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  • il y a 4 mois
"Je crois à la lucidité, je vois un pays divisé, pense qu'il est temps de cohabiter", déclare Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, sur France Inter, au lendemain de la chute du gouvernement de François Bayrou. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mardi-09-septembre-2025-4777550

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Transcription
00:00France Inter, la grande matinale.
00:047h48, Benjamin Duhamel, votre invité, le premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:09Bonjour Olivier Faure.
00:10Bonjour Benjamin Duhamel.
00:12Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter, alors que dans quelques heures,
00:15François Bayrou remettra formellement sa démission au Président de la République.
00:18Un nouveau Premier ministre doit être nommé dans les tout prochains jours, voilà ce que dit l'Elysée.
00:22Et vous avez demandé à Emmanuel Macron de choisir pour Matignon quelqu'un venant de la gauche,
00:27fort de vos 66 députés, le tout en voulant détricoter le bilan du macronisme.
00:32Vous croyez au miracle Olivier Faure ?
00:34Je crois à la lucidité, je crois à un pays divisé, je vois un pays exaspéré,
00:42et donc je pense qu'il est temps de cohabiter.
00:44On va rentrer dans le détail de ce qui pourrait advenir.
00:46Vous avez été contacté hier soir, vous disiez non, est-ce que dans la nuit,
00:50Emmanuel Macron a essayé de vous joindre, un message, un appel ?
00:53Oui, dans la nuit, je dormais sur mes deux oreilles, et donc je n'ai pas entendu le réveil,
00:57enfin le réveil, le téléphone sonner, et donc non.
00:59Donc, pas d'appel du Président de la République, vous parliez il y a quelques instants Olivier Faure de lucidité.
01:04Il y a quand même quelque chose de paradoxal.
01:05Depuis la dissolution, vous reprochez au Président de ne pas avoir tenu compte du résultat des élections,
01:09d'être dans une logique d'hégémonie, et là vous dites,
01:12on veut gouverner, on veut gouverner seul, sans aucun macroniste.
01:15Mais au fond Olivier Faure, vous subirez, si d'aventure Emmanuel Macron vous nommait,
01:19exactement le même sort que Michel Barnier et François Bayrou.
01:21La différence entre Michel Barnier, François Bayrou, et ce que nous pourrions faire,
01:26la gauche et les écologistes, c'est que nous respecterions le Parlement.
01:30Et donc, l'idée n'est pas de se proclamer majoritaire, nous ne le sommes pas, personne ne l'est.
01:35Et aucune coalition aujourd'hui ne peut dire, j'arrive au pouvoir parce que je suis majoritaire absolu.
01:41Et donc, il faut prendre acte de cette minorité, et faire tourner le Parlement,
01:45de manière à respecter les équilibres qui ont été, d'une certaine façon, décidés par les Français il y a un an.
01:50Et donc, un gouvernement qui propose, et ensuite un Parlement qui dispose.
01:55Députés, avec les écologistes et les communistes, on arrive à peu près à 120 députés.
02:00Au nom de quoi vous iriez à Matignon ?
02:02Mais au nom de quoi ? Au nom de simplement de ce que les Français ont pu dire,
02:06scrutin après scrutin, et leur volonté aujourd'hui de voir les choses changer.
02:10Et moi, ce que je crois, c'est que nous avons besoin aujourd'hui
02:13de sortir de cette séquence infernale dépressive dans laquelle nous sommes entrés.
02:17Et donc, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?
02:19Qu'on reprend la formule du guépard, de Visconti, en fait...
02:24Il faut que tu changes pour que rien ne change.
02:26Exactement.
02:26Eh bien, moi je pense que, justement, ce que veulent les Français,
02:29ce n'est pas qu'on leur repasse les mêmes plats en permanence, en changeant uniquement la salade.
02:33Vous avez entendu Jean-Luc Mélenchon, non seulement il refuse ce qu'il appelle votre tambouille,
02:37mais il considère que, si vous arriviez à Matignon, vous seriez obligé de vous entendre avec les macronistes.
02:42Mais Jean-Luc Mélenchon dira ce qu'il voudra.
02:44Moi, je me souviens très bien qu'il y a un an, y compris son propre groupe, celui de la FI,
02:50avait accepté l'idée du compromis parce qu'il n'est pas possible de faire autrement
02:54et que nous avons une obligation de chercher des accords au fur et à mesure sur nos bases,
03:01mais qui permettent d'avancer parce que ce pays ne peut pas rester immobilier.
03:04Donc, Olivier Faure, chercher des accords, ça veut dire que Jean-Luc Mélenchon n'a pas tort.
