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  • il y a 13 heures
Antoine a grandi avec sa maman sans jamais connaître son père. A l’âge adulte et en quête d’identité, il décide de se rendre en Martinique dans l’espoir de le retrouver avec un simple nom pour seul indice. Jusqu’au jour où il fit la rencontre qui bouleversa sa vie.

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00:00Pour moi, c'est irréel.
00:01C'est comme si je te raconte un film.
00:02Je viens en Martinique pour la première fois et je suis à la recherche de mon papa.
00:05Il y a une dame qui m'appelle.
00:06Elle me dit « Écoutez, la manière dont vous avez décrit le monsieur, on dirait que c'est mon mari. »
00:12Je dis « Ah ouais. »
00:13Je suis né en 1989 d'une maman alsacienne et j'ai grandi sans connaître mon papa.
00:18Ma maman est partie en Guadeloupe et ensuite en Martinique.
00:22Elle a rencontré mon papa à ce moment-là.
00:24Ça a été une histoire un petit peu rapide.
00:26J'ai été conçu et malheureusement, mon papa est parti avant ma naissance.
00:30J'ai grandi sans le connaître et sans savoir d'où je venais.
00:34J'ai grandi tout seul avec ma maman.
00:35Les premières douleurs ont commencé lorsque j'étais tout petit.
00:38Encore une fois, ma maman était blonde avec des yeux bleus.
00:40J'ai les cheveux rasés, mais j'ai les cheveux crépus.
00:43J'avais mes petites bouclettes.
00:44J'avais ma peau qui n'était pas toute blanche, pas toute noire.
00:47Pour moi, c'est irréel.
00:49C'est comme si je te raconte un film.
00:50Je pense que j'avais 3-4 ans.
00:51Surtout lorsque j'arrivais à l'école primaire, je me disais « Antoine, pourquoi t'as pas la même couleur que ta maman ?
00:57Pourquoi t'as les cheveux comme ça ? »
00:59Une question, je me rappelle très bien, je me dis « Pourquoi t'as la couleur du caca ? »
01:02J'ai dit « Ouais, ouais, ouais. »
01:03En fait, t'as deux choix.
01:04Et pour moi, dans la vie, t'as toujours deux options.
01:06Il y a toujours un exemple tout bête, c'est soit tu vois le vin à moitié vide, soit tu vois le vin à moitié plein.
01:09Et t'as toujours le choix, en fait, je veux dire « Ah, tu me poses cette question-là, je peux m'effondrer. »
01:13Ou « Tu me poses cette question-là, et tu restes droit, et tu restes digne. »
01:16Ça m'a aussi rendu, je suis quelqu'un de très sensible, mais je le montre pas forcément.
01:19Par exemple, j'ai 32 ans, tu vas me dire « Ouais, c'est un bonhomme, il pleure comme une madeleine. »
01:24Mais ouais, moi, ça me fait pas honte.
01:26Et ouais, j'ai grandi comme ça, et je me suis toujours senti différent.
01:28Pas forcément par rapport à ma couleur, mais par rapport à ma façon de penser.
01:32Par rapport à comment je voyais le monde.
01:34Le fait d'être métisse, d'avoir cette maman blanche, et puis ce côté noir que je connais pas,
01:40finalement, en fait, je me suis jamais senti noir.
01:43Et ça, c'est quelque chose que j'ai ressenti récemment.
01:44Je vois ma couleur, mais j'ai pas de réponse.
01:47Donc, il n'y a pas de concret.
01:48Et moi, je suis quelqu'un de très cartésien.
01:49Mais si j'ai pas de réponse, si j'ai pas de raison, pour moi, il n'y a aucune logique.
01:52Donc, je me suis jamais senti noir.
01:53Après, ce questionnement s'est transformé en « Ok, bon, bah, il va peut-être falloir que je commence à rechercher. »
01:58J'avais un prénom et j'avais un nom de famille de mon papa.
02:00Et je me rappelle que parfois, je cherchais dans l'annuaire.
02:03C'est un nom tellement commun que ça va pas faciliter les recherches.
02:05Et je pense qu'une recherche comme ça, il faut trouver le bon moment.
02:08Où je pense que t'as besoin de ce déclic.
02:10Je pense que le déclic, je te dirais que c'est le confinement.
02:13Je sais pas si ça existait en France, mais en Angleterre, il y a plusieurs compagnies qu'on peut utiliser.
