00:0018h48 avec votre invité Simon Colboch, un grand message, faites-vous dépister, c'est Octobre Rose en ce moment, un mois pour sensibiliser et se mobiliser contre le cancer du sein.
00:09Bonjour docteur Catala, bonjour à toutes, bonjour à tous.
00:12Stéphanie Catala, vous êtes médecin oncologue à Cabestani, à la maison de santé à Vicennes, vous êtes aussi présidente de l'association Onco Parcours,
00:18c'est à Toulouse et c'est une association qui se mobilise depuis plusieurs années pour les malades dans l'ensemble du département.
00:24Docteur Catala, l'an dernier, 2024, dans les Pyrénées-Orientales, 45 000 femmes éligibles au dépistage du cancer du sein, 45 000, seulement 20 000 l'ont fait.
00:35Ça veut dire 45%, ça veut dire moins d'une femme sur deux qui se fait dépister contre le cancer du sein dans le département.
00:42Qu'est-ce que ça vous inspire à la professionnelle que vous êtes ?
00:45Alors, bien évidemment, c'est un chiffre qui est insuffisant.
00:48De quoi on parle ? En fait, on parle là du dépistage organisé qui est offert aux femmes entre 50 et 74 ans
00:58et qui permet de diagnostiquer de façon très très précoce un cancer du sein alors qu'il n'est pas encore palpable à l'examen clinique.
01:09Mais pourquoi ça ne décolle pas ? Ça fait 30 ans qu'Octobre Rose existe.
01:13On en parle beaucoup de la lutte contre le cancer du sein et à juste titre, parce qu'une femme sur huit va y être confrontée au courant de sa vie,
01:20pourquoi est-ce qu'on n'a pas plus de dépistage ?
01:23Alors, effectivement, c'est une question pour laquelle on n'a pas forcément les réponses.
01:28Mais il y a quelques années, la Ligue contre le cancer avait fait un sondage justement chez ces femmes qui n'allaient pas à leur invitation au dépistage
01:38et on retrouvait trois raisons essentielles dites par ces personnes.
01:43La première, c'était la peur d'avoir mal à l'examen en mammographie.
01:49Alors, il faut savoir que la mammographie, effectivement, pour être lisible, écrase un petit peu, voire beaucoup la glande mammaire.
01:56Ceci étant dit, c'est un examen qui, effectivement, n'est pas très agréable, mais qui n'est pas non plus très douloureux et surtout qui dure quelques minutes.
02:06Donc, les bénéfices de cet examen sont vraiment très importants.
02:11La deuxième raison, c'était que, en fait, la personne invitée à aller faire l'examen ne se sent pas du tout malade, est en pleine forme en général.
02:22Et donc, bon, pourquoi aller faire un examen alors qu'on se croit en bonne santé ?
02:26Alors que ça, c'est une erreur ?
02:27Alors ça, c'est une erreur, bien sûr, parce que si on attend de voir apparaître des symptômes de la maladie,
02:34en fait, c'est déjà une maladie qui est avancée, voire très avancée.
02:39Donc, il n'est jamais trop tard pour se faire traiter, bien évidemment,
02:42mais on est dans des traitements qui sont beaucoup plus lourds et beaucoup plus destructifs, en fait, pour les femmes.
02:50Et la troisième raison, vous parliez de trois raisons ?
02:52Oui, et la troisième raison, c'est la peur.
02:55La peur qu'on dépiste la maladie sur cet examen.
02:59La peur du diagnostic.
03:00Voilà.
03:02Peut-être qu'on est un peu tous pareils.
03:03On préfère ne pas savoir des choses qui sont très graves, en fait.
03:08On entendait tout à l'heure aussi, dans les infos de 7h sur ICI Roussillon, des Perpignanais, justement,
03:12qui nous expliquaient les difficultés aussi parfois à obtenir un rendez-vous pour le dépistage.
03:18Est-ce que c'est vrai ?
03:18Est-ce que dans le département, effectivement, c'est parfois très long, voire trop long pour obtenir un rendez-vous ?
03:23Alors, c'est vrai que c'est un vrai problème dans le département d'arriver à obtenir des rendez-vous,
03:29parce que les services de radiologie sont très surbookés, comme un petit peu tous les services.
