a provoqué un choc terrible, surtout au Sénégal,
00:05:10qui est quand même connu pour avoir eu un académicien français
00:05:14en la personne du président Léopold Sédar Senghor
00:05:18et qui a en plus été le premier lieu où s'est déroulée la bataille
00:05:23entre la France libre du général de Gaulle et les forces de M. Pétain
00:05:29pour la prise du port de Dakar en septembre 1940.
00:05:33Quand vous allez, en vous disant gaulliste, sur ce territoire-là
00:05:37pour dire que l'Afrique n'est pas rentrée dans l'histoire,
00:05:39alors que c'est à cet endroit précisément
00:05:41que le général de Gaulle a pu recruter les tirailleurs sénégalais
00:05:45qui sont venus se battre en France pour la résistance
00:05:48et la libération de la France,
00:05:50eh bien tout le monde a eu l'impression
00:05:52que M. Sarkozy affichait une inculture terrible
00:05:57sur les relations entre la France et l'Afrique.
00:06:01Et donc ce discours a été un tournant dans cette affaire-là,
00:06:06mais l'affaire de la Libye et de la Côte d'Ivoire
00:06:08n'ont fait qu'exacerber, évidemment, ce qui pouvait déjà constituer
00:06:13un malaise profond dans les relations franco-africaines.
00:06:16– On reviendra un petit peu plus tard sur cette question
00:06:18justement de la Côte d'Ivoire et de Nicolas Sarkozy.
00:06:21Je voudrais rester sur la question de l'armée française.
00:06:23On l'a vu, cette armée française est donc partie du Sahel en 2022,
00:06:27sous l'ère Macron, bien entendu, mais l'essentiel s'est déroulé
00:06:30sous l'ère de François Hollande, puisque ça a commencé
00:06:32avec Serval en 2013 et juste ensuite Barkhane a pris la suite jusqu'en 2022.
00:06:40Est-ce que vous avez le sentiment
00:06:41qu'en réalité l'armée française n'a pas eu les bons ordres
00:06:48pour agir sur le terrain ?
00:06:50– Écoutez, si on prend tout simplement déjà le cas de Serval
00:06:55que vous évoquiez tout à l'heure, je pense que M. François Hollande,
00:06:59quand il est arrivé, il a dit qu'effectivement la France allait faire
00:07:02le maximum pour pouvoir aider la République centrafricaine
00:07:06à sortir du chaos, parce qu'il y avait une situation
00:07:08de guerre civile atroce dans le pays.
00:07:11Et très rapidement, les forces françaises ont été déployées sur place.
00:07:17Il y a eu un certain nombre de militaires, d'officiers supérieurs
00:07:21de l'armée française, je pense à quelqu'un comme le général Desportes,
00:07:24qui disaient que la situation était telle, tellement compliquée,
00:07:28tellement difficile, que les moyens militaires mis en place,
00:07:31il y avait à peu près 1 600, 1 700 soldats qui étaient sur place
00:07:35pour réussir à gérer une situation qui était chaotique.
00:07:40Donc les moyens n'étaient pas du tout suffisants.
00:07:43Et le général Desportes a alerté en disant,
00:07:46soit l'armée française se retire un peu,
00:07:50ce qui va apporter aussi d'une certaine façon préjudice à son image,
00:07:54soit on renforce les moyens militaires qui vont permettre de faire son travail.
00:08:00Eh bien, il n'a pas été entendu.
00:08:03M. Le Drian a fait savoir que l'opération s'est passée très très bien,
00:08:11Sangharie s'est passée très bien.
00:08:13Il y a eu effectivement beaucoup d'argent mis par le contribuable français
00:08:16dans cette mission, ce qui aurait quand même été intéressant
00:08:19pour la Cour des comptes, de vérifier effectivement où est passé cet argent,
00:08:23comment ça a été utilisé par rapport à la réalité du terrain.
00:08:27Deuxième élément, c'est que M. Hollande, du jour au lendemain,
00:08:33il dit que l'armée française va se retirer,
00:08:36sans bien comprendre pourquoi,
00:08:37alors que peu de temps avant cela,
00:08:41il y avait eu un député de l'UMP,
00:08:45mais je crois que c'était M. Yves Romion,
00:08:47qui était parti sur place.
00:08:49Il a fait un rapport, une note de cinq pages,
00:08:51qu'il avait remis au responsable de l'UMP,
00:08:54en disant que, en allant dans le même sens que ce que disait le général Desportes,
00:08:58c'est-à-dire que l'armée française n'était pas en capacité
00:09:01de s'interposer efficacement,
00:09:05même si elle arrivait à Bangui à essayer d'atténuer l'impact des combats,
00:09:11mais que sur le plan général, global, sur le territoire,
00:09:13c'était très compliqué à faire,
00:09:15et qu'il fallait avoir une pensée beaucoup plus sérieuse.
00:09:18Il a même dit que, je reprends les termes du député français,
00:09:22il a dit que le président de la République a envoyé les troupes françaises
00:09:27dans une mission impossible, qui était impossible à réaliser.
00:09:30Eh bien, pour M. Le Drian encore,
00:09:34qui passait son temps à faire plus de communication politique
00:09:39qu'à affronter la réalité qui était sur le terrain,
00:09:44eh bien, il a dit que non, à défaut d'être une situation catastrophique,
00:09:48c'est quand même une situation satisfaisante.
00:09:50C'était ses propos.
00:09:51Et finalement, en 2016, on voit la République centrafricaine
00:09:55qui demande, cette fois à l'Union européenne,
00:09:58qui a participé à la formation d'un certain nombre de militaires centrafricains,
00:10:01d'intervenir, d'apporter un soutien pour pouvoir mettre un terme au chaos.
00:10:08Eh bien, il n'y a pas eu de réponse.
00:10:10Et je crois que c'était d'ailleurs,
00:10:12en plus c'était le ministre de la Défense centrafricain d'abord,
00:10:15qui était un militant socialiste et qui était très proche de François Hollande,
00:10:19le ministre de la Défense centrafricain,
00:10:22qui a écrit au général de la force de l'Union européenne
00:10:26pour lui demander ce soutien.
00:10:27Pas de réponse.
00:10:28Le président Touadéra lui-même a écrit à Mme Mogherini,
00:10:33qui était la représentante de l'Union européenne,
00:10:36sur les questions des affaires étrangères.
00:10:37Eh bien, pas de réponse.
00:10:39Eh bien, qu'est-ce qui s'est passé en 2016, évidemment ?
00:10:44M. Hollande a dit que, bon, écoutez, les toutes françaises vont se retirer.
00:10:48Eh bien, on se retire, on lui dit, non,
00:10:50mais c'est quand même pas normal que la France se retire dans ces conditions.
00:10:54Vous avez un allié ou un partenaire que vous semblez apprécier
00:10:57qui est en grande difficulté et vous laissez le bateau couler en haute mer.
00:11:02– Concrètement, ça aurait été plus intelligent de ne pas y aller.
00:11:04– Exactement.
00:11:06Bon, alors, donc là, vous avez deux messages qui sont totalement contradictoires.
00:11:10Un premier message qui dit, on va venir vous aider à résoudre le problème.
00:11:14Et quand on arrive sur le terrain, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de difficultés.
00:11:17Et sous-entendu, on n'a pas assez réfléchi aux difficultés qu'on allait rencontrer.
00:11:21Eh bien, on décide de se retirer comme ça, comme quelqu'un qui…
00:11:26un vendeur à la sauvette.
00:11:28Eh bien, lorsque la France quitte la République centrafricaine,
00:11:33qu'est-ce qui se passe ?
00:11:33Eh bien, lors de la conférence de Sochi,
00:11:36eh bien, les centrafricains se retournent tout naturellement vers la Russie.
00:11:39Et la Russie qui accepte de venir s'installer tranquillement
00:11:42sur ce territoire à la place des officiers français.
00:11:46– Alors justement, vous faites très bien le lien avec la vidéo
00:11:48que je voulais vous montrer parce que j'ai écouté les propos du directeur
00:11:51du programme de la fondation allemande, Adenauer, du programme OSAEL.
00:11:56Je vous propose de l'écouter tout de suite.
00:11:57Et là, il parle du Mali.
00:11:59– Les Maliens voulaient se faire livrer de vraies armes
00:12:01et demander des renforts pour les accompagner sur le front.
00:12:04L'Europe s'opposait à ce que les troupes s'entraînent avec de véritables armes.
00:12:08Je me souviens d'une formation de l'infanterie pour les soldats maliens.
00:12:12Ils ont dû prendre des branches d'arbres ou des fusils en bois pour simuler les combats.
00:12:16Les Russes ont dit très clairement, c'est n'importe quoi.
00:12:19Nous sommes les interlocuteurs qu'il vous faut.
00:12:21Avec nous, vous pourrez aller au front.
00:12:22La Russie a fait ce que l'Occident refusait de faire.
00:12:25– Alors là encore, on a l'impression que la configuration que vous venez de nous expliquer
00:12:35pour la République centrafricaine est un peu la même que celle qui s'est déroulée au Mali,
00:12:38c'est-à-dire une présence de l'armée française sous-dimensionnée
00:12:42par rapport aux défis qu'il devait affronter.
00:12:44– Bien entendu, mais on a là exactement le même schéma.