02:18On peut faire un test ADN pour connaître exactement ton ethnicité.
02:21Moi, je savais que je venais de Martinique, je savais que je venais des Caraïbes.
02:24Mais finalement, par le poids de l'histoire, etc., il y a eu tellement de mélanges, de par l'esclavage, etc., etc.
02:29Mais si bon, ça, ça va être la première étape.
02:30Et là, pour la première fois de ma vie, j'avais un nom sur une couleur.
02:34Donc, en fait, ça arrive par pourcentage.
02:35Et donc, le premier pourcentage était 18% Allemagne.
02:38Ça ne m'étonnait pas parce que ma maman était alsacienne.
02:40Mais le numéro 2, c'était 16% du Nigeria.
02:43Quand j'ai lu ça, je me suis dit, paf, j'ai pris une claque.
02:47Je me suis dit, moi, j'ai grandi comme un blanc.
02:49Et tu me dis du jour au lendemain que j'ai 16% de mon sang.
02:52Ça ment pas.
02:53T'as 16% de ton sang qui vient du Nigeria.
02:55Je me suis dit, wow.
02:57Et là, je pense que ça a vrillé dans le bon sens dans ma tête.
03:00Et je pense que ça a surtout été une réponse par rapport à ma couleur.
03:03Et ça, ça a été, je pense, l'élément déclencheur.
03:05Je me suis réveillé un matin, j'ai ouvert mon téléphone, je suis sur Skyscanner.
03:10J'ai regardé Paris-Fort de France et je me suis dit, je prends mon billet.
03:12J'y suis allé parce que je ressentais le besoin de découvrir mon île et de découvrir mes racines.
03:17C'est tout.
03:18Numéro 2, j'y suis allé en me disant, j'ai un prénom, j'ai un nom de famille.
03:22Le but de ce voyage-là, c'est d'avoir une première piste.
03:25Et donc, ma mission tous les jours, c'était, Antoine, il faut que tu racontes ton histoire.
03:30Parce que si tu ne racontes pas ton histoire, les gens, ils ne vont pas te tirer le t-shirt, ils ne vont pas te demander pourquoi tu es là.
03:35Et puis, une des pistes que ma maman m'avait donnée, elle m'avait dit, ouais, ton papa, si mes souvenirs sont bons, il m'avait dit qu'il était de Sainte-Anne.
03:42Première chose que j'ai faite, j'ai pris la voiture, j'ai mis l'adresse, j'ai mis la mairie de Sainte-Anne.
03:48Je suis là à la mairie.
03:49Je vais à la porte, je dis bonjour madame.
03:50Je dis, excusez-moi, ça va peut-être vous paraître bizarre, mais moi, je viens en Martinique, c'est pour la première fois.
03:54Je suis à la recherche de ma famille et je cherche mon papa.
03:56Et là, je pense que ça a été la première fois où j'ai raconté mon histoire à quelqu'un d'autre.
03:59Là, tu montres un petit bout de ta faiblesse ou un petit bout de ton histoire et tu te délivres.
04:03Ça fait du bien, mais c'est inconfortable.
04:04Mais c'était le début du processus.
04:06La dame vient avec moi, on cherche dans les archives.
04:09Je me dis, je suis désolé, je n'ai rien trouvé.
04:11Je me dis, c'est pas grave.
04:12Je suis allé à la poste.
04:13Après, j'ai fait une autre mairie.
04:15Après, on m'a dit, c'est un nom tellement commun.
04:16On m'a dit, il y en a vers le nord de l'île, vers Trinité, etc.
04:19Je suis dans la voiture et puis, je ne sais pas pourquoi, je m'arrête à un stand.
04:23Je discute avec une dame, etc.
04:25Je lui raconte mon histoire.
04:26Elle me dit, bouge pas.
04:27Elle parle à quelqu'un qui était assis dans le hamac derrière.
04:30Elle me dit, il recherche son papa, etc.
04:32Est-ce que tu peux l'aider ?
04:33Et du coup, le monsieur, il commence à passer des coups de téléphone, etc.
04:36Et sans piste, mais j'ai passé l'après-midi avec lui.
04:40Il m'a emmené dans un restaurant local.
04:42Le soir, on a fait une grille.
04:44Moi, j'ai du poisson grillé sur la plage.
