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Patrick Martin, président du Medef, est notre invité pour évoquer notamment la suspension possible de la réforme des retraites, évoquée par Sébastien Lecornu pour tenter de débloquer la situation politique en France. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-09-octobre-2025-1491782

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Transcription
00:00Benjamin Duhamel, votre invité et le président du MEDEF.
00:03Bonjour Patrick Martin.
00:04Bonjour.
00:04Merci d'être avec nous ce matin au micro de France Inter.
00:06Vous nous direz dans un instant l'état d'esprit des patrons que vous représentez
00:10face à ce décrochage de l'économie française, je vous cite, qui serait enclenché.
00:13Mais d'abord, vous ne vous êtes toujours pas exprimé sur l'hypothèse d'une suspension de la réforme des retraites
00:17demandée par les socialistes, poussée par celle qui la défendait il y a deux ans, Elisabeth Borne.
00:22Hier soir, Sébastien Lecornu a affirmé, je cite,
00:24qu'il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu, vraisemblablement à l'Assemblée Nationale.
00:30Le MEDEF a toujours soutenu la réforme, a toujours combattu toute suspension ou abrogation.
00:36Est-ce que c'est une erreur de rouvrir le débat, Patrick Martin ?
00:39Premier ministre dit qu'il y a un chemin, je ne sais pas si c'est un chemin de Damas,
00:43mais ça peut être le chemin de Croix.
00:45Je cite les bons auteurs, Charles Denner dans l'aventure, c'est l'aventure,
00:49c'est la clarté dans la confusion.
00:50Pourquoi ?
00:51Donc, je vais essayer d'apporter de la clarté, je vous cite quelques chiffres.
00:54Je rappelle, 70 milliards d'euros de déficit cette année.
00:59Le taux d'emprunt le plus élevé de l'Union Européenne.
01:01Le niveau de prélèvement obligatoire le plus élevé au monde.
01:043 345 milliards d'euros de dettes, plus 150 milliards depuis le début de l'année.
01:08Une dette détenue majoritairement par des étrangers.
01:11Ne perdons pas cette vue, c'est au moins ce que M. Bérou avait dit de bien.
01:14Nous sommes très réticents à ce que cette réforme soit suspendue,
01:20a fortiori abrogée, parce que les chiffres parlent d'eux-mêmes.
01:23Mais vous voyez bien, Patrick Martin, qu'il y a un abcès de fixation,
01:26abcès de fixation qui cause notamment cette instabilité politique.
01:30Est-ce qu'à un moment donné, il n'y a pas une forme de lucidité à dire ?
01:33Si on veut lever cette hypothèque de l'instabilité, il y a un débat à l'Assemblée nationale.
01:40Est-ce que l'avenir du pays doit être suspendu à des échéances électorales,
01:45pour commencer les municipales ?
01:46Vous parlez de lucidité.
01:48Moi, je prétends que les chefs d'entreprise, eux, sont lucides.
01:50Ils voient très bien qu'activité est difficile, ils voient très bien que si cette réforme est suspendue,
01:55ça pèsera encore sur le niveau d'activité, ça pèsera sur les conditions d'emprunt,
01:59et à la fin, il ne faut pas se raconter d'histoire, ça pèsera sur le pouvoir d'achat.
02:02Oui, mais vous êtes paradoxal, Patrick Martin, parce que je vous ai entendu chiffrer le coût de l'instabilité politique.
02:06Vous avez dit que ça coûte à peu près 9 milliards d'euros.
02:08Quand on regarde les chiffres qui ont été donnés par Sébastien Lecornu, il dit, à horizon 2027,
02:13la suspension de la réforme des retraites, ça coûte 3 milliards d'euros.
02:15Est-ce qu'il ne vaut pas mieux faire cette concession, qui effectivement coûte cher, 3 milliards d'euros,
02:19pour s'éviter le coût, le prix de l'instabilité politique ?
02:24Ce n'est probablement pas, il ne s'en manque, le Premier ministre, que je respecte infiniment,
02:28a parlé de 2027.
02:29Nous, notre horizon, il est très au-delà de 2027.
02:32Je ne reprends pas les chiffres que je viens de donner,
02:35il faut quand même que les Français, les chefs d'entreprise en sont conscients eux-mêmes,
02:38que les Français soient conscients qu'à un moment ou à un autre,
02:41et ça peut arriver très vite, ils le paieront.
02:43Et ils le paieront pour commencer en pouvoir d'achat.
02:45Je pense que la vie des Français ne s'arrête pas en 2027.
02:47Patrick Martin, vous n'arrêtez pas de dire, les chefs d'entreprise n'ont pas de visibilité,
02:50l'investissement stagne, il y a des entreprises qui rechignent à embaucher.
02:54Si cette suspension permet de lever ce flou-là,
02:57est-ce que ce n'est pas une concession à faire de la part du patronat ?