00:12:49Et d'ailleurs, et c'est pour cette raison que moi j'ai beaucoup critiqué dans le livre
00:12:53ce qu'a essayé de dire M. Macron en parlant de sentiments anti-français.
00:12:58Il n'y a pas de sentiments anti-français là-bas.
00:12:59Le problème, c'est que quand on vous demande, vous dites vous-même que vous êtes un allié des pays du Sahel,
00:13:05donc il n'y a pas de contestation sur le fait que le Mali, le Burkina Faso, le Niger
00:13:10étaient des alliés privilégiés de la France et que la France était le pays privilégié par ces pays-là,
00:13:17eh bien quand vous avez une difficulté comme celle-là qui est de régler le problème du terrorisme
00:13:22et qui a été créée par le président Nicolas Sarkozy, il faut le rappeler,
00:13:25eh bien la meilleure attitude d'ailleurs, c'est ce qui a commencé, que ce soit avec Serval,
00:13:30que ce soit par la suite avec Barkhane, et la création du G5 Sahel
00:13:35rentrait dans cette configuration de coopération entre les troupes françaises et les troupes de ces pays-là.
00:13:41Mais lorsque M. Hollande décide de quitter le navire dans les conditions que l'on sait,
00:13:47eh bien ces pays n'avaient pas d'autre choix que de se tourner vers la Russie
00:13:52qui est venue de façon avec beaucoup d'opportunisme, évidemment, pour les Russes,
00:13:57c'était d'occuper un terrain qui était libéré.
00:13:59Et les Russes étant déjà bien installés en République centrafricaine,
00:14:03eh bien ils ont considéré comme un cadeau remarquable que leur donnait la France
00:14:09de s'installer dans les pays du Sahel.
00:14:12– On a le sentiment vraiment que les failles de la France ont vraiment été exploitées à fond
00:14:16par la Russie sur ces territoires, et tout particulièrement aussi
00:14:20dans une forme de soft power, et je vous propose tout de suite
00:14:23qu'on regarde une vidéo qui a beaucoup circulé sur les réseaux
00:14:26pour dénigrer globalement l'armée française.
00:14:28– La France va de nouveau reconquire l'Afrique.
00:14:33– Nous sommes les démons de Macron.
00:14:36Maintenant c'est notre pays.
00:14:38– Ils sont en bleu, je n'ai plus de munitions.
00:14:48– Ils sont en bleu, je n'ai plus de munitions.
00:14:48– Je suis de volonté, je n'ai plus de munitions.
00:14:59Je t'apprends pas, c'est la France.
00:15:08– Qu'est-ce que vous avez eu leения ?
00:15:10– Je ne sais pas pas tonner.
00:15:12– Ils nous ont dufoulis et l'enferme, c'estか carrément que ça n'est pas
00:15:15même eu le temps.
00:15:16Je ne suis pas un grand.
00:15:18– Merci. – Heureux bébé, mon ami.
00:15:30– Bon là, vous en conviendrez, on n'est pas sûr de la propagande
00:15:33cousu main, fine et délicate, mais le message est assez clair,
00:15:39les Russes viennent quasiment libérer l'Afrique,
00:15:41non pas seulement du terrorisme, mais du jou de l'armée française.
00:15:45– Exactement, et d'ailleurs, moi je dirais que c'est de bonne guerre,
00:15:48pourquoi ? Parce que, contrairement à ce qu'on dit beaucoup
00:15:51de responsables français, tout n'a pas commencé par la propagande russe.
00:15:57Ce qui a commencé, c'est une énorme propagande des dirigeants français
00:16:02sur la présence de Wagner en Afrique.
00:16:05C'est-à-dire qu'on a donné l'impression, évidemment Wagner,
00:16:08c'était une entreprise paramilitaire qui n'a pas l'éthique
00:16:14que peuvent avoir, par exemple, les soldats russes, de l'armée russe.
00:16:20– Ou des soldats français, de fait.
00:16:21– Ou des soldats français d'ailleurs, mais ce sont des mercenaires
00:16:25qui ont travaillé pour l'État russe à ce moment-là.
00:16:29Et donc, il y a eu une énorme campagne dans les médias français,
00:16:34les médias publics français, où on présentait Wagner et la Russie
00:16:38et le président Poutine comme des horribles personnages.
00:16:42Eh bien, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Eh bien, ils ont trouvé là le moyen
00:16:45et on leur a donné, avec ce départ, je dirais, précipité
00:16:48dans des conditions incompréhensibles, l'occasion et l'opportunité
00:16:53de faire effectivement une propagande contre l'armée française.
00:16:58Et je pense là aussi, une fois de plus, mauvaise évaluation,
00:17:02une certaine forme de sous-estimation des Russes,
00:17:06qui sont quand même, à l'époque de la guerre froide,
00:17:08ce que le KGB savait faire de mieux, c'était la propagande.
00:17:13Et donc, à partir du moment où vous les attaquez sur ce terrain-là,
00:17:16eh bien, les Russes ont considéré que là, ils étaient à l'aise sur ce terrain
00:17:20pour essayer de renvoyer.
00:17:21Et on voit bien que ces images ont fait des dégâts considérables
00:17:24dans la communication de la France et de l'armée française en Afrique.
00:17:29– Alors, on sait qu'il y a également le poids de l'histoire
00:17:32qui a un rôle très important dans les relations entre l'Europe.
00:17:36Particulièrement la France et le continent africain.
00:17:39Et on oublie souvent de parler du rôle de la Russie,
00:17:42justement, dans l'histoire africaine,
00:17:45tout particulièrement au moment des guerres des indépendances,
00:17:47qui globalement ont été soutenues par l'Union soviétique.
00:17:51– Exact.
00:17:52– Comment voyez-vous cette perception, justement,
00:17:55à l'heure actuelle dans l'état d'esprit des Africains,
00:17:57même si, bien entendu, et je le dis à nos téléspectateurs,
00:18:00tout particulièrement africains,
00:18:01qu'on ne peut pas faire un cas général avec tout le continent africain.
00:18:04il y a évidemment plein de disparités selon les pays,
00:18:06selon les territoires et selon les enjeux, bien entendu.
00:18:08– Tout à fait, vous avez raison de le souligner,
00:18:10parce que les gens peuvent croire que quand on parle de l'Afrique
00:18:13de cette façon-là, on parle comme si c'était d'un seul grand pays.
00:18:17En fait, c'est un grand continent avec des spécificités,
00:18:21même d'ailleurs au niveau du Sahel,
00:18:22même le Sahel qui est une zone francophone,
00:18:25avec une influence arabo-musulmane,
00:18:27il y a beaucoup de nuances et de différences.
00:18:33– Soit dit en passant, je me permets une parenthèse,
00:18:34mais il ne serait pas tout à fait pertinent non plus
00:18:36de parler des pays africains en se limitant à leurs frontières,
00:18:40puisqu'on sait aussi que leurs frontières ont été construites
00:18:41de façon… – Absolument artificielle.
00:18:43– Sans discernement et de façon artificielle.
00:18:45– Tout à fait.
00:18:45– Et de ce fait, ça ne serait pas non plus particulièrement pertinent de le faire.
00:18:49– Mais d'ailleurs, vous faites encore bien de le souligner,
00:18:51parce que si M. Sarkozy avait analysé ses questions
00:18:55sur le plan sociologique et sur le plan de la parenté religieuse
00:19:03sur le plan de l'islam, il aurait compris qu'on ne va pas attaquer
00:19:07et démolir un pays comme ça sans que cela puisse avoir un impact
00:19:11sur l'ensemble de la zone sahélienne.
00:19:13Donc évidemment, je pense que dans la réflexion que vous faites,
00:19:20on est quand même obligé de constater que historiquement,
00:19:23les Russes aujourd'hui ont utilisé cet argument
00:19:26qui était un argument pertinent, parce que pour les leaders africains
00:19:31de la période de l'indépendance, la Russie, ils ont bénéficié
00:19:34du soutien de la Russie pour se dégager du jour colonial franco-britannique.
00:19:42Et puis, il y a eu, et c'était le grand paradoxe à ce moment-là,
00:19:46c'est qu'il n'y a pas eu que la Chine et l'Union soviétique,
00:19:49il y a eu aussi les États-Unis qui, alliés de la France,
00:19:53ont travaillé de façon intelligente à se mettre contre la France
00:19:59et contre la Grande-Bretagne dans les territoires qui aspiraient à l'indépendance.
00:20:06Et à l'époque, il y avait un jeune sénateur américain
00:20:08qui s'appelait John Fitzgerald Kennedy, qui avait considéré,
00:20:13avait commencé dès cette époque-là à tenir un discours disant que
00:20:16les anciennes puissances européennes maintiennent les territoires africains
00:20:24sous leur domination.
00:20:25Cela est inacceptable pour les États-Unis.
00:20:28Il faut que les États-Unis les aident.
00:20:30Et quand il le disait, ce n'était pas pour des raisons morales
00:20:33ou pour des raisons qu'on peut qualifier aujourd'hui
00:20:37de raisons pour juste l'émancipation.
00:20:40Non, les Américains, avec des arrières-pensées politiques et géopolitiques,
00:20:45c'était de prendre la place des Français aussi bien en Afrique du Nord
00:20:49qu'en Afrique subsaharienne.
00:20:50Ou à tout le moins sortir l'influence française de ce territoire.