04:46C'est un truc que ça n'avait jamais arrivé.
04:47Et là, je viens d'arriver sur mon île tout neuf.
04:49Et je commence à découvrir les choses comme ça, etc.
04:51Et je dis, ouais, c'est comme ça que ça se passe.
04:53C'est encore de la découverte.
04:54Et donc, je continue mes recherches.
04:55Et à Fort-de-France, tu as une place, ça s'appelle la place de Savanne.
04:58Et il y a plein de stands.
05:00Et je m'arrête à l'une d'entre elles.
05:02Pourquoi celle-ci ?
05:03Je n'en ai aucune idée.
05:04Encore une fois, je discute avec la dame.
05:05Je me dis, je cherche un café, je prends un café.
05:07Je raconte mon histoire.
05:08Elle me dit, bon, je ne peux pas vraiment t'aider.
05:12Par contre, si tu veux, moi, je fais de la randonnée tous les dimanches.
05:15On a un groupe de rando.
05:16Si tu veux, joins-toi à nous pour me coordonner et puis tu viens dimanche.
05:19Et du coup, je traverse l'île.
05:20Un groupe de rando, je pense qu'il y a 35 personnes.
05:23Elle me présente vite fait.
05:24Elle me dit, oh, j'ai rencontré ce jeune homme, machin.
05:27Il se joue à nous ce matin.
05:28Très bien, moi, je fais le rando.
05:294, 5 heures de rando dans la jungle.
05:32Je dis, moi, je ne savais pas, moi.
05:33Pour moi, la Martinique, c'était que des plages.
05:35Forêt tropicale, etc.
05:36Je dis, encore comme un enfant.
05:38Je dis, waouh.
05:39Il y a des rivières, des cascades.
05:41Je dis, ah, c'est incroyable.
05:42Et du coup, je raconte mon histoire, mais vraiment de manière naturelle et vraiment de manière légère.
05:46Et je pense qu'il y a quelqu'un qui a entendu mon histoire pendant la randonnée.
05:49Et là, le lendemain matin, le lundi, je reçois un WhatsApp.
05:52Parce que le groupe de rando m'avait rajouté sur le groupe WhatsApp d'une dame qui s'appelle Aline.
05:56Qui me dit, bon, j'avais entendu ton histoire hier, mais je ne voulais pas trop te déranger.
05:59Mais je peux peut-être t'aider dans tes recherches.
06:01Je dis, waouh.
06:02Je dis, bah, ouais, mais comment ?
06:04Et elle me dit, bah, je connais quelqu'un à RCI, qui est la radio principale de Lille.
06:09Est-ce que tu veux que je transmette tes coordonnées ?
06:11Et je dis, ah, ouais, ouais, grave.
06:12Je ressens de l'excitation, mais je me dis, bah, déjà, moi, je n'écoute pas la radio.
06:16Tu vois, ce côté 50-50, pas trop excité.
06:18Mais voilà, j'y vais.
06:20Et le lendemain, la dame de la radio m'appelle.
06:21Du coup, j'y vais.
06:22Elle me dit, bon, on va faire une interview.
06:24Je dis, waouh.
06:25Si, on va faire une interview.
06:26Je dis, ok.
06:26Encore une fois, je le prends en jacquille.
06:28Je dis, ah, ça, ça n'arrive pas par hasard.
06:29Donc, je fais l'interview.
06:30Mais le plus marrant dans cette histoire, c'est qu'à la fin de l'interview, elle me dit, bon, bah, à la fin de l'interview, je vais laisser tes coordonnées.
06:34Je vais laisser ton Facebook, ton WhatsApp.
06:37Et l'info, on va la mettre au Flash Info demain matin à partir de 6 heures.
06:40Et je me rappelle encore, je suis assis là, sur la terrasse de l'appartement que j'avais loué.
06:44Je m'entends à la radio.
06:45Et là, sans exagérer, mon téléphone, il commence à sonner.
06:48Mais comme si on avait mis pause sur l'interview.
06:51Et tout le monde commence à m'appeler.
06:52J'ai reçu des dizaines de messages en 5 minutes.
06:54Des gens que je ne connaissais pas, parce que c'est la première fois que je venais.
06:56En me disant, bon courage.
06:58Je peux peut-être t'aider, peut-être que je connais quelqu'un qui connaît un tel, etc., etc.