03:07Si vous arriviez à Matignon, vous seriez obligé de négocier avec les macronistes
03:12pour faire en sorte, non seulement de ne pas être censuré,
03:15mais aussi que votre budget, vos textes de loi puissent passer.
03:17Mais c'est exactement ce que disait Jean-Luc Mélenchon il y a un an.
03:20Pas tout à fait.
03:21Si.
03:21Non.
03:22Non, il a tout dit.
03:23Enfin, c'est vrai, vous avez raison, il a beaucoup dit des choses très différentes.
03:25Mais enfin, moi, je me souviens que Lucie Casté, au mois d'août,
03:28écrit avec l'ensemble des présidents de groupe du NFP
03:32et dit, en fait, nous n'avons pas de majorité,
03:35nous devrons chercher des compromis texte par texte.
03:38C'est très exactement ce que je dis aujourd'hui.
03:39Il faut trouver des compromis texte par texte.
03:42Et je mets au défi, Jean-Luc Mélenchon, demain,
03:44de s'opposer à la taxe Zuckman,
03:46de s'opposer à la suppression de la réforme des retraites,
03:47de s'opposer à un gouvernement qui voudrait rendre le pouvoir d'achat aux Françaises et aux Français.
03:51Olivier Faure, là, la base de discussion, c'est votre contre-budget,
03:55celui que vous avez présenté, un effort de 22 milliards contre 44 pour François Bayrou.
03:58Là encore, une question très précise.
04:00Est-ce que vous pouvez me citer une économie budgétaire
04:03que vous proposez au Parti Socialiste,
04:05qui ne soit pas ni la suppression d'un crédit d'impôt,
04:08ni le rabotage d'une niche fiscale ?
04:11Une économie ?
04:12Je vais le faire, mais enfin,
04:14pourquoi devrait-on renoncer à ce que vous venez de dire ?
04:17Pourquoi est-ce qu'on devrait considérer encore aujourd'hui
04:19que sur 91 milliards d'exonérations de cotisations sociales patronales,
04:24on ne peut pas en prendre 2,9 ?
04:26On est loin de la prise du palais d'hiver par les bolcheviques.
04:29C'est pas ma question, Olivier Faure.
04:30Mais si, moi c'est ma réponse.
04:31Vous voulez pour vous dire...
04:32Oui, bien sûr.
04:33Il y a des économies à faire, et vous le reconnaissez.
04:35Est-ce que vous pouvez me donner un exemple d'une économie à faire
04:37qui ne serait pas la suppression d'une niche fiscale
04:41ou un crédit d'impôt qui disparaîtrait ?
04:44Je vous en donne plusieurs.
04:45Un premier qui est, par exemple, sur le fonctionnement de l'État.
04:47On a prévu de reprendre 5,4 milliards.
04:49Et qui viennent d'où, les 5,4 milliards ?
04:51Mais tout simplement, en fait, dans la régulation,
04:53par exemple, les politiques d'achat de l'État,
04:56par exemple, sur la régulation du fonctionnement des agences de l'État.
05:01Je pense aussi aux politiques de prévention.
05:01Les agences, le Sénat dit maximum 540 millions d'euros qu'on peut économiser.
05:05Je ne sais pas comment vous arrivez à 5 milliards.
05:07Je ne parle pas que des agences.
05:08Je parle de la politique d'achat de l'État qui, aujourd'hui, peut être centralisée.
05:13Il y a pas un nombre de choses que l'on peut réaliser.
05:15Et donc, nous avons chiffré à 5 milliards la possibilité de revenir sur le train de vie de l'État de manière générale.
05:21Donc, ce voilà un premier exemple.
05:22Mais il y a aussi des politiques de prévention.
05:24Comment est-ce qu'on fait pour aujourd'hui que...
05:26Sur la balle bouffe.
05:27Comment est-ce qu'on fait pour qu'on ait des politiques de prévention
05:30qui permettent de réaliser des économies de long terme ?
05:32Je pourrais vous donner un autre exemple.
05:33Quand c'est des hausses d'impôts, c'est clair.
05:35Mais quand c'est des baisses de dépenses, c'est beaucoup plus flou.
05:36Mais je vous donne un autre exemple.
05:37Non, non, pas flou du tout.
05:38Je vous donne un autre exemple.
05:40Non, parce que les vraies économies, ce sont celles de long terme.
05:43Je vous donne une économie de long terme qui est indispensable.
05:46Vous avez aujourd'hui des Françaises et des Français qui sont mal logés.
05:50Qui vivent dans des passeurs thermiques qui sont trop chaudes l'été, trop froides l'hiver.
05:54Ça a des conséquences sur leur santé.
05:56Le coût a été évalué, c'est 500 millions par an.
05:58Le coût de ces rénovations, c'est 6 milliards et demi.
