00:00Bonjour Élise Costa. La dernière des quatre semaines du procès de Sodec Jubilard accusé du meurtre de sa femme Delphine à Cagnac-les-Mines s'ouvre donc ce lundi avec le verdict attendu vendredi qu'on suit évidemment très près sur ICI Occitanie avec notre reporter permanente d'Albi Marion Chantreau.
00:16Aucune révélation fracassante les trois premières semaines. L'accusé continue à dire qu'il est innocent. Est-ce que son acquittement vous semble probable Élise ?
00:26Alors nous en tant que chroniqueur judiciaire on va jamais s'avancer parce qu'en fait honnêtement on n'est pas dans la tête des jurés.
00:33Ce que je peux vous dire c'est que les jurés sont très attentifs. La première semaine on avait l'impression qu'ils ne savaient pas trop ce qu'ils faisaient ici.
00:40Mais là depuis ils prennent des notes, ils regardent attentivement l'accusé.
00:44Que pouvez-nous dire justement sur l'attitude de Sodec Jubilard dans son box, dans ses réponses ?
00:49Il est assez arrogant d'épourvu d'émotions selon les avocats des partis civils. Vous sentez une maîtrise totale de son discours vous aussi ?
00:56Alors arrogant je ne suis pas certaine que ça se voit parce qu'en fait justement il s'exprime assez peu.
01:01Il est très nerveux en revanche. Il a un peu de l'impatience dans les jambes j'ai envie de dire. Il bouge beaucoup.
01:06Mais il s'exprime très peu. Mais ça c'est grâce au... C'est le planning en tout cas qui lui permet de ne pas s'exprimer comme ça.
01:12Parce que le planning est très corseté.
01:15On va en parler pas de larmes non plus quand il a été question de ses enfants qui attendent des réponses ?
01:19Non absolument pas. Mais de toute façon il leur écrit beaucoup moins de lettres déjà. On sent une distance par rapport à sa famille.
01:26Alors justement de nombreux observateurs trouvent que les débats sont très cadrés à ce procès.
01:30Que la présidente Hélène Ratineau suit son plan et s'y tient.
01:34Est-ce que vous avez le sentiment que les échanges manquent un peu de spontanéité ?
01:38Oui. Complètement. Complètement. C'est une tendance de la justice en ce moment qui est de... On a un planning. On s'en tient au planning.
01:44Les témoignages ne sont qu'une ligne dans l'agenda.
01:48Et on ne permet pas par exemple des échanges avec l'accusé, avec un témoin à la barre.
01:53Il faut bien comprendre que le président d'une cour d'assises est un chef d'orchestre.
01:56Donc en fait il peut autoriser ce genre d'échange.
01:59Là la présidente ne désire pas le faire.
02:02C'est un choix mais c'est dommage parce que les assises c'est ça en fait.
02:04C'est une procédure orale. C'est l'oralité des débats.
02:07C'est pour sortir un peu de toute cette paperasse justement.
02:10Et pour rendre les choses plus vivantes.
02:13Et là pour le moment on ne l'a pas énormément.
02:15Notamment quand il a été question de ses enfants.
02:17Sans doute le moment le plus émousant du procès.
02:20La présidente a attendu le lendemain pour donner la parole à Cédric Jubilard.
02:24Ça vous a beaucoup étonné ?
02:26Ça ne m'a pas tant étonné parce que je sais comme je vous disais que c'est une tendance.
02:31Mais en revanche il y a forcément un côté déceptif.
02:35Parce qu'on se dit mais là c'est le moment.
02:37C'est maintenant qu'en fait c'est dans l'instant c'est à chaud qu'il doit réagir.
02:41Il y a quelques jours à Albi le long de la Nationale 88 une banderole féministe sur l'affaire Jubilard a été placardée dénonçant un féminicide.
02:48Maître Laurent Boguet l'avocat des enfants utilise aussi le terme ce matin sur ICI Occitanie.
02:53Peut-on parler de féminicide quand il n'y a pas de corps ?
02:56Je veux dire intellectuellement on peut entendre qu'effectivement cette femme a été tuée rien que par le fait qu'on n'ait pas de signe de vie depuis 5 ans.
03:07Vous vous l'utilisez ce terme ?
03:08Alors moi je n'ai pas encore écrit sur l'affaire mais je l'utiliserai probablement après.
03:13En fait le truc c'est qu'il ne faut pas aller plus vite que la musique.
03:17Et autant pour l'affaire Jonathan Daval il avait reconnu les faits, on avait retrouvé le corps.
03:21Donc là tout de suite on avait parlé du terme féminicide.
03:23Là je pense qu'il faut attendre un verdict avant de pouvoir...
03:27Je pense qu'en fait c'est la position de pas mal de journalistes judiciaires sur cette affaire.
03:31Parce que parler d'un féminicide sans corps c'est bafouer en quelque sorte la présomption d'innocence ?
03:35Oui, quelque part oui.
03:37Certains médias parlent de Delphine Ossaguel, donc donne son nom de jeune fille alors que le couple n'était pas encore divorcé.
03:43Que pensez-vous de cette position, cette prise ?
03:46Déjà elle dit quelque chose, de l'appeler justement par son nom de jeune fille.
03:49Moi très honnêtement je ne sais pas si je le ferai parce que la famille Ossaguel est quand même une famille très pudique, très discrète.
03:58La médiatisation leur a fait beaucoup de mal.
04:01Donc je ne suis pas sûre en fait qu'ils veulent voir leur nom placardé partout.
04:06Je ne sais pas encore.
04:08Il y a un mot quand même sur l'engouement autour de ce procès.
04:10Il y a du monde tous les jours pour entrer dans la salle d'audience et celle de retransmission.
04:14De plus en plus oui.
04:15De plus en plus, c'est quoi selon vous ? La curiosité, pardon, mal placée ? Une forme d'identification de ces gens-là pour cette affaire ?
04:24Alors l'identification oui c'est sûr, mais pas que. Je pense aussi que ce sont des gens du coin qui viennent en majorité.
04:31Moi d'habitude par exemple à Toulouse on voit beaucoup d'étudiants, de personnes à la retraite, etc.
04:36Là-bas, on sent que ce sont vraiment des gens qui habitent dans les villages à côté, qui ont suivi l'affaire au plus près, qui ont sûrement vu des journalistes, qui ont sûrement parlé même à des journalistes.
04:44Donc je pense que c'est dans la continuité en fait de ce qu'ils ont vécu depuis cinq ans.
04:48Vous n'avez pas encore écrit, vous l'avez dit sur le procès. Vous allez faire quoi de tout ce que vous avez entendu, écrit ?
04:53Je vais en faire après une série judiciaire sur Slate.fr en plusieurs épisodes où je vais raconter l'affaire et telle que je l'ai comprise.
05:00Et on suivra ça. Merci Élise Costa, journaliste et chronique judiciaire pour Slate.fr.
05:04Votre dernier ouvrage, Écrire Mazan, raconte le procès historique de Dominique Pellico. Merci, bonne journée.
05:09Merci.