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00:00Ωραία.
00:31L'unique pays au monde ayant offert l'asile politique à ce célèbre apatride.
00:47Trotsky, de son vrai nom Lev Davidovich Brandstein,
00:51mène à Mexico une existence modeste entourée de sa femme et de son petit-fils.
01:00Malgré les tourments de l'exil, Léon Trotsky continue à vouloir changer le monde.
01:07Sans jamais désarmer, il consacre la plupart de son temps à défendre ses idées,
01:13multipliant les attaques envers le régime stalinien et visant Staline lui-même.
01:21Toute sa vie, Trotsky a joué avec le feu,
01:25mais contester ouvertement le pouvoir de Staline équivaut à signer son arrêt de mort.
01:31Et dans l'ombre, un assassinat se prépare.
01:36Ramon Mercader sera le bras armé de Staline.
01:42En ce printemps 1940, Léon Trotsky n'a plus que quelques mois à vivre.
01:46Et il le sait.
01:47Ramon Mercader
01:49Léon Trotsky
01:50Léon Trotsky
01:51Léon Trotsky
01:52Léon Trotsky
01:53Léon Trotsky
01:54Léon Trotsky
01:55Léon Trotsky
01:57Léon Trotsky
01:58Léon Trotsky
01:59Ωραία.
02:29En 1940, Ramón Mercader séjourne officiellement à Mexico pour affaire.
02:57Muni d'un faux passeport canadien.
03:02En réalité, il est espagnol et c'est un agent en mission pour les services secrets soviétiques.
03:22Mercader évolue sous les ordres de l'officier Pavel Soudoplatov.
03:27Chef de l'administration des missions spéciales.
03:31Autrement dit, des sabotages, des enlèvements, des assassinats.
03:38Soudoplatov a été chargé par Staline d'organiser l'assassinat de Trotsky.
03:42Cette mission est baptisée Opération Canard.
03:49Et pour accomplir ce projet criminel, Soudoplatov peut compter sur l'efficacité de ses services et sur la détermination de Ramón Mercader.
03:57A Mexico, Trotsky poursuit ses activités.
04:08Il travaille d'arrache-pied à sa biographie de Staline.
04:12Léon Trotsky est un homme pour lequel défendre ses idées est un combat de chaque jour.
04:17Jamais il ne renoncerait.
04:24Durant 43 ans de ma vie consciente, j'ai toujours été un révolutionnaire.
04:29Et durant 43 ans, j'ai lutté sous la bannière du marxisme.
04:34Si je devais tout recommencer, j'essaierais d'éviter telle ou telle erreur.
04:38Mais le cours général de ma vie serait inchangé.
04:50Dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917,
04:54les bolcheviques assiégeaient le palais d'hiver à Saint-Pétersbourg et s'emparaient du pouvoir.
04:58Lénine présidait le nouveau gouvernement.
05:09Trotsky accédait aux plus hautes fonctions de l'État.
05:14Pour défendre le nouvel État révolutionnaire,
05:17il fallait une armée entièrement dédiée à sa cause.
05:21Trotsky créa l'armée rouge et se jeta dans l'action,
05:25sillonnant le pays à bord de son train spécial
05:27pour diriger ses troupes et faire triompher la révolution bolchevique.
05:39Pendant que sur le terrain,
05:41Trotsky se forgeait une stature de héros,
05:45Staline intriguait à Moscou pour l'évincer à la première occasion.
05:48Le 21 janvier 1924,
05:56le peuple russe tout entier pleurait la mort de Lénine.
06:02Ce jour-là,
06:03Trotsky se trouvait à mille lieues de Moscou,
06:06dans un train filant vers le Caucase,
06:08contraint par ses médecins à un repos forcé.
06:10Léon Trotsky était le seul dignitaire du parti
06:16à ne pas assister au funérail.
06:18La nouvelle de la mort de Lénine se répandait rapidement par onde.
06:23J'obtins la liaison par fil direct avec le Kremlin.
06:26J'eus cette réponse,
06:27« Funérail samedi,
06:30de toute façon on n'arriverait pas,
06:32conseillons suivre traitement.
06:35En réalité,
06:36les obsèques n'eurent lieu que le dimanche,
06:38et j'aurais pu parfaitement arriver à temps à Moscou.
06:42Si invraisemblable que cela puisse paraître,
06:45on ne me trompa sur la date des funérailles. »
06:51Tenir Trotsky éloigné de Moscou le plus longtemps possible
06:54et le discréditer aux yeux des Russes
06:56permettait à Staline de garder les mains libres
06:59pour avancer ses pions vers le Kremlin.
07:02Car si le testament de Lénine
07:04était ouvertement défavorable à Staline,
07:07il ne désignait pas pour autant Trotsky comme successeur.
07:13Trotsky, qui était sûr de lui et de son pouvoir,
07:16ne rentra à Moscou que trois mois après la mort de Lénine.
07:21Il avait toujours éprouvé un grand mépris
07:23pour le camarade Staline
07:24et ne pouvait envisager d'être évincé
07:27par un bureaucrate inculte.
07:31« Il me répugnait par les traits de caractère
07:33qui ont fait ensuite sa force dans la vague de décadence.
07:37Étoitesse des intérêts,
07:39empirisme,
07:40psychologie grossière,
07:42un singulier cynisme de provincial. »
07:47Les deux hommes s'opposaient aussi
07:49sur l'idéologie révolutionnaire.
07:52Trotsky prenait une révolution mondiale.
07:56Staline voulait s'en tenir à la révolution russe
07:58qui était désormais achevée.
07:59En 1924, l'Union soviétique avait besoin d'être reconstruite
08:08après plusieurs années de guerre civile.
08:12Dans ce contexte,
08:14les membres du parti choisirent Staline
08:16au détriment de Trotsky
08:19qui risquait d'entraîner le pays dans de nouvelles batailles.
08:21Devenu chef suprême,
08:25Staline retira à Trotsky
08:26toutes ses fonctions.
08:28Chef de l'armée rouge,
08:29membre du comité central,
08:31membre du parti communiste.
08:34À cette époque,
08:36les exploits de son rival
08:37étaient encore trop éclatants dans l'esprit des Russes
08:40pour que Staline prenne le risque
08:41de le faire éliminer.
08:44De façon inexplicable,
08:47Trotsky ne livra jamais de batailles armées
08:49pour reprendre le pouvoir.
08:52On m'a demandé plus d'une fois,
08:55on me demande encore souvent,
08:57comment avez-vous pu perdre le pouvoir ?