06:01Ça veut dire qu'en 13 ans, on a complètement rentabilisé les 6 milliards et demi qu'on a investis.
06:06Voilà une économie qui est une économie très vertueuse.
06:09Parce qu'elle permet à la fois à tout le monde de vivre mieux.
06:11Et en même temps à l'état d'économiser au bout de 13 ans.
06:14Donc voilà des sujets sur lesquels nous devons intervenir.
06:17Et moi, je ne crois pas simplement à ce que vous pouvez dire.
06:20C'est-à-dire qu'on n'est pas obligé de créer une purge pour les Français.
06:24Et d'aller chercher dans les poches de la classe moyenne et de la classe populaire.
06:27Ce que François Béroud a fait.
06:28Olivier Faure, le plus probable reste la nomination d'un Premier ministre issu de ce qu'on appelle le socle commun.
06:33Alors, je n'ai toujours pas compris votre position.
06:36Si un macroniste est nommé à Matignon, par exemple Sébastien Lecornu, est-ce que vous le censurez automatiquement ou pas ?
06:43Mais pour l'instant, je ne répondrai pas à cette question.
06:45Moi, ce que je souhaite, c'est que ce soit la gauche et les écologistes qui aillent à Matignon.
06:48Mais ça, on a compris.
06:49Mais simplement là, Emmanuel Macron dit nomination d'un Premier ministre dans les prochains jours.
06:52Mais je n'ai pas entré dans un récit qui serait celui de dire ce que je ferai avec tel ou tel.
06:57La réalité, c'est que pour l'instant, nous devons nous revendiquer le pouvoir et faire en sorte que cette possibilité existe.
07:04Mais pardon Olivier Faure, mais si vous ne répondez pas, ça veut donc dire qu'il n'y a pas de censure automatique du Parti Socialiste d'un éventuel Premier ministre issu du Bloc Central.
07:11Je ne vous ai pas parlé, je ne vous ai pas répondu. Donc ne dites pas ce que j'aurais dit, je n'ai rien dit.
07:16Et pourquoi vous ne dites rien ? Est-ce qu'il n'y a pas un message de clarté envoyé aux Français de savoir ce que fait le Parti Socialiste ?
07:20La clarté, c'est aujourd'hui que nous voulons le changement. C'est simple, Benjamin DiMamel, le changement.
07:24En sorte que les Français qui sont dans la rue, qui vont manifester et qui expriment à tour de rôle leur exaspération,
07:31puissent enfin trouver un débouché politique à travers un changement qui ne peut pas être, de mon point de vue, la continuation de ce qui se fait depuis 8 ans.
07:39Il n'y a pas de censure automatique du Parti Socialiste si Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin est nommé à Matignon.
07:45Mais vous avez la tête dure, mais moi aussi.
07:48Oui. Bon, écoutez, vous ne répondrez pas. Là encore, les auditeurs jugeront.
07:52Pour terminer, Olivier Faure, un mot sur la mobilisation sociale de demain.
07:55Et ce mot d'ordre « bloquons tout » que vous souhaitez accompagner, c'était vos mots il y a une dizaine de jours,
08:01ça veut dire que vous approuvez les blocages de raffinerie, d'axes autoroutiers, de lycées, d'universités qui sont prévus demain ?
08:05Ça veut dire que je comprends que les Françaises et les Français aient envie d'adresser un message au chef de l'État.
08:12Est-ce que ça veut dire que je suis d'accord avec des propositions qui seraient violentes, qui créeraient le chaos ?
08:18La réponse est non.
08:19Parce que je pense qu'au contraire, toutes celles et ceux qui veulent le changement n'ont pas intérêt à redonner la main au chef de l'État
08:25en permettant de passer d'un sujet qui est un sujet économique, social, environnemental, à un sujet qui viendrait sécuritaire.
08:32Donc vous n'êtes pas favorable à ces blocages ?
08:34Mais je viens de vous répondre, je viens de vous dire que je ne souhaite pas d'action violente,
08:37je ne souhaite pas qu'on puisse donner le sentiment que celles et ceux qui aujourd'hui manifestent leur désaccord avec le chef de l'État
08:44donnent le sentiment qu'ils sont pour le chaos.
08:47Je ne suis pas pour le chaos, je suis pour des solutions.
08:49Je souhaite que nous puissions rendre au pays une capacité à espérer.
08:54Ce que nous proposons dans notre contre-projet dont vous avez évoqué rapidement le sens,
08:59c'est que nous pensons que nous pouvons à la fois réduire les déficits,
09:03nous pouvons relancer l'activité et nous pouvons rendre le pouvoir d'achat.
09:06Voilà ce que nous voulons.
09:07Merci Olivier Faure et donc Nicolas on sort de l'ambiguïté, casser des pans.
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