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  • il y a 3 heures
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Été 1959, en quelques jours, Jean-Luc Godard tourne à bout de souffle entre Paris et Marseille.
00:09Nouvelle vague de Richard Linklater est en quelque sorte le making-of du polar de Godard,
00:14filmé dans le même format, en noir et blanc.
00:17Mais est-ce qu'il fallait être texan pour oser s'amuser avec la figure de Godard, Philippe ?
00:21Alors peut-être, peut-être qu'il y a plus de liberté, en tout cas ça montre l'universalité de Godard.
00:26C'est-à-dire que Linklater découvre à bout de souffle quand il a 20 ans,
00:30avec le cinéma et en fait cette envie de faire ce faux making-of, il l'a depuis 10 ans.
00:36Mais ce n'était pas le moment, mais il avait déjà le scénario et c'est absolument extraordinaire.
00:41Ils ont eu accès aux notes de production, donc il y a vraiment une chronique de 20 jours de reconstitution.
00:47Tout est vrai et tout est ludique, c'est ça qui est important.
00:50C'est-à-dire qu'il a trouvé des acteurs formidables, que ce soit Zoé Dodge.
00:54Les jeunes acteurs, oui.
00:55Les jeunes acteurs, Zoé Dodge, avec qui il avait déjà fait un film en 2007, il lui avait dit
01:00« Un jour, tu seras de Vinciberg avec moi ».
01:03C'est beau, hein ?
01:05On aimerait tous que quelqu'un nous dit ça.
01:07Guillaume Barbeck qui fait Godard, c'est son premier film.
01:09Aubrey Dulin qui fait Belmondo.
01:11Bon, et je pourrais comme ça allonger la liste.
01:13Ils sont assez formidables.
01:15Ce que dit Linklater, c'est presque un tour de passe-passe.
01:17C'est-à-dire que ce n'est pas des sosies, mais quand on les voit, on voit bien que c'est eux.
01:22En plus, ils s'offrent un truc qui reprend du muet.
01:24C'est-à-dire que quand les personnages arrivent, au bout de quelques secondes, il y a un carton pour nous dire qui c'est.
01:30Vous nous montrez, Philippe, parce que je crois que vous voulez nous montrer le teaser.
01:33Oui, parce qu'en fait, ce qui est marrant, c'est que jusqu'au bout, ils ne baissent pas le quatrième mur.
01:37C'est-à-dire que restez jusqu'au bout, vous verrez des photos du making-of du making-of, et c'est avec les vrais.
01:42Et là, le teaser, c'est comme le teaser de Godard, de A bout de souffle.
01:46Une voix off, des mots, des images.
01:50Un réalisateur.
01:51Une caméra.
01:53De la pellicule.
01:54Un producteur.
01:57Une ingénue.
01:59Des stars.
02:01De l'argent.
02:04Une belle américaine.
02:06Et une belle américaine.
02:08Rossellini.
02:09Merci pour la balade, Jean Lecou.
02:11Melville.
02:12On tourne ça comme une vraie interview.
02:14Bogart.
02:16Truffaut.
02:17Bon, je voulais voir si tout se passait bien.
02:19Alors, je sens la table très clivée sur cet extrait.
02:22Il y a d'un côté ceux qui sont émerveillés, de l'autre ceux qui sont bons, oui, d'accord.
02:27Qu'est-ce que c'est ?
02:28Qu'est-ce qui se passe, Sophie ?
02:29Pas besoin d'avoir une haine viscérale pour ce film.
02:32Néanmoins, je le trouve un peu vain, un peu facile, un peu fanboy carte postale.
02:38Je suis désolée de dire ces mots-là.
02:40Je trouve justement que c'est un tout petit film.
02:42On parlait de making-of.
02:44Je trouve que c'est l'apogée du film de bonne élève qui s'est appliqué à tous les niveaux.
02:51Les anecdotes sont vraies.
02:52La DA est magnifique.
02:54Et malgré tout, je ne sens pas l'implication émotionnelle via sa mise en scène.
02:59C'est-à-dire que Linklater...
03:00Vous ne sentez pas le geste de tendresse ?
03:02Je le trouve trop scolaire pour parler d'un bout de souffle.
03:06C'est drôle parce que moi, je ne le trouve absolument pas scolaire.
03:09Et bien au contraire, on aurait pu s'attendre à ce qu'il veuille filmer à la manière de Godard.
03:13Surtout pas.
03:13Et ce n'est surtout pas ce qu'il fait.
03:14D'ailleurs, on le voit au générique de fin.
03:16Il y a énormément de personnes qui ont travaillé sur l'équipe.
03:18On n'est pas du tout sur un tournage minimaliste.
03:20Mais par contre, je trouve qu'il met en scène le renouveau de Godard.
03:23Et il le fait d'une manière absolument exceptionnelle.
03:26C'est-à-dire que Godard, dans le film, est quelqu'un qui ne regarde pas.
03:30Il est en permanence avec ses lunettes de soleil.
03:31Il ne veut pas voir ses acteurs jouer.