07:02Et je n'étais pas surpris par le fait de recevoir tant de messages, mais t'es surpris par la bienveillance des gens.
07:07Et donc, je réponds au téléphone, sans être trop excité.
07:10Je dis, bon, on va voir ce qui se passe.
07:11Et vers 9 heures, 8h30, 9 heures, il y a une dame qui m'appelle.
07:15Une parmi tant d'autres.
07:16Mais lorsque je décroche le téléphone, elle me dit, écoutez, la manière dont vous avez décrit le monsieur, on dirait que c'est mon mari.
07:22Je dis, ah ouais.
07:25Du coup, je vais me raconter un petit peu l'histoire, etc., etc.
07:28Et puis, je lui dis, qu'est-ce que vous faites là ?
07:31Je dis, bah, je suis en train de courir au diamant.
07:33Elle me dit, ah, bah, je ne suis pas très loin.
07:34Est-ce que ça vous dit qu'on se retrouve vers 10h et je viendrai avec le monsieur ?
07:37Je dis, ouais, avec plaisir.
07:39Je n'ai pas voulu créer trop d'excitation.
07:41Je me suis dit, bon, bah, ok, c'est une rencontre, parce que ce n'est pas le premier appel que je reçois.
07:45Ce n'est pas la première fois depuis ce matin que quelqu'un m'appelle en me disant, ouais, c'est, ok, peut-être que cette histoire me dit quelque chose, etc.
07:51Donc, je dis, ok, pas de problème, on se retrouve à 10h.
07:53Elle me dit, on se retrouve devant le bistrot.
07:55Et là, je vois un monsieur tous les deux debout, à côté de leur portière.
07:58C'est comme quand tu cherches quelqu'un comme ça.
08:00Et là, je vois le monsieur au loin.
08:01Et puis, c'est comme si tu te balades dans la rue.
08:04Tu marches, tu croises quelqu'un.
08:05Tu te dis, ah, putain, je le connais.
08:06J'ai déjà vu quelque part, lui.
08:07Juste comme ça.
08:08Et plus je m'approche de la voiture, plus je commence à me sentir un petit peu bizarre.
08:11Ils gardent leur voiture à côté.
08:13Je me lève, j'ouvre la porte.
08:14Je dis, bonjour, bonjour.
08:16Je raconte l'histoire.
08:17Et en fait, plus je raconte l'histoire, et je vois la tête du monsieur qui commence à...
08:23C'est quand tu commences à te concentrer.
08:25Tu fronces un peu les sourcils, comme ça.
08:27Et là, il me dit, mais ouais, je me rappelle de ça.
08:30Il me dit, ta maman, là.
08:31C'est une petite blonde aux yeux bleus, comme ça.
08:35J'y vois, c'est ça.
08:36Je dis, attendez, attendez, attendez.
08:37Et là, en fait, j'ai fait une pause dans ma tête.
08:40Je me rappelle, je me suis dit, Antoine, calme.
08:42Parce que si c'est vraiment ça, t'es en train de réaliser le rêve de ta vie.
08:46Et je prends mon téléphone.
08:48Par chance, la photo de profil WhatsApp de ma maman, c'est une photo de l'époque.
08:51Je crois que c'était la fin des années 80.
08:53Je sors mon téléphone, je sors la photo, je fais ça.
08:56Il regarde la photo, il me regarde dans les yeux.
08:59Il me dit, ouais, t'es mon fils.
09:04Et là, on est resté comme ça.
09:05Un blanc, pas possible.
09:06Moi, discrètement, j'ai essayé de trouver une ressemblance.
09:09Parce que moi, je l'ai imaginé pendant des années.
09:11Je regarde un peu vite fait.
09:13Et je pense que le choc, il a été mutuel.
09:15Parce qu'oublie pas qu'il savait pas que j'existais.
09:17Je me rappelle, moi, de cette poignée de main.
09:19Et ça, ça a été fort.
09:20Il me dit, bon, bah, ok, suis-nous en voiture.
09:22Et on va chez ma sœur.
09:24Et je dis, donc si c'est votre sœur, c'est ma tante.
09:27Il me dit, ouais, c'est ça.
09:28Et je dis, oh, putain, j'ai une tante.
09:29Le choc, il a été émotionnel et physique.
09:33Je disais tout à l'heure, je suis quelqu'un de très sensible.
09:35Mais sur le moment, ça a été un blanc.