00:20:54Oui, mais pour une raison très simple, c'est qu'ils savaient,
00:20:57ils étaient déjà conscients et au courant,
00:20:59que la France était sur des territoires qui avaient énormément de ressources naturelles,
00:21:03que ce soit les ressources minières ou les ressources pétrolières.
00:21:06Tout cela pour les Américains était très important.
00:21:09On va le voir bien entendu plus tard.
00:21:12Mais pour les Russes et les Chinois,
00:21:16pour revenir après le départ des Français
00:21:19ou en tout cas après le discrédit progressif des Français,
00:21:22parce qu'il faut quand même rappeler aux téléspectateurs
00:21:24que le discrédit de la France ne s'est pas fait en trois jours.
00:21:28Ça s'est fait tout au long des années, des dernières décennies.
00:21:33Et que malheureusement pour les stratèges français,
00:21:37il n'y a pas eu de réflexion, je dirais, anticipative par rapport à cette situation.
00:21:42Et les Chinois et les Russes sont revenus avec ces paramètres historiques
00:21:49qui étaient très positifs pour eux.
00:21:51Eh bien, ils sont rentrés avec cela pour s'installer,
00:21:53chacun avec une vision bien entendu différente.
00:21:55Parce que les Chinois, pour eux, c'est une question purement économique.
00:21:58Ils ne viennent pas là pour faire des débats sur les droits de l'homme.
00:22:02Alors que les Russes, ils viennent pour des questions géopolitiques,
00:22:05géostratégiques et surtout faire beaucoup de renseignements
00:22:08face à leurs adversaires occidentaux
00:22:11qui leur causent beaucoup de problèmes en Ukraine
00:22:13et dans d'autres régions du monde.
00:22:15– Vous dites que ces relations ne se sont pas dégradées d'un seul coup,
00:22:19bien entendu, mais qu'elles sont au contraire
00:22:21le résultat de plusieurs décennies de travail de sable, j'allais dire,
00:22:25et d'auto-travail de sable presque.
00:22:27À partir de quand vous le faites remonter cette situation ?
00:22:30Parce que je crois, dans votre ouvrage, globalement, c'est Mitterrand.
00:22:32– Bon, oui, la période de Mitterrand a été une période très, très difficile.
00:22:36Mais en fait, il y avait déjà la fin de la période du général de Gaulle avec Pompidou.
00:22:43Par exemple, pour le Niger, où on a vu, par exemple,
00:22:45que le président du Niger, qui était M. Diory,
00:22:47qui avait signé des accords avec le commissionnaire de l'énergie atomique
00:22:53pour l'exploitation de l'uranium du Niger,
00:22:56à l'époque, il faut dire que le Niger était, je dirais,
00:23:00la quatrième plus grande réserve mondiale d'uranium,
00:23:03après les États-Unis, le Canada et l'Afrique du Sud.
00:23:10Donc, à l'époque, M. Diory avait signé un accord avec M. Kouf de Mourville,
00:23:16qui était le ministre des Affaires étrangères du général de Gaulle,
00:23:19pour confier, effectivement, en priorité à la France l'uranium du Niger.
00:23:24Et puis, finalement, après cet accord-là, le commissariat de l'énergie atomique,
00:23:29il y avait beaucoup d'hommes d'affaires et d'afféristes aussi dans cette histoire,
00:23:33qui voulaient prendre l'uranium du Niger à vil prix,
00:23:37ce qui n'était pas l'avis et la position du président Pompidou.
00:23:43En 1974, lorsque le président Pompidou est mort,
00:23:47le commissariat de l'énergie atomique, avec l'aide d'un certain nombre de réseaux en France,
00:23:53ils ont travaillé à la chute du président Diory.
00:23:56Et lorsque le président Diory est tombé, il y a eu quelqu'un qui était un officier
00:24:01de l'armée du Niger qui s'appelle M. Senikunché, qui a pris le pouvoir.
00:24:06Et puis donc, c'était devenu open bar pour l'uranium du Niger,
00:24:10avec la Kojema et puis Areva derrière.
00:24:13Donc, si vous voulez, voilà un moment déjà très important,
00:24:17et que les Nigériens n'ont pas oublié.
00:24:19C'est-à-dire qu'il faut rappeler aussi que,
00:24:22pendant toute la période où il y avait des discussions sur la question de l'uranium,
00:24:26de l'achat de l'uranium, parce que dans le même temps,
00:24:29pendant la même période des années 70,
00:24:31il y a eu ce qu'on a appelé la grande sécheresse du Sahel.
00:24:34Et pendant cette période-là, le secrétaire d'État américain,
00:24:39M. Kissinger, avait rédigé un rapport très important.
00:24:43Bon, il avait d'abord demandé au président Nixon
00:24:44de soutenir les pays du Sahel victimes de la famine.
00:24:49Mais, en fait, ce n'était pas, encore une fois de plus,
00:24:52juste par générosité, par altruisme, des choses comme ça.
00:24:59Mais c'était tout simplement parce que, deux mois auparavant,
00:25:02il avait commandé un rapport au service de renseignement américain
00:25:05qui lui ont fourni un document rappelant que cette zone,
00:25:10toute cette zone du Sahel, avait des ressources minières extrêmement rares,
00:25:14dont certaines stratégiques, dont la France occupait.
00:25:17Et il fallait absolument tout faire pour prendre pied dans la zone sahélienne.
00:25:22Donc, vous voyez que pendant toute cette période-là,
00:25:25eh bien, les Américains en plus voulaient, il y avait les Américains,
00:25:28il y avait les Japonais et je crois les Allemands
00:25:31qui voulaient acheter l'uranium du Niger beaucoup plus cher
00:25:34que le commissariat de l'énergie atomique.
00:25:37Mais le président Diori, lui, il voulait quand même donner la priorité à la France.
00:25:41Mais la mauvaise appréciation, la mauvaise analyse qui a été faite à ce moment-là
00:25:44a donné l'impression aux gens de la Kojima
00:25:47qu'ils avaient tous les droits sur l'uranium du Niger.
00:25:51Mais finalement, ce qui s'est passé, c'est qu'au fur et à mesure
00:25:54des scandales avec Areva qui se sont succédés,
00:25:58eh bien, on a vu finalement que lorsque ce que le président Macron a appelé
00:26:03la « jeunte », quand ils sont arrivés au pouvoir,
00:26:05la première chose qu'ils ont pu faire, c'était de demander le départ d'Areva.
00:26:09– Bien sûr, bien sûr.
00:26:10Je note quand même dans vos explications que concrètement,
00:26:13la prédation des autres puissances à l'égard de l'Afrique peut se comprendre.
00:26:17Ce sont des enjeux d'influence et de lutte de pouvoir.
00:26:20Pour autant, rien ne serait possible sans une forme de corruption systémique
00:26:23de l'élite africaine qui participe à ce pillage finalement.
00:26:28– Bien sûr, et c'est ça l'élément aussi important qu'il faut comprendre.
00:26:32C'est pour cela que quand on parle, on critique les dirigeants français,
00:26:36il faut comprendre qu'en fait, les populations africaines
00:26:40rejettent beaucoup une race de dirigeants africains
00:26:45qui ont passé leur temps à s'enrichir plutôt qu'à développer les pays.
00:26:48Et c'est d'ailleurs pour cette raison que ces dirigeants étaient très en bon terme
00:26:53avec les dirigeants français qui préféraient avoir des gens
00:26:58qui étaient relativement serviles et corrompus à la tête des États
00:27:02plutôt que d'avoir des vrais partenaires qui pouvaient penser,
00:27:05en termes de développement, aussi bien de façon positive pour leur pays
00:27:10que dans un rapport de partenariat gagnant, ce qu'ils appellent aujourd'hui,
00:27:13on appelle, que ce soit les Chinois et d'autres, appellent aujourd'hui
00:27:16le partenariat ou la coopération gagnant-gagnant.
00:27:18Mais pourquoi ? Parce qu'en réalité, dans cette mécanique qui s'est développée,
00:27:24les dirigeants africains, les dirigeants français à une certaine époque
00:27:28avaient vendu le dossier de l'aide au développement
00:27:33qui était largement soutenu par la communauté économique européenne
00:27:38qui était l'ancêtre de l'Union européenne aujourd'hui,
00:27:41ils ont vendu cette affaire d'aide au développement,
00:27:44mais ce qu'on ne voyait pas, ce que les populations françaises ne voyaient pas,
00:27:48c'était que l'argent qui était envoyé en Afrique servait en fait
00:27:52à organiser le maintien au pouvoir de ceux que eux, ils appelaient
00:27:58des dirigeants amis de la France.
00:28:00Mais amis de la France, ce n'était pas parce que…
00:28:02– C'était ennemi de leur propre pays surtout.
00:28:04– Oui, ennemi de leur propre pays, mais je ne suis pas tout à fait certain
00:28:07que c'est des amis de la France parce qu'en réalité,
00:28:10ce que moi j'entends par intérêt de la France,
00:28:11quand on parle d'intérêt de la France, j'entends intérêt général du peuple français.
00:28:16Mais quand vous défendez des intérêts personnels et des intérêts privés,
00:28:20on ne défend ni les intérêts des peuples africains,
00:28:23ni les intérêts du peuple français.
00:28:25Donc, si vous voulez, les dirigeants africains et les dirigeants français
00:28:29ont en quelque sorte coquifié les peuples des deux côtés.