03:33Il ne regarde pas, mais tout le monde le regarde.
03:35Et ça, c'est une inversion de la vision des choses qui est absolument géniale.
03:39Et c'est ce qu'apporte Godard au cinéma.
03:41C'est-à-dire qu'il a tellement son film en lui.
03:43Il l'a tellement pensé.
03:44Il en a tellement rêvé.
03:46Il peut le confier au moment présent à la spontanéité des acteurs qui en regardent.
03:50C'est un peu la limite du film pour moi.
03:51C'est qu'il y a peut-être une trop grande déférence envers le maître Godard.
03:55Moi, c'est un film sur lequel j'ai un peu du mal à trancher quand même.
03:57Non, envers la spontanéité et le présent.
03:58Oui, mais voilà, il y a quand même un peu de complaisance vis-à-vis de la figure de Godard, je trouve.
04:02Mais j'ai un peu du mal à trancher sur ce film.
04:03Malgré tout, je reconnais une très bonne qualité.
04:05C'est l'humilité de Linklater face à son amour pour le cinéma et son amour pour ce maître.
04:11Et c'est quelque chose qu'il avait déjà mis en scène en 2008 dans un film qui a été très peu vu,
04:15qui est Orson Welles et moi, avec Zac Efron,
04:17dans lequel il racontait l'histoire d'un jeune étudiant du nom de Richard, comme lui, Linklater,
04:22qui rencontrait Orson Welles au moment où il mettait en scène la pièce Julius César qui allait le rendre célèbre.
04:27Et pareil, c'est une pièce où on avait très peu de traces, qui avait été très peu documentée.
04:30Et il la ressuscitait comme ça en inventant un petit peu le making of cette pièce.
04:34Non, non, ce que je veux dire, c'est que là, vous êtes un peu dans le jugement.
04:39Et ce que je trouve, le film, ce qu'il montre, c'est que Godard, justement, à aucun moment est dans le jugement
04:43puisque finalement, qu'un acteur joue bien ou qu'il joue mal, c'est pas tellement son problème, en fait.
04:48C'est le film qui existe. Et c'est ça qui met en attaque à toi.
04:51C'est un film de Linklater. Je veux dire, c'est intéressant, la référence que t'apportes là.
04:55Parce que Linklater, il a pas son pareil pour filmer la jeunesse.
04:58Et il capte ça. C'est ça qui est beau.
05:01Moi, je vous ai apporté un petit morceau, là.
05:03Ah, il en avait encore dans son sac.
05:05Je ne résiste pas. C'est un petit bout de Nouvelle Vague et derrière, le petit bout d'un bout de souffle.
05:12Du pur génie.
05:13Un tournage.
05:14Je marche dans la rue. Ce type me filme avec une caméra dans un triporteur de la Poste.
05:19Et je dis tout ce qui me passe par la tête parce que tous les dialogues seront doublés plus tard.
05:25Est-ce que tu m'accompagnes, Yaron ?
05:30Oui, cet idiot, je voulais te revoir pour savoir si te revoir me ferait plaisir.
05:38Vous venez d'où ?
05:39Donc, vous voyez, on voit tout.
05:40La caméra dans le triporteur, cette histoire qu'on connaît, comment il a capté ce plan avec les spectateurs,
05:45enfin, les gens, les passants sur les Champs-Elysées, tout ça.
05:48Et surtout, lui, comment il en fait autre chose.
05:50Ce n'est pas simplement regarder comment ce plan a été fait dans l'histoire du stéma.
05:52On voit deux acteurs qui s'amusent en disant, je peux dire n'importe quoi, on s'en fout.
05:57Si on ne connaît rien à Godard, rien à la Nouvelle Vague, est-ce qu'on peut se...
05:59Justement, j'ai envie de dire, le film, c'est aussi une vertu qu'il a, c'est qu'il est très ludique et pédagogique.
06:05Moi, qui n'ai jamais vu à bout de souffle, sortez les fourches.
06:07Qu'est-ce qui se passe, Arthur ?
06:09Eh bien, je trouve que voilà, il donne envie, il est accueillant, en fait, pour s'y rendre.
06:13Ça donne envie, ça redonne l'envie de voir à bout de souffle.
06:16Ça redonne envie de voir à bout de souffle, ça donne envie de vivre sa vie autrement.
06:19Moi, pour moi, c'était un carnet de philosophie, ce film.
06:21C'est-à-dire que c'est un peu...
06:23On voit Robert Bresson dans le film.
06:24C'est un peu comme quand on lit, note sur le cinématographe, ça parle de cinéma, mais en fait, ça parle de la vie, quoi.
06:30Et d'une manière de voir la vie.
06:31Et ce film-là, moi, ça m'a permis d'avoir un autre accès à Godard, d'avoir un autre accès à la manière de voir les choses.
06:38Je n'ai pas vécu ma semaine de la même manière, après avoir vu ce film, que la semaine précédente.
06:43Vendu ! Vendu ! Je m'arrête là-dessus !
06:46Ah, mince !
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