03:35Toutefois, je pense que pour un dépistage, même si on a un rendez-vous dans 6 mois ou dans 9 mois,
03:43on est vraiment dans le cadre d'une femme qui va bien,
03:48pour laquelle on n'a pas d'anomalie à l'examen clinique, attention.
03:52Donc, il vaut mieux faire une mammographie dans 6 mois ou dans 9 mois que de ne pas la faire du tout.
03:57Donc, prenez des rendez-vous, même si c'est en 2026,
04:01au moins, vous aurez une première mammographie faite.
04:05La mammographie est recommandée à partir de 50 ans tous les 2 ans.
04:09Si on a moins de 50 ans, est-ce que ça peut être intéressant tout de même ?
04:13Parce qu'on voit de plus en plus de jeunes femmes avec des cancers du sein.
04:17Pourquoi est-ce que c'est seulement à partir de 50 ans ?
04:18Est-ce que la professionnelle que vous êtes ne dit pas que ça devrait être 30 ans, 20 ans, je ne sais pas ?
04:22Alors, quand on parle du dépistage organisé, c'est 50-74 ans.
04:28Dans certains pays, l'âge de départ a été avancé à 45 ans.
04:35Parce qu'on se rend compte que dans les pays européens,
04:38effectivement, entre 45 et 50 ans, il y a aussi beaucoup de cancers du sein.
04:41Ce n'est pas encore le cas en France.
04:43Ça devrait l'être, vous le souhaitez-vous ?
04:45Je pense que oui. Je pense que ça devrait être un petit peu reculé de 5 ans au moins.
04:50Par contre, en dehors de ce dépistage organisé, on peut tout à fait faire un dépistage individuel.
04:57C'est-à-dire qu'on peut demander à un professionnel de santé, un médecin traitant, un gynécologue, une sage-femme,
05:02d'avoir une prescription d'une mammographie.
05:07Et l'âge de la première mammographie doit être évalué en fonction des critères de risque de la femme.
05:15Est-ce qu'elle a des antécédents dans sa famille ?
05:17Est-ce qu'elle a déjà eu un souci au niveau des seins ?
05:20Est-ce qu'elle a subi, pour une autre pathologie par exemple, une radiothérapie au niveau du thorax ?
05:27Très rapidement, est-ce qu'il y a des signaux d'alerte ?
05:29Est-ce que c'est douloureux ?
05:31Est-ce que c'est des boules au niveau des glandes mammaires qui doivent nous alerter ?
05:35Est-ce qu'il y a des signaux d'alerte pour les femmes ?
05:37Oui, alors ce qu'on recommande pour les femmes jeunes, avant 50 ans mais aussi après 50 ans,
05:42c'est de pratiquer ce qu'on appelle l'auto-examen des seins.
05:48Il faut apprendre à faire cet auto-examen.
05:50C'est-à-dire qu'il faut connaître sa poitrine et savoir dépister des changements
05:56au niveau de la palpation ou au niveau de la vision.
06:01Donc ça c'est très important.
06:02Toutes les modifications ne sont bien évidemment pas dues à un cancer.
06:07Mais en tout cas, quand il y a une modification, un changement, il faut savoir aller consulter.
06:13Ce que vous dites sur la douleur est très important.
06:16Rapidement s'il vous plaît.
06:17Oui, parce qu'on a l'habitude de dire qu'un cancer ne fait pas mal.
06:20Et ça, ce n'est pas toujours vrai.
06:22Donc quand il y a une femme qui se plaint de douleur, il faut l'écouter et il faut faire des examens si c'est nécessaire.
06:28Merci beaucoup docteur Stéphanie Catala.
06:30Vous êtes médecin oncologue à Cabestani.
06:32Je rappelle aussi le nom de l'association que vous présidez.
06:35Vous accompagnez les malades dans le département Onco.
06:37Parcours, le siège est à Toulouse.
06:39C'est pour toutes les malades dans le département.
06:41Octobre Rose qui démarre dans le département et partout en France.
06:45Octobre Rose aussi, c'est de nombreuses associations qui se mobilisent.
06:48Il y a notamment ce loto au Barcares, c'est dimanche au Mas de Lille.
06:52Beaucoup de mobilisation.
06:53Bonne journée docteur Catala.
06:54Merci à vous de votre invitation.
06:56Merci à vous.