09:01Cette question montre que l'interlocuteur
09:03se représente assez naïvement le pouvoir
09:05comme un objet matériel qu'on aurait laissé tomber,
09:09comme une montre
09:10ou un carnet qu'on aurait perdu.
09:17Durant toute son existence,
09:19faire la révolution fut la préoccupation majeure de Trotsky.
09:23Une quête obsessionnelle
09:25dans laquelle il entraîna toute sa famille.
09:31Dans l'adversité,
09:33Trotsky a toujours été entouré de sa famille.
09:38Depuis leur rencontre à Paris en 1902,
09:41sa compagne Natalia
09:42est son ombre fidèle.
09:45Elle soutient son combat révolutionnaire
09:47et l'accompagne dans tous ses exils.
09:51Natalia lui a donné deux fils,
09:54Lev Sédoff
09:54et Sergeï Sédoff.
09:57Comme son père,
09:59Lev Sédoff était fou de politique.
10:01Sergeï Sédoff
10:03Sergeï, lui,
10:04n'aimait que les mathématiques,
10:06la littérature
10:07et le cirque.
10:11Il a eu aussi deux filles,
10:13nées d'un premier mariage,
10:15Zina et Nina,
10:16qui ont toujours été en adoration devant leur père.
10:19A Mexico, en 1940,
10:30Ramon Mercader
10:31attend les ordres de Soudo-Platoff.
10:34Née à Barcelone en 1913,
10:37Mercader est issue d'un milieu favorisé,
10:39à la fois par son père,
10:40qui appartient à la bourgeoisie industrielle catalane,
10:43et par sa mère Caridad,
10:44issue d'une famille bourgeoise
10:46d'origine cubaine.
10:47Ramon est très proche
10:51de cette mère qui affectionne l'alcool,
10:53la drogue
10:54et les amours libres.
10:57Et lorsque Caridad se lia au parti communiste,
11:00il la suivit dans ses combats.
11:02Après avoir vécu dans la haute société
11:04et fréquenté les écoles pour élites,
11:07Ramon changeait brusquement de destinée.
11:11Il s'enrôla d'abord
11:12dans les jeunesses communistes.
11:14Puis, au début de la guerre civile espagnole
11:16en 1936,
11:18il s'engagea aux côtés des républicains.
11:25Les soviétiques étaient présents en Espagne,
11:28où ils soutenaient les républicains
11:29contre les franquistes.
11:31Parmi eux,
11:33un agent secret était particulièrement actif,
11:36Kotov.
11:36C'est lui
11:38qui recruta Caridad et Ramon Mercader
11:41pour le compte des services secrets soviétiques.
11:48Caridad devint la maîtresse de Kotov.
11:52Ensemble,
11:53ils décidèrent d'un projet diabolique,
11:55faire de Ramon Mercader,
11:56le fils de Caridad,
11:58l'assassin de Trotsky.
12:00D'un commun accord,
12:06Kotov et Soudo-Platov
12:08décidèrent d'intégrer la mère et le fils
12:11à l'opération Canard.
12:13J'ai fait la connaissance de Ramon Mercader,
12:15un jeune lieutenant
12:16qui venait de rentrer d'une mission clandestine
12:18derrière les lignes de Franco.
12:21J'avais appris que son frère aîné
12:23avait perdu la vie en allant se jeter
12:25après s'être attaché des grenades autour du corps
12:28sous un tank allemand
12:29qui fonçait sur les républicains.
12:32Sa mère Caridad avait été blessée
12:34au cours d'un raid aérien.
12:41Le recrutement de Ramon Mercader
12:44lançait la phase opérationnelle
12:46de la mission contre Trotsky.
12:54Depuis sa jeunesse,
12:55Trotsky pouvait compter sur son talent
12:57de journaliste et d'écrivain.
13:01Au cours de ses exils,
13:02l'écriture lui fut d'un grand secours
13:04moral et politique.
13:07Il écrivit plusieurs œuvres importantes.
13:10« Ma vie »,
13:11« Histoire de la révolution russe »,
13:13« La révolution trahie ».
13:16Ses livres,
13:17traduits en plusieurs langues,
13:18lui offraient une efficace tribune internationale
13:21et lui assuraient des revenus.
13:25Car malgré son isolement,
13:27Trotsky n'avait aucune intention
13:28de laisser Staline le gommé
13:30de l'histoire soviétique.
13:32Il ne renonçait pas non plus
13:33à sa révolution mondiale.
13:37En plus de l'écriture,
13:39il avait le talent d'entretenir
13:41un réseau international.
13:42Il avait toujours été en lien
13:46avec les intellectuels
13:47et les personnalités de son époque.
13:57En 1928,
13:59après avoir privé Trotsky
14:00de tous ses pouvoirs,
14:01Staline le fit déporter à Almahata,
14:03au Kazakhstan,
14:04une république soviétique.
14:09Lev Sedov, son fils,
14:11avait choisi librement
14:13d'accompagner ses parents en exil
14:14pour les soutenir.
14:16Il devenait, à 22 ans,
14:18le principal collaborateur
14:20de son père.
14:23Même en exil,
14:25Trotsky travaillait dur.
14:27Il écrivait des lettres
14:28et des télégrammes
14:29adressés à ses nombreux contacts
14:30à Moscou
14:30et dans les autres colonies pénitentiaires.
14:36Lev Sedov s'employait
14:37à expédier ses messages
14:38par tous les moyens possibles.
14:41Les agents soviétiques
14:43ouvraient le courrier
14:44tout en le laissant circuler.
14:47C'était un moyen
14:48de surveiller l'opposant.
14:51Mais au fil des mois,
14:52les activités politiques
14:53de Trotsky
14:54étaient devenues si intenses
14:55que Staline
14:56y vit une menace.
14:59Son rival
15:00remettait ouvertement en cause
15:02la légitimité de son pouvoir.
15:04A la fin de 1928,
15:10Staline était convaincu
15:11qu'il était dangereux pour lui
15:12de garder Trotsky
15:13à Almata.
15:16Le faire assassiner
15:17aurait rencontré
15:18une opposition
15:19de la part de certains membres
15:20du bureau politique.
15:22Mais l'exilé encore plus loin
15:23pouvait être une solution.
15:25Après 12 jours
15:30de tergiversation,
15:32Staline prit la décision
15:33de déporter son rival
15:34hors d'Union soviétique,
15:36où il imaginait
15:36que sans argent
15:37et sans soutien,
15:39il ne pourrait plus agir.