00:28:34– Et aux frais du contribuable français avec l'aide au développement, bien sûr.
00:28:37– Mais bien entendu, puisqu'il y a eu des scandales…
00:28:39En fait, c'est quand il y a eu le scandale de l'affaire Carrefour du développement
00:28:42sous François Mitterrand que les gens se sont rendus compte
00:28:45qu'en fait, quand on dit qu'on va financer un sommet franco-africain
00:28:49à Bujumbura, au Burundi, eh bien le ministre français de la coopération
00:28:53prend de l'argent, crée une association bidon en France,
00:28:56met de l'argent dedans et puis l'argent se retrouve distribué à Grenoble,
00:29:01un peu partout.
00:29:03Mais pour le contribuable français, cet argent est parti à Bujumbura
00:29:07pour le sommet franco-africain.
00:29:09Mais c'est lorsque la Cour des comptes a mis le nez dans cette histoire
00:29:14qu'on a découvert effectivement qu'il y avait tout un réseau de corruption
00:29:18qui avait été organisé avec les dirigeants africains,
00:29:21avec les hauts responsables français, au sein du ministère de la coopération.
00:29:25Et le dossier est redevenu un enjeu de politique intérieure
00:29:28au lieu que les gens se posent la question de savoir
00:29:30si c'est bien dans cette direction qu'il faut continuer
00:29:33dans les relations franco-africaines.
00:29:34– En tout cas, l'aide au développement, elle perdure aujourd'hui.
00:29:37Alors sans doute avec les mêmes désintérêts un peu différents
00:29:40et une corruption un peu différente, mais elle est toujours en cours.
00:29:42J'aimerais qu'on revienne sur ce que vous avez évoqué
00:29:44avec ces fameux partenariats gagnant-gagnant, win-win,
00:29:47comme on dit aux États-Unis.
00:29:48C'est un des arguments chocs de l'émancipation de l'Afrique
00:29:53et surtout de son tournant vers les BRICS.
00:29:56On sait qu'aujourd'hui, l'Éthiopie appartient aux BRICS,
00:29:59à l'instar de l'Égypte.
00:30:02Comment voyez-vous ce rapprochement justement des BRICS fondateurs ?
00:30:07Alors évidemment, bien sûr, la Russie, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud
00:30:11qui était déjà en Afrique, bien entendu,
00:30:13et ces pays d'Afrique qui visiblement sont de plus en plus nombreux
00:30:18à vouloir rejoindre cet ensemble.
00:30:20Écoutez, je pense que le principe est quelque chose de très intéressant
00:30:24sur le plan économique, c'est-à-dire que les pays africains font le constat
00:30:28que plusieurs décennies de coopération avec l'Occident ont conduit au désastre.
00:30:35On le voit aujourd'hui que ce soit sur la question du terrorisme,
00:30:38que ce soit sur la question du développement économique,
00:30:40alors que dans le même temps, on considère que ces pays ont d'énormes ressources naturelles.
00:30:45Bon, donc pour eux, c'est quelque chose de totalement illogique et incompréhensible.
00:30:49Mais il y a aussi le fait que, sur le plan international,
00:30:54l'émergence de la Chine comme une puissance économique incontestable,
00:31:00aussi bien en Occident qu'en Asie qu'en Afrique,
00:31:02fait que l'émergence des BRICS va amener en quelque sorte…
00:31:08C'est le contrepoids, par exemple, du G7, c'est le contrepoids de l'Union européenne,
00:31:13c'est le contrepoids de la toute-puissance occidentale qui fait émerger effectivement ces pays-là.
00:31:19Donc, si vous voulez, sur le plan conceptuel et sur le plan, je dirais, tactique,
00:31:25beaucoup de pays africains considèrent qu'aller tenter une autre expérience
00:31:31peut-être peut apporter un succès qu'on n'a pas pu avoir ou qu'ils n'ont pas pu avoir avec l'Occident.
00:31:40Le problème, c'est que moi, j'observe, c'est que ces pays-là partent quand même aussi avec des handicaps.
00:31:46C'est-à-dire que le système de corruption dans les pays n'est pas complètement réglé
00:31:51pour aller rentrer dans un autre système, le tissu industriel, économique et industriel
00:31:57de ces pays-là n'est pas suffisamment structuré, organisé pour entrer dans les BRICS
00:32:03parce que vous entrez quand même à la cour des grands avec des économies qui sont très bien organisées
00:32:07comme l'économie de la Chine, comme l'économie de la Russie également, comme l'économie de l'Inde.
00:32:12Ce sont des pays qui sont très solidement organisés, structurés pour entrer dans les BRICS
00:32:19et les pays africains traînent encore leur boulet du franc CFA sur le plan monétaire.
00:32:24Donc, si vous voulez, il y a un certain nombre d'éléments qui sont aujourd'hui des éléments importants
00:32:30et incontournables pour les pays africains à régler en allant dans les BRICS.
00:32:35Mais cela dit, ce n'est pas parce qu'il y a ces obstacles ou ces difficultés
00:32:39que l'idée de tenter une expérience nouvelle est complètement à rejeter.
00:32:44Alors, ce que j'aimerais qu'on regarde à présent, c'est en mai dernier, on a eu les célébrations
00:32:49comme chaque année de la victoire soviétique sur l'Allemagne nazie, donc c'était le 9 mai.
00:32:55On a vu le dirigeant burkinabé, Traoré, se rendre à Moscou, puis ensuite à Saint-Pétersbourg
00:33:01pour un sommet russo-africain.
00:33:02Je vous propose de regarder très rapidement un extrait de Vladimir Poutine.
00:33:05J'aimerais dire que nos échanges sont encore modestes, mais ils augmentent, et c'est une
00:33:13tendance encourageante que nous souhaitons voir se poursuivre.
00:33:18Il s'agit de travailler au renforcement de nos relations économiques et d'échanges
00:33:24commerciaux.
00:33:25– Bon alors là, bien entendu, on parle bien sûr de la Russie, mais il en va un peu
00:33:37de même pour la Chine.
00:33:38Est-ce que finalement, on n'est pas en train d'assister à une nouvelle colonisation économique
00:33:42de l'Afrique, mais cette fois non plus par l'Occident, non plus par l'Europe, mais
00:33:46par la Russie et la Chine ?
00:33:47– Non, je ne crois pas, mais ça c'est un argument qui est largement avancé par
00:33:52beaucoup d'Occidentaux qui réagissent un peu par dépit amoureux.
00:33:58Ils ont l'impression d'avoir été trahis par leurs alliés africains.
00:34:03Non, je ne crois pas, je pense qu'on ne peut pas préjuger d'une expérience qui
00:34:07n'a pas encore eu lieu.
00:34:08Donc, je crois tout simplement aussi qu'il ne faut pas sous-estimer les Africains, parce
00:34:12que dans tous ces pays-là, vous avez des diplomates chevronnés qui ont été formés
00:34:17en France, aux États-Unis, à Londres, un peu partout, donc qui connaissent le monde
00:34:21et son évolution, et qui participent aussi à conseiller leur chef d'État, je pense
00:34:27tout simplement qu'on est dans une situation où les pays africains ne sont pas du tout,
00:34:32où les dirigeants ne sont pas complètement naïfs, ils ne pensent pas que la France
00:34:37et la Chine ou la Russie sont meilleurs que les États-Unis, etc.
00:34:41Mais ils considèrent peut-être qu'ils ont une autre façon d'entretenir leur rapport
00:34:49avec leurs partenaires ou leurs alliés.
00:34:53Ils ont peut-être aussi l'impression qu'il y a une autre façon de faire progresser leur
00:34:59pays parce qu'ils ont vu, par exemple, que les performances de la Chine ces dernières
00:35:05années ont été fulgurantes sur le plan économique au niveau international.
00:35:09Dans les années 70, quand on vous donnait un produit made in China, tout le monde
00:35:14ricanait en se disant, c'est quoi cette pacotille ? Mais aujourd'hui, quand vous
00:35:20voyez ce que produisent les Chinois dans tous les domaines, y compris sur les territoires
00:35:25en Occident, aux États-Unis ou en France, que ce soit au niveau des voitures ou d'autres
00:35:30choses, les gens ne sont plus en train de ricaner.
00:35:32Donc les pays africains regardent cela comme un modèle intéressant, ce qui a d'ailleurs
00:35:37été malheureux pour les dirigeants français qui n'ont pas eu, je dirais, cette hauteur
00:35:42de vue.
00:35:43Parce que vous vous souvenez que dans les années 70 également, au moment où la Chine n'avait
00:35:47pas encore mis en place cette force sur la concurrence automobile au niveau international,
00:35:55les Africains, que ce soit du Mali ou du Sénégal, avaient travaillé chez Renault.
00:36:00Mais à aucun moment, il n'est arrivé dans l'esprit des dirigeants français de
00:36:05se dire, peut-être que la France fera face à la concurrence internationale au niveau
00:36:09du marché de l'automobile, que ce soit avec les Asiatiques ou avec les Américains,
00:36:14et qu'en travaillant avec des gens à qui ont été formés au niveau des entreprises
00:36:19Renault ou Peugeot, eh bien les Africains seront un marché, un marché, je dirais, même
00:36:26si on raisonne purement en termes économiques, sans les mettre de la politique, eh bien
00:36:29les Africains vont prospérer et vont constituer un marché important pour l'automobile français
00:36:34et que peut-être à l'avenir, eh bien on aura un certain nombre de Français qui pourront
00:36:40aussi aller travailler en Afrique parce que, eh bien ce sera un marché ouvert avec des
00:36:45perspectives, etc.