09:37Genre, le monde, il s'est arrêté.
09:38Et je suis resté vide.
09:40Pour moi, je te dis ça encore aujourd'hui.
09:43Pour moi, c'est irréel.
09:44C'est comme si je te raconte un film.
09:45Parce que j'en ai tellement rêvé.
09:47Et je me suis toujours dit, ça arrivera jamais.
09:49Et là, ça arrive là.
09:50Il est devant toi.
09:51Et bon, il me dit, on va chez ma sœur.
09:52Il y a une autre partie du puzzle, là, directe.
09:54Je remonte dans la voiture.
09:55Devine qui j'appelle en premier, ma maman.
09:57Je fond en larmes comme pas possible.
09:59Elle me dit, t'es sûr, t'es sûr ?
10:00Je dis, ouais, je suis sûr et certain, maman.
10:02Il n'y a pas de doute.
10:03Je lui dis, on va chez sa sœur, machin.
10:05Du coup, elle me dit, bon, bah, profite et tu me rappelleras tout à l'heure.
10:09Du coup, je raccroche.
10:10Et là, j'arrive chez ma tante.
10:11On garde la voiture.
10:12Elle me dit, vas-y, m'ouvre la porte.
10:14On descend, il y a une petite côte comme ça.
10:16Et je crois qu'il y avait déjà de la nourriture sur la table.
10:18Et donc, j'arrive comme ça, mais un peu inconfortable.
10:21Moi, c'est ma nouvelle famille, mais on ne se connaît pas vraiment, etc., etc.
10:25Là, ma tante, elle me dit, il y a ma fille, Jenny, qui est là.
10:28Je dis, mais si c'est ta fille, c'est-à-dire que c'est ma cousine.
10:32C'est-à-dire, c'est-à-dire, c'est-à-dire, c'est-à-dire, un papa, une tante, une cousine.
10:37Je dis, ok, on s'assoit.
10:39Moi, je ne bois pas d'alcool, mais bon, ils ouvrent le frigo, ils sortent le champagne, etc., etc.
10:45Et ce que j'ai ressenti, c'est comme si j'étais accueilli, comme si c'était une nouvelle naissance.
10:48Et là, je crois que c'est mon papa qui me dit ça.
10:51Il me dit, bon, bah, si toi, j'ai un truc à te dire, tu m'as dit tout à l'heure que tu étais fils unique.
10:55Je dis, ouais, pourquoi ?
10:56Il me dit, bah, tu as six frères et soeurs.
10:58Je dis, sérieux ?
11:02Il me dit, ouais, tiens, regarde et tout.
11:04Il ne me montre pas de photo.
11:06Mais là, il appelle en FaceTime ma grande sœur.
11:08Et je crois que ce jour-là, elle n'était pas en voiture avec une autre de mes sœurs,
11:12mais on a fêté une conversation à plusieurs.
11:13Moi, j'étais au soleil, ils étaient à Paris avec des doudounes.
11:15Je vois ma grande sœur au téléphone, une petite sœur au téléphone.
11:19Moi, je n'écoute même pas ce qu'ils me racontent, mais je me dis, waouh.
11:23Je dis, là, on est tous les trois sur un écran.
11:26On est frères et sœurs.
11:26Mais moi, je n'ai jamais su que j'avais des frères et sœurs.
11:28Donc là, si je te fais le récap, en une demi-heure, j'ai un papa, une belle-mère, une tante, une cousine.
11:35Tu me dis que j'ai des frères et sœurs.
11:36Je viens de les voir en photo.
11:38Je dis, ah ouais.
11:40Et un des premiers moments que j'ai passé avec mon papa, tout seul,
11:44et c'est vraiment marrant parce que ça correspond tout à fait avec le fait de moi découvrir mon île.
11:50Il va dans le jardin, devant la table.
11:52Il attrape une coco dans l'arbre.
11:54Il me dit, on va faire un cours de coco.
11:55Puisqu'il prend le coco, il l'ouvre, il m'explique comment on ouvre.
11:59Et moi, depuis tout petit, j'ai rêvé de ces moments-là, ces moments de complicité avec ton papa.
12:06Il t'a raconté un peu des anecdotes, ou il t'apprend un petit truc, il t'apprend à être un peu mécano, machin.
12:12Là, tu me dis, là, moi, je viens, ça fait une semaine que je suis là, je ne suis jamais venu à Martinique.