15:44Commença alors
15:45pour Trotsky et Natalia
15:46un exil interminable
15:48et chaotique
15:49qui finirait
15:51par leur être fatal.
15:52Au début des années 30,
16:02l'Union soviétique
16:03se trouvait dans une situation
16:05économique et sociale
16:06désastreuse.
16:08Un échec pour Staline,
16:11qui devint dictatorial
16:12et rejetait toutes les fautes
16:14sur les trotskistes.
16:18C'est à ce moment-là
16:20qu'il a déchu Trotsky
16:21de sa nationalité
16:22et soviétique.
16:24Plus jamais,
16:25il ne reverrait
16:25sa terre natale.
16:36Il n'y avait pas qu'en Russie
16:37que le régime s'était durci.
16:40En janvier 1933,
16:42Adolf Hitler
16:43avait été élu
16:44chancelier du Reich.
16:47Pour Trotsky,
16:49qui était d'origine juive,
16:50les nazis au pouvoir
16:51représentait un danger
16:52supplémentaire.
16:56Durant les années 30,
16:58le ciel s'était assombri
16:59au-dessus de Trotsky.
17:02Il avait d'abord perdu
17:03sa fille Nina
17:04de tuberculose.
17:06Puis,
17:06quelques mois plus tard,
17:08son autre fille,
17:09Zina,
17:09s'était suicidée
17:10au gaz à Berlin.
17:12Trotsky accusa
17:13officiellement Staline
17:14d'avoir poussé
17:15sa fille vers la mort.
17:16Elle laissait
17:19un jeune fils,
17:20Siewa,
17:21qui fut adopté
17:22par Lev Sedov,
17:23le fils de Trotsky.
17:27Trotsky était
17:28sous le choc.
17:29Mais l'action
17:30le sauva.
17:32Il multiplia
17:33les provocations,
17:34refusant
17:34systématiquement
17:35de renoncer
17:36à ses activités
17:37politiques
17:37et de se conformer
17:39aux règles imposées
17:40par ses pays d'exil.
17:41Entre 1932
17:46et 1936,
17:48Trotsky vécut
17:48successivement
17:49dans trois pays différents
17:50dont il fut
17:51chaque fois
17:52expulsé.
17:54La Turquie,
17:55la France
17:56et la Norvège.
18:00Soucieux
18:00de ne pas
18:00contrarier Staline,
18:02le chef suprême
18:03de l'Union soviétique,
18:04plus aucun pays
18:05ne voulait
18:06de cette haute
18:06encombrant.
18:08Or,
18:08au milieu
18:09des années 30,
18:09sa vie était
18:10de plus en plus
18:11menacée
18:11par des services
18:12secrets russes
18:13prêts à l'éliminer
18:14dès que Staline
18:15le déciderait.
18:21Après son recrutement,
18:22Ramon Mercader
18:23fut envoyé
18:24en Union soviétique
18:25pour y recevoir
18:26une formation
18:27d'espion.
18:28Il y était entraîné
18:29par l'agent Kotov,
18:30l'amant de sa mère,
18:31qui devint son mentor.
18:33Kotov n'aura
18:34de cesse
18:34de le conditionner
18:35pour qu'il aille
18:36au bout de sa mission.
18:37Il restera
18:38dans son sillage
18:38avec Caridad
18:39jusqu'à Mexico.
18:41J'ai proposé à Kotov
18:42de passer un mois
18:43environ
18:44à former Caridad
18:45et Ramon
18:45aux techniques
18:46du renseignement
18:47car ils étaient
18:48très novices
18:49pour tout ce qui
18:50touchait à des notions
18:50de base
18:51telles que les techniques
18:52opérationnelles
18:53ou les différentes
18:54manières de déjouer
18:55les filatures
18:55et de changer d'aspect.
19:00En plus
19:01d'un entraînement
19:01militaire spécifique,
19:03Ramon devait apprendre
19:04à être un autre homme.
19:05un personnage
19:07entièrement fabriqué
19:08par les agents
19:09de Moscou.
19:15Désormais,
19:15il serait
19:16Jacques Mornard,
19:17un citoyen belge,
19:19journaliste sportif
19:20et profitant joyeusement
19:21de la vie
19:22grâce à l'argent
19:23de sa famille.
19:26Une fois installé
19:27dans la peau
19:27de son personnage,
19:29une nouvelle phase
19:30pouvait commencer.
19:32L'infiltration
19:33des milieux trotskistes.
19:45Trotsky était arrivé
19:46au Mexique
19:47en janvier 1937.
19:49Il avait 57 ans
19:50et il lui restait
19:52trois ans à vivre.
19:53Alors que Trotsky
20:02et Natalia
20:02étaient devenus
20:03indésirables
20:04en Europe,
20:05c'est Diego Rivera,
20:06le grand peintre
20:07de la révolution mexicaine
20:09et un fervent communiste
20:10qui leur avait obtenu
20:11l'asile politique
20:12au Mexique.
20:16À Mexico,
20:18il s'était installé
20:18à la Maison Bleue,
20:20la maison natale
20:21de Frida Kahlo,
20:22l'épouse de Rivera.
20:23Ils avaient été surpris
20:25du bon accueil
20:26qui leur avait été réservé.
20:28Après avoir vécu
20:29dix années noires
20:30dans la hantise permanente
20:32d'être assassinés,
20:34c'était pour eux
20:34un moment de répit,
20:36un havre de paix
20:37et de vie.
20:45Trotsky avait de l'admiration
20:46pour l'œuvre de Rivera.
20:49Ses fresques monumentales
20:50rendaient un vibrant
20:51hommage à l'histoire
20:53et aux luttes
20:53du peuple mexicain.
20:57C'est au Mexique
20:58qu'avait eu lieu
20:59la première grande révolte
21:00sociale du monde,
21:02prémisse à la révolution russe.
21:07Le couple Rivera
21:08était d'une originalité folle
21:11et entraînait
21:12dans le tourbillon
21:12de leur vie
21:13le révolutionnaire russe
21:15et sa femme.
21:16Mais malgré
21:19une existence exotique
21:20chez Diego et Frida,
21:22Trotsky et Natalia
21:23n'étaient jamais sereins.
21:26Les nouvelles
21:26qui leur parvenaient
21:27de Moscou
21:27étaient épouvantables.
21:30Les purges
21:30lancées par Staline
21:31depuis 1936
21:32les hantaient.
21:37À Moscou,
21:38Staline liquidait
21:39tous ceux
21:40qui le gênaient.
21:42L'assassinat
21:43de son ami
21:44Sergei Kirov
21:45avait été une aubaine
21:46pour lui.