00:36:46Ils n'ont jamais réfléchi de cette façon-là.
00:36:48Eh bien qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? C'est que, eh bien tout le marché francophone,
00:36:52tous les pays francophones, eh bien vous retrouvez Toyota, Honda qui inondent le marché
00:36:57et il n'y a personne qui a envie d'utiliser Renault ou Peugeot dans ces pays-là.
00:37:01Mais pardon, mais dans votre raisonnement, quel est l'intérêt de l'Afrique vis-à-vis
00:37:04de ces pays ? Comment, concrètement, c'est quoi l'objectif de l'Afrique avec les nouvelles
00:37:09relations avec la Chine et la Russie ? C'est d'avoir des produits made in China ou au contraire
00:37:13c'est d'avoir un développement industriel qui puisse appuyer la Chine ?
00:37:16– Ils veulent pouvoir enfin pouvoir avoir la contrepartie de leurs ressources naturelles.
00:37:25Si leurs ressources naturelles attirent tout le monde, que ce soit les Chinois, les Russes,
00:37:29les Français, les Américains, les Turcs, tout le monde aujourd'hui veut aller en Afrique
00:37:33pour les ressources minières. Eh bien il faut quand même rappeler que si on parle par exemple
00:37:37du Congo, c'est plusieurs centaines de milliards de dollars que les grosses entreprises
00:37:45qui travaillent sur les technologies de pointe peuvent avoir. Aujourd'hui, la Chine par exemple,
00:37:54par rapport au cobalt, le cobalt qui sert à la fabrication des voitures et des batteries
00:38:00pour les voitures électriques, mais c'est la Chine qui aujourd'hui occupe le raffine
00:38:06pour 50% à peu près du cobalt dans le monde. Donc si vous voulez…
00:38:11– Du coup c'est quoi ? C'est un pari sur le ruissellement dans la société africaine ?
00:38:15– Mais ils se disent peut-être que comme on n'a rien gagné du tout avec les pays occidentaux,
00:38:20on va essayer de voir si on peut gagner quelque chose avec les Asiatiques.
00:38:24Ils ont un autre élément qui est un élément, celui-là très concret, c'est qu'ils voient
00:38:31tout de suite que quand les Chinois arrivent, ils disent qu'on a besoin d'un pont,
00:38:35eh bien les Chinois construisent un pont. On veut un hôpital, les Chinois construisent
00:38:39un hôpital. C'est-à-dire que vous allez dans plusieurs de ces pays-là aujourd'hui,
00:38:42vous avez des symboles mais très clairs de ce qu'a été, de ce qu'est la présence chinoise
00:38:49et contrairement à la présence française qui a été beaucoup plus ancienne,
00:38:54beaucoup plus longue, eh bien vous cherchez des symboles et vous n'en trouvez pas.
00:38:57Donc voilà où vous n'en trouvez pas suffisamment ou à la hauteur de ce qu'ils auraient espéré.
00:39:02Donc vous vous trouvez devant une situation qui fait que pour les Africains,
00:39:07eh bien on a quelques éléments qui sont des indices mais peut-être maigres encore pour l'instant,
00:39:13mais qui sait, peut-être dans 10-15 ans, on aura des éléments beaucoup plus convaincants
00:39:18qui vont nous permettre de justifier le fait qu'on a fait le bon choix.
00:39:22Concrètement, aujourd'hui, les ressources les plus convoitées, j'allais dire,
00:39:25du territoire africain, quelles sont-elles ? Parce qu'on voit bien que la Russie a aussi
00:39:30tout intérêt à se tourner davantage vers l'Afrique, tout particulièrement
00:39:32depuis les sanctions européennes et américaines, depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine en 2014.
00:39:38Vous avez l'or, vous avez l'uranium, vous avez le manganèse, vous avez le cobalt,
00:39:43vous avez le coltan qui sert à la fabrication des téléphones.
00:39:46La nouvelle technologie, les technologies de pointe aujourd'hui, les ressources sont en Afrique,
00:39:52il n'y a pas beaucoup de discussion là-dessus.
00:39:54Et puis l'or qui est devenu aujourd'hui par rapport au dollar et par rapport à la monnaie,
00:40:01aux banques centrales, eh bien l'or est quelque chose de très important.
00:40:05C'est pour cela que les pays du Sahel, que ce soit le Burkina Faso ou le Mali,
00:40:10qui ont énormément d'or, ce n'est pas pour rien que les grosses entreprises canadiennes
00:40:13et américaines, anglo-américaines, se battent pour avoir leur place dans ces pays-là.
00:40:19Donc si vous voulez, derrière les discours très politiques, très droits de l'homiste, etc.,
00:40:25il y a de véritables enjeux, une bataille économique extrêmement féroce,
00:40:30que Mitterrand avait d'ailleurs rappelé avant sa mort.
00:40:35Il disait que les Américains mènent contre nous une guerre extrêmement violente
00:40:39et les Français ne sont pas au courant.
00:40:41Donc ce qui se passe aujourd'hui avec la Chine, avec la Russie,
00:40:47avec les États-Unis et la France, dans tous ces pays-là,
00:40:50c'est d'abord un enjeu pour la survie économique d'un certain nombre d'industries occidentales et orientales.
00:40:58Mais il se joue aussi quelque chose de très important,
00:41:02qui est la possibilité de créer un marché pour avoir des débouchés dans l'avenir.
00:41:08Parce que les Chinois, contrairement peut-être aux Français,
00:41:10qui regardent l'Afrique simplement comme un réservoir de matières premières,
00:41:15les Chinois, ils ont envie de venir revendre un jour leurs produits très sophistiqués aux Africains.
00:41:21Et donc les Africains peuvent considérer, est-ce qu'ils ont tort, est-ce qu'ils ont raison,
00:41:25moi je n'en sais rien, mais ce qui est certain,
00:41:27c'est qu'ils considèrent que dans leur rapport avec la France et l'Occident de manière générale,
00:41:33ou l'Union européenne, ça a été toujours des choses de façon univoque, unilatérale, etc.
00:41:38On n'avait pas l'impression qu'il y avait quelque chose qui était aussi pris du côté africain
00:41:43pour venir alimenter les pays occidentaux.
00:41:46Et on parlait tout à l'heure de l'uranium,
00:41:48mais il faut quand même rappeler qu'une grande partie de,
00:41:52je dirais, l'indépendance énergétique française venant du nucléaire,
00:41:58c'est à cause de l'uranium du Niger et de la République centrafricaine,
00:42:04et du Gabon par exemple.
00:42:05Et ça, ce sont des choses que les Français, eux, ne connaissent pas,
00:42:09mais même les Africains ne savent pas complètement que c'est comme ça que ça se passe,
00:42:13parce que le jeu entre les dirigeants politiques,
00:42:16c'est toujours un jeu très secret, très confidentiel, etc.
00:42:19On prétend que ce sont des secrets d'État, mais ce n'est pas vraiment des secrets d'État,
00:42:23ce sont des secrets autour des partenaires privés,
00:42:26des gens qui défendent des intérêts privés très importants.
00:42:28On a vu également, vous m'avez parlé du droit de l'homisme,
00:42:33que dénonçait même parfois Mitterrand comme étant finalement la bonne excuse
00:42:38pour pouvoir s'immiscer dans les affaires africaines et avoir des ressources.
00:42:44On a vu que c'était une constante finalement,
00:42:46et pas seulement sur le territoire africain, de la part des Européens,
00:42:49de la part de l'Occident.
00:42:50On l'a vu notamment sur la question de la guerre en Ukraine,
00:42:54où Vladimir Poutine est présenté comme un horrible dictateur
00:42:57et Volodymyr Zelensky, lui, comme un grand démocrate.
00:43:01Ce que je vous propose, c'est d'écouter à présent le président Macron,
00:43:06enfin pardon, d'écouter le président Tshisekedi qui répondait au président Macron,
00:43:10notamment après une espèce de proximité un peu surprenante
00:43:15avec un président que vous connaissez bien, celui du Rwanda, Paul Gagame.
00:43:20Je reste dubitatif quant à la bonne foi de ceux qui nous ont agressés.
00:43:26Il n'y avait aucune raison, je le rappelle, qui justifiait cette agression,
00:43:30si ce n'est que des raisons économiques,
00:43:35mais propres au Rwanda, instigateurs de cette agression.
00:43:39Maintenant, la question est de savoir,
00:43:41est-ce que le Rwanda peut se passer de ce pillage systématique
00:43:49de la République démocratique du Congo,
00:43:51qui date maintenant d'une vingtaine d'années ?
00:43:53– Donc là, on voit bien que cette espèce de droit de l'homisme est très relatif,
00:44:02parce que finalement, Emmanuel Macron, plus exactement,
00:44:05est face à un président, celui de la RDC,
00:44:07dont une partie du pays est victime de la convoitise particulièrement brutale du Rwanda,
00:44:15et pour autant, on continue de garder des liens extrêmement proches
00:44:18avec le président Paul Gagame,
00:44:21et on fait des déclarations assez surprenantes à ce sujet.
