Bruno Retailleau, ex-ministre de l'Intérieur et président des Républicains, s'est exprimé devant les fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ce lundi 13 octobre, à Beauvau pour son départ du gouvernement.
00:00Je n'allais pas partir comme un voleur, parce que simplement je voulais vous dire un grand merci pour que vous puissiez continuer votre tâche en sachant tout le rôle que vous jouez ici dans cette belle maison du ministère de l'Intérieur.
00:19Je voudrais m'adresser à travers vous, à toute la grande famille du ministère de l'Intérieur. Je pense parce que je vois les uniformes aux policiers, je pense aux gendarmes, je pense à la sécurité civile, je pense, monsieur le secrétaire général, à toutes nos directions.
00:43Je pense au corps préfectoral, je pense à tous les agents de l'administration territoriale de l'État, à toutes celles et ceux qui, dans le quotidien, ont essayé de me rendre la vie plus facile.
01:00Je pense à l'intendance, au secrétariat, bien sûr, à mon cabinet, à mon cher directeur de cabinet, cher Franck, et à vous tous.
01:11Et je voudrais vous dire ceci avec mes mots, avec des mots très simples.
01:17Avoir été pendant ces 12 mois votre chef aura été le plus grand honneur de toute ma vie.
01:30Parce que, pour moi, vous incarnez la République exemplaire, pour beaucoup d'autres raisons aussi.
01:39Mais d'abord parce que vous incarnez la République exemplaire.
01:44C'est vous qui protégez, qui protégez nos compatriotes, les Français, quand tant d'autres se protègent.
01:50C'est vous aussi qui portez ces si belles valeurs, simples, mais à la fois si vraies, la loyauté d'un engagement, la fidélité à un idéal, la sincérité d'une parole donnée.
02:09Ces valeurs, vous devrez les conserver, les cultiver, mais surtout les transmettre.
02:21Les transmettre à celles et à ceux qui vous sont confiés, sur lesquels vous avez une autorité.
02:28Les transmettre tout particulièrement aux jeunes générations.
02:32Dans le rôle de ministre de l'Intérieur, j'ai adoré m'adresser aux jeunes policiers qui sortaient d'école, aux jeunes commissaires,
02:47aux jeunes officiers de gendarmerie, pour leur dire ce que je croyais être le rôle de chef.
02:55Mais un chef sans ces valeurs ne mérite pas le titre de chef, bien évidemment.
03:04Et puis, j'ai décidé il y a un peu plus de 12 mois d'entrer au gouvernement.
03:11Je l'ai fait pour servir mon pays.
03:15Je l'ai fait librement.
03:17Et aujourd'hui, c'est tout aussi librement que je quitte notre ministère.
03:23Mais je continuerai à servir notre pays, notre nation, notre peuple, tout aussi librement, mais autrement.
03:34Je me souviens très bien, c'était le 23 septembre, il faisait beau.
03:39J'ai franchi la porte, la grille, les grilles de Beauvau, si caractéristiques qu'elles sont devenues l'emblème, le logotype du ministère de l'Intérieur.
03:50Et je me souviens parfaitement ce que j'avais en tête.
03:54Je me souviens parfaitement des priorités qui étaient pour moi comme une évidence et qui m'habitaient.
04:01Vous vous souvenez de ce discours de passation de pouvoir ?
04:05Quand il y avait des discours de passation de pouvoir ?
04:07J'étais parfaitement conscient de la difficulté de l'exercice, avec une majorité introuvable à l'Assemblée nationale,
04:25et finalement dans une configuration politique assez confuse.
04:35Mais pour autant, je me suis toujours tenu à ces priorités.
04:40Et avec vous, dans le quotidien, nous avons passé 12 mois à lutter pied à pied, à batailler,
04:50pour que malgré les obstacles, les difficultés, les limites dont je sentais la morsure quotidienne,
04:59nous puissions avoir des résultats.
05:00Et grâce à vous, et c'est ce que je voulais vous dire, nous en avons obtenu dans ces mauvaises conditions.
05:09Sur le front de l'immigration, nous avons, malgré la fermeture de l'Algérie,
05:17réussi à augmenter considérablement les éloignements,
05:20à tel point que nous sommes désormais des 27 pays européens,
05:25le premier, premier rang pour les éloignements.
05:29En quelques mois, jamais en France, nous n'avions réussi à diminuer autant les naturalisations.