21:48Cela lui avait permis
21:49de désigner
21:49des traîtres au parti
21:50et de déclencher
21:51une série de procès
21:52spectaculaires.
21:57C'était une nouvelle phase
21:59de la terreur stalinienne.
22:03À la Lubianca,
22:05le quartier général
22:05de la police politique,
22:07les cellules
22:08étaient remplies
22:09d'accusés
22:09qui étaient
22:10la veille encore
22:11des dirigeants
22:12influents.
22:15terrorisés
22:18et acculés
22:19par des preuves
22:19fabriquées,
22:21ses anciens camarades
22:22de Lénine,
22:23ses révolutionnaires
22:24convaincus,
22:25étaient devenus
22:26incapables
22:26de se défendre.
22:29Et le procureur
22:31Wyszynski
22:32se déchaînait
22:33contre eux.
22:36Les condamnations
22:37à mort pleuvaient.
22:38Les condamnés
22:39étaient aussitôt
22:40fusillés.
22:40En 1937,
22:48lors de la seconde vague
22:49des grands procès
22:50de Moscou,
22:51Trotsky et son fils
22:52Lev Sedov
22:53furent accusés
22:54de vouloir saboter
22:55l'Union soviétique
22:56et furent condamnés
22:57à mort
22:57par contumace.
22:58Quant au fils cadet
23:03de Trotsky
23:04et de Natalia,
23:05Sergei,
23:07qui vivait
23:07en Union soviétique,
23:09il avait été déporté
23:10en Sibérie
23:11et assassiné.
23:13Il avait 29 ans.
23:17Sa famille,
23:18ses amis,
23:19Staline
23:20intensifiait
23:20la répression
23:21anti-trotskiste
23:22et l'étau
23:23se resserrait
23:24autour de Trotsky
23:25lui-même.
23:38Dès son arrivée
23:39à Mexico
23:39en 1937,
23:41Trotsky
23:41avait réorganisé
23:42un bureau opérationnel
23:44en engageant
23:44des secrétaires
23:45et des traducteurs.
23:46A la suite
23:51de sa condamnation
23:51à mort,
23:52il préparait
23:53activement
23:53sa réponse
23:54aux graves accusations
23:55portées contre lui
23:56par Staline.
24:02Pour lui permettre
24:03de se défendre
24:04publiquement,
24:05son comité américain
24:06de soutien
24:07eut l'idée
24:07d'organiser
24:08un contre-procès.
24:11Présidée
24:11par le philosophe
24:12John Dewey,
24:14cette commission
24:14était composée
24:15d'intellectuels
24:16de juristes
24:17et de politiciens
24:19américains.
24:40La commission
24:41Dewey
24:41se teint
24:42à la Maison Bleue
24:43au printemps
24:431937.
24:46Durant huit jours,
24:50Trotsky
24:50fut interrogé
24:51sans relâche.
24:52Une épreuve
24:53harassante,
24:54mais dont il sortit
24:55blanchi
24:55des crimes
24:56dont l'accusait
24:56Staline.
25:00La décision
25:01de cette commission
25:01ne changeait rien
25:02à la situation
25:03de Trotsky
25:04et de son fils
25:05Lev Sedov,
25:06qui restaient
25:06tous deux
25:07dans le viseur
25:08de Staline.
25:08En février 1938,
25:20Lev Sedov,
25:21qui vivait à Paris,
25:22se plaignit
25:23de douleurs
25:23au ventre.
25:27Son nouveau
25:28collaborateur
25:29le fit aussitôt
25:30transporter
25:31dans une clinique
25:31dirigée
25:32par un médecin russe.
25:35Il fut opéré
25:35deux fois
25:36avant de succomber.
25:38Il avait
25:3932 ans.
25:44Après deux autopsies
25:45et une enquête
25:46bâclée,
25:47la police française
25:48concluait
25:48à une mort naturelle.
25:51Il semblait évident
25:51que le gouvernement
25:52français
25:53souhaitait ménager
25:53Staline.
25:54Le fait
25:59que le nouveau
25:59collaborateur
26:00du fils
26:00de Trotsky
26:01fut en réalité
26:02un agent
26:03stalinien
26:03laissait planer
26:04bien des interrogations
26:06sur ce drame.
26:07Mais son rôle
26:08ne fut jamais
26:09éclairci.
26:13La nouvelle
26:14de la mort
26:14de Lev Sedov
26:15frappa
26:16Trotsky
26:16de plein fouet.
26:19Il perdait
26:19non seulement
26:20un fils,
26:22mais aussi
26:22son collaborateur
26:23le plus fiable.
26:27Après la mort
26:28de ses deux filles
26:29et maintenant
26:29de ses deux fils,
26:31Trotsky
26:31n'avait plus
26:32qu'une idée
26:32en tête.
26:34Rapatrié au Mexique
26:35son petit-fils
26:36Cieva.
26:47À la Maison Bleue,
26:49les relations
26:49entre Trotsky
26:50et Rivera
26:51tournaient mal.
26:51Les deux hommes
26:54s'opposaient
26:55sur des questions
26:55politiques.
26:59Rivera
26:59avait aussi
27:00été fâchée
27:00par la brève
27:01liaison de Trotsky
27:02avec Frida.
27:04Le secrétaire
27:05et traducteur
27:05de Trotsky,
27:06Jean Van Eichnort,
27:08témoigne.
27:10Frida n'hésitait pas,
27:11un peu à la manière
27:12américaine,
27:13à brandir
27:13le mot love.
27:15All my love,
27:16disait-elle
27:16à Trotsky
27:17en le quittant.
27:19Trotsky,
27:19apparemment,
27:20fut pris au jeu.
27:21Il se mit à lui
27:22écrire des lettres.
27:24Il glissait la lettre
27:25dans un livre
27:25et remettait le livre
27:27à Frida,
27:28souvent en présence
27:28d'autres personnes,
27:30y compris Natalia
27:30ou Diego,
27:32en lui recommandant
27:33de le lire.
27:36Ceci se passait
27:37quelques semaines
27:38après les audiences
27:38de la commission
27:39de la commission
27:39de Wey.
27:41Fin juin,
27:42la situation
27:43devint telle
27:44que ceux qui se trouvaient
27:45tout près de Trotsky
27:46commençaient à s'inquiéter.
27:56Rivera coupa brutalement
27:57les ponts
27:58avec le révolutionnaire russe.
28:00En perdant la protection
28:01du peintre,
28:03Trotsky devenait plus vulnérable
28:05que jamais.