00:44:24– Mais c'est très clair,
00:44:26c'est-à-dire que le président, il s'est dit,
00:44:28a planté le décor des enjeux.
00:44:32C'est-à-dire, autrement dit, si les Français réfléchissent bien à cette question qu'ils posent,
00:44:39c'est, est-ce que pour vous c'est plus important d'entretenir des bons rapports avec la RDC,
00:44:45d'obtenir la paix pour la RDC,
00:44:47ou est-ce que c'est plus important pour vous d'être derrière celui qui pille les richesses
00:44:51de la République démocratique du Congo, M. Kagame,
00:44:53à qui vous avez donné, M. Macron a quand même,
00:44:56ils ont contribué, il a contribué à donner la francophonie au Rwanda,
00:45:01c'est-à-dire l'actuel secrétaire général de la francophonie,
00:45:06et Mme Mouchiki Wabo,
00:45:07ancienne ministre des Affaires étrangères de Paul Kagame,
00:45:10qui a été la plus grande pourfendeuse de la politique de la France au Rwanda.
00:45:13Donc, pour les pays africains, et notamment pour les Congolais,
00:45:16ils considèrent qu'eux qui ont beaucoup de ressources naturelles,
00:45:20et qui sont convoités par le monde entier,
00:45:21eh bien, la France va s'allier avec, je dirais, un pays qui est identifié par les Nations Unies
00:45:28comme resselleur, comme pilleur des ressources naturelles du Congo,
00:45:35qui a quitté la francophonie pour le Commonwealth,
00:45:38et on est obligé quand même de se dire,
00:45:41mais finalement, c'est quoi aujourd'hui la politique de la France dans cette région ?
00:45:45Et il faut rappeler quand même que le Congo, c'est le plus grand pays francophone du monde.
00:45:49Donc, quand vous laissez ce pays-là,
00:45:52et que le président Tissékedi, comme d'autres chefs d'État de la RDC,
00:46:00notamment le président Mobutu,
00:46:02étaient considérés comme des gens très très proches de la francophonie,
00:46:05et qui espéraient ou qui comptaient sur le fait que la France allait peut-être venir en aide,
00:46:12par sa défense, son opposition à la guerre contre l'Irak.
00:46:15C'est quelque chose qui a marqué les Français, qui a marqué tout le monde,
00:46:17y compris les Africains, mais quand un pays africain,
00:46:20petit pays enclavé, qui a connu tous les massacres et le génocide sur son territoire,
00:46:27qui a injurié les Français comme personne ne l'a jamais fait en Afrique,
00:46:31eh bien que c'est à ce pays-là, je dirais, devant lui,
00:46:35qu'on fait des génuflexions, que tous les dirigeants français,
00:46:38que ce soit M. Sarkozy ou M. Macron,
00:46:42ils vont s'incliner devant un dictateur comme Paul Kagame,
00:46:48vous êtes obligés de constater que pour les Africains, c'est surprenant.
00:46:52Ils se disent, mais qu'est-ce que c'est que ça ?
00:46:54Où est donc la défense des droits de l'homme ?
00:46:56Où est donc la défense de la souveraineté ?
00:46:58Parce que dans le même temps, M. Macron a reconnu que quand même,
00:47:01la RDC était violée, que le territoire de la RDC était violé,
00:47:06que le droit international et la souveraineté du Congo était violé.
00:47:09Mais si c'est vrai, pourquoi ce qui est vrai est qu'ils ont mobilisé des troupes
00:47:14pour envoyer en Ukraine contre la Russie, qui est un pays membre du Conseil de sécurité ?
00:47:19Comment la même attitude, mais pire, faite dix fois avec plus de 10 millions de morts
00:47:25sur le territoire congolais, avec plus de 500 000 femmes violées,
00:47:28d'après le docteur Denis Mukwege, qui s'est occupé des viols des femmes en RDC,
00:47:32comment vous pouvez rester les bras croisés en allant soutenir Kagame
00:47:36et l'Union européenne en lui donnant des enveloppes financières
00:47:40sur les questions minières, alors que l'Union européenne,
00:47:42c'est que le Rwanda n'a pas de minerais,
00:47:44et que tous ces minerais sont volés en République démocratique du Congo,
00:47:48et que même les parlementaires européens demandent qu'on sanctionne le Rwanda,
00:47:52eh bien le Rwanda n'est sanctionné ni au Conseil de sécurité des Nations Unies,
00:47:55ni au sein de l'Union européenne.
00:47:57Donc là, il y a quelque chose qui crève les yeux
00:48:00et qui donne l'impression, effectivement, aux Africains,
00:48:03qu'aux Congolais en particulier,
00:48:05qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez Voltaire.
00:48:09Pour être transparente, vous ne m'en voudrez pas,
00:48:12Charlo-Nana, je parle effectivement de l'affaire
00:48:14qui vous a opposée sur cette question du Rwanda,
00:48:17du génocide des Tutsis.
00:48:18Vous avez été condamné en décembre dernier
00:48:20pour négation du crime de génocide à l'encontre des Tutsis.
00:48:24Vous avez fait appel, donc vous êtes tout à fait innocent
00:48:26au jour où nous parlons.
00:48:29Qu'est-ce qu'on vous reproche concrètement ?
00:48:30– Bon, écoutez, on me reproche, sans le dire explicitement,
00:48:35d'avoir fait un travail scientifique
00:48:38qui démontrait, effectivement,
00:48:40comme le président Tsekedi l'a dit tout à l'heure,
00:48:43que, eh bien, le Congo est agressé depuis 30 ans.
00:48:47C'est ça que moi j'ai découvert,
00:48:49c'est-à-dire quand je faisais mon travail de recherche,
00:48:51je faisais mon travail de recherche sur l'opération turquoise,
00:48:53qui n'avait absolument rien à voir…
00:48:54– L'opération de l'armée française au Rwanda.
00:48:56– Au Rwanda, qui était une décision du Conseil de sécurité.
00:48:58Mais je découvre, en analysant les cartes d'État-major,
00:49:02aussi bien de la CIA, de l'ONU, de la France et de l'Union européenne,
00:49:11je constate, effectivement, en analysant toutes ces cartes,
00:49:15que, eh bien, derrière le génocide qui a eu lieu au Rwanda,
00:49:19il y avait une planification de l'invasion
00:49:22de la République démocratique du Congo
00:49:24pour s'emparer de ses ressources minières.
00:49:27Et donc, puisque je l'ai dit dans cet ouvrage-là,
00:49:30qu'est-ce qu'on a fait ?
00:49:31Eh bien, on est allé chercher des guillemets
00:49:33en disant que M. Onan a mis des guillemets sur le mot génocide,
00:49:37ça signifie qu'il nie et qu'il minimise le génocide des Tutsis.
00:49:41Mais moi, mon premier livre que j'ai écrit sur le Rwanda,
00:49:44je l'ai écrit avec un rescapé Tutsi du génocide,
00:49:46Déo Mouchaïdi.
00:49:47Il est où actuellement ?
00:49:48Il est emprisonné à perpétuité au Rwanda
00:49:51parce qu'il parle exactement comme moi.
00:49:53Il a demandé la vérité sur les Tutsis qui ont été tués,
00:49:56donc lui, sa propre famille,
00:49:58mais il a demandé la vérité aussi sur les autres Rwandais non-Tutsis,
00:50:02c'est-à-dire les Hutus et les Toits qui ont été tués.
00:50:05Le problème, c'est que dans mon travail,
00:50:07je mets en cause les troupes de Paul Kagame,
00:50:10qui est une rébellion Tutsi qui a été construite en Ouganda
00:50:16pour venir envahir le Congo,
00:50:19mais on veut donner l'impression que je parle des Tutsis en général.
00:50:23Or, moi, dans mon travail, je fais la distinction très claire
00:50:27entre la rébellion Tutsi qui a conquis le pouvoir par les armes et la violence
00:50:31et les…
00:50:33– Dont est issu Paul Kagame.
00:50:34– Dont est issu Paul Kagame, sous la houlette de la CIA,
00:50:37et je distingue cela des Tutsis qui vivaient tranquillement au Rwanda dans la paix
00:50:43qui ont été exterminés du fait de leur origine ethnique.
00:50:47Donc, comment on peut confondre, mais volontairement ou involontairement,
00:50:52cette distinction qui est très claire dans mon livre
00:50:54et je répète dans mon livre au moins deux reprises
00:50:57que je ne nie pas le génocide des Tutsis.
00:50:59Moi, je ne suis pas rwandais,
00:51:00mais quel est mon intérêt d'aller nier le génocide des Tutsis ?
00:51:03Je n'ai rien à faire avec leurs histoires ethniques, en fait.
00:51:05Donc, je suis quelqu'un, je ne voterai ni pour un Tutsi,
00:51:09ni pour un Hutu, ni pour un Toi, mais je ne comprends pas.
00:51:12Mais en fait, j'ai compris, j'ai compris, très clairement,
00:51:15parce que ça a été dit, par exemple, le procureur qui était dans notre procès,
00:51:21il a dit, je n'ai pas lu le livre de M. Nana,
00:51:23mais je demande sa condamnation.
00:51:24Donc, il y avait des…
00:51:25– Alors, c'était une condamnation pour le livre, bien sûr.
00:51:28– Bah oui, qu'elle n'a pas lu.