03:02Je vais commencer par compléter le chiffre que vous avez donné.
03:04Oui, l'instabilité a un prix, et au motif qu'il fallait de la stabilité,
03:07on a collé aux entreprises 13 milliards d'euros de prélèvements obligatoires de plus en 2025.
03:12Il y a un flou savamment entretenu sur la potion amère
03:15qui va être réservée aux entreprises et aux ménages en 2026,
03:19au titre du budget et du budget de la sécurité sociale.
03:22Donc, il ne faut pas mélanger les chiffres.
03:26La stabilité, très bien.
03:28Donc, le MEDEF s'opposera frontalement à toute suspension de l'arrivée en 2013 ?
03:31Oui, je continue, je continue.
03:32La stabilité.
03:33Mais la stabilité, pour combien de temps ?
03:35Je vous mets au défi, pardon, de me dire si le gouvernement ne serait pas renversé,
03:40par exemple, sur la politique énergétique.
03:42Vous avez vu le pugilat, le pugilat au Parlement, sur la politique énergétique.
03:46La France n'a toujours pas de politique énergétique.
03:48C'est déterminant pour le pays et pour les entreprises.
03:50Donc, si c'est acheter de la stabilité au prix d'un alourdissement considérable
03:55de l'endettement du pays et de la remise en cause de sa croissance et de son pouvoir d'achat
03:59pour acheter deux mois, trois mois de stabilité, je dis non.
04:03Il ne faut pas toucher à cette réforme qui n'a pas été demandée par le patronat,
04:07mais que nous trouvons juste.
04:08Donc, qu'est-ce que vous demandez ce matin au président de la République sur France Inter ?
04:12Vous lui demandez solennellement de ne pas toucher à cette réforme ?
04:17Le président de la République lui-même, oui, mais à la fin des fins, c'est au Parlement que ça va se décider.
04:21Donc, nous, nous appelons toutes les formations politiques à la raison.
04:25À la raison.
04:26Le vrai problème du pays, c'est qu'on est sur un point de bascule en termes de croissance et d'emploi.
04:31Ne venons pas à lourdir la barque.
04:33Est-ce que vous n'avez pas une part de responsabilité, Patrick Martin,
04:35quant à l'échec du conclave ?
04:38Un accord était sur le point d'être conclu.
04:41C'est le patronat qui s'y est opposé.
04:44Vous avez une part de responsabilité dans cette instabilité ?
04:46Si le conclave avait abouti, sans doute, on n'en serait pas là aujourd'hui.
04:49Bien sûr qu'on a une part de responsabilité, comme la CFDT.
04:51Une part de responsabilité, c'est dans l'ordre des choses quand on est...
04:53La CFDT a fait un certain nombre de concessions, notamment celle de dire
04:56« On est prêt à caler sur le retour à 62 ans ».
05:00Je ne vous ai pas entendu faire les mêmes concessions.
05:02Vous n'avez pas bien suivi le débat.
05:03Je pense que si.
05:04Écoutez, nous avons fait des concessions considérables, y compris sur l'usure.
05:08Nous avons fait des avancées considérables pour les carrières des femmes.
05:11On a discuté pendant 18 séances.
05:13Franchement, on a d'autres choses à faire.
05:14Qui a fait échouer le conclave, Patrick Martin ?
05:16Qui a refusé à la fin qu'il y ait un accord ?
05:18C'est bien la personne que j'ai en face de moi.
05:20Je ne veux pas vous interpeller, mais est-ce que dans votre vie personnelle,
05:23toutes les négociations que vous avez engagées ont abouti ?
05:26Non.
05:26Ça peut arriver qu'une négociation soit...
05:27Je ne suis pas exactement dans la position qu'elle a vôtre, mais je...
05:29Non, mais vous avez une position beaucoup plus influente.
05:31Négocie-moi.
05:33Repose.
05:34Non, mais ça arrive qu'on ait un désaccord.
05:36Et je peux vous dire que depuis lors, on a continué à se parler avec les syndicats.
05:40Il peut y avoir des voies de passage, mais nous, ce qui nous intéresse, c'est à la fin des fins
05:44que le taux d'emploi dans ce pays augmente, parce que c'est ça qui crée la richesse.
05:48Les demandes de la CFDT qui sont respectables et qui sont connues sur la pénibilité
05:53conduisaient à ce qu'en définitive, on vide en bonne part la réforme de sa substance,
05:56c'est-à-dire qu'on n'atteigne pas le taux d'emploi qui, lui seul, lui seul, permettra
06:01de créer de la richesse dans ce pays.
06:02Patrick Martin, là encore, je pense à ceux qui nous écoutent ce matin et qui se disent
06:04que tous les acteurs politiques, syndicaux, doivent tenter de trouver des solutions pour
06:07sortir de la crise.
06:08Vous, c'est la suspension de la réforme des retraites, c'est niaite.