28:07Or,
28:08le danger
28:08se rapprochait
28:09de jour en jour.
28:18En juin 1938,
28:21Ramon Mercader
28:22débarquait à Paris
28:23sous sa nouvelle identité,
28:25Jacques Mornard.
28:26Depuis sa formation
28:33d'espion
28:33en Union soviétique,
28:35il maîtrisait
28:35l'art du renseignement
28:36et du camouflage.
28:40La séduction
28:41était un de ses atouts
28:42majeurs
28:42et les services secrets
28:44russes
28:44en avaient fait une arme.
28:47La cible
28:48s'appelait Sylvia Aguelov.
28:52Elle avait été choisie
28:53par l'équipe
28:53de Soudo-Platov
28:54parce que sa famille
28:56était proche
28:56de Trotsky.
29:01Le plan machiavélique
29:02avait commencé
29:03quelques mois plus tôt
29:04quand une espionne soviétique
29:06avait approché Sylvia
29:08pour gagner son amitié.
29:11Puis,
29:12sa mission
29:12avait été
29:13de la jeter
29:14dans les bras
29:14de Jacques Mornard.
29:21Celui qui se présentait
29:22à Sylvia
29:22comme journaliste
29:23et photographe belge
29:25était en réalité
29:26l'agent soviétique
29:27Ramon Mercader.
29:31Sylvia
29:32était facilement
29:33tombée dans le piège.
29:35Son nouveau fiancé
29:36qui menait
29:37grande vie
29:38l'en met
29:38dans les restaurants
29:39à la mode,
29:40les boîtes de nuit.
29:42Elle était éblouie.
29:43Suivant les ordres
29:46de ses supérieurs,
29:48il ne parlait
29:48jamais espagnol
29:49et faisait mine
29:50de ne pas être intéressé
29:51par la politique.
29:54Mercader
29:55jouait avec Sylvia
29:56la comédie de l'amour.
29:59Il obéissait
29:59aux ordres.
30:03Le plan fonctionnait
30:05parfaitement.
30:05Ainsi,
30:07lorsque Sylvia
30:08a dû se rendre
30:08au congrès
30:09de la 4e internationale,
30:11c'est Jacques Mornard
30:12qui la conduisit
30:12en voiture.
30:19L'intégralité
30:20de ce congrès
30:21avait été préparée
30:23par Trotsky
30:23depuis son exil.
30:25Il lançait
30:26un véritable parti
30:27d'opposition.
30:28C'était pour lui
30:32un enjeu majeur.
30:35Cela devait lui permettre
30:36de relancer
30:37son mouvement politique
30:38et son projet
30:39de révolution mondiale.
30:44Si Mornard
30:45n'assistait pas
30:46au congrès
30:47de la 4e internationale,
30:49les services secrets russes
30:50avaient un autre agent
30:51infiltré.
30:53Il savait donc
30:54tout des projets
30:55de Trotsky.
30:58Soudo-Platov
30:59tissait une toile
31:00d'araignée
31:01à l'échelle du monde
31:02pour qu'elle se referme
31:03le moment venu
31:04sur Trotsky.
31:12A Mexico,
31:13au début de 1939,
31:15Trotsky et Natalia
31:16se séparaient
31:17définitivement
31:18des Rivera.
31:20Ils quittaient
31:21la Maison Bleue
31:22pour s'installer
31:23à quelques rues de là,
31:24dans l'avenue Viena.
31:25Menacés de toutes parts,
31:30ils vivaient désormais
31:31dans une maison
31:31aux allures
31:32de forteresses.
31:35Les allées et venues
31:36étaient très contrôlées,
31:38Trotsky ne voulant
31:38rien changer
31:39à ses habitudes.
31:42Recevoir des partisans,
31:44des hommes politiques
31:45et des intellectuels
31:46lui restait vital.
31:47C'est avec les visiteurs
31:53et les nouveaux venus
31:54que Trotsky déployait
31:55toute son amabilité.
31:58Il parlait,
32:00expliquait en faisant
32:00des gestes,
32:02posait des questions,
32:03était par moments
32:03vraiment charmant.
32:06Puis,
32:07plus on avait travaillé
32:08avec lui,
32:09plus il était exigeant
32:10et plus il pouvait
32:11devenir brusque.
32:12La situation
32:15dans laquelle nous vivions
32:16avait sa part
32:17dans tout cela.
32:18Il fallait vivre
32:19des années ensemble,
32:20jour après jour,
32:21dans un espace restreint,
32:23avec des constantes
32:24mesures de sécurité.
32:27Tout était arrangé,
32:28les visites,
32:29les sorties.
32:30Vous me traitez
32:31comme un objet,
32:32me dit-il un jour.
32:33En perdant Rivera,
32:45Trotsky se retrouvait
32:46également privé
32:47des ressources financières
32:48du peintre.
32:49Pour survivre,
32:50il écrivait
32:51de nombreux articles
32:52de presse
32:52et l'avance
32:53de droit d'auteur
32:54pour sa biographie
32:55de Staline
32:56complétait ses revenus.
33:03En cette période noire,
33:07quelques rayons de soleil
33:08filtraient parfois
33:09dans sa vie.
33:11La quatrième internationale
33:12lui avait redonné espoir
33:13en l'avenir
33:14du trotskisme.
33:16Il y avait aussi
33:17des moments de bonheur,
33:19comme l'arrivée
33:19à Mexico de Sieva
33:20au mois d'août 1939.
33:23Sieva donnait
33:24à Trotsky
33:25et à Natalia
33:25une nouvelle raison
33:26de se battre.
33:28Ils n'avaient pas revu
33:29leur petit-fils
33:30depuis six ans
33:31et c'est un jeune homme
33:32de 13 ans
33:33qui arriva au Mexique.
33:35Sieva était
33:36l'un des rares survivants
33:37de la famille.
33:39Afin qu'il puisse
33:39s'intégrer
33:40à son pays d'adoption,
33:41Trotsky interdisait
33:43qu'on lui parle en russe.
33:45Il fut également
33:45rebaptisé Esteban.
33:51Les Rosmer,
33:53amis du couple Trotsky,
33:55qui avaient conduit
33:55Esteban de France
33:56au Mexique,
33:58séjournèrent
33:58neuf mois à Mexico.
34:01Une parenthèse amicale
34:02réparatrice
34:03pour ceux
34:03dont tous les amis
34:04et anciens collaborateurs
34:05avaient été éliminés
34:07par Staline.
34:12Malgré ce moment
34:13de trêve,
34:14tout semblait indiquer
34:15que Trotsky
34:16était en sursis.