00:51:29Donc, vous voyez, j'ai compris, les avocats de la partie civile
00:51:35ont dit que M. Nana se fourvoyait.
00:51:38On ne comprend pas pourquoi les Congolais se mobilisent pour soutenir M. Nana,
00:51:42alors qu'en fait, j'avais touché un air sensible
00:51:45qu'il ne fallait pas toucher dans ce dossier,
00:51:47et c'est pour cela que je me suis retrouvé pour chasser.
00:51:49La seule différence dans cette démarche-là,
00:51:52c'est que juste deux jours après ma condamnation,
00:51:57eh bien, la Cour d'appel a validé le travail que j'avais fait,
00:52:03c'est-à-dire que les tribunaux français,
00:52:07les tribunaux français qui m'ont condamné
00:52:09pour avoir mis les guillemets sur le mot génocide
00:52:12alors que j'ai cité le FPR, etc.,
00:52:15eh bien, les mêmes tribunaux français ont validé à deux reprises mon travail.
00:52:19C'est-à-dire que les conclusions auxquelles j'aboutis
00:52:21en disant que l'armée française n'a commis aucun crime de génocide au Rwanda,
00:52:2618 ans d'investigation et d'instruction des juges français,
00:52:29ils arrivent à la même conclusion plusieurs années après moi.
00:52:32Donc, vous comprenez que si j'avais fait un travail approximatif,
00:52:37eh bien, on m'aurait attaqué d'abord sur mon travail,
00:52:39mais pas sur les guillemets.
00:52:40On m'aurait attaqué sur mon travail
00:52:41et démontré que mon travail était mauvais.
00:52:43Mais si les mêmes tribunaux constatent que mon travail correspond,
00:52:47les conclusions de mon travail correspondent aux conclusions des magistrats
00:52:51qui ont utilisé une autre méthode,
00:52:53eh bien, je considère tout simplement qu'en appel,
00:52:56on verra ce qui va se passer.
00:52:57Si, enfin, on va avoir quand même des magistrats
00:52:59qui vont d'abord lire le livre
00:53:01et puis qui vont quand même considérer que,
00:53:03eh bien, M. Nana, quand il met les guillemets en grammaire française,
00:53:07ça n'a jamais été une négation.
00:53:09Vous mettez les guillemets, c'est pour citer quelqu'un.
00:53:11Mais on dit vous minimisez.
00:53:13Et dans le même livre, il y a le mot génocide sans guillemets.
00:53:16Et donc, qu'est-ce que vous faites avec le mot génocide
00:53:18quand il n'y a pas de guillemets ?
00:53:19Là, personne ne s'est prononcé.
00:53:21– On a, si on revient à notre sujet général de l'émission,
00:53:24et je vous remercie pour vos précisions, Charles O'Nana,
00:53:26on ne manquera pas de suivre ce procès en appel.
00:53:28Si on revient un petit peu au cœur de cette émission,
00:53:31on a le sentiment finalement qu'entre une histoire un peu lourde,
00:53:36une capacité et une propension à l'ingérence politique,
00:53:41mais aussi la perception des Africains
00:53:45de ce droit international à géométrie variable,
00:53:49la rupture est consommée aujourd'hui.
00:53:50– Mais bien sûr, parce qu'en plus, vous savez,
00:53:53contrairement à ce que beaucoup de Français peuvent imaginer,
00:53:57la question de la guerre en Ukraine a beaucoup joué
00:54:00dans la psychologie des Africains par rapport à ça.
00:54:02Parce qu'ils se sont dit, mais ce qu'ils sont en train de faire à la Russie,
00:54:05c'est-à-dire en demandant des sanctions contre la Russie,
00:54:09en essayant de marginaliser complètement la Russie dans cette affaire,
00:54:14mais c'est en fait, ils ont l'habitude de nous faire ça,
00:54:16mais parce que nous, nous sommes des petits pays faibles,
00:54:19eh bien, on ne peut pas être audible.
00:54:20Alors que là, ils considèrent Poutine comme un héros,
00:54:24dans le sens où Poutine tient tête à l'establishment occidental
00:54:28qui essaye d'utiliser le deux poids deux mesures
00:54:32dans la question de la souveraineté des États.
00:54:37Bon, vous vous imaginez…
00:54:37– Pardon, mais est-ce que l'Afrique ne pourrait pas se poser une autre question
00:54:40et faire une autre transposition et s'interroger sur le fait
00:54:43que finalement, c'est aussi aujourd'hui devenu un nouveau territoire proxy
00:54:47de l'affrontement, comme je le disais en introduction,
00:54:50entre ce Grand Sud et l'Occident ?
00:54:52– Mais bien entendu, moi, c'est pour cela que je dis que je reste convaincu
00:54:57qu'ils ne sont pas du tout naïfs.
00:55:00Il y a, moi, j'ai des dirigeants africains qui sont dans ces régions-là
00:55:04qui m'ont dit que nous ne considérons pas que la Russie ou la Chine
00:55:07sont une solution à nos problèmes.
00:55:09Mais ils considèrent cependant que quand ils voient la violence
00:55:14avec laquelle la Russie est attaquée sur la question ukrainienne,
00:55:18alors que M. Kagame fait exactement la même chose vis-à-vis du Congo
00:55:23et que personne ne dit absolument rien, au contraire,
00:55:25l'Union européenne envoie des chèques de plusieurs millions d'euros,
00:55:31mais ils se disent qu'il y a quelque chose qui est piégé dans cette histoire.
00:55:36Donc, mieux vaut abandonner le territoire que nous considérons
00:55:41comme un territoire piégé pour aller essayer une expérience,
00:55:46tenter une expérience ailleurs.
00:55:46Donc, c'est un peu ça la mécanique qu'ils ont aujourd'hui,
00:55:50d'autant plus que sur la question, par exemple, du terrorisme,
00:55:55il y avait quand même les services de renseignement français,
00:55:59les services de renseignement américains,
00:56:01tout ce que ce soit la DIAE, donc le renseignement militaire américain,
00:56:06le Pentagone, ils étaient tous au Sahel.
00:56:07Il y avait des drones, etc.
00:56:09Donc, comment est-ce possible que les militaires français,
00:56:15les services de renseignement français américains
00:56:16sont incapables de neutraliser des gens qui courent avec des motos dans le désert ?
00:56:21Parce que c'est ça les djihadistes en réalité.
00:56:23Donc, avec tout le niveau de performance des nouvelles technologies
00:56:28que détiennent ces services de renseignement,
00:56:30ils ne peuvent pas comprendre comment on aboutit,
00:56:33après plusieurs années de travail, à un échec total contre les djihadistes.
00:56:36Donc, si vous voulez, même si les Russes, ils arrivent,
00:56:40ils disent, bon, nous, on est capables de neutraliser tout ça,
00:56:44ils sont obligés d'abord de croire les Russes d'une manière générale.
00:56:48Je ne dis pas, et il ne faudrait pas que les gens se méprennent,
00:56:51parce que j'ai compris que dans le débat français concernant la Russie,
00:56:55la Chine, on vous somme toujours d'être ou pro-français,
00:57:00ou pro-russes, ou anti-français, ou anti-russes.
00:57:04Moi, je ne suis pro et anti-rien du tout.
00:57:07J'essaye tout simplement de comprendre les mécanismes
00:57:10qui peuvent amener les gens à se détourner d'une partie
00:57:14pour se tourner vers une autre partie.
00:57:16Et les éléments clés que moi j'essaye de mettre en évidence sont documentés.
00:57:21Ce n'est pas le discours très plat qui a été utilisé depuis plusieurs années
00:57:27en disant, c'est Wagner, c'est Wagner, on ne peut pas réduire
00:57:30plusieurs gouvernements à être fascinés par Wagner.
00:57:35Et je ne suis pas sûr que 500 soldats de Wagner ont suffi
00:57:38à chasser des milliers de troupes françaises dans tout le Sahel.
00:57:43Ce n'est pas sérieux comme argument.
00:57:44Je pense qu'il faut qu'on nous trouve un autre argument
00:57:46pour pouvoir plaider ces dossiers-là de façon efficace.
00:57:48Je vais vous poser une autre question, pas très politiquement correcte,
00:57:53comme on dit.
00:57:54Quand on voit ce rejet, avec plein de justifications d'ailleurs,
00:57:58du continent africain vis-à-vis de la France,
00:58:01comment expliquez-vous que l'Europe, et particulièrement la France,
00:58:07soit toujours une terre convoitée pour l'émigration par les peuples africains ?
00:58:12– Bon, alors, maintenant, il faut faire une différence très claire.
00:58:15Vous avez les élites africaines qui font des études supérieures.
00:58:20Leur destination, ce n'est plus la France.
00:58:22C'est les États-Unis, c'est le Canada, c'est la Grande-Bretagne, par exemple.
00:58:27C'est d'autres pays qui n'ont plus la France
00:58:29à cause d'une mauvaise politique de visa.
00:58:33Parce qu'évidemment, les Français se plaignent
00:58:36de l'immigration clandestine massive.
00:58:38Mais sauf qu'il y a cette immigration massive qui a été accélérée,
00:58:42qui était déjà présente avant,
00:58:44mais qui a été accélérée par Nicolas Sarkozy et son ami Bernard-Henri Lévy.