06:10Les impôts, il ne faut pas charger la barque, les entreprises sont déjà trop taxées.
06:14Qu'est-ce que vous concédez ? Comment est-ce que vous contribuez à la sortie de crise
06:19à part à rester sur vos positions et à ne pas vouloir bouger d'un iota ?
06:22Nous, on contribue tous les jours, à travers des prélèvements obligatoires qui sont les
06:26plus élevés du monde, à la richesse du pays.
06:28Regardez ce qui se passe en termes de croissance et d'emploi.
06:31On veut nous accabler encore de prélèvements obligatoires, dont acte, dont acte, ceux qui
06:37voudront lever le crayon, arrêter de travailler.
06:39Et je peux vous dire que c'est une marée montante dans nos rangs, notamment chez des petits
06:42chefs d'entreprise qui sont là, qui en ont ras-le-bol et qui disent, dans ces conditions,
06:46j'arrête.
06:47Sans parler des 69 000, le chiffre vient d'être révisé à la hausse, qui vont déposer le
06:51bilan cette année, c'est BPCE qui a chiffré ça.
06:54Nous, on n'est pas dans un monde virtuel et nos horizons, moi, mon entreprise, pas
06:57moi-même, devrait être bicentenaire dans quelques années.
07:01Moi, mon horizon, ce n'est pas les municipales de 2027, ce n'est pas la présidentielle de
07:052027, qui sont des échéances démocratiques importantes, j'en conviens.
07:08Il faut qu'on lève le nez du guidon et qu'on dise les choses.
07:10Mais sur justement ceux que vous représentez, vous disiez, ils sont sur le point de lever le
07:14crayon.
07:14Qu'est-ce que vous constatez là concrètement ?
07:16Des patrons qui sont sur le point d'arrêter, d'autres qui se disent on va partir à l'étranger ?
07:21Certains, oui.
07:22Alors, il faut s'entendre, partir à l'étranger, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand
07:25ils sont déjà installés à l'étranger, quand ils arbitrent leurs investissements,
07:28leur création d'emplois, ils privilégient l'étranger.
07:32Pas contre la France, mais tout simplement parce que là-bas, il y a une dynamique économique
07:35qui est meilleure, parce qu'il y a moins d'impôts, il y a moins de charges, et que ça se passe
07:38mieux.
07:38Regardez tous les jeunes qui partent à l'étranger, les jeunes diplômés.
07:41C'est un signal terrible pour le pays.
07:43Il faut redonner confiance à ce pays.
07:45Et le fait d'avoir une visibilité et des régimes de retraite qui s'équilibrent dans la
07:48durée, c'est un facteur essentiel de confiance.
07:50Encore un mot, Patrick Martin, on n'en est pas encore à la résolution de crise, il
07:54reste 48 heures.
07:55Est-ce qu'un Premier ministre de gauche, ça vous fait peur ?
07:57Mais c'est le programme qui nous intéresse.
07:59C'est le programme qui nous intéresse.
08:00Vous connaissez à peu près le programme d'un éventuel Premier ministre de gauche, oui.
08:03Oui, alors celui-là, non, certainement pas.
08:05Mais moi, je peux vous dire que ces derniers jours, y compris avec le Premier ministre,
08:10je me suis employé à comprendre ce qu'il y aurait dans le projet de loi de finances.
08:14Eh bien, je peux vous dire que c'est le flou artistique.
08:16Alors, comme je cite les bons auteurs, je cite maintenant Martin Oubry, quand c'est
08:19flou, c'est qu'il y a un loup.
08:20On sait très bien que quoi qu'il advienne sur les retraites, on va payer plus d'impôts,
08:24on va payer plus de charges.
08:26On est le seul pays au monde à faire ça.
08:28Les Allemands ont de leurs entreprises, les Espagnols ont de leurs entreprises.
08:30L'Espagne, taux de croissance, quatre fois supérieur à celui de la France.
08:33Ce n'est pas un hasard.
08:34Un tout dernier mot, le meeting que vous deviez faire lundi, reporté, vous avez une nouvelle
08:38date où vous vous êtes dit, bon là, franchement, ce n'était pas une bonne idée,
08:40personne n'en voulait, donc on abandonne ?
08:41Personne n'en voulait, qu'est-ce qui vous permet ?
08:43Vos partenaires patronaux ?
08:44Non, ils ne voulaient pas s'y associer parce que probablement je ne les ai pas suffisamment
08:47éclairés sur les modalités du...
08:49Mais donc vous n'avez pas lâché l'idée ?
08:51Surtout pas.
08:52Et je crains, avec ce qui se trame, ce que je pressens en tout cas, qu'on doive reprovoquer
08:58ce meeting.
08:59Merci beaucoup Patrick Martin, qui s'oppose donc ce matin sur France Inter à toute suspension
09:03de la réforme des retraites.
09:04Merci.
09:05Merci.
09:06Merci.
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