34:17L'imminence d'une guerre
34:21en Europe
34:22qu'il pressentait
34:23était une chose
34:24qui l'inquiétait
34:24beaucoup.
34:29Le 23 août 1939,
34:32la signature
34:32du pacte
34:33germano-soviétique
34:34anéantissait Trotsky.
34:35signé par Molotov,
34:42chef de la diplomatie
34:43de Staline
34:43et Van Ribbentrop,
34:45ministre des affaires
34:46étrangères d'Hitler,
34:47cette alliance
34:48était de mauvais augure
34:49pour Trotsky
34:50et pour l'Europe.
34:51Le 1er septembre,
34:58Hitler envahissait
34:58la Pologne.
35:01Deux jours après,
35:02la Grande-Bretagne
35:03et la France
35:04déclaraient la guerre
35:04à l'Allemagne.
35:05Je me souviens
35:14d'avoir écouté
35:14avec Trotsky
35:15sur un appareil
35:16d'onde courte
35:17la nouvelle
35:18du premier torpillage
35:19d'un navire anglais
35:20par un sous-marin allemand.
35:22Tout cela
35:22avait un air
35:23de déjà-vu.
35:25On sentait
35:26chez Trotsky
35:26la lassitude
35:27de voir se répéter
35:28une catastrophe
35:29dont il avait été
35:30le témoin en 1914,
35:33mais aussi la foi
35:34que dans quelques années
35:35la guerre
35:36amènerait
35:37la révolution socialiste.
35:46Alors qu'éclatait
35:47la Seconde Guerre mondiale
35:48et que Staline
35:49devait diriger
35:49son pays en guerre,
35:51il ne pouvait pas
35:51se permettre
35:52de garder en vie
35:53son principal opposant.
35:55Il donna donc
35:56l'ordre à Soudoplatov
35:57de liquider Trotsky.
36:01Soudoplatov
36:01et son équipe
36:02réagirent aussitôt.
36:04Mercader fut envoyé
36:05à New York
36:05pour vivre
36:06chez Sylvia Aguilov,
36:08ce qui devait lui permettre
36:09de se rapprocher
36:09de Mexico
36:10et de Trotsky lui-même.
36:13Quand Mercader
36:13expliqua à Sylvia
36:14qu'il fuyait l'Europe
36:15pour ne pas faire la guerre
36:17et avec un passeport
36:18canadien acheté
36:19pour éviter
36:19d'être mobilisé,
36:21elle le crut
36:22sur parole.
36:24Et quand il partit
36:24au Mexique
36:25pour affaire,
36:27Sylvia promit
36:28de lui rejoindre.
36:39Lorsque Sylvia
36:40vint le rejoindre
36:41à Mexico
36:41au début de 1940,
36:44elle fut aussitôt
36:44reçue chez Trotsky
36:45et Natalia
36:46où elle était
36:47très appréciée.
36:48Elle s'y rendait régulièrement
36:57et chaque fois,
36:59Mercader
36:59la conduisait
37:00en voiture.
37:02Il ne demandait
37:03jamais
37:03à entrer
37:04dans la propriété,
37:07argant
37:08qu'une rencontre
37:09avec le révolutionnaire russe
37:10ne l'intéressait pas.
37:11Peu à peu,
37:23les gardes s'habituaient
37:24à voir ce garçon
37:24sympathique et serviable.
37:27Mercader
37:27se lia même
37:28avec l'un d'entre eux,
37:29un jeune Trotskiste
37:30américain
37:31du nom de
37:32Robert Sheldon Hart.
37:37Et lorsqu'en mars,
37:39Sylvia rentra
37:39chez elle à New York,
37:40Mercader
37:41n'avait plus besoin
37:42d'elle
37:42pour approcher
37:43Trotsky.
37:45Ce n'était plus
37:46qu'une question
37:46de temps.
37:51Mais Staline
37:52était pressé.
37:53Il lui fallait
37:54absolument réduire
37:55Trotsky
37:55au silence.
37:57Pour répondre
37:58à l'impatience
37:59de Staline,
38:00Soudoplatov
38:00décida
38:01à la hâte
38:02de lancer
38:02une attaque
38:03à Mexico.
38:10Dans la nuit
38:14du 23 au 24 mai
38:151940,
38:17vers 5 heures
38:17du matin,
38:18une vingtaine
38:19d'hommes armés
38:20jusqu'aux dents
38:20prend d'assaut
38:21la maison
38:22de Trotsky.
38:24Dans leur chambre,
38:26le révolutionnaire
38:26russe et son épouse
38:27sont endormés.
38:29Leur petit-fils
38:30Syeva
38:30dort dans la chambre
38:31attenante.
38:33Soudain,
38:35retentit une série
38:36de coups de feu
38:36en rafale.
38:40Les tireurs
38:41inondent littéralement
38:42de balles
38:43les deux chambres
38:43à coucher.
38:45La fusillade
38:45dure de longues secondes.
38:51Les gardes
38:52parviennent
38:53à faire fuir
38:53les assaillants.
38:56Trotsky,
38:57Natalia
38:57et Syeva
38:58sortent de l'attaque
38:59en état de choc
39:00mais indemne.
39:03Natalia
39:04a protégé Trotsky
39:05en l'abritant
39:05sous le lit.
39:06L'affaire
39:11a un grand retentissement.
39:13Trotsky
39:14est accusé
39:14par ses détracteurs
39:15d'avoir mis en scène
39:16cet attentat
39:17pour faire parler
39:18de lui.
39:19Mais l'enquête
39:20de la police
39:20s'oriente vers
39:21le peintre mexicain
39:22David Alfaro
39:24Siqueiros.
39:29Siqueiros
39:29est un stalinien
39:30convaincu
39:31et un tueur.
39:34Il a combattu
39:35durant la guerre
39:35d'Espagne
39:36dans les rangs
39:36des républicains.
39:40Malgré
39:41l'arrestation
39:41de Siqueiros
39:42et de ses complices,
39:43cette affaire
39:44conserve de nombreuses
39:45zones d'ombre.
39:50L'une d'elles
39:51touche particulièrement
39:52Trotsky
39:52car elle met en cause
39:54l'un de ses proches
39:55collaborateurs.
40:00Les assaillants
40:01sont entrés facilement
40:03dans la maison.
40:06L'homme
40:06qu'il aura ouvert
40:07est Robert Sheldon Hart,
40:09le garde américain
40:10qui est lié
40:10avec Mercader.
40:14Contrairement
40:15à la police mexicaine,
40:17Trotsky refuse
40:17catégoriquement
40:18de le considérer
40:19comme un traître.
40:20et quand le corps
40:23de Hart
40:23est retrouvé
40:24dans la banlieue
40:24de Mexico
40:25avec deux balles
40:26dans la tête,
40:27il est bouleversé.
40:33Attaques mal préparées
40:34ou simulacres
40:36d'attentats
40:36destinés à intimider
40:37Trotsky et son entourage,
40:40une atmosphère lourde
40:41plane désormais
40:42sur la Casa Viena.
40:42Trotsky sait
40:48que Staline
40:49enverra d'autres tueurs
40:50pour l'éliminer.
40:56Craignant
40:56une nouvelle attaque,
40:58la maison
40:58est sécurisée.
41:02Les murs d'enceinte
41:03sont rehaussés,
41:04de nouvelles tourelles
41:05construites.
41:07A l'intérieur,
41:08on équipe
41:09chaque pièce
41:09d'une porte blindée
41:10et des gardes
41:12supplémentaires
41:13sont engagées.
41:22La terre d'exil
41:23du révolutionnaire
41:24se rétrécissait
41:25toujours plus.
41:27Malgré les risques,
41:28Trotsky refuse
41:29de se laisser enfermer.
41:32Cédant à sa passion
41:33pour les cactus,
41:35il s'offre encore
41:36quelques escapades
41:37dans les montagnes désertes.
41:41La vie est belle,
41:42que les générations futures
41:45la nettoient
41:45de tout mal,
41:47de toute oppression
41:48et de toute violence
41:50et en jouissent pleinement.
41:58Après l'échec
41:59d'un premier attentat
42:00qui a mis Staline
42:00hors de lui,
42:02Soudo-Platov
42:02actionne l'agent
42:03préparé spécialement
42:04pour tuer Trotsky,
42:05Ramon Mercader.
42:13Mercader n'était
42:14jamais entré
42:15dans la résidence
42:15de Trotsky
42:16avant l'attentat manqué.
42:18Mais trois jours
42:19après cette attaque,
42:21il y fait son entrée
42:22pour la première fois.
42:28Trotsky et Natalia
42:29l'ont invité
42:30à prendre le thé.
42:31Ils souhaitent rencontrer
42:33le fiancé
42:34de leur amie
42:34Sylvia Agueilov.
42:38Mercader accepte
42:39l'invitation.
42:42Ils se montrent
42:43à présent curieux
42:43de faire la connaissance
42:44de Trotsky
42:45et désireux
42:46d'écrire des articles
42:47sur l'état du monde.
42:48La rencontre
42:58se passe agréablement.
43:00Il sera réinvité
43:01à la Casa Viena.
43:06Il commence
43:06à rendre régulièrement
43:08des services
43:08comme conduire
43:09les Rosemers,
43:10les amis du couple
43:11Trotsky
43:12de Mexico
43:12à Vera Cruz.
43:15Un voyage
43:16de 600 kilomètres.
43:18mais il est prêt
43:18à tout
43:19pour approcher
43:20Trotsky.
43:23Après avoir manipulé
43:24Sylvia,
43:25il séduisait
43:26l'entourage
43:26du révolutionnaire.
43:29Ses gardes,
43:31ses amis,
43:32son petit-fils.
43:37Ensuite,
43:38il disparaît
43:39un mois entier.
43:41Sa disparition
43:42n'éveille aucun soupçon.
43:44C'est un homme d'affaires.
43:45Il était normal
43:46qu'il voyage.
43:49De ce mois d'absence,
43:51on ne sait pas grand-chose
43:52du parcours de mercadère.
43:55Mais il est certain
43:56qu'il préparait activement
43:57son action
43:57contre Trotsky.
44:01Soutenu dans sa mission
44:02par sa mère Caridad
44:03et par son mentor
44:04Kotov,
44:05présents tous deux
44:06dans la capitale mexicaine
44:07pour assurer
44:08la logistique
44:09de l'opération.
44:09Un peu plus tard,
44:17Kotov devait me dire
44:18que Ramon Mercader
44:19était prêt
44:20à accomplir
44:21sa mission,
44:22confiant dans son
44:23entraînement
44:23de guerrillero
44:24en Espagne.
44:27Pendant la guerre,
44:28il ne s'était pas contenté
44:29de se servir
44:30d'un fusil.
44:31Il avait participé
44:32à des combats
44:32au corps à corps
44:33armés d'un couteau.
44:34Sa préparation
44:37lui permettait
44:37d'utiliser
44:38trois moyens.
44:39Tuer Trotsky
44:40d'un coup de feu,
44:42le poignarder
44:42ou le battre à mort.
44:48Caridad donna
44:49sa bénédiction
44:49à son fils.
44:56Le 20 août 1940,
44:59lorsque Ramon Mercader
45:00traverse le jardin
45:01de la Casa Viena,
45:02il se sent nerveux.
45:04Il vient présenter
45:06à Trotsky
45:07la nouvelle version
45:07d'un article
45:08qu'il a écrit.
45:11Le révolutionnaire
45:12avait rejeté la première,
45:14la trouvant mal écrite
45:15et confuse.
45:16Mercader s'était senti vexé.
45:24Trotsky est occupé
45:25à soigner ses animaux
45:26quand Mercader le rejoint.
45:29De loin,
45:30Natalia remarque
45:31les deux hommes
45:32en train de discuter.
45:33elle trouve étrange
45:35que Mercader porte
45:36une gabardine
45:36en plein mois d'août.
45:41Trotsky et Natalia
45:42commencent à se méfier
45:43de ce garçon
45:43trop mystérieux
45:44à leur goût
45:45et envisagent
45:46de se renseigner
45:46sur son compte.
45:50Mais ce jour-là,
45:52Trotsky accepte
45:53quand même
45:53de le recevoir
45:54dans son bureau.
45:54ensuite,
45:58tout se passe très vite.
46:01Alors que Trotsky
46:02se penche sur le texte,
46:04Mercader lui fracasse
46:05le crâne
46:05avec le piolet
46:06qu'il avait caché
46:07sous sa gabardine.
46:10Le crâne enfoncé
46:12et couvert de sang,
46:13Trotsky mord son agresseur
46:14pour l'empêcher
46:15de frapper
46:15une seconde fois.
46:18Dans un ultime
46:18sursaut de vie,
46:20il parvint même
46:21à se relever
46:21et à sortir
46:22de son bureau.
46:24Il intime l'ordre
46:25à ses gardes
46:26de cesser
46:26de violenter
46:27Mercader
46:27qu'ils ont blessés.
46:29Il ne faut pas le tuer,
46:30il faut qu'il parle.
46:36Dans l'ambulance
46:37qui le conduit
46:37à l'hôpital,
46:39Trotsky est encore conscient.
46:41Malgré les efforts
46:42du chirurgien
46:43qui l'opère
46:43pendant plusieurs heures,
46:45il chemine
46:46vers la mort.
46:48La lame du piolet
46:49qui s'est enfoncée
46:49de 7 cm
46:50a causé
46:51des dommages
46:52irréparables.
46:56Léon Trotsky
46:57meurt le lendemain
46:57de l'attaque,
46:58le 21 août 1940.
47:02Il avait 60 ans.
47:05C'était le point final
47:06de l'opération Canard.
47:08Staline avait gagné.
47:14Bien des années plus tard,
47:16les détails
47:16de cet événement
47:17sont restés intacts
47:18dans la mémoire
47:19d'Esteban Volkov,
47:21le petit-fils
47:21de Trotsky,
47:22le survivant
47:23de cette famille
47:24décimée par Staline.
47:25Je revenais de l'école
47:27et quand je me suis rapproché
47:28de la maison,
47:29j'ai senti
47:30une sensation
47:30d'angoisse.
47:31Je sentais
47:32quelque chose
47:32anormal
47:34arriver.
47:35Il y avait des gens
47:36dans la rue,
47:36une voiture
47:37était arrêtée.
47:40Alors j'ai acéléré
47:41mon pas
47:42et je suis rentré.
47:43et j'ai vu
47:44que tout le monde
47:45était bouleversé,
47:46qu'il y avait
47:47quelque chose
47:48de grave
47:49venait d'arriver.
47:51Ma première
47:52impression,
47:55c'était
47:55une mercader
47:56qui était au milieu
47:57du jardin,
47:58n'arrêtait pas
47:58des policiers.
48:00Il était
48:01dans un état
48:02tout à fait
48:03des faits.
48:04Pleurait,
48:05écrivait,
48:06gémissait.
48:06Jamais j'avais eu
48:07un être humain
48:08dans un tel état.
48:10Le désarroi.
48:14De maman,
48:15je ne savais pas
48:15qu'on ne parlait pas
48:16ce qui pouvait arriver.
48:17Qu'est-ce qu'il faisait
48:18cette famille-là,
48:19ce mari de Signe,
48:20qu'est-ce qu'il faisait là ?
48:22Et après,
48:22quand je suis rentré
48:23dans la bibliothèque,
48:24alors oui,
48:24j'ai vu
48:24que le père David
48:25était vraiment blessé
48:26dans la chambre
48:27d'à côté.
48:29D'ailleurs,
48:30ils ne m'ont pas
48:30laissé rentrer,
48:31parce que lui-même
48:32encore blessé,
48:33il a donné
48:34dans sa instruction
48:35que le garçon
48:36ne doit pas,
48:37SIEVA ne doit pas
48:37voir ça.
48:43Mercader n'a pas
48:44pu fuir,
48:45comme le prévoyait
48:45le plan.
48:47Caridad et Kotov,
48:49qui l'attendait
48:49dans une voiture
48:50aux abords de la maison,
48:51ont finalement été obligés
48:52de l'abandonner
48:53derrière eux.
48:56Il déclare au policier
48:58s'appeler Jacques Mornard
48:59et être citoyen belge,
49:02une version
49:02qu'il ne changera jamais.
49:05Sa véritable identité
49:06ne sera découverte
49:07que dix ans plus tard.
49:10Dans sa poche,
49:12la police retrouve
49:13une lettre
49:13expliquant les mobiles
49:14de son acte.
49:15Il était important
49:23de pouvoir avancer
49:24une raison
49:24pour l'acte
49:25qui devait discréditer
49:26l'image de Trotsky
49:27et de son mouvement.
49:29L'assassinat
49:30devait prendre
49:31l'aspect
49:31d'une vengeance personnelle
49:33de Mercader
49:34contre Trotsky
49:35qui était supposé
49:36avoir empêché
49:37Sylvia Aguelloff
49:38de l'épouser.
49:39Au cas où on l'arrêterait,
49:44Mercader
49:45devait aussi prétendre
49:46que Trotsky
49:47avait cherché
49:48à l'enrôler
49:48dans un groupe
49:49terroriste international
49:50dont l'objectif
49:52était d'assassiner
49:53Staline
49:53et d'autres dirigeants
49:54soviétiques.
49:55Les Mexicains
50:09réservent un bel hommage
50:10à Trotsky.
50:11Une foule impressionnante
50:13défile devant sa dépouille
50:14et plus de 200 000 personnes
50:17accompagnent son cortège funèbre
50:18à travers la ville de Mexico.
50:25Si la nouvelle
50:27de la mort
50:28du révolutionnaire russe
50:29Léon Trotsky
50:30fait le tour du monde,
50:32l'actualité
50:32reste dominée
50:33par la guerre
50:34en Europe.
50:51Après avoir fini
50:52ses jours en France
50:53en 1962,
50:55les cendres de Natalia
50:57ont rejoint
50:57celles de Trotsky.
51:00Tous deux reposent
51:01loin de Moscou
51:01dans leur maison
51:03du quartier
51:03de Coyoacan
51:04à Mexico.
51:16Ramon Mercader
51:17est condamné
51:18à 20 ans de prison,
51:20la peine maximale
51:20au Mexique.
51:23Durant tout ce temps,
51:24les services spéciaux
51:25de Sudoplatov
51:26lui ont assuré
51:27une détention vivable.
51:32Après avoir poussé
51:33son fils
51:34à tuer Trotsky,
51:35Caridad Mercader
51:36fit de nombreuses tentatives
51:38pour le faire libérer.
51:40Tout échouèrent.
51:43Elle mourut à Paris
51:44en 1975
51:45sous un portrait
51:47de Staline.
51:48Ramon Mercader
51:51reçut à sa sortie
51:52de prison
51:52le titre de héros
51:54de l'Union soviétique.
51:56Mais en toute discrétion,
51:58il resterait à jamais
51:59un homme de l'ombre.
52:03Il mourut d'un cancer
52:04à la Havane
52:05en 1978
52:06à l'âge de 65 ans.
52:09Il avait confié
52:10n'avoir jamais oublié
52:11le cri poussé par Trotsky
52:13lorsque le piolet
52:14lui fendit le crâne.
52:15...
52:18...
52:26Υπότιτλοι AUTHORWAVE
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