00:58:49Mais l'immigration légale,
00:58:51qui est celle qui consiste à faire venir des touristes,
00:58:55des hommes d'affaires ou des chercheurs, etc.,
00:58:57mais ils sont traités avec beaucoup de mépris dans les consulats français,
00:59:02où il y a quand même un certain nombre de Français là-bas
00:59:04qui sont d'une culture incroyable vis-à-vis de la politique étrangère
00:59:08de leur pays.
00:59:09C'est-à-dire que je crois que c'est les Français les plus médiocres
00:59:11qu'on en voit dans les consulats français en Afrique
00:59:14et pas des gens qui ont une compréhension
00:59:16de ce qu'était, par exemple, l'immigration,
00:59:19la coopération universitaire dans les années 70.
00:59:22À ce moment-là, il n'y avait pas ce genre de problème.
00:59:24Il n'y avait pas ce genre de problème.
00:59:25Donc, si vous voulez, il y a eu une dégradation,
00:59:27mais vraiment aussi massive,
00:59:30qui fait que ceux qui sont les plus en même
00:59:32de venir en immigration en France aujourd'hui,
00:59:35c'est les illégaux.
00:59:36C'est les illégaux, mais pas les gens qui viennent légalement,
00:59:39qui ont un certain niveau de culture.
00:59:41Ils ne veulent pas venir en France parce qu'ils considèrent d'abord,
00:59:43un, que la France se dégrade, intellectuellement et économiquement.
00:59:48Et donc, ils vont ailleurs où ils ont la possibilité.
00:59:51Ils vont même, beaucoup vont même en Allemagne.
00:59:53Dans des pays comme le Togo ou le Cameroun,
00:59:55les gens préfèrent aller en Allemagne plutôt que de venir en France.
00:59:57Donc, vous voyez là qu'on est dans une situation.
01:00:01Et d'ailleurs, l'immigration massive que les Français voient
01:00:05sur le territoire français,
01:00:06ce sont des gens qui n'ont pas beaucoup de culture, en fait.
01:00:09C'est ce qu'on appelle l'immigration économique.
01:00:11Ce sont ces gens-là qui viennent.
01:00:12Mais quand vous allez chez les intellectuels,
01:00:14eh bien non, la France n'est plus la destination la plus prisée.
01:00:17– Quelle est la perception, justement, de l'Afrique
01:00:20et des pays africains vis-à-vis de cette émigration,
01:00:22de leur propre population vers la France ?
01:00:24Donc là, je ne parle pas des élites, bien entendu.
01:00:26Je parle de cette émigration économique,
01:00:30justement, qui commence à poser de sérieux problèmes
01:00:32aujourd'hui dans le Maghreb.
01:00:33– Bien entendu.
01:00:34Mais là, encore, vous allez remarquer
01:00:36que les dirigeants africains sont mûts comme des carpes.
01:00:39C'est-à-dire qu'on a l'impression que ces populations
01:00:41qui échouent constamment sur les rives de la Méditerranée,
01:00:48ne sont pas leur population.
01:00:50Parce qu'il n'y a pas aujourd'hui,
01:00:51aussi bien au niveau de l'Union africaine de manière globale,
01:00:53que des pays individuellement, une volonté d'aborder cette question,
01:00:58de prendre ce problème à bras-le-corps.
01:01:00– Qui est lié à la démographie, on ne va pas se mentir.
01:01:01– Non seulement qui est lié à la démographie,
01:01:03mais qui est lié à leur stratégie de développement des pays.
01:01:08C'est-à-dire que vous ne pouvez pas continuer à gérer des États
01:01:11qui ont autant de ressources, qui ont une population aussi importante,
01:01:15à la petite semaine.
01:01:17Vous ne pouvez pas improviser constamment,
01:01:19vous ne pouvez pas bricoler régulièrement.
01:01:21Donc, il est important aujourd'hui qu'ils prennent ce dossier,
01:01:25c'est-à-dire ne pas le laisser.
01:01:27Moi, j'ai pensé d'ailleurs, à un moment donné,
01:01:29que lorsqu'il y a eu l'assassinat de Kadhafi,
01:01:33eh bien, les pays africains allaient se réunir
01:01:35pour débattre avec les Européens de cette immigration massive.
01:01:38Mais non, ils se sont tus.
01:01:40Et les pays occidentaux ont pris le dossier en disant
01:01:45que non, on ne peut plus supporter cette histoire-là,
01:01:47mais en sachant très bien qui a déclenché cette histoire.
01:01:50Et en sachant également que les dirigeants
01:01:52qui sont dans les pouvoirs en Afrique
01:01:55sont des gens qui bricolent un certain nombre de choses avec eux
01:01:59et qu'avec ces gens-là, on ne peut pas ouvrir une nouvelle ère
01:02:02parce qu'ils ne vont pas comprendre.
01:02:04D'ailleurs, c'est pour cette raison qu'il y a eu des coups d'État aussi dans ces pays.
01:02:08Parce que la plupart des ressortissants de ces pays
01:02:10qui viennent du Sahel aussi, qui sont nombreux,
01:02:13sont venus parce qu'une grande partie de ces régimes,
01:02:16ils leur étaient reprochés par les Africains
01:02:18d'être des régimes corrompus à la solde de dirigeants occidentaux.
01:02:23Donc, cette vision globale, géopolitique, économique et sociale,
01:02:30elle doit être analysée avec un minimum de sérieux,
01:02:36aussi bien du côté européen que du côté africain.
01:02:40Mais si les gens continuent de faire comme si ce n'était pas important,
01:02:43eh bien, ils vont avoir beaucoup d'autres surprises désagréables,
01:02:47aussi bien les dirigeants africains
01:02:48qui continuent de ne pas prendre au sérieux cette montée de la jeunesse.
01:02:54parce que quand vous avez une jeunesse qui soit est désœuvrée
01:02:59et qui n'a pas de perspective d'emploi,
01:03:02eh bien, vous allez en faire des gangsters.
01:03:04Il n'y a pas d'autre solution.
01:03:06Ou alors, vous prenez le dossier à bras-le-corps
01:03:08et vous considérez que c'est important pour le développement de votre pays
01:03:12et vous leur proposez...
01:03:14D'ailleurs, ces jeunes-là ne demandent rien d'autre à faire
01:03:17que de pouvoir travailler ou d'être utile à leur pays.
01:03:20Donc, si on ferme les yeux en disant,
01:03:22écoutez, ils vont se débrouiller en allant dans la mer mourir pour certains
01:03:26et d'autres en trouvant des issues en Occident,
01:03:29c'est une position de lâcheté que je considère qu'avec le temps,
01:03:35à terme, elle sera désastreuse pour les pays africains
01:03:37et bien entendu aussi pour l'Occident.
01:03:39Je vous remercie beaucoup pour votre parler franc et vrai.
01:03:42Merci beaucoup, Charles-O'Nana.
01:03:43Je rappelle votre ouvrage « Quand l'Afrique bascule,
01:03:45pourquoi les Africains rejettent la France et l'Occident ? »
01:03:48C'est aux éditions de l'Artilleur.
01:03:50C'est ça, je ne me trompe pas.
01:03:52Et c'est évidemment disponible sur la boutique de TVL.
01:03:54J'espère, chers amis, que cette émission vous a plu.
01:03:56J'espère que vous avez mis vos petites questions,
01:03:59vos petites suggestions juste en bas dans les commentaires.
01:04:01Vous savez que je vais y répondre.
01:04:03Et puis, bien sûr, n'oubliez pas de relayer cette vidéo.
01:04:06Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
01:04:08En attendant, portez-vous bien.
01:04:10À bientôt.
01:04:10En 12 années, TVL s'est imposée comme un rempart face à la pensée unique.
01:04:38Elle a créé une formidable dynamique, celle de la presse alternative dont le succès est patent.
01:04:46Fidèle à sa mission, TVL défend l'esprit français, la civilisation européenne et nos valeurs essentielles,
01:04:52la famille, les libertés, l'identité et la souveraineté.
01:04:56Nous offrons une information libre à franchir des dictates
01:04:59et nous anticipons les grands bouleversements du monde.
01:05:02TVL dit la vérité sans concession.
01:05:06Mais pour que cette œuvre demeure, il faut garantir la pérennité de l'édifice.
01:05:11Alors, nous faisons appel à votre soutien par le biais d'un LEG,
01:05:14afin que TVL poursuive sa mission pour les générations futures.
01:05:18J'ai rédigé mon testament en faveur du fonds de dotation Média Liberté,
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01:05:28Vous voyez ce studio ? Il existe grâce à un LEG, celui de Florence Drillon.
01:05:33De nouvelles émissions y sont tournées,
01:05:35et cela permet à de jeunes journalistes de travailler et de poursuivre ce combat.
01:05:40Au service de TVLiberté, le fonds de dotation Média Liberté
01:05:44vous donne la possibilité de laisser votre empreinte.
01:05:47Par votre LEG, vous investissez dans l'avenir en offrant à TVL
01:05:51les moyens de remplacer les médias du système qui minent notre concorde national.
01:05:55Avec vous, TVL pourra imposer sa mission de réinformation.
01:05:59Organiser sa succession est un acte de prévoyance et de responsabilité.
01:06:03Il garantit la protection de ce que l'on aime et le respect de ses dernières volontés.
01:06:08Vous pouvez faire confiance au fonds de dotation Média Liberté
01:06:11qui veille à ce que votre engagement soit pleinement réalisé.
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