05:39Et nous avons augmenté non seulement les éloignements,
05:44mais aussi 38% de plus pour diminuer, si j'ose dire, les régularisations.
05:53Donc nous avons obtenu des résultats.
05:56Je ne reviendrai pas, je ne les égrènerai pas sur le plan de la sécurité,
05:58simplement, un point qui me tenait à cœur, et vous le savez parfaitement,
06:03c'est le narcotrafic.
06:04C'est la loi narcotrafic.
06:06J'ai eu la chance, finalement, et le privilège d'assister à sa naissance au Sénat,
06:13lorsque j'avais lancé la commission d'enquête,
06:15et j'étais au banc du gouvernement,
06:18lorsque, à l'unanimité, elle a été votée au Sénat,
06:20puis à une très large majorité, à l'Assemblée nationale.
06:25Croyez-moi, ce texte-là, les armes qu'il va donner à l'État,
06:32et notamment la nouvelle organisation,
06:36c'est un changement de donne.
06:38Quand je discute avec la police nationale, la DNPJ,
06:43la gendarmerie nationale,
06:45quand je vois les résultats que nous avons presque quotidiennement
06:48dans la lutte, le combat contre le narcotrafic,
06:51qui est devenu un combat existentiel,
06:54les Français ne sont pas conscients des résultats
06:57qu'on engrange chaque semaine.
07:01Je suis sûr que, dans un an ou plus de deux ans,
07:06nous viendrons à bout de la DZ mafia.
07:11Donc nous avons fait des choses, nous avons obtenu des résultats,
07:14mais nous avons dit les choses aussi.
07:16Je me suis efforcé, dans cette responsabilité politique qui était la mienne,
07:22d'agir sur le réel,
07:25mais aussi de rétablir le sens et la vérité des mots.
07:29Parce que je pense que la crise de la démocratie,
07:36c'est aussi la crise de la parole publique.
07:39Quand les mots n'ont plus de sens,
07:41quand on veut travestir leur sens,
07:42quand on veut euphémiser leur portée,
07:48ou la travestir,
07:49j'ai voulu redonner toute la puissance à ces mots-là.
07:55C'était pour moi fondamental pour réaligner, finalement,
07:58la parole publique sur ce que ressentent les Français.
08:04C'est pour moi la condition de l'action politique.
08:07C'est pour moi la condition pour qu'on puisse renouer
08:11avec la confiance du peuple.
08:15Ces mots, vous les connaissez.
08:16Sur l'immigration, j'ai assumé de dire que désormais,
08:19ça n'était plus une chance pour notre pays
08:21parce que les désordres migratoires
08:23conduisent au désordre sécuritaire.
08:28L'État de droit doit rester un cadre juridique
08:33et certainement pas un cadre idéologique.
08:36La séparation des pouvoirs
08:39entre ceux qui votent la loi,
08:43ceux qui jugent l'exécutif,
08:45c'est fondamental.
08:46La démocratie doit s'accorder avec l'État de droit.
08:52La souveraineté populaire est la source
08:54dans une démocratie de l'État de droit.
08:56Puis la liberté.
08:59Liberté chérie, j'écris ton nom.
09:02La liberté qui est le premier mot de notre devise républicaine.
09:05Qu'en a-t-on fait ?
09:09Qu'a-t-on fait des promesses de ce beau mot, la liberté ?
09:15Quant au nom de la liberté, j'ai vu
09:17tant d'individus dangereux, relâchés
09:21et trop de vies amputées
09:24ou même parfois volées.
09:27Nous avons agi, nous avons assumé
09:34de bouger les lignes dans le débat public.
09:38Et je pense que ces lignes que nous avons bougées,
09:42c'est définitif.
09:43Personne ne pourra revenir
09:47sur ces lignes que nous avons réussi à bouger
09:50dans le débat public.
09:51sauf à se mettre de façon orthogonale
09:55vis-à-vis des Françaises et des Français.
09:59J'en suis convaincu.
10:02Ce que nous avons fait,
10:03ce que j'ai essayé de faire,
10:05correspond au mot de Lahir,
10:07qui était un grand compagnon de Jeanne d'Arc
10:10et qui, quelques années après,
10:14avait eu ses phrases.
10:16« J'ai fait tout ce qui était possible de faire
10:21et pour le reste, j'ai fait tout ce que j'ai pu. »
10:27Cette phrase correspond assez bien, je crois,
10:30à ce que nous avons ensemble essayé de faire.
10:33Et puis, je voudrais peut-être terminer et conclure
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