12:15Je viens de rencontrer ma papa, tu m'expliques comment on ouvre une coco, ça peut paraître débile.
12:18Et pour moi, c'est un truc incroyable.
12:20En fait, il n'y a rien qui a été calculé.
12:21Donc, c'est ça qui rend l'histoire super belle.
12:24Ce n'est pas comme si, ok, bon, on a fait des recherches, on s'est envoyé des lettres, on est rentré en contact, on s'est rencontré un peu nos vies.
12:31Tu vas venir en Martinique, tel jour, telle date, on va se retrouver là au café, tu vas rencontrer ma tante.
12:37Il n'y a rien qui était calculé.
12:39Et là, d'un coup, du jour au lendemain, comme ça, il se passe tout ça.
12:40Et donc, bien évidemment, moi, j'ai repoussé mon billet d'avion parce que je devais repartir le lendemain matin.
12:44À un jour près, ça ne serait pas passé.
12:46Mais pourquoi je me suis arrêté à ce café le vendredi d'avant ?
12:49Pourquoi est-ce que j'ai décidé d'aller à cette rando-là ?
12:51Pourquoi est-ce que la dame a eu cette idée de m'envoyer un message ?
12:54Et tout ça, je me disais, c'est extraordinaire.
12:56On a appris à se connaître, finalement, mais on a appris à se connaître sans se poser énormément de questions.
13:00C'est-à-dire qu'on ne s'est pas assis un matin en disant, vas-y, raconte-moi ce que tu as fait quand tu étais petit.
13:04Ça a été vraiment, vraiment naturel.
13:05Moi, encore une fois, il y a des moments dont j'ai toujours rêvé où tu sais, tu as parfois cette complicité que tu peux avoir avec ton papa ou ta maman, etc.
13:13Je pense surtout qu'un garçon avec son papa, ça peut être très, très fort.
13:16Et moi, j'ai toujours rêvé de ça.
13:17Et là, on s'asseyait le soir avec les oiseaux, les cigales.
13:23Lui boit son whisky, moi, je bois mon truc.
13:26Il me raconte ses anecdotes quand il était jeune.
13:28Et juste ça, si je t'ai fait un screenshot de cette scène-là, moi, c'est un truc dont j'ai toujours rêvé.
13:33Je me suis dit, ça n'arrivera jamais.
13:34Et là, petit à petit, physiquement, c'est moi en plus noir.
13:37Il m'a dit, mais vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau.
13:39Les premiers ressemblants, c'est de dire, tiens, vous avez le même rire.
13:41Moi, je ne me rendais pas compte.
13:43Mais en fait, je me suis rendu compte de cette complicité, de cette similarité quand on commençait à discuter.
13:48Parce qu'il me raconte ses anecdotes et j'ai l'impression qu'il me raconte ma vie quand moi, j'étais plus jeune.
13:53Il me dit, j'ai fait ci.
13:54Moi aussi.
13:56Il me dit, j'ai fait ces bêtises-là.
13:57J'ai fait ça, ça, ça.
13:58Je dis, ah, c'était pareil.
13:59Quand on est assis, on est assis pareil.
14:00Quand on rigole, on rigole pareil.
14:01On avait fait une petite fête.
14:03On danse.
14:03On danse pareil.
14:04Il y a plein de trucs comme ça.
14:06Où finalement, il y a cette complicité qui se crée.
14:09Et puis, ouais, même des grillades, des barbecues sur la plage.
14:12Toute cette culture que j'ai imaginée pendant 30 ans, là, je la vis à 100% et en plein cœur.
14:18J'ai vécu avec une jambe en moins.
14:19Et là, d'un coup, tu m'as donné une autre jambe.
14:21Et cette histoire, et encore tous les jours, cette histoire, elle me change complètement.
14:25Tout le temps.
14:26C'est-à-dire que j'ai plus cet, entre guillemets, cet handicap.
14:29Ou ce fait de, je me connais, mais je me connais à moitié.
14:32Même si j'essaye d'avancer comme ça.
14:33Là, ça y est, je suis complet.
14:34Le puzzle, il est fini.
14:35Donc maintenant, la vie, c'est un cadeau.
14:38Moi, j'ai toujours vu la vie tellement belle.
14:40Mais avec cette histoire, je me dis que tout est